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Critiques de Michel Jean (401)
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Kukum

C’est face à Pekuakami, en symbiose avec la nature et cette terre qui l’a vu naître, que Manda nous fait cadeau de ses souvenirs. Elle est devenue Innue par amour pour Thomas, et pour cette vie de liberté qui s’ouvrait devant elle. Comme le souffle du vent à nos oreilles, Manda nous conte son histoire, celle d’un peuple meurtri, qui aspirait juste à vivre en paix au milieu des bois et des rivières…



Kukum, c’est le nom qu’on donne aux grands-mères chez les Inuits. Elles sont les gardiennes des histoires de famille, des légendes du clan, des racines et des terres qui ont engrangé tant de souvenirs.



Kukum, ce sont grâce à elles que les mots circulent, sur les gestes s’apprennent, que les émotions s’adoucissent et que la nature s’apprivoise.



Kukum, c’est un souffle de liberté, de grands espaces. C’est l’existence nomade d’un peuple qui vit au fil des saisons, qui se contente de peu et qui remercie l’esprit de l’animal à qui il vient d’ôter la vie pour se nourrir.



Ce roman, tout autant poétique que triste, rend un hommage vibrant à un peuple qu’on a piétiné, à qui on a pris beaucoup sans ne jamais rien lui donner, et dont les murmures s’effacent lentement…



A toi Almanda, témoin d’un peuple qui se meurt, petite flamme fragile qui illumine une histoire tristement sombre…
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Kukum

Ce roman retrace une histoire vraie, celle se l'arrière grand-mère de l'auteur, une femme exceptionnelle à bien des égards. Des couples mixtes entre un colon blanc et une amérindienne, il y en a sans doute eu beaucoup au Québec, probablement pas tous reconnus par la loi coloniale. Mais l'union d'un Innu avec une blanche, union, de surcroît, bénie par un prêtre catholique, ça doit être plus rare. C'est donc l'histoire d'un amour entre Thomas et Almanda, de l'adaptation de cette jeune fille de 15 ans à la vie nomade des Innus du Peribonka. C'est avec elle que j'ai appris que ces Innus remontent, quand l'été se termine, la rivière du même nom en canot et passent l'hiver à chasser pour leur nourriture et pour les peaux qu'ils monnaient au printemps quand ils redescendent à Pekuakami (comprenez au au Lac St-Jean). C'est un mode de vie dont j'ignorais tout et pour cause: c'est qu'il a disparu aujourd'hui pour faire place à la modernité, au « progrès », à la sédentarisation forcée de ces peuples qui vivaient, il y a encore un siècle, en harmonie avec la nature. L'exploitation forestière, la construction des barrages sur leurs rivières, l'instruction forcée de leurs enfants en français dans les pensionnats de sinistre mémoire concourraient à l'assimilation… Elle ne s'est jamais faite dans l'harmonie et les Innus et les autres peuples autochtones ont tout perdu: leur terre, leur liberté, leur culture. On comprend dès lors leur dérive dans l'oisiveté, l'alcool, la drogue, problèmes que l'auteur ne fait que suggérer comme la conséquence des politiques provinciales et fédérale.

Almanda m'a fait tomber en amour, j'ai appris avec elle à tirer la perdrix (sans en tuer plus qu'il ne fallait pour la subsistance), à fumer la pipe avec ses belles-soeurs, à tanner les peaux, à faire du perlage et d'autres objets traditionnels, à vivre en faisant confiance à la nature qui est généreuse pour qui la respecte, sans penser qu'une mauvaise passe pouvait survenir à tout moment. Almanda n'a pourtant pas eu la vie facile mais jamais elle n'a regretté d'avoir suivi son beau Thomas…

Tout l'art de l'auteur réside dans cette reconstitution narrée à la première personne, comme si c'était justement Almanda, autrement dit Kukum, son aïeule, qui nous parlait. J'ai passé un très agréable moment de lecture qui m'a rappelé dans une certaine mesure les récits de Louise Erdrich (issue, elle, de la nation Ojibwé) et m'a amené une certaine nostalgie et la pensée récurrente que « c'était mieux avant ».
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Wapke

Une série de nouvelles d’anticipation écrites par des auteurs autochtones talentueux.



Wapke signifie « demain » en langue atikamekw et le livre est un peu une commande de récits de science-fiction faite auprès d’auteurs qui ne touchent habituellement pas ce genre de littérature. On a donc ici surtout des récits post-apocalyptiques un peu convenus, avec les problèmes des changements climatiques et la destruction de l’environnement causée par l’industrie d’une part et d’autre part un groupe autochtone résilient qui survit grâce aux savoirs traditionnels.



Je caricature un peu, mais pour des nouvelles « d’anticipation », je n’ai pas été éblouie par un foisonnement d’imaginaire. Il faut dire que le quatrième de couverture est explicite lorsqu’il qualifie le recueil « abordant des thèmes sociaux, politiques et environnementaux d’actualité ».



Au final, un recueil inégal, mais une première tentative du genre qui a le mérite de rassembler des auteurs de qualité dont on a intérêt à découvrir les autres œuvres.

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Kukum

Ma grand-mère a vécu 97 ans. Je la pensais héroïque d'être venue d'un temps où ni électricité ni voiture ne compromettaient le climat, d'avoir affronter sans broncher les assauts du progrès jusqu'à ne plus s'étonner de téléphoner, de prendre l'avion; d'avoir encaissé sans ciller les sushis et la conquête de l'espace. Oui, ma Kukum était une super woman...

Ce superbe livre fait parler une centenaire, une autre grand-mère héroïque installée loin dans le nord du monde, dans la région des grands lacs du Québec.

Née en Irlande, blonde aux yeux bleus, Manda s'éprend à 15 ans de Thomas, un jeune indien Innu. En l'épousant, elle adopte son peuple et son mode de vie nomade, de camp d'été en camp d'hiver, sillonnant les lacs, les rivières ou les bois selon les saisons de trappe ou de chasse.

Ses enfants naissent sous la tente dans l'odeur des épinettes et sous le regard ému du chef de clan. Elle apprend la langue, les gestes ancestraux : tanner une peau, perler une tunique, tresser un panier ou fumer la pipe sous les étoiles.

Et surtout, elle comprend le "grand cercle", cette force immuable qui régit l'univers. La nuit qui appelle le jour, la joie qui n'exonère pas de la tristesse, la vie qui n'est rien sans la mort. Une harmonie de tous les instants, incluant terre, hommes et bêtes et ne nécessitant que peu de mots.

Que dire de ce livre tant est limpide et cristalline sa prose et sa lumière ?

Mais vint le progrès...

D'abord isolés, les colons se multiplient, drainants bûcherons et industries du bois. Parce que la forêt semble inépuisable, elle est grignotée puis dévorée. Les rivières s'emplissent de grumes empêchant toute navigation. Mais il n'y a plus à naviguer... Il est dit aux Innus que l'espace appartient désormais aux manufacturiers qui l'ont payé monnaie sonnante.

Les voilà parqués dans une réserve, comme plus loin leurs frères Mohawks ou Ojibwés, leurs enfants enlevés pour en gommer le sauvage, leurs hommes empêtrés de savoirs inutiles qu'ils oublient dans l'alcool.

Une histoire connue...

Que m'a été émouvante cette lecture, prise par la joie pour le bonheur de Manda avant que d'être étreinte d'une tristesse indicible.

Reste Pekuakami, ses eaux indomptables et, sur ses berges, une très vieille femme qui guette le grand cercle pour rejoindre son amour. Les larmes qu'elle verse se mêleront aux rivières, à la pluie, la neige et la glace, feront fleurir le bois le temps d'un bref été.

Décidément, oui, nos Kukum sont des héroïnes...
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Kukum

Kukum (Almanda Simeon), au seuil de la vieillesse raconte ses souvenirs de jeunesse à son arrière petit-fils. Née en 1882, prés du lac Pekuakami au Québec, elle est élevée par son oncle et sa tante et rêve d’une vie d’aventures que lui offre Thomas, un jeune amérindien qu’elle épouse. Une vie nomade, qui selon les saisons déplace la famille pour profiter des nombreuses richesses naturelles offertes une par nature généreuse qui permet de subsister par la chasse et la trappe en ne prélevant que le nécessaire. Un vie dure, mais en harmonie avec la nature qui va bientôt être brisée par l’arrivée de coupeurs de bois qui en voudront toujours plus et du chemin de fer. Cette épopée familiale rend bien compte de l’évolution sociétale qui prive les peuples autochtones de leurs terres, de leurs coutumes et même de leurs enfants qu’on embarque contre leur gré pour les éduquer de force et de façon parfois brutale par des religieux peu respectueux des droits humains. Un beau roman, nostalgique d’une époque révolue, incarnée par des personnages attachants dans des lieux idylliques.
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Kukum

Maman m'avait dit ♪♫ (et ma grande soeur idem) : "Fonce, tu vas adorer, c'est génial, c'est beau, ça se lit tout seul, d'une traite !"

.

Après 50 pages à doses homéopathiques en 1 semaine, je constate que décidément, le nature writing, la chasse & la pêche, ça m'emm3rde et m'irrite autant que de voir/entendre

- du foot

- du tennis

- le Tour de France

et que d'assister à une messe.

Même si la lecture est beaucoup plus silencieuse que tout ça.

.

Je coupe définitivement.

"Aaaaaah !!!" ♪♫ * , et je fais tourner ; Apikrus devrait se régaler, lui.

.

* le "Aaaaaah !!!" ♪♫ de soulagement de Ph. Katerine dans 'Louxor J'Adore' ♪♫, pas celui d'extase de Jane B.
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Kukum

Kukum, la grand mère en langue innue, peuple autochtone du nord est du Canada. La Kukum du titre c'est Almanda Siméon, arrière grand mère du journaliste québécois Michel Jean auteur de ce livre. Orpheline recueillie par des fermiers pauvres, elle tombe amoureuse d'un jeune Amérindien et décide de le suivre sur les bords de Pekuakami (le lac St Jean) puis dans la migration hivernale de sa famille vers des contrées plus au nord.



Kukum nous est raconté par la voix de Almanda Simeon, devenue une vieille dame contemplant son cher Pekuakami et revenant sur les épisodes principaux de sa vie. Le roman commence tout en douceur par de brefs épisodes très poétiques, la rencontre entre la jeune Amanda, orpheline gardant les vaches dans un champ au bord de la rivière et le beau Thomas, un indien innu, dont elle tombe immédiatement amoureuse, le courage qu'il faut à la jeune fille pour tout quitter et suivre son amour, s'intégrant à sa famille, au peuple innu, découvrant leur langue et leurs coutumes. C'est ensuite l'aventure de la migration hivernale vers le grand Nord en remontant une rivière et en installant un campement pour l'hiver, qui sera consacré à la chasse et à la préparation de fourrures vendues au printemps. Le récit est très prenant et très vivant, on découvre la vie dans ces espaces sauvages et toutes les capacités d'adaptation dont Amanda doit faire preuve pour apprendre à chasser, à tanner les peaux, à coudre, bref à mener la vie du peuple dont elle fait maintenant partie.



Je pensais que Kukum ne serait "que" cela, un roman décrivant la vie harmonieuse des indiens dans la nature et faisant revivre ces épisodes passés d'un point de vue intimiste et avec le regard neuf d'une femme venue de l'extérieur. Le tournant opéré au milieu du récit m'a donc cueillie par surprise, me laissant d'autant plus bouleversée qu'il est brutal et que je ne l'avais pas vu venir. Alors qu'Amanda a passé les années les plus difficiles, qu'elle est maintenant bien intégrée à la famille de Thomas et a eu elle-même des enfants, on sent petit à petit la modernité arriver et le monde changer. Mais un automne c'est la catastrophe : la rivière conduisant au territoire de la famille est rendue impraticable par le bûcheronnage, la forêt tout entière a été dévastée et l'eau est couverte de troncs, empêchant toute navigation. C'est le début de la sédentarisation forcée pour les innus, obligés de regagner leur campement estival et de trouver une solution pour y rester. Le récit bascule alors, l'auteur trouvant les mots justes pour décrire la violence extrême des événements, l'injustice absolue faite aux indiens, eux qui ont toujours respecté la nature et qu'on chasse soudainement de leurs territoires massacrés par la folie expansionniste des colons, le tout sans aucun recours possible. C'est le cœur serré que j'ai lu la deuxième partie du livre, les chapitres s'enchaînent et décrivent implacablement le lent déclin du mode de vie innu traditionnel, la sédentarisation forcée, la pauvreté, l'alcool pour oublier. Et malgré tout, ce portrait d'une femme toujours debout, d'une femme d'origine blanche devenue de tout son coeur et de toutes ses forces une vraie Innue, qui ne cessera jamais de lutter, de se battre pour défendre les valeurs que ce peuple lui a enseigné. C'est bouleversant, c'est révoltant, on a beau avoir appris tout cela en cours d'histoire c'est la première fois que je le vois aussi bien mis en mots et incarné dans un récit qui nous fait vivre les événements de l'intérieur.



Kukum, une magnifique découverte, un texte fort et en même temps empreint de tant de douceur et de respect. Aucun sentimentalisme ni aucun exotisme mal venu ici : l'auteur trouve les mots justes pour faire revivre ce magnifique personnage qu'est Amanda, cette étrangère devenue une vraie indienne qui en quelques centaines de pages nous fera découvrir et ressentir toute une culture et un mode de vie malheureusement aujourd'hui en partie disparus. Ne vous laissez pas rebuter par le côté un peu lent du début ou par la couverture et le titre un peu mystérieux et précipitez-vous sur ce livre inclassable qui vaut vraiment la peine d'être lu !
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Kukum

Kukum signifie grand-mère en langue Innu.



Avec ce très beau récit, Michel Jean nous raconte l’histoire de son arrière grand-mère, Almanda Siméon, née en 1882. Orpheline, elle est élevée par son oncle et sa tante sur les rives du lac Saint-Jean au Québec, qu’elle ne quittera plus. Michel Jean donne la parole à Kukum qui revient sur sa vie, alors qu’elle est une vieille femme.



A 15 ans, elle rencontre par hasard Thomas, jeune Indien du peuple Innu avec qui elle sympathise malgré la barrière de la langue et de la culture. Leur amitié se mue en amour et Almanda et Thomas se marient avec la bénédiction de leur famille respective. Elle quitte la maison du vieux couple de fermiers et la vie sédentaire pour une vie nomade de chasse, de pose de pièges et de cueillette, rythmée par les saisons en forêt, sur la rive nord de Pekuakami, le Saint-Jean. Almanda est accueillie avec une grande bienveillance et beaucoup de patience par son époux et sa belle-famille. Les conditions et les hivers sont très rudes, mais elle ne se plaint pas.



Kukum est une femme sensible, intelligente et volontaire. Elle a su s’affranchir des diktats de son époque et a suivi sa voie. Michel Jean nous livre un portrait émouvant de son aïeule et nous apporte des suppléments d’informations en fin d’ouvrage sur sa vie hors du commun.



Malheureusement, l’exploitation du bois et la destruction des forêts qui en résulte altèrent considérablement l’habitat de la tribu, forcée à changer son mode de vie ancestrale pour une vie contrainte en réserve, ne leur convenant pas.



Ce texte est très fort et émouvant, empli de tendresse et de sincérité. Les mœurs des Indiens du Canada du début du 20e siècle nous sont bien décrits, ainsi que leur philosophie de vie, au plus proche de la nature et respectueuse de leur environnement. On ne tombe jamais dans le cliché, ni dans la haine, c’est un texte fin et respectueux qui nous donne à voir l’occidentalisation tragique de tout un peuple et ses conséquences.



Un très joli titre, dont la lecture apaise mais révolte aussi. Quelque part entre « de pierre et d’os » de Bérengère Cournut et « L’arbre de colère » de Guillaume Aubin.



A découvrir !
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Kukum

A travers l’histoire de sa Kukum (arrière grand-mère), Michel Jean raconte l’histoire des Innus, peuple autochtones du Québec.



Suivons les pas de Almanda, jeune orpheline blanche qui va tomber amoureuse d’un chasseur innu. Un amour soudain, évident, qui va changer sa vie. Destinée aux travaux des champs, elle va intégrer le clan de son époux et devenir petit à petit une véritable innue. Elle découvre toute une culture, tout un mode de vie, de pensée.



L’auteur nous entraîne dans des paysages magnifiques, on marche sur les rives du lac Saint Jean, on chasse en forêt, on entend les rivières, on suit les saisons et les années qui défilent.



Ces années qui malheureusement vont marquer la fin d’un mode de vie traditionnel avec l’arrivée de la sédentarisation forcée pour un peuple qui jusque là était libre, toujours en mouvement, en accord avec son environnement. On découvre alors les terribles conséquences sociales de ce changement avec la vie dans les communautés, les pensionnats autochtones... Une fois encore, on se rend bien compte que l’homme blanc n’a eu aucun respect pour ces peuples natifs.



Ce livre, je l’avais repéré depuis longtemps et puis le temps est passé. Il aura fallu une rencontre en live avec la maison d’édition et avec l’auteur pour que je n’en repousse plus la lecture. Michel Jean ce jour là nous a tous ému, il a su nous transmettre son histoire avant même d’avoir lu son livre.

L’émotion de ce moment est intacte dans mon souvenir et dorénavant j’y rajoute celle ressentie à la lecture de ce roman, si simple et pourtant si touchant.
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Kukum

Toute jeune fille de seize ans, Almanda, québécoise vivant chez son oncle et sa tante, rencontre par hasard un jeune Innu, Thomas Siméon, sur les rives du lac Saint-Jean, de son nom originel Pekuakami. S'en suit, assez rapidement, un mariage, par lequel Almanda va rejoindre le clan des Atuk-Siméon, et devenir, au fil des années, elle-même une Innue.



C'est au bord du Pekuakami, lac qui a changé son existence, que la protagoniste nous transmet son histoire, alors qu'elle est désormais bien âgée et se rapproche de la fin de sa vie.

De son adaptation, à l'aune du XXème siècle, au mode de vie innu, fait de nomadisme, de vie en pleine nature guidée par les saisons, jusqu'à l'adaptation forcée, quelques décennies plus tard, des Innus au mode de vie canadien, avec le début des écoles d'intégration, de l'interdiction du nomadisme et de la création des réserves, pour les parquer, Almanda vit tout, toujours avec la même force, toujours la même résistance, envers et contre tout, la perte de proches, les coups du sort...



Et par son intermédiaire, Michel Jean nous conte, avec beaucoup de tendresse et de douceur, malgré les épreuves qui ponctuent de plus en plus brutalement le quotidien, la vie, romancée, de sa "kukum", une de ses arrière grand-mères innues, prénommée Almanda.



Un roman foncièrement touchant, lu à la perfection par Dominique Pétin, qui décrit avec justesse comment les Premières Nations ont été, au Canada, privées, par la force, de leur mode de vie, de leur culture, de leur liberté, et qui permet, justement, de leur redonner, avec brio, une voix.



Je lirai avec plaisir d'autres romans de l'auteur, tant pour le fond que pour la forme.
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Qimmik

L'auteur continue d'écrire des romans sur a vie traditionnelle des peuples autochtones du Québec et sur les méfaits du colonialisme. Ici il est question d'Inuit, ceux que nous appelions Esquimaux, et de l'abattage insensé par les forces de l'ordre de leurs chiens de traineau, indispensables à leur mode de vie ancestral qui suppose de longs déplacements dans une nature férocement hostile. Le premier aspect m'a comblé. Le quotidien de ce peuple est rendu avec simplicité, respect; c'est à la fois instructif et enchanteur. Les forces de la nature, la résilience des Inuits, l'immensité des paysages, la fragilité de l'homme, les liens indicibles entre l'inuit et sa meute, sont autant de thèmes sobrement évoqués par une écriture dépouillée, précise, tellement parlante.



Par contre, l'autre aspect du roman est inutilement chargé; le fait d'abattre massivement ces chiens est en soi un acte cruel, barbare, injustifié et injustifiable; il comporte une telle dose d'horreur qu'il est inutile, et contre productif, de trop en mettre. Ainsi je ne suis pas certain que les policiers en charge de ce carnage l'ait fait “en riant” ni qu'ils aient libéré les chiens d'un enclos pour pouvoir prétendre qu'ils se promenaient en liberté. Toutes les relations entre Blancs et Inuits sont teintées d'un manichéisme qui m'a dérangé, même si je ne nie d'aucune façon ce drame historique avoué par les deux paliers de gouvernements. En somme j'ai bien aimé cette lecture qui illustre bien la vie antérieure de ce peuple du Nord et les impacts négatifs de sa sédentarisation, malgré un léger bémol sur la façon dont les abus du colonialisme y sont relatés.
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Le vent en parle encore

Un seul mot: Waouh! J'ai adoré et je remercie Elfie du blog "L'étincelle Magique" de m'avoir conseillé ce livre. Il s'agit d'un roman basé sur des faits réels! Des membres de la famille de l'auteur ont vécus dans ce pensionnat.



L'histoire se déroule au Canada dans les années 30. Le gouvernement canadien donne l'ordre d'envoyer tous les enfants Innus (indiens) dans un pensionnat dans une île loin de leurs parents. Ceux-ci sont littéralement arrachés à leurs familles, leurs racines, leurs coutumes. Ils n'auront plus le droit de parler l'Innus, seront appelés par des numéros, subiront des violences physiques: les coups des prêtres et des bonnes soeurs seront leurs lots quotidiens. Ils subiront l'humiliation, la privation, la peur, des viols, l'horreur.



Marie et Virgine, deux amies de toujours vont se serrer les coudes dans le pensionnat. Elle vont vivre l'enfer pendant des mois. Une petite camarade va se suicider après un événement tragique. Et puis Virgine rencontre Thomas, jeune garçon bien courageux qui vient d'une autre tribu. Une histoire d'amour va naître entre Virgine et Thomas. Une histoire qui aura des conséquences dramatiques.



En parallèle, on découvre Audrey qui est avocate et qui doit retrouver les anciens élèves de ce pensionnat pour les indemniser pour les préjudices subis. Elle part donc à la recherche de Marie, Virginie et Thomas. Elle retrouvera Marie, qui n'est plus qu'une épave suite aux terribles traitements des religieux. Marie va donc lui raconter sa monstrueuse histoire. Virginie et Thomas eux ont disparus. Audrey grâce à Marie, va découvrir l'horrible vérité.



Un magnifique roman, plein d'humilité. Une bouleversante histoire qui m'a complètement chamboulée. Un très beau livre!
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Kukum

Almanda est une jeune orpheline québécoise, âgée de 15 ans, lorsqu'elle rencontre Thomas Siméon, un jeune amérindien de la tribu des Innus de Pekuakami (le lac Saint-Jean au Canada). Elle tombe immédiatement amoureuse de lui.

Adoptée depuis toute petite par un couple d'irlandais, qui, comme beaucoup d'immigrés cultivent la terre pour en tirer de maigres ressources leur permettant de survivre, elle va les quitter pour suivre Thomas et se marier avec lui.

Elle qui n'avait jamais vécue en dehors de la ferme, va vivre maintenant toute l'année avec le clan des Atuk-Siméon, remonter la rivière Peribonka pour gagner leurs territoires de chasse plus au nord dans la forêt reculée des Passes-Dangereuses, où le clan des Atuk-Siméon installe son campement pour y passer l'hiver. L'été, ils redescendent au bord du lac jusqu'à Pointe bleue.

Almanda nous raconte tout d'abord tous les détails de leur vie quotidienne. Le lecteur subjugué ne peut que l'écouter et s'installer avec elle au coin du feu, la suivre dans la forêt, car c'est là-bas durant le premier hiver, qu'elle apprend les gestes ancestraux du quotidien, indispensables pour devenir une vraie Innue.

Elle est très vite acceptée par le clan, apprend la langue innue_aimun, écoute les légendes racontées par Malek le patriarche, des légendes qu'un jour_ mais elle ne le sait pas encore_ elle racontera à son tour à ses petits-enfants. Elle apprend à aimer cette vie nomade. Elle aime chasser, pose des collets, remercie les animaux de bien avoir voulu se laisser capturer... Elle apprend à lire la météo, à tanner les peaux et à broder des perles sur les vêtements.

Les années passent, heureuses, ils ont des enfants qui grandissent auprès d'eux...mais les hommes blancs, ivres de pouvoir, vont peu à peu briser le rêve d'une vie éternelle, libre et nomade.

Sous prétexte de progrès, ils arrivent en masse pour exploiter les forêts, détruisant l'environnement au mépris de ceux qui vivaient là avant eux. Non contents de déforester, ils font fuir le gibier, font descendre les troncs le long des rivières les rendant impraticables pour les Innus, construisent routes et chemins de fer.

Impossible alors pour leur peuple de rester nomade, car la forêt a été rasée et les chemins tracés par leurs ancêtres, et empruntés depuis des décennies, ceux qui justement permettaient d'accéder aux territoires d'hiver, sont désormais coupés par des routes, ce qui les rend impraticables. Et maintenant les territoires d'hiver n'existent plus...



Almanda est l'arrière-grand-mère de l'auteur. Il a choisi pour nous raconter son témoignage de lui donner la parole. C'est donc assise au bord du lac, LEUR lac, alors qu'elle est à présent quasiment devenue centenaire et que son Thomas tant aimé l'a quitté depuis des années, qu'elle va prendre la parole pour nous raconter l'histoire de son peuple et tout ce qu'il a eu à endurer quand il s'est retrouvé privé de liberté.

Car ces colons ne se sont pas contentés de tout détruire dans la nature et les forêts, en plus de leur cadre de vie, ils ont détruits aussi leur culture, leur ont enlevé leurs enfants pour les éduquer dans des pensionnats en les éloignant de leurs familles, considérées comme primitives, pour leur apprendre leur propre langue, les coupant des leurs pour toujours.

C'est avant tout un très beau roman d'amour entre Thomas et Almanda.

Mais c'est aussi un roman qui nous parle de liberté, d'un temps révolu où l'homme était à sa juste place dans la nature, où il ne savait prélever que ce dont il avait besoin pour vivre chaque jour, et vivait dans une telle harmonie avec son environnement, que nous ne pouvons qu'être admiratifs de la manière dont il savait si bien préserver les ressources de notre Terre.

Le lecteur ne peut qu'être révolté et ressentir une immense tristesse en assistant ainsi à la fin de ce mode de vie nomade. Comme pour tous les indiens d'Amérique, les peuples du Nord-est de l'Amérique subissent toujours aujourd'hui les conséquences de la colonisation de leur territoire de chasse par les colons blancs : alcoolisme, sédentarisation forcée, violence, privation de liberté...

L'auteur a une écriture sensible et émouvante que je découvre avec ce texte magnifique que j'ai beaucoup aimé et dont je reconnais que l'on ne sort pas indemne tant les faits sont révoltants. Il nous parle avec beaucoup de simplicité de ses ancêtres et de ce que sa kukum (sa grand-mère donc) lui a appris sur son peuple, sur sa culture, son mode de vie, et son adaptation impossible et tellement violente à la vie dite "moderne".

Les dernières pages sont poignantes, c'est l'auteur qui a son tour prend la parole. Avec pudeur et tendresse, une page de la vie de ses ancêtres se tourne...
Lien : https://www.bulledemanou.com..
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Kukum

Almanda fume la pipe et campe devant le cabinet du premier ministre Duplessis. Elle a quinze ans lorsqu'elle épouse un Innu de trois ans son aîné. La jeune fille devient une femme trappeuse accomplie sous la houlette d'un peuple autochtone accueillant.

Michel Jean raconte avec des mots simples la vie de son arrière-grand-mère, existence coupée en deux. D'abord, la vie rude et heureuse en osmose avec la nature. Puis la violence de la colonisation, qui saccage lacs et forêts, éradique aussi toute la culture du peuple premier. le progrès dénature sans vergogne un mode de vie ancestral.

Ce premier roman vaut témoignage d'une époque révolue, survivant grâce à la mémoire des anciens. Ça se lit avec respect et effroi. Respect d'un peuple attachant et d'une nature indomptable; effroi devant la cruauté des blancs, déterminés à acculturer une nation et à "éduquer" le sauvage inculte.

L'auteur décrit en mots justes et sobres la grandeur et la décadence forcée des Innus. Il m'a émerveillé et touché.





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Tiohtiá:ke [Montréal]

Ces derniers temps j'ai entendu et vu pas mal de bon avis sur l'auteur, j'ai donc décidé d'emprunter un de ses romans afin de me faire mon propre avis sur celui-ci.



Et dès les premières pages j'ai beaucoup apprécié la fluidité de la plume de celui-ci, nous sommes de suite embarqué dans le récit, cela est du également je pense au faible nombre de page du roman.



Nous suivons le personnage d'Elie qui se trouve à la rue dans la ville de Montréal, nous allons le suivre ainsi que les personnages que celui-ci côtoie, les jumelles, Mafia Doc, l'entraide qui existe entre ces personnages, mais aussi l'alcool et les autres type de trafic en tout genre.



J'ai aimé en découvrir plus sur les autochtones innus et j'ai du coup très envie de lire d'autres récits de l'auteur afin de compléter un peu mes lacunes sur ce sujet.



Une belle découverte, j'ai mis dans mon pense bête d'autres livres de l'auteur. Un récit différent que je garderai un petit moment en mémoire.
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Le vent en parle encore

Cette histoire m'a fait mal jusqu'au plus profond de mon être. Je me doutais que ce ne serait pas un livre facile à lire, mais ça a ouvert la voie à des peurs qui m'étaient encore inconnues.



La peur d'être annihilé, vidé complètement de son essence et coupé de sa source de vie. L'église et le gouvernement leur ont tout pris, et même plus. Beaucoup plus.



Ce livre me laisse en colère et pourtant sans mot. Je ne sais pas vers qui, aujourd'hui, tourner cette colère du passé qui pèse encore si lourd sur le présent. Je suis aussi triste, choquée, écoeurée, honteuse mais tout de même fière de ne jamais avoir eu de préjugés envers les autochtones.



Michel Jean a su représenter le passé dans toute sa sombre inhumanité. Pourtant, se livre est rempli d'espoir. J'espère qu'il ne disparaîtra jamais.
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Kukum

Dans ce roman inspiré de l'histoire de sa grand-mère, sa kukum, Michel Jean nous raconte un siècle d'histoire du Canada et notamment de la tribu des Innus.

Almanda vit chez un oncle et une tante canadiens, mais sa rencontre avec Thomas un chasseur industriel, va tout bousculer. Auprès de lui elle découvre une nouvelle vie liée à la nature. Elle vit de façon nomade en accord avec la forêt.

Mais petit à petit, la vie change. Les forêts sont exploitées et disparaissent, les Indiens se retrouvent parcés dans les réserves où ils perdent leur mode de vie, leur langue et même leurs enfants.

Une histoire touchante au milieu des paysages sauvages du Canada que j'ai pris plaisir à découvrir dans les pas de cette kukum forte et attachante.

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Kukum

Kukum, un véritable livre coup de cœur. Kukum signifie "grand-mère" dans la langue Innu, une tribu autochtone des rives du lac Saint- Jean au Quebec. Kukum, c'est Almanda Siméon. Une petite émigrée Irlandaise, devenue orpheline et recueillie par son oncle et sa tante, qui va follement tomber amoureuse de Thomas, un jeune Innu. Au delà de son amour inconditionnel et réciproque pour Thomas, Almanda va embrasser le mode de vie Innu, se fondre totalement jusqu'à devenir une véritable innue qui craque ses allumettes contre sa jupe pour fumer sa pipe.

Kukum, c'est une plongée dans le mode de vie des Innus, leur transhumance, leurs cycles, leurs joies -simples- et leurs difficultés, toujours en symbiose totale avec leur nature. C'est absolument passionnant de les suivre, au bord de leur canoë, ou au cœur de l'hiver, à chasser leur gibier. Et c'est absolument passionnant car nous vivons tout cela à travers les yeux d'Almanda, courageuse femme qui semble en totale adéquation avec sa vie et son environnement. Et au travers des yeux d'Almanda, on pourra aussi vivre la lente dégradation de cette symbiose entre les Innus et leur milieu... la forêt qui est exploitée, les bucherons qui arrivent, les cycles de transhumance qui se cassent, pour finir par le traumatisme intergénérationnel de la "déculturation", les pensionnats autochtones où les enfants étaient arrachés à leur famille pour leur "offrir" une éducation loin des leurs et de leur culture. Mais même cette partie là n'est pas misérabiliste et totalement subtile.

Un très grand livre qui me donne envie de lire les autres romans de Michel Jean (descendant d'Almanda Siméon).
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Kukum

Alors qu'elle approche ses 16 ans, Almanda est séduite par un Indien innu de passage. La jeune orpheline a été recueillie par charité, par un oncle et une tante, sur leur ferme. Elle rêve d'évasion. Avec cet Innu, elle devrait être servie, pour le meilleur et pour le pire…



Devenue une vieille femme, Almanda nous raconte sa vie, et à cette occasion celle du pays dans lequel elle a grandi. Elle témoigne de ravages de la colonisation par les 'blancs', sur l'environnement et sur les cultures autochtones.



La fluidité du récit donne l'impression qu'Almanda a à peine eu le temps de voir sa vie passer. Elle assume ses choix et regrette qu'une telle vie ne soit plus possible pour les générations suivantes. Les modes de vie les plus destructeurs de notre environnement se sont imposés, au détriment de ceux plus durables des autochtones.



Je vous en recommande la lecture si la thématique vous intéresse.



(Livre emprunté, merci à la prêteuse).
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Kukum

Sous des airs d'autobiographie qui n'en est pas une, Almanda nous déroule sa vie. Elle nous raconte les forêts et les lacs, elle nous raconte son amour pour Thomas, elle nous raconte comment de québecoise elle est devenue innue, elle nous raconte la chasse et les voyages dans la neige, elle nous raconte comment son monde et celui de ceux qui sont devenus les siens a décliné pour finalement presque disparaître...



Michel Jean offre ici un merveilleux hommage à son arrière grand mère innue tout en retraçant pour lui-même cette ligne vers ses origines. Le choix de la narration à la première personne, comme si Almanda lui racontait elle-même cette histoire qui l'a façonnée, nous permet d'entrer de plein pied dans l'intimité de la dame.



Entre biographie romancée et témoignage historique important, ce récit condense une partie de l'histoire du Canada.

De ces moments que certains aimeraient oublier, quand les colonisateurs ne venaient pas de si loin qu'on pourrait le penser, quand on a confisqué ses racines à tout un peuple, quand on a dévoyé ses enfants, quand on a piétiné la culture de ceux qui étaient là avant tout le monde.

Ce roman fait partie de ceux qu'il faut lire, pour comprendre, pour ne pas oublier, pour rester debout.
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