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Citations de Michel Quint (396)


Consentir à autrui le pouvoir de vie et de mort sur soi, ou se croire si au-dessus de tout qu'on puisse décider du prix de telle ou telle vie, c'est quitter toute dignité et laisser le mal devenir une valeur. Pardon d'être, avec cet uniforme, du côté du mal!
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Saïd a soixante-sept ans et il est lent. Depuis toujours, depuis son arrivée de Kabylie en 61. À son rythme de vie, d’appréhension du cours de l’univers, on devrait estimer son âge réel à la moitié. À franchement parler, il s’est même arrêté avant cette moitié du chemin. En dedans Saïd n’a jamais dépassé la prime adolescence.
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                  VI


   L'apéritif, Abdel le prend avec Rosa dans le jardin
hirsute de la grande maison, au bord de Tourcoing. Abdel
a mené sa petite Clio à travers des quartiers autrefois
ouvriers, interlopes, d'habitat séculaire à l'agonie, à
économie parallèle, avec mille petits commerces de
débrouille, où croisent des autos hors de prix, où paradent
des filles et des types dorés sur tranche, où toute librairie
serait un casus belli. Seuls les poussettes des trop jeunes
mères provoquent des encombrements. Tous deux n'ont
pas commenté, ils savent les trafics, l'islamogangstérisme
souterrain et puissant, et le grand banditisme, la délin-
quance nue, sans idéologie aucune, le territoire dont on
dit qu'il ne s'est pas remis de la guerre des cafés, avec
pourtant, comme un défi, le Centre Chorégraphique
National respecté parce que réputé pas dangereux.
Danser ne serait pas penser. Et ici penser est une faute,
un oubli de l'instant de survie.

p.60

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En est-il donc deux dans Grenade
Qui pleurent sur ton seul péché
Ici l'on jette la grenade
Qui se change en un œuf coché

Puisqu’il en naît des coqs Infante
Entends-les chanter leurs dédains
Et que la grenade est touchante
Dans nos effroyables jardins

les Grenadines Repentantes
Apollinaire
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La culture n'est même plus un lieu d'affrontement social ou ethnique. Chacun chez soi, à sa place vide. (p. 53)
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Ils n'avaient pas d'enfants, n'en auraient jamais. On les enviait de cette possibilité d'éternelle lune de miel. Ils en crevaient.
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Elle sait ce que j'attends d'elle, qui je suis, et elle garde une petite distance, la déférence instinctive des humbles que la vie effraie face à l'inhabituel, l'étranger.
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Le pire est arrivé alors que mon père m'avait comme élève, en CM2. Il a osé venir à l'école et faire sa classe avec, sous sa blouse grise, son bazar d'auguste, corset et tout le tralala. Quand même, le maquillage et la perruque, non plus que les tatanes, il n'a pas eu le culot. S'il avait osé, je crois que je me jetais sous un train ou devant les roues de la Dyna quand il la sortait du garage...
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Ils auront des pensées convenues comme à chaque fois qu’ils pensent.
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Julie, sa femme, c’était Gabrielle Fontan, une vieille actrice musaraigne oublié de tous, maigre à trouer ses gilets, riquiqui à se cacher derrière ses deux mains ouvertes, frisottée et l’œil vache, et cette voix de ragoteuse de palier, à vous râper l’âme. Plus personne ne connaît cette actrice. Plus personne ne connaît personne. Chacun pour soi. Moi je me souviens d’elle, sans honte aucune, autant que de Marilyn.
(p. 12)
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Abdel a eu des parents miraculeux, mais il était l'Arabe blond, ni baptisé, ni fils d'Allah, mécréant, et il a vécu son enfance comme une monstruosité, et pire encore parce qu'il a dépassé la honte par les succès scolaires. Crachats et taloches, pas de Facebook à l'époque Dieu merci mais la guerre des pupitres, la guerre des chiottes, des couloirs, des cartables, des petites amies impossibles, des méprisantes qui inventaient des histoires d'exhibitionnisme, qu'il leur montrait sa queue toute petite et ça lui valait des tannées par les valeureux mecs de ces gamines ratées, la guerre de celles qui s'en prenaient plein la gueule de lui tenir la main et qui le répudiaient comme une épouse de douzième rang.
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"_[...] Je ne veux pas vous entraîner dans mes histoires, c'est indigne de ma part, oubliez tout. Vous êtes des enfants lumineux au début de votre vie. Restez dans la lumière et ne regardez pas l'ombre."
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- Couillon. Au fond tu es un vrai italien, un Casanova bien nommé, toi l'architecte...Tu cherches toujours une maison nouvelle pour ton coeur. (p. 136)
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- Carlo Levi, -Le Christ s'est arrêté à Eboli.
Pippo prend le bouquin de poche, touché et surpris du cadeau (...)
-L'histoire vraie d'un médecin antifasciste assigné à résidence, "confiné" en 1935 dans le Mezzogiorno par la police de Mussolini. Il découvre une région misérable, au sud de Naples. Aucun miracle en vue, Dieu se conduit en faux-jeton. (p. 32)
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Bien évidemment, Gaston, Nicole ne sont plus. Ces pauvres vies ont cessé un matin ou une nuit, et aucune larme ne fut gâchée à les pleurer, pas une phrase à les regretter. En l’absence de mes parents déjà disparus, ils ont glissé au paradis des photos de famille, rares et infidèles, qu’on jettera quand on ne pourra plus identifier ce grand con à lunettes, coiffé à l’embusquée, et cette tendre bécasse dodue qui l’enlace, toute chose devant un parterre de roses.
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Les livres, c'est comme les chats, on habite chez eux, pas l'inverse.
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Ils n'avaient pas d'enfants, n'en auraient jamais. On les enviait de cette possibilité d'éternelle lune de miel. Ils en crevaient.
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Oui, il l'a demandée en mariage, et oui, elle va accepter cette demande, à Noël, justement. Elle va lui mettre ce oui au pied du sapin. Pas par amour fou, par choix. Parce qu'elle voit venir le crépuscule des amants, elle le dit ainsi.
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Toinette a clos la question, le nez tout froncé d'envie de péter encore de rire, fait des clins d’œil à Rob qui se sent abandonné pire que chez lui, pas vraiment dépaysé. Évidemment manquent le mobilier Chippendale et le rituel des repas, mais ces gens-là sont définitif plein de préjugés d'une classe à laquelle ils n'appartiennent pas. Des montés-en -graine froussards et conservateurs de ce qu'ils ne possèdent pas, des petits bourgeois de vaudeville. Est-ce qu'ils s'aiment seulement ? Leur mariage est cimenté par leur portefeuille.
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Et je me force à commencer mon inventaire par mes propres trésors d'enfance... Vérifier mes promesses de l'aube, surtout celles que j'ai trahies... Tout le sanctifié par ma mère, des chaussons de bébé tricotés main aux bulletins trimestriels du lycée, mes vinyles, mes bouquins, savoir même si mes poèmes à la fille du garde-barrière ne traînent pas au fond d'un tiroir. Je grimpe à ma chambre et je n'examine pas, malgré la tentation, je bazarde les vieux shorts, les chemises petite taille, les cahiers de primaire, les 33 tours des Beatles, les Bibliothèque Verte, le Club des Cinq au diable, tout dans des sacs-poubelles. Surtout ne rien relire, ne rien respirer, ne pas laisser filer la mémoire anecdotique, remonter aux heures bleues, pas de nostalgie, pas de regrets, rien que du terrain préparé pour l'oubli. Ce qui était, à l'évidence aujourd'hui, me surestimer.
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