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Critiques de Michèle Perret (68)
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Le premier convoi 1848

Ce livre nous cause une impression forte et pénible : il nous met face à cette part de silence obstiné de l’Histoire où des êtres égarés, qui ignoraient sans doute tous des raisons et des circonstances de la conquête de l’Algérie survenue quelques années auparavant, se trouvent impliqués dans une aventure qui les dépasse.

Ils en ignoraient les enjeux, ils en ignoraient les périls et les cruautés, comme ils en ignoraient le devenir. La plupart de ceux-là du premier convoi auraient été incapables de situer l’Algérie sur une carte. Seule la misère, seule la faim, seules les violences subies, les compagnons fusillés, les habitaient. Ils étaient mûrs pour le crescendo de l’abandon. Abandon de l’idéal d’un monde plus juste, abandon des barricades défendues au prix du sang, abandon du faubourg Saint-Antoine, du Trou Normand, et de tous les territoires de l’enfance et de la vie d’avant.

Dès le début du livre, Michèle Perret nous entraîne face à des personnages hauts en couleur, à la verve très faubourienne, à la révolte vissée au corps, dans une des fictions anagogiques dont elle a le secret.

Ils ont cru à l’Odyssée qu’on leur vendait, au rêve de La Terre promise, au Royaume et au sceptre d’une terre fertile, généreuse où pousseraient à profusion le blé et les oranges, une terre vide de gens, vide de peuple, qui ne demandait qu’à être fertilisée, occupée, peuplée. L’Histoire a montré à leurs descendants qu’ils avaient été floués. Mais c’était avant, c’était il y a une éternité… On leur avait dit : «Sortez, le voyage vous guette !».

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Le premier convoi 1848

Courage, générosité, altruisme, débrouillardise, ténacité … ce sont toutes les qualités des femmes qui éclatent dans cette histoire de fuite en avant, vers un pays lointain où tout est hostile, tout à construire, où aucune souffrance ne sera épargnée. Léonie, qui croit avoir trouvé un statut de patronne en épousant l'Antoine, bien plus âgé qu'elle mais déjà bistrotier au faubourg, la belle Jeanne Sabour, à la colle avec le fainéant Raoul, Catherine Dubac, Mélanie Artevel …

Après les sanglantes barricades des journées de juin 48, la répression fait rage. Une issue possible est proposée à ces âmes perdues : partir s'installer en Algérie, où la République leur promet des terres à cultiver, des semences, la protection de l'armée, l'espérance de devenir propriétaires de leur concession. Pour certains, il n'y a pas d'autre choix pour survivre. Et je ne peux m'empêcher de penser à ces hommes et femmes qui échouent aujourd'hui sur les côtes d'Europe ...

C'est la solution qu'ont trouvée les autorités pour se débarrasser de ces fauteurs de troubles. Ce n'est pas cependant une déportation, puisqu'ils sont volontaires : ils doivent simplement être mariés et produire un certificat stipulant qu'ils n'étaient pas des émeutiers … c'est tout ce qu'on leur demande.

Ce premier convoi d'octobre 1848 compte 843 transportés, Il y en aura 17 comme celui-ci. Ensuite, à partir de 1850, on enverra en Algérie des déportés après deux années d'emprisonnement passés à Belle-île … Commence le voyage de ces enfants de paysans échoués à Paris. C'est tout d'abord le charme d'une croisière par les canaux de Bourgogne puis sur le Rhône, et puis la mer qu'ils voient pour la première fois. Ils sont enfin débarqués sur le sol aride de Saint-Cloud, poste militaire tout près d'Oran, dans des baraquements car leurs maisons sont à construire …. Les illusions s'effondrent.

Quand j'étais plus jeune et que mon beau-frère était mobilisé du côté de Colomb-Béchard, on nous disait que cette guerre d'Algérie protégeait les riches colons, que ces jeunes gens qui y laissaient la vie ne les méritaient pas … Mais personne ne nous avait jamais raconté comment se fit l'arrivée des premiers colons, leurs relations avec les immigrés espagnols déjà installés le long de la côte, leurs souffrances, leurs désillusions, leur ignorance de tout ce qui les attendait. Des hommes et des femmes rudes au mal, avec des courageux et des salopards, des malins prompts à cumuler les terres, les faibles qui ne survivraient pas à la rudesse du climat et aux fièvres. Aucune information et surtout, une incapacité à communiquer avec les Arabes, méprisés par la troupe, éternels humiliés.

Le roman se lit dans un souffle. On « voit » les décors, les costumes, les trognes, les violences – celle de la nature, des hommes, de la maladie – on souffre avec eux, et surtout avec elles. Un seul regret : ne pas savoir ce qu'il advient à la belle Jeanne, qui a retrouvé l'Antoine avec l'assentiment de Léonie, partie avec un officier … une suite, peut-être ?
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Les arbres ne nous oublient pas

« Ce que je voulais montrer, c'est que j'ai ressenti la persistance très forte d'un passé dans un présent qui feint de l'avoir renié ». Michèle Perret ramène de son récent séjour sur les lieux de son enfance, Sfisef/Mercier-Lacombe, en Algérie, un récit attachant, d’une sincérité bouleversante (Editions du Chèvre-feuille étoilée, 2016 ). Une composition aérée qui subtilement accompagne des émotions allant crescendo vers un dernier chapitre, l’adieu accompagné d’un murmure aimant et poignant : « Alors, pendant que le soleil se couchait, dans le plus beau domaine du monde, sur la plus belle terre du monde, mon cœur s’est serré en pensant à lui, mon père, qui avait si pleinement, si naïvement aussi, aimé cette ferme et qui l’avait perdue ». Michèle Perret est allée rejoindre ses amis en Algérie, à cœur ouvert, le regard curieux et amical. Elle rencontre un pays jeune, à la population ardente, aux ailes qui ne demandent qu’à se déployer : « La population semble développer un incroyable appétit de bonheur. » Elle doit en convenir, « l’Algérie ne ressemble ni à mes souvenirs, ni à l’image que nous en avons en France. Pays en plein essor, dynamique. Immeubles en restauration un peu partout…» Il y a le retour joyeux à Oran, même si tout a changé au point de ne plus retrouver les repères anciens. Des émotions d’autant plus déconcertantes qu’elles sont inattendues. Michèle Perret, de par ses positions politiques et humanistes, se pensait indemne. « … et il suffit qu’il m’en parle pour que je le revoie – dans ce retour vers un si lointain passé, l’étonnant est de sentir sans cesse des souvenirs perdus remonter en surface et éclater comme des bulles. Des souvenirs minuscules, qu’on n’avait jamais convoqués et qui vous sautent au cœur. » L’auteur avance, les yeux recouverts de buée - , et avec elle nous arrivons là où les arbres ne nous oublient pas. « Ils meurent, » Comme nous.
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La véridique histoire de la fée Mélusine

J'ai toujours aimé les contes. Les écouter d'abord, car j'ai cette chance d'avoir eu des conteuses chez moi et pas de télévision.. et puis par la suite, les lire. Et là, l'âge importe si peu ! Quand j'ai tenu en mains ce livre, quand j'ai regardé les illustrations, j'ai compris que je revenais un peu "chez moi", en pays d'Enfance éternelle.

Ce conte né en une époque si lointaine pour nous et ici présenté dans un langage adapté à notre temps, se lit ou plutôt s'entend, ainsi le combat entre le bouillant Geoffrey et le géant, sa fureur contre les moines,ses jurons..., ce conte se regarde dans la foule de détails qui restitue sous notre regard émerveillé, tout le raffinement de ce Moyen-âge qui savait parer ses chevaux d'argent et de pierreries, brocher d'or ses tentures... Tout y est opulence propice à l'évasion et à la rêverie du lecteur. Et Mélusine, me direz-vous ? Comment soulever le voile magique qui la recouvre ? Veuillez donc je vous prie, ouvrir la porte du livre de Michèle Perret, introduisez-vous à sa suite et appréciez en l'écriture à la fois simple et savante, d'un art consommé, qui ne pourra que jeter un sortilège et vous envoûter jusqu'à l'ultime page. Et là encore, aller plus loin avec la postface, les notes et repères chronologiques car outre qu'il dépayse et divertit, ce roman vous révélera les secrets de ce temps-là...
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Terre du vent : Une enfance dans une ferme ..

A mes yeux, ce livre peu connu est un vrai petit chef d’œuvre. Premier roman découvert par hasard, parce que nous en connaissions l’auteur, je l’ai relu plusieurs fois, toujours avec le même bonheur et la même émotion. En apparence, ce n’est que l’autobiographie d’une petite fille dont les parents exploitent une ferme, en Algérie, pendant la guerre de 39/45. Elle joue avec ses petites copines, ne comprend pas grand-chose à la guerre et chante des chansons de l’époque, banal bien que les personnages évoqués soient attachants et que le récit soit plein d’humour.

Mais en réalité, ce livre écrit dans une très belle prose est un poème fantastique sur le thème de l’enfance perdue et « culpabilisée », un bouquet d’émotions, de couleur et d’odeurs. La construction, qui progresse jusqu’à « la catastrophe », mêle les thèmes récurrents des eaux (source, oued, puits, rigoles), de la nuit interdite, du vent « qui pousse les ronces sèches et fait claquer les volets des maisons mortes », du chien, du cochon et de l’abeille, des arbres exotiques, caroubier et casuarinas, du souvenir enfoui, de la magie et du surnaturel, des couleurs, orange des jeunes berbères et bleu des ombres de fées et de revenants qui on occupé cette terre et qui colorent le passage de l’enfant sur celle-ci d’un caractère provisoire. Le souvenir d’une « Algérie heureuse » est embelli, mais avec lucidité, par le regard d’une fillette éblouie, et le dernier chapitre, « l’enfant brun » qui viendra après elle et dont elle hantera à son tour les rêves, donne toute sa densité à ce chant d’amour :

« Qu'il résiste à l'appel de la nuit, quand, un été, il l'entendra. De la tombée de la nuit au soleil levé, son univers ne lui appartient pas. La nuit n'appartient qu'aux ombres. La nuit n'appartient qu'à moi, l'ombre de son soleil. »



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D'ocre et de cendres : Femmes en Algérie 1950..

«…On ne survit pas vraiment et les choses ne sont plus jamais belles…»

Le dernier livre de Michèle Perret, est un petit bijou intimiste. Une porte qui s’entrebâille sur des temps révolus, de 1950 à 1962. Michèle Perret nous chuchote comme autant de secrets, dans ce recueil de nouvelles, treize portraits de femmes oranaises, émouvantes, attachantes, âmes d’une société kaléidoscopique disparue de par l’obscurantisme des hommes qui n’ont pas su composer une société fraternelle, ni donner vie à ce rêve algérien que beaucoup portait en eux. Aujourd’hui, tenant serré dans leurs bras un enfant mort que l’on se refuse à lâcher pour le laisser partir, dans un bateau d’ivresse et de deuil, les fantômes de l’espoir flottent dans nos mémoires, «Les promeneurs de l’indécis, du brumeux, de l’improbable»…



Aussi cette pause dans le temps, ces histoires de femmes aux destins fracassés : Leila qui entend l’appel des étoiles et ne sait pas qu’elle est morte; Soledad, la petite princesse trop ambitieuse qui tombe sur les cailloux des désillusions ; Solange, qui croyait au bonheur et qui s’enferme dans la prison du chagrin ; la lingère Halima(se prononce H’lima), « au corps usé par le travail et les maternités » qui était noire « d’un triste noir grisâtre et fatigué» ; Fatiha, la moqueuse qui aimait la vie et meurt pour quelques sous âprement gagnés; Joséphine la lingère (voir un extrait en annexe), dans les hoquets d’une guerre sans nom et sans gloire, qui a tant aimé M. Delbois à en perdre la tête ; la petite Nadia, l’enfant d’octobre, quand les hommes s’autorisent à commettre l’irréparable et que la Seine devient fleuve de sang ; l’épopée de la « Singer » qui survit cinquante ans plus tard chez une petite Nadia devenue grand-mère… ; Malika pour qui « l’Algérie de ses rêves ne sera plus pareille » sans Rachel, l’amie de toujours ; et pour terminer, baume au cœur avec la rencontre dans le métro, d’une vieille dame Pieds-noirs et d’un vieux monsieur au parapluie, un Algérien d’Oran comme elle e la fraternité renouée, « la boucle est bouclée » ; en passant par « La ronde des filles fleurs » ou les vinaigrettes, ces fleurs du « dernier printemps »…

Ce sont des aquarelles nées de la délicatesse avec laquelle Michèle Perret esquisse ces destins comme autant de romans. Elle dit en quelques mots, - en peu de mots-, l’indicible des éblouissements amoureux, des chagrins silencieux, des espoirs avortés, ces vies de femmes entre chien et loup, pénombre propice aux faux oublis, aux rêves inversés…

C’était hier et c’est de toujours. La femme aux étoffes intérieures froissées par les pataugas de la vie, elle est d’éternité. Ce chant aux femmes de sa terre natale, toutes origines confondues, dit combien ce rêve Algérien dont on commémore la fin, telle une rupture d’anévrisme, persiste encore, dans une survivance audacieuse que l’horreur de la guerre n’a pas su ni pu enterrer.

Quand on aura cessé d’inventer l’histoire, quand l’amorce d’un monde autre, enfin désincarcéré de la mémoire tant coloniale des uns que nationaliste des autres, sera restauré, la sérénité revenue, les morts des deux rives, enfin réconciliés, pourront abandonner l’enfant défunt, ce rêve perdu et chevaucher les lendemains d’espérance et de liberté d’une terre que personne jamais n’est parvenu, ne parviendra à s’approprier.

Cette terre qui reste l’Insolente, dont les millénaires ont fait rêver les hommes de tous horizons, eux qui ont cru la conquérir parce qu’ils ont posé le soc de leurs mains sur ses reins ; cette terre qui reste aveugle et sourde aux plaintes humaines et va où la pousse son frère Simoun ; la Vivante, qui est telle que le dieu des néants la façonna; convoitée par des peuples en quête d’impossible ; sur son sable rouge et hostile, pas un pas ne s’incruste, tout s’efface : elle avale l’homme devenu putride, se riant de l’histoire écrite par les vainqueurs du moment… A chacun l’illusion de sa conquête : ils passent, elle les efface. L’océan de son éternité la renouvelle inlassablement.

On retrouve sous la plume de Michèle Perret, l’âme algérienne façonnée de cet inconscient collectif propre à tous ceux qui sont nés de cette terre, quoique l’histoire en ait décidé. Rien ni personne ne pourra biffer l’appartenance intrinsèque des enfants du bled au limon qui les vit naître, qu’ils soient restés sur le sol natal ou qu’ils en aient été chassés.

C’est écrit à jamais dans la chair de chacun. Mektoub.

Un mot sur Kay Wernert qui illustre la couverture du livre dans le même esprit voulu par l’auteur : la délicatesse, l’indicible rendu perceptible. Dans cette miniature, il est dit la beauté de la terre et le regard au loin de l’Européenne déjà perdue dans les souvenirs, porte une tristesse sans fond tandis que la jeune femme Maghrébine lui tourne le dos, marchant vers son avenir. Kay enseigne l'anglais, le grec ancien et le français langue étrangère jusqu'en 2000, et depuis, elle consacre son temps libre aux arts graphiques. En 2011, elle a illustré "Cuisiner en toute Simplicité" de Mireille Saimpaul, éditions Dangles. Travail en cours: illustrations de Contes pour enfants.
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Les arbres ne nous oublient pas

(je ne retrouve pas mon message) C'est le récit d'un voyage plein d'émotions que nous propose Michèle PERRET qui excelle dans son dernier ouvrage. Un retour vers son passé, vers "la ferme perdue de son père" écrit-elle, un voyage récent (mai 2015) à Oran puis dans son village natal Mercier-Lacombe/Sfifes En Algérie où tant et tant de gens ont souffert et souffrent encore de l'absurdité d'une guerre ô combien dévastatrice.

Ses pages sont emplies d'émotions, de tendresse, d'amitié envers l'Algérie d'aujourd'hui. On sent l'Auteure profondément émue par sa visite. Son père est là. Sa mère est là. En lisant, je l'ai imaginée entourée de leurs ombres protectrices. Ces fantômes bienfaisants ne seront jamais bien loin si un jour elle a besoin d'eux, Michèle PERRET a conforté ces liens qui lui tiennent à coeur. J'ai adoré ce livre. Le lecteur a voyagé dans le passé ? mais il est plongé dans la réalité de l'Algérie d'aujourd'hui qu'elle aime énormément, ce livre nous faire partager cet amour. Il est magnifique. C'est une grande et belle écriture. De plus, il est beau et bien présenté. Vraiment un beau livre à lire.
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Les arbres ne nous oublient pas

Michèle Perret nous livre ici son carnet de voyage en Algérie, retour tardif au pays perdu de son enfance. D'une rive de la Méditerranée à l'autre, d'une époque à l'autre, de celle de l'Algérie française de jadis à celle de l'Algérie indépendante d'aujourd'hui, elle évoque au fil du voyage ses découvertes et redécouvertes, avec émotion et sensibilité lorsqu'il s'agit des reliques du passé et une bienveillante curiosité pour les transformations du présent. J'ai peu connu ce monde disparu, quelques semaines de vacances étant enfant, par ci par là, mais j'y reconnais les souvenirs de ma famille maternelle, dont les voix sont aujourd'hui presque toutes éteintes, et leur amour pour cette terre qu'ils avaient dû quitter. Je connais encore moins l'Algérie d'aujourd'hui où l'auteure a été si chaleureusement accueillie par ses amis, mais cette évocation lucide et apaisée, parfois émouvante, toujours juste, est de celles que je voudrais faire lire à mes enfants...
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Introduction à l'histoire de la langue française

Loin de moi la prétention d'écrire la critique d'un ouvrage universitaire portant sur une matière que je ne maîtrise absolument pas. Simplement, j'ai eu envie de lire ce manuel parce que l'évolution raisonnée de ma langue maternelle m'intéresse passionnément. Le français recèle tant de curiosités dans la manière de prononcer ou d'écrire qu'un tel livre vous ouvre des portes isoupçonnées.



"Le français est une langue issue du latin adoptée par des colonisés d'origine celtique. Cette population gallo-romaine a ensuite subi des invasions germaniques, qui ont aussi influencé la langue française."



Tout le monde sait ça peu ou prou.



Mais avec Michèle Perret, les mutations lexicales et phonétiques deviennent compréhensibles. On y apprend une foule de choses et on profite de son humour : surtout ne pas rater les encadrés !



Dans l'histoire de notre langue, quelques jalons : le premier texte écrit en langue "vulgaire" date de 842 "Les serments de Strasbourg" constituent un pacte de non-agression entre les trois frères qui se partagent le territoire, en 1539 l'ordonnance de Villers-Cotterêts qui prescrit que les actes de procédures soient rédigés en français, Colbert qui crée une chaire de droit français dispensée en français, l'institution Saint-Cyr pour jeunes filles qui donne l'enseignement en français ...



L'histoire est donc faite d'ajustements successifs, avec une recherche de simplification, de chasse aux homonymes prêtant à confusion, de trucs de transcription par les scribes, avec, à partir du XVIIIème siècle, un long combat contre le latin et les dialectes.



Cependant aujourd'hui, la langue française est devenue la plus normative du monde. Il semble qu'aucune simplification ne soit de nouveau admise. Depuis qu'existe l'enseignement primaire obligatoire, que la guerre de Quatorze a imposé le seul français pour la transmission des ordres, et l'omniprésence de la télévision, les dialectes ont disparu, l'orthographe ne s'améliore plus ... J'ajouterais que sa maîtrise est devenue un fort marquage social.



Dommage, car les facteurs de créativité de la langue, ainsi décrits par H. Frey (La grammaire des fautes), demeurent : ils sont destinés à satisfaire cinq besoins souvent contradictoires : assimilation, invariabilité, clarté, briéveté et expressivité. Un seul petit exemple qui m'a bien fait sourire : le mot "choucroute" ... à l'origine, le terme germanique de "sauerkraut" où "sauer" signifie acide et "kraut" chou. Par glissement et assimilation, on en est venu à substituer chou en tête de mot, quant à croute ????



Un manuel destiné aux cycles L et M de sciences du langage et de lettres, pourtant relativement accessible au néophyte, surtout s'il a étudié le latin et le grec ... une pont entre tradition et modernité. Une façon, en s'accrochant, d'accroître sa culture générale !
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Terre du vent : Une enfance dans une ferme ..

Ce récit émouvant, riche en anecdotes, raconté par l'innocence d'une petite bourgeoise de province de l'Algérie française, prouve qu'en Algérie, quoi que l'on dise, cohabitaient plusieurs populations d'ethnies et de confessions religieuses différentes. L'auteure a raison de dire qu'elle parle d'on monde, qui, hélas, n'existe pas aujourd'hui. C'était, l'époque, où , à Saint-Antoine, la ferme que décrit Michèle Perret, les gens vivaient frugalement, et fraternellement. Saint Antoine était un ilot de coexistence pacifique. Si l'Algérie française était à l'image de ce coin de fraternité et de paix, le monde de "Terre du vent" aurait continué d'exister.

Michèle Perret décrit magistralement la vie simple, mais riche, de la ferme où elle a grandi. . une ferme ,où, chacun, sans distinction de classe ni de race, avait sa place.

Terre du vent, écrit dans un style aéré , se lit d'un trait, emporte le lecteur et lui fait vivre la sérénité et l'ivresse d'un monde, aujourd'hui disparu. A lire absolument.
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Les arbres ne nous oublient pas

Un livre qui raconte le retour d’une femme au cours d’un voyage dans son Algérie natale. Retour aux sources, retour dans la ferme de son enfance, rencontres avec ceux qui sont restés…

Et qu’est ce qu’on s’emmerde !

Pardonnez moi mon langage, mais je le redis : qu’est ce qu’on s’emmerde !!

Le livre est creux, vide, des phrases lourdes, un style pseudo littéraire chiant qui ne dégage aucune émotion, aucune empathie pour elle, ou pour l’histoire. Ça parle pour ne rien dire, ça s’exclame devant un bouquet de fleurs, ou devant une maison retrouvée mais le lecteur s’ennuie profondément, il ne se passe rien et les descriptions et pensées sont vite lassantes.

Je suis en colère !

Un livre inutile, chiant, insignifiant.

Faut dire aussi, je viens de finir deux excellents livres, j’ai dévoré même, la carte et le territoire, qu’on ne présente plus et la septième fonction du langage de Binet.

Putain !!

Lire deux excellents livres et lire ensuite ce torchon, quelle transition ! quelle chute lamentable ! pardon pour ma colère mais comprenez moi aussi : regardez le titre : les arbres ne nous oublient pas.

« Puisque vous les arbres, vous ne nous oubliez pas, alors pour vous remercier, je vous abats et vous transforme en pâte de papier avec laquelle je tisse un livre tout pourri, ne me dites pas merci, ça me fait plaisir ! »

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Introduction à l'histoire de la langue française

Un livre de vulgarisation très apprécié des spécialistes et des étudiants, dont je viens de lire la 4° édition. L'histoire commence avec la préhistoire (les indo-européens, et même, en encart, le rift africain d'où serait venue la langue mère commune). Puis, du bas latin à l'ancien français, du français classique aux plus amusantes inventions du parler "djeune", il aborde la façon dont le français est devenu langue nationale, langue majoritaire, langue internationale, à travers l'histoire des institutions juridiques, de la littérature, de la religion, de l'enseignement. On découvre aussi la façon dont une langue change, les besoins d'expressivité, de brièveté, de régularité qui la travaillent, l'évolution du lexique, de l'orthographe, de l'expression du temps etc. Sans parler d'encarts amusants, comme les mots bannis par les puristes du XVII° siècle ou la façon (assez surprenante) dont s'exprimaient les rois de France. Un livre très sérieux dont le charme est qu'il ne se prend pas au sérieux.

(voir le quiz "Histoire de la langue française)

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La véridique histoire de la fée Mélusine

L’histoire fantasmagorique de Mélisande de Lusignan-Parthenay, amoureuse à laquelle une terrible malédiction est attachée, mère modèle, bâtisseuse infatigable et femme-serpent seulement le samedi m’a rapidement captivée, et pourtant j’ai largement plus de 13 ans ! D’abord parce qu’elle se déroule dans une région que je connais bien pour l’avoir traversée : l’abbaye de Maillezais, Melle, Vouvant, Mervent, les tours de La Rochelle, Talmond… Ensuite parce que cette biographie légendaire écrite pour Jean de Berry (celui des Très Riches Heures) par Jean d’Arras semble tout droit issue des scénarios appréciés des jeunes de notre temps avec vampires, fées et sorcières, où les effets spéciaux et les monstres en tous genres fourmillent. J’admire combien les hommes du XIVème siècle ont pu influencer les graphistes d’aujourd’hui, d’Harry Potter et ses Hippogriffes, serpents ou chiens à plusieurs têtes à certaines scènes de Monty Python : Sacré Graal (1975) comme celle du chevalier noir auquel le roi Arthur coupe successivement un, puis deux bras, puis une, puis deux jambes et enfin la tête, comme dans le combat de Geoffroy avec le géant Gardon …

Et puis, grâce aux précisions données par l’auteur à destination du jeune public, on apprend plein de choses. J’ignorais que les naissances multiples n’étaient pas bien vues au Moyen-Âge parce qu’elles rapprochent l’homme de l’animal, j’ai apprécié la réécriture de l’histoire avec des raccourcis pour expliquer le rôle (et la fortune) de la famille Lusignan en Europe et au Moyen-Orient, la bienveillance avec laquelle on considère, finalement, le terrible Geoffroy qui se repent.

Donc, à toutes les mamies qui désirent faire plaisir à une jeune fille tout en la transportant dans un décor digne de la tapisserie de la dame à la Licorne, ou parmi les enluminures bleues des riches Heures du Duc de Berry, je conseille vivement ce livre joliment illustré, qui ferait une excellente trame de film fantastique …


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La véridique histoire de la fée Mélusine

Mélusine, femme légendaire du Moyen Âge, inspire à Jean d’Arras un roman écrit en 1392-1394, dont Michèle Perret s’empare pour nous en livrer une version contemporaine très aboutie (avec postface, repères chronologiques) et fort agréable à lire.



Résumons : fille de la fée Pressine et du roi Elinor, Mélusine est condamnée à voir la moitié inférieure de son corps se transformer en serpent chaque samedi. En forêt poitevine, elle rencontre Raymondin, fou de douleur à la suite d’un accident de chasse ; elle lui demande de l’épouser à la condition qu’il ne cherche pas à la voir, le samedi. Elle va faire de lui un puissant seigneur et ensemble ils fondent avec les Lusignan une des plus grandes familles de France (sur les dix fils qu’ils engendrent, on comptera le roi de Chypre, celui d’Arménie, le duc de Luxembourg, etc.) Non contente d’assurer la réussite de ses « hommes », Mélusine est une grande bâtisseuse : on lui attribue la construction de nombre de bâtiments médiévaux, la fondation de villes et d’églises.



Tout va pour le mieux dans le monde féérique de la dame jusqu’au jour maudit où Raymondin faillira à sa parole, l’observant en sa rampante position. Ce sont alors « Des adieux déchirants » et Mélusine « s’élança dans les airs, traversa le verger et se transforma peu à peu en une énorme serpente ailée, longue de près de cinq mètres. Sur le bord de la fenêtre, elle avait laissé l’empreinte d’un pied… »… Comme on le sait : les histoires d’amour finissent mal en général et la règle vaut pour un couple formé d’un mortel et d’un être surnaturel.



L’une des richesses de cette histoire en forme de conte, ce sont de courtes notes qui éclairent des passages du texte et/ou précisent des coutumes moyenâgeuses. On y apprend beaucoup et elles contribuent à élargir le lectorat de ce livre qui se lit d’une traite, qu’on ait 12 ans (l’âge de ma petite-fille) ou 72 ans (mon âge !)… De beaux partages en perspective avec de l’action, du suspense et du rêve en veux-tu en voilà !

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Terre du vent : Une enfance dans une ferme ..

C'est un premier roman, avec quelques maladresses dans la construction et le choix des épisodes racontés, dans les ruptures de ton, le manque de narrativité. Pourtant, tel quel, c'est un livre bouleversant, magnifique, sur l'amour d'une terre, la culpabilité de s'en être crue l'occupante, le regret. D'une poésie souvent poignante, il touche à l'universel par les thèmes de l'enfance et de l'exil. J'en conseillerais vivement la lecture. Dommage que ce livre n'ait pas bénéficié des conseils d'un bon éditeur !
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Introduction à l'histoire de la langue française

S'intruire en s'amusant !

Je viens de découvrir ce livre, qui m'a un peu rappelé ceux d'Henriette Walter, mais en plus alerte. C'est aussi un livre fort érudit, qui m'a beaucoup appris, je l'ai dévoré, bien que non-spécialiste, en souriant souvent. Il faut passer sur une terminologie scientifque (pas trop lourde), mais tout est très bien expliqué, très pédagogique, et les anecdotes racontées sont amusantes. J'ai particulièrement apprécié l'orthographe de nos rois et surtout celle d'Henri IV.
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Le premier convoi 1848

Antoine, propriétaire d'un troquet du faubourg Saint-Antoine à Paris, participe aux émeutes de juin 1848 contre le sage avis de sa jeune femme Léonie. Ce soutien lui vaut d'être recherché par la police. Il est donc contraint d'abandonner son bistrot. Sa femme, son bébé et lui se retrouvent hébergés par un couple d'amis, Jeanne et Raoul. Poussés par la misère et la peur, ils vont s'engager dans une grande aventure. La République leur propose une concession en Algérie, où ils pourraient exploiter la terre au soleil. Ils partent donc tous les quatre avec plus de 800 autres personnes dans un grand convoi vers le rêve d'une vie meilleure.

Michèle Perret nous propose l'histoire de ce convoi et l'installation en Algérie. Loin de la vision idyllique, elle nous fait partager les joies et les peines, les espoirs et les doutes, le rêve face à la réalité de ces transportés qui ont construit une tranche de notre histoire nationale.

Cette histoire me parle d'autant plus que je suis fille de pieds noirs. J'ai déjà entendu mes parents évoquer certains lieux mentionnés dans le roman. Pour autant, les personnages construits par l'auteure peuvent aussi évoquer à tout le monde des origines populaires. Les portraits de femmes sont forts. La jeune Léonie est dopée par l'instinct de survie et son caractère terre à terre, malgré les difficultés qu'elle rencontre tout au long de sa vie. La belle Jeanne a oublié d'être bête et mène sa barque avec humanité contre vents et marées, entrainant son entourage dans l'aventure.

Les personnages masculins sont parfois moins sympathiques. Antoine est l'idéaliste. Raoul est l'opportuniste qui en fera toujours le moins possible.

Nous croiserons aussi Jeanjean le violent et sournois qui deviendra l'ennemi de Léonie dès les premières pages.

Bref on passe un bon moment, on apprend beaucoup de choses, on réfléchit sur les conditions de vie d'une époque, on s'apitoie sur le sort de certains et on exècre certains autres dans ce roman très documenté qui comporte en outre la liste des véritables participants à ce premier convoi vers l'Algérie qui sera suivi de 16 autres en quelques mois.
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Les arbres ne nous oublient pas

Ce livre est un poignant témoignage du retour de Michèle Perret au pays natal. Ses souvenirs remontent à la surface ‘’ éclatent comme des bulles. Des souvenirs qu’on n’avait jamais convoqués et qui vous sautent au cœur ‘’.

Et arrive le moment où Michèle redécouvre la ferme de son père, ‘’ une ferme belle, prodigieusement belle dans sa déchéance, attendrissante ‘’. Michèle n’était pas seule avec ses souvenirs, elle était accompagnée des ombres du passé, celle de sa maman flottait heureuse de son retour. Michèle peut repartir apaisée. Ce jeune agriculteur qui conserve précieusement des reliques du temps d’avant sera pour elle son successeur dans l’amour de cette ferme. Et un jour (que je souhaite le plus tard possible) Michèle protégera sa jolie petite fille brune comme Majda l’a protégée enfant, car la vie est un éternel retour.

Dans ce livre Michèle pose un regard plein de tendresse et d’amour pour l’Algérie d’hier et celle d’aujourd’hui.

Un très beau livre.
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Le premier convoi 1848

Roman historique très bien documenté. L'exil vers l'Algérie, pour y devenir "colons" d'un certain nombre de prolétaires parisiens, à une époque où la France a "exporté sa misère" à coup de promesses mirifiques. On suit dans leur long périple à travers la France, par les canaux de Bourgogne en péniche, en bateau sur le Rhône et en train jusqu'à Marseille quelques familles bien campées, certaines attachantes,d'autres moins. On découvre avec eux une décevante terre promise à défricher, irriguer, cultiver. Des populations indigènes qu'ils comprennent mal et la mort, avec la grande épidémie de choléra de 1849. Très instructif, sur les parlers de l'époque, l'état de la France en 1848 et celui de l'Algérie, sur l'attitude de l'armée, le rôle des femmes dans l'oeuvre colonisatrice. Solide travail d'historienne : bibliographie bien documentée en fin d'ouvrage et liste nominative des 850 transportés de ce premier convoi (16 autres suivront jusqu'à mars 1849)



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D'ocre et de cendres : Femmes en Algérie 1950..

Ce bref recueil (116 pages) est composé de treize nouvelles ciselées, dans une prose fluide, poétique, parfois d’une drôlerie légère et le plus souvent émouvantes : treize portraits, treize destins de femmes, de filles ou d’enfants qui tentent de survivre, d’aimer et d’enfanter dans une société trop rigide pour les premières nouvelles et dans un monde bouleversé par la guerre pour les dernières. Un regard à la fois tendre et désabusé : l’avant-dernière nouvelle, inspirée d'un épisode atroce, raconte la vie d’une jeune militante romanesque, enivrée par les poètes de la Résistance française, qui, après avoir vécu l’Indépendance, finira en 1997 égorgée par des fanatiques, avec dix de ses compagnes (histoire terrible qui se termine par une conclusion en demi teinte : « Aragon, vieux farceur »). D’autres, plus drôles, racontent la ronde des filles fleurs en quête de mari alors que tous les garçons épousables ont été mobilisés ou les déboires d’une machine à coudre qui ne veut pas s’expatrier. Ma préférée reste celle de la vaillante petite lingère devenue gâteuse : son histoire couvre celle de l’Algérie coloniale, du début du siècle à l’arrachement final : la jolie petite repasseuse est le type même de ces humbles femmes qui essaient de se construire une vie digne, malgré l’égoïsme des hommes – une pauvre histoire qui touche à l’universel et sa silhouette devant la tombe de son amour secret est inoubliable (voir ma citation). Deux événements historiques sont évoqués, les massacres d’Oran et la répression de la manifestion d’octobre 1961, mais de façon peu appuyée. En revanche, on trouve une bonne reconstitution des années ’50, toilettes des filles, arrivée sur le marché des produits américains, entretien du linge, souci de la parure, plaisirs champêtres des uns, misères des autres, coutumes comme celles des feux de la saint Jean ou des pique-nique de Paques.

Contrairement à d’autres personnes qui s'expriment ici, je n’ai pas connu ce pays, mais j’ai beaucoup aimé ce tout petit livre très évocateur auquel on pense longtemps et qui mérite d’être lu.

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