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Critiques de N. K. Jemisin (336)
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La trilogie de l'héritage, tome 3 : Le Royaum..

Avec « Le royaume des dieux » N. K. Jemisin clôt magistralement sa « Trilogie de l'héritage », saga ayant déjà séduit un grand nombre de lecteurs de part son originalité et sa fraicheur. Comme dans les précédents romans on retrouve ici le même décor, à savoir le palais de Ciel ainsi que la ville d'Ombre, toujours sous la domination des implacables Arameri et toujours menacés par les tensions couvant entre les Trois. L'auteur opte à nouveau ici pour un changement de perspective mais cette fois nous n'avons à faire ni à une femme ni même à un mortel mais à Sieh, dieu de l'enfance que l'on avait eu l'occasion de découvrir dans les tomes précédents. Il ne faut guère de temps pour se faire à ce nouveau narrateur pour lequel il est difficile de ne pas se prendre d'affection comme c'était déjà le cas pour Yeine dans « Les Cent Milles Royaumes » ou encore d'Oree Shoth dans « Les Royaumes déchus ».



Sieh est un personnage extrêmement fascinant dont la façon de pensée et la conception du monde radicalement différentes des nôtres offrent un grand rafraichissement au lecteur et prêtent souvent à sourire. Les personnages secondaires amenés à croiser la route de notre divinité ne sont pas en reste, les jumeaux Shahar et Dekarta en tête. On retrouve dans ce troisième volume certains des thèmes abordés dans les précédents tomes, à savoir la complexité des relations entre êtres divins et mortels, la légitimité ou non de la souveraineté arameri... L'auteur insiste toutefois davantage ici sur la conception de la mortalité des dieux et surtout sur la recherche de leur nature profonde et sur la nécessité pour eux de s'y conformer, comme le découvrira douloureusement notre héros. Un final en beauté donc et un auteur à suivre.
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Les livres de la terre fracturée, tome 1 : La..



Une belle découverte que ce premier tome ! Je suis très rapidement entrée dans le roman et l’univers apocalyptique créé par N.K. Jemisin.



Les livres de la terre fracturée, c’est l’histoire de trois personnages : Damaya, Syénite et Assun, des orogènes qui ont le don de canaliser les entrailles de la Terre, de provoquer séismes ou autre secousses destructrices. Craints et pourchassés dans un monde composé de différentes communautés qui organisent leur quotidien autour de la préparation de la prochaine catastrophe, les orogènes quand ils sont repérés dès leur plus jeune âge, sont envoyés au Fulcrum. Là, leur est enseignée la capacité de canaliser leur puissance indispensable pour les soubresauts de la terre et empêcher que ne survienne ine énième saison où tout disparaitrait dans les cendres et le chaos.



Damaya, Syénite et Assun aspirent à une vie où elles ne seraient plus asservies par des Gardiens, où elles pourraient aimer, élever leurs enfants sans crainte. Mais les forces et les enjeux les dépassent.



La construction de ce premier tome est très habile et l’auteur ménage ses effets jusqu’au bout et la façon dont elle s’adresse au lecteur est très originale : nous sommes Assun 😊. J’ai apprécié d’entrer en douceur dans cette civilisation, je redoute toujours avec ce genre si particulier qu’est la Fanatsy que l’auteur ne nous livre pas suffisamment les clés. Ici, pas à pas, N.K. Jemisin nous initie à ses codes, à son histoire, à son organisation. Un petit lexique à la fin facilite l’immersion.

Personnages complexes et mystérieux, monde cruel et dangereux, un premier tome très réussi qui mérite son Prix Hugo.



Je suis ravie de cette découverte que je dois à Clémence, libraire Kube qui a choisi ce livre pour moi. Je cours acheter les deux autres tomes !!!



Challenge MULTI-DEFIS 2021





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Les livres de la terre fracturée, tome 1 : La..

Soyons direct : j’ai adoré. La terre fracturée, c’est tout un univers angoissant mais passionnant. Une planète à la société marquée par les nombreux tremblements de terre qui engendrent une terreur permanente. Gérée de main de fer par une élite qui a réussi à anéantir toute réflexion de la population, réfractaire aux quelques êtres humains capables d’anticiper voire de maîtriser la colère de la Terre. Les ‘Orogènes’ ou ‘Gêneurs’ sont persécutés pour cause de superstitions a priori incompréhensibles.

Dans cet univers de fin de monde, les chapitres alternent entre plusieurs récits. Dans l’un, on suit la trajectoire d’une mère qui perd son enfant. Dans l’autre, une petite fille qui se découvre malgré elle gêneuse est rejetée par sa famille, mais prise en charge par un mystérieux Gardien. Dans un troisième, une Jeune orogène impulsive qui accompagne son mentor dans une mission de sauvetage.

Il m’a fallu un peu de concentration pour rentrer dans cet univers foisonnant, au vocabulaire spécifique non explicitement défini, ce qui permet à l’auteur d’instiller une ambiance particulière. J’y ai plongé avec délice dans le premier tome.

Je suis bon public et me laisse guider d’un récit à l’autre, suivant avec plaisir ces personnages pourtant rugueux. .

J’avais été raisonnable, n’ayant acheté que le premier tome en attendant un train… vite, il me faut la suite !

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Les livres de la terre fracturée, tome 2 : La..

Nous retrouvons Essun alors qu’avec Hoa elle a posé son balluchon à la comm de Castrima, vaste géode. Là, elle retrouve Lerna, le médecin bienveillant de Tirimo mais aussi Albâtre, en piteux état, grignoté qu’il est par sa mangeuse de Pierre Antimoine.



Albâtre à l’origine de cette Cinquième saison, Albâtre qui a décidé de plonger le monde dans les ténèbres. Mille ans avant que la terre arrête de cracher cendres et gaz, mille ans au moins avant que l’humanité ne revoie la couleur du jour ou puisse cultiver, vivre dans une atmosphère assainie, espérer retrouver l’ordre naturel des choses…



Dans ce tome 2 de la trilogie de N. K Jemisin, nous retrouvons la trace de Nassun, emmenée par Jija, son père, un Fixe pour qui l’orogénie constitue une telle tare qu’il a massacré Uche son petit garçon à coups de poing lorsqu’il a découvert son pouvoir. Jija, entre amour et répulsion pour la nature de sa fille, va la conduire jusqu’à Nouvelle lune, une comm dans laquelle des Gardiens accueillent et éduquent les jeunes orogènes. Jija pense trouver là un lieu susceptible de « guérir » Nessun... On y retrouve un personnage bien connu qui va nouer avec la fillette une relation filiale complexe.



Pour apaiser la colère du Père Terre, il faudra lui rendre son enfant, la lune. C’est la mission que confie Albâtre à Essun. Pour cela, il faudra s’appuyer sur les 256 obélisques, coordonner leur magie pour ouvrir la Porte de cristal et ainsi mettre fin aux saisons.



Disons-le, je me régale ! C’est très bien écrit, construit de façon habile, les personnages sont complexes et attachants – l’auteur fait la part belle aux femmes, toutes des conquérantes et des combattantes, confrontées à des choix cornéliens qui les engagent entièrement, qui les amène à sacrifier leur corps, leur famille pour protéger le collectif, la communauté. Pointe également une réflexion autour de la nature, de la Terre (ici personnifié par une figure masculine, le Père Terre qui pleure son enfant, la lune) qui, maltraitée, condamne l’humanité à l’errance.



Allez, j’attaque le dernier tome 😊 !



Challenge MULTI-DEFIS 2021

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Les livres de la terre fracturée, tome 1 : La..

A lire toutes les critiques dithyrambiques et à en croire les prix Hugo, prix prestigieux des littératures de l'imaginaire, je passe à côté d'une pépite.



Oui parce que je suis passé à côté.

Complètement, puisque j'ai abandonné.

L'impression d'avoir déjà lu ce roman dix fois auparavant : des structures, des procédés narratifs, sans compter une intrigue ultra classique en fantasy. Mélanger tout ça n'en fait pas un roman extraordinaire pour autant.

Pourtant, on ne peut pas dire de moi que je suis une spécialiste de la fantasy... Je dois lire deux romans par an dans ce genre-là.

C'est bien écrit certes mais pas plus que bien d'autres romans. J'ai lu le mois dernier Source des Tempêtes, premier tome du Livre de l'Énigme de Nathalie Dau. Bien que l'intrigue soit relativement déjà vue dans ce roman-là aussi, l'écriture magnifique et des personnages fascinants ont rendu ma lecture prenante. J'avais envie de sauter sur le deuxième tome. Ma lecture de la cinquième saison vient bien trop tôt après. J'avais sans cesse envie de le poser pour reprendre la saga du Livre de l'Énigme. Et c'est ce que je vais faire, après m'être résignée, deux semaines après avoir posé La cinquième saison.



Je l'admets bien volontiers : quelques bonnes idées, des personnages plutôt bien travaillés mais rien d'original. Je ne peux pas continuer ma lecture alors que je passe mon temps à le comparer à ce que j'ai lu ces dix dernières années.

Roman de bonne facture qui ravira les gros consommateurs de fantasy ou au contraire ceux qui n'en lisent jamais ? Me situant entre deux, j'ai l'impression que j'ai manqué la rencontre avec l'auteur.
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Les livres de la terre fracturée, tome 3 : Le..

En Résumé : J’ai passé un excellent moment de lecture avec ce troisième et dernier tome de cette série qui vient clore de façon efficace et réussie The Broken Earth. J’étais un peu inquiet de ne pas accrocher à cette fin tant le chemin pouvait paraitre balisée suite à la conclusion du second tome, mais l’auteur a su relever le défi et offrir une conclusion maîtrisée et captivante. Elle a ainsi réussi à garder une certaine tension dans la dualité entre Essun et Nassun, tout en y ajoutant une nouvelle ligne d’intrigue avec un flashback sur ce qui abouti à l’apocalypse qui ne manque pas de passionner. Elle oscille ainsi efficacement entre ses trois narrations, offrant surprise, rebondissements et réflexions. L’univers construit s’avère toujours aussi fascinant à découvrir, surtout que le retour dans le passé permet de le densifier encore un peu plus. Un passé d’une certaine façon utopiste dans ses envies et ses ambitions, mais qui va se dévoiler comme on s’en doute plus complexe qu’on peut le croire. Le présent avec Nassun n’est pas en reste, avec toujours ce monde sauvage, âpre, violent mais qui amener les prémices de changement et d’espoir. Le gros point fort vient ainsi des nombreuses réflexions qui sont soulevées au fil des pages. Que ce soit sur les discriminations, le rejet, l’extinction, le fanatisme, l’environnement, la façon dont on gère notre planète, la famille, l’amour ou encore l’endoctrinement cela ne laisse pas le lecteur indifférent. Surtout que N.K. Jemisn le fait avec justesse, sachant nous toucher et, je trouve, nous pousser à nous remettre en cause. Les personnages sont captivants, denses nous présentant deux héroïnes charismatiques, touchantes et attachantes. Deux visions d’un monde sans merci et violent, mais où l’une garde espoir, là où la seconde, face à l’horreur, ne voit que la fin pour permettre de tout arranger. Les personnages secondaires ne sont pas non plus en reste s’avérant réussis. Alors certes on pourrait reprocher une deux facilités, une fin en partie attendue, mais le tout est balayé par la réussite de l’œuvre bien porté par une plume efficace, soignée et entrainante. Je conseille la découverte de cette œuvre, je ne dis pas qu’elle vous plaira obligatoirement, mais faites-vous une idée car il serait, pour moi, dommage de passer à côté.





Retrouvez la chronique complète sur le blog.
Lien : http://www.blog-o-livre.com/..
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Mégapoles, tome 1 : Genèse de la cité

Après avoir été bluffée par « Les livres de la Terre fracturée », dernière trilogie de Nora K. Jemisin multi-récompensée et unanimement saluée par la critique, c’est avec plaisir que je me suis plongée dans le nouveau roman de l’autrice, premier tome d’une série baptisée « Mégapoles » et actuellement en cours de parution en version originale. Contrairement à ses précédentes œuvres, qui se situaient dans des univers complètement imaginaires, « Genèse de la cité » nous fait évoluer dans un cadre beaucoup plus familier puisque l’action se passe à New York. Ville qui ne se contente d’ailleurs pas d’être un simple décor puisque c’est elle qui occupe le premier rôle. L’autrice met en effet en scène un monde où certaines cités acquièrent la capacité de s’incarner dans le corps d’un individu qui devient en quelque sorte son avatar. Le cas de la Grosse Pomme est cela dit un peu particulier puisque celle-ci a revendiqué pas mois de six représentants : cinq pour chacun de ses quartiers les plus emblématiques, et un sixième censé faire la synthèse entre les autres. Voilà donc six individus lambdas soudainement transformés en l’incarnation d’une zone géographique, chacun avec ses spécificités, son histoire, et surtout son caractère. La « naissance » ne s’est toutefois pas passée exactement comme prévue. D’abord parce que les différents avatars n’ont visiblement pas tous eu le mémo concernant leurs nouveaux pouvoirs et le rôle qu’ils doivent désormais jouer. Ensuite parce qu’une étrange entité qui pourrait être tout droit sortie d’un roman de Lovecraft cherche à les détruire, et surtout à les empêcher de mettre la main sur le sixième, celui qui symbolise la ville toute entière et dont le sort est donc étroitement lié à celui de New York. Comme toujours, N. K. Jemisin opte pour une intrigue originale et complexe dans laquelle il faut accepter de se plonger sans trop de repères, même si l’immersion reste tout de même bien moins rude que dans « La Cinquième saison ». L’idée n’est d’ailleurs pas tout à fait nouvelle puisque l’autrice avait déjà publié une nouvelle sur le sujet dans l’anthologie « Lumières noires » (« Grandeur naissante »).



C’est avec Manhattan que l’on commence cette petite ballade dans New York. Alors qu’il se rend pour la première fois dans la cité, un jeune homme est pris de vertiges et éprouve de plus en plus de mal à se rappeler de son identité tandis que des événements de plus en plus étranges se succèdent, à commencer par l’attaque d’un des ponts les plus emblématiques de la ville par une créature tentaculaire dont les habitants ressentent la présence sans pour autant la voir. Sa rencontre avec Brookly, avatar du quartier le plus peuplé de la ville, et qui a manifestement mieux intégré que lui ce qu’ils sont devenus et le rôle qu’ils doivent désormais jouer, va lui permettre de mieux cerner les enjeux dont il est question. Les voilà donc en quête des trois autres arrondissements que sont le Queen, le Bronx et Staten Island, tous plus au moins conscients des changements qui se sont opérés chez eux. L’affection que N. K. Jemisin porte à New York est palpable tout au long de ce premier tome qui constitue un vibrant hommage à la ville. L’autrice y brasse quantité de références qui ne sont d’ailleurs pas toujours très aisées à saisir lorsqu’on ne connaît pas soi-même la cité et ses spécificités, si bien que certaines vannes ou clins d’œil tombent parfois un peu à plat. L’intrigue est toutefois suffisamment riche et les personnages assez attachants pour que ces petites lacunes ne viennent pas gâcher le plaisir de lecture. Le rythme est particulièrement dynamique et les temps morts peu nombreux tant les scènes d’action se succèdent de plus en plus rapidement. On va en effet suivre les différents affrontements opposants les arrondissements à l’étrange créature qui semble leur vouer une haine tenace et qui prend tour à tour l’apparence d’un montre colossal doté de tentacules à la Cthulhu ou d’une dame d’apparence tout à fait respectable mais visiblement très portée sur la suprématie blanche. Et c’est justement là que le roman de N. K. Jemisin se détache du sympathique mais très classique récit de super-héros. L’ouvrage est en effet aussi (et surtout) extrêmement politique, et on y retrouve un certain nombre de thématiques chères à l’autrice et déjà présentes dans ses précédentes œuvres.



Le premier aspect qui saute aux yeux du lecteur et qui s’apparente à une véritable revendication politique réside dans la diversité des profils des différents protagonistes. Certes, cela fait un moment maintenant que la plupart des auteurs/autrices ont compris que la mise en scène quasi-exclusive de personnages blancs et masculins pouvait saouler les lecteurs avides de lire des œuvres plus en phase avec la diversité de notre propre société, mais cela se résume la plupart du temps à intégrer une ou deux femmes ou une ou deux personnes racisées, et basta. N. J. Jemisin, elle, fait le choix de mettre en scène tout type de corps, ceux d’hommes, de femmes, de trans, de vieilles, de jeunes, noirs, blancs, asiatiques, amérindiens, indiens, gros… Les femmes en générale occupent ici une place de choix, et les femmes racisées en particulier, ce qui permet à l’autrice d’aborder quantité de sujets de société qui font aujourd’hui débat, aux États-Unis aussi bien qu’en France. Les confrontations avec les avatars choisis par « Cthulhu bis » sont évidemment l’occasion de dénoncer les discriminations raciales et sexuelles, mais aussi d’aborder la question du racisme dans la police ou dans l’art, celle de la manière dont sont considérés les corps noirs ou féminins dans l’espace public, ou encore celle de l’histoire des États-Unis (massacre des Amérindiens, traite négrière…). Le choix de placer l’une des créatures de Lovecraft comme antagoniste du roman n’est d’ailleurs pas un hasard, l’auteur n’ayant jamais caché son racisme qui imprègne une bonne partie de ses œuvres. Nora K. Jemisin s’inscrit ainsi dans la droite lignée de cette nouvelle génération d’auteurs et d’autrices qui tente de rendre hommage à l’œuvre monumentale de Lovecraft tout en se la réappropriant en y intégrant toutes ces catégories de population invisibilisées ou dénigrées dans les textes du maître du fantastique (je pense notamment à « La ballade de Black Tom » dans lequel Victor Lavalle propose une version alternative du texte considéré comme le plus raciste de Lovecraft ou à « La quête onirique de Vellitt Boe » dans lequel Kij Johnson choisit de reléguer le héros du texte d’origine au second plan pour se focaliser plutôt sur un personnage féminin).



N. K. Jemisin signe avec « Genèse de la cité » un premier tome prometteur dans lequel on retrouve une bonne partie de ce qui fait la force et la particularité de l’autrice. Si le cadre est certes moins fascinant que celui de ses précédentes œuvres, la ville de New York n’en constitue pas moins un décor intéressant dont on se plaît à découvrir la richesse, quand bien même certaines références échapperont sans doute aux lecteurs peu familiers de la cité. La plus grande force du roman réside cela dit dans ses personnages dont la variété de profil permet à l’autrice d’aborder des sujets d’actualité, à commencer par le racisme sous toutes ses facettes. Une belle découverte, que je vous recommande chaudement.
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Les livres de la terre fracturée, tome 2 : La..

La trilogie des terres fracturées se déroule dans un univers difficile à appréhender, aux noms à consonnances complexes. Un monde captivant dans lequel évoluent des personnages peu attachants mais très marquants.

Le récit se déroule principalement en statique à Castrima, la cité dans laquelle Essun a trouvé refuge après un drame. Essun est toujours un personnage très ‘rugueux’. Il est compliqué de s’y attacher, tant elle est… difficile de trouver des qualificatifs précis. Hargneuse ? Egoïste ? Agressive ? Tout cela et un peu plus. Son histoire rend cependant parfaitement plausible un tel comportement.

Elle rencontre ici une société dans laquelle son « handicap » de toujours est parfaitement toléré et accepté, voire valorisé. Il est intéressant de la voir se débattre avec ses schémas de pensée profondément ancrés dans ce nouvel environnement. ‘Il va falloir perdre l’habitude de menacer n’importe qui n’importe quand, Essie. Je sais que tu as passé ton enfance au Fulcrum et que tu es ignare de ce côté-là, mais… ce n’est pas un comportement sain dans une communauté.’ Lui glisse la chef de Castrima. Une bien étrange citée dans laquelle évoluent humains .

Les trajectoires de la fille et du mari d’Essun ainsi que celle de son ancien gardien viennent s’insérer en pointillés dans le récit. .

Ce deuxième tome n’est pas inintéressant mais en deçà du premier tome.

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Dreamblood, tome 1 : La Lune tueuse

Jolie découverte en ce qui me concerne, La Lune Tueuse de Jemisin.

C'est un roman de fantasy, qui ouvre sur une 2e partie.

On embarque pour la cité-état de Gujareeh où l'ordre des collecteurs ont droit de vie et de mort sur tous les citoyens. Pour Ehiru, une confrontation va tout faire basculer....

Tout un monde inconnu nous est offert. ça commence par la langue, qu'il faut comprendre (un glossaire nous y aide bien) et puis il y a cette gallerie de personnages dont les rapports sont parfois difficiles à déceler. Mais plus on entre dans le récit, plus on y prend goût, et on finit par ne plus le lâcher!
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Les livres de la terre fracturée, tome 1 : La..

N.K Jemisin est l'une des étoiles montantes dans l'univers de la science-fiction, ayant reçu plusieurs prix prestigieux dont trois fois le prix Hugo, et qu'un grand fan du genre m'a chaleureusement recommandée...

C'est donc avec un plaisir non dissimulé que j'ai ouvert ce premier tome d'une trilogie, après avoir longtemps lorgné sur cette magnifique couverture.

Trois récits s'enchevêtrent dans ce roman, sans que l'on sache quelles relations entretiennent les trois personnages, hormis le fait qu'elles soient toutes les trois Orogènes: une espèce maudite, redoutée et redoutable, car dès sa naissance, un Orogène est capable de détruire des pans du monde simplement par frustration. Mais, correctement éduqué, les meilleurs d'entre eux peuvent apaiser une mer déchaînée et contrer toute catastrophe naturelle en cours.

L'univers que Jemisin a créé est abîmé et semble arriver à sa fin. Des villes entières ont été détruites, chaque espèce se méfie de l'autre, on plonge dans une certaine noirceur où les liens ont été rompus.

J'avoue avoir parfois perdu le fil du récit car dans une semi-incapacité à me représenter clairement cet univers, à en saisir tous les tenants et aboutissants; il faut dire que la narration est complexe, exigeante en tout cas pour une lectrice peu habituée au genre.

J'en garde cependant des impressions générales fortes, mais je ne suis pas encore certaine de continuer ma lecture de la trilogie!

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Les livres de la terre fracturée, tome 1 : La..

Je ne vais pas vous faire perdre votre temps en faisant un énième résumé du roman.

Le livre semble classique aux premiers abords : du post-apocalyptique et même de l'apocalyptique puisque la Cinquième Saison n'est rien de moins que l'Armageddon dans l'univers de la série. L'auteur classe son oeuvre dans le genre de la Fantasy, certains lecteurs considèrent qu'il s'agit de SF. Pour ma part, je classe ce roman dans la catégorie Science-Fantasy.

Dans ce récit, l'autrice excelle dans la création de son univers et dans ses personnages.

L'univers semble à priori classique mais il est vraiment très riche. Les "castes" décrites, à savoir les Orogènes, les Gardiens... sont vraiment très intéressantes dans leur histoire et leur dynamique. J'ai beaucoup apprécié les obélisques, qui apportent une touche de mystère dans cet univers et nous laissent comprendre que nous sommes loin de tout savoir. Les Mangeurs de pierre permettent également d'enrichir l'univers. Qui sont-ils ? Que veulent-ils ?

Le lecteur suit trois personnages. Trois femmes dont les points de vue permettent d'appréhender l'univers sur plusieurs niveaux : Damaya nous immerge dans l'apprentissage d'une orogène au Fulcrum, Syénite nous montre comment est la vie d'une orogène impériale et avec Essun nous comprenons la difficulté de vitre comme une orogène sauvage. La qualité des personnages est toujours un critère important pour moi, et ici ils sont particulièrement bien construits. Mon commentaire n'est pas uniquement valable pour les personnages principaux, car j'ai également fortement appréciés les protagonistes secondaires et notamment Hoa.

Le style de l'autrice, et particulièrement les chapitres consacrés à Essun (où l'histoire est racontée à la seconde personne du singulier !) est très immersif.

Mais malgré tout cela, je n'ai pas envie de lire la suite. L'univers trop déprimant de l'autrice ne m'incite pas à m'y replonger.

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Les livres de la terre fracturée, tome 2 : La..

Primée par trois Hugo consécutifs, la trilogie des « Livres de la Terre fracturée » de N. K. Jemisin s’est taillée une solide réputation. Une fois passé le (court) prologue un peu rude en terme de compréhension, le premier volume s’était révélé absolument captivant. Le lecteur y apprenait à se familiariser avec un monde hostile dans lequel les hommes en sont réduits depuis des siècles à vivre dans de petites communautés dont la seule et unique préoccupation est de se préparer à survivre à la prochaine « cinquième saison », une période de durée variable durant laquelle les conditions de vie se dégradent suite au déclenchement de catastrophes naturelles. Dans cet univers où tout le monde craint les colères de « Père Terre », une poignée d’individus se voient doter du pouvoir d’utiliser et de contrôler les éléments. Loin d’en faire des super-héros adulés de la population, ces capacités les transforment au contraire en parias, et mettent leur vie en danger : à la fois parce que ces pouvoirs sont extrêmement dangereux et difficiles à maîtriser, mais aussi parce qu’ils terrifient les habitants lambda de leurs communautés, qui n’hésitent pas à les lyncher lorsqu’ils réalisent qu’un « gêneur » se trouve parmi eux. C’est dans ce contexte pour le moins violent que l’on fait la rencontre d’Essun, une orogène, justement confrontée à la haine engendrée par sa différence, y compris auprès de son entourage le plus proche. [Attention, si vous n’avez pas encore eu l’occasion de découvrir le premier tome de la trilogie, passez directement au paragraphe suivant au risque de vous voir révéler des pans importants de l’intrigue du précédent volume.] Après la mort tragique de son fils, la jeune femme s’est lancée à la poursuite de son époux infanticide pour tenter de récupérer leur fille, Nassun. Seulement prendre la route alors qu’une cinquième saison se prépare, ce n’est pas de tout repos, même lorsqu’on dispose de pouvoirs comme Essun. Après avoir croisé la route de deux étranges compagnons de route, la voilà condamnée à résider à Castrima, une cité souterraine dans laquelle orogènes et « fix » cohabitent tant bien que mal et dont la localisation doit rester secrète afin d’éviter toute attaque des communautés voisines. Nassun n’est pourtant pas perdu et, si Essun ne sait toujours rien du sort de sa fille, le lecteur, lui, la suit en parallèle de sa mère dans ses pérégrinations.



Le premier tome avait été une véritable claque, tant du point de vue de la construction de l’univers que de la dureté et de l’intensité émotionnelle de ce qui arrive aux personnages. Or, si on retrouve dans ce second tome tous les éléments qui avaient fait le succès du précédent, l’effet de surprise est un peu passé. Cela n’enlève rien au charme du roman, et on prend toujours autant de plaisir à suivre Essun, mais maintenant que l’on a intégré la plupart des règles qui régissent cet univers, on est moins souvent pris de court par les événements. Le rythme de ce second tome est d’ailleurs beaucoup plus lent : Essun est condamnée à rester à Castrima et son immobilité forcée réduit évidemment le nombre de scènes d’action. L’essentiel de l’intrigue repose ainsi sur ses interactions avec les différents membres de la communauté (certains issus de son lointain passé, d’autres totalement inconnus jusqu’alors) et sur la manière dont la jeune femme tente de surmonter ses deuils. Ces pertes, le lecteur en ressent lui aussi douloureusement la perte, et par cet aspect, ce second tome se révèle tout aussi déchirant et tragique que le premier (qui mettait pourtant la barre assez haut). On s’attache sans mal aux nouveaux venus qui gravitent désormais autour de notre héroïne qui a bien du mal à rentrer ses griffes mais tente pourtant de s’intégrer à cette nouvelle communauté. Ses retrouvailles avec l’une des figures phare du premier tome la pousse également à tenter de comprendre toujours un peu plus comment fonctionne son orogénie et quel rapport celle-ci entretient-elle avec les mystérieux obélisques géants qui gravitent un peu partout sur le continent. L’autrice profite aussi de cette inertie de l’héroïne pour nous en apprendre davantage par l’intermédiaire de son mentor sur certains des aspects les plus fascinants de son univers : les mangeurs de pierre (qui sont-ils ? d’où viennent-ils ? dans quel camp se trouve-t-il ?), la cause à l’origine des cinquième saison, l’origine de l’orogénie… La seconde partie du roman se révèle plus dynamique, Castrima devant faire face à une menace inattendue et potentiellement mortelle qui va mettre les pouvoirs et la patience d’Essun à rude épreuve.



En ce qui concerne la narration, l’autrice continue d’alterner entre le « vous » lorsque les chapitres sont consacrés à Essun, et la troisième personne lorsque d’autres personnages sont mis en scène. On retrouve d’ailleurs dans ce second volume plusieurs acteurs du premier tome que l’on ne pensait pourtant pas nécessairement revoir (et qui ont, pour la plupart, subi d’importantes transformations). Le roman se focalise également pour la première fois sur le personnage de Nassun, dont on ignorait jusqu’à présent le sort. Emmenée par son père après qu’il ait tué son petit frère et découvert son orogénie, la petite fille entreprend donc elle aussi un voyage périlleux en compagnie d’un homme qu’elle aime par dessus tout mais dont elle craint désormais les pulsions meurtrières. Nassun le sait, la seule raison pour laquelle elle est encore en vie, c’est que sont père croit pouvoir la « guérir » de son orogénie en rejoignant une communauté dont l’existence n’est qu’une rumeur mais qui serait capable de prendre en charge et « sauver » les gêneurs. Ce voyage plein de tensions entreprit entre père et fille fournit au lecteur l’occasion d’en apprendre plus sur la vie d’Essun avant la catastrophe, et surtout d’avoir sur elle un regard extérieur. Et celui-ci est loin d’être flatteur, ce qui frappe d’autant plus que, depuis le début du premier tome, on sait l’amour profond que porte la mère à sa fille. Or, à travers les yeux de Nassun, on découvre une femme dure, froide, et, si on connaît la vulnérabilité d’Essun et les raisons profondes qui la poussent à se comporter ainsi, la douleur de la petite fille et les sentiments ambivalents que lui inspirent sa mère ne laissent évidemment pas indifférents. Quel que soit le point de vue adopté, N. K. Jemisin se révèle en tout cas toujours aussi habile pour traiter les émotions de ses personnages et nous faire partager leur ressenti, leur douleur, leur frustration.



Si ce second tome des « Livres de la Terre fracturée » n’atteint sans doute pas le niveau du premier (qui était cela dit assez exceptionnel), on n’en suit pas moins avec toujours autant de plaisir le parcours d’Essun et des autres protagonistes. Le rythme plus lent auquel s’enchaînent les événements permet à l’autrice d’approfondir un peu plus encore les spécificités de son univers et de son système de « magie », de même que la psychologie de ses personnages. Espérons que la conclusion sera du même acabit !
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Les livres de la terre fracturée, tome 2 : La..

"Relecture" audio mars 2023 : 4⭐ et même avis avec une approche facilitée par la lecture précédente.



🐞 🐞 🐞



La Cinquième Saison continue de se répandre et le paysage est devenu un camaïeu de gris que le soleil n'éclaire plus. Essun est installée dans la comm. souterraine de Castrima où sont rassemblés des humains, fixes et orogènes et des mangeurs de pierre selon leur capacité à survivre et à être utiles à la communauté.



Sa fille et son mari sont arrivés à la Nouvelle Lune et Nessum entame l'apprentissage de son orogénie et de la magie qu'elle découvre alors que son père pense toujours qu'ils sont ici pour qu'elle guérisse.



Essun est celle qui doit mettre fin à la Cinquième Saison, celle de tous les cataclysmes. Elle découvre la puissance de son don allié aux immenses pouvoirs de la magie.



J'ai eu moins de mal à trouver mes repères dans ce volume car l'adaptation au langage propre de la planète ne heurte plus le regard. Ma curiosité est encore plus forte et j'apprécie les personnages malgré les grandes parts de noirceur qui les habite.



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La trilogie de l'héritage, tome 1 : Les cent ..

A la mort de sa mère, Yeine est conviée à Ciel où règne son grand-père afin de devenir l'une de ses héritières entrant ainsi en compétition avec deux autres membres de sa famille. Et comme si les intrigues de cour entre mortels ne suffisaient pas, la voilà également embarquée dans un conflit opposant le Père des Dieux à ses enfants qu'il a soumis à la volonté des hommes par jalousie. Loin d'être ce à quoi je m'attendais, ce roman se révèle être au final une bonne surprise. Le décor est assez restreint, l'intrigue se déroulant quasi-exclusivement à Ciel, palais fascinant et presque inquiétant comportant son lot de surprises, bonnes comme mauvaises.



Les personnages eux-aussi sont intrigants, très sombres mais au final attachants à commencer par l'héroïne mais aussi l'enfant-dieu Sieth. Les relations complexes entretenues par Yeine et l'énigmatique Nahadoth, le Seigneur de la Nuit, ainsi que par ce dernier et son frère divin font en partie le charme de ce roman qui se révèle au final aussi original que divertissant. A noter qu'il fut d'ailleurs récompensé par le prix Elbakin.net en 2011.
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Némésis de la cité

Deux ans après la parution de « Genèse de la cité », N. K. Jemisin revient avec un deuxième volume qui clôture « Mégapoles », série pourtant conçue à l’origine comme une trilogie. L’autrice confesse dans ses remerciements avoir eu beaucoup de mal à écrire cette suite et fin, son inspiration ayant été asséchée à la fois par l’épidémie de Covid mais aussi par les bouleversements liés à la politique américaine (et notamment l’ascension de Trump). Difficile heureusement de déceler ce petit coup de mou à l’écrit puisque ce deuxième volume se révèle aussi réussi que le premier et propose une conclusion satisfaisante à la série. Celle-ci repose sur un pitch simple mais efficace : certaines cités parmi les plus anciennes ou les plus emblématiques du monde se matérialisent concrètement depuis toujours en des avatars humains qui incarnent (littéralement) la ville dont ils sont issus. Parfois, l’âme de la cité s’avère tellement lourde à porter que plusieurs individus sont choisis pour l’incarner. C’est le cas de New York qui vient tout juste de naître et qui s’est dotée de six avatars : un « premier » et six autres représentants ses principaux arrondissements, à savoir Manhattan, Queens, Bronx, Brooklyn, New Jersey et Staten Island. Le problème, c’est que la naissance de cette cité en particulier a été compliquée par l’apparition d’un monstre à tentacule version Cthulhu, lui-même contrôlé par une entité surnommée « la femme blanche ». Originaire d’un autre univers, cette dernière a pour objectif d’empêcher le réveil de toute nouvelle ville et, à terme, de détruire tous les avatars de celles déjà nées. New York est passé très près du désastre et, après avoir pris contact avec d’autres avatars, il semblerait qu’elle ne soit pas la seule à avoir subi ce type d’assaut. Déterminés à sauver leur cité, nos héroïnes et héros se lancent alors dans une quête désespérée pour obtenir le soutien des cités déjà nées afin de contrer les manigances de leur adversaire. Tous ont toutefois leur propre vie à mener en parallèle de cette lutte cosmique, l’un se morfondant sur un amour impossible, l’autre cherchant désespéramment à ne pas se faire expulser du territoire par la police de l’immigration, tandis qu’une autre encore entreprend de contrer l’influence d’un candidat à la mairie particulièrement populaire et prônant le suprématisme blanc, ce qui n’est pas sans compliquer leur tâche.



On retrouve dans ce deuxième volume tout ce qui faisait déjà le charme du premier, à commencer par une intrigue bien ficelée et menée tambour battant. Peut-être est-ce lié au fait d’avoir fait passer la série d’une trilogie à un diptyque, toujours est-il que le rythme y est très soutenu, les rebondissements et scènes d’action s’enchaînant à une vitesse telle qu’on ne s’ennuie pas une seconde. Cela va même un peu trop vite parfois, certains protagonistes se retrouvant clairement sur le banc de touche comme Bronca (Bronx) et Venezia (New Jersey) qui ne jouent ici plus qu’un rôle mineur. On peut toutefois saluer la volonté de l’autrice de mettre en scène des personnages qui sortent des normes habituelles puisque la grande majorité des personnages sont des femmes, ou bien sont racisés, ou bien sont homosexuels. Cette grande diversité de profils, corps, parcours et représentations fait l’effet d’une grande bouffée d’air frais et permet à l’autrice d’aborder de nombreux sujets, à commencer par celui du racisme qui gangrène la société américaine. L’œuvre de N. K. Jemisin possède ainsi une dimension éminemment politique et s’attaquent aux représentations erronées que peut avoir l’Américain moyen des états du Sud de la ville de New York et de ses habitants. L’idéologie suprémaciste blanche et la nécessité de lutter contre ce discours occupe une place centrale dans le récit puisqu’il se manifeste à la fois par le biais de la campagne menée par ce candidat raciste concourant pour la mairie et n’hésitant pas à faire appel à des groupuscules d’extrême-droite violents, mais aussi par celui de la dame-blanche dont les bonnes manières et le discours policé cache en réalité une vision de la société délétère. La lutte que mènent les avatars contre cette entité surnaturelle est ainsi avant tout politique, ce qui permet à l’autrice d’aborder des problèmes concrets rencontrés par la cité, qu’il s’agisse de la transformation progressive de la police en une milice gangrenée par l’extrême-droite, des méthodes douteuses employées par les services de l’immigration, ou encore de celle des entreprises qui tirent profit de personnes en quête de visa pour leurs imposer des conditions de travail infernales.



Les personnages, eux, sont évidemment à l’image du cadre dans lequel ils évoluent puisqu’ils sont censés représenter l’essence même de la ville. Tous possèdent une personnalité intéressante et usent d’un vocabulaire et d’un registre de langue qui peut varier mais qui se caractérise toujours par une certaine familiarité et surtout une grande spontanéité. Pas question pour l’autrice de mettre en scène des sortes de super-héros et héroïnes sûr.es d’eux/elles et invincibles. En dépit des grands pouvoirs qui sont désormais les leurs, les avatars de New-York ont gardé le côté « monsieur et madame tout le monde » du premier tome, ce qui rend si aisé de s’identifier à eux. Enfin, l’ouvrage se veut évidemment une véritable déclaration d’amour à la ville de New York de la part de N. K. Jemisin qui tente ici de communiquer à ces lecteurs l’atmosphère et l’énergie régnant dans la cité. Spécialités culinaires, ambiances par quartiers, évolution de la politique d’urbanisme, variété des transports avec les spécificités de chacun, diversité de la population, traditions partagées par les habitants… : le New York dépeint ici n’a rien d’un décor de carte postal et ne se focalise pas sur les grands monuments à la manière d’un banal guide touristique. Ce que nous propose N. K. Jemisin tient plutôt de la véritable immersion dans le quotidien d’une ville fascinante par son multiculturalisme et l’énergie qu’elle dégage. Bien que la cité soit parfois un peu trop idéalisée et essentialisée, l’humour qui imprègne l’œuvre permet heureusement à l’autrice de prendre régulièrement un peu de distance et de se moquer gentiment des attitudes ou des réflexes new-yorkais.



« Némésis de la cité » met un terme à la série « Mégapoles », devenue par la force des choses un diptyque et non une trilogie, ce qui n’empêche par N. K. Jemisin de donner une conclusion satisfaisante à son histoire. Basé sur un pitch original reposant sur l’incarnation de l’âme d’une cité dans le corps de simples humains devenus ses avatars, l’ouvrage se distingue par la diversité des profils de personnages qu’il met en scène, ainsi que par sa dimension résolument politique. C’est aussi un roman bourré d’action, plein d’humour et porté par des protagonistes attachants car ordinaires, en dépit des énormes pouvoirs qui sont les leurs, ce qui explique sans doute pourquoi on s’y identifie aussi aisément. A lire !
Lien : https://lebibliocosme.fr/202..
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Les livres de la terre fracturée, tome 1 : La..

La Cinquième Saison est un exercice de SF et de Fantasy parfaitement maîtrisé qui possède une grande originalité des personnages avec une profondeur psychologique, une complexité mystérieuse du monde et enfin une tension qui monte peu à peu, suffisant pour nous capturer tout le long du roman.

A l'origine, le Père Terre créateur de la planète, le Fixe, voit apparaître la vie indépendamment de sa volonté. Curieux il laisse l'humanité croître. Mais cette humanité turbulente et destructrice le rend furieux. Le Père Terre lui inflige les saisons, périodes de grands cataclysmes (séismes, éruptions volcaniques, tsunamis, miasmes etc) qui entraîne l'humanité dans une survie post apocalyptique lors de terribles hivers plus ou moins longs. Les survivants s'organisent dans des communautés bien codifiées. Une capacité émerge lors de ces bouleversements: l'Orogénie. Un orogène a donc la capacité de manipuler des forces de la nature profonde et peut influencer les secousses sismiques. Mais les orogènes ne savent pas tous contrôler ce pouvoir et ils sont traqués par la population qui en a peur.

Nous suivons l'histoire de trois femmes orogènes qui se déroule à des périodes différentes.

Essun, une femme d'âge moyen, mère de deux enfants, découvre avec horreur l'assassinat de son fils par son mari à la découverte du pouvoir orogène de l'enfant. Il s'enfuit avec son autre enfant, une fille. Découverte, elle réussit à s'enfuir et part à leur recherche. Sur son chemin elle rencontre un jeune garçon bien étrange, Hoa. Je laisse la suite à découvrir.

Ensuite nous rencontrons Damaya, une jeune orogène rejetée par sa famille et recueillit par Schaffa un gardien faisant partie d' un ancien ordre d'humains dotés de capacités surnaturelles dont la seule tâche est de gérer et de contrôler les orogènes. Ils contrôlent le Fulcrum, une organisation qui entraîne les orogènes à utiliser leurs capacités de manière contrôlée ; néanmoins, les orogènes restent une sous-classe détestée et redoutée sans aucun droit propre. On entre à l'intérieur de cette communauté mystérieuse.

Et enfin Syenite, orogène formée dans le Fulcrum, elle doit accepter de s'unir à un puissant orogène afin de procréer, mais aussi de participer à une mission dans un port côtier. Elle découvre d'autres facettes du Fulcrum, mais aussi du monde extérieur . Une orogène courageuse qui veut briser ses chaînes.

Un envol post apocalyptique où la vie tend toujours à se tracer plusieurs chemins, j'ai hâte de découvrir le second tome.











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Les livres de la terre fracturée, tome 1 : La..

Des personnages dotés de pouvoirs extrêmement puissants autant qu'incontrôlables, mais des comportements et des sentiments très humains, ce roman s'articule autour de 2 femmes et une fillette qui partent loin de chez elles et dont la quête les dépasse totalement, parcours racontés en parallèle. Leur survie, la découverte de leurs pouvoirs, le danger souvent mal identifié qui les guette, tissent une trame de scénario angoissante et tortueuse.

Il faut du temps au lecteur pour entrer dans ce monde chaotique, d'autant que chaque rencontre est décortiquée dans les moindres pensées, confrontation hostile, négociation ou simple conversation ! Mais l'histoire se construit par petites touches au travers de ces rencontres.

La progression de l'intrigue nous accroche au fur et à mesure que l'on avance. A partir du dernier tiers on ne lache plus le livre, jusqu'à la résolution de tous les énigmes (qui est qui, d'où et de quand vient-il/elle) ; le style est déroutant, assez lent, très imaginatif et riche d'une mythologie imaginaire constituant un univers très original.

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La trilogie de l'héritage, tome 1 : Les cent ..

Les Araméris, avec à leur tête le grand-père de Yeine, gouverne d’une main de fer les 100 000 royaumes, ils tiennent leur légitimité de Itempas, le Dieu de l’ordre, de la rectitude,…qui a gagné guerre l’opposant à Nahadoth et leur sœur, Enefa. Le monde est donc dirigé suivant les principes du vainqueur, les perdants ont été asservi à la famille régnante actuelle pour services rendus, ils sont leurs armes et leurs esclaves à la fois.



N.K. Jemisin nous présente toute une cosmologie proche du Brahman : à l’origine n’existe que le seul Maëlstrom dénué de toute vie, avant la naissance d’une trinité de Dieux primordiaux. Dans la mythologie africaine, les divinités sont liées à l’eau, et ce n’est pas le cas ici. L’équivalent d’Enefa, est la déesse de l’aube et du crépuscule, alors que dans Les Cent Mille Royaume il s’agit plutôt de celle de le vie à l’image de Brahmâ, la force créatrice. Itempas représente la rectitude mais surtout la force conservatrice et ordonnée de l’univers, tel Vishnou. Enfin, Nahadoth est à l’image du chaos, et difficilement plus proche de Shiva aux mille visages, sa force « destructrice », porteuse de changement.



Les concepts demeurent proches et il est difficile de trancher, sans doute peut-on associer les deux sources d’influence hindoue et africaine, ce qui ne fait que renforcer la richesse du panthéon construit.



Malgré son jeune âge, Yeine est ennu de la Darène, rôle qui consiste à le diriger. Elle a été formée pour cela, ainsi, ce n’est pas une ingénue mièvre et sans aucune ressource qui débarque à Ciel. Or, La jeune femme n’est pas préparée à ce qu’il attend dans ce repère de vipères toutes plus malsaines les unes que les autres.



Les cousins, héritiers en titre sont assez opposés, et plutôt caricaturaux, une larve d’homme et une harpie. Mais ce sont les dieux les véritables protagonistes dans cette histoire. Avec un Naha versatile, changeant et charismatique au possible ainsi que Seidh toujours touchant, affectueux et parfois cruel tel l’éternel enfant qu’il représente.



Au final, je suis plutôt convaincue par ce premier tome et l’attribution du prix Locus ne me semble pas volé, surtout que cette fantasy n’est pas dénuée de fond. En effet, difficile de ne pas percevoir une critique dans l’attitude suprémaciste des Araméris, ou avec la présentation de centaines de pays chapeautés par une organisation supranationale souvent attentiste. D’autres sujets plus délicats y sont abordés comme l’inceste, le viol, l’abus,….



Toutefois, il y a quelques défauts (de jeunesse) avec des antagonistes manquant de subtilité, une intrigue classique, une attirance physique de Yeine pour Nahadith qui fait un peu girly (rein à voir avec de la romance!), et quelques scènes de sexe superflues. Il y a un déséquilibre entre la cohérence et la densité du panthéon présent, et l’intrigue de cour plus mesurée.



Critique plus complète sur mon blog
Lien : https://albdoblog.wordpress...
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La trilogie de l'héritage, tome 2 : Les Royau..

Le second tome de « La trilogie de l'héritage » nous plonge à nouveau dans l'univers des Cents Mille Royaumes mais cette fois ce n'est plus au palais de Ciel que se concentre l'action mais dans la ville d'Ombre. Outre ce changement de décor on a également à faire à un tout nouveau protagoniste et si j'ai été un peu surprise et déçue de ne pas retrouver Yeine, Oree Shoth est un personnage auquel il est difficile de ne pas s'attacher, ce que ne fait que renforcer la narration à la première personne. L'auteur nous fait aussi découvrir une multitude de nouveaux personnages, essentiellement des divinités, toutes plus originales ou intrigantes les unes que les autres. C'est avec plaisir qu'on retrouve néanmoins lors de certains brefs passages des têtes connues comme celles du facétieux Sieh ou bien de Yeine elle même.



L'intrigue se révèle à mon sens plus captivante encore que dans le premier tome mêlant enquête policière afin de démasquer les responsables des meurtres à répétition de génitures (divinités) et intrigues de pouvoir fomentées par les « Nouvelles Lumières ». La question des amours entre les divinités et les mortels et les conséquences que cela peut entrainer est à nouveau abordée mais sous un angle différent et de façon beaucoup plus développée. La relation complexe et tourmentée entretenue par Oree Shoth et Brillant fait ainsi encore une fois en grande partie le charme du roman, comme précédemment celle de Yeine et du Seigneur de la Nuit. Au final j'ai donc passé un très bon moment de lecture et je compte bien poursuivre avec le troisième et dernier tome.
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Les livres de la terre fracturée, tome 1 : La..

Le livre de la terre fracturée est un livre dont les histoires sont facturées, le style fracturé, le temps même.

Et... J'ai mis longtemps à savoir pourquoi après avoir entendu plein de louanges, même si l'histoire est prenante, je n'y arrive pas. Il y a dans ce roman polyphonique une scission du style entre les personnages. Moi j'arrive, je lis, je commence à me faire à l'écriture, je palpite, m'émeus. Et paf. Nouveau chapitre, nouveau style et rythme à appréhender et tout le personnage à apprivoiser de nouveau.

Et ça me fatigue.

Alors je fais une pause en allant lire ailleurs entre chaque chapitre. Et je recommence à lire. Je m'attache, je m'émotionne. Et paf. Fatigue.

Parce que la fatigue est prévue et de fait dans cet univers qui a pour saison des catastrophes telluriques et humaines, ben... Il ne se passe pas grand chose. Et la fin du livre est déjà là qu'on a bien planté le décor mais pas fait des masses de trucs avec. Sauf des machins déprimants. Et des boucles qu'on avait deviné.

Et je suis d'autant frustrée que je ne suis pas certaine de vouloir continuer cet effort. Il faudra forcément changer la construction qui faisait beaucoup le job une fois que l'on connaît le dénouement de l'histoire, l'intérêt restera t il ? Donc... Ou je reste là avec mon univers décor à peine emprunté. Ou je continue à lire cette trilogie. Mais moi depuis la pandémie, notre début de saison à nous, je suis lasse, et je n'ai pas le courage de m'user sur une histoire encore vide, aussi intéressante soit elle, et désespérée. Et je suis aussi fatiguée des histoires désespérées.
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