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Citations de Nathalie Azoulai (287)


Elle devait donc ruser et, pour l’instant, ne pas assener à Pierre une autre charge émotionnelle en lui apprenant qu’il serait père. Elle pourrait, par exemple, faire croire que son bébé était celui de Théo mais faire croire, c’était vraiment faire croire, c’est-à-dire le faire savoir à tous et priver Pierre de son trophée puisque son trophée elle était. Et ainsi se priver du rôle de sa vie, celui qu’il promettait de lui donner dans l’énorme production juvénio-américaine qu’il était sur le point de boucler.
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Elle avait été une adolescente sérieuse puis une adulte sérieuse, c’est-à-dire une épouse et une mère sérieuse mais brusquement, tout ce sérieux l’encombra. Du temps de sa vie avec Pierre, les fêtes n’avaient pas manqué mais Laure y avait déambulé comme une reine svelte et égarée puisqu’il était bien connu de tous que le producteur des plus grosses comédies avait épousé une grande universitaire qui ne goûtait au fond ni ses films ni son monde ni même une goutte de ses alcools. Et Venise, Cannes, Hollywood n’y avaient jamais rien fait.
Au lendemain du vote, elle sabla le champagne et décida de modifier plus souvent son état de conscience.
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Sabine avait choisi la pédiatrie pour n’avoir affaire qu’à des corps d’enfant, roses et frais, sans odeurs ni sécrétions importunes. Et, à soixante-quatre ans, elle passait encore le plus clair de ses journées à voir se tordre sur sa table d’examen des nourrissons braillards et vigoureux.
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Chaque matin, devant sa glace, Laure déplorait les effets de l’âge sur sa peau, ses cheveux, sa silhouette, et ce, malgré tous les efforts et le sport qu’elle pratiquait assidûment. Elle songeait aussi invariablement au corps parfait de Juvena Biel qui s’exhibait dans les films où elle se produisait et dont Pierre, son ex-mari, profitait avantageusement depuis qu’il avait épousé la trentenaire en la ravissant à des cohortes de jeunes premiers.
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[...] Racine, c'est la France.
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Si elle pose sur lui un regard bienveillant, c'est un regard sans bras ni mains pour le toucher et, pour Jean, c'est un clou qu'on enfonce dans son coeur.
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Doit-on sentir pour écrire ou l'inverse?
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Un matin, [Racine] décide qu'aller voir la mer le distraira. Il galope longtemps, le regard fixé sur l'horizon.
C'est un drapé bleu et vert qui se soulève de part en part, une nappe qu'on a dressée sur les confins pour que les hommes circulent, voyagent, se rapprochent, s'éloignent ou se perdent. Comme Ulysse. Plus que les forêts, les plaines, les vallées, la mer le rend sensible à l'idée de bords. Les histoires ne sont jamais plus belles, se dit-il, que lorsqu'elles se tendent d'un bord à l'autre, lorsque les mers séparent. Les océans permettent d'imaginer des dénouements où l'on s'échoue, chacun de son côté, sur des bords opposés. Les Anciens le savaient. Il n'est aucune élégie ni tragédie sans les mers. C'est une chose de le lire, une autre de le sentir. Autrefois il ne visualisait l'élégie qu'en fonction des fleuves et des rivières, selon une pente, un écoulement, un courant dynamique. À présent, c'est aussi une étendue plane qui sépare de ce que l'on désire, une masse qui engloutit ce que l'on perd, un regard qui pleure l'autre bord sans pouvoir le rejoindre.
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Sa douleur trouve des biais, des ruses, le persuade qu’il a rêvé, qu’il va bientôt la retrouver ou, pire, que de toute façon il n’a vraiment connu avec elle que quelques semaines de bonheur contre de très longs mois de malheur. Certains matins, il n’a plus de visage, mais une plaie qui saigne et pleure jusqu’au soir. Quand il a réussi à dormir, il ouvre les yeux comme on vomit, repris par le dégoût des jours sans elle. (p. 174)
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Mais il ne suffit pas d’effacer des phrases pour les oublier.
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De sa grosse écriture d’écolier, il n’a pas peur d’apposer dans les marges de ce texte non chrétien ses commentaires dévots « Grâce », « Providence de Dieu », « Il n’y a point d’homme parfait », selon le principe que, de toute écriture, ce qui compte, c’est la lecture qu’on en fait. Jour après jour, il ouvre un peu plus le texte, le fouille, détache les phrases comme s’il les pelait. Ses pages deviennent aussi légendées que des planches d’anatomie.
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Duras est une femme du XXe siècle, constante, cohérente, une sœur d’évidence.
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Si la langue se forme dans l'esprit se dit-il, elle ne doit pas s'y confiner, elle doit sortir, se projeter dans l'espace, vibrer dans l'air.
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Nathalie Azoulai
La fatigue et la peine ont raison de toutes leurs étreintes. Personne n'a la force de prendre personne dans ses bras. Nous nous regardons de loin. Mon ventre pousse durement dans la direction de Flynn mais rien ne se voit que ce souffle imperceptible qui détend un visage d'agonisant épuisé par les souffrances, en une seconde, à l'insu même des plus proches, qui sont pourtant là depuis plusieurs jours et plusieurs nuits, qui n'ont pas quitté la chambre, le lit, mais qui, quand la mort survient, ont les yeux ailleurs, pensent à autre chose, la manquent, se persuadent que s'ils avaient été plus attentifs, s'ils avaient mieux regardé, ils l'auraient vue, en face, mais se trompent parce que ce souffle puissant et ténu qui sépare lkes vivants des morts, ou les vivants des vivants, on ne le saisit jamais, Maria, on le manque toujours. Personne ne perçoit ce qui nous lie et nous délie dans la même seconde, Flynn et moi.
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Toute la traversée s'est déroulée ainsi, Maria, dans un mélange de joie et de tristesse, d'émerveillement et de déception, le visage de Flynn et celui de mon mari, l'Occident qui nous attend et mon pays natal qui s'éloigne, mon enfant et mes parents. Je sais que vous pouvez comprendre, Maria, c'est pour ça que je vous le raconte, bien que sur votre passeport, vous n'ayez jamais lu la mention
No return, en lettres noires, serrées comme une barrette de bestioles qui, lorsque vous approchez les yeux, grouillent sur votre plaie vive, infectée.
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Nathalie Azoulai
Il est désormais certain que le Général a pesté au mois de juin devant son poste. C'est comme s'il y était. Est-ce à cet instant-là que lui est apparue la différence sur laquelle ils s'écharpent, entre les verbes provoquer et susciter, l'idée qu'on peut causer une chose par en dessous, de manière larvée ? Qu'il comprend que tous ces manifestants aux cheveux drus et bruns ne seront jamais de vrais patriotes et que, pour un pays, les drapeaux d'un autre pays brandis devant le palais présidentiel, c'est un poison, une vermine insidieuse et malfaisante ?
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Sa réponse n'éclaire en rien ce tunnel où se terre la vie des adultes, comme s'il n'y avait rien à y percevoir que des doutes, des murmures incompréhensibles. Et des places vacantes. Des absences tapies dans l'obscurité vers lesquelles, telles des plantes au soleil, irrésistiblement se tourne la tête des enfants.
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"Des petits sons, des mots, des gestes agacés, des mouvements de tête erratiques puis soudain, une impulsion plus longue, ample, balancée, qui déroule la question: De quelle patrie sont- ils vraiment les patriotes ?"
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Si la lecture est une dissection, alors le commentaire ne peut être qu'une cicatrice.

p. 36
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Elle déteste confondre ses références, douter ; elle aime les dégainer, claires et nettes, comme si son autorité garantissait leur existence et leur pérennité, comme si elles avaient le pouvoir de faire apparaître Gloria Grahame là, devant eux, dans la pièce.
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