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Critiques de Nétonon Noël Ndjékéry (27)
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La Descente aux enfers

"La descente aux Enfers" Nouvelles ancrées dans le quotidien, où le récit de destins souvent tragiques est porté par une langue vive et imagée, et contrebalancé par l’humour.

Ainsi que l’écrit Sylvie Darreau dans sa postface à La Minute mongole, il y a chez Nétonon Noël Ndjékéry, humaniste attaché aux Lumières et conteur resté ancré dans la réalité tchadienne, un «bâtisseur de mots contre les maux du monde».

Vigueur narrative et clarté de l’expression, solidité de la construction et saveur du récit aux images évocatrices, empathie humaine et colère se fondent au creuset de l'univers de Noël Nétonon NdjekeryLL
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Il n'y a pas d'arc-en-ciel au paradis

En Baobabia, à la fin du XIXème siècle , la vie est plus que dangereuse. Si la traite négrière des blancs semble se tarir , elle est remplacée par celles des arabes qui ne reculent devant aucun subterfuge pour asservir les riverains du lac Tchad, la grande Eau. Parmi eux Zeïtoun dont le chemin va croiser celui de la belle Yasmina et de l'eunuque Tomasta. A trois ils s'installent sur une ile de la Grande Eau et s'engagent à fonder un monde nouveau.



Quelle claque ! D'autant plus magistrale qu'elle vient d'un roman dont je n'attendais rien de particulier.



Tout d'abord , l'histoire .

Autour des trois héros suscités , l'auteur déroule l'histoire des riverains du lac Tchad , des empires négriers à Boko Haram, en passant par la 'Dipanda ' (indépendance) , la colonisation , le poids de la religion.

On plonge dans cette Afrique que l'on pourrait penser candide mais qui aurait tant à nous apprendre, ne serait ce que la sagesse. On plonge les yeux fermés dans ces histoires qui tissent le coeur et l'âme d'un pays, entre mythe et réalité. On traverse un siècle avec cette tribu qui ne demande rien, que la tranquillité , le respect de ses croyances et l'érudition via un système communautaire. Qui ne vise qu'à s'élever sans ombrager le voisin.



L'auteur nous offre un chef d'oeuvre qui marie admirablement l'histoire et L Histoire , sans aucune longueur. Il crie à travers ces lignes l'horreur continuelle subie par ces peuples rivés à d'ancestrales croyances et coupés du monde.

Mais ce qui magnifie encore plus l'ensemble , c'est cette langue sublime qu'utilise l'auteur . Admirables tournures où se mélangent la pensée des autochtones et son talent.



Un immense coup de cœur , qui je l'espère , rencontra son public et qui pourrait remplacer quelques ouvrages poussiéreux dans les programmes scolaires !



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Il n'y a pas d'arc-en-ciel au paradis

Ça pourrait être un roman historique sur le passé du Tchad, depuis le temps de l’esclavage jusqu’à nos jours, en passant par la colonisation et l’indépendance.

Ça pourrait être un récit de voyage. Ça pourrait être une histoire d’amour, ou une saga familiale. Ça pourrait être une utopie. Ça pourrait être…

Et c’est tout cela à la fois.

Parce que le roman commence avec des esclaves évadés entamant le difficile voyage de retour vers la terre natale.

Parce que la cachette qu’ils vont trouver, c’est une extraordinaire île flottante sur le lac Tchad.

Parce que leur île va accueillir chaleureusement, au fil des décennies, tous ceux et celles qui ont besoin d’un refuge.

Parce que, de loin en loin, un voyageur apporte d’incroyables nouvelles du monde...

Parce que l’écriture de Nétonon Noël Ndjékéry est magique, poétique, qu’elle m’a embarquée, captivée et émue.

Une très, très belle découverte.



Challenge Globe-trotter (Tchad)

Challenge Plumes africaines

Club de lecture avril 2024 : "Un livre offert ou emprunté"
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Chroniques tchadiennes

Chroniques Tchadiennes Nëtonon Noël Ndjekery



Des chroniques, qui commencent comme un Romeo et Juliette, amours contrariées comme il se doit, dans la ville de Moundou, où est né notre auteur Nëtonon Noël Ndjekery. Sa ville, dit-il, c’est le temple de la débrouillardise, de la gouaille et du rire, avec, tout proche, près du fleuve Logone, affluent du Chari, le tamarinier nain, où son héros Souloulou vient se refugier.





Lui est gaucher, et donc proscrit (n’y a t il pas eu en Europe de ces anathèmes contre les gauchers, et volonté de les reconduire dans le droit chemin ?)



Elle, Haitara, elle l’aime, et pourtant ses parents l’ont destinée à un colonel. Beurk.



En Afrique, ce sont les hommes qui paient la dot, donc, se dit elle, pour gagner du temps, et faire valoir sa dot et aussi sa volonté d’épouser qui elle veut, elle doit continuer et étudier jusqu’à avoir son bac.

Car elle aime le gaucher.

Ces chroniques écrites par un Tchadien devraient être bien lues, elles montrent les mariages forcés, et toutes les combines pour y échapper. L’héroïne, comme beaucoup de ses consoeurs, est forte. De sont elles qui font le pays, elles ont l’air soumises, mais quand vient l’heure, ce sont elles qui décident.

Et qui travaillent, surtout. Aux champs, et aujourd’hui en ville, avec leurs diplômes.



(Remarque toute personnelle : ma meilleure amie fille de notaire s’est fait vendre à un fils de notaire, notaire lui même, et elle m’a juré le haïr jusqu’à ce qu’il meure)





Haitara, elle, n’a juste pas envie de se marier avec un vieux, de plus porteur de « cette-maladie-là », il a beau être riche, grâce au pétrole, découvert au Tchad, pourtant ses parents, même après la mort de l’autre épouse, contaminée par le triste sire, préfèrent qu’elle se marie.

Raison : elle est enceinte.

Nous, nous savons de qui, les parents, non ils ne savent pas.

Elle, elle ne veut pas être vendue.



Chroniques, ainsi que va le titre, parce que l’auteur évoque en changeant l’intitulé le scandale de « l’Arche de Zoé », enfants tchadiens déguisés en rescapés du Darfour, avec de faux pansements, compresses et attelles -103 enfants soi –disant rescapés du Darfour( oui, il y a eu, cause pétrole, un vrai cataclysme économico/social au Darfour) et en réalité tchadiens , « pris » aux parents avec la promesse d’une vie meilleure.



Cependant, comme sa ville Moundou, au sud du Tchad, est la ville du rire, l’auteur fait le rapprochement avec l’importation d’animaux, qui, parfois même avec faux papiers (comme mon perroquet, parce qu’il aurait fallu que mon mari aille à Gènes trois mois avant, notre départ, bref, faux papiers) sont ou exterminés ou reconduits au pays d’origine.



Mélange de rire sain, de vraie évocation d’un vrai scandale, d’une vraie dictature, d’une vraie main mise,( quelque soit la religion, car, en fait, dit NNNN c’est la croyance animiste qui triomphe,) sur les jeunes filles à marier, avec un mélange de pruderie ( comment, ma fille enceinte, et de qui ?) et de résolution quoi qu’il en coûte (Bien sûr, il a une maladie mortelle, cependant il faut que notre fille aille s’offrir à lui. Ça justifiera son futur bébé. )



Les « chroniques » :

D’abord le style très travaillé et très drôle, intelligemment truffé d’africanismes ( gagner son gombo, craquelures jusqu’au fin fond de l’âme, le sens de la débrouille se débrouillant avec la magouille, Haitara, la petite chamelle se refusant à nommer à ses parents le concombre qui l’a engrossée, la fameuse boite à parlotte qu’est le téléphone portable, pour lequel « une fois les cours finis, les élèves branchés couraient bourlinguer, mendier, ou même se vendre afin d’acheter les fameuses unités de communication ».)



Et analyse d’une dictature « dont des pans entiers étaient livrés à l’analphabétisme, et obéissaient désormais à des critères de recrutement qui excluaient toute notion de compétence. »

Pour finir ce panégyrique, poésie africaine, car on sent les eaux du langoureux fleuve Logone turbuler, on sent la végétation arborer, on voit le petit tamarinier, trop petit et donc jugé néfaste, ainsi que Souloulou le gaucher, écarté du pouvoir du roi son père parce que gaucher, et sauvé du carnage par la même raison, ce petit tamarinier, donc, je reviens, n’ayez pas peur, grandit.



Sûrement comme la conscience des peuples.



Voilà, tout nous plonge sans équivoque en Afrique centrale.

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Il n'y a pas d'arc-en-ciel au paradis

A la fin du 19ème siècle, la traite négrière subsaharienne est en plein essor. Les royaumes islamisés au cœur de l’Afrique pratiquent ce commerce lucratif au profit de leurs commanditaires arabes d’Egypte et du Moyen-Orient.

Trois esclaves en fuite, un eunuche, une jeune yéménite et un adolescent se réfugient sur une île au milieu du lac Tchad, bientôt rejoints par une poignée de jeunes arrachés à leurs ravisseurs. Sur cette île mobile, dérivant au gré des courants, ils fondent une communauté basée sur la tolérance et la fraternité, loin des atrocités qui règnent dans ce coin du globe. Cet éden à l’écart des bouleversements techniques et des deux guerres mondiales verra bientôt son unité fracassée par les folies nationalistes qui frappent les jeunes états africains auxquelles s’ajouteront les délires religieux de Boko Haram et ses prédations sur les populations.

Avec beaucoup d’humour et dans un style imagé et enlevé, l’auteur nous raconte plus de cent ans d’exploitation et de pillage en Baobabia, nom donné à une région comprenant le Tchad actuel. Il nous rappelle que les populations autochtones ont eu à souffrir de leurs propres rois plus enclins à s’enrichir qu’à gouverner, puis du colonialisme occidental accapareur des richesses locales et de main d’œuvre bon marché et enfin de dictateurs assoiffés de puissance et de sang. Ces évènements sont vus par le prisme de ce microcosme qu’est cette société utopique créée par des esclaves en fuite. Leur éloignement de tout progrès technique donne lieu à des situations comiques quand celui-ci fait irruption dans leur monde. Ainsi l’apparition d’étranges oiseaux dans le ciel suscitent des questionnements et des hypothèses farfelues. La naïveté et le pacifisme des habitants de l’île contrastent avec la folie ambiante à laquelle ils finissent par être exposés dans des scènes de confrontation, parfois comiques par leur absurdité.

Hélas, s’il n’y pas d’arc-en-ciel au paradis, il n’y a pas non plus de paradis sur terre.

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Il n'y a pas d'arc-en-ciel au paradis

Un monument !

Une urgence de lecture.

Incontournable, superbe, « Il n'y a pas d'arc-en-ciel au paradis » est d'une force inouïe. Un livre qui surpasse le toit du monde. Une fierté éditoriale hors norme. Entre le chant du conte qui arrime une histoire riche de signaux et les faits vrais qui persistent encore de nos jours. Cet hymne mémoriel est une barque voguant sur le fleuve des rappels et des insistances. Ce kaléidoscope est l'expression même d'une littérature de pouvoir, essentielle et historique.

« Face au premier Européen à rafraîchir le bleu de ses yeux à l'onde de ce lac hors norme, un autochtone, un de tes lointains ancêtres, embrassant l'horizon de ses bras, s'est écrié « Tchad », ce qui signifie « grande étendue d'eau » en langue Kanouri. Quelques décennies plus tard, les descendants de ce Blanc ont trouvé que ce nom, véritable haïku, ne pouvait se suffire du seul bassin aquatique aussi vaste soit-il. Ils l'ont donc étendu à une partie considérable de la Baobabia (Terre du baobab) ou Afrique subsaharienne. Ainsi naquit ton pays le Tchad. »

Écoutez Nétonon Noël Ndjékéry, le périple retour de Tomasta Mansour.

Zeïtoun, jeune esclave, porte-drapeau d'une terre de sable et d'errance. L'exil forcé, chaîne autour du cou, l'enfant volé à des fins de profits par les négriers. Lui, d'amandes et de sucs, de malice et de débrouillardise, l'enfant désert et de communauté, fuir les vils, se cacher et être enfin sauvé.

L'auteur surdoué dévoile l'idiosyncrasie de l'esclavage de tous ces peuples meurtris dans leur chair. On est captivé par Zeïtoun, sa rencontre fortuite avec Tomasta Mansour qui a recueilli ce petit être enfoui sous les sables mauvais.

« Yasmina et Tomasta Mansour recueillent un adolescent à l'article d'inanition, pour ne pas dire plus. Au collier de sang coagulé qu'il portait au cou, ils reconnurent un petit esclave en fuite et en eurent le coeur serré. »

On ressent l'altruisme de cet homme, lui-même ancestral esclave en partance avec Yasmina, fugitifs emblématiques. Le périple initiatique est le fil rouge entre Khartoum, la région du lac Tchad, ce qui se murmure ici, est l'exactitude, la réalité à peine floutée. Et pourtant , ce livre socle est une fable utopique. Une déambulation qui mène aux constructions d'ivoire, d'essences et de résilience.

« Bientôt, ils commencèrent à zigzaguer entre un nombre de plus en plus croissant de marais parsemés ou bordés de bouquets de papyrus. C'était un indice qui ne pouvait tromper. La Grande Eau ne se trouvait plus loin. »

Ce récit captivant, caravane littéraire dont on ne lâche pas les yeux un seul instant. Personnages indélébiles et entre les virgules, le point d'appui crucial , la fresque d'une communauté qui va éclore sur l'île nomade. « Une personne, toutes les personnes. Socle du savoir vivre à Keyba. »

Elle dérive cette île , tout comme l'histoire qui enfle, tsunami, les religions, les oppressions, les soumissions sur l'autre rive à portée de vue, de craintes irrévocables.

Pourtant « le fameux royaume affranchi de toutes les servitudes terrestres » oasis et antre fraternel, de coutumes et d'habitus loyal ne résistera pas aux faux-frères de Boko-Haram.

Fleuve de lycéennes jetées en pâture, l'île assiégée et décapitée, l'utopie égorgée vive.

On pourrait par la grâce de la plume de Nétanon Noël Ndjékéry croire à une légende. La contemporanéité survole les mythes et prend place dans cet écrin monde.

Ce grand livre lucide et engagé lève le voile sur les tragédies des empires négriers, aux mouvances djihadistes. Baobabia, le drapeau des utopies et d'une société modèle mais éphémère. Un siècle au travers de Tomasta Mansour, un homme qui n'a jamais mis le genou à terre.

Un livre phénoménal, précieux, rare. Publié par les majeures éditions Hélice Hélas.
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Il n'y a pas d'arc-en-ciel au paradis

N°1702 – Janvier 2023



Il n’y a pas d’arc en ciel au paradis – Nétonon Noël Ndjékéry. - Helice Helas Editeur.



A travers l’errance de Tomasta Mansour, un esclave eunuque en fuite qui se fait passer aux yeux des populations rencontrées pour un dignitaire religieux et belle et blanche Yasmina, fugitive elle aussi, échappée d’un harem, l’errance de ce couple hétéroclite croise la route de Zeïtoun, jeune esclave fuyant les trafiquants esclavagistes arabes. Des rives de la Mer Rouge au lac Tchad, le voyage de ce désormais trio à travers le désert comme à travers le temps où l’Histoire se mêle à la fiction, entre colonisation française et trafic d’êtres humains a quelque chose d’initiatique. Ce long voyage se transforme en une lutte pour la vie entre la mystification religieuse, la soif omniprésente et la constante volonté de ne pas revenir à l’état d’esclavage en tombant entre les mains des négriers arabes.

Dans l’évocation de son parcours se mêlent le merveilleux de la fable, le réalisme du témoignage, la magie et les légendes de l’Afrique, la tradition, l’occulte et les mythes. Cette île qui dérive au milieu du lac Tchad fait figure de terre d’où l’esclavage est absent et où règne la paix la liberté et la tolérance  , mais cette fable quelque peu utopique s’arrête cependant brutalement quand les querelles de territoires prennent le dessus et que l’instabilité politique s’installe. La traditionnelle tranquillité de ce lieu insulaire est même bousculée par l’émergence de la foi islamique et avec elle de l’instauration d’un califat terroriste et confessionnel qui entend asservir au nom du Coran et de ses promesses ce peuple qui ne demandait qu’à vivre en paix. C’est l’image de ces pays jadis colonisés qui aujourd’hui peinent a trouver une indépendance et un ordre public et sont la proie de toutes les manipulations politiques et religieuses qui les asservissent toujours autant.



Cette saga africaine qui est agréablement et poétiquement écrite fait voyager le lecteur dans le temps et dans l’espace. L’épilogue quant à lui m’évoque les malheureux massacres perpétrés au nom de l’enseignement tronqué d’une religion qui se veut celle de la paix autant que les promesses illusoires de son enseignement.
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Il n'y a pas d'arc-en-ciel au paradis

Une fable utopique sur un siècle. Portée par des protagoniste forts ne se laissant jamais détourner de leur but suprême celui de la paix, d'une vie en collectif sans domination, d'une vie débarrassée de l'esclavage ancestrale (négriers happants au hasard des routes)

moderne( issu de la colonisation, du capitalisme et des religions qui se frottent et se piquent sans jamais mains à mains).

Les hommes violence qui écrasent ou s'écartent du monde

La Keyba qui attire, qui rassure, qui tourne dans l'eau sans attache que celle de l'humanité

jusqu'à l'invasion.

Une idée qui réchauffe tout en désespérance face aux attaques auxquelles elle doit sans cesse faire face. Cette intrusion de l'ordre de l'asservissement permanent des puissants sur les plus discrets, renouvelée, perpétuelle.



Un beau roman à la langue juste et exigeante pour rendre compte et dénoncer.

L'humain en prend pour son grade. Il est faible et doux, amer et tendre, brutal et ingénieux.



L'introduction aurait pu me faire fuir tant le regard sur les corps de femmes, objets, m'était brutal, il fallait nécessairement dépasser pour comprendre.



Une très belle suite ou introduction à Exterminez toutes ces brutes de Raoul Peck, documentaire actuellement sur Arte.



En prime l'objet/livre est beau.
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Il n'y a pas d'arc-en-ciel au paradis

Le récit de ce livre a été très bien fait avant moi, je n'y reviendrai pas. Tombée dessus au hasard de propos à la radio, j'ai d'abord été intriguée par le titre puis j'ai découvert qu'il s'agissait d'un tchadien: je ne connaissais que Nimrod.

J'ai souvent apprécié l'écriture mais j'ai été déroutée par le mélange de légendes et de réalités et cela m'a paru un peu long. J'ai beaucoup appris sur cette période d'une centaine d'années qui va jusqu'au Boko Haram. Colonisation, esclavagistes noirs, les indépendances. Ils étaient tranquilles sur leur île flottante où ils avaient fondé une société sympathique mais les pays jouxtant le lac Tchad (la Grande eau) les envahissent à tour de rôle.
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La Descente aux enfers

Cette collection de nouvelles est un safari littéraire qui traverse l'Afrique dans toutes les sens. Commençant au Tchad, avec Noël Ndjekery, les pages nous amène au Congo, au Rwanda, sur l'ile Maurice et Madagascar ainsi que le Sénégal et le Cameroun. Les sujets sont inattendus et passionnants. Une belle façon de mieux connaitre note continent - le berceau de l’humanité.
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Il n'y a pas d'arc-en-ciel au paradis

On pourrait parler de contes et légendes africaines mais malheureusement ce livre nous livre de façon romancée l'histoire réelle du Tchad de la fin des années 1800 jusqu'à nos jours.

On revisite cette histoire à travers la vie familiale de Tomasta et Yasmina, deux esclaves qui se sont sauvés et ont crée une communauté pacifiste sur une ile du lac Tchad. La grande histoire du monde se déroule sans qu'ils n'en sachent rien, découvrant au hasard des accostages des bribes de l'évolution humaine et technique.

Un très beau roman humaniste, bien mené et écrit où on apprend ou redécouvre ce que fut l'Afrique coloniale.
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Mosso

Ce roman de l’écrivain tchadien est le quatrième livre de sa production littéraire. Cette fois, Ndjékéry nous entraine dans une trajectoire de vie tchadienne avec l’histoire d’un jeune homme Seydou, professeur de gymnastique qui succombe aux charmes de son élève Dendo, une pucelle de seize ans qui ne tarde pas à montrer tous ses charmes de séduction au point de faire perdre à l’homme impassible toute sa sérénité. Alors ce qui devait arriver, se produisit tel un choc électrique attirant deux corps de valence différente, le couple s’installa dans une passion dévoratrice de tous les sens au point de faire de ce couple le centre de l’intrigue romanesque. Du reste, la figure de Seydou, viendra hanter tous les amants de Dendo dans sa dérive des mœurs plus loin dans le parcours de son itinéraire.

Dendo et Seydou s’installèrent alors en ménage après une demande en bonne et due forme de la main de sa dulcinée. Ce qui scella les deux familles au-delà de deux individus.

Comme dans toute idylle, un grain de sable vint l’arrêter avec le drame de l’accident qui tua Seydou. Alors la trame ou touche policière du roman est introduite par une série d’hypothèses allant du crime politique, du meurtre passionnel, du sacrifice rituel.

Nous apprenons ainsi les pratiques culturelles comme la « diya » qui est une dette de sang contractée par celui qui verse le sang d’une autre personne ou donne la mort à ce dernier. Le meurtrier de Seydou envoie des émissaires avec son économie qui devrait lui servir à faire le pèlerinage à la Mecque. Dendo refuse cette offre. Une analepse vient rappeler les liens de Seydou avec Kamis Ngambor. Ces lettres sont comme des intertextes dans le récit et installent une atmosphère d’intrigues qui font pencher le roman dans l’univers du polar africain.

Ensuite, le roman nous plonge dans la vie de Dendo qui finit par accepter sa situation de veuve. Elle essaie de continuer ses études mais la situation étant très difficile, elle finit par opter pour le commerce. Elle se trouve aussi contrainte de rencontrer des hommes et de fréquenter des milieux malsains. Elle rencontre ainsi Roxane qui devint sa meilleure amie. Mais cette dernière, qui changeait fréquemment d’amants finit par tomber sur un prince charmant suisse et elle s’exila définitivement avec lui en Suisse. Entre temps, Dendo décida d’explorer un autre univers, elle réussit à avoir un visa pour aller faire des achats en France. Elle se fait aider dans cette entreprise par un soupirant de Roxane, Orémus Le Garrec, un diplomate français en poste au Tchad.

Finalement, le commerce de Dendo prospéra et elle faisait donc fréquemment le voyage de Paris. Cependant, lors d’un de ses voyages, elle fut arrêtée par le chef de la sécurité de l’aéroport de Ndjamena qui cherchait à abuser d’elle. Elle put esquiver le piège et finit par prendre le vol et rejoignit Paris où l’attendait Freddy, son homme de confiance qui l’aidait à acheter les marchandises. Elle fut contactée par Roxane qui la fit venir en Suisse où elle se retrouva au Solstice, un chalet alpin, avec son amant Bastien. Ce dernier, sous le couvert d’un organisme de charité qui venait en aide aux enfants en Afrique, en Asie et en Amérique latine entretenait un trafic mafieux de drogue et de prostitution de luxe.

Après les fièvres des retrouvailles entre les deux amies, Dendo remarqua que Roxane vivait dans une bulle car elle se droguait pour oublier sa solitude et sa phobie des Noirs car Bastien lui faisait croire qu’elle était suivie par les hommes de main du réseau mafieux tchadien qu’elle avait trahi en s’exilant.

Des accélérations dignes d’un film policier

En fait, Bastien était vraiment tombé amoureux de Roxane et ne voulait pas la livrer à la mafia russe qui attendait impatiemment sa barbie noire. Le roman prend dès ce moment des accélérations dignes d’un film policier avec le jeu de cache-cache de Bastien, des faiseurs de cosmonautes (russes). Finalement, Bastien décide de présenter Dendo, la Mosso, à des riches hommes d’affaires, elle l’amène pour refaire sa garde robe. C’est sur ces entrefaites, qu’elle se confie à Judith, une vendeuse, qui lui fait des révélations sur la double vie de Bastien, des filles qu’il a déjà eues comme amantes, des Asiatiques, des Africaines, Roxane venait rallonger la longue liste. Judith finit par lui donner un portable pour la contacter en cas de danger. C’est finalement ce téléphone qui permit à Dendo d’alerter Judith qui finira par ameuter la police. Celle-ci viendra intervenir au Chalet Solstice et arrêtera Bastien et tout son groupe de trafiquants. Entre temps, Orémus Le Garrec, en fin de mission à Ndjamena, décide de rejoindre Roxane après que Gamagar lui eut donné l’adresse du chalet Solstice en Suisse. C’est lui qui viendra en Suisse. L’ancien diplomate se rue sur place, va épier Roxane et se fait prendre par Bastien qui lui fera subir les pires tortures. Cet amour platonique d’Orémus est le déclic qui permet de dénouer l’intrigue du récit. Orémus est ensuite conduit à l’hôpital où il est soigné. Entre temps, Roxane sombre dans une profonde dépression après l’arrestation de Bastien. Le récit se nourrit ainsi de la technique de récit du polar noir avec des situations inattendues, des accélérations, des suspens, des flash-back, des prolepses (anticipations) qui donnent au récit une truculence.



Ecrit dans une belle langue

On peut dire que l’ouvrage de Nétonon Noël Ndjékéry est écrit dans une belle langue avec des descriptions, des tournures de langue, des images, de l’humour, qui montrent que le romancier maitrise parfaitement toutes les techniques de dramatisation de son récit. L’imagination a une grande place aussi dans ce roman car les personnages qui gravitent depuis le début du roman se retrouvent au milieu ou à la fin du roman dans des situations qui permettent de dévider l’écheveau de l’énigme. Ainsi l’accident de Seydou avec son image dans la tête de Dendo, tel le fantôme du père de Chaïdana dans le célèbre roman de Sony Labou Tansi1, ne connait aucune élucidation malgré les hypothèses données dans la diégèse.

On peut dire que Mosso est un roman du suspense, du rire, du destin, du polar africain. A ce niveau, le roman innove dans une nouvelle forme de narration du roman africain.

Alain Joseph SISSAO

http://www.grat.over-blog.com
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Il n'y a pas d'arc-en-ciel au paradis

Roman intéressant balayant l'histoire du Tchad et des pays environnants, écrasés sous le joug de l'esclavage organisé par les Arabes du Nord, puis par la colonisation européenne, également racistes et assassins.

Le fantôme de l'indépendance hante le roman, avec ses rendez-vous manqués et les guerres entre nouveaux pays issus de la décolonisation, pour aboutir à Hissen Habré, Boko Haram et compagnie.

L'Histoire est vue à travers des personnages en quête de liberté : l'eunuque Tomasta, père spirituel de Zeitoun et Yasmina, esclaves en fuite. Ils fondent une communauté sur une île qui se déplace sur la Grande Eau (futur Lac Tchad) , évitant ainsi les drames des guerres et de la colonisation. Mais le monde réel fait irruption dans l'oasis de paix, les pays limitrophes s'arrachent la possession de l'ile qui finit tchadienne. Les descendants des fondateurs n'échappent pas à la violence.

Un regret cependant, une écriture parfois alambiquée ("les leucodermes = les Blancs, par exemple), qui m'a gênée dans ma lecture.
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Il n'y a pas d'arc-en-ciel au paradis

Même si j'ai trouvé ce livre un peu long, dans lequel j'ai parfois eu du mal à m'y retrouver avec les personnages, c'est une longue épopée qui m'aura donné un autre regard sur l'Afrique tout particulièrement de la région du lac Tchad. En effet l'auteur, dans ce roman historique, nous relate l'histoire tragique de ces peuples maltraités, soumis à l'esclavage, à l'appétit colonial, aux déchirements entre ethnies, religions, pour souffrir toujours un peu plus ! Cela peut paraitre triste et déprimant, dit comme cela, mais c'est sans compter sur le talent littéraire de l'auteur qui nous emporte dans cette épopée.

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La minute mongole

Nétonon Noël Ndjékéry dévoile en cinq fragments, tel un écrivain de la parole, l'urgence de dire l'Afrique Subsaharienne, la réalité comme une épreuve implacable, d'une terre meurtrie dans sa chair.

Essentiel, tragique, d'une haute contemporanéité à peine floutée par la fiction. On est en plongée dans l'idiosyncrasie d'une Afrique ployée sous les affres des injustices, des méprises, des corruptions et des oppressions intestines.

On ressent l'air brûlant, l'âpreté de la faim, l'arme pointée dans le dos, la violence exacerbée.

Dans une langue précise, « le grondement aux accents apocalyptiques des orgues de Staline et le staccato des fusils mitrailleurs composaient un hymne à la mort dont les Tchadiens connaissaient désormais par coeur les couplets ». « Arrêt momentané des combats ou amorce d'un véritable retour à la paix... ».

Elle exauce, porte-voix, les dires de ces peuples sacrifiés.

D'une lucidité radicale, bouleversante, les entrelacs dont on entend les murmures des plus pauvres, le mémorial d'êtres déchiquetés par la toute puissance d'un chef d'état paranoïaque, démoniaque et fou furieux.

Chacune des lignes vaut un millier de larmes. Chacune des larmes est l'exutoire du désert qui pleure ses enfants. D'ombre et de lumière, terrifiante et si belle Afrique Subsaharienne.

« Jamais il n'accepterait d'associer sa silhouette à cette mascarade pour Amnesty International ».

L'âme humaine et ses noirceurs, la mélancolie d'une humanité vaincue. Nétonon Noël Ndjékéry détourne la fiction. Il lance des signaux finement politiques, sociologiques. Les novellas soufflent sur les braises et dévoilent les régimes totalitaires, les petits enfants arrachés aux mères mourantes. Il ne faut pas donner du pain aux chiens. Regarder le ciel et admirer la rose des sables . Ce livre est un cri dans la nuit noire, la minute mongole.

Une minute pour tout changer. Que ce texte est inouï. La grandeur du repentir. La réconciliation avec soi-même. Une minute mongole, le pardon comme une prière. « Je suis fini, fini à l'infini ». « Pour toutes ces onzièmes minutes que j'ai égoïstement galvaudées, j'implore votre miséricorde. J'entends toutefois me racheter dès ma prochaine vie. Car je vais rendre l'âme à 9h11 précises avec un seul voeu en tête : renaître dans ce pays merveilleux qui est le nôtre afin de racheter tous les manquements que j'ai commis à vos dépens... ».

Texte-litanie, l'azalée blanche des regrets, l'épiphanie de la minute mongole où tout peut changer encore. Nétonon Noël Ndjékéry nous propulse dans un texte d'historien. L'homme est un loup pour l'homme. Une minute mongole, le symbole du bien et du mal. le choix.

Que dire du dernier fragment, résolument triste, absolument sinistre, mais l'amour plus fort que la mort. « Maman, les cocos ? » « Personne ne ne peut se sentir aussi inutile qu'une mère qui n'a même pas une étincelle d'avenir à proposer à son enfant. A dire vrai, ce qui te retient encore en vie, ce n'est plus l'espoir de sauver ton bébé. Tu sais qu'il est condamné autant que toi-même ». La vie se meurt. Mère que l'on aime de toutes nos forces, texte dernier adieu, la montée des eaux, la faim aux abois, le paroxysme de l'horreur.

Ce livre touchant, crucial, surpuissant et féroce, est d'un réalisme fou. L'Afrique Subsaharienne en lumière. Essentiel, il faut lire ce livre qui ne ment pas. Un chef-d'oeuvre en cinq tableaux. La pièce-maîtresse de la compréhension de notre monde.

Nétonon Noël Ndjékéry est un passeur de verbe, d'humanité et de peuple. La minute mongole comme le fruit la grenade et ses milliers de graines rédemptrices. Magistral, la pluie en plein désert. Publié par les majeures Éditions Hélice Hélas.
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Il n'y a pas d'arc-en-ciel au paradis

Avec ce livre, parfois drôle, parfois poétique, mais aussi parfois tragique, l'auteur nous emmène dans une Afrique chahutée, colonisée et surtout pillée où l'esclavage a longtemps été une norme. Des personnages attachants, même si, comme le livre couvre une large période, ils traversent rapidement l'intrigue.

C'est bien écrit avec un style soigné et un brin d'humour, ce qui ajoute au plaisir (et l'épilogue est magnifique !)
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Il n'y a pas d'arc-en-ciel au paradis

Après une introduction un peu générale sur l'esclavage et la traite des Africains par les Arabes ou les Ottomans, on commence à suivre des personnages, d'abord capturés puis qui ont réussi à se défaire de leurs liens dans cette Baobabia, territoire que les occidentaux renommeront Tchad. On suit d'abord le périple des trois fuyards, redoutant d'être repris alors que le XIXe siècle se termine à peine.

Le livre vise un survol de tout le XXe siècle pour en arriver jusqu'aux exactions de Boko Haram entre le Nigeria, le Cameroun et le Tchad. Si ce croisement entre fiction et réalité, petite et grande histoire, est instructif, on peut avoir l'impression que le livre perd de sa force lorsque l'on ne suit plus les personnages du départ, mais leurs descendants, de moins en moins définis, comme si les liens avec les créateurs de la dynastie s'atténuaient dans la génétique. C'est dommage pour la dernière partie, moins forte que toutes les pages précédentes.
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Il n'y a pas d'arc-en-ciel au paradis

Un récit qui nous éclaire sur l'histoire du Tchad à travers le regard des habitants d'une communauté réfugiée sur une île isolée aux prises, malgré tout, avec les affres de l'Histoire. Un conte tragique et une épopée magistrale qui nous conduit de la traite arabo-musulmane aux violences actuelles de Boko Haram, en passant par la colonisation européenne et les indépendances mouvementées qui s'en sont suivies.
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Il n'y a pas d'arc-en-ciel au paradis

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Il n'y a pas d'arc-en-ciel au paradis

Cette histoire est d'une écriture belle comme une pierre que l'on cisele avec une concision et une pureté obligées, comme pour rendre aux personnages la beauté et la force qu'on leur doit.

Cette histoire donne à voir l'envers du décor de cette traite esclavagiste moins connue, qu retentit toutefois au cœur de l'actualité : les élans des djihadistes d'aujourd'hui sont de même nature.

Je la garderai intensément et longtemps attachée à mon baluchon de littérature.
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