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EAN : 9782371270114
180 pages
La Cheminante (13/05/2014)
4.62/5   4 notes
Résumé :
Vue du petit écran, la guerre fait écran aux émotions, aux sensations, à la torpeur vécues par les populations.
Contée par un auteur tchadien et suisse, les mots ont suffisamment mûri dans sa chair et pris du recul, pour donner le frisson, donner envie de courir très vite, loin, très loin du théâtre du drame ourdi par les dictateurs et les vendeurs d’armes internationaux. Cependant on lit, même tétanisé, on lit.
Car la plume de Nétonon Noël Ndjékéry es... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Nétonon Noël Ndjékéry dévoile en cinq fragments, tel un écrivain de la parole, l'urgence de dire l'Afrique Subsaharienne, la réalité comme une épreuve implacable, d'une terre meurtrie dans sa chair.
Essentiel, tragique, d'une haute contemporanéité à peine floutée par la fiction. On est en plongée dans l'idiosyncrasie d'une Afrique ployée sous les affres des injustices, des méprises, des corruptions et des oppressions intestines.
On ressent l'air brûlant, l'âpreté de la faim, l'arme pointée dans le dos, la violence exacerbée.
Dans une langue précise, « le grondement aux accents apocalyptiques des orgues de Staline et le staccato des fusils mitrailleurs composaient un hymne à la mort dont les Tchadiens connaissaient désormais par coeur les couplets ». « Arrêt momentané des combats ou amorce d'un véritable retour à la paix... ».
Elle exauce, porte-voix, les dires de ces peuples sacrifiés.
D'une lucidité radicale, bouleversante, les entrelacs dont on entend les murmures des plus pauvres, le mémorial d'êtres déchiquetés par la toute puissance d'un chef d'état paranoïaque, démoniaque et fou furieux.
Chacune des lignes vaut un millier de larmes. Chacune des larmes est l'exutoire du désert qui pleure ses enfants. D'ombre et de lumière, terrifiante et si belle Afrique Subsaharienne.
« Jamais il n'accepterait d'associer sa silhouette à cette mascarade pour Amnesty International ».
L'âme humaine et ses noirceurs, la mélancolie d'une humanité vaincue. Nétonon Noël Ndjékéry détourne la fiction. Il lance des signaux finement politiques, sociologiques. Les novellas soufflent sur les braises et dévoilent les régimes totalitaires, les petits enfants arrachés aux mères mourantes. Il ne faut pas donner du pain aux chiens. Regarder le ciel et admirer la rose des sables . Ce livre est un cri dans la nuit noire, la minute mongole.
Une minute pour tout changer. Que ce texte est inouï. La grandeur du repentir. La réconciliation avec soi-même. Une minute mongole, le pardon comme une prière. « Je suis fini, fini à l'infini ». « Pour toutes ces onzièmes minutes que j'ai égoïstement galvaudées, j'implore votre miséricorde. J'entends toutefois me racheter dès ma prochaine vie. Car je vais rendre l'âme à 9h11 précises avec un seul voeu en tête : renaître dans ce pays merveilleux qui est le nôtre afin de racheter tous les manquements que j'ai commis à vos dépens... ».
Texte-litanie, l'azalée blanche des regrets, l'épiphanie de la minute mongole où tout peut changer encore. Nétonon Noël Ndjékéry nous propulse dans un texte d'historien. L'homme est un loup pour l'homme. Une minute mongole, le symbole du bien et du mal. le choix.
Que dire du dernier fragment, résolument triste, absolument sinistre, mais l'amour plus fort que la mort. « Maman, les cocos ? » « Personne ne ne peut se sentir aussi inutile qu'une mère qui n'a même pas une étincelle d'avenir à proposer à son enfant. A dire vrai, ce qui te retient encore en vie, ce n'est plus l'espoir de sauver ton bébé. Tu sais qu'il est condamné autant que toi-même ». La vie se meurt. Mère que l'on aime de toutes nos forces, texte dernier adieu, la montée des eaux, la faim aux abois, le paroxysme de l'horreur.
Ce livre touchant, crucial, surpuissant et féroce, est d'un réalisme fou. L'Afrique Subsaharienne en lumière. Essentiel, il faut lire ce livre qui ne ment pas. Un chef-d'oeuvre en cinq tableaux. La pièce-maîtresse de la compréhension de notre monde.
Nétonon Noël Ndjékéry est un passeur de verbe, d'humanité et de peuple. La minute mongole comme le fruit la grenade et ses milliers de graines rédemptrices. Magistral, la pluie en plein désert. Publié par les majeures Éditions Hélice Hélas.
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L'humour est une arme redoutable, mise au service d'une grande cause. Comme rarement de façon aussi efficace, Nétonon Noël Ndjékéry l'utilise pour nous obliger à regarder. Car ce dont il nous parle ici, comme nous serions prêts à chaque instant à tourner les talons, pour ne pas le voir, justement ! Guerre, faim, dictature, jalousie maladive, ou médiocrité simplement humaine, qui en ferait volontiers son livre de chevet…?
Mais c'est un piège admirable que l'auteur a construit ici pour nous, et qui nous plonge dans une forme de sidération. Grâce à une écriture enlevée, imaginative et cruelle, habitée par un humour féroce, il tisse cette fascination pour nous forcer à dépasser l'accablement, la peur, le dégoût, voire notre lâcheté. Car le projet de Nétonon Noël Ndjékéry est plus ambitieux que la seule dénonciation des horreurs : sûr de nous tenir captifs, il entreprend désormais de nous faire partager la tendresse de son regard. Un regard bien éloigné d'un angélisme naïf, mais qui fait palpiter chacun de ses personnages d'une humanité véritable.
Les circonstances où sont plongées les protagonistes, toujours dramatiques, les dépassent largement. Elles commencent par déclencher en nous le regard habituel : il faut qu'ils soient victimes ou bourreaux. Qui plus est, nous sommes tentés de nous agacer de leurs choix, presque sans coup férir ceux de la médiocrité la plus exaspérante. Et pourtant, l'auteur réussit ce pari de haute volée : nous renvoyer à notre propre humanité, à cette part de chacun d'entre nous dont on voudrait qu'elle soit toujours visible par l'autre, quelles que soient les circonstances. Il en faut, un cheminement exigeant, pour réussir à lier dans une même phrase recevable victimes et bourreaux : «tous pesaient d'un même poids dans le viseur des snipers qui s'efforçaient de tromper leurs propres angoisses en faisant des cartons sur les fuyards.»
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Le grondement aux accents apocalyptiques des orgues de Staline et le staccato des fusils mitrailleurs composaient un hymne à la mort dont les Tchadiens connaissaient désormais par cœur tous les couplets. […]
Mais qu’ils aient les poches pleines ou vides, tous pesaient d’un même poids dans le viseur des snipers qui s’efforçaient de tromper leurs propres angoisses en faisant des cartons sur les fuyards.
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Sans doute, dans la ronde des heures ou des jours, chacun dispose d’un instant fétiche, d’un iota d’éternité nimbé de grâce durant lequel il dispose à sa guise de la faculté d’infléchir son destin ou celui de ses semblables. Sous ces auspices-là, où diable se situait sa minute mongole à elle, Néon, dans le tour d’horloge ? L’avait-elle encore devant elle ou déjà derrière elle ?
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Il paraît qu’une étoile a la même trajectoire qu’un être vivant. Elle naît, grandit, se reproduit parfois et finit par mourir. Si ce n’est qu’elle aurait cette faculté déniée au commun des mortels de continuer à vous mitrailler de clins d’œil longtemps, longtemps après qu’elle s’est éteinte.
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Ce fut à la fois le banquet de tous les excès et la mère de toutes les libations. On mangea jusqu’à arborer une panse de pleine lune. On but au point de régurgiter aux moindres battements d’ailes du moucheron au voisinage de l’estomac.
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C’était donc ça, la liberté, ce vent tiède qui vous irradie la colonne vertébrale et vous met tous les sens en fête. C’était aussi cet ample horizon en dents de scie qui vous grave dans l’œil l’infini de l’espace.
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Videos de Nétonon Noël Ndjékéry (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Nétonon Noël Ndjékéry
Soirée animée par l'Académie Hors Concours Lecture par David Sidibé
Créé en 2016, le prix Hors Concours défend une littérature engagée, et récompense exclusivement des éditeurs indépendants. Il offre la possibilité à ses lecteurs de découvrir des textes inédits de la littérature adulte, contemporaine et francophone, et de voter pour leur auteur favori. L'un de ces cinq finalistes repartira avec le prix de cette édition 2022 : - Sauvage est celui qui se sauve de Veronika Mabardi (Editions Esperluète) - le bord du monde est vertical de Simon Parcot (Le mot et le Reste) - L'Arbre de colère de Guillaume Aubin (La Contre Allée) - Histoire navrante de la mission Mouc-Marc de Frédéric Sounac (Anarchasis) - Il n'y a pas d'arc-en-ciel au paradis de Nétonon Noël Ndjékéry (Hélice Hélas)
Cérémonie organisée à la Maison de la Poésie, en présence des auteurices, des éditeurices en lice et des membres du jury : Stéphanie Khayat, journaliste à Télématin, Inès de la Motte Saint-Pierre, journaliste à La Grande Librairie, Ilana Moryoussef, responsable littérature à France Inter, David Medioni, rédacteur en cher d'Ernest ! et Isabelle Motrot, directrice de la rédaction du magazine Causette.
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