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EAN : 9782884748803
192 pages
Infolio (21/08/2008)
4/5   2 notes
Résumé :
Que se passe-t-il dans les âmes, au moment où un monde semble basculer dans une histoire sanglante ?

C'est une histoire éternelle. Comme les amants de Manzoni, Haïtara et Souloulou s'aiment. Mais l'amour est-il possible, quand il faut affronter un Tchad en guerre, où les puissances étrangères attisent les braises et où la haine paraît tout régir ?

Un regard sur le Tchad d'aujourd'hui et sur le bouleversement de ses sociétés. Une écritur... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Chroniques Tchadiennes Nëtonon Noël Ndjekery

Des chroniques, qui commencent comme un Romeo et Juliette, amours contrariées comme il se doit, dans la ville de Moundou, où est né notre auteur Nëtonon Noël Ndjekery. Sa ville, dit-il, c'est le temple de la débrouillardise, de la gouaille et du rire, avec, tout proche, près du fleuve Logone, affluent du Chari, le tamarinier nain, où son héros Souloulou vient se refugier.


Lui est gaucher, et donc proscrit (n'y a t il pas eu en Europe de ces anathèmes contre les gauchers, et volonté de les reconduire dans le droit chemin ?)

Elle, Haitara, elle l'aime, et pourtant ses parents l'ont destinée à un colonel. Beurk.

En Afrique, ce sont les hommes qui paient la dot, donc, se dit elle, pour gagner du temps, et faire valoir sa dot et aussi sa volonté d'épouser qui elle veut, elle doit continuer et étudier jusqu'à avoir son bac.
Car elle aime le gaucher.
Ces chroniques écrites par un Tchadien devraient être bien lues, elles montrent les mariages forcés, et toutes les combines pour y échapper. L'héroïne, comme beaucoup de ses consoeurs, est forte. de sont elles qui font le pays, elles ont l'air soumises, mais quand vient l'heure, ce sont elles qui décident.
Et qui travaillent, surtout. Aux champs, et aujourd'hui en ville, avec leurs diplômes.

(Remarque toute personnelle : ma meilleure amie fille de notaire s'est fait vendre à un fils de notaire, notaire lui même, et elle m'a juré le haïr jusqu'à ce qu'il meure)


Haitara, elle, n'a juste pas envie de se marier avec un vieux, de plus porteur de « cette-maladie-là », il a beau être riche, grâce au pétrole, découvert au Tchad, pourtant ses parents, même après la mort de l'autre épouse, contaminée par le triste sire, préfèrent qu'elle se marie.
Raison : elle est enceinte.
Nous, nous savons de qui, les parents, non ils ne savent pas.
Elle, elle ne veut pas être vendue.

Chroniques, ainsi que va le titre, parce que l'auteur évoque en changeant l'intitulé le scandale de « l'Arche de Zoé », enfants tchadiens déguisés en rescapés du Darfour, avec de faux pansements, compresses et attelles -103 enfants soi –disant rescapés du Darfour( oui, il y a eu, cause pétrole, un vrai cataclysme économico/social au Darfour) et en réalité tchadiens , « pris » aux parents avec la promesse d'une vie meilleure.

Cependant, comme sa ville Moundou, au sud du Tchad, est la ville du rire, l'auteur fait le rapprochement avec l'importation d'animaux, qui, parfois même avec faux papiers (comme mon perroquet, parce qu'il aurait fallu que mon mari aille à Gènes trois mois avant, notre départ, bref, faux papiers) sont ou exterminés ou reconduits au pays d'origine.

Mélange de rire sain, de vraie évocation d'un vrai scandale, d'une vraie dictature, d'une vraie main mise,( quelque soit la religion, car, en fait, dit NNNN c'est la croyance animiste qui triomphe,) sur les jeunes filles à marier, avec un mélange de pruderie ( comment, ma fille enceinte, et de qui ?) et de résolution quoi qu'il en coûte (Bien sûr, il a une maladie mortelle, cependant il faut que notre fille aille s'offrir à lui. Ça justifiera son futur bébé. )

Les « chroniques » :
D'abord le style très travaillé et très drôle, intelligemment truffé d'africanismes ( gagner son gombo, craquelures jusqu'au fin fond de l'âme, le sens de la débrouille se débrouillant avec la magouille, Haitara, la petite chamelle se refusant à nommer à ses parents le concombre qui l'a engrossée, la fameuse boite à parlotte qu'est le téléphone portable, pour lequel « une fois les cours finis, les élèves branchés couraient bourlinguer, mendier, ou même se vendre afin d'acheter les fameuses unités de communication ».)

Et analyse d'une dictature « dont des pans entiers étaient livrés à l'analphabétisme, et obéissaient désormais à des critères de recrutement qui excluaient toute notion de compétence. »
Pour finir ce panégyrique, poésie africaine, car on sent les eaux du langoureux fleuve Logone turbuler, on sent la végétation arborer, on voit le petit tamarinier, trop petit et donc jugé néfaste, ainsi que Souloulou le gaucher, écarté du pouvoir du roi son père parce que gaucher, et sauvé du carnage par la même raison, ce petit tamarinier, donc, je reviens, n'ayez pas peur, grandit.

Sûrement comme la conscience des peuples.

Voilà, tout nous plonge sans équivoque en Afrique centrale.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Certains journaux, syndicats ou regroupements citoyens osaient nommer les ennemis du bien public. Mais ils payaient toujours cette audace au prix fort. Au mieux, un ouragan très localisé dévastait de nuit leurs locaux. Au pire, un de leurs collaborateurs croisait malencontreusement la trajectoire d’une balle perdue. Les circonstances de tels drames n’étaient jamais éclaircies. Par contre, le message qu’ils véhiculaient était reçu cinq sur cinq par l’homme de la rue : la liberté d’expression peut vous tuer si vous prenez le risque de l’exercer pleinement.
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En ce temps-là déjà, le pouvoir ne supportait aucune vision du monde qui différait de l’illusion que lui-même propageait à longueur de colonnes et d’antennes. Au nom d’une politique de « retour aux sources », il diabolisait la modernité et menait une chasse permanente à ceux qu’il considérait comme les principaux chantres des idées importées : les lettrés, les putes et les nomades…… Et toute voix qui s’avisait de rappeler que ce patrimoine n’avait su épargner à l’Afrique ni la traite négrière ni la colonisation ni les vraies fausses indépendances était vite étouffée.
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La plupart des portières ne s’ouvraient que devant des lolitas tatouées et diorisées des cheveux aux chevilles. Manifestement, une frange de l’élite possédante avait choisi de parrainer exclusivement cette jeunesse –là. .C’était sans doute sa manière à elle de soutenir la cause de la scolarisation féminine….
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Au huitième jour, l’Eternel vit que l’Univers manquait de fantaisie, de rythme et de poésie. Aussi, sur un pas de danse, créa-t.-il Moundou dans un grand éclat de rire. Et ce rire premier continue toujours de rouler sur les écailles argentées du Logone.
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Vidéo de Nétonon Noël Ndjékéry
Soirée animée par l'Académie Hors Concours Lecture par David Sidibé
Créé en 2016, le prix Hors Concours défend une littérature engagée, et récompense exclusivement des éditeurs indépendants. Il offre la possibilité à ses lecteurs de découvrir des textes inédits de la littérature adulte, contemporaine et francophone, et de voter pour leur auteur favori. L'un de ces cinq finalistes repartira avec le prix de cette édition 2022 : - Sauvage est celui qui se sauve de Veronika Mabardi (Editions Esperluète) - le bord du monde est vertical de Simon Parcot (Le mot et le Reste) - L'Arbre de colère de Guillaume Aubin (La Contre Allée) - Histoire navrante de la mission Mouc-Marc de Frédéric Sounac (Anarchasis) - Il n'y a pas d'arc-en-ciel au paradis de Nétonon Noël Ndjékéry (Hélice Hélas)
Cérémonie organisée à la Maison de la Poésie, en présence des auteurices, des éditeurices en lice et des membres du jury : Stéphanie Khayat, journaliste à Télématin, Inès de la Motte Saint-Pierre, journaliste à La Grande Librairie, Ilana Moryoussef, responsable littérature à France Inter, David Medioni, rédacteur en cher d'Ernest ! et Isabelle Motrot, directrice de la rédaction du magazine Causette.
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