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Critiques de Nicolas Mathieu (1602)
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Leurs enfants après eux

Roman désagréable et agaçant, qui suinte l'ennui et la grisaille d'une Lorraine désindustrialisée, dont les centres villes meurent tandis que fleurissent les supermarchés en périphérie. Les adultes fument, boivent et tentent de survivre, entre petits boulots sans intérêt et foyers sans affection. Les ados fument, boivent, dealent et baisent pour tuer le temps. Ils n'espèrent même pas faire mieux que leurs parents, ils n'espèrent rien, n'attendent rien. Quant à la progéniture des classes supérieures, elle semble habitée d'ambitions à peine plus élevées, et avant de diriger le monde (à défaut la préfecture locale ou le supermarché du coin), elle s'ennuie tout autant, fume, boit, baise... A croire qu'entre 1988 et 1998, la France entière était réduite à fumer, boire, baiser et crever d'ennui.

Nicolas Mathieu fait dans le roman social. Il décrit les "sans dents", les "gilets jaunes", les pauvres, dont il fait une masse grise, abîmée et inexorablement vouée à retomber inlassablement dans les mêmes déconvenues. Pire, il en fait une masse dénuée de ressources, d'intelligence, de bonté et d'amour. Ce roman accumule les qualificatifs péjoratifs et les tournures humiliantes. A coup de clichés et de lieux communs, Nicolas Mathieu rédige une caricature dangereuse de ce "monde d'en bas", auquel nous appartenons tous. Sauf l'élite intellectuelle qu'il est censé représenter ? Elite intellectuelle qui contemple et dissèque les comportements de la masse, avant de rédiger sur elle de savants pamphlets... Pour mieux prendre ses distances ?

Cela dit, si le roman pèche par ses longueurs et son manque d'empathie, le style est brillant, nerveux, percutant. Il y a de l'humour, de la férocité et beaucoup de vérité dans ce récit. Certaines observations sont savoureuses : "Après sa licence, la jeune femme s’était spécialisée en droit du travail, cursus qui se prévalait de taux d’employabilité dignes des années 1960. C’est par là notamment qu’on accédait aux métiers relevant de la gestion des ressources humaines, secteur resté en plein essor depuis trente ans, malgré la notable raréfaction de l’emploi qui avait caractérisé la même période."

Dommage, il ne manquait pas grand chose pour en faire un grand roman. Juste un peu d'humanité... N'est pas Zola qui veut.

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Aux animaux la guerre

D'abord, pour moi, cela a été la séduction du titre.



"Un mal qui répand la terreur,

Mal que le Ciel en sa fureur envoya

pour punir les crimes de la terre,

Capable d'enrichir en un jour l'Acheron,

La peste, puisqu'il faut l'appeler par son nom,

Faisait aux animaux la guerre.

Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés.. "



A la fable la plus tragique De La Fontaine, rappelée par le vers tronqué qu'on retrouve dans le titre du livre, répond explicitement, dans le corps du récit, cette sentence atténuée par le bémol du conditionnel, : "Depuis longtemps, ils le savaient, on leur avait dit à la télé : ils n'en mourraient pas tous, mais tous seraient frappés. C'était leur tour. Tout de même, ça faisait drôle. Comment c'était possible de finir là, éberlués, moitié bourrés dans la cour de l'usine? le boulot parti. "



La Peste, ici, c'est le chômage, et son cytomegalo- virus c'est celui du capitalisme sauvage, suivi de toutes les calamités en " - tion", celles de la mondialisation, de la déréglementation, de la délocalisation, de la désindustrialisation qui, après l'avoir sucée jusqu'à la moelle, jette la classe ouvrière dans les oubliettes de l'économie libérale.



Les personnages de Nicolas Mathieu vivent en Lorraine, ils essaient de survivre dans cette tempête trop grande pour eux qui les secoue comme des fétus de paille. Leurs trajectoires se croisent, s'entrechoquent parfois, se dépassent, se mélangent, se rattrapent et se perdent...



Puisque l'usine bat de l'aile, périclite, va fermer, ferme, il faut pouvoir se retourner. Pas toujours vers des boulots avouables. Petites combines, gros trafics, sombres magouilles...tout plutôt que la panne sèche et la misère..



Martel , syndicaliste un peu véreux mais lucide, désireux de réussir, est encore sur le fil du rasoir, son copain Bruce est déjà mouillé jusqu'au cou-il faut dire qu'il a tout dans les muscles, celui-là, et pas beaucoup de cervelle. Pour Rita, inspectrice du travail, ce qu'elle voit l'écoeure à tel point qu'elle aussi se laisse gagner par la désobéissance, l'imprudence...Autour d'eux grenouillent de bien vilains poissons , dangereux requins ou maquereaux à la manque. Mais ceux qui tirent les ficelles, les cols blancs, s'en tireront toujours...Quant aux petits ados, insouciants du drame des adultes qui les touchera bientôt, ils sont surtout chamboulés par leurs hormones et leur premier baiser..



La Peste n'épargne personne: "Ils n'en mourraient pas tous, mais tous seraient frappés "...



Sur fond de neige et de débâcle industrielle, commence alors un jeu de massacre haletant..



Avec quelques années de retard, et juste avant qu'il ne décroche le Goncourt pour son second roman, je découvre le premier roman de Nicolas Mathieu. Et c'était déjà un coup de maître.



Malgré quelques petites faiblesses de construction -un "désordre"séquentiel assez inutile au début, la technique du roman choral permettant en soi de créer le suspense et de réserver les effets, et un prologue "algérois"- OAS assez superflu - le personnage qu'il concerne a dans le roman un rôle tout à fait subalterne- le roman a toutes les qualités d'un bon roman noir- sombre, inquiétant, haletant- et toutes celles d'un grand roman social - j'ai souvent pensé à "les Vivants et Les Morts" de Mordillat, qui se passe , lui, dans le Nord, mais , ici, avec une écriture plus soignée.



Nicolas Mathieu est un jeune Zola du XXIe siècle, plus proche de ses héros que l'auteur des Rougon-Maquart ne l'était des siens - il restitue à la perfection leurs sentiments, parler et sensations- mais un Zola qui aurait remplacé la distance "documentaire" de l'écrivain naturaliste par une pincée d'humour, souvent noir,

jamais dénué de tendresse.



Un écrivain qui accepte de laisser ouvertes certaines portes, de ne pas tout dire ni tout savoir de ses personnages, laissant à son lecteur un peu de place pour espérer, rêver, imaginer...



Une belle lecture, qui me laisse bien augurer de la suivante, prix Goncourt depuis peu..















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Connemara

Après un burn-out, Hélène décide de quitter Paris pour retourner dans sa région natale, l'Est de la France, elle qui a tout fait pour la fuir. Au grand regret de son compagnon Philippe. C'est grâce à lui qu'elle retrouve du travail dans un cabinet d'audit, dirigé par l'un de ses potes, Erwann. Elle espère d'ailleurs devenir très vite son associée. Mais très vite, Hélène se sent frustrée, mal à sa place, parfois tristoune ou en colère. Heureusement, une jeune stagiaire, Lison, qui lui a tout de suite plu, va illuminer ses jours plus sombres. C'est elle, d'ailleurs, qui va l'inciter à s'inscrire sur un site de rencontres. Juste pour voir et, peut-être, se rassurer...

Christophe, ex-star de hockey dans sa jeunesse, n'a jamais quitté Cornécourt. Aujourd'hui séparée de sa compagne, Charlie, avec qui il partage la garde de leur fils, Gabriel, et représentant en nourriture canine, il est retourné vivre avec son père. Heureusement que ses deux potes d'enfance, Marco et Greg, sont là pour le soutenir. Et l'appel de l'entraîneur de hockey qui veut lui faire renfiler les patins va lui permettre de croire que tout est encore possible...



À presque 40 ans, si Hélène a presque tout réussi dans la vie. Des hautes études, un boulot à responsabilité donc un salaire qui va avec, deux enfants, un compagnon, une belle maison. Mais aujourd'hui, au mitan de sa vie, elle se pose des questions sur son existence, ses rêves... Tout ça pour quoi ? Par hasard, elle va retrouver Christophe, un ami d'enfance. De cette rencontre impromptue va naître une relation et l'occasion pour Nicolas Mathieu de remonter le fil du temps et de nous plonger dans l'enfance et l'adolescence de ces deux quarantenaires, en proie aux doutes et à une certaine forme de regret. Véritable peinture sociale, politique, sociétale, culturelle et humaine, à la fois détaillée et universelle, ce roman va bien au-delà de cette histoire d'amour, fut-elle bancale. L'auteur aborde, avec minutie et tendresse, divers thèmes tels l'adolescence, la vie maritale, le monde du travail, la province, la parentalité, les classes sociales... mais aussi les rêves déchus, les renoncements, la difficulté de trouver sa place dans un monde de plus en plus violent. Ses personnages, d'une authenticité rare, incarnent à merveille ce qu'il faut de force, d'espoir et de patience pour trouver justement cette place. Observateur précis, Nicolas Mathieu nous offre un roman social époustouflant, maîtrisé et teinté d'une certaine mélancolie...



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Leurs enfants après eux

Pour ce billet, trois intro au choix :



1/ Je termine le Goncourt 2018 le jour où le vainqueur 2019 est connu. Et ouf, ce n'est pas l'insupportable dame au chapeau qui l'a emporté cette année. On me prend en flagrant délit de sale gu3ule de people, mais pas que.



2/ Ce même 4 novembre, une traditionaliste vaguement célèbre (que je ne connaissais pas) a déclaré sur LCI, à propos d'une mère célibataire en difficulté : « Je ne connais pas son parcours de vie, à cette dame, qu'est-ce qu'elle a fait pour se retrouver au SMIC ? Est ce qu'elle a bien travaillé à l'école ? Est ce qu'elle a suivi des études ? Puis, si on est au SMIC, faut peut-être pas divorcer non plus dans ces cas-là, à un moment donné, quand on se rajoute des difficultés sur des difficultés et des boulets sur des boulets, on se retrouve dans des problèmes. »

Comme s'il suffisait de 'bien travailler à l'école'.

Comme si tous les jeunes pouvaient 'suivre des études'.

Comme si les études étaient un sésame pour gagner plus que le Smic... 😕



3/ Que faisiez-vous pendant les mois de juillet 1992, 1994, 1996, 1998 ?

Vous dansiez comme Anthony, Hacine, Steph', Clem' en écoutant ♪♫ Nirvana, Cindy Lauper, La Bamba, I will survive, No woman no cry, etc. ♪♫

J'en suis fort aise !

Eh bien lisez les aventures de ces quatre ados, maintenant, et replongez dans vos jeunes années avec eux. Mesurez le chemin parcouru (ou pas), voyez à quel point Bourdieu avait raison avec sa 'Reproduction' (sociale, Hugo, pas sexuelle).

_ _ _ _ _ _



Une histoire de jeunes qui font la fête, rêvent, fantasment, fument et picolent (beaucoup). Et surtout, qui entendent bien se sortir de ce monde étriqué sans avenir.

Un grand roman social, du Zola du XXIe siècle (en plus light), du Despentes en moins trash & moins rock, du Pascal Manoukian en moins misérabiliste, du Marion Brunet ('L'été circulaire') en plus étoffé, du Sylvia Avallone dans le nord-est de la France (mais il fait chaud, aussi).



Là, l'auteur s'appelle Nicolas Mathieu. Il a un regard acéré, le sens de la formule, une plume bien trempée.

Le récit m'a paru long, parfois, mais j'ai suivi avec intérêt, amusement et crainte les parcours de ces adolescents et de leurs parents dans une région touchée par la crise économique - chômage, précarité, repli entre gens de 'bonne' (ou de moins mauvaise) compagnie...
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Leurs enfants après eux

Certains romans parlent de vous et donc vous parlent. Je me suis retrouvé dans ce roman consacré à 'ma' génération. Les événements et les références musicales font écho à ma jeunesse. Si j'ai grandi loin de la Lorraine, dans une région moins sinistrée, j'ai partagé les mêmes affres de l'adolescence que les personnages de ce roman : les différentes castes de jeunes établies en fonction de la popularité, les premières soirées, le désir de brûler les interdits, l'envie de fuir un univers trop étriqué, les rapports compliqués avec les parents. Mais « leurs enfants après eux » ne se réduit pas à un roman d'initiation. le coeur de ce roman, c'est ce territoire périphérique en plein déclin depuis la fermeture des hauts-fourneaux de Metalor. La ville semble être sortie du cours du monde, dépourvue de toute perspective d'avenir, négligée par le reste du pays. Elle est principalement peuplée de « cas sociaux », de « petits blancs » et d'enfants d'immigrés. Ils végètent englués dans leur condition, incapables de sortir de leur territoire ou de gravir les échelons de la hiérarchie sociale. Seuls les enfants de notables peuvent voyager et étudier dans les grandes villes. Anthony, Stéphanie et Hacine jouent pour nous les principes sociologiques de la reproduction sociale. Leurs passions d'adolescents semblent se heurter en permanence à un déterminisme sournois. Nicolas Mathieu dépeint avec justesse la déchéance d'un homme tombé dans l'alcool qui a perdu ses repères à la fermeture de son usine ou la stupeur d'un retraité désemparé par un fils incontrôlable. A travers le portrait de ces personnages, de cette ville, de cette région, c'est le visage d'une France périphérique qui se dessine. La représentation que nous offre Nicolas Mathieu est à la fois réaliste, juste et sensible. « Leurs enfants après eux » est le roman d'une génération désenchantée et l'autopsie d'une société en déclin.





Merci à Sebthos de me l'avoir conseillé. Tu as visé juste.
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Leurs enfants après eux

En suivant trois binômes de personnages sur quatre périodes de temps, de 1992 à 1998, Nicolas Mathieu nous emmène sur les traces de ces ados, qui n'échappent que très rarement à leur destin et dont la position sociale des parents influence l'avenir de leurs enfants après eux.



D'abord Anthony et son cousin, enfants d'ouvriers à Heillange, ancienne citée de hauts-fourneaux dans l'Est de la France et dont l'activité économique se tarit ;



Puis Stéphanie et Clémentine, deux jeunes filles de bonne famille, à l'âge de la contestation du système, avec des envies d'aventures, mais qui entreront rapidement sur la route de leur destinée, études et bonne situation ;



Enfin, Hacine et son père, ouvrier immigré dont le fils, déraciné, préférera l'argent facile de la drogue avant de reprendre une vie rangée mais dans laquelle il se sent étranger à nouveau.



Les destins distincts de ces personnages, même s'ils se mêlent parfois, reprendrons naturellement leurs chemins parallèles.



A mon avis :

On ne sort pas de ce livre sans une certaine amertume. Celle qui est liée à ces destins immuables, dans lesquels ces jeunes sont enfermés malgré eux.

Celle aussi de ces romans sombres qu'on ne peut quitter, mais dont la lecture nous dérange en notre for intérieur.



Et pourtant, c'est la vie. Celle de la plupart des enfants de cette époque. Et si vous aviez l'âge de ces adolescents en 1992, vous vous trouverez face à un miroir.



Cette sensation est d'autant plus forte que Nicolas Mathieu a parfaitement su retranscrire les états d'âmes et les pensées de ces adultes en devenir.



Et c'est ce qui fait la force de ce roman.



Dans ces trois univers, issus de cette classe ouvrière en perte de vitesse, la justesse des réactions et des situations est frappante et d'une vérité criante.



L'écriture est belle et fluide, emprunte du langage parlé des adolescents de l'époque, ce qui renforce le sentiment que j'évoquais plus haut.



Pas de grande histoire dans ce livre, mais plutôt trois tranches de vie, simples et profondes, faites de labeur, d'ennui, d'espoir, de colère, de doutes, de jeunesse. Et une grande histoire d'amour contrariée.



Ce roman a obtenu le prix Goncourt 2018.





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Leurs enfants après eux

Un roman qui me laisse sur les rotules, avec le vague à l'âme en sus.

Pendant 6 ans, et pendant quatre étés de 1992 à 1998, on suit le parcours de différents adolescents et de leurs parents, dans un coin paumé de l'Est de la France frappé par la désindustrialisation.

Je m'attendais à une histoire de jeunes freluquets qui grandissent en écoutant du grunge, mais Nicolas Mathieu propose beaucoup plus que cela : une implacable radioscopie de la France profonde, celle qui regarde Paris en refoulant son complexe d'infériorité. Rien n'échappe à son analyse sans concessions, et il touche à chaque fois là où ça fait le plus mal : la vulnérabilité des ouvriers qui se retrouvent sans emploi, l'émancipation des ménagères de presque 50 ans, l'impossibilité des immigrés naturalisés à se sentir chez eux en France, les grands projets burlesques des petites villes pour sortir de l'ennui et de la crise, et l'alcool et le chichon pour les gamins, afin que le temps passe plus vite même s'ils n'ont qu'un "no future" en tête. Chaque ligne sonne si désespérément juste....

Tout en respectant ses personnages, Nicolas Mathieu dépeint avec un sidérant mélange de grâce et de gravité cette impression d'être enfermé dans une vie qui n'est pas la sienne, une vie que l'on n'a jamais envisagée de vivre. Sans grands mots ni grands emportements, il raconte cette France abandonnée et souvent montrée du doigt, de laquelle il est quasiment impossible de s'extraire (n'en déplaise aux premiers de cordée), et qui contraint même les plus orgueilleux à la résignation. Je suis impressionnée par sa maîtrise ; il eût été si facile de dénoncer avec violence les fractures territoriales. Mais c'est cette maîtrise littéraire qui rend la démonstration d'autant plus foudroyante.

Pour autant, le roman n'est pas déprimant : ses personnages sont dévorés par un appétit de vivre et une énergie qui donnent envie de suivre leurs atermoiements pendant des pages et des pages. Et puis, il y a la langueur -tellement bien retranscrite- de ces étés chauds et interminables, et le bouillonnement hormonal qui rend fous les filles et les garçons. Il y a aussi la beauté apaisante de la Nature, des rues vides le soir, des couchers de soleil sur les champs, et tous ces moments brillants volés à la vie : un parfum de barbe-à-papa, un baiser qui s'ouvre comme "un beignet plein de confiture", une main posée sur une peau ferme et crémeuse. Tous ces petits détails qui rendent la vie exquise, et que Nicolas Mathieu ne craint pas d'évoquer.

Alors n'hésitez pas à découvrir ce roman, et à partager, vous aussi, cette "effroyable douceur d'appartenir".
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Leurs enfants après eux

Je ne sais pas combien de lecteurs… et moi, après eux …

Moi qui vous dira la même chose qu'eux : lisez- le !



Quatre étés dans les années 90, et quatre tubes qui rythment des vies, des destins.

On est dans une petite ville banale, de l'Est de la France, en voie de désindustrialisation. Elle n'a pas vraiment de charme , pas beaucoup de perspectives d'emplois, juste un lac, pas trop loin comme unique attraction…

Et une jeunesse qui grandit : d'un côté les riches , de l'autre les pauvres , et clairement pas la même vie, ni le même espoir de se "tirer d'ici, vite fait" .

Anthony (14 ans) et son cousin glandent, et rencontrent des filles, et viendra poindre comme un espoir, une éclaircie, une cassure . Anthony est amoureux... Ce soir, c'est cool, la vie est belle, ils sont invités chez les "bourges", à une soirée . Une soirée dans une super belle maison avec piscine. Un autre monde…

Hyacine aussi, aimerait bien l'avoir sa " carte de séjour", pour la teuf, mais ♫ je crois que ça va pas être possible ♫ ...Alors, il aura un petit geste de revanche, une bricole , mais qui l'air de rien va ♫ allumer le feu ♫ jusqu'en 1998 .

Mais en 1998 :♫ I will survive ♫…

Ce soir , on s'en fout , on va gagner , on est les plus fort, on a Zidane … Et tout le monde s'aime, blacks, blancs , beurs, Les Bleus ♫ nous ont mis la fièvre pendant des heures …♫





Quatre étés pour expliquer, l'adolescence qui s'enfuit, la rentrée dans l'âge adulte, les gosses de riches qui font des études ailleurs, et ceux des pauvres qui font des enfants après eux ; des parents qui picolent et qui dégringolent , et ceux des autres qui grimpent l'échelle sociale.

Quatre étés pour apprendre et/ou en prendre plein la tronche.

Une fresque sociale, implacable et lucide , une de celles qui ne remontent pas le moral, mais qui sont nécessaires, parce qu'elles font réfléchir. J'ai beaucoup pensé à "Les Petits enfants du siècle" de C Rochefort.
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Leurs enfants après eux

Après avoir tourné la dernière page de Leurs enfants après eux de Nicolas Mathieu, j'hésite entre applaudir et pleurer. Bon sang qu'il prend aux tripes, ce bouquin!

Parce qu'il est merveilleusement écrit.

Parce qu'il est adroitement construit.

Parce que tout est maîtrisé.

Parce que j'avais le même âge que Steph et Clèm à cette époque.

Parce qu'au-delà de la temporalité de cette époque, il parle à tout le monde.

Parce qu'il se déroule en Lorraine, et que l'étant, j'y retrouve une réalité avérée.

Parce que Nicolas Mathieu possède un grand, très grand talent.

Tout simplement.



Par sauts de deux années, entre 1992 et 1998, on suit l'évolution d'un groupe de jeunes de l'adolescence aux débuts de l'âge adulte. À travers leur vie, on voit celle des parents. Tous vivent dans la vallée de l'Henne - double fictif de la vallée de la Fensch dite aussi vallée des Anges à cause de la toponymie se finissant ainsi, dans le département de la Moselle post désindustrialisation. Longtemps fleuron des mines et puis la casse, la fin d'un monde pour plusieurs générations. Et Anthony, Hacine, Steph, Clèm et les autres représentent celle d'après. Celle qui a vu les pères mis sur le carreau.

Déjà que ce n'était pas simple avant. Les fins de mois tiraillent de plus en plus tôt. Quand s'ajoute l'alcool, la colère, l'amertume, le terreau devient fertile pour la dégringolade.



Pour les ados du roman, ces quatre étés sont autant d'étapes initiatiques. Avec la rage au ventre et l'envie de sortir enfin de cette foutue vallée. Voir si ailleurs la réalité n'est pas moins moche. Plus vivable. Surtout pas finir comme les parents, à gratter comme des malades pour trois fois rien, épouser la première venue parce qu'en cloque ou parce qu'il faut bien se caser. Et trouver son bonheur entre le pèt' et la bibine. Atavisme sordide qui plane comme une malédiction au-dessus des Anges...



Nicolas Mathieu a l'art terriblement percutant de fouiller et fouailler les sentiments humains, à faire rendre leurs tripes à ses personnages. Son roman fourmille de multiples et diverses références, autant de marqueurs temporels qui l'inscrivent dans ces années 1990 où tant de choses basculent. A commencer par le Mur de Berlin et le Rideau de Fer, promesses de réconciliation et de paix sur le monde. Toutes les promesses ne sont pourtant pas tenues...



Le titre est extrait du Siracide, un des textes sapientiaux de la Bible, rédigé par Jésus ben Sira vers 200 de notre ère. Les quatre versets cités en exergue portent en eux-mêmes la teneur du livre.

Après Aux animaux la guerre, et son autre vallée désindustrialisée - vosgienne, elle - Nicolas Mathieu reprend ici des thèmes qu'il y avait déjà abordé. De façon plus affinée et plus affirmée. Leurs enfants après eux est une réussite complète qui m'a remuée tout au long de ma lecture. Originaire d'une Meurthe et Moselle qui a également souffert des mêmes plaies économiques que ses voisines, j'ai retrouvé dans le récit beaucoup de choses qui me parlent, l'impression de pouvoir mettre d'autres prénoms issus de mon patelin sur certains personnages. Ambiguïtés livresques et effet miroir de la littérature qui nous renvoie souvent à notre propre vécu.



C'est fort, violent, émouvant, troublant et parfaitement retracé. A lire sans la moindre hésitation.
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Leurs enfants après eux

Garçon, un Goncourt siouplaît !



J'avoue, j'ai facilement succombé au Nicolas Mathieu fraîchement goncourisé.

Souvent connement réfractaire au bouquin du moment, je me suis laissé porté par sa plume enjôleuse esquissant les portraits de tout jeunes gamins en passe de verser dans le côté obscur de l'âge adulte.



À la fois tendres, nostalgiques et poignants, ces morceaux de vie parcellaires m'ont touché au plus haut point.

De l'adolescence balbutiante à l'ère nouvelle des responsabilités matures, l'auteur décrit à merveille cette transition si délicate dans un environnement qui, à défaut de vendre du rêve en barre, vous siphonne le moral sans avoir l'air d'y toucher.



Promesse d'un futur sans avenir.

Heillange. Ville sinistrosée dans une région sinistrée.

Difficile d'imaginer écrire quoi que ce soit de lumineux dans un contexte aussi tendu.

Et pourtant.



Ce que j'aime tout particulièrement et qui m'arrange cérébralement parlant, c'est cette faculté d'écrire avec des mots qui parlent bien plus à mon coeur qu'à mon intellect..

Avec une apparente simplicité, Nicolas Mathieu égrène quatre étés mémorables sur une bande-son qui vous larsen les esgourdes.

En entrée, un puissant Smell like teen spirit de Nirvana.

Plats de résistance : You could be mine des Guns n' roses puis La Fièvre d'NTM.

Pour finir sur une p'tite note sucrée, I will survive en remerciant généreusement Gloria Gaynor.

Le tout n'appelle qu'un seul geste propre à apaiser les éventuelles tensions entre voisins, pousser le volume à fond et se laisser porter!



Le sujet n'est certainement pas l'idée novatrice du siècle mais on s'en fout royalement.

Ce retour vers le futur en pays de misère sociale exacerbée est un petit bijou de pureté narrative.

L'interaction entre tous les personnages est d'un magnétisme captivant.

Le tout se déguste au rythme des saisons, au gré des joies simples et des peines abondantes de tous ces protagonistes auxquels l'on s'est attaché, voire identifié.



Leurs enfants après eux méritait-il le Goncourt, j'en sais foutre rien.

Ce que je sais, c'est cette envie pressante de le faire découvrir au plus grand nombre.
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Connemara

Quatre ans après Leurs enfants après eux, qui obtint le Goncourt, Nicolas Mathieu n’a pas changé et tant mieux. Dans Connemara, il nous emmène à nouveau chez lui, dans cette Lorraine perturbée par la disparition des industries, en passe d’oublier son patrimoine historique, et qui peine à se reconnaître comme simple composante d’une Région baptisée Grand Est. Les destinées des jeunes sont tracées d’avance : ils restent sur leur terre natale et se contentent d’un quotidien médiocre, comme leurs parents avant eux. Seuls, quelques rares privilégiés parviennent à s’en extirper. Pour réussir l’échappée, il faut de l’énergie, des moyens intellectuels et un minimum de soutien familial.



2017, année d’élection présidentielle. Hélène et Christophe sont tous deux nés quarante ans plus tôt, à Cornecourt, une petite ville des Vosges. Ils partagent un autre point commun : Michel Sardou et ses lacs du Connemara ont rythmé leurs fêtes du samedi soir ; pour l’un, dans les bals populaires du coin ; pour l’autre, dans les galas des Grandes Écoles, à Paris.



Christophe s’est laissé vivre, il n’a pas tenté sa chance ailleurs. Représentant en croquettes pour chats et chiens, il sillonne son secteur à bord de son break. Il est divorcé, père d’un petit garçon. Adolescent, il était assez beau gosse et ses performances dans l’équipe locale de hockey lui avaient valu une gloire éphémère, ainsi que quelques succès féminins. Hélène est grande, belle et brillante. Elle était partie à Paris, pour terminer ses études. Elle y avait dégotté un diplôme supérieur, un job de consultante très bien payé, et un mec plutôt pas mal, encore mieux payé qu’elle, avec qui elle a eu deux filles. Mais le rythme était tel, qu’elle a fait un burn-out et que la famille s’est repliée sur la Lorraine. Pas à Cornecourt, quand même ! A Nancy, un quartier résidentiel, une maison d’architecte, une belle situation pour chacun.



De Nancy à Cornecourt, il n’y a pas une heure de route et il suffit de donner un coup de pouce au hasard. Hélène et Christophe ont chacun leur crise de la quarantaine. Où suis-je, où cours-je, dans quel état j’erre ? Et qu’est-il permis d’espérer, quand on se revoit vingt-cinq ans plus tard et qu’il reste si peu de points communs ? Nicolas Mathieu nous raconte tout : quatre cents pages d’allers-retours captivants entre le présent et le passé.



La prose de Nicolas Mathieu est très simple, fluide, accessible, elle emprunte au langage parlé et il lui suffit des mots les plus courants pour exprimer parfaitement la moindre sensation. Cet écrivain observateur crée ainsi des personnages authentiques, hommes et femmes, jeunes et vieux, à la manière d’un Balzac. Il installe le lecteur à leur contact, pas seulement pour les détails de leur aspect, de leur cadre de vie ou de leurs gestes, mais aussi pour l’instantané de ce qu’ils voient, de ce qu’ils entendent, de ce qu’ils sentent et de ce qu’ils ressentent, jusque dans les espaces les plus intimes, quand ils baisent. Parce que baiser est la parenthèse du salut, le seul moment où l’on s’éclate, sans penser à rien, surtout pas au temps qui fuit et que l’on perd sans s’en rendre compte.



Connemara est un roman politique, mais ce n’est pas une profession de foi. Comme dans son précédent roman, Nicolas Mathieu fonde sa fiction sur des déterminismes sociaux incontestables. J’ai en revanche senti s’effacer sa neutralité de romancier lorsqu’il évoque les tendances actuelles dites « néo-libérales » à optimiser l’efficience des services publics. Cela n’a pourtant rien à voir avec le libéralisme économique. Dans toute forme de société, le citoyen consommateur a droit à des services efficients, qu’ils soient publics ou marchands. Cette exigence appelle des remises en question, qu’il est difficile de mener sans aide extérieure, d’où l’intervention de consultants « privés » (désolé pour ce gros mot !), d’éventuels abus n’en justifiant pas le rejet en bloc. Reste l’emploi de la « novlangue » impulsée par les théoriciens de l’efficience. Les mots sont des symboles, ils unissent celles et ceux qui partagent des idées. Une pratique qui existe dans tous les domaines, politiques, philosophiques, artistiques ou autres, et dont on peut se sentir agacé, snobé, vexé et/ou exclu, dès lors qu’on la subit.



Cette réserve personnelle ne m’a pas empêché de trouver le roman pertinent et passionnant, de la première à la dernière page.


Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Connemara

Chacun se retrouvera dans cette histoire grâce à un détail qui sent bon la madeleine de Proust, au goût suave des bons souvenirs ou amer des regrets.

Hélène et Christophe ont chacun fait leur chemin dans la vie lorsqu’ils vont se rencontrer de nouveau, à la quarantaine pesante, dans cette petite ville de l’est de la France, celle qui les a vu essuyer les bancs de la même école. Elle a suivi le cursus brillant qui l’a menée vers une belle situation professionnelle, un mari tout aussi doué, une maison d’architecte et deux filles. Mais comme le bonheur ne se mesure pas en euros, elle va le chercher ailleurs, sur les réseaux sociaux pour commencer, puis dans les bras de Christophe, dont elle a gardé le souvenir du joueur de hockey, star du lycée et ex petit ami de sa meilleur copine de l’époque. La suite n’est qu’un va et vient entre leurs souvenirs et la passion charnelle qui les colle l’un à l’autre jusqu’à l’explosion.

Nicolas Mathieu raconte cette histoire avec brio en évitant l’écueil des clichés des romans à l’eau de rose. La narration remarquablement bien rythmée évite au lecteur le moindre temps mort et fait de ce roman un véritable page-turner. Il se lit d’un bout à l’autre presque en apnée. On aurait pu croire que de traiter un sujet aussi banal que la vie quotidienne de ces personnages face s’enliser le récit, il n’en est rien. On est happé par la destinée des deux héros.

« Connemara » est une œuvre divertissante, un excellent prétexte pour ouvrir un livre pendant les vacances.

Editions Acte Sud, 396 pages.

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Connemara

Ce que j'avais en tête avant de commencer ce roman , c'est que Les lacs du Connemara, est une chanson de Sardou, mais pas n'importe quelle chanson ! Celle qui clôture toutes les soirées. dans les bars, les mariages, les fêtes des grandes écoles, partout, cette chanson signe la fin de la "party". C'est ce que met le DJ quand il veut faire partir les gens. Aussitôt les derniers sur la piste , se prennent par les épaules et se mettent à brailler les paroles (quand ils s'en souviennent) , et puis chacun rentre chez soi plus ou moins rapidement..



Dans l'est de la France,

A ma gauche, Christophe, quarante ans, ex-star locale de hockey sur glace, n'ayant jamais réussi à passer pro. Actuellement commercial pour une boîte de nourriture pour chien. Un enfant, fraîchement séparé, de retour chez son paternel.

A ma droite, Hélène, presque quarante ans, en couple, deux filles. Belle situation, pareil pour son mec, une maison d'archi à Nancy.

Il aura suffit qu'elle croise Christophe un soir, pour que tout lui revienne. Son enfance, le rejet de son milieu populaire, les hautes études, le lycée, son amie Charlotte et le beau Christophe, leur béguin d'adolescentes. Sauf que la Charlotte, elle l'a eu , elle ! Et c'est comme un caillou dans la chaussure d'Hélène, le truc qui gratte, son seul échec, la seule chose qu'elle ne pouvait décrocher à force de travail...Et oui, lui ne l'a jamais calculée, tout comme ce soir là, il ne la verra pas. Mais quand il allumera la radio, dans sa voiture, cette nuit, en rentrant, il y aura Sardou...

Sardou c'est un peu comme retomber en enfance...

Hélène Le contactera.

Comme une envie de tout faire péter ...

Et juste avant l'épilogue , il y aura encore "Connemara".

Presque la fin de la partie, de ce match qui s'est joué à domicile, dans l"Est, chez Nicolas Mathieu.



On ne peut pas dire qu'il donne envie d'y aller...

Mais que vous soyez de cette région ou pas, de cette génération ou pas, vous y retrouverez des choses de votre propre vie. DJ Mathieu décortique les âmes, ses petits enfants du siècle, ces quarantenaires rugissants dans leur dernier battement de coeur ... Au delà de l'histoire Christophe/Hélène, il disséque l'époque, ses jobs qui ne sont que des intermédiaires, des faiseurs de rien, des vendeurs de vide . Il restitue avec magie et virtuosité , l'adolescence dans ce qu'elle a de plus incandescent...

Hélène revenue vivre dans sa région, épuisée de s'être battue pour changer de milieu, trouvera-t-elle un apaisement, une réconciliation avec elle-même ? Nicolas Mathieu fait un constat (des constats) : C'est toujours les mêmes qui s'en sortent, qui gagnent à la fin. C'est cruel, oui, mais c'est la vraie vie. Nicolas Mathieu n'est pas un romantique, juste un écrivain lucide.

Et à la fin de la "party", le lecteur ou la lectrice, se dit que la vie ça passe vite, son enfance, ses années lycée, ses parents, ses enfants...

♫Et vous qu'avez vous fait de toute ces années ?♫



Intelligent, social, lucide, ultra-réaliste, implacable, magistral , Connemara raisonne longtemps en nous, bien après avoir tourné la dernière page...

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Leurs enfants après eux

Un titre magnifique et des idées brillantes, particulièrement perceptibles quand on a vécu les mêmes étés, 92, 94, 96, 98, dans le corps fabuleux de notre jeunesse. le corps immortel des dieux olympiens qui ne s'imaginent pas vieillir. Ce fut notre tour, les mêmes étés.

L'ennui et l'étirement du temps, le soleil de plomb (même dans le Finistère pour moi, en 96 et 98), les copains, les fêtes, les nuits, l'alcool, la fumée, les piscines, les shorts, les maillots de bain, la guitare...Et les études, l'avenir qui se dessine, ou pas...Ceux qui restent au bord de la route, ceux qu'on attendait pas, les amitiés qui se défilent et les amours qui se défont sans même avoir eu lieu, et le poids de plus en plus lourd de la réalité qui se profile...Toute ce soleil et cette mélancolie reviennent à la lecture du roman.

Mais il y a plus dans le roman de Nicolas Mathieu, le poids de la réalité est aussi le poids des carcans sociaux. Sortir du milieu de ses parents, pour Anthony le fils d'ouvrier ou Hacine le fils d'ouvrier immigré, partir loin de la vallée minière, est leur rêve impossible. La jeunesse est forte, mais pas assez. le monde est trop puissant et on ne change pas ses règles immuables. C'est cette lourdeur même inconsciente qui pèse aussi sur eux avec le soleil de plomb. On peut effleurer le rêve, qui s'incarne chez Anthony dans son amour désespéré pour Stéphanie, fille de la bourgeoisie. Toucher un peu, mais pas posséder. Au delà de vingt ans, c'est fini. Ils vieillissent vite, dans les vallées de Lorraine. La vie devant soi, mais déjà toute écrite.

Beaucoup de beauté dans ce roman donc, mais, un seul élément m'a un peu gêné pour que ce soit un chef d'oeuvre, c'est l'écriture, notamment des dialogues. Je ne sais pas si j'ai raison, ils m'ont paru sonner faux. Plus langage actuel des jeunes que le nôtre.

"J'avoue", disent souvent les filles. Ca, c'est actuel, on ne disait pas ça. On disait : "c'est clair". "C'est un connard. -Trop ! -Mais tellement" , ça me paraît très actuel aussi, "trop", et "tellement". Mais je me souviens de "trop pas !" Voilà, des broutilles comme ça. Et le verlan, il est où ? Ne me dites pas qu'il n'est pas arrivé en Lorraine. J'attends "foncedé" (ils le sont tout le temps), "meufs" (ils ne parlent que de ça), "complètement ouf", "pété de rire" (l'ancêtre de mort de rire) etc etc...Que dalle, gros nase, tebé, bouffon, bâtard, tarpé...Je chipote, je chipote, mais ma mémoire est vive. Une chose aussi pour monsieur Mathieu : en temps que minette retraitée de 1992, je peux vous dire qu'il est impossible que Clem et Steph portent des deux-pièces à cette date. Mon cher, il n'y avait qu'un seul modèle portable : le une pièce noir, éventuellement une autre couleur, mais une pièce, désolée. Ma mère me tannait pour un deux-pièces "c'est plus joli", mais non, impossible. de même, les queues de cheval, elles ne claquaient pas en 92, parce qu'elles étaient basses, obligé, attachées en catogan par un chouchou ou une barrette. Voir Vanessa Paradis. Je chipote, je chipote. Mais c'est parce que je m'y revois. La force d'évocation de ce texte est donc puissante.

Donc un Goncourt bien mérité, ma foi, pour un très beau livre. A lire (quelque soit la génération !!)
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Leurs enfants après eux

Je comprends le succès de ce roman. Parce qu'il nous rappelle nos souvenirs d'enfance, nos doutes, nos incompréhensions, nos écoeurements, nos questionnements et surtout nos rebellions à ne pas vouloir devenir comme nos parents. Roman dont l'action se passe de 1992 à 1998 et racontée tous les deux ans. Deux héros, deux jeunes garçons, nommés Anthony et Hacine, ennemis alors qu'ils se ressemblent. Veulent la liberté, l'argent, les gonzesses. Naissons-nous vraiment libres et égaux ? La plupart du temps les dés sont jetés à la naissance, surtout si l'on vit dans une famille d'ouvriers. Je me fais croire que je lui ai porté chance. Pourquoi ? Parce qu'au moment où je finis de le lire, il remporte le Goncourt 2018 et deuxièmement il est né le 2 juin, jour de ma fête. Bravo à lui et merci pour cette belle lecture contemporaine.
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Connemara



Nicolas Mathieu prend prétexte du rapprochement de deux personnes en pleine crise de la quarantaine qui se sont perdus de vue et renouent par hasard pour nous faire le portrait au quotidien d’une France de la classe moyenne de nos jours.



Je cherchais à lire un roman, pas une prétendue étude sociologique. Nous avons droit en détails à l’enfance, les fréquentations et la scolarité des personnages comme pour expliquer et justifier leurs comportements présents. Ce concentré caricatural aligne les poncifs. Est-ce pour faire vrai ou être dans l’air du temps, l’auteur écrit comme il fait parler ses personnages et nous abreuve d’anglicismes liés au monde professionnel (dont les descriptions sonnent par ailleurs assez faux). Nous découvrons même de façon assez improbable comment on peut sympathiser avec une jeune stagiaire et étaler sa vie privée pour en apprendre plus sur la manière d’utiliser les réseaux sociaux et draguer. N’est pas l’auteur des Rougon-Macquart qui veut…





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Leurs enfants après eux

« Ho, Manu, tu descends ? – Heu, ouais, pourquoi faire ?... »



Non, ce n'est pas une nouvelle façon déplacée d'apostropher le Président. C'est un extrait de la ZUP, un sketch qui date de 1992, l'année même où s'ouvre l'extraordinaire roman de Nicolas Mathieu, lauréat du prix Goncourt et de bien d'autres récompenses amplement méritées. Les mots et les intonations des Inconnus me sont revenus en lisant, dans Leurs enfants après eux, les dialogues des ados désoeuvrés : « On y va ? – Où ça ? – Ben, j'sais pas… »



Dans le nord de la Lorraine, le passé, celui des trente glorieuses, est visible partout : usines fermées, hauts fourneaux silencieux, tuyauteries rouillées reliant nulle part à nulle part. Il est aussi dans les têtes, gagne-pain et honneur perdus pour les adultes, foutaise pour les jeunes. Le futur ? Des projets d'investissements dispendieux auxquels personne ne fait mine de croire vraiment. Un avenir touristique européen pour les anciens sites miniers et sidérurgiques : faut-il en rire ou bien pleurer ?



Reste le présent. C'est le sujet du roman, où il s'étend sur six années. Tous les deux ans, en juillet, un chapitre dresse le tableau de la situation, des parcours personnels, des intrigues qui se nouent et se dénouent. Étonnamment captivant, l'ensemble s'achève en juillet 1998, … une date glorieuse restée dans les mémoires.



En été, à Heillange, la chaleur moite annihile ce qui reste d'énergie personnelle. L'école est finie, les ados quittent leur quartier et viennent traîner leur ennui à la base nautique. Ils n'ont pas grand-chose à se dire, si ce n'est que « faudra se tirer, y a rien à foutre ici ! ». Entre-temps, pour ne pas voir le temps passer, on se défonce, on picole, on fume des pétards, il arrive qu'on fasse quelques conneries. Et puis on baise ; les garçons sont égaux à eux-mêmes, les filles sont très libérées. Cool !



Le roman raconte le parcours d'Anthony entre ses quatorze et ses vingt ans. Chaque année en juillet, il croise et recroise les mêmes jeunes. Avec Hacine, le fils d'un ouvrier immigré, les embrouilles – histoires de scooter ou de moto – peuvent déraper. Mais quand apparaît Stéphanie, la fille d'un notable local, son coeur se met à battre. Une sorte de courant passe entre eux. Anthony est de plus en plus obsédé par l'idée de la conquérir, elle est flattée et amusée, mais réservée. Parviendra-t-il à ses fins ?



Tous ces jeunes gens font leur propre apprentissage, découvrent le monde et en interprètent le mode d'emploi à l'aide des clés que leur milieu familial leur a procurées. Le destin est-il écrit ou faut-il l'écrire soi-même ? On peut choisir, mais les barrières sociales sont bien là. Et à vingt ans, tout est joué.



C'est la faute aux parents, décrètent certains. Ceux d'Anthony font ce qu'ils peuvent, pourtant, mais ils ont déjà fort à faire avec eux-mêmes. Le père, pas mauvais au fond, mais ignare, alcoolique, brutal, alterne chômage et petits boulots précaires. La mère, une ancienne beauté, s'accroche à un job désespérant, parce que la retraite, ce n'est que dans vingt ou vingt-cinq ans. A la maison, elle s'efforce de sauver les apparences et sacrifie tout à son fils, qu'elle couve comme toute femelle son petit. Il n'y a pas mieux pour que les espèces se perpétuent : leurs petits après eux…



Critique sociale, le livre dépeint le quotidien sinistre, parfois grotesque, souvent pitoyable de quelques familles locales, petit-bourgeoises, ouvrières, immigrées. Elles sont enterrées dans ces territoires périphériques dont on parle tant aujourd'hui parce qu'on n'a pas su les comprendre en temps utile. Avec une précision acérée à la fois cruelle et tendre, l'auteur raconte les abdications, les illusions, les déceptions, les hontes cachées, les fiertés dérisoires, les petits bonheurs éphémères.



Un texte au phrasé harmonieux, où l'auteur mêle des expressions du quotidien. Des dialogues, nombreux, souvent croustillants. de jolies descriptions, car même dans les lieux sinistres, on peut admirer un coin de forêt ensoleillé, un crépuscule d'été virant au rose, l'eau noire d'un lac scintillant sous la lune. Nicolas Mathieu trouve les mots pour partager son émerveillement. On s'y croirait presque. Certaines scènes intimes font l'objet de détails charnels très crus. On s'y croirait tout à fait.



Que serait devenu Anthony, aujourd'hui, à l'âge de quarante ans ? On ne le saura pas. On sait ce qu'il en est pour certains de ses exacts contemporains. Le Président, déjà cité. L'auteur, Nicolas Mathieu ; à quatorze ans, il savait qu'il voulait être écrivain et il s'est accroché pour y parvenir. Bravo !



Mon fils aîné aussi a quarante ans, c'est dire si je suis loin de tout cela. Ado, j'ai aussi traîné, en répétant comme Anna Karina dans Pierrot le Fou : « Qu'est-ce que je peux faire ? J'sais pas quoi faire… »
Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Leurs enfants après eux

Quel bonheur de plonger ainsi dans la douce nostalgie de mes vingt ans !

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Un kaléidoscope de références nineties qui m'a fait chaud au coeur.

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Ceci est le second roman de Nicolas Mathieu. L'histoire se passe dans une vallée vosgienne. Tiens, pas très loin de mon Alsace chérie où j'ai passé toute mon enfance et adolescence. de là à amalgamer les deux endroits, il n'y a qu'un pas !



L'épopée de notre jeune héros Anthony va se dérouler sur quatre étés caniculaires, de ses 14 à 20 ans. Alors le mot « épopée » est un grand mot pour nommer les tribulations de sa vie d'ado meurtri.



C'est aussi le roman d'une époque tourmentée, de jeunesse qui peine à trouver sa voie dans un monde éteint. Cette jeunesse qui croit qu'ailleurs, l'herbe est plus verte. Qui se fabrique des rêves entiers de réussite, de « vie admirable ». Anthony va ainsi découvrir le goût amer de l'amour, la fadeur d'un premier émoi, la lassitude d'un désir refoulé. Et se retrouver au final englué dans le morne quotidien de citoyen quelconque.



Autour de lui gravitent sa famille dysfonctionnelle, le cousin, les filles et les jeunes errants du quartier. Il y a cette rage en lui, cette violence larvée qui ne demande qu'à sortir. Pourquoi d'ailleurs ? Même lui ne le sait pas, il se rend juste compte qu'il ne supporte plus le fonctionnement conflictuel de son petit monde, sa vallée. Mais partir ailleurs ? Il a essayé, il en est revenu.



A travers Anthony et sa bande, j'ai voyagé dans le temps pas si lointain de mes 20 ans. Un peu comme dans un film en super 8, des images vintage me sont apparues. Les fêtes un peu arrosées, les garçons, la plage, le 14 juillet, Intervilles, la coupe du Monde de football, la fête foraine.... J'y étais à nouveau. Pour moi, c'était le « bon temps », j'ai donc pu savourer ces moments chéris.



La plume est belle, pudique, et aussi mélancolique (note : l'auteur avait le même âge qu'Anthony, un peu d'autobiographie là-dedans ?). J'ai eu l'impression de me retrouver dans la peau de certaines des jeunes filles dans leurs dialogues, leurs comportements. Il n' y a pas un mot de trop, les sensations des protagonistes sont si authentiques, si réelles. On y parle de racisme, de politique, de sociologie et d'économie. Et puis aussi de sensualité, de violence et de moiteur. le récit baigne continuellement dans la chaleur, cette ambiance de fournaise qui amollit les habitants. Et puis quelle noirceur, quelle tristesse dans cette zone pavillonnaire. le bourdon garanti !



Vous l'aurez compris, une atmosphère poétique, glauque et lasse. Un rythme lent, des drames, des vies ordinaires, tout ce qu'il me faut pour goûter à la nostalgie d'une époque révolue.
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Leurs enfants après eux

****



La vie est compliquée à Heillange, une petite ville industrielle de l’Est de la France. Une fois les Hauts Fourneaux fermés, il ne reste plus grand chose aux habitants... Anthony, Hacine, Steph et les autres s’accrochent à ce qu’ils peuvent : les pétards, les bières et les histoires de coeur. Mais les étés ne suffisent pas à adoucir le reste de l'année et la vie s’étire, grise et terne...



Je ne cours pas après les prix littéraires. Et ce n’est pas l’obtention du Goncourt 2018 qui m’a fait ouvrir le roman de Nicolas Mathieu mais bien les critiques qu’on peut lire ici et là. Et il aurait été bien dommage de passer à côté !



Leurs enfants après eux est un roman social, l’histoire somme toute banale d’une ville de France qui voit ses usines fermées les unes après les autres, qui ne peut que constater le désœuvrement de ses adolescents et qui ne peut empêcher cette morosité ambiante.



Suivre Anthony, Hacine, leurs parents, leurs amis et leurs conquêtes sur 4 étés est une manière judicieuse de relier une petite histoire dans la grande. Chacun à sa manière subit cette France des inégalités et cherche à en sortir.

Mais vouloir changer les choses ne suffit pas. Un père qui boit, un travail qui n’épanouit pas, une fille qui ne vous regarde pas, une image dans le miroir qui ne plait pas et le monde devient alors bien trop triste pour vouloir se battre...



Ce roman est une part de notre histoire, un fil tendu entre nous et un passé pas si lointain. C’est la vie qui s’effiloche et qui laisse les moins chanceux sur le bord de la route... Mais c’est aussi la nostalgie des années 1990 et la France de Zidane qui redonne l’espoir que tout est possible...



Un roman avec une histoire forte, des personnages touchants et vrais et une écriture parfaite qui nous entraîne dans les mots justes de l’auteur... Une réussite !!
Lien : https://lire-et-vous.fr/2018..
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Connemara

J'annonce la couleur d'emblée : je vais m'inscrire en faux dans le concert de louanges unanimes que l'on entend autour du dernier livre de Nicolas Mathieu, mais j'en suis sincèrement désolé.

La série de podcast Bookmakers sur Arte nous a permis de rencontrer le jeune goncourisé et de l'écouter disserter longuement sur ses conceptions du roman en général, sa façon de travailler, son parcours et ses engagements.

Je le rejoins complètement sur ses théories sur la littérature. le culte du behaviorisme comme parti-pris esthétique est louable, complètement perceptible dans Leurs enfants après eux et précédemment dans Aux animaux la guerre.

De surcroît sa passion pour les rapports sociaux et son positionnement marxiste (sic) ont eux aussi tout pour me plaire.

Mais alors, comment se fait-il que je me sente le devoir de partager un avis négatif au sujet de ce dernier opus ?

C'est assez simple : Au regard de ce que j'ai évoqué en introduction je me sens intégralement floué, j'ai l'impression de m'être fait faire les poches des 24 euros que m'ont coûté le livre et plus encore de devoir toute ma vie partir à la recherche du temps perdu à parcourir cet objet.

Je vous fais grâce du résumé exhaustif de l'intrigue que je vais condenser. Hélène, cadre quadragénaire interpelle sur un réseau social une connaissance masculine emblématique des inclinations libidinales de son adolescence, ce qui va donner lieu à une relation extra-conjugale torride et fugace qui aboutira sur…pas grand-chose de plus qu'un divorce.

Le projet autour de ces enjeux maigrichons étant de nous donner à voir les problématiques sociales du prolétariat français de ces 40 dernières années.

Toi qui entre dans ce livre abandonne tout espoir de concision, de réalisme, de distance clinique, bref oublie le behaviorisme.

On est donc confronté à un style qui passe par toutes le figures les plus utilisées de l'académisme littéraire, discours indirect libre, zeugma etc…pour permettre à l'auteur de donner son avis sur toutes les grandes questions qui traversent les fils Facebook de tout un chacun.

Ainsi on va le voir gloser sur la complexité de l'éducation nationale aussi bien que sur les dernières tendances du management conçu par les cabinets de consulting, avec des observations circonstanciées qui vont de la couette qui ne sent pas très bon le matin à la soirée « feuilletés Picard ».

Et de tout cela il ne ressort pas grand-chose. On voit les coutures du dispositif. le fait que Nicolas Mathieu n'arrive pas à s'effacer derrière son discours nous montre combien ce qu' il nous livre ici est en fait mélange de ses propres frustrations, questionnements et de son destin social à lui.

J'ai eu à de nombreux moments l'impression qu'il contemplait l'héroïne qu'il façonne à son image comme Narcisse contemple son reflet.

Je crois donc que le grand péché du livre est qu'il s'agit d'un objet narcissique et que la lutte des likes occulte complètement la lutte des classes.

Ainsi Nicolas Matthieu recherche sans arrêt les suffrages, les applaudissements pour une phrase réussie, ou une situation marrante ou un cliché, et il perd complètement le propos qui pourrait être vraiment signifiant socialement, la donnée sociologique raffinée qui mettrait en évidence les déterminismes.

Et je me demande si auréolé de son prix Goncourt, l'auteur a encore envie de renverser l'ordre social et ses injustices.

Est-ce que finalement il n'est pas plus confortable depuis son trône d'écrivain national de commenter des photos sur Instagram à l'infini ?

C'est cet effet que m'a fait ce livre, celui d'une mosaïque de photos posées les unes à côtés des autres, mais sans vrai direction, à la limite sans point de convergence et donc presque sans point de vue autre que celui d'un souverain pontife.

Suffit-il de juxtaposer des photos de pauvres pour être socialiste ?

Je ne crois pas et je dois même dire que j'ai été mal à l'aise à la lecture de deux scènes qui se veulent rapportées du prolétariat. Celle du « lance-patate » et celle du mariage à la fin. J'ai trouvé qu'il s'agissait de sommets de condescendance et que Nicolas Mathieu aurait pu appeler son livre « Pardonne leur, ils ne savent pas ce qu'ils font » dans la lignée de ses illuminations bibliques précédentes.

Finalement il opte pour un titre de Sardou supposé résonner avec sa région lorraine, mais ça ne marche pas. Les prolétariats de la région Centre, mais aussi de la Bretagne, de la Picardie ou de la Corrèze se l'approprient de la même façon.

C'est comme ça que fonctionnent les tubes, avec des lieux communs et des cadences simplistes qui peuvent toucher les affects les plus profonds du plus grand nombre, mais n'ont surtout absolument aucune portée subversive.

C'est aussi comme ça que marche ce livre finalement.

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