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Critiques de Olivier Dorchamps (208)
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Ceux que je suis

Un destin écrit sur une trentaine d’années, peut voir son parcours totalement infléchi par les aléas de notre condition de mortel.





L’histoire d’une famille s’accommode des non-dits, comblés par ce que l’imagination attribue à la logique, jusqu’à ce qu’un événement vienne bouleverser les bases de l’édifice. Pour Marwan, c’est le décès subit du père avant ses soixante ans, à l’issue d’une vie de labeur incessant. Le dernier souhait de l’homme, être enterré à Casablanca, qu’il a quitté des décennies plus tôt, vient semer le trouble parmi ses trois fils, dont l’entente laisse à désirer.



Marwan est celui qui accompagnera la sépulture en avion, avec Kabic, l’ami de toujours, compagnon d’émigration du défunt. La famille se retrouvera à Casa pour suivre les rites et la tradition qui entoure les décès. Mais plus qu’un dernier hommage rendu au père, c’est un rendez-vous avec l’histoire de sa famille, bien loin de ce qu’il imaginait.



Le récit est émouvant, l’auteur sait transmettre les sentiments qui animent les personnages. Les révélations sont distillées après avoir été suggérées, suscitant une attente propice à l’envie trouver les pages.



C’et aussi l’occasion de rendre compte de la difficulté persistante pour toute cette génération « issue de l’immigration » d’être serein vis à vis de son identité. Avec un sentiment d’usurpation que ce soit dans le pays d’origine de la famille ou dans la contrée d’adoption, au terme d’un parcours souvent complexe.



Le regard posé sur les coutumes marocaines autour du deuil, jugé par le fils qui se sent français avant tout, est doublement interessant. On se plie aux rites pour ne pas blesser les proches, malgré le sentiment de ne pas porter au défunt tout le respect dont d’autres coutumes donneraient l’illusion.



Un roman digne et perspicace.
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Ceux que je suis

Nés en région parisienne, Ali, Marwan et Foued, respectivement avocat, agrégé d’histoire et brillant étudiant, font la fierté de leurs parents qui, immigrés marocains menant une vie modeste à Clichy, ont tout sacrifié à la réussite de leurs fils. Quelle n’est pas la stupéfaction des trois frères, élevés dans l’obsession de leur intégration française, lorsqu’à son décès, leur père leur laisse des instructions précises en vue de son inhumation à Casablanca. Le voyage et la cérémonie seront l’occasion, pour Marwan en particulier, d’une confrontation avec l’histoire familiale, pleine de secrets longtemps tus, et d’une réconciliation, enfin, des deux parts de son identité.





L’on ne cesse de s’étonner, au long de cette lecture, de ce que l’auteur n’ait aucune racine marocaine et que ses personnages soient fictifs, tant la justesse du roman évoque une authenticité autobiographique. Aux côtés de Marwan, le lecteur explore un Maroc restitué avec une vividité qui l’enveloppe de couleurs, de bruits et d’odeurs. Dans ce cadre et dans un contexte douloureux de deuil familial qui nous fait par ailleurs découvrir les rites funéraires musulmans, se dévoilent peu à peu pour Marwan des facettes insoupçonnées de ses parents, grands-parents et autres membres de la famille, tous unis par un drame et un secret dont il était bien loin de se douter de leurs répercussions sur sa propre existence. Tout en pudeur et en finesse et avec une intensité dramatique croissante, le récit nous fait ressentir les déchirures et les tiraillements schizophrènes de l’exil et de l‘appartenance biculturelle, la complexité pour les émigrés et leurs descendants des rapports à leurs origines, et leur éternelle sensation d’être étrangers partout.





Superbement écrit et d’une parfaite justesse, ce premier roman pétri de délicatesse et de subtilité nous livre une exploration sensible, émouvante et captivante du thème de l’identité, des racines et de l’appartenance culturelle. Coup de coeur.


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Ceux que je suis

Une couverture esthétiquement réussie, un titre énigmatique....Être ou suivre ? Une note plutôt flatteuse décernée par les amies et amis babeliotes , et me voici lancé à la découverte d'un roman qui , au final , m'a complètement séduit .

Tarek est garagiste à Clichy , Clichy , ville rejointe lorsqu'il a quitté le Maroc avec son épouse. Intégration réussie. Trois fils , Ali , avocat , Marwan, prof d'histoire géo agrégé et Foued lancé sur les traces de ses frères . Des épouses , copines françaises , la langue française , une bi- nationalité assumée mais une certitude : " notre pays , c'est la France , nous sommes français " .....et le Maroc n'occupe qu'une place minime dans les pensées des garçons. Tout juste un lieu occasionnel de vacances , et encore ....Il y a bien la grand - mère Mi Lalla mais.... Ainsi va la vie jusqu'à ce terrible jour où, à cinquante quatre ans , Tarek est terrassé par une crise cardiaque ..Le désarroi est immense , il devient gouffre lorsque les enfants découvrent ses dernières volontés, reposer au...Maroc . C'est un tsunami qui vient s'abattre sur la famille , un tsunami déconcertant, troublant ,traumatisant .

Dés lors , on va suivre toutes les péripéties des trois frères pour assumer les dernières volontés de Tarek . le retour dans un pays qui , s'ils ne le considèrent pas comme le leur , ne les accueille pas non plus à bras ouverts . Rien ne sera facile , il faudra pour les uns et les autres avancer à petits pas dans un monde qui , s'il n'est pas forcément hostile , n'ouvre plus facilement ses portes à ceux qui l'ont déserté . On apprend énormément de choses très intéressantes sur la vie quotidienne à Casablanca , les coutumes funéraires notamment , les relations avec la famille .... Tout est bien placé dans le contexte, l'écriture est fluide , belle , simple mais efficace et les principaux personnages , les trois frères, ne manquent pas de personnalité ni de charisme et leurs relations complexes ne peuvent que nous émouvoir. Les autres personnages, Aminé, Kabic ,Mi Lalla , méritent aussi toute notre attention en raison de leurs caractères bien prononcés d'où jaillissent des étincelles de bonheur et de générosité . Et puis , et puis , il y aura la découverte de ce secret de famille dont personne n'a jamais percé le mystère, un secret de famille qui , une fois révélé pourrait remettre bien des choses en question mais , je ne vous en dirai pas plus si ce n'est que ce livre m'a transporté, pas de pathos , pas de " monde des Bisounours " , des situations dramatiques ou amusantes , un livre de sagesse , de respect qui analyse avec finesse la complexité des relations familiales et les difficultés à faire face aux origines et à la quête d'identité .

Un roman qui , à n'en point douter , fera partie de mes meilleures lectures de l'année, cette satanée année 2020 qui nous a offert si peu sur le plan culturel .

Un premier roman délicat et poignant , une belle histoire , une réussite pour moi , mais , comme je vous le dis souvent , ce n' est là que mon modeste avis.
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Fuir l'Eden

L’Eden, ce n’est le paradis que pour les touristes et les gens aisés qui se pâment d’admiration pour un édifice classé « œuvre d’art » que l’on pourrait qualifier de cité verticale, immeuble de la banlieue londonienne que l’on peut « admirer » en couverture, où vivent des personnes en situation précaire, c’est ce que nous confie Adam, héros dans tous les sens du terme : héros qui subit depuis l’enfance, les humeurs d’un père alcoolique que sa femme a quitté en lui laissant la charge d’une famille qu’il ne semble pas vouloir assumer, héros qui essaie de s’en sortir, certainement pour pouvoir fuir l’Eden, mais plus encore pour protéger Lauren, sa jeune sœur et la sortir des griffes de son géniteur, celui qu’il appelle l’autre. Héros par son honnêteté, sa sincérité, son indéfectible amitié pour Ben, Pawel, Karolina, ses quelques amis.



On ne peut que s’attacher à ce personnage qui communique son mal-être, un personnage vrai qui se livre dans un récit sans longueur, un récit dans lequel transpire le brexit, la xénophobie ambiante, les inégalités, la crise économique, un récit dans lequel le malheur d’une famille en perdition est clairement exprimé.



Et puis Adam, c’est son prénom (Est-ce voulu de la part de l’auteur de nommer Adam, un personnage qui ne peut se sortir de l’Eden ?) Adam rencontre Eva dans des circonstances bien particulières, et il ne peut s’empêcher de se sentir attiré par cette jeune fille, qu’il découvrira plus aisée que lui. La suite, je n’en parlerai pas, la question qui subsistera sera celle des conditions de vie opposées, d’un destin qui peut facilement en décider autrement, car il est souvent difficile voire impossible de se dégager de ses origines, de son éducation, des habitudes qui nous façonnent et des chaînes qui nous retiennent.



Et pourtant Adam, comme ses amis sont bel et bien tournés vers l’avenir et montrent leur volonté de s’en sortir.



Excellent roman sur la précarité dans une société anglaise dont la situation n’est pas obligatoirement reluisante, un roman qui nous emmène bien loin du faste de la couronne.
Lien : http://1001ptitgateau.blogsp..
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Ceux que je suis

Un tout premier roman aussi lumineux , coloré que d'une simplicité

confondante... à l'image parfaitement en harmonie avec sa couverture

flamboyeusement épurée...



"Et puis il fallait gagner sa vie. L'université, c'était pas pour les manoeuvres. La bibliothèque non plus, mais Kabic avait été mordu par la passion de la lecture. Il ne s'est jamais laissé dissuader par les railleries des autres blouses grises à la cantine de l'usine. Pourtant, les commentaires fusaient tant et plus lorsqu'il sortait un livre et s'isolait dans un coin pendant

les quinze dernières minutes de la pause déjeuner. (...)

Lui qui a traversé la vie sans diplômes, sans carrière et sans le sou ; Diogène marocain échoué à Clichy. Il a pourtant guidé mes pas, ceux de mes frères et ceux de mes parents qui n'auraient jamais quitté leur destin si Kabic n'avait, le premier, creusé un sillon d'espoir vers la France." (p. 88)



Un passage magnifique qui donne bien le ton de ce premier roman plein de tendresse , de bienveillance et de leçons de vie positives... Un très beau roman... inspiré par l'histoire "vraie" survenue à un ami d'Olivier Dorchamps....

Un livre noté depuis sa parution, que j'ai enfin lu, avec enthousiasme... Un texte chaleureux qui fait du bien, qui m'a de plus, appris des éléments des traditions, usages marocains...



L'histoire est celle de trois frères adultes, assommés par la mort subite de leur père, d'origine marocaine, ayant vécu la majeure partie de son existence en France, qui a monté son garage, a trimé pour sa femme, ses trois fils, qui sont sa fierté. Ali, devenu avocat, son jumeau, Marwan,

prof d'histoire-géo (qui sera "notre" narrateur), et le cadet, Foued, encore à la Fac...

Les 3 frères seront bien perplexes quand ils apprendront que leur père souhaite être enterré au Maroc!



C'est Marwan qui a été choisi pour raccompagner la dépouille paternelle "au bled"... Les autres frères et la mère prendront la route.... pour le rejoindre !



Un récit très addictif, prenant.... sur les attachements qui nous construisent, qui "font" ce que nous devenons... sur les secrets de famille qui peuvent "miner" des générations durant...



"Comme souvent avec les secrets, ça a commencé par un incident incroyable, bien que banal à l'époque. Et comme souvent avec les secrets, on l'a enveloppé dans plusieurs couches de honte, et des vies entières, jusqu'à la mienne, en ont été tapissées." (p. 196)



Je ne raconterai pas plus, car il y a un vrai suspens... qui durera jusqu'à l'ultime moment de cette narration.



Une très bouleversante lecture qui fait un bien fou, pleine de respect, de tendresse pour les siens et les Anciens, ainsi qu'une ode convaincante à l'Amitié et à la Fraternité !



Récit habilement "simple", qui parle de la famille, du sentiment d'exil, de la nostalgie pour sa terre et celle de ses ancêtres !Il est également et inévitablement question de tous "nos" petits racismes "ordinaires" , de la notion bien complexe et ambiguë de "l'identité nationale"!!



Un immense MERCI à l'auteur...ainsi qu'à la qualité constante des choix littéraires des éditions Finitude !... J'allais oublier de noter la beauté du titre qui rend en si peu de mots la densité humaine de ce premier "roman"

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Ceux que je suis

"Avec "CEUX QUE JE SUIS" le franco britannique , exilé parisien à Londres depuis plus 20 ans, Olivier DORCHAMPS nous raconte une quête identitaire sur le rapport complexe aux origines.



En suivant nos pas dans ceux de Marwan, on découvre avec lui l'histoire de ses parents, de sa famille, de ses origines. Au fil des pages se dénouent les fils d'une histoire familiale dont ,le rapport au pays, soit la France ou le Maroc, est différent d'une génération à une autre .



Dans ce récit doux et sensible aux entrées multiples, il est question de double culture et de cet héritage familial qui fait de nous ce que l'on est ( d'où le titre) à travers un récit écrit avec une grande sensibilité et une simplicité donnant lieu à des scénes souvent savoureuses.



Olivier Dorchamps écrit avec des mots choisis cette subtile et profonde réflexion sur l'identité et ce qu'on reçoit des générations passées.



« Mon père ne s’était jamais fait naturaliser. Il disait qu’à la douane, que ce soit à Paris ou à Casa, il serait toujours un Marocain en exil, jamais un Français en vacances, alors à quoi bon ? »

Ceux que je suis est un roman aux entrées multiples. À la pudique chronique familiale sur le deuil s’ajoute une touchante évocation du déracinement et du rapport complexe aux origines.
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Fuir l'Eden

Fuir l'Eden, c'est une histoire à hauteur de l'adolescence. Olivier Dorchamps nous invite ici dans un roman social, sombre et lumineux.

Le personnage principal s'appelle Adam, il est anglais, a dix-sept ans. Il habite dans la banlieue de Londres, dans un immeuble de conception brutaliste devenu un monument historique classé, l'Eden, baptisé ainsi de manière cynique car on est bien loin ici de l'idée qu'on peut se faire d'un paradis.

Une violence extrême s'y déroule, violence dans l'architecture, violence dans l'âpreté d'un présent sans futur, violence de gangs... C'est une violence qui s'est même immiscé jusqu'à l'intérieur de l'appartement où vit Adam, seul avec sa soeur Lauren qui a cinq ans de moins que lui et son père qu'il nomme désormais l'autre, depuis que sa mère est partie, ne supportant plus les coups répétés du père lorsqu'il rentrait le soir, ivre et la battait... Un jour, ne supportant plus cette violence, leur mère est partie en Espagne, peut-être avec un autre homme, abandonnant sa famille vers un autre horizon...

Adam est sans doute devenu ainsi un père de substitution pour sa petite soeur Lauren, - une mère de substitution aussi, réinventant une sorte d'amour maternel pour pallier l'abandon, car l'autre n'existe plus sur le plan affectif, tandis que leur mère ne reviendra peut-être pas tout de suite... L'autre n'existe que par son alcoolisme et sa violence... Désormais c'est Adam qui prend des coups, protégeant sa soeur, pour qu'elle puisse survivre coûte que coûte...

Ce qui se passe dans le paysage quotidien d'Adam est d'une brutalité inouïe.

De l'autre côté de la voie ferrée tout près, règne un monde étrange, étranger, une vie qui lui paraît totalement inaccessible.

C'est le récit d'une enfance qui dit l'innocence piétinée à coups de poing.

On pourrait se dire que c'est un univers sans ciel, sans espoir, on pourrait se demander où Adam puise sa force pour tenir debout, mais cette histoire est peuplée aussi d'amitiés très fortes. Ben, Pat, des voyous, des petites frappes, mais aussi Claire femme devenue aveugle ayant perdu ses êtres chers dans un attentat de l'IRA, qui prend Adam sous son aile tandis que celui-ci vient régulièrement lui lire des romans d'aventures. C'est d'ailleurs cette femme qui représente pour lui dès le départ du récit ce trait d'union, cette passerelle avec le monde qui se tient de l'autre côté de la voie ferrée...

Ici l'amour est une quête. Adam trouve le sac à main d'une jeune fille sur le quai de la gare de Clapham Junction, qui délimite les deux territoires, le quartier pauvre où réside Adam et l'autre versant, qui semble quant à lui ressembler au vrai Eden. Adam a vu la fille qui a abandonné son sac devant lui, il se saisit de ce sac. À partir de cet instant, c'est une quête qui va animer le jeune garçon, une quête où peu à peu se révèle en lui dans cette innocence encore présente un sentiment amoureux, l'image d'une jeune fille de son âge qui a fui devant lui, peut-être par peur qu'il lui vole son sac à main, l'agresse. Elle est d'un autre monde, celui de l'autre côté de la voie ferrée.

Dans cette quête, la jeune fille devient un prénom, devient une lumière pour Adam qui vient vers elle avec sa fragilité, devient un chemin... Elle devient Eva...

L'amour est tout le temps présent, l'amour devenu idéal dans l'image fugitive de cette jeune femme, des bribes d'amour qu'il découvre cocassement par le poignet solidaire et généreux d'une coiffeuse, l'amour filial auprès de sa soeur, l'autre qui fut son père qu'il aima et qui n'est plus qu'une brute, une épave, sa mère qui apporta tant d'amour et qui elle non plus n'est plus là, les a abandonnés pour un autre paysage, oui l'amour est là traversant de part en part ce texte sobre, l'irradiant de ce désir de lumière.

Si ce récit est étreint par le désespoir, il ne fait jamais sombrer le lecteur dans la sensiblerie.

Dans ce roman social avec le brexit en toile de fond, j'ai forcément pensé aux films de Ken Loach...

J'ai aimé cette écriture à la fois sobre, fluide, terriblement humaine.

Dans ce récit construit avec de belles ellipses, il y a l'expression d'une difficulté à imaginer un ailleurs, un futur social autre que celui de ce quartier. Pourtant, l'espoir se terre dans les marges de ces pages, tient le texte, le fait vibrer.

Allez savoir pourquoi, j'ai eu envie de pleurer à deux endroits. Sur le bord d'un quai de gare, - pas celui auquel vous pensez -, et puis tout à la fin du roman, quittant Adam et son destin tout en devenir... Ce roman est bouleversant d'humanité.

Fuir l'Eden oui, mais surtout ne pas fuir ce récit qui vaut tant le détour.

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Fuir l'Eden

« La chance, mec, ça n’existe pas. Sauf pour ceux qui sont nés dedans et qui n’en font rien. Chez les pingouins comme nous, la première des chances c’est de ne pas finir en bouquet de fleurs sur le portail de l’Eden. Pour le reste, c’est toi qui décides. Soit t’apprends à nager, soit tu coules et tu pleurniches que c’est la faute à pas de chance. »  



Adam, 17 ans, aimerait bien la saisir cette chance. Mais au quotidien, « il est tiraillé, à mi-chemin entre l’angoisse et l’espoir. »

Angoisse pour Lauren, sa sœur de 14 ans, si fragile ; Angoisse pour sa mère qui les a abandonnés avec « l’autre », ce père désabusé, terriblement violent ; Angoisse enfin pour l’avenir, qui apparaît tellement sombre, quand on habite l’Eden avec un père brutal et alcoolique.

L’espoir existe pourtant, il s’appelle Ben et Pav, comme ses meilleurs amis ; il a le visage d’Eva qu’il vient de rencontrer sur le quai d’une gare. Il est porté par Claire, une professeure d’université aveugle à qui il fait la lecture et qui lui fait découvrir la littérature…

Mais l’espoir suffira t-il pour le sortir de sa condition, de ce fatras inextricable ?

Un merveilleux roman social, lumineux, émouvant. Une histoire d’amours (et d’amitiés). Et après Ceux que je suis, un deuxième essai réussi pour Olivier Dorchamps avec ce texte magnifique, où on oscille également perpétuellement entre angoisse et espoir.

Superbe 😍
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Ceux que je suis

Marwan est professeur d'histoire-géo. Peut-être est-ce sa double culture qui l'a conduit vers ce métier. Mais Marwan est Français et il le revendique encore et toujours devant l'ignorance ou la condescendance de ses collègues, amis, ou autres qui très souvent ne voient en lui que l'Arabe de souche.



« Je suis né en France. Je n'ai jamais vécu au Maroc. Je ne me sens pas Marocain. Et pourtant, où que je sois, en France ou au Maroc, je n'ai pas le choix de ma propre identité. Je ne suis jamais ce que je suis, je suis ce que les autres décident que je sois. »



Ses parents sont Marocains, de Casablanca, et ont émigré en France pour offrir à leur future famille toutes les chances d'avoir une enfance et une vie bien éloignées de la leur. En cela, ils ont parfaitement réussi, leurs trois garçons ont fait de brillantes études et ont trouvé leur place. Aussi quand le père décède, ils ne comprennent pas le voeu de celui-ci d'être enterré au Maroc, loin de sa famille. Marwan va alors accompagner son père pour un dernier voyage.



Un retour vers le Maroc, un retour aux sources, ou plutôt une découverte du Maroc que son père et ses grands-parents ont connu. Une redécouverte riche en souvenirs, en émotions, en compréhension d'un passé qu'aucun des enfants ne soupçonnait.

Un très beau roman qui sonne juste, qui ouvre les yeux sur des traditions et des comportements, sur l'amitié et l'amour, sur le sacrifice et le pardon.

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Fuir l'Eden

Le paradoxe est là : l’immeuble insalubre dans lequel vit Adam est classé monument historique et est la cible de groupes de touristes avides de folklore ! Pourtant, c’est loin d’être la fête et encore moins l’éden pour cet ado que sa mère a laissé aux prises d’un père violent, tentant jour après jour de protéger sa petite soeur .



Il ne baisse pas les bras, et ne cède pas à la facilité qui consisterait à rejoindre les bandes de dealers du quartier. Ses économies sont honnêtement gagnées, lors de ses séances de lecture auprès d’une vieille dame. Le réconfort qu’il lui apporte est non seulement lucratif mais source de sagesse.

Et puis, une rencontre fortuite sur les quais du métro, un éblouissement amoureux auraient pu lui faire entrevoir des lendemains plus sereins. Mais un nouveau drame en décidera autrement …



On s’attache rapidement à ce garçon blessé, héritier d’un vide à combler et d’une existence innocente à préserver, sans perdre la face et avec tout le mépris que lui inspire « l’autre ».





Cette chronique sociale, qui se déroule à Londres mais aurait tout aussi bien pu prendre place dans n’importe quelle banlieue déshéritée du monde occidental, s’appuie sur le charisme d’un personnage, imparfait mais pugnace et volontaire.



La localisation de l’intrigue outre-manche évite l’écueil des dialogues vernaculaires des quartiers, intéressant mais beaucoup lu ces dernières années), même si l’impact de l’accent est aussi là-bas un stigmate difficile à masquer et une signature des origines sociales qui classe immédiatement les individus.





Deuxième roman poignant et bien construit.



272 pages Finitude 3 mars 2022


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Fuir l'Eden

Qu’est-ce-que c’était bien…

Voici mon sentiment en refermant ce roman.

C’est étrange de ressentir cela alors que nous suivons Adam 17 ans, abandonné par sa mère, cohabitant avec un père violent, protégeant sa sœur ; tout cela dans une banlieue défavorisée.

Il y a de la précarité, des coups, une enfance abimée par l’absence d’une mère, de l’alcoolisme, des petits boulots pour survivre et de la stigmatisation.

Mais il y a aussi de la solidarité, le soutien des copains, quelques adultes qui portent un regard bienveillant sur le garçon, de la débrouillardise, le plaisir naissant de la lecture, un amour fraternel et l’espoir de l’amour tout court.

Le narrateur est Adam est le ton, souvent ironique malgré les difficultés, donne de la luminosité à cette noirceur.

Le style est fluide et parfaitement adapté au récit.

C’est poignant, émouvant et teinté d’espoir.

Alors oui, qu’est-ce-que c’était bien.

Merci à lecteurs.com et aux éditions Pocket pour cette découverte.

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Fuir l'Eden

Avec ce livre, j'ai découvert le « Brutalisme », une école architecturale qui s'est développée entre1950 et 1980 et qui se caractérise par un design froid et minimaliste et par l'utilisation de matériaux dit « brut » tel que le béton.

En effet la Trellick tower, à Londres, dite "l'Eden", est le cadre de ce roman (et l'illustration de couverture).

Photographiée par les touristes, cette tour se situe dans un quartier défavorisé de Londres et abrite des logements sociaux qui se sont dégradés au fil des années.



C'est ici que vivent trois adolescents, Pav le descendant d'immigrés polonais qui rêve d'argent et de filles faciles, Ben l'immigrant africain qui commence à se faire connaître dans le street art, et Adam, le narrateur.

Celui-ci vit avec son père alcoolique et violent et avec sa petite sœur, leur mère les ayant quittés il y a quelques années.

L'univers, pour ces trois-là, se limite aux frontières du quartier, tout les stigmatise, leur nom, leur look, leur manière de parler,...

Ils sont unis comme peuvent l'être des adolescents, mais peu à peu des failles apparaissent au moment des premiers amours.

Adam, notamment tombe amoureux d'une fille qui n'est pas du quartier et il est tiraillé entre ses amis qui tentent de l'aider, bien maladroitement, et son envie de cacher ses origines modestes.



Ce récit est vraiment un « roman d'apprentissage » avec toute la fragilité de cet période charnière, entre l'adolescence et l'âge adulte.

Cette difficulté est accentuée par ce sentiment d'appartenance à leur quartier-ghetto et leur désir violent d'en sortir.

La vie dans la périphérie de Londres est rarement abordée et j'ai trouvé qu'il y avait un petit côté « Ken Loach » dans ce récit à la fois sombre et vivifiant avec ses anecdotes amusantes et son ping-pong verbal.



Ce livre a failli être un coup de cœur mais j'ai été gênée par sa narration à la première personne.

En effet le flux de pensées du narrateur est écrit de manière très classique, élégante même, et il n'est pas adaptée à ce jeune qui peine à l'école et a du mal à perdre son accent de la banlieue, un récit à la troisième personne aurait été plus réaliste...



Ce livre est en lice pour le Prix du roman Cézam (réseau des comités d'entreprise) et fait partie, pour le moment, des préférés...



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Fuir l'Eden

Adam et Ève, version banlieue londonienne



Olivier Dorchamps nous régale à nouveau avec son second roman. L'auteur de Ceux que je suis nous entraîne cette fois dans la banlieue de Londres où un jeune homme tente de fuir la misère sociale et un père violent. Un parcours semé d'embûches et de belles rencontres.



Adam, le narrateur du second roman d'Olivier Dorchamps – qui nous avait ému avec Ceux que je suis –, va avoir dix-huit ans. Pour l'heure, il vit avec «L’autre», le nom qu’il donne à son père de trente-sept ans qui, à force de frapper son épouse, a réussi à la faire fuir sans qu'elle ne donne plus aucune nouvelle, et sa sœur Lauren. Ils habitent dans un appartement de la banlieue londonienne faisant partie d'un complexe pompeusement baptisé l'Eden et qui est aujourd'hui classé. Composé de deux bâtiments, "une tour et une barre, rattachées l’une à l’autre par une série de passerelles. La tour mesure quatre-vingt-dix-huit mètres de haut selon le panneau. Elle est aveugle, étroite et contient les ascenseurs, les canalisations et tous les trucs qui tombent régulièrement en panne. (...) L’Eden, à proprement parler, se déplie sur vingt-quatre étages et cent trente mètres de long." Dans cette cité cosmopolite, représentante du style brutaliste, qui a oubliée d'être rénovée, chacun essaie de s'en sortir comme il peut. Avec des trafics en tout genre ou un petit boulot.

Ce matin-là, à la gare de Clapham Junction - le plus gros nœud ferroviaire de Londres - la chance sourit à Adam. Au bord des voies, il croise le regard d'une jeune fille blonde et imagine qu'elle va se suicider. Il se précipite et ne parvient qu'à la faire fuir après avoir lâché son sac. Son copain polonais Pav, qui ne comprend pas vraiment pourquoi il a envie de la retrouver, va pourtant l'aider en découvrant le nom de la propriétaire: Eva Czerwinski.

Un tour par l'épicerie puis la paroisse polonaise et le tour est joué. Mais arrivés devant le domicile de la jeune fille, ils trouvent porte close. Avec les clés retrouvées dans le sac, ils s'introduisent chez elle et déposent le sac. Adam a le réflexe de laisser un message sur le téléphone et espère l'appel d'Eva.

C'est Claire, la vieille dame aveugle chez qui il travaille comme lecteur - un emploi mieux payé qu'au supermarché où il avait été embauché adolescent - qui l'encourage à ne pas baisser les bras, maintenant qu'il sait que son amour est la fille d'un couple d'architectes et qu'il n'a guère de chances d'intégrer son monde. Pourtant, le miracle se produit. Eva l'appelle et lui fixe un premier rendez-vous.

N'en disons pas davantage, de peur d'en dire trop. Soulignons plutôt qu'Olivier Dorchamps a parfaitement su rendre l'atmosphère à la fois très lourde de ce quartier et de cet embryon de famille et l'envie d'Adam de s'en extirper au plus vite avec Lauren. L'histoire d'Adam et Eva prend alors des allures de Roméo et Juliette, rebondissements et drame à la clé.

Le romancier qui vit à Londres réussit à faire d'Adam un héros touchant et tellement attachant que l'on veut voir réussir et ce d'autant plus que cela semble quasiment impossible. Si Fuir l'Eden se lit comme un thriller haletant, c'est aussi parce que le style est enlevé, l'humour délicat venant contrebalancer la brutalité domestique. Mais ce roman de la misère sociale est aussi un formidable chant d'amour et de liberté. Autant dire que l’on se réjouit déjà du troisième roman en gestation, s’il est comme celui-ci percutant, enlevé, magnifique!


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Ceux que je suis

Ils sont trois frères, français, né en France et connaissant peu le pays d'origine de leurs parents mais voilà, leur père vient de mourir et veut se faire enterrer au Maroc.

C'est Marwan qui l'accompagnera en avion ; les autres suivront en voiture avec leur mère.

Ce voyage, ce deuil va contraindre chacun à trouver sa place.

Il est, bien sûr, questions d'exil, de déracinement, d'espoir d'une vie meilleure et de chagrin.

D'une plume juste et élégante, Olivier Dorchamps conte les difficultés à se comprendre, les clichés, les non-dits et un secret de famille.

Il est finalement surtout questions de solidarité, de tolérance, d'amitié et d'amour.

Les personnages sont franchement attachants.

Un roman tout en subtilité et émouvant.

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Ceux que je suis

Olivier Dorchamps nous offre une histoire touchante. Comment ne pas s'émouvoir de l'histoire de Marwan, sa famille. À la lecture de ce roman on touche du doigt, grâce à l'élégance de l'écriture de l'auteur, la difficulté d'être né quelque part ailleurs que sur la terre de ses aïeux.



La difficulté de se sentir chez soi, compris, aimé pour qui on est. Celle de comprendre des parents déracinés, nostalgiques d'une terre que certains ne reverront jamais.

Même si Marwan ne comprend pas le souhait de son père d'être inhumé au Maroc, qu'il a quitté des décennies plus tôt, par devoir et respect, il va se conformer aux dernières volontés de son père.



Marwan découvre d'où il vient vraiment à la mort de son père. Cette découverte va le bouleverser, lui permettre de comprendre ce père qu'il croyait connaître, avec le récit de son ami de toujours. Les secrets du passé lui content ce qu'il ne lui a jamais dit. Un voyage initiatique pour savoir quelle sera sa place désormais.



On l'aime Marwan avec ses difficultés d'entre deux mondes. Celui de cette famille marocaine qu'il croise en touriste ; celui de la banlieue de son père garagiste, bosseur, usé d'avoir travaillé à l'avenir de ses enfants, le coeur accroché à ses origines.



Un roman tendre et rude à la fois illustrée par une plume sensible et juste.
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Fuir l'Eden

Adam, 17 ans, vit avec sa petite sœur et l'Autre, son père, dans une tour de Londres ironiquement nommée l'Eden. Chef d'oeuvre architectural du brutalisme, elle est souvent photographiée par les gens qui n'y habitent pas. En réalité, l'Eden accueille en son sein beaucoup de misère et les conditions de vie sont dures : pauvreté, chômage, violence, alcoolisme. Chacun survit comme il le peut dans ce purgatoire.



La famille d'Adam n'y échappe pas. Le père est brutal et alcoolique mais l'ado reste pour s'occuper de sa petite sœur qu'il protège et dont il s'occupe en travaillant à l'épicerie. Leur mère est partie il y a 8 ans après avoir reçu des coups et ses enfants doivent vivre avec ce manque et cet abandon.



Pourquoi leur mère a-t-elle disparu ? Va-t-elle revenir ? Adam et sa sœur vont-ils fuir l'Eden ?



Un roman social à la Ken Loach nous donnant à voir le Londres pauvre contemporain. Derrière sa noirceur, le texte est lumineux et plein d'espoir. Adam fait tout pour s'en sortir et provoque l'empathie.



Olivier Dorchamps nous offre, sous la forme d'un récit initiatique, une réflexion sur la classe sociale, la difficulté de s'en extraire et nous rappelle que les livres, ainsi que les amis et les belles rencontres, nous tirent toujours vers le haut.



Un bien beau roman, touchant et d'une grande justesse. L'auteur traite ses personnages avec gentillesse et c'est plaisant.

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Ceux que je suis

Des racines profondément enfouies



Dans un premier roman à l’intensité dramatique croissante, Olivier Dorchamps nous entraîne au Maroc, sur les pas d’un fils accompagnant le cercueil de son père. L’occasion de (re)découvrir sa famille.



Marwan est un peu fatigué. Il rentre de vacances au Portugal et doit préparer la rentrée. C’est la première fois que ce prof d’histoire-géo aura des élèves de terminale. Il est aussi perturbé par l’annonce que lui fait Capucine, sa compagne: «on se sépare. Elle a dit on, comme quand elle lançait et si on allait au cinéma, ce soir? ou bien on devrait se faire un petit week-end à Barcelone ou encore on n’est pas allé au resto depuis des semaines. Puis le sempiternel on n’est pas fait l’un pour l’autre, tu comprends? a guillotiné tout espoir, alors j’ai répondu d’accord.» Aussi quand sa mère lui demande de passer voir son père qui ne se sent pas très bien, il préfère renoncer. Quand il se réveille le lendemain matin, un message de son frère lui annonce qu’il est décédé.

Culpabilisant un peu, il se rend au chevet du défunt, dans l’appartement de Clichy qu’il partageait avec son épouse et où il retrouve toute la famille, son frère jumeau Ali avec son épouse Bérangère et son jeune frère Foued. En état de sidération, il ne réalise pas vraiment qu’il ne verra désormais plus son père. Il ne réagira pas non plus quand sa mère lui demande ce qu’elle va devenir. Un silence pesant s’installe alors. Ce n’est que lorsque Madame El Assadi, une voisine qui attend sagement devant la porte pour rendre un dernier hommage à son ami, lui fait remarquer que Tarek allait désormais lui manquer qu’il prend conscience du drame, qu’il comprend qu’à lui aussi, il va manquer: «On m’a enlevé une partie de moi-même, une partie que je ne retrouverai jamais. Il n’est plus là. II ne reste que l’absence. Et désormais nos vies passeront sans lui. Finalement grandir c’est ça; c’est perdre des morceaux de soi.»

Quand sa mère lui apprend que sa dernière volonté était d’être enterré au Maroc, il encaisse un nouveau choc. D’autant qu’il a été choisi pour convoyer la dépouille. Lui qui n’a jamais vécu au Maroc, qui ne parle pas très bien l’arabe, ne comprend pas cette décision qui va empêcher ses proches de se rendre souvent sur sa tombe.

Mais il entend respecter la parole de son père et s’envole avec son oncle Kabic vers Casablanca.

Ce dernier va profiter de l’occasion pour lui raconter l’histoire de la famille, celle de ses grands-parents, lui dire «des choses que même son père ne lui a jamais dites». Né en France, il va comprendre alors qu’il ne doit pas occulter ce passé s’il veut trouver sa vraie identité. «Je ne me sens pas marocain. Et pourtant, où que je sois, en France ou au Maroc, je n’ai pas le choix de ma propre identité. Je ne suis jamais ce que je suis, je suis ce que les autres décident que je sois.» 

Olivier Dorchamps a construit son premier roman en ajoutant chapitre après chapitre davantage d’intensité dramatique jusqu’à l’épilogue et la révélation des secrets de famille restés jusque-là profondément enfouis.

Roman sur l’exil et sur la recherche de son identité, Ceux que je suis est aussi un bel hommage à la famille et aux valeurs qu’elle peut parvenir à transcender au-delà des frontières et au-delà de la mort.






Lien : https://collectiondelivres.w..
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Fuir l'Eden

Excellent titre

L’Eden c’ est peut-être un paradis pour touristes : un vieux bâtiment dans la banlieue de Londres classé monument historique et, donc , lieu prisé par les touristes tout heureux de découvrir les quartiers populaires et leurs merveilleuses architectures

Le problème c’est que ce n’est pas un bâtiment désaffecté et qu’il y’a toujours les mêmes déshérités qui y habitent

Le héros, c’est Adam , tout un symbole

Comme tous les autres , une idée fixe: fuir , partir , découvrir le monde , sortir du ghetto

Je ne divulgue pas l’histoire ,assez classique : un père alcoolique, une mère partie sans laisser d’adresse . Bien sûr , les potes de l’immeuble, la petite sœur qu’on veut protéger

Rien de nouveau, me direz-vous.Des images qu’on regarde avec une certaine indifférence, peu importe le pays

Détrompez vous car Olivier Dorchamps a du talent

Loin de tout misérabilisme, il insuffle à ce roman une joie de vivre , communicative.

Plutôt que de s’apesantir sur la vraie misère au quotidien , il préfère nous parler de rêves , de projets , d’amour aussi

En ressors un fonds d’optimisme au milieu de toute cette détresse

Loin des clichés, une bouffée de fraîcheur , une façon de nous dire de façon élégante ,même au milieu de la pauvreté, de la drogue et de la haine, qu’il faut garder l’espoir

Très beau livre sur un sujet difficile
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Fuir l'Eden

Adam, le narrateur, vit dans une cité de Londres, dans une tour appelée « Eden » qui se voulait à l’architecture avant-gardiste issue du « brutalisme ». Mais seule cette image est restée que viennent photographier les classes plus aisées tandis que la réalité est plus brute, justement, plus amère, ressemblant plus à un ghetto dans lequel, faute de mieux, habitent et se côtoient des familles populaires. Et l’Eden est devenu presque l’enfer que tous aimeraient fuir.

Adam est un jeune homme de 17 ans, qui a perdu sa mère alors qu’il avait 9 ans. Sa sœur Lauren, plus jeune, n’a plus beaucoup de souvenir d’elle. Cette mère était une mère courageuse, s’occupant de ses enfants, travaillant comme caissière dans un petit supermarché, même s’il fallait pour cela passer des heures dans les transports. Son conjoint était à l’époque (et l’est encore) de la pire espèce, alcoolique et violent.

Leur mère les a quittés un matin. Depuis, le jeune homme essaye de garder en mémoire la plus belle des images d’elle et de ne pas lui en vouloir de les avoir laissés seuls avec ‘l’autre’.



Quand on est jeune, lorsqu’on sait que les codes de la pauvreté nous collent à la peau (tenue, langage, habitus…) et qu’on n’a pas trop d’espoir de sortir de sa condition sociale, y’a de quoi trainer un blues, un fatalisme, une colère contre la vie et le système … Adam tient parce qu’il y a sa petite sœur dont il s’occupe comme il peut. Et aussi par la présence de ses 2 bons amis Pav et Ben (ce dernier commençant à se faire un nom dans le milieu du Street Art), et Claire, aveugle, à qui il fait la lecture plusieurs fois par semaine. Claire, c’est un peu son premier pas dans l’autre monde. Grâce à elle, peu à peu il apprend, se cultive, s’éduque, intègre de nouveaux codes sociaux…

Un matin, alors qu’il est à la gare, Adam croise une jeune femme Eva, qu’il croit sauver d’une tentative de suicide. Attirance pour elle mais aussi choc des cultures, peur de l’image qu’il peut renvoyer, d’autant que cette jeune femme appartient à une famille d’un milieu plus favorisé.

Bien sûr, on pense aux Adam et Eve contemporains, Eva qui, peut-être, par sa seule présence pourrait permettre à Adam de quitter l’Eden. Le lecteur découvre la vie de cet adolescent à ce moment charnière où Adam va croquer le fruit de l’arbre de la connaissance…



Ce roman c’est une plongée dans la jeunesse des banlieues. L’auteur d’origine franco-britannique dresse un tableau du quotidien de cette jeunesse londonienne, souvent âpre, parfois violent, mais aussi empli d’espoir (et qu’on pourrait transposer dans n’importe quelle grande banlieue occidentale). A travers une histoire d’amour, il porte un regard social et même sociologique sur cette jeunesse. Regard sur les clivages entre classes sociales, sur ces jeunes qui veulent s’en sortir. Mais c’est aussi le regard qu’on peut avoir sur soi-même, sur les autres et notre relation aux autres. Les murs qu’on s’érige par manque de confiance en soi, par cette dépréciation notamment inhérente de la distinction sociale.



Tout au long du roman, on a plaisir à suivre Adam, jeune homme sensible, courageux, lucide, et résiliant. Il arrive souvent à provoquer en nous intérêts et émotions. Si on l’apprécie, on s’attache à lui, c’est peut-être du fait de ses fragilités, parce qu’il n’est pas un homme super-héros, mais juste comme un peu chacun de nous.

Par l’attachement du lecteur pour Adam, l’écriture sensible et réaliste mais aussi les quelques effets de surprises ou évènements qu’amène l’auteur, « Fuir l’Eden » d’Olivier Dorchamps se révèle être un très bon roman contemporain. Un roman que j’ai lu très rapidement tant le plaisir était grand...

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Ceux que je suis

Très beau premier roman de ce jeune auteur, avocat franco-britannique, qui nous emmène dans le Maroc actuel.

Marwan, le héros de l'histoire vient d'une famille marocaine qui s'est installée à Clichy dans les années soixante. Le père de Marwan a monté un garage qui marche plutôt bien.



Lorsque celui-ci décède brutalement à l'âge de cinquante-quatre ans, une grande surprise attend cette famille qui s'est toujours souciée beaucoup de son intégration dans la société française. Le père décédé avait demandé dans ses dernières volontés à être enterré au Maroc, à Casablanca. Et c'est Marwan qui est désigné pour accompagner le corps.



Marwan, pourquoi lui plutôt que l'un de ses deux autres frères? Ali qui a francisé son nom en Alexandre pour le travail est un brillant avocat qui a plutôt tendance à "gommer" ses racines, Fouad le frère plus jeune intervient peu dans la question. Marwan qui est professeur agrégé d'histoire-géographie va devoir demander un congé à son proviseur quelque peu récalcitrant pour pouvoir effectuer les formalités sur place.



Ce périple inattendu va permettre à Marwan de redécouvrir le pays de ses origines et cette quête des racines va être l'élément le plus intéressant du livre.

Ce qui est bien rendu, c'est la difficulté pour le héros d'appréhender ce pays qu'il connaît somme toute assez mal, ne parlant ni l'arabe ni le berbère.

La communication avec sa grand-mère Mi Lalla va être souvent difficile du fait du problème de la langue.

Marwan, en enquêtant sur la vie de son père avant sa venue en France et les raisons qui l'ont poussé à quitter le Maroc, va être confronté à un secret de famille particulièrement douloureux.



Un très beau livre tout en finesse qui nous livre un tableau très attachant d'une famille issue des minorités et qui trouve sa place dans notre société.

C'est très positif et c'est ce genre de livres qui permet de rester optimiste....





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