Citations de Patrice Gain (402)
Ma seule arme, c'est la pique de mon violoncelle. Quant au courage, j'en ai juste la quantité nécessaire pour affronter un public.
Le gars avait un visage émacié et torturé. Une infirmité pénible à regarder, sauf pour Luna qui disait que la beauté et la laideur étaient comme le yin et le yang. Que les deux finissaient par se rejoindre et ne faire qu'un. Fallait toujours qu'elle sorte des trucs à contre-courant de ce que pense le commun des mortels.
- La vie a fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui.
- Pas la vie, Clarissa, les hommes. Ce sont eux qui nous construisent ou nous démolissent. Les meilleurs côtoient les pires, c'est ainsi.
Nous avons survolé des forêts inhospitalières et des bras de mer qui s’enfonçaient loin dans les terres. Après une vingtaine de minutes, l’hélicoptère a décrit un cercle au-dessus d’une maison au toit vert. On ne distinguait aucune autre habitation aux alentours. Il y avait là toute la quintessence de ce qui m’angoissait ; le genre d’endroit où le voisin le plus proche est le bon Dieu. Je tiens cette expression de ma mère. Elle savait de quoi elle parlait. Ma mère est née dans une ferme des plaines de l’Ohio.
L'environnement forge les hommes.
Le ciel était d'encre. La mer écumante. Le vent sibérien s'engouffrait dans ma capuche et tonnait sa sauvagerie.
On ne refait pas sa vie, on la poursuit, avec d'autres horizons parfois, d'autres personnes souvent, mais on n'efface pas le passé. Une vie n'est que l'empilement de tout un fatras de choses, bonnes ou mauvaises, goûteuses ou fades, et la dernière que l'on pose sur le tas fait s'écrouler l'ensemble et elle s'arrête là.
- ...pour dire les choses franchement, la toundra est devenue un champ de mines et on a le cul posé dessus.
- Tu veux dire qu'on est en danger?
- Tout est dangereux par ici, mais le vrai danger du méthane, c'est que c'est un gaz à effet de serre vingt fois plus puissant que le CO2. Un puissant accélérateur pour le réchauffement climatique.
Autrefois, en Yougoslavie, nous cohabitions tous ensemble, chrétiens, musulmans, orthodoxes, et maintenant chacun d’entre nous n’est plus que la somme de ses haines, de ses désirs de vengeance et de ses peurs.
Il m’est venu à l’esprit que le végétal est plus rationnel que l’homme. Pourquoi chercher à se reproduire quand les conditions propices à une existence viable et un minimum sereine ne sont pas réunies ?
Ce n'est pas une absence, mais une intense présence qui dit de nous ce que nous ne voulons pas voir, pas savoir.
Cette nuit-là, j’avais entendu une chouette. Il n’y avait plus d’électricité. Je ne m’étais pas encore habitué à ma solitude. Je l’apprivoisais la journée, elle me mordait à la nuit tombée.
-La nuit a été bonne, David?
-Courte et encombrée de mauvais rêves.
-Il ne faut pas s'attendrir sur soi-même. Chacun d'entre nous est maître de son destin. Je chasse les fantômes comme je chasse l'ours, l'élan où les emmerdeurs: sans pitié.
-Je ne suis pas chasseur.
Dans la seconde, j'ai senti la terre vibrer et un éclair fauve a traversé l'espace.
C'était étrange de naviguer dans cette ambiance vespérale, d'avancer entre des murs sombres, ballotés sur un radeau à la couleur dissonante, qui s'affaissait à l'avant droit et embarquait des paquets d'une eau trouble.
-La vie fait de nous ce que nous sommes aujourd'hui.
-Pas la vie, Clarissa, les hommes. Ce sont eux qui nous construisent ou nous démolissent. Les meilleurs côtoient les pires. C'est ainsi.
« Nous avons laissé le bateau dériver. Il tournait sur lui- même pour fêter le retour du soleil . Les parois calcaires étaient de plus en plus impressionnantes . Des monolithes, accueillant un pin noir sur leur sommet, se détachaient dans les voiles de brume déchirée , telles des estampes japonaises. Nous pouvions déjà ressentir la chaleur des rayons sur nos combinaisons » ….
Elle m'a regardée avec ces yeux qu'ont les phoques quand ils sortent la tête d'un trou d'eau libre, un regard doux et humide mais pétillant de vie.
Une lune pâle s'est installée haut dans le ciel. Près de la berge, mon regard a été attiré par des bruits d'eau. Des loutres flottaient sur le dos en croquant un poisson. Elles étaient nombreuses, peut-être une dizaine, drapées de varech. Des petits dormaient sur le ventre de leur mère, insouciants. J'ai fermé les yeux. Ce monde est vraiment étrange. Il cache sa violence derrière des scènes attendrissantes, des animaux à l'allure débonnaire et un calme apparent. C'est ce qui fait sa force. J'avais çà en tête : une nature traîtresse. je me demandai combien de temps j'allais pouvoir tenir et quels types de combats j'allais encore devoir livrer.
-Il y a un village où je pourrais réparer?
-Kluane Wilderness est à une trentaine de kilomètres d'ici, droit devant. P't être bien que le vieux Buddy pourra vous aider. C'est dans ma direction. On peut dire qu'vous avez d'la chance.
C'est surprenant comme les gens évaluent cette notion sur le dernier événement en occultant totalement les précédents. Il y a du bon sens là-dedans, c'est parfois pratique d'avoir la mémoire courte. Ça explique aussi probablement comment nous en venons à élire de sombres crétins et parfois même à les réélire.