Ce roman débute avec une présentation de Tom, un peu comme JP Jeunet présente son Amélie Poulain, ça m'a fait le même effet entre drôlerie et grande tendresse ; le livre entier respire la même joie de vivre que le film. C'est léger, tendre, décalé, drôle, néanmoins, les thèmes de la différence, de la difficulté de s'intégrer dans la société sont très présents. Ils le sont pour Tom bien sûr ou pour Palma, une jeune fille elle-même isolée tant par sa personnalité que par son milieu social défavorisé que par son ascendance directe d'immigrés portugais -une histoire de nos jours ferait d'elle sans doute une Fatima ou une Yasmina. Ils le sont également pour Pauline, femme au foyer dans les années 60 dans lesquelles elles viennent tout juste de gagner leur droit à travailler, à gérer leurs biens et à ouvrir un compte en banque (réforme du régime matrimonial de 1965 !) qui rêve de sortir de chez elle et de travailler. Le couple subira quelques tourments suite à cette décision, à l'incompréhension de Serge et à sa chute professionnelle en même temps que l'ascension de Pauline. Tom, en Super Héros qu'il est voit et entend tout cela. C'est alors qu'il va tout faire pour tenter d'arranger les choses autour de lui, c'est sa mission en tant Tom L'Éclair.
Il est bath Tom, je l'aime bien, c'est un personnage que le lecteur aura du mal à oublier. A petites touches, Paul Vacca nous décrit son isolement, ses rites, ne dit jamais le mot d'autisme, mais on le comprend très vite (même si comme moi, vous ne lisez que rarement les quatrièmes de couvertures), il nous écrit son quotidien, ses relations aux autres, la société de 1968 en grand chamboulement, le progrès technique déboule en masse dans les maisons, les moeurs évoluent. Et puis, quel plaisir de ne pas avoir à toutes les pages des envois de textos, des courriels, des appels en pleine rue...
Un roman bourré de charme, rafraîchissant à mettre entre toutes les mains, un pur moment de bonne humeur. Je ne vais pas rajouter d'adjectifs, j'aurais pu avec un dictionnaire des synonymes : adorable, élégant, séduisant, gai, plaisant... (ah si je l'ai fait), franchement, croyez-moi sur parole, c'est un livre pour vous, je le sens, je le sais. J'ai pu lire déjà que certains lui reprochaient une fin un peu ratée, parce que pas crédible, je m'insurge car le parti-pris de ce genre d'œuvres, tant littéraires que cinématographiques, c'est d'avoir une happy-end : imagine-t-on Amélie Poulain vivre sous les ponts et mourir dans d'atroces souffrances ? Non bien sûr ! Alors, vive Tom L'Éclair.
J'ai tout lu (enfin presque) de Paul Vacca :La petite cloche au son grêle, Nueva Königsberg, La société du hold up, et j'ai tout aimé, et vous le constatez, je continue à tout aimer.
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