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Critiques de Philippa Gregory (482)
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La sorcière de Sealsea

1648 : la guerre civile fait rage en Angleterre, opposant les royalistes regroupés autour de Charles 1er avec le soutien catholique écossais et les forces parlementaires menées par le puritain Oliver Cromwell. Sur l’île de Sealsea reliée à la côte sud du pays par une chaussée submersible et un bac, l’on observe de loin les évènements, sans se laisser distraire des dures conditions de la pêche et des travaux agricoles, auxquels l’on s’échine au rythme des marées qui régentent ce coin de terre marécageuse hanté par les moustiques, les fièvres et les superstitions.





Alinor y vit très pauvrement avec ses deux enfants, usant de ses talents de guérisseuse et d’accoucheuse transmis de mère en fille depuis des générations pour compléter ses seuls maigres revenus de journalière agricole depuis la disparition inexpliquée de son mari. Sa situation est d’autant plus précaire, que, ne pouvant se prétendre veuve, son indépendance, qui plus est assise sur ce qui dans l’esprit des villageois s’apparente à de la sorcellerie, rend sa moralité suspecte. Alors, quand, ayant secrètement secouru un noble catholique venu en mission à l’ancien évêché de Sealsea pour y comploter en faveur du roi, elle en tombe amoureuse et en obtient quelques coups de pouce améliorant trop visiblement son destin, jalousies et rivalités ne tardent pas à enflammer contre elle les esprits déjà échauffés...





L’intrigue est extrêmement romanesque et la romance assez improbable. Pourtant, l’on se laisse emporter avec le plus grand plaisir dans cette vaste fresque, dont les plus de six cents pages laissent le temps de si bien s’attacher aux personnages et de tant s’imprégner de son atmosphère que l’on n’en achève la lecture qu’à regret. Philippa Gregory prouve une fois de plus son talent de conteuse, qui, déployé à partir d’un sérieux travail d’imprégnation historique, lui permet, au fil d’une narration précise et rythmée, de nous transporter à une époque qu’elle excelle à faire revivre de manière réaliste et crédible, et en un lieu – l’île de Selsey, près de Chichester, où elle a elle-même vécu quelque temps – dont elle réussit à nous ensorceler.





Habituée des biographies romancées de personnages historiques, l’auteur inaugure ici une nouvelle série de romans, qui, commencée au temps de la guerre civile anglaise, se poursuivra pendant la Restauration, les Lumières et l’Empire, en une longue saga familiale s’employant à mettre en lumière le destin de tous ces gens trop ordinaires pour retenir habituellement l’attention des historiens. L’on attendra donc avec impatience la suite de cette épopée, qui, au travers de figures comme Alinor, déterminée à trouver sa voie à une époque où les femmes ne comptaient pas et risquaient opprobre et persécution lorsqu’elles sortaient du rang, continuera à rendre hommage à toutes celles qui ont pavé le long chemin de l’amélioration de la condition féminine.


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Deux soeurs pour un roi

5 étoiles pour cette romance historique, c'est un peu cher payé, peut-être ?



Eh bien, non, j'ai adoré. Que dis-je j'ai dévoré ce roman !

Peu importe si la réalité historique fut autre, peu importe si le caractère des donzelles - les soeurs Boleyn - est sans doute exagéré, je me suis littéralement transportée à la Cour du roi d'Angleterre Henry VIII. Avec délectation, et sans remords ni honte, je n'ai perdu aucune miette des émois des courtisanes, des déceptions des unes, des espérances des autres, des complots ourdis par les pères et oncles de grande famille, des manigances pour plaire au roi, des coups bas et des finauderies ...



J'avais également beaucoup aimé la série Les Tudors qui est librement adaptée de la réalité historique, tel le roman. Cependant, le roman de Philippa Gregory se centre beaucoup plus sur les personnages féminins, leurs convoitises et penchants amoureux.

Dans mon souvenir, le personnage d'Ann Boleyn, porté magnifiquement à l'écran par Nathalie Dormer, occultait tous les autres personnages féminins.

Philippa Gregory a fait un choix différent : mettre en avant Mary Boleyn, la sœur de la si scandaleuse Ann. D'ailleurs, le roman a pour titre : The Other Boleyn Girl, qui correspond nettement mieux au roman en comparaison à celui de la traduction française.

Mary apparait au début du roman comme une oie blanche. Elle m'a agacé plus d'une fois par sa niaiserie et son manque de mordant. A côté de sa soeur Ann, charmante, piquante, ambitieuse et ne reculant devant rien ( une Scarlett O'Hara en puissance !) , Mary faisait bien pâle figure...

Mais, dans ce roman, c'est elle la narratrice...C'est elle qui racontera l'histoire à sa façon, qui finira par séduire les lecteurs et qui ne manquera pas de les rallier à sa cause.





Une lecture exquise pour les vacances !







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La dernière Reine

Je découvre la plume de Philipa Grégory avec La Dernière Reine, qui évoque les quelques années où Catherine Parr a été l'épouse d'Henri VIII (de 1543 à 1547).



C'est un récit à la première personne qui rend l’héroïne, un grand personnage historique, plus proche de nous. Cela retranscrit bien aussi l'ambivalence de sa position à la fois prestigieuse et dangereuse. Prestigieuse parce qu'elle est l'épouse d'un grand roi et la reine d'un grand royaume dont elle sera aussi la régente ; et dangereuse puisque quatre des cinq épouses qui l'ont précédée sont mortes, de manière plus ou moins directe, à cause du roi.



Le roman reflète aussi toute la complexité des sentiments de Catherine Parr pour Henri VIII, dont elle n'a pas pu refuser la demande en mariage : dégoût pour l'homme vieillissant à la jambe purulente, tendresse pour l'époux attentionné, respect pour le monarque et chef de l'Eglise anglicane, méfiance envers le roi mégalomane et versatile,...



J'ai beaucoup appris sur la sixième et dernière reine d'Henri VIII, mais j'ai aussi trouvé qu'il y avait des longueurs : les discussions qui se répètent sur la Réforme (la grande question de l’époque, c'est vrai, mais...), le perpétuel numéro d'équilibriste pour sauvegarder sa vie face à un roi versatile et des courtisans prêts à tout pour plaire au souverain et gagner en influence.



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La sorcière de Sealsea

En 1648 en Angleterre, Charles 1er est en désaccord avec le parlement et Cromwell , il s'enfuit sur l'ile de Wight. Il cherche une alliance militaire avec l'Ecosse qui va se solder par un échec. Il sera arrêté et emprisonné avant d'être jugé et exécuté.

Alinor est une guérisseuse et sage femme, elle vit très precairement au bord d'un marais sur la petite île de Sealsea, son mari l'a abandonnée après avoir fait courir le bruit qu'elle était une sorcière.

James Sutter est envoyé depuis la France pour faire évader le roi. Il rencontre Alinor qui n'est pas du tout de son milieu, James est là sous un faux nom mais il est issu d'une famille noble et riche. Entre eux, va naître un amour impossible et dangereux, vu l'époque, car Alinor est toujours mariée.

Alinor est un personnage intéressant dans cette histoire, elle se débat dans une époque où tout est contre elle. Elle est sur le fil du rasoir. C'est une belle femme ce qui attise la jalousie de ses voisines. Elle manie les plantes, elle est soupçonnée de sorcellerie. Elle est amoureuse d'un autre homme et les mœurs de l'époque ne lui en donne pas le droit. Son mari est parti, c'est qu'il y a des raisons...

Philippa Gregory dépeint très bien l'atmosphère de l'époque, les croyances, les superstitions, le poids de l'église... On voit qu'il n'en faut pas beaucoup, une étincelle pour que les cerveaux s'enflamment et crient "harro sur la sorcière".

L'auteure mêle habilement la petite et la grande histoire. Ce roman est le premier d'une nouvelle série. Donc j'attends avec impatience la suite.
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La dernière Reine

C'est le troisième roman de la série "Tudor Court" de Philippa Gregory que je lis et j'avoue que je suis vraiment bluffée à chaque fois.

Chaque roman est dédié à une ( ou des ) narratrice différente et cela suffit à lui donner son caractère propre.

Mary Boleyn avait soufflé une fragrance de romance teinté de tragédie et de trahison.

Anne de Clèves, la sérieuse, avait apporté une note plus politique, Jane Boleyn, la jalouse, une envie de vengeance et Catherine Howard, la charmante ingénue, un parfum voluptueux et capiteux.



Avec La Dernière Reine, Catherine Parr, le ton donné se veut plus pédagogue et réfléchi.

Cette dernière n'en est pas à ses premières noces et semble plus aguerrie que les cinq épouses d'Henri VIII qui l'ont précédée dans la couche royale. Femme habile et instruite, elle saura plaire au roi à sa manière et sera la première à rassembler les trois enfants du roi à la Cour.

Pour autant, la vie auprès d'Henri VIII, homme aigri, devenu obèse, vieillissant et pourrissant n'est pas de tout repos.

Il convient de surveiller ses arrières, de ne laisser aucune trace compromettante, et même de s'avilir face à ce roi aux allures de Barbe Bleue.



A l'instar des deux précédents, j'ai beaucoup aimé ce tome. Il est très instructif sur les derniers moments de la vie d'Henri VIII, cet homme érudit, épicurien, charmeur mais également si versatile, colérique et dénué d'empathie. Ce roman donne aussi un éclairage fort intéressant sur la Réforme anglaise et les différents clivages religieux qui en résultent.



le glas sonne pour ce roi tyrannique et annonce d'ores et déjà un héritage compliqué qui ne manquera pas d'attirer les vautours.



Suite au prochain numéro avec Reines de sang !

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Deux soeurs pour un roi

Le puissant roi d'Angleterre Henri VIII usa six épouses, dont deux périrent décapitées sur son ordre. À la couleur près - il était d'un roux flamboyant - nul doute qu'il contribua à la légende de Barbe bleue !



« Deux sœurs pour un Roi » débute en 1521 et s'intéresse à la première partie de son règne, au temps de sa splendeur, et s'achève en 1536 sur l'avènement de sa troisième épouse, Jane Seymour. Les deux sœurs en titre du livre sont Marie et Anne Boleyn. Marie, "blonde et anglaise", fut une de ses premières maîtresses, avec qui il aurait eu des enfants naturels. Anne, "brune et française", devint sa seconde épouse, après l'annulation de son mariage avec Catherine d'Aragon. Ce qui fait l'originalité de cette histoire, c'est qu'elle nous est contée de l'intérieur par Marie, « The Other Boleyn Girl », la plus méconnue des deux sœurs Boleyn.



D'emblée, ce roman historique m'a conquise car il est très bien écrit et extrêmement réaliste. Philippa Gregory a un don pour mettre en scène et rendre proches ses personnages. Certes, elle prend délibérément des libertés avec l'Histoire, mais c'est pour mieux servir l'aspect intime et féminin du récit. Le résultat est passionnant et beaucoup plus subtil, je trouve, que les séries racoleuses à grand spectacle sur les Tudors. Les luttes d'influence entre les grandes familles qui cherchent à placer leurs filles dans la couche du souverain pour renforcer leur pouvoir sont très bien rendues. On découvre aussi comment la petite histoire fait la grande. Par exemple, le stratagème dont use Henri pour invalider son premier mariage le conduira à rompre avec Rome pour créer l'Eglise anglicane.



Faveurs, disgrâces, amours et trahisons, violence physique et psychologique... Ce roi à l'égo démesuré, véritable ogre du XVIe siècle, nourrit une formidable œuvre de fiction qui appelle naturellement à lire la suite, intitulée « L'Héritage Boleyn ».
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La reine à la rose rouge

Dans ce second tome de la saga des Plantagenêts et des Tudor, nous suivons Marguerite Beaufort, se mariant en seconde noce avec Edmond Tudor. De cette union va naître Henri Tudor, futur Henri VII.



Une fois de plus, Philippa Gregory nous emmène dans les intrigues de la cour d’Angleterre et dans la guerre des deux roses. Marguerite est une jeune fille pieuse, qui souhaite vouer sa vie au seigneur comme Abbesse, et pense être appelée toute comme l’a été Jeanne d’Arc. C’est cette foi et cette croyance sans faille qui va conduire Marguerite à tout faire pour installer son fils unique sur le trône d’Angleterre, pour répondre au souhait de Dieu lui même.



J’ai une nouvelle fois apprécier ma lecture, au même titre que la Reine à la rose blanche. Nous y trouvons les mêmes ingrédients que pour le précédent, à savoir complots, intrigues de cour, trahison. Mais cette nouvelle vision de l’histoire, dans le camps adverse, nous conduit à constater qu’Elizabeth Woodville et Marguerite Beaufort n’ont finalement qu’un seul et même but, protéger leur descendance de toute leur force et ravir le trône à l’autre. Pourtant elles finiront par unir leur force pour former la lignée des Tudor.



Pas de côté mystique dans ce tome, mais la mise en avant de la foi de Marguerite, en faisant référence à plusieurs reprises à la foi de Jeanne d’Arc et de son combat pour le roi de France. Je n’ai pas trouvé trace de référence historique à ce sujet, et suppose qu’il s’agit de la part de romance de Philippa Gregory.
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L'héritage Boleyn

Je poursuis ma descente aux enfers avec la suite de Deux sœurs pour un roi.



Inutile de se le cacher, ça sent le roussi dès le début du roman. Enfin l'expression n'est pas adaptée, il faudrait plutôt dire : on entend plutôt le sifflement de la hache prête à s'abattre sur quelques têtes...Reste à savoir quelles têtes ?



Dans ce roman, Philippa Gregory donne la parole à trois femmes :

- Jane Boleyn, l'épouse de George, accusé et condamné pour inceste avec sa sœur Anne Boleyn. Jane et sa jalousie meutrière...Jane et son ambition démesurée.



- Anne de Clèves, la quatrième épouse d'Henri VIII. L'étrangère, choisie par Henri VIII pour des raisons diplomatiques et à partir d'un portrait. Dans ce panier de crabes, elle est bien la seule pour laquelle on ressent une réelle compassion. Henri VIII la répudie très rapidement.



- Catherine Howard, jeune fille de 14 ans, charmante écervelée, mais si cupide ...Elle sera la cinquième. Son babillage m'a beaucoup amusée.



Toutes trois gravitent autour du personnage royal Henri VIII. Ce dernier n'est plus le fringant et magnifique chevalier d'Anne Boleyn, admiré par toutes les courtisanes. Il est désormais plus âgé, empâté, et souffre d'une infection à la jambe. Repoussant physiquement, il n'en reste pas moins l'homme le plus convoité par toutes les grandes familles d'Angleterre. Il représente le pouvoir, la puissance, la richesse et les honneurs.

Mais ce roi a déjà répudié une épouse, placé une deuxième sur le billot, fait décoller de bien nombreux nobles coupables ou non de trahison.

Bien mal lui en prendra à celui qui osera défier la confiance du roi...



Tout comme Deux sœurs pour un roi, ce roman historique se lit vraiment bien ! Philippa Gregory a un don certain pour s’immiscer dans la peau des personnages féminins et les faire vivre avec force et naturel.

Je prends tellement de plaisir à cette découverte que j'y retourne.

La dernière reine aura-t-elle un destin aussi funèbre que celles qui l'ont précédée dans la couche royale ?
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L'enfant dormira peut-être

Ruth, journaliste à la radio est marié avec Patrick. Elle a perdu très jeune ses parents et comble ce manque affectif avec ses beaux parents qui sont très présents pour le couple. Elle perd son travail et tombe enceinte et à partir de là, sa vie bascule et s’assombrit. Sa belle mère la pousse à bout et veut la faire passer pour une mauvaise mère. Ruth va devoir réagir. Il y a la place que pour une seule femme dans cette famille.

J’aime les romans psychologiques qui se déroulent avec peu de personnages. Ce principe permet de créer une tension dans un environnement restreint. Successivement, ils m’ont agacé. Ruth pour subir et ne rien dire, la belle mère gentille mais manipulatrice, le beau père qui ne s’impose pas et participe à cette mise sous pression de Ruth et Patrick qui ne coupe pas le cordon avec sa mère et n’ouvre pas les yeux. Finalement qui est responsable de cette situation ?

La fin est arrivée de manière brutale et peut surprendre.

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La dernière Reine

Encore une fois, je peux louer les talents de conteuse de Philippa Gregory qui nous retrace le destin de Catherine Parr qui a la malchance d'attirer le regard du roi Henry VIII.



D'elle, je connaissais son érudition, son humilité, sa piété et sa gentillesse l'amenant à considérer les enfants du roi comme les siens, chose pas si courante pour une belle-mère de l'époque. Je connaissais également son amour pour Thomas Seymour.



D'emblée, la lecture m'a surprise. Je la percevais comme une femme d'un certain âge, érudite, comme une compagne de vie pour un roi vieillissant. L'autrice nous la présente comme jeune, vibrante de passion et un brin superficielle dans ses débuts. Une dame du Nord qui a certes vécu loin de la Cour et en cela est un peu naïve, attirée par les belles étoffes, les chaussures et les oiseaux tropicaux, voyant dans cette union une fatalité pour son amour passionné.



L'autrice parvient ainsi à nous montrer une réelle évolution du personnage. Plongée dans ce nid de serpent, entourée par des proches réformateurs et encouragée par le roi lui-même à ses débuts, on assiste à une reine autodidacte, qui, par ses lectures, raisonne, affûte son esprit, prend cause pour la Réforme. C'est à la cour qu'elle devient l'érudite que L Histoire nous a donné. C'est aussi à la Cour qu'elle se fait des ennemis, frôlant le danger d'une exécution pour défendre une cause qu'elle a fait sienne et qu'elle est sans cesse encouragée à défendre par quiconque.



L'autrice nous rappelle aussi qu'elle est la 6e épouse et en cela vit éternellement à l'ombre des cinq précédentes, notamment le fantôme de la pauvre Jane Seymour. Elle porte leurs bijoux, leurs robes, vit à l'ombre de leurs maladresses et de leurs funestes destinées. Elle essuie ainsi bon nombre de camouflet, le pire étant la scène du tableau. Mais on peut en citer tellement... Pour une femme qu'Henri VIII jure d'aimer et de considérer comme une compagne et amie, les humiliations sont tout de même régulières et gratuites.



En transparence, avec ce destin d'une reine, on voit en effet Henri VIII que l'on ne peut qu'abhorrer. Outre son corps rongé par la maladie qui le rend peu séduisant ( l'autrice insiste lourdement au début sur son haleine fétide, la puanteur qui découle de sa blessure à sa jambe, purulente de surcroît, etc.), il est surtout un véritable tyran, égoïste, égocentrique, vaniteux et orgueilleux, ayant une haute opinion de lui-même. Il réduit son entourage à son humeur versatile, ses opinions changeantes ( à tel point que ça en viendrait risible s'il ne s'agissait pas d'un roi) et ses amours inconstants. Je pensais la reine Catherine Parr à l'abri de ses sautes d'humeur. L'autrice parvient à nous raconter le contraire, insistant sur un danger qui rôde autour de cette jeune reine, faisant naître une certaine tension. J'avais beau savoir qu'elle lui survivait, je n'ai pu m'empêcher à certains moments d'avoir peur pour elle. A certains moments, le sadisme d'Henri VIII, imaginé par l'autrice, m'a même donné la nausée.



En dépit de cela, l'autrice imbrique avec doigté les différents morceaux de l'existence de Catherine Parr : son érudition, son amour pour la Réforme, mais aussi sa volonté d'établir un réel lien avec les trois enfants du roi et enfin son amour pour Thomas Seymour. Cet amour, si passionné et sincère dans les pages, est quelque peu écorné lorsque l'on sait que L Histoire nous rapporte de sombres histoires sur une séduction plus ou moins forcée dudit Thomas Seymour vis-à-vis de la très jeune Elizabeth Iere... Et paraît également tragique puisque leur mariage n'aura duré qu'un an, Catherine Parr mourant en couches.



Un récit que j'ai de nouveau beaucoup aimé et que je recommande pour tous ceux qui voudraient découvrir le règne d'Henri VIII à l'aune d'une femme qui force l'admiration par son courage.
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Deux soeurs pour un roi

Deux sœurs pour un roi raconte l’histoire des sœurs Boleyn face au roi Henri VIII constamment insatisfait de ses épouses qui ne parviennent pas à lui donner un fils. Ce XVIème siècle anglais assez particulier nous est raconté par Mary, la plus jeune des sœurs. Elle est repérée par le roi pour sa douceur et son calme. Puis sa sœur ainée, Anne, revient de la cour de France, très à la mode à l’époque. Elle est jeune, belle, et a un tempérament de feu qui intrigue le roi et qui se démarque de toutes ces jeunes femmes qui sont à ses pieds. Peu à peu, Henri VIII délaisse Mary et sa femme d’alors, Catherine d’Aragon. Il est hanté par Anne qui se refuse à lui tant qu’ils ne seront pas mariés. Seulement, le divorce n’existe pas à l’époque. Un mariage ne peut être annulé que par le pape. La femme d’Henri, Catherine, avait d’abord épousé le jeune frère de celui-ci, Arthur, avant qu’il ne meurt prématurément à l’âge de 15 ans. Auprès de la papauté, Henri VIII tente donc de faire annuler son mariage sous prétexte que Catherine n’était plus pure pour leurs noces. Le pape refuse tout argument et maintient le mariage. Henri VIII décide alors de se séparer de l’Eglise de Rome et de créer sa propre Eglise : l’Eglise anglicane. Il y a alors un « divorce royal » et Henri VIII est libre d’épouser Anne Boleyn.



Mais l’histoire ne s’arrête pas là. Anne Boleyn, maintenant reine, a pour charge de donner un héritier au trône. Henri VIII est obsédé par cette succession mâle que Catherine n’a pas su lui donner (ils ont eu un fils qui est mort quelques jours après sa naissance et une fille qui, elle, se porte bien, Mary). L’histoire veut tristement qu’Anne ne parvienne pas à donner de fils au roi. Nait une fille, la future Elizabeth Ière, l’une des reines les plus puissantes que l’Angleterre ait connue... pourtant complètement délaissée par son père.



Le roman, pour en revenir au fond, raconte parfaitement ces histoires de pouvoir et ces jeux d’influence. Racontée à la première personne du point de vue de Mary, l’histoire nous fait comprendre l’honnêteté de la jeune femme et l’ambition grandissante de sa sœur aînée. Ce point de vue nous immisce dans la vie anglaise de cette époque et on imagine sans mal les châteaux aux vieilles pierres ainsi que les demeures un peu perdues dans les larges étendues campagnardes. Ce roman met aussi l’accent sur les mariages arrangés : c’est le cas de la famille d’Anne Boleyn, qui souhaite mettre la jeune femme entre les mains du roi dès qu’il se lasse de Mary. La position de favorite apporte en effet une meilleure condition sociale, des titres et beaucoup d’argent à la famille de (l’heureuse ?) élue. Anne se prend ensuite au jeu.



Deux sœurs pour un roi est certes un gros pavé, mais on plonge dedans sans problème. La traduction de l’écriture de Philippa Gregory est fluide et très agréable à lire. C’est un bon roman pour en apprendre davantage sur les mœurs de ce XVIème siècle anglais méconnu dont on ne retient, la plupart du temps, que l’image d’un roi obèse sur la fin de sa vie, déambulant dans des palais sombres.



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Reines de sang

Dernier roman de la saga de Philippa Gregory concernant les Tudors. Que j'ai dévoré comme les précédents !



A la mort d'Henri VIII, c'est son seul fils vivant qui prendra la succession : Édouard VI.

Mais ce dernier meurt à son tour, très jeune.

Dès lors, la succession chez les Tudors va devenir problématique.

Selon Henri VIII, la première devant hériter de la couronne est Marie, la fille qu'il a eu avec sa première femme Catherine d'Aragon.

Mais Marie est une fervente catholique et Édouard VI, lui, a été éduqué selon les principes protestants et tient à préserver cette religion au sein de l'Angleterre. Il nomme donc, avec ses conseillers -protestants- une de ses cousines :

Jeanne Grey.

Mais Marie ne va pas se laisser faire ; avec ses appuis espagnols, elle reprend la couronne et fait enfermer Jeanne à la Tour de Londres. Cette dernière n'aura régné que 9 jours.



C'est la destinée de la pieuse et érudite Jeanne Grey que nous conte Philippa Gregory, dans la première partie du roman.

Puis vient celle de ses sœurs : Catherine et Marie.



Toutes trois sont très différentes de caractère mais chacune, à leur façon, devront faire face à la cruauté de Marie Iere la bien nommée Marie la Sanglante et à celle de sa successeur Élisabeth Iere.

On évoque souvent le conflit entre Elisabeth et Marie Stuart la reine d’Écosse en omettant leurs autres cousines, légitimes héritières du trône anglais, les sœurs Grey. Ce roman leur redonne leur digne place dans l'Histoire des Tudors.



Cette saga historique est bien sûr romancée mais elle se base sur des faits réels. Ainsi, on ne peut manquer de déplorer l'orgueil démesuré des filles d'Henri VIII et leur manque de bienveillance à l'égard de leurs proches.

Si Elisabeth Iere mena une politique bien plus tolérante que son père et sa sœur, il n'en reste pas moins qu'elle était fort colérique et gouvernait de façon très autoritaire.



Le roman Reines de sang la présente comme une reine despotique et méfiante.

Ses trois cousines, Jeanne, Catherine et Marie en feront les frais...



Ce roman est vraiment passionnant. Je me suis surtout attachée à Catherine, la cadette, éprise de Ned Seymour, et ne se déplaçant jamais sans son singe, son chien, ses linottes... mais les portraits présentés par Philippa Gregory méritent tous trois l'attention du lecteur et bien sûr sa sympathie.
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L'héritage Boleyn

« Comment un souverain, jadis le plus beau prince de la chrétienté, le défenseur de la foi, la lumière de sa nation, a-t-il pu devenir – oserais-je le formuler – un tel monstre ? » En 1539, le roi Henri VIII d'Angleterre, bouffi, cruel et tout-puissant, a en effet tout d'un ogre. Il n'hésite pas à emprisonner, torturer, voire "décoller" celles et ceux qui osent le contredire ou qu'il imagine comploter dans son dos. De plus, il traîne à la jambe une blessure purulente qui empeste horriblement. Sa troisième épouse, Jane Seymour, s'étant éteinte à la suite de ses couches, il choisit de se remarier avec une Allemande, Anne de Clèves, afin de faire alliance contre la France et l'Espagne...



Après « Deux sœurs pour un Roi », Philippa Gregory retrace, toujours sous l'angle féminin, la deuxième partie du règne de Henri VIII. Dans ce roman choral, trois femmes sous l'influence de leur famille - Anne de Clèves (la sage), Catherine Howard (la coquette) et Jane Boleyn (l'espionne) - nous font partager leur quotidien à la manière d'un journal intime. J'ai retrouvé avec grand plaisir la belle écriture du premier roman, tout en goûtant la diversité de points de vue apportée par cette narration à trois voix.



Anne de Clèves quitte son duché et la tyrannie de son frère pour découvrir son vieil époux et ce curieux pays d'Angleterre, sur lequel elle pose un plaisant regard extérieur. La très jeune et pétillante Catherine Howard est une de ses dames d'atour, dont le souverain va s'enticher au point d'en faire sa cinquième épouse. Son insouciance et sa cupidité apportent de l'humour au récit, pourtant tragique au demeurant. Enfin, Jane Boleyn, figure de l'ombre manipulée (comme Catherine) par le duc de Norfolk, est à moitié folle depuis l'exécution de son époux George et de sa belle-soeur Anne Boleyn. Elle dirige la maison de la reine en étant prête à toutes les bassesses pour conserver « L'Héritage Boleyn ».



Amours, cruauté, trahisons... la vie à la cour rappelle le premier opus, mais en plus désespéré, comme si le roi, sentant sa fin approcher, s'offrait une orgie de violence. Bien que sa douloureuse issue en soit connue, ce captivant roman historique m'a tenue en haleine du début à la fin.
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Deux soeurs pour un roi

Mary Boleyn, à peine mariée et encore adolescente, est poussée par sa famille à devenir la maîtresse d'Henry VIII Tudor. Les Boleyn et, surtout, l'oncle Howard de Mary, souhaitent obtenir les faveurs du Roi et n'ont pas trouvé de meilleure solution que de lui offrir la jeune fille qu'Henry convoite depuis quelque temps.

Mais Anne, la soeur de Mary, est revenue à la cour anglaise après un long séjour en France. La rivalité qui a toujours opposé les deux soeurs renaît de plus belle : Anne est jalouse de Mary, sa cadette, qui a donné deux enfants à Henry VIII. L'aînée des Boleyn tente alors de capter l'attention du Roi.

Quand elle y parvient, la famille Boleyn et l'oncle Howard décide de la pousser sur le trône à la place de Catherine d'Aragon, l'épouse d'Henry, qui n'a pas pu lui donner d'héritier mâle. Mary Boleyn doit donc céder la place à Anne, cette soeur qu'elle déteste autant qu'elle l'aime...



Ceux qui me connaissent bien (ou qui suivent mes critiques depuis un petit temps) le savent : j'adore l'histoire et la culture britanniques. Et j'ai un faible pour la monarchie Tudor qui, malgré la cruauté dont elle a parfois fait preuve (Henry VIII n'hésitait pas à faire décapiter tous ceux qui le gênait) est tout de même une grande dynastie.

Ma soeur a donc et la bonne idée de m'offrir ce roman, que j'ai adoré.

Raconté du point de vue de Mary Boleyn, il apporte un regard extérieur assez effrayant sur la personnalité d'Henry VIII et d'Anne Boleyn.

Bien entendu, il s'agit d'une fiction historique. L'histoire y est donc romancé et, d'ailleurs, j'ai un peu de mal à croire qu'Anne Boleyn ait été aussi cruelle. Mais en ce qui concerne la tyrannie dont Henry VIII a souvent fait preuve, Philippa Gregory respecte assez bien l'histoire réelle...



Ce qui attire d'abord l'attention dans ce roman, c'est l'opposition qui existe entre les deux soeurs Boleyn. Mary est douce et gentille, elle a un physique typiquement anglais, avec ses cheveux blonds et son teint pâle. Anne, est plus "exotique", elle est brune et ténébreuse, dure et froide, et possède une séduction presque diabolique (ce qui lui vaudra quelques soucis à la fin de sa courte existence...). Anne elle-même perçoit cette différence entre elle et sa soeur et décide d'en jouer quand elle lui dit :

“I shall be dark and French and fashionable and difficult. And you shall be sweet and open and English and fair. What a pair we shall be! What man can resist us?”

Cette opposition se retrouve également dans leur caractère : Mary est un peu naïve, presque idiote diront certains. Elle n'a pas un grand sens de la repartie et a du mal à servir des réponses spirituelles à Henry VIII lorsque celui-ci commence à lui faire la cour. Anne, en revanche est vive et spirituelle et possède un grand sens de la repartie : elle n'a aucun mal à discuter sur un pied d'égalité avec le Roi, même sur des sujets aussi sérieux que la théologie ou la poilitique.

Au début du roman, c'est Anne qui semble la plus sensée et la plus intéressante des soeurs Boleyn. Mary, elle, est reléguée au second plan malgré son rôle de narratrice.

Mais au fil du récit, Anne s'endurcit de plus en plus ; tandis que Mary devient de plus en plus sensée. On éprouve alors plus de sympathie pour cette "autre Boleyn" (Mary) auquel le titre du roman fait référence.



Philippa Gregory s'amuse également à opposer les cours successives de Catherine d'Aragon et d'Anne Boleyn. Au début du roman, l'ambiance de la Cour est plutôt bon enfant. Les messieurs accompagnent le Roi dans les appartements de Catherine et y font une gentille cour aux dames de compagnie de la Reine. Tout se passe de façon très courtoise.

Quand Anne montera sur le trône, cette même Cour va se transformer. On ressent, grâce aux descriptions que nous en fait Mary Boleyn, une ambiance de débauche et d'orgie qui n'existait pas du temps de Catherine. La "première Reine" d'Henry VIII était pieuse et vertueuse, mais Anne ne vit que pour son plaisir et pour séduire le Roi. Ses appartements accueillent constamment des musiciens, des poètes, des hommes qui font une cour moins subtiles à ses dames...

Les conditions de vie à la Cour se durcissent. Henry VIII est de plus en plus entouré par des gens qui souhaitent obtenir ses faveurs et sont prêts à tout pour y arriver.

Les conditions de vie des femmes de l'époque sont également bien expliquées par Philippa Gregory, toujours par le biais de Mary. Cette dernière, une fois qu'elle n'est plus la favorite d'Henry, est littéralement oubliée et ignorée par sa famille. Elle ne sert plus qu'à seconder Anne, à la conseiller afin que celle-ci conserve l'affection du Roi. Mary, devenue veuve, ne peut même pas se choisir elle-même un nouvel époux. On la prive de ses enfants, qu'elle ne voit qu'une fois par an alors qu'elle souhaiterait les élever elle-même. Elle est rejetée le jour où elle se marie sans l'autorisation d'Anne et de leur oncle Howard (qui est le chef de famille).



Dure époque que celle du XVIe siècle anglais. Et pourtant, on ne peut se retenir d'éprouver une certaine admiration pour Henry VIII et ses deux premières épouses. Malgré son caractère épouvantable, Henry VIII est un grand monarque et le prouve plus d'une fois dans le roman de Philippa Gregory. Au début de son règne, il sait s'entourer d'hommes intelligents, qui dirigent le Royaume à sa place et de main de maître (le cardinal Wolsey, Thomas More, Cromwell et bien d'autres). Catherine d'Argaon, fille des Rois catholiques (Isabelle et Ferdinand) a été élevée pour régner. Elle a toutes ces qualités qui font les grandes Reines et le peuple anglais y est très attaché. Anne Boleyn, si elle ne dispose ni de l'éducation nécessaire à sa fonction, ni de l'affection du peuple, est néanmoins prête à tout pour régner. Sa pugnacité, son entêtement se révèlent payant. Et puis, surtout, on ne peut s'empêcher de la plaindre, puisqu'elle est poussée dans le lit du Roi par sa famille, qui souhaite s'élever grâce à elle.

Ce sont donc de grands personnages qui animent les 600 et quelques pages de ce roman. Evidemment, cela donne un récit fabuleux, qui nous plonge directement dans cette époque moouvementée. Une fois encore, Philippa Gregory parvient à rendre l'histoire passionnante. Effrayante aussi, étant donné la fin prématurée et cruelle infligée à certains grands personnages de l'époque.
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Reines de sang

Un pavé qui m'aura appris pas mal de choses, me laissant partagée quant à ce que j'ai pu ressentir.



Philippa Gregory nous emmène une nouvelle fois parmi les Tudors. Elle choisit pour cela trois soeurs, Jane, Catherine et Mary Grey, cousines des filles d'Henry VIII et donc très bien placées pour la Couronne. Or, on le sait, cette place n'est que peu enviable...



Par ce titre, j'ai appris que l'Angleterre avait eu une reine durant 9 jours, Jane Grey, avant que Marie Iere arrive au pouvoir. De même, par le biais de ces trois soeurs, l'autrice aborde les règnes successifs de Marie Iere et surtout d'Elizabeth Iere d'Angleterre. C'est un parti-pris des plus intéressants : plutôt que de voir leurs règnes par le biais de ces personnages, on le voit par le biais de personnages extérieurs et pourtant concernés de très près par les enjeux de la Couronne : les héritières Grey. Une chose est sûre : moi qui avait une certaine compassion pour les filles d'Henry VIII, Philippa Gregory a réussi à ce que je n'en éprouve plus aucune à l'égard d'Elizabeth, un véritable tyran capricieux et d'une jalousie maladive. L'autrice nous présente effectivement une vision d'Elizabeth qui est très loin d'être appréciable... et c'est peut-être ce que j'ai le plus apprécié dans ma lecture. J'ai adoré détesté cette reine.

Je n'ai pas plus que cela accroché avec deux des trois protagonistes principales de ce récit. En effet, celui-ci est construit autour d'une narration interne et divisé en trois parties. Chacune des parties est consacrée à l'une des soeurs, de l'aînée à la benjamine. Jane Grey est le personnage vis-à-vis duquel j'ai été la plus indifférente. En effet, l'autrice, voulant rendre justice à cette martyre protestante, a fait de cette jeune fille une croyante exaltée, proche du fanatisme et très moralisatrice. Pour ce qui est de la cadette, Catherine, j'ai été émue par sa destinée, mais là encore, je l'ai trouvée souvent sotte et naïve. Elle avait cependant une joie de vivre, un enthousiasme qui la rendait plus attachante. Mary a toute ma préférence : elle est indomptable face à l'adversité, brillante et mordante, tout en étant généreuse et avide de vie. En cela, elle est la synthèse positive de ses deux soeurs et je regrette que l'Histoire ne garde pas plus de trace d'elle. La personnalité créée par Philippa Gregory m'a séduite, quoiqu'il en soit.



Pour ce qui est du récit, aussi instructif soit-il, j'ai trouvé qu'on sentait bien l'aspect brique et que cela aurait pu être évité. Les intrigues politiques sont souvent répétées, annoncées une première fois par les pensées des protagonistes et confirmées par la suite avec un dialogue. De même, les péripéties de nos deux dernières héroïnes sont souvent les mêmes, donnant l'impression de tourner en rond. Je pense qu'en passant plus vite sur certains moments, tout en gardant la chronologie, mais en plus concise, le récit aurait gagné en légèreté.



Il n'en demeure pas moins que j'apprécie ces sauts dans le temps à l'époque des Tudors que nous propose Philippa Gregory et je me demande déjà quel sera mon prochain titre.
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Deux soeurs pour un roi

Il s'agit du titre de Philippa Gregory dont j'ai entendu le plus parler. Pour autant, ce n'est pas le premier que j'ai lu d'elle et c'est heureux.



Dans ce roman dense, j'ai été ébahie de la construction que nous offre Philippa Gregory. Pour ce moment qu'est un tel tournant dans le règne d'Henry VIII, j'attendais beaucoup. Je n'en suis pas déçue.

Premièrement, la personnalité des personnages est très bien esquissée. Je suis d'autant plus contente d'avoir lu Princesse d'Aragon en premier. On y voyait la personnalité d'Henri, déjà égoïste et vaniteux. On y voyait aussi celle de Catherine, fière, pieuse et déterminée. Ce sont des traits que l'on retrouve dans ce tome-ci. J'avais peur, j'avoue, de trouver une différence de personnalité, telle que j'avais pu le percevoir pour Elizabeth d'York. Ce ne fut pas le cas.

Pour la personnalité de George, là encore je l'ai trouvée assez conforme à l'idée que je me faisais de lui : courtisan, très lié à ses sœurs et à sa famille, ambitieux mais faillible. Philippa Gregory nous tisse un personnage qui va à sa perte. Je connaissais son destin et j'ai vu la tapisserie se tisser chapitre après chapitre, Philippa Gregory posant un jalon ici et là. Le fait de procéder ainsi rend le sort inéluctable, l'intrigue compréhensible, le rythme bien dosé.



Pour ce qui est de Marie, c'était tout autre chose. D'elle, je ne connaissais rien. L'autre Boleyn. Un nom des mieux choisis. Narratrice de l'histoire, j'ai trouvé intelligent de lui donner ce rôle-là. Au centre de la passion du roi puis délaissée au profit de sa sœur, enfermée dans le carcan de la cour et des ambitions de sa famille, quel destin a-t-elle pu avoir? Au début, j'avoue ne pas avoir apprécié sa personnalité. Je la trouvais fade, ennuyeuse et peu intelligente. Sauf que c'était là le souhait de l'autrice. Nous n'avons pas ici une personnalité déterminée, fougueuse mais bien soumise à son époque, constatant l'inéluctable et pourtant aspirant à plus de droits, d'équilibre, de libertés. A travers elle, Philippa Gregory aborde la condition féminine. Après tout, qu'est-ce qu'une fille à cette époque si ce n'est un atout dans sa manche pour obtenir plus d'avantages pour sa famille? Une dote, des terres, des titres, des faveurs royales. S'il faut mettre une, deux voire trois nièces dans le lit du roi afin d'obtenir influence, qu'il en soit ainsi et peu importe la perte de leur vertu, encore moins leurs aspirations personnelles.

C'est un personnage qui évolue. Il faut dire qu'elle a été mariée jeune. C'est une adolescente qui finit dans le lit d'un roi! Toujours poussée par sa famille, tel un pion, on finit par se prendre de compassion pour elle et aspirer à ce qu'elle obtienne ces quelques rêves qui nous semblent si en décalage avec sa famille : vivre d'amour, dans un coin rural, avec sa famille. Si contraire à son éducation, à la conduite de sa propre famille, prête à la renier sur une décision contraire à leurs intérêts. C'est en définitive des aspirations pleine de sagesse. L'image qu'elle a d'elle-même dans ce récit, confortée par ses proches, est dure, confortant notre compassion. Enfin, j'ai été sensible à sa position vis-à-vis de Catherine. Peu dupe sur sa soeur et Henri, trouvant la princesse d'Espagne estimable, mais coincée par le rôle que lui donne sa famille, elle se retrouvait souvent confrontée à un choix, savait qu'elle faisait sciemment le mauvais d'un point de vue éthique et s'en ouvrait avec franchise vis-à-vis de la reine. C'est là son sort : être au milieu de tous, constater avec clairvoyance et faire ce qu'elle ne veut faire mais le faire tout de même.

Philippa Gregory lui a donné vie à elle, qui fut oubliée de l'Histoire, nous offrant une héroïne bien moins terne au final que ce qu'elle nous donnait d'elle au début.



Maintenant, passons à Anne Boleyn. C'était le personnage vis-à-vis duquel j'avais le plus d'attentes, je ne vais pas le nier. Objectif rempli, Philippa Gregory. Là encore, par touches successives, l'autrice nous brosse un portrait vraisemblable. Avant même qu'elle ne soit favorite d'Henri, c'était une jeune fille fougueuse, séductrice, intelligente et égoïste. Toujours en rivalité avec sa soeur, la blessant continuellement, arrogante dans son entourage, persuadée de sa supériorité, intriguant du haut de ses seize ans : c'est une personnalité complexe mais crédible pour celle qui fit comprendre à Henri quel tyran il pouvait être. Philippa Gregory montre son ambition, la séduction, la passion mais aussi la crainte, la déchéance. On la déteste mais on est fasciné. On la trouve cruelle et pourtant on compatis à son sort. On la trouve capricieuse mais on admire son intelligence et même son culot, quand elle repousse les limites encore et encore. Ce personnage a marqué l'Histoire et Philippa Gregory le montre véritablement dans ce récit.



Entre l'ascension et le déclin des Boleyn, une part belle est donnée à la séduction, à la passion. Beaucoup moins à la romance pure. D'un autre côté, dans un monde de courtisan, on sait que le calcul est nécessaire et Philippa Gregory l'a bien orchestré. Badinage, séduction et amours interdits tout cela y est. Je suis impressionnée par la manière dont l'autrice nous raconte la cour d'Henri VIII pour Anne Boleyn. Une passion magnifiquement narrée. Il s'est dit ensorcelé. On le sent tout de suite. On sent la tension, le feu qui les dévore, le juste équilibre qu'Anne Boleyn doit garder en main pour ne pas trébucher. On sent cette folie destructrice. L'ascendant qu'elle a sur lui. La chute est d'autant plus brutale qu'elle a donné le ton et que d'autres l'imiteront pour la faire chuter... Un retour de bâton amer s'il en est.

Dans cette atmosphère de séduction Une chose reste cependant assez peu développé mais peut-être était-ce trop lourd pour un tel récit, et au final peu à portée du jugement de Marie : les questions théologiques, la montée de l'Eglise anglicane.
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Les enchaînés

Avant de vous parler du contenu de ce livre, j'ouvre une petite parenthèse sur sa couverture.

Grâce à la revue Dada (voir ma critique "Black is beautiful"), ce visage noir presque princier et en tenue d'apparat ne m'est pas inconnu : il s'agit du jeune Zamor "capturé par des marchands d'esclaves à l'âge de 11 ans, et vendu à Louis XV en 1773." L'artiste, Hyacinthe Rigaud "a peint avec raffinement son somptueux costume de satin. La vie à Versailles, pourtant, ne lui épargne pas les humiliations : on se moque de lui, on le traite comme un jouet exotique. Pire, il reste, malgré son instruction (il a appris à lire et à écrire et se passionne pour la philosophie) et son intelligence, un esclave. C'est ce que vient rappeler, avec cruauté, le collier doré qu'il porte autour du cou..." Ce dernier détail n'a pas manqué de me nouer la gorge lorsque je l'ai lu, lorsque alors j'ai fixé ces fers indignes. Je voulais donc rendre à ce jeune-homme qui a existé, le visage humain qu'il mérite en partageant ce commentaire avec vous.



La quatrième de couverture, quant à elle, nous laisse à penser qu'il est question d'une histoire d'amour à la guimauve dégoulinante "elle est en train de s'éprendre follement d'un bel esclave aux yeux de braise qui semble partager ses sentiments..." description qui en soi me ferait déguerpir loin dès la fin de la phrase, mais il n'en est rien en réalité. Ne vous attendez pas à de la mièvrerie, car si des passages romantiques sont présents, l'histoire est avant tout celle de l'esclavage.



A maintes reprises, j'ai eu l'impression de suffoquer, un couteau planté dans le cœur, tant certaines choses qui nous sont contées sont insupportables. L'auteure écrit de façon remarquable et bouleversante, avec éloquence et fluidité, car nous évoluons aux côtés des personnages, comme des témoins de leur histoire.



Le roman, qui se situe dans la ville de Bristol en Angleterre fin du 18e siècle, nous parle de Frances, unie par un mariage de raison avec Josias Cole, un négociant obnubilé par son ascension sociale et économique, qui fait de la traite négrière.



Dans la mentalité de cette époque, les "nègres" sont des marchandises et il est plus que subversif d'avoir des idées libérales et de se revendiquer abolitionniste, tel le bon docteur Hadley,... Frances, elle, ne prendra que petit à petit conscience de l'humanité de ces Africains arrachés à leur terre et de la cruauté de la traite. Il faut dire que Mehuru, au rang prestigieux dans son pays, la trouble dès le départ. Il est différent...



Le livre est aussi riche de ce qu'il nous fait voir de la condition de la femme qui finalement n'est qu'une pauvre chose elle aussi, même si bien sûr son sort n'est pas à comparer.



A la croisée des chemins entre "La case de l'oncle Tom" et "La colline aux esclaves" avec une touche d'amour interdit, "Les enchaînés" se lit avec un intérêt dévorant. Seuls les passages sur les affaire commerciales de Josias Cole incessamment radotées par Sarah, sa sœur aigre aux idées conservatrices, ralentissent le souffle de la narration. Mais, je soupçonne l'auteure de nous imposer ces trêves intentionnelles dans le but de nous captiver plus encore quand viennent les passages sur l'esclavage et les amours contrariées de ses héros. Qu'importe, on se laisse prendre avec plaisir !
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Hérétiques, tome 1 : Le mystère Isolde

Je remercie infiniment les éditions Gallimard jeunesse - on lit plus fort pour l'envoi de ce quatrième livre. Il y a tres longtemps que je voulais découvrir un roman de Philippa Gregory, connu pour ses romans historiques, Deux sœurs pour un roi ayant été adapté au cinéma ou encore la série The white queen plus récemment a la télévision. De plus, j'adore l'Histoire donc j’étais comblé a la réception de ce roman. Mais quand on espère trop d'un roman, quand on croit que l'on va avoir un coup de cœur pour un roman, on est souvent un peu déçue, et c'est un peu mon cas.



{la suite peut contenir des spoilers}



Hérétique, commence par le récit en parallèle de deux personnages : Luca et Isolde. Luca vit dans un couvent, c'est un jeune garçon mature et très intelligent. Il est recruté pour partir sur les routes d'Italie pour enquêter sur les mystères et les peurs des habitants. Isolde quand a elle, est une jeune fille d'une famille riche, qui a la mort de son père est enfermé au couvent.

Ici il est pas compliqué de deviner que c'est le frère qui se cache derrière cela...... J'ai trouvé ça assez facile.



Luca va ici avoir deux enquêtes a résoudre, d'abord une première au couvent Isolde que j'ai trouvé vraiment passionnante et puis une seconde sur un loup-garou qui finalement n'en sera pas un!

L’enquête au couvent m'a vraiment plu, on y découvre la vie des sœurs au XVe siècle, la place de la femme est au couvent ou auprès d'un mari. On y découvre aussi la place de la religion a cette époque. Philippa Gregory nous entraine sur une fausse piste et j'avoue mettre fait avoir moi aussi. Heureusement le jeune Luca et son compagnon de voyage Freize son plus malin.

L'histoire du loup-garou est un peu moins intéressante a mon gout. On y découvre malgré ça les différentes croyance de l'époque.



Les personnages m'ont plu, Luca est le parfait héros, qui ne renonce a rien et qui va au bout de ses enquêtes, Freize est très drôle et m'a souvent fait sourire. Isolde est une femme qui veut être indépendante, mais son chemin est semé d'embuche et j’espère que la suite va lui apporter un peu de bonnes choses.



Je ne peux finir cette critique sont parler de l’écriture de l'auteure qui m'a énormément plu. Elle est très belle, ce qui selon moi ne se retrouve pas souvent dans les romans pour ados que je trouve parfois trop familier. Ici au contraire, l’écriture est agréable et le style fait que le roman se dévore.



C'est en tout cas une belle découverte que je vous recommande et je lirai sans aucun doute d'autres romans de l'auteure car j'ai beaucoup aimé ce voyage dans le passé.
Lien : http://missmolko1.blogspot.i..
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Deux soeurs pour un roi

Deux sœurs pour un roi est un roman de toute beauté avec une histoire saisissante et poignante, un pur chef d’œuvre. Le livre retranscrit parfaitement bien le destin tragique des deux sœurs Boleyn. C'est bouleversant de voir comment, par l'ambition et la soif de pouvoir des hommes, deux sœurs si étroitement liées au début vont tout doucement être opposées et connaître un véritable drame.



Il y a un réel contraste entre les parties du livre ; au début, il commence avec légèreté et joie et tout doucement il devient sombre et tragique et se termine pas une tragédie sans nom. On retrouve Anne Boleyn, une femme ambitieuse et envoûtante qui à force de viser trop haut connaîtra une longue et douloureuse descente aux enfers, sa forte ambition la conduira à commettre de nombreuses folies qui la conduiront à sa perte emmenant malheureusement avec elle son frère.

Sa sœur, Marie Boleyn, est une jeune femme douce et sublime qui, par la décision des hommes de sa famille d'accéder au pouvoir, deviendra la maîtresse du roi pour ensuite être rejeté, elle sera entraîné dans un tourment dont elle n'a jamais voulu, heureusement pour elle la sympathie et confiance que le roi éprouve en elle lui permettront d'avoir une chance que sa sœur n'a pas connu.



C'est impressionnant de voir comment à cette époque une famille, et notamment l'oncle et le père des deux sœurs ici, changent par intérêt le destin de leurs enfants en les vendant comme du bétail, aussi bien pour les jeunes femmes de leur famille que pour les jeunes hommes... Même si cette pratique de donner ses enfants à des hommes de pouvoir pour avoir des titres et être dans la bonne grâce n'est plus d'actualité de nos jours, le fond de tout ça est encore bien présent à notre époque, à savoir le fait que les hommes sont prêts à tout pour avoir plus de pouvoir ou même d'argent.



À la fin du roman, on ressort révolté par le comportement des hommes, touché par le sort des personnages, autant par celui des sœurs que celui de leur frère ou même celui de la reine d'Angleterre, ému par le fait de voir que malgré les trahisons que les sœurs se sont infligées entre elles, elles restent unies et à jamais liées, essayant de protéger et de secourir l'autre... On en ressort changé tout simplement. Deux sœurs pour un roi a toutes les qualités pour être un bijou ; un des meilleurs romans historiques... Et très franchement il l'est, il est même bien plus que ça.

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La dernière Reine

J'aime beaucoup cette période historique et je connaissais donc Katherine Parr avant d'ouvrir ce livre.

L'auteure nous offre un récit à la 1ere personne qui commence au moment même de la demande en mariage d'Henri VIII. A partir de là, nous allons suivre presque au jour le jour la vie de cette dernière épouse, une vraie survivante quand on connait la personnalité hors normes du roi.

Cependant, j'ai trouvé l'écriture plutot plate et très répétitive. Sans cesse, on revient sur les problèmes religieux ou ses numéros d'équilibriste sur la corde raide tendue par Henri VIII et ses sbires du moment. C'est toujours la même chose et j'ai trouvé cela très lassant.

Dommage, car il y avait vraiment matière. L'Histoire nous offre des vies tellement tumultueuses et intéressantes, la réalité dépassant souvent la fiction.

Bref, ma 1ere rencontre avec cette auteure n'a pas été concluante. Je suis déçue car la majorité de ses livres se placent dans cette période de fin du MA et début Renaissance si riche...



Pioche de mai 2023 choisie par Phoenicia
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