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Agnès Magnien (Traducteur)
EAN : 9782266075954
570 pages
Pocket (24/11/1998)
3.44/5   8 notes
Résumé :
En 1787, Frances Scott épouse, sans amour, Josiah Cole, un négociant de Bristol. Armateur sans scrupules, Josiah lui demande de métamorphoser en parfaits domestiques les esclaves africains qu'il fait venir dans les cales de ses bateaux, afin qu'il puisse les vendre à prix d'or à la bonne société européenne qui en raffole.
Très vite, Frances ressent un profond dégoût pour sa tâche. Surtout lorsqu'elle se rend compte qu'elle est en train de s'éprendre follemen... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Avant de vous parler du contenu de ce livre, j'ouvre une petite parenthèse sur sa couverture.
Grâce à la revue Dada (voir ma critique "Black is beautiful"), ce visage noir presque princier et en tenue d'apparat ne m'est pas inconnu : il s'agit du jeune Zamor "capturé par des marchands d'esclaves à l'âge de 11 ans, et vendu à Louis XV en 1773." L'artiste, Hyacinthe Rigaud "a peint avec raffinement son somptueux costume de satin. La vie à Versailles, pourtant, ne lui épargne pas les humiliations : on se moque de lui, on le traite comme un jouet exotique. Pire, il reste, malgré son instruction (il a appris à lire et à écrire et se passionne pour la philosophie) et son intelligence, un esclave. C'est ce que vient rappeler, avec cruauté, le collier doré qu'il porte autour du cou..." Ce dernier détail n'a pas manqué de me nouer la gorge lorsque je l'ai lu, lorsque alors j'ai fixé ces fers indignes. Je voulais donc rendre à ce jeune-homme qui a existé, le visage humain qu'il mérite en partageant ce commentaire avec vous.

La quatrième de couverture, quant à elle, nous laisse à penser qu'il est question d'une histoire d'amour à la guimauve dégoulinante "elle est en train de s'éprendre follement d'un bel esclave aux yeux de braise qui semble partager ses sentiments..." description qui en soi me ferait déguerpir loin dès la fin de la phrase, mais il n'en est rien en réalité. Ne vous attendez pas à de la mièvrerie, car si des passages romantiques sont présents, l'histoire est avant tout celle de l'esclavage.

A maintes reprises, j'ai eu l'impression de suffoquer, un couteau planté dans le coeur, tant certaines choses qui nous sont contées sont insupportables. L'auteure écrit de façon remarquable et bouleversante, avec éloquence et fluidité, car nous évoluons aux côtés des personnages, comme des témoins de leur histoire.

Le roman, qui se situe dans la ville de Bristol en Angleterre fin du 18e siècle, nous parle de Frances, unie par un mariage de raison avec Josias Cole, un négociant obnubilé par son ascension sociale et économique, qui fait de la traite négrière.

Dans la mentalité de cette époque, les "nègres" sont des marchandises et il est plus que subversif d'avoir des idées libérales et de se revendiquer abolitionniste, tel le bon docteur Hadley,... Frances, elle, ne prendra que petit à petit conscience de l'humanité de ces Africains arrachés à leur terre et de la cruauté de la traite. Il faut dire que Mehuru, au rang prestigieux dans son pays, la trouble dès le départ. Il est différent...

Le livre est aussi riche de ce qu'il nous fait voir de la condition de la femme qui finalement n'est qu'une pauvre chose elle aussi, même si bien sûr son sort n'est pas à comparer.

A la croisée des chemins entre "La case de l'oncle Tom" et "La colline aux esclaves" avec une touche d'amour interdit, "Les enchaînés" se lit avec un intérêt dévorant. Seuls les passages sur les affaire commerciales de Josias Cole incessamment radotées par Sarah, sa soeur aigre aux idées conservatrices, ralentissent le souffle de la narration. Mais, je soupçonne l'auteure de nous imposer ces trêves intentionnelles dans le but de nous captiver plus encore quand viennent les passages sur l'esclavage et les amours contrariées de ses héros. Qu'importe, on se laisse prendre avec plaisir !
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On est à Bristol, à la fin du 18ème siècle ; Josiah Cole, petit armateur et négociant, en particulier en sucre et en rhum, essaie de s'enrichir et de gravir les niveaux de l'échelle sociale en intervenant sur la traite des noirs, dans une démarche de commerce triangulaire entre les côtes d'Afrique, les colonies Espagnoles et l'Angleterre.

Frances Scott, jeune femme de 30 ans, issue d'une famille noble et respectée, accepte un mariage de raison avec Josiah.
La haute société Britannique étant de plus en plus demandeuse de serviteurs noirs, Josiah va ramener en Angleterre une douzaine d'esclaves et chargera Frances de les éduquer, les civiliser, afin de les revendre à prix d'or aux notables Anglais.

Je dois avouer qu'en abordant ce livre, j'avais un peu peur de me lancer dans un « roman à l'eau de rose ».
En réalité, bien que le récit soit un peu long, on trouve ici beaucoup d'aspects intéressants sur cette époque et ses pratiques, émaillés de descriptions détaillées, réalistes et dures.
C'est bien, derrière une histoire d'amour contée avec beaucoup de sensibilité, la description d'une société et d'un « respectable commerce » comme le dit le titre Anglais de l'ouvrage.
On se trouve donc à la limite du roman historique, comme l'auteur semble avoir l'habitude d'en écrire.
Intéressant, sans être fondamental
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Comme d'habitude avec Philippa Gregory, on se retrouve emporté par un récit à l'extrême rigueur historique. Cette fois, c'est l'esclavagisme et la richesse que la traite des noirs a apporté à l'Angleterre pendant 3 siècles. À travers l'histoire de la famille Cole et de Mehuru, c'est toute l'histoire de Bristol et du commerce des négriers qui passe sous la loupe de Gregory. Elle n'hésite pas à livrer quelques scènes très dures, presque choquantes, qui appuient son propos.
Un vrai plaisir de lecture !
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Or Frances n'avait pas saisi pour se marier le moment fugitif où fleurissait sa beauté. Elle avait visé trop haut et son père avait été trop fier. Il n'avait pas compris qu'épouser un homme, même le premier venu, était encore préférable aux amères rigueurs d'une vie de vieille fille.
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- Je vais écrire à Mr. Cole et je superviserai le contrat. Mais s'il te traite mal ou si la vie avec lui te déplait , sache que je ne pourrai rien pour toi. Une fois mariée, Frances, tu seras sa propriété au même titre que ses navires et autres biens.
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- L'heure n'est plus aux "mais", coupa Sarah. Vous n'étiez pas sans savoir que nous faisions du commerce. Tant que la traite se déroulait à distance, vous l'acceptiez fort bien. (...)
De plus, ce ne sont pas des êtres humains tels que vous et moi, renchérit Sarah. Ils ne savent parler que si nous leur apprenons. Sinon, ils se bornent à grogner et à gémir. Ce sont des brutes.
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La peau lui cuisait encore là où les Blancs l'avaient touché; et il n'arrivait pas à oublier leurs yeux délavés, imprimés à jamais dans sa mémoire. Ils l'avaient regardé comme s'il n'était qu'un morceau de viande, un morceau de bois d'ébène. Dans leurs horribles prunelles pâles, il avait lu l'anéantissement de son individualité. S'il perdait le sens de son identité, de sa culture, de sa religion et de ses pouvoirs magiques, alors, il serait réduit à l'état d'esclave.
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