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Citations de Philippe Delerm (1402)


Camille et Sébastien avaient leurs moments privilégiés pour se parler des choses graves ; En voiture, souvent, le parallélisme et le sens de la route favorisaient les déclarations délicates, les projets esquissés.
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Avec les mots rester solaire. Je sais ce qu'on peut dire à ce sujet: l'essentiel est dans l'ombre, le mystère, le cheminement nocturne. Et puis comment être solaire quand l'humanité souffre partout, quand la douleur physique et morale, la violence , la guerre recouvrent tout ? Eh bien rester solaire à cause de tout cela.Constater, dénoncer sont des tâches essentielles.Mais dire qu'autre chose est possible, ici. Plus les jours passent et plus j'ai envie de guetter la lumière, à plus forte raison si elle s'amenuise. Rester du côté du soleil.
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Il s'était éloigné de sa maison, de sa mère, de christina. Mais on en quitte pas l'enfance. On en garde la blessure, l'exigence, et des visages restent là, inflexibles témoins de ce qu'il faut donner pour essayer de se mériter soi-même.
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_Et pour vous ?
_Un banana-split.
C'est assez difficile à commander, cette montagne de bonheur simple. Le garçon l'enregistre avec une objectivité deférente, mais on se sent quand même un peu penaud. Il y a quelque chose d'enfantin dans ce désir total, que ne vient cautionner aucune morale diététique, aucune réticence esthétique. Banana-split, c'est la gourmandise provocante et puérile, l'appétit brut. Quand on vous l'apporte, les clients des tables voisines lorgnent l'assiette avec un oeil goguenard.
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Oh lui rien ne l'inquiète. A tout âge c'est doux d'avoir un gros nounours.
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Un temps déçu, il se sentit encouragé à rédiger un blog sans requête, sans exhibition, sans affectivité exacerbée. Sans partage? La question méritait d'être posée. Le blog de Monsieur Spitzweg commençait ainsi:

Il pleut. Les enfants ont quitté le square Carpeaux. Accoudé au balcon, j'ai allumé un petit cigare. Difficile d'éprouver le même plaisir depuis que la boîte est balafrée de ce rectangle noir et blanc: fumer tue.
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A soixante ans on a franchi depuis longtemps le solstice d’été. [...] Plus les jours passent et plus j’ai envie de guetter la lumière, à plus forte raison si elle s’amenuise. Rester du côté du soleil.
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« Oh, lui, rien ne l’inquiète ! »... Comment être si sûre de l’absence de ce qu’il y a chez
l’autre de plus secret, de plus dissimulé parfois ?
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Elle est trop belle. Étrange. Est-ce qu’on la boit, est-ce qu’on la mange ? Elle est comme une fausse piste du désir. Le rouge-rose de cette chair meurtrie, évanescente, gorgée d’eau, vient mourir en pâleur maladive au bord de la solide écorce vert profond. Au centre elle est si sombre, incrustée de grains inquiétants d’une noir d’ébène, pépins ou fers de lance empoisonnés.
Comment peut-on être si lourde de tant de rien impudent, magnifié ? Toujours ouverte sur les marchés de l’été, la pastèque s'exhibe en recours absolu contre une soif qui jamais ne s’étanche. A quoi bon l’acheter ? On sent déjà qu’elle se dissoudrait sur la langue, neige écarlate bien trop tôt fondue.
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La voix de Philippe Noiret. Le timbre d'une plénitude chaleureuse, une fluidité grave de hautbois, comme un accord avec tout de la vie. Mais au fond de ce velours, il y a un éloignement, une mélancolie. Une mélodie qui semble tellement en harmonie avec les choses de la terre qu'elle annonce déjà comme un départ.

NDL : repose en paix, Philippe.
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Plus que la violence du meurtre, on le sait bien, c'est l'intrigue qui compte, la découverte du coupable. Mais à quoi bon rivaliser avec les cellules de Poirot, la maîtrise d'Agatha ? Elle vous surprendra toujours à la dernière page, c'est son droit.
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Vivre par les toutes petites choses. Des sensations infimes, des phrases du quotidien, des gestes, des bruits, des odeurs, des atmosphères. Écrire sur tout cela. Car écrire et vivre, c'est la vie en relief, une opération qui s'est imposée lentement. Transformer en sujet ce qui n'en est pas un, la perspective est délicieuse. Elle donne le sentiment que l'existence est inépuisable, qu'il y aura toujours un angle différent à trouver, à chaque fois l'impression de respirer plus large, en ayant tiré de la vie même ce qu'elle contenait mais demeurait enfoui.
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"Tout passe, hélas, et change de saveur. Mes premières ivresses gustatives m'avaient rendu gourmand et débonnaire, enclin à la mansuétude. Elles se changèrent bientôt en aigreurs d'estomac. Vivre d'un travail alimentaire voué à l'alimentation a sans doute quelque chose d’intrinsèquement pervers - j'eus bientôt du mal à avaler."
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La plage du chagrin

On va chercher la tempe. On va glisser le dos du doigt contre la joue, tout doucement. Assis face à face à une terrasse de café. Il faut quelque chose qui sépare, un éloignement suffisant pour que le mouvement du bras soit lent, ferme, cérémonieux. Il faut bien se connaître, évidemment. Il faut que le silence soit installé depuis un bon moment, que les conversations, les enjouements tout autour soient devenus presque insultants. On est dans la tristesse de l'autre, on ne peut la partager vraiment avec des mots.
Subira-t-on une esquive, un refus, un détournement du visage ? On sait bien que non, qu'on peut oser. Il y a une géographie précise à respecter. De la tempe à la joue, en arrêtant le doigt bien avant la commissure des lèvres. Oui, c'est là que ça se passe. Un partage qui se veut consolant mais ne se fait pas d'illusion. Le dos du doigt trace une sorte de cicatrice douce, qui reconnaît le chagrin, le mal de vivre. C'est une blessure de l'envers, on n'a pas l'impudence de vouloir panser la plaie, on accompagne. Je sens je crois ce que tu sens, et je suis assez loin pour me vouloir tout près. Je fais passer l'envers de mon index sur cette plage presque abstraite, où je ne toucherai ni ta bouche ni tes cheveux. Et je souris à peine, et d'un air navré, et tu hoches la tête imperceptiblement : Oui, c'est si dur, rien n'y changera rien, effleure-moi quand même, tu ne peux davantage, merci de le savoir.
C'est tellement mieux que parler, ce n'est plus tout à fait se taire.
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Ce n'est pas ce qu'on dit qui compte, mais ce qu'on entend.
(Appeler d'une cabine téléphonique)
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Le dimanche soir ! On ne met pas la table, on ne fait pas un vrai dîner. Chacun va tour à tour piocher au hasard de la cuisine un casse-croûte encore endimanché - très bon le poulet froid dans un sandwich à la moutarde, très bon le petit verre de bordeaux bu sur le pouce, pour finir la bouteille. Les amis sont partis sur le coup de six heures. Il reste une longue lisière. On fait couler un bain. Un vrai bain de dimanche soir, avec beaucoup de mousse bleue, beaucoup de temps pour se laisser flotter entre deux riens ouatés, brumeux. Le miroir de la salle de bains devient opaque, et les pensées se ramollissent. Surtout ne pas penser à la semaine qui s'achève, encore moins à celle qui va commencer. Se laisser fasciner par ces petites vagues au bout des doigts fripés par la mouillure chaude. Et puis, quand tout est vide, s'extirper enfin. Prendre un bouquin ? Oui tout à l'heure (...)
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Bonheur de ces années, de ces amis, de ces moments où personne n'essaie d'épater l'autre ; plaisir de ces soirées où l'on parle juste comme ça, mais où l'on pourrait se taire ensemble. Plaisir aussi d'être avec les enfants, et de leur créer des images.
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Il lui restait du temps. Mais, depuis quelques mois, ce temps gratuit, naguère savouré, devenait un temps pour être mal et pour s'interroger. Un temps à ne trop savoir quoi en faire. Un temps pour redouter le temps. (p. 114 / Editions du Rocher, 1999)
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L'automne est descendu sur le parc de Cheyne Walk. Les arbres ne sont plus des arbres. Infinis dégradés de tous les ors, de tous les roux, de tous les flamboiements secrets gagnés par l'ombre et le poids du passé. Comme la toile peinte d'un décor de théâtre, ils se confrontent avec la fin du jour. Octobre, le mot est doux à boire et triste comme un vin de mort, si riche encore du parfum de la vie. Feuilles d'ambre de Cheyne Walk, rousseur de chevelure immense déployée sur le pavois du souvenir. Femme le parc, femmes les feuilles de papier, femme la terre et l'odeur douce amère après la pluie, femme la mémoire. Dans la pénombre, un paon au bleu soyeux de Moyen Age s'éloigne au long de l'allée silencieuse.
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On ne possède pas les autre. On ne détient jamais le secret des autres avec soi.
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