Philippe Torreton a passé beaucoup de temps avec et chez sa grand-mère qu'il appelle Mémé. Une grand-mère à l'ancienne, née en 1914, qui a passé toute sa vie dans sa ferme normande, loin des villes. Mariée, divorcée, remariée, veuve, elle a élevé des enfants, a passé du temps avec ses petits-enfants, a continué à travailler dur à la ferme. Pas d'effusions, de grandes embrassades, ce n'est pas le genre, mais tout est dit dans un geste, un regard. C'est de là que viennent les racines terriennes de l'acteur, ses origines modestes et son goût des choses simples, même s'il dit bien que maintenant, nous sommes et il est, loin de ce mode de vie à la dure où rien n'est gâché, rien n'est perdu, tout est économisé, utilisé jusqu'au bout. Une grand-mère qui serait taxée aujourd'hui de locavore, d'écolo, de radine, voire de bobo si elle habitait les beaux quartiers... Parce que de nos jours, vivre comme le faisaient nos grands-parents, c'est tendance.
Le portrait de Mémé est d'une tendresse infinie, d'un profond respect et d'un grand amour pour celle qui a marqué l'enfant, le jeune homme puis l'homme et qui ne le quittera jamais. Les mots sont justes, parfois durs ou crus, mais jamais déplacés. Beaucoup de pudeur, Philippe Torreton se dévoile et dévoile sa Mémé sans trop en montrer. On lit tout ce qu'elle lui a transmis, tout ce qu'il a voulu lui donner, tout le manque depuis qu'elle est morte. Et pourtant, Mémé était une femme simple, pas de ces héroïnes dont on parle partout.
J'ai beaucoup aimé ce texte de bout en bout et les dernières pages, lorsque Philippe Torreton autorise sa Mémé à mourir, sont absolument magnifiques. Simples, fortes et tellement belles. Rien à dire de plus si ce n'est de lire Mémé si ce n'est pas encore fait. Merci à Nathalie, qui se reconnaîtra -j'espère- qui m'a fortement conseillé cette lecture lorsque j'étais en plein dans Jacques à la guerre du même auteur.
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