Citations de Pierre Corneille (1037)
DON DIÈGUE : Je te donne à combattre un homme à redouter :
Je l'ai vu, tout couvert de sang et de poussière,
Porter partout l'effroi dans une armée entière.
J'ai vu par sa valeur cent escadrons rompus ;
Et pour t'en dire encor quelque chose de plus,
Plus que brave soldat, plus que grand capitaine,
C'est…
DON RODRIGUE : De grâce, achevez.
DON DIÈGUE : Le père de Chimène.
DON RODRIGUE : Le…
DON DIÈGUE : Ne réplique point, je connais ton amour ;
Mais qui peut vivre infâme est indigne du jour.
Plus l'offenseur est cher, et plus grande est l'offense.
Enfin tu sais l'affront, et tu tiens la vengeance :
Je ne te dis plus rien. Venge-moi, venge-toi ;
Montre-toi digne fils d'un père tel que moi.
Accablé des malheurs où le destin me range,
Je vais les déplorer : va, cours, vole, et nous venge.
Acte I, Scène 5 : (v. 276-290).
HORACE :
Rome a choisi mon bras, je n’examine rien :
Avec une allégresse aussi pleine et sincère
Que j’épousai la sœur, je combattrai le frère ;
Et pour trancher enfin ces discours superflus,
Albe vous a nommé, je ne vous connais plus.
CURIACE :
Je vous connais encore, et c’est ce qui me tue ;
Acte II, Scène 3 (v. 498-503)
ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie !
N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers
Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?
Mon bras qu'avec respect toute l'Espagne admire,
Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire,
Tant de fois affermi le trône de son roi,
Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ?
ô cruel souvenir de ma gloire passée !
Oeuvre de tant de jours en un jour effacée !
Nouvelle dignité fatale à mon bonheur !
Précipice élevé d'où tombe mon honneur !
Faut-il de votre éclat voir triompher le comte,
Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ?
Comte, sois de mon prince à présent gouverneur ;
Ce haut rang n'admet point un homme sans honneur ;
Et ton jaloux orgueil par cet affront insigne
Malgré le choix du roi, m'en a su rendre indigne.
Et toi, de mes exploits glorieux instrument,
Mais d'un corps tout de glace inutile ornement,
Fer jadis tant à craindre, et qui, dans cette offense,
M'as servi de parade, et non pas de défense,
Va, quitte désormais le dernier des humains,
Passe, pour me venger en de meilleures mains.
L'excès de ce bonheur me met en défiance,
Puis-je à de tels discours donner quelque croyance?
Qui ne craint point la mort ne craint point les menaces.
DAPHNIS : Mon cœur par mes regards vous fait trop voir sa plaie.
Un homme si savant au langage des yeux
Ne doit pas demander que je m'explique mieux.
Mais puisqu'il vous en faut un aveu de ma bouche,
Allez, assurez-vous que votre amour me touche.
Acte III, Scène 9.
À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
ANTIOCHUS : Que vous dirai-je enfin ? Je fuis des yeux distraits,
Qui me voyant toujours, ne me voyaient jamais.
Adieu : je vais, le cœur trop plein de votre image,
Attendre, en vous aimant, la mort pour mon partage.
BÉRÉNICE, Acte I, Scène 4 : (v. 277-280).
Le temps est un grand maître, il règle bien des choses.
NDL : merci Alex : )
Je cherche le silence et la nuit pour pleurer.
( Chimène, acte 3, scène 4)
MARTIAN
Mais, Seigneur, sur le trône élever un tel homme,
C'est mal servir l'État, et faire opprobre à Rome.
LACUS
Et qu'importe à tous deux de Rome et de l'État ?
Qu'importe qu'on leur voie ou plus, ou moins d'éclat ?
Faisons nos sûreté et moquons-nous du reste.
Point, point de bien public, s'il nous devient funeste,
De notre grandeur seule ayons des cœurs jaloux
Ne vivons que pour nous, et ne pensons qu'à nous.
(Acte II, Scène 4)
ALBIN : Seigneur, quelle mesure avez-vous à garder ?
Quand on voit tout perdu, craint-on de hasarder ?
Acte I, Scène 3.
DON RODRIGUE : Cette ardeur que dans les yeux je porte,
Sais-tu que c'est son sang ? le sais-tu ?
LE COMTE : Que m'importe ?
DON RODRIGUE : À quatre pas d'ici je te le fais savoir.
LE COMTE : Jeune présomptueux !
DON RODRIGUE : Parle sans t'émouvoir.
Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées
La valeur n'attend point le nombre des années.
Acte II, Scène 2 : (v. 401-406).
Cette obscure clarté qui tombe des étoiles.
PLAUTINE : Le coeur rempli d’amour, vous prenez un époux,
Sans en avoir pour lui, sans qu’il en ait pour vous.
Aimez pour être aimée, et montrez-lui vous-même,
En l’aimant comme il faut, comme il faut qu’il vous aime ;
Et si vous vous aimez, gagnez sur vous ce point
De vous donner entière, ou ne vous donnez point.
Acte I, Scène 1.
CHIMÈNE : Je crains plus que la mort la fin de ma querelle :
Allez, vengeance, amour, qui troublez mes esprits,
Vous n'avez point pour moi de douceurs à ce prix ;
Et toi, puissant moteur du destin qui m'outrage,
Termine ce combat sans aucun avantage,
Sans faire aucun des deux ni vaincu ni vainqueur.
Acte V, Scène 4 : (v. 1662-1667).
Il faut bonne mémoire après qu'on a menti.
La force de l'amour paraît dans la souffrance.
Le trop de confiance attire le danger.
Les bienfaits ne font pas toujours ce que tu penses ;
D'une main odieuse ils tiennent lieu d'offenses :
Plus nous en prodiguons à qui peut nous haïr,
Plus d'armes nous donnons à qui veut nous trahir.
(Émilie, Acte I)