Citations de Pierre Corneille (1034)
L'amour est un tyran qui n'épargne personne.
HORACE :
Rome a choisi mon bras, je n’examine rien :
Avec une allégresse aussi pleine et sincère
Que j’épousai la sœur, je combattrai le frère ;
Et pour trancher enfin ces discours superflus,
Albe vous a nommé, je ne vous connais plus.
CURIACE :
Je vous connais encore, et c’est ce qui me tue ;
Acte II, Scène 3 (v. 498-503)
ô rage ! ô désespoir ! ô vieillesse ennemie !
N'ai-je donc tant vécu que pour cette infamie ?
Et ne suis-je blanchi dans les travaux guerriers
Que pour voir en un jour flétrir tant de lauriers ?
Mon bras qu'avec respect toute l'Espagne admire,
Mon bras, qui tant de fois a sauvé cet empire,
Tant de fois affermi le trône de son roi,
Trahit donc ma querelle, et ne fait rien pour moi ?
ô cruel souvenir de ma gloire passée !
Oeuvre de tant de jours en un jour effacée !
Nouvelle dignité fatale à mon bonheur !
Précipice élevé d'où tombe mon honneur !
Faut-il de votre éclat voir triompher le comte,
Et mourir sans vengeance, ou vivre dans la honte ?
Comte, sois de mon prince à présent gouverneur ;
Ce haut rang n'admet point un homme sans honneur ;
Et ton jaloux orgueil par cet affront insigne
Malgré le choix du roi, m'en a su rendre indigne.
Et toi, de mes exploits glorieux instrument,
Mais d'un corps tout de glace inutile ornement,
Fer jadis tant à craindre, et qui, dans cette offense,
M'as servi de parade, et non pas de défense,
Va, quitte désormais le dernier des humains,
Passe, pour me venger en de meilleures mains.
L'excès de ce bonheur me met en défiance,
Puis-je à de tels discours donner quelque croyance?
DAPHNIS : Mon cœur par mes regards vous fait trop voir sa plaie.
Un homme si savant au langage des yeux
Ne doit pas demander que je m'explique mieux.
Mais puisqu'il vous en faut un aveu de ma bouche,
Allez, assurez-vous que votre amour me touche.
Acte III, Scène 9.
À vaincre sans péril, on triomphe sans gloire.
ANTIOCHUS : Que vous dirai-je enfin ? Je fuis des yeux distraits,
Qui me voyant toujours, ne me voyaient jamais.
Adieu : je vais, le cœur trop plein de votre image,
Attendre, en vous aimant, la mort pour mon partage.
BÉRÉNICE, Acte I, Scène 4 : (v. 277-280).
Qui ne craint point la mort ne craint point les menaces.
Le temps est un grand maître, il règle bien des choses.
NDL : merci Alex : )
ALBIN : Seigneur, quelle mesure avez-vous à garder ?
Quand on voit tout perdu, craint-on de hasarder ?
Acte I, Scène 3.
DON RODRIGUE : Cette ardeur que dans les yeux je porte,
Sais-tu que c'est son sang ? le sais-tu ?
LE COMTE : Que m'importe ?
DON RODRIGUE : À quatre pas d'ici je te le fais savoir.
LE COMTE : Jeune présomptueux !
DON RODRIGUE : Parle sans t'émouvoir.
Je suis jeune, il est vrai ; mais aux âmes bien nées
La valeur n'attend point le nombre des années.
Acte II, Scène 2 : (v. 401-406).
Je cherche le silence et la nuit pour pleurer.
( Chimène, acte 3, scène 4)
MARTIAN
Mais, Seigneur, sur le trône élever un tel homme,
C'est mal servir l'État, et faire opprobre à Rome.
LACUS
Et qu'importe à tous deux de Rome et de l'État ?
Qu'importe qu'on leur voie ou plus, ou moins d'éclat ?
Faisons nos sûreté et moquons-nous du reste.
Point, point de bien public, s'il nous devient funeste,
De notre grandeur seule ayons des cœurs jaloux
Ne vivons que pour nous, et ne pensons qu'à nous.
(Acte II, Scène 4)
PLAUTINE : Le coeur rempli d’amour, vous prenez un époux,
Sans en avoir pour lui, sans qu’il en ait pour vous.
Aimez pour être aimée, et montrez-lui vous-même,
En l’aimant comme il faut, comme il faut qu’il vous aime ;
Et si vous vous aimez, gagnez sur vous ce point
De vous donner entière, ou ne vous donnez point.
Acte I, Scène 1.
CHIMÈNE : Je crains plus que la mort la fin de ma querelle :
Allez, vengeance, amour, qui troublez mes esprits,
Vous n'avez point pour moi de douceurs à ce prix ;
Et toi, puissant moteur du destin qui m'outrage,
Termine ce combat sans aucun avantage,
Sans faire aucun des deux ni vaincu ni vainqueur.
Acte V, Scène 4 : (v. 1662-1667).
Cette obscure clarté qui tombe des étoiles.
La force de l'amour paraît dans la souffrance.
CLÉOBULE : Voyez ce qu'est Valens, voyez ce qu'est Placide.
Voyez sur quels États l'un et l'autre préside,
Où le père et le fils peuvent un jour régner,
Et cessez d'être aveugle et de le dédaigner.
THÉODORE : Je ne suis point aveugle, et vois ce qu'est un homme
Qu'élèvent la naissance, et la fortune, et Rome :
Je rends ce que je dois à l'éclat de son sang,
J'honore son mérite et respecte son rang ;
Mais vous connaissez mal cette vertu farouche
De vouloir qu'aujourd'hui l'ambition la touche,
Et qu'une âme insensible aux plus saintes ardeurs
Cède honteusement à l'éclat des grandeurs.
[...]
J'honorerai Placide, et j'aimerais Didyme.
Acte II, Scène 2.
BÉRÉNICE : Laissez-moi la douceur de languir en ces lieux,
D'y soupirer pour vous, d'y mourir à vos yeux :
C'en sera bientôt fait, ma douleur est trop vive
Pour y tenir longtemps votre attente captive ;
Et si je tarde trop à mourir de douleur,
J'irai loin de vos yeux terminer mon malheur.
Mais laissez-m'en choisir la funeste journée ;
Et du moins jusque-là, Seigneur, pas d'hyménée.
Pour votre ambitieuse avez-vous tant d'amour
Que vous ne le puissiez différer d'un seul jour ?
Pouvez-vous refuser à ma douleur profonde...
TITE : Hélas ! que voulez-vous que la mienne réponde ?
Et que puis-je répondre alors que vous parlez,
Moi qui ne puis vouloir que ce que vous voulez ?
Acte V, Scène 4.
Il faut bonne mémoire après qu'on a menti.