AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Pierre Drieu La Rochelle (319)


Le seul moment où j'ai approché l'idée de néant, c'est quand j'ai voulu me suicider. Quelques jours avant la bataille, doutant de la bataille, j'avais regardé mon fusil. Était-ce l'entrée du néant en moi que cette douce et désolante volupté qui aussitôt baignait mes membres, en regardant ce petit trou noir ? Non, ce n'était que l'illusion cajoleuse du suicide. Avec le venin de cette idée, l'âme sait se fabriquer un baume. L'idée du suicide chez celui qui ne se suicide pas est un baume amer ; après cette détente, il repart de plus belle.
Commenter  J’apprécie          20
Le commandant, c'est un binoclard, nerveux mais immobile. Pour rien au monde il ne sortirait de son bureau, la tranchée de deuxième ligne.
Commenter  J’apprécie          20
On était séduit par cette idée de mouvement tournant qui nous éloignait du théâtre principal des hostilités. Il nous semblait urgent d'aller chercher les Allemands là où ils n'étaient pas. Les Turcs nous paraissaient des adversaires pittoresques, distrayants - et pénétrables.
Commenter  J’apprécie          20
La fidélité dure aussi longtemps que dure l'étonnement.
Commenter  J’apprécie          20
Il acheva son verre. Il paya. Il sortit. Dehors c'étaient les Champs-Elysées, les flaques de lumière, les glaces infinies. Des autos, des femmes, des fortunes. Il n'avait rien, il avait tout. Le whisky et la drogue se poursuivaient et se chevauchaient en vagues brûlantes et froides, mais régulières. L'habitude. Au fond, un rythme tranquille.
Commenter  J’apprécie          20
- Dubourg, sortons ensemble ce soir. Nous téléphonerons à une amie de Lydia qui est assez belle.
- Non, ce soir j'écrirai deux ou trois pages sur mes Egyptiens, et je ferai l'amour avec Fanny. Je descends dans son silence comme dans un puits, et au fond du puits, il y a un énorme soleil qui chauffe la terre.
Commenter  J’apprécie          20
J'avais vu, et j'avais froncé les sourcils.
Du haut d'une colline, j'avais vu l'armée française déployée dans la plaine sous de vagues canonnades comme une vieille anecdote, oubliée longtemps par le Temps et soudain reprise par lui pour être sévèrement liquidée. Cette armée qui déployait partout ses rubans bleu et rouge rappelait les tableaux de bataille peints vers 1850. Archaïque, prise en flagrant délit de jactance, essayant vaguement de crâner, pas très sûre d'elle. J'avais vu passer des généraux, l'air triste, suivis de cuirassiers, conçus par leur père pour mourir à quelque Reischoffen.
Commenter  J’apprécie          20
Les faibles qui ont été traversés par l'idée de la grandeur s'attachent désespérément au coté le plus sombre de leur destinée, qui leur donne l'illusion d'une ressemblance avec ce qu’ils n'ont pu atteindre. ( p 146 )
Commenter  J’apprécie          21
Moi je n'ai jamais été jaloux que d'inconnus. Je ne comprends pas qu'on soit jaloux de personnes connues. On voit trop bien qu'elles ne le méritent pas. ( p 226)
Commenter  J’apprécie          20
Je voudrais renter dans la nuit, qui n'est pas la nuit, dans la nuit sans étoiles, dans la nuit sans dieux, dans la nuit qui n'a jamais porté le jour , qui n'a jamais rêve le jour,qui n'a jamais produit le jour. Dans la nuit immobile et muette, intacte. Dans la nuit qui n'a jamais été et qui ne sera jamais ( p 422)
Commenter  J’apprécie          20
On peut toujours annoncer des désastres, on a toujours raison tôt ou tard car l"histoire n'est que désastres, désastres et chants. ( p 284)
Commenter  J’apprécie          20
[...]
Il bouillait de l'envie de lui montrer sa belle conquête et il voulait effacer l'impression fâcheuse qu'avait emporté Carentan d'une soirée passée Cours-la-Reine quand son pupille y vivait encore avec Myriam. "Elle est jolie, cette petite, avait-il marmonné en sortant. Et elle a du cœur. Mais hélas, elle a aussi de la tête.
Commenter  J’apprécie          20
[...]
La terre pauvre et la mer riche. La mer riche de taches sombres et claires, la grande tacheté, la grande compagne, la grande femelle divine à qui l'homme rêvant fait dire tout ce qu'il veut.
Commenter  J’apprécie          20
Le travail qu'on lui donna ne présentait aucun intérêt : il s'agissait de tenir à jour la correspondance avec les consuls d'Amérique du Sud. Ces consuls ne faisaient pas grand'chose et c'était tout ce qu'on leur demandait.
Commenter  J’apprécie          21
Un signe de vieillissement que je remarque depuis assez longtemps: mes oreilles s'agrandissent. L'homme montre en prenant de l'age , qu'il n'est qu' un Âne ( p 81)
Commenter  J’apprécie          20
Depuis longtemps je m’étais séparé de la foule et de toux ceux qui pensent selon la foule. Cela m'avait donné un sentiment de suffisance. cette suffisance affectait des parages trop intérieurs pour ne pas tourner peu à peu au détachement de tout ce qui peut nourrir la suffisance personnelle, car chez un être qui est toujours en chemin du moi vers le soi, ce qui nourrit, épure .( p 28)
Commenter  J’apprécie          20
Vois-tu, la création, c'est un hasard, une surprise entre les mille millions de possibilités de l'être.
Commenter  J’apprécie          20
Je ne sens que quand je sens l'éternité ( p 533)
Commenter  J’apprécie          20
Il sentait en lui un penchant infini à l'immortalité, à la contemplation, au silence. il s’arrêtait souvent au milieu d'une rue, au milieu d'une chambre pour écouter.
Ecouter quoi ? Ecouter tout. Il se sentait comme un ermite léger,furtif, solitaire qui marche à pas invisibles dans la foret et qui se suspend pour saisir tous les bruits,tous les mystères, tous les accomplissements. ils souhaite de se promener pendant des années dans les villes et dans les forets, de n' être nulle part et d’être partout. le rêveur à la gout divin de l'omniprésence. ( p 110)
Commenter  J’apprécie          20
Il se demandait si les fins de l’homme sont des fins sociales. Ou plutôt il rêvait d’une société qui laisserait beaucoup de liberté à l’homme ; non pas de cette liberté dont on parle tant dans les villes et qui est un attrape-nigaud, la liberté de faire du bruit ; non, une autre liberté, celle dont il jouissait en ce moment et qui était la liberté de se taire et de contempler. Il rêvait d’une société où la production et la jouissance des biens matériels seraient limitées à un prolétariat gras, cossu, bourgeois ; et pour une classe d’exception, pour une sorte de noblesse, la générosité de l’homme serait reportée dans la contemplation. Il ne s’agissait point là de l’inertie des « intellectuels » du siècle dernier affalés dans leur bibliothèque, dominés par leur faiblesse corporelle, livrés par leur incapacité politique à la dictature de la foule ivre de besoins et de satisfactions médiocres, noyés dans le flot montant de la laideur des objets, des vêtements, des maisons, et alors se confinant dans une rêvasserie subjective de plus en plus mal nourrie et maigre.

Il pensait, après le Platon des Lois, que la contemplation ne peut être pleine et créative qu’appuyée sur des gestes et sur des actes qui engagent toute la société. Il n’est de pensée que dans la beauté et il n’est de beauté que par le concours de toute la société ramenée à la sainte loi de la mesure et de l’équilibre. Restriction des besoins pour l’élite, équilibre des forces matérielles d’une part, corporelles et spirituelles de l’autre. Ascétisme du religieux, mais aussi de l’athlète et du guerrier.

Telles avaient été la Grèce, l’Europe du Moyen-Âge.

L’Islam autour de lui, même avarié par la colonisation, lui rappelait l’éternelle règle d’or, en bonne partie restituée par Maurras en ces temps-ci.

Presque nu, mangeant peu, buvant moins, silencieux, marchant au soleil ou assis dans une ombre chaste et il était d’accord avec ces officiers sahariens qui croyaient plus dans la maigre maxime des vaincus du désert que dans le gras propos triomphant à Paris. Il rêvait que la civilisation d’Europe enfin s’arrêtât comme s’était autrefois arrêtées les civilisations d’Asie et que dans le silence enfin recouvré on n’entendît plus que le son d’une note de musique ou le heurt de deux sabres dans quelque duel absurde ou le bruit très discret du paraphe du poète. Assez de progrès. Il n’attendait rien que la paresse. (pp. 502-504)
Commenter  J’apprécie          20



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Pierre Drieu La Rochelle (814)Voir plus

Quiz Voir plus

Jeune, vieux ou vieille ?

Simone de Beauvoir a écrit :

Mémoires d'une vieille fille rangée
Mémoires d'une jeune fille rangée

25 questions
367 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature , humour , vieux , vieilles , jeunes , contrairesCréer un quiz sur cet auteur

{* *}