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Citations de Pierre Drieu La Rochelle (319)


Les hommes n'ont pas été humains, ils n'ont pas voulu être humains. Ils ont supporté d'être inhumains. Ils n'ont pas voulu dépasser cette guerre, rejoindre la guerre éternelle, la guerre humaine? Ils ont raté comme une révolution.
Ils ont été vaincus par cette guerre. Et cette guerre est mauvaise, qui a vaincu les hommes. Cette guerre moderne, cette guerre de fer et non de muscles. Cette guerre de science et non d'art. Cette guerre d'industrie et de commerce. Cette guerre de bureaux. Cette guerre de journaux. Cette guerre de généraux et non de chefs. Cette guerre de ministres, de chefs syndicalistes, d'empereurs, de socialistes, de démocrates, de royalistes, d'industriels et de banquiers, de vieillards et de femmes et de garçonnets. Cette guerre de fer et de gaz. Cette guerre faite par tout le monde, sauf par ceux qui la faisaient. Cette guerre civilisation avancée.
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Pourquoi nous battions-nous? Pour nous battre.
Jeter ces Français contres ces Allemands, faire étinceler ces Français contre ces Allemands. Et réciproquement. La France et l'Allemagne existaient avec J-C. La Gaule et la Germanie. Inchangeables, éternelles comme l'Egypte et Babylone. Incapables de vaincre, incapables d'être vaincues.
C'était l'éternelle bataille dans la plaine.
Nous n'avions pas de but; nous n'avions que notre jeunesse.
Nous criions. Qu'est-ce que nous criions? Nous hurlions comme des bêtes. Nous étions des bêtes. Qui sautait et criait? La bête qui est dans l'homme, la bête dont vit l'homme. La bête qui fait l'amour et la guerre et la révolution.
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"Le peuple de Descartes." Mais Descartes encore embrassait la foi et la raison. Maintenant qu'était ce rationalisme qui se réclamait de lui? Une sentimentalité étroite et radotante, toute repliée sur l'imitation rabougrie de l'ancienne courbe créatrice, petite tige fanée.
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Et l'on est toujours déçu par les solennités attendues. L'avais-je assez rêvé, ce moment-là. Mais, au fond, je n'avais jamais cru que ce moment rêvé pourrait se produire dans ma vie. Enfant, j'avais rêvé d'être soldat, mais quel rêve c'était ! Quel rêve imbécile et vide de tout contenu ! L'homme moderne, l'homme des cités est rongé des rêves du passé.
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C'est bon une femme, pour se reposer, pour s'accomplir, mais il faut la mériter, et je ne l'avais pas méritée.
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Il y a beaucoup d'action dans l'homme de rêve et beaucoup de rêve dans l'homme d'action.
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Il y avait chez Tristesse une logique déchirante et qui la déchirait ; mais sur la déchirure elle ne voulait que du fiel.
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14 mars 1940.
Vu Daladier sur l'écran. Son visage est définitivement stupéfait. Dans un visage tout en boursouflures retombées, deux yeux fixes de velléitaire mort depuis toujours et conservé dans l'alcool, regardent l'inexorable progrès de la débâcle. Au moins, lui la voit, Chamberlain ne la voit pas. Chamberlain est devant la guerre comme un pharmacien devant Dieu.
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Ce qui le faisait le plus détester, c’était ce qui attirait le plus l’attention sur lui : une façon de vivre qui, pour être assez libre, ne l’était pas selon l’idée tout extérieure et théâtrale que la bande se faisait de la liberté.
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Il n’y a pas de mots pour décrire un grand chagrin et celui-ci n’a pas de gestes pour s’exprimer. Peut-on décrire le sentiment du néant ? Or, c’était le sentiment du néant qui s’étendait sur tout ce qui était Myriam, visage et vie. Il se rappela l’aveu tardif qu’il avait fait de Mabel ; cela n’avait rien été. Maintenant, elle était touchée, frappée dans sa vitalité, dans sa jeunesse, dans sa confiance. « Bien pire que la mort, aucun rapport avec la mort. »
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Ce jour-là, je me suis juré que tout cela était une honte, une abomination et que cela n’avait rien à faire avec moi, un soldat. Un soldat, c’est un homme. Un homme, c’est un corps. Or qu’advenait-il de mon corps ? Je n’avais pas à m’en servir. Il était voué à une lourde et sournoise et continue blessure hideuse et lente comme une maladie. Je n’avais ni à courir ni à sauter. Je n’avais à remuer ni mes bras, ni mes jambes. Mes muscles ne me servaient à rien. Quant au commandement, cette partie puissante de mon être entre mon corps et mon âme n’avait pas à remuer non plus. Mes hommes étaient assis et attendaient. S’il avait fallu susciter quelque chose en eux, c’eût été une peur active. Et cette absence de l’ennemi, qui causait une désorientation perpétuelle de tout l’être humain en moi – c’est-à-dire l’impossibilité de donner un sens à mon courage, l’inutilité de toute précision, de toute articulation, la paralysie en moi de l’action, de la liberté.
Qu’est-ce que je fais là ? Je suis un homme. J’ai été promis à un monde d’hommes et d’animaux. Mes ancêtres n’ont pas travaillé à une civilisation pour que soudain nous n’y puissions plus rien et que le mouvement se perde machinal, aveugle, absurde ? Une machine, un canon qui tire sans arrête, tout seul. Qu’est-ce que cela ? Ce n’est ni un homme, ni un animal, ni un dieu. C’est un calcul oublié qui poursuit seul sa trajectoire à travers le monde, c’est un résidu incroyable. Quelle est cette reprise étrange de la matière sur la vie ? Quel est ce déroulement mécanique de la matière ? Des mots absurdes deviennent vrais : mécanisme, matérialisme.
C’était un déchaînement inattendu, épouvantable. L’homme au moment d’inventer les premières machines avait vendu son âme au diable et maintenant le diable le faisait payer. Je regarde, je n’ai rien à faire. Cela se passe entre deux usines, ces deux artilleries. L’infanterie, pauvre humanité mourante, entre l’industrie, le commerce, la science. Les hommes qui ne savent plus créer des statues, des opéras, ne sont bons qu’à découper du fer en petits morceaux. Ils se jettent des orages et des tremblements de terre à la tête, mais ils ne deviennent pas des dieux. Et ils ne sont plus des hommes.
Je me rappelle Marathon. J’en appelle à Marathon.
Je m’ennuie. Je ne puis déployer ni mon intelligence ni mon courage.
(Mais si tu étais aviateur !)
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Le capitaine était sorti du rang. C'était un gros bureaucrate, le ventre rond sur des jambes courtes et faibles. La figure rubiconde, avec une maigre moustache sale, comme du crin de cheval de bois.
Il n'avait pas l'air rassuré, ce matin-là, lui qui devait prendre sa retraite en octobre. Dès la première rafale, il fut balayé, les quatre fers en l'air.
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Alain descendit l'escalier. On se demande pourquoi c'est fait, un escalier, où ça mène. Rien ne mène nulle part, tout mène à tout. Rome est le point de départ de tous les chemins qui mènent à Rome.
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A ce moment entra une femme. Une statue à la dérive. Echappée des mains d'un Pygmalion, qui n'était qu'un copiste, elle avait la beauté d'apparat des reliques. Ses épaules, ses seins, ses cuisses avaient l'excès faible, la redondance de la sculpture de basse époque.
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Les deux amis marchaient le long de la Seine. La rivière coulait grise, sous un ciel gris, entre des maisons grises. La nature ne pouvait être, ce jour-là, d'aucune aide aux hommes : les pierres cassées s'amollissaient dans l'air humide. Dubourg frissonna ; cet homme qui marchait à côté de lui n'avait rien pour se soutenir : ni femme, ni homme, ni maîtresse, ni ami ; et le ciel se dérobait.
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Les Allemands se mettaient à tirer.
-Ils ressortent. Ils avancent en tirailleurs. Les uns tirent, les autres avancent.
Les balles sifflaient. On se terrait; mais on n'avait pas trop peur, car personne ne serait touché. On tirait au jugé, de mal en pis.
Zing, zing. On écoute, on se rappelle des histoires. Il faut se persuader, car on a de la peine à le croire, que la mort ce soit ces mouches. Petits cris, petites chansons. D'abord farceuses, amusantes. Ensuite coquines, sournoises. Mais bientôt cinglantes. Tout d'un coup en acier, tout d'un coup dures. Décidément, décidément...Tout d'un coup, on a peur et colère en même temps. Ah! Les salauds!
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Qu'est-ce que la beauté d'une femme ? Une promesse, une allusion. A quoi ? A ce qui compte pour l'homme : la grandeur. Dans les bras d'Hassib, Beloukia avait eu des cris qui lui rappelaient et qui lui annonçaient l'élan mortel du combat.
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Les femmes tuent le passé en le taisant, les hommes en le parlant ( p 227)
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Il n'y a pas de mot pour décrire un grand chagrin et celui-ci n'a pas de geste pour s'exprimer. Peut-on décrire le sentiment du néant ? Or, c'était le sentiment du néant qui s'étendait sur tout ce qui était Myriam, visage et vie.
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La ville ce n'est pas la solitude parce que la ville anéantit tout ce qui peuple la solitude. La ville c'est le vide. Or la vraie solitude est plénitude. Ici la solitude c'est l’Homme avec ses biens avec son ciel, avec sa terre avec son âme, avec la dureté de ses seuls biens , avec la faim , avec la soif avec la prière au cri perdu. ( p 502)
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