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Citations de Pierre Jourde (329)


Dans le double living-salle à manger, des photographies de mes hôtes hilares, de part et d'autre de leur fils impassible, colonisaient les cheminées et les étagères. Ils avaient l'air si fiers de figurer sur la photo en même temps que leur vedette favorite que je me suis surpris à me demander pourquoi il ne les leur avait pas dédicacées. (p. 178)
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Je me perdais dans les labyrinthes divers que démultipliait les discours inextricables d'agents EDF en proie au dédoublement et à la contradiction, de clercs de notaire atteints de byzantinisme aigu, d'employés d'assurances évasifs, de fonctionnaires des impôts moins concrets que des ectoplasmes. Et je ne vivais encore qu'une préhistoire de l’administration. (p. 170)
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L'homme était fait pour remplir des dossiers, tel était son destin, le sens de sa présence sur terre, son statut métaphysique. L'homme est une espèce vivante qui a développé une main préhensible afin de cocher les cases et d'informer les rubriques, il a inventé l'imprimerie afin de multiplier les dossiers, l'électricité pour photocopier les pièces, la politique et le droit pour faire proliférer les lois et règlements, l’État pour qu'il exige des documents. (p. 169)
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J'étais tellement formaté à me signer automatiquement devant la statue de la Vierge qui ornait un couloir de l'école qu'il m'arrivait distraitement de me signer en passant devant le panneau RATP donnant la liste des stations qui ornait le couloir du métro. (p. 175)
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Invraisemblable parce qu'il est difficile d'imaginer intérieur plus désolant, plus morne et d'un goût plus déprimant que celui de mes grands-parents. A cause de leur salle à manger Art déco, j'ai mis très longtemps à me convertir, comme tout le monde, à l'Art déco. C'est qu'ils avaient réussi à trouver de l'Art déco insignifiant, de l'Art déco triste, de l'Art déco qui vous fait penser à des dimanches après-midi de fin de repas, alors que dehors les fastes du beau jour s'achèvent sans nous, et que l'on contemple les miettes et le restant de gâteau sur la nappe en se disant qu'il va falloir sérieusement se mettre à digérer. (pp. 18-19)
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- (...) Chez Julien Gracq, personne ne pisse jamais, que je sache.
- Ni chez Lamartine, j'en conviens. Mais enfin tu n'es pas sans savoir, oublieux lecteur, sans même recourir à Rabelais et à son torche-cul qu'on commente à l'université que Zola, Swift et Sartre passaient en leur temps pour des dégoûtants qui se vautraient dans l'ordure. "Les voyages de Gulliver", dans le genre scato, c'est fadé. Tiens, rien que dans "La Terre", le paysan nommé "Jésus-Christ" est un pétomane, alors hein, la littérature ça n'est pas forcément du sentiment élevé, de la sublimation et de l'idéal. C'est l'homme. "Inter faces et urina nascimur", comme dirait le gars d'Hippone.
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La douleur n'a rien d'honorable. L'idée même est déplaisante, comme si l'on pouvait tirer quelque rétribution de cela. Ni la souffrance, ni l'absence de souffrance ne peuvent se vivre sans culpabilité. Il faudrait apprendre à ne plus s'en vouloir.
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Tu avances, d'année en année, accumulant des images qui se mêlent à l'amas fragmenté des rêves. Souvenirs, songes, récits, relus, retouchés, reclassés. De quoi pourrais-tu être certain ? Tu avances en rejetant derrière toi, comme des peaux translucides, ces fantômes successifs que tu as cru être toi-même, et tu n'es, en ce moment, que le fantôme abandonné d'un futur fantôme.
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Nous étions les rejetons choyés et adorés d’un homme et d’une femme que leurs parents avaient négligés, qui n’avaient pas été aimés, qui auraient voulu fonder une vraie famille, donner à leurs enfants ce qu’eux n’avaient pas reçu. Et voilà que la malédiction se poursuivait, leurs enfants s’acharnaient à décevoir tous leurs espoirs.
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Tout le monde aime le parfum suave du jasmin. Il évoque les couleurs du grand bazar d’Istanbul, une chaude soirée à Séville, un thé dans un palais un peu fané de Jaipur.
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Ma niaiserie me fait honte. Comme si tout cela pouvait exister encore. Il n'y a plus de temps. L'humanité a vécu des siècles dans l'épaisseur du temps. Le passé creusait partout des puits obscurs, dont on n'apercevait pas le fond. C'est fini à présent. Pour la première fois dans l'histoire, c'est fini. Le passé est récuré pour décorer le présent. On en a fait un passé d'agrément, aménagé pour des excursions pédagogiques. Il sert de décor à des films et à des romans. Mais son ombre ne nous suit plus, ne se penche plus, le soir, sur notre sommeil. Elle s'est retirée de nos vies. Quant aux aïeules des contes, qui accommodaient des substances étranges dans des cuisines noires, elles font du stretching et portent des caleçons moulants. Nous sommes exilés des mythes.
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Un écrivain, habitué professionnellement à donner une importance démesurée à n'importe quoi.
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Le narrateur soulève ici une question politique cruciale. Les jeunes gens modernes, en effet, ne sont-ils pas ces artistes sauvages et libres qui s'abreuvent à toutes les folies et à tous les rêves, ces révoltés magnifiques dont un système carcéral et normalisateur tente de brider l'originalité en leur imposant un modèle unique, gris et ennuyeux ? Le cri d'alarme de quelques films courageux ( le cercle des poètes disparus) n'a pas été entendu.
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Qu’on lise Le Boucher d’Alina Reyes, spécialiste de l’érotisme qualité française garantie. On tombera sur un morne alignement de figures obligées qui ne ferait plus rougir que des chaisières de Saint-Flour, mais qui pourrait à la rigueur susciter les prémices d’un raidissement chez un notaire tourangeau gavé au Viagra
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De telles cruautés atteignent parfois n'importe qui, celui qui commet la faute d'être là au mauvais moment. Mais le plus souvent, elles visent une cible bien particulière : l'autre.
Qui est l'autre, dans les territoires invisibles ?
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Martine avait toutes les qualités: intelligente, travailleuse comme sa mère, comme elle excellente cuisinière, tricoteuse de compétition. (...) Jolie, aussi: ses cheveux crépus coupés court, prunelle noire, mince visage basané aux pommettes marqués. Une beauté tadjike ou kurde.
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Exhibition et stéréotypes peuvent donner de grandes œuvres. Ici, ils engendrent situations prévisibles, considérations oiseuses, interminables conversations à l'objet indécis, qui feraient passer les dialogues de Loft Story pour des congrès de métaphysiciens.
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Je me souviens du bonheur de ces reliefs effacés, enveloppés dans une substance égale, éblouissante, engourdissant les sensations, avalant même les sons. Plus de prés, de bosquets, de haies, de murs ,de chemins, d'herbe, de taupinières, une continuité douce, des ondulations moelleuses laissant seulement la trace des choses qu'on s'étonnait presque d'avoir connues sous une forme moins parfaite. Moins encore que des traces, une allusion, une esquisse de courbe, rien. D'invraisemblables vagues soulevées par le vent, au bord de l'effondrement, et demeurant comme des rouleaux mécaniques figés dans un temps suspendu. Des éclats de paillettes que la lumière allume, éteint, ranime ailleurs.Et parfois, sous la couche régulière, par une déchirure, comme un rappel , le souvenir d'un monde ancien aboli, un aperçu sur des profondeurs noires et pleines de formes enchevêtrées. Si la neige, à nouveau, pouvait tout envelopper, effacer les reliefs et les chagrins, taire les mots.
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On squattait les boutiques vides, les bureaux, les appartements. Les réfugiés y proliféraient, les lieux devenaient trop étroits pour loger toute la marmaille. On poussait les vieux toujours un peu plus loin, un peu plus à l'étroit. Ils s'obstinaient à vivre, à occuper quelques précieux centimètres carrés du bout des semelles de leurs charentaises. La grand-mère finissait dans le buffet Henri IV, où elle attendait la fin, ce n'était pas une mauvaise propédeutique au cercueil. Un autre se recueillait au fond du vase Ming, qui peut accoutumer à l'urne cinéraire.
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Ce n'était pas un pays,c'était un parc d'attractions,un train fantôme.Manquaient le yéti,le dragon,les génies gardiens,les blocs de glace tamponneurs,les précipices et les labyrinthes,mais cela ne tarderait pas,à ce rythme.
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