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Citations de Rainer Maria Rilke (1487)


Rainer Maria Rilke
Ma vie

Ma vie entière m'appartient, mais celui qui le dit
m'en privera, car elle est infinie.
L’ondulation de l’eau, l’ombre du ciel
m’appartiennent ; c'est toujours la même, ma vie.

Aucun désir ne m'ouvre : je suis rassasié,
je ne me ferme jamais de refus -
au rythme de mon âme quotidienne
je ne désire pas - je suis ému ;

en m'émouvant j'exerce mon empire,
rendant réels les rêves de la nuit :
dans mon corps au fond de l'eau
j'attire les au-delà des miroirs...
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Éteins-moi mes yeux

Éteins mes yeux : je peux encore te voir,
prive mes oreilles du son : je peux encore t'entendre,
et sans pieds je peux encore venir à toi,
et sans voix je peux encore t'appeler.

Coupe-moi mes bras, je te tiendrai encore
de tout mon cœur comme d'une seule main,
arrêterai mon cœur, mon cerveau continuera à battre,
et si ton feu finit par consumer mon cerveau,
le flux de mon sang t'emportera. .


Traduit par Albert Ernest Flemming
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Rainer Maria Rilke
… amoureux, êtes-vous encore aimants ? lorsque vous vous
portez chacun
jusqu’à la bouche de l’autre et mariez vos lèvres – quand
vos philtres se touchent :
ô comme étrangement alors le buveur échappe à l’action.
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Rainer Maria Rilke
« ne restera pas un mot au-dessus de l’autre, chaque sens se dissoudra comme les nuages et coulera comme de l’eau ».
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Ah, dans l’air cet appel
  
  
  
  
Ah, dans l’air cet appel
d’amour ouvert ! Sous les
épaules contenez le parfum du
cœur ; soyez fleurs, pour que
vous vous dispensiez et nous
changiez l’espace
pondéré en brusques jardins


/ Traduction Philippe Jaccottet
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Une seule voie vous est donnée. Descendez en vous-même. Cherchez d’où vient ce besoin d’écrire ; sentez s’il plonge ses racines au plus profond de votre coeur. Confessez-vous : n’aurais-je plus qu’à mourir si l’on m’interdisait d’écrire ? Ceci surtout : à l’heure la plus silencieuse de votre nuit, demandez-vous : Est-ce que je dois écrire ?
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Vous demandez si vos vers sont bons. Vous me le demandez. Vous l'avez déjà demandé à d'autres. Vous les envoyez à des revues. Vous les comparez à d'autres poèmes, et vous vous inquiétez si certaines rédactions refusent vos tentatives. Hé bien (puisque vous m'avez autorisé à vous conseiller) je vous prie de renoncer à tout cela. Vous regardez vers le dehors, et c'est là précisément ce que vous devriez ne pas faire aujourd'hui. Personne ne peut vous conseiller ni vous aider, personne. Il n'est qu'un seul moyen. Rentrez en vous-même. Cherchez la raison qui, au fond, vous commande d'écrire ; examinez si elle déploie ses racines jusqu'au lieu le plus profond de votre cœur ; reconnaissez-le face à vous-même : vous faudrait-il mourir s'il vous était interdit d'écrire ? Ceci surtout : demandez-vous à l'heure la plus silencieuse de votre nuit : dois-je écrire ? Creusez en vous-même vers une réponse profonde. Et si cette réponse devait être affirmative, s'il vous est permis d'aller à la rencontre de cette question sérieuse avec un fort et simple «je dois», alors construisez votre vie selon cette nécessité ; votre vie, jusqu'en son heure la plus indifférente, la plus infime, doit se faire signe et témoignage pour cette poussée.
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Rainer Maria Rilke
Au bord de la nuit

Ma chambre et cette immensité,
éveillée au-dessus de la terre des perroquets, -
ne font qu'un. Je suis une corde,
enfilée sur de larges
résonances bruissantes.

Les choses sont des corps de violon,
pleins de grognements sombres ;
à l'intérieur les pleurs des femmes rêvent,
à l'intérieur la rancœur de dynasties entières
s'agite dans le sommeil...
Je
tremblerai d'argent : alors
tout sous moi vivra,
et ce qui se trompe dans les choses,
s'efforcera après la lumière,
qui tombe de ma danse ton,
autour duquel le ciel ondule,
à travers des fissures étroites et ardentes,
dans les anciens
gouffres sans fin...
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" Je suis pour eux un objet de risée…

Ils ruinent mon sentier, et pour augmenter mon affliction ils n’ont besoin du secours de personne…
Maintenant mon âme se fond en moi…

La nuit me perce l’os et le mal qui m’attaque ne prend pas le temps de dormir.

Par la violence de ma douleur, mon manteau perd sa forme et se colle à mon corps m’enserrant comme une tunique…

Les jours de la calamité m’ont surpris…

Ma harpe n’est plus qu’un instrument de deuil ; ma flûte n’est plus qu’un sanglot.
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Mon cœur fait chanter des anges


Ce soir mon cœur fait chanter
des anges qui se souviennent…
Une voix, presque mienne,
par trop de silence tentée,

monte et se décide
à ne plus revenir ;
tendre et intrépide,
à quoi va-t-elle s’unir ?
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Depuis, je sais parfaitement que même le pire, le désespoir, n’est qu’une plénitude, un afflux d’existence qui, d’une seule résolution du cœur, pourrait se laisser retourner en son contraire, et que lorsque quelque chose devient très lourd et insupportable, c’est que nous sommes déjà tout près de sa métamorphose.
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Cette solitude dans laquelle je me suis affermi depuis vingt ans ne saurait devenir une exception, un "congé" que je devrais quémander sur présentation de justifications diverses, auprès d'un bonheur surveillant. Je dois vivre en elle sans limitations. Elle doit rester la conscience fondamentale où je puisse toujours revenir, non pas dans l'intention de lui extorquer sur l'instant, tout de suite, tel ou tel gain, non pas dans l'espoir qu'elle me soit fructueuse; mais involontairement, discrètement, innocemment: comme au lieu qui est le mien.
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Si votre quotidien vous parait pauvre, ne l'accusez pas. Accusez-vous vous-même de ne pas être assez poète pour appeler à vous ses richesses. Pour le créateur rien n'est pauvre, il n'est pas de lieux pauvres, indifférents. Même si vous étiez dans une prison, dont les murs étoufferaient tous les bruits du monde, ne vous resterait-il pas toujours votre enfance, cette précieuse, cette royale richesse, ce trésor des souvenirs ?
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«  Être aimé, c’est se consumer dans la flamme .
Aimer, c’est luire d’une lumière inépuisable.
Être aimé, c’est passer;
Aimer, c’est durer » .
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Car celui qui crée doit être pour lui-même un monde et tout trouver en lui-même et dans la nature à laquelle il s’est joint.
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Votre regard est tourné vers l’extérieur, et c’est d’abord cela que vous ne devriez désormais plus faire. Personne ne peut vous conseiller ni vous aider, personne. Il n’existe qu’un seul moyen : plonger en vous-même.
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"Je viens vers toi en état de disette mon précieux coeur, avec tout mon Hier, tout cet impénétrable, toute cette défaite attachée à mes basques. Je vais donc te voir Magda,avec ces yeux qui n'y sont pas préparés; mes mains , mes mains d'hier vont chercher un refuge dans les tiennes... Dis-moi, que fait-on le jour qui précède un tel jour. "
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Car même les meilleurs errent parmi les mots qu’ils ont à exprimer le plus ténu, le presque indicible.
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Les oeuvres d’art sont d’une solitude infinie et rien ne peut moins les atteindre que la critique. Seul l’amour peut les saisir, les retenir et être juste envers elle.
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La matinée se passe à Meudon ; souvent, dans les différents ateliers,  plusieurs ouvrages entamés sont tour à tour entrepris et quelque peu avancés ; viennent s'y mêler, importunes et inévitables, toutes les relations d'affaire, dont le souci et l'ennui ne sont pas épargnés au maître, étant donné  que presque aucune de ses œuvres ne passe par les marchands. Généralement, , un modèle l’attend en ville dès deux heures, modèle professionnel ou client posant pour un  portrait commandé, et c'est seulement en été que Rodin réussit à regagner Meudon avant que tombe le crépuscule. La soirée là-bas est courte et toujours identique ; car c'est à neuf heures régulièrement, qu'on se retire pour la nuit.

 Et, si vous vous enquérez des distractions, des exceptions : au fond il n’ en existe pas ; le « travailler, ça repose » de Renan ne s'est peut-être jamais aussi bien appliqué que dans ce cas. Mais la nature allonge parfois inopinément  ces jours extérieurement si uniformes et y ajoute des moments,  des vacances entières qui se situent avant la journée de  travail. L' ami de la nature ne laisse rien échapper. Il est des matins pleins de bonheur qui le réveillent, et alors il partage avec eux.  Il va voir son jardin ou bien il arrive à Versailles pour le somptueux réveil des parcs, comme on venait au lever du roi. Il aime ce qu'ont d'intactes ces premières heures . " On voit les animaux et les arbres chez eux", dit-il gaiement, et il remarque tout ce qui est sur son chemin et respire la joie. Il ramasse un champignon, il est ravi, il le montre à Mme Rodin qui, comme lui, n’a pas renoncé à ces promenades matinales et lui dit, tout réjoui : " Regarde,  et ça ne prend qu'une nuit ; c'est fait en une seule nuit,  toutes ces lamelles.C'est de la belle ouvrage."

  En bordure du parc s’étend le paysage agricole. Un attelage de quatre bœufs de labour tourne en bout de sillon,  lentement, et déplace sa masse sur la glèbe fraîche. Rodin admire la lenteur, la minutie de cette lenteur, sa plénitude.  Puis : "C’est tout obéissance." Ses pensées, procèdent de même à travers  son travail. Il comprend cette image, comme il comprend les images des écrivains sur lesquels il se penche quelquefois le soir. (Ce n’est plus Baudelaire, c'est encore parfois Rousseau , très souvent c’est Platon.) Mais quand alors,  depuis les  terrains d'exercice de Saint-Cyr, par-dessus les calmes travaux des champs, retentissent les sonneries belliqueuses et rapides, il sourit : car il voit le bouclier d’Achille.

Et au prochain tournant c'est la chaussée qui s'étend devant lui, « la belle route », longue et unie et semblable à la marche elle-même. Et la marche, elle aussi, est un bonheur. C'est ce que lui ont appris ces années en Belgique. Exécutant  habile que son associé d'alors,  pour diverses raisons, n'utilisait qu'à moitié,  il parvenait à passer des journées entières dehors. Il emportait bien une boîte de peinture,  mais il s’en servait de moins en moins, s'apercevant qu’en s’occupant d’un seul endroit,  il se détournait de la joie que lui procureraient mille autres choses, qu’il connaissait encore si peu. Ce devint donc une époque du regard.  Rodin dit que ce fut sa plus riche. Les grandes hêtraies  de Soignes, les longues routes brillantes qui en sortent pour courir au devant du vaste vent des plaines, les clairs estaminets où  repos et  repas sont comme une fête dans leur simplicité  (généralement du pain trempé dans le vin : « une trempette ») : tel avait été longtemps l'horizon de ses impressions,  dans lequel chaque petit fait surgissait comme accompagné d' un ange : car derrière chacun d'eux Rodin distinguait t les ailes d’une souveraine splendeur. Il a certainement raison de se remémorer avec une gratitude sans égale  ces  années de marches et de regard. C’était sa préparation au travail qui allait venir ; c’en était la condition préalable, dans tous les sens ; car c'est alors aussi que sa santé pris la  solidité durable et définitive sur laquelle ensuite il fut obligé de  compter sans ménagement.

 De  ces années-là il a ramené une inépuisable fraîcheur, et aujourd'hui encore, il revient revigoré et plein d’ardeur au travail, lorsqu'il a fait une longue promenade matinale. Heureux comme s'il était porteur de bonnes nouvelles, il entre là où sont ses choses et va vers l’une d’elles comme s’il lui apportait un beau cadeau. Et l' instant d'après, il est absorbé comme s’il travaillait depuis des heures. Et il commence, et complète, et modifie, de-ci, de-là, comme si dans le tumulte d'une foule il répondait à l’appel des choses qui ont besoin de lui. Aucune n’est oubliée ; celles qu'il remet à plus tard attendent leur heure et ont le temps. Dans un jardin tout ne pousse pas non plus en même temps. L'arbre en  fleurs jouxte l'arbre en fruits, et tel autre n'est encore qu'en feuilles. N'ai-je pas déjà dit que ce être  puissant a le don d’avoir le temps, comme la nature, et de produire comme elle ?
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