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Critiques de Raymond Queneau (553)
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Zazie dans le métro

« - Tu causes, tu causes, c'est tout ce que tu sais faire. »



Remarque la plus pertinente du livre. Remarque qui s’adresse à tous les personnages de Zazie dans le métro. A part causer, ils ne font pas grand-chose. L’intrigue est réduite à peau de chagrin, rythmée uniquement par les rencontres de Zazie, petite provinciale venue passer quelques jours chez son oncle à Paris, et par le spectre fascinant du métro.





Ce n’est évidemment pas la légèreté de l’intrigue qui définit ou non la qualité d’un roman. Un livre peut être excellent, même s’il est bâti autour du néant. En réalité, Zazie dans le métro peut se targuer d’aligner quelques aventures (insignifiantes), mais tout bien résumé, les personnages se contentent surtout de brasser de l’air et de parler dans le vide.

Se souviendrait-t-on encore de ce roman s’il n’avait pas été adapté en version cinématographique par Louis Malle ? Qu’est-ce qui justifie le succès de ce livre, sinon cette adaptation ? Les engouements sont parfois injustifiés, et tiennent plus de la liesse populaire que de la véritable révélation littéraire.





Bien que Raymond Queneau soit membre de l’Oulipo, prolifique et passionné des mots, il faut avouer que sa capacité à donner un intérêt dramatique à Zazie dans le métro est nulle, de même pour sa capacité à susciter la réflexion. Tout l’étonnement du livre surgit de la manipulation originale des mots. Se glissant dans la peau d’une provinciale perdue dans la capitale, Raymond Queneau joue avec les mots et leur phonétique, n’hésitant pas à se faire l’auteur de néologismes inventifs qui traduisent toute la naïveté de Zazie. Les dialogues, à tonalité orale, bénéficient d’une dynamique parfois presque épuisante, mais qui traduisent la passion communicative de Queneau pour les échanges verbaux considérés comme une joute oratoire.





Pour autant, cette inventivité littéraire ne mérite pas à elle seule de justifier l’attrait immodéré que peut susciter Zazie dans le métro. Dans le même registre, Orange mécanique de Burguess mériterait tout autant (voire davantage) qu’on parle de lui. Alors ? Alors Raymond Queneau a su trouver le bon dosage des ingrédients constitutifs de son livre : quelques aventures pas trop casse-tête, de l’humour légèrement vache mais surtout bon enfant et deux-trois trouvailles stylistiques qui rassurent quant au caractère intellectuel de la lecture. Malheureusement, le dosage ne permet pas au livre de s’inscrire définitivement dans le cerveau de son lecteur. Place au film peut-être ?


Lien : http://colimasson.over-blog...
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Exercices de style

Notation :

« Exercices de style ». Célèbre texte à contrainte littéraire. Auteur : Raymond Queneau, cofondateur de l’OuLiPo. Raconte une histoire de 99 manières différentes. Celle d’un type dans un autobus. Avec un chapeau, un long cou et un pardessus trop échancré. Chaque version traduit une figure de style particulière. Brillant exemple de stylistique et de linguistique.



Pronostications :

Lecteur, lorsque tu ouvriras ce petit livre de Raymond Queneau, tu seras peut-être étonné de découvrir son contenu. Car, toujours la même histoire tu liras et ce, 99 fois. Et tu verras, les styles seront à chaque fois différents. Raymond Queneau te narrera le bref récit d’un jeune homme à chapeau dans un autobus. Il sera aussi question de bouton et de pardessus. Au fil de ta lecture tu souriras, tu riras et tu apprécieras la maîtrise et la fantaisie d’un auteur hors du commun. Sous tes yeux ébahis, l’Oulipien s’amusera à jongler avec les genres, avec les mots. Alors, quand tu liras ces délirants exercices de style, tu passeras certainement un bon moment.



Précisions :

L’auteur, Raymond Queneau, né le 21/02/1903, mort le 25/10/1976 à l’âge de 63 ans, a écrit « Exercices de styles » en 1947, 1 histoire racontée 99 fois (9 x 11), c’est à dire de 100 - 1 manières différentes. Attaqué la lecture à 16h, le 10/12/2012. Terminé 165 minutes plus tard; 150 pages comptabilisées. 40% de plaisir ludique, 40% de contrainte littéraire. Total : 80% de satisfaction. 3,5 étoiles.



En partie double :

L’auteur et écrivain au nom et patronyme de Raymond Queneau, l’un des créateurs et le cofondateur de l’OuLiPo et de l’Ouvroir de Littérature Potentielle, réfléchit et médite sur une contrainte et une astreinte relative et correspondante à la littérature et aux lettres. C’est ainsi et comme ça, qu’il écrit et rédige « Exercices de style » en 1947. Il y raconte et y narre un bref récit et une courte histoire de quatre-vingt-dix neuf et nonante neuf manières et façons différentes et autres. Divers styles, nombreux genres pour un exercice et une composition grammaticale et syntaxique tout à fait et totalement étonnante et surprenante. Acclamation et hourra pour Monsieur et Sieur Queneau !



Négativités :

Ce n’est ni un peintre, ni un musicien, c’est un littérateur. Ce n’est ni Pérec, ni Calvino, mais c’est un autre membre de l’OuLiPo. Ce n’est ni un roman, ni un long récit, c’est une histoire brève qui n’est ni racontée une fois, ni racontée 2 fois, mais plutôt 99 fois. Elle n’est ni grammaticalement libre, ni affranchie des genres, elle est sous contrainte stylistique. Ce n’est ni ennuyeux, ni barbant, c’est ludique et très plaisant. Ce n’est ni « Zazie dans le métro », ni « Cent mille milliards de poèmes », mais c’est aussi du Raymond Queneau. C’est « Exercices de style », singulier petit ouvrage ni très sage, ni trop sérieux, qui fait sa révolution en variations sur le même thème.



Zoologique :

Drôle de zèbre que voilà, ce Raymond Queneau ! L’un des coqs de la basse-cour de l’OuLiPo et malin comme un singe avec ça ! Voilà-t-il pas que ce fou de Bassan décide de recenser tous les cris des animaux ! Il s’est pris pour un perroquet à répéter 99 fois le même chant de baleine, en le sifflant sur tous les tons comme un merle sur une branche. Ca caquette, ça blatère, ça s’ébroue, ça hennit…Il faut voir ça : un vrai zoo là-dedans ! Foi de moineau, ce n’est pas une tête de linotte, ce Raymond Queneau, et faut bien être un peu taupe pour pas voir le travail de fourmi entrepris. C’est bien simple, nous, ça nous fait ronronner de plaisir.



Moi je :

Moi je l’ai lu le bouquin. Et moi je vous le dis, raconter 99 fois l’histoire de ce type au galurin et au cou de girafe, je ne sais pas vous, mais moi, eh bien, moi je trouve que c’est quand même pas mal foutu ce qu’il a fait là Monsieur Queneau. Moi, ce que j’en dis hein ? C’est pour dire…Enfin moi, je lui tire mon chapeau, moi, à Raymond Queneau.



Par devant par derrière :

Il ne vous reste plus par devant qu’à continuer par derrière. En anagrammes par devant, en polyptotes par derrière, en aphérèses par devant ou apocopes par derrière, et cetera par devant et cetera par derrière…

Amusez-vous bien par devant, et pourquoi pas par derrière…



« Et un auteur oulipien, c'est quoi ? C'est un rat qui construit lui-même le labyrinthe dont il se propose de sortir. »

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Zazie dans le métro

De ma lecture d'adolescente, je n'avais retenu que l'histoire d'une fillette un peu trop dévergondée, n'ayant pas froid aux yeux et employant un langage de charretière... Un peu une Fifi Brindacier parisienne quoi!

Mais, sous ce vernis édulcoré par les truculentes expressions argotiques de Queneau, se cache une sorte de "road movie" dans la ville de Paris où Zazie, au fil des rencontres et des expériences qu'elle va vivre sur à peine deux jours, va mûrir et devenir "adulte"...



Tout commence à la gare d'Austerlitz où Jeanne Lalochère qui a un nouveau jules confie sa fille, Zazie, à son frère, Gabriel, un colosse au grand coeur, le seul homme en qui elle peut avoir confiance... Dès le départ, la fillette surprend par son langage châtié et ses manières de garçon manqué. Provinciale, l'enfant ne rêve que d'une chose: voir le métro mais, malheureusement, celui-ci est en grève... Le lendemain, elle part à la découverte de Paris... Pas facile pour son oncle et ses compagnons de la suivre, surtout qu'elle crie au satyre comme on crie au loup et place des "mon cul" à la fin de chacune de ses phrases! Faut dire qu'elle a des circonstances atténuantes...



Comment qualifier cette re-lecture? Surprenante, haletante et quelque peu ardue...

Surprenante car j'avais complètement oublié tout cet aspect initiatique du roman de Queneau. En bousculant les adultes, Zazie souligne leurs incohérences et essaie de comprendre ce qui se cache derrière leurs non-dits. Tout au long du récit, elle s'interroge énormément sur la sexualité et se demande si son oncle est un "hormosessuel" et ce que cela signifie...

Haletante car, de répartie en répartie, le rythme est assez effréné... Cela s'apparente à une pièce de théâtre où les scènes se suivent sans moment creux et où l'on passe rapidement d'un décor à un autre... Les répliques sont savoureuses et les personnages ont du répondant. Gabriel, en ange gardien, se mue, à plusieurs reprises, en philosophe...

Quelque peu ardue enfin, car, il faut se familiariser avec ce langage propre à Queneau, mélange d'argot, de langage populaire, de néologismes et de termes savants... Heureusement que j'avais internet à portée de main!

Bref, un livre, un VRAI, qui permet des lectures plurielles selon les âges...
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Exercices de style

Raymond Queneau , le grand prêtre de l'Oulipo, a déposé, avec ses "Exercices de style", une belle offrande sur l'autel de la langue française !



On peut se dire - "à quoi ça sert de relire quatre-vingt-dix-neuf fois la même histoire d'un gus dans un bus, dont le bouton de pardessus aurait mérité d'être remonté", mais justement...

Exercez-vous avec tonton Raymond, expérimentez, extrapolez, exorcisez cette petite histoire autobussante d'une façon de plus en plus extraordinaire !

Le livre est comme la gamme de chocolat Côte d'Or - quatre-vingt-dix-neuf fois la même chose, mais à chaque fois le chocolat est différent et presque toujours aussi bon.

Ou prenez cette histoire autobussique par son côté mathématique, si cher à l'Oulipo - on peut poser la même équation maintes fois différemment pour obtenir toujours le même résultat !



Ô lecteur au regard perçant de braise, comme tu te réjouiras de ces "apostrophes" tracés au stylographe à la plume platine !

Les "hellénismes" de Queneau vont te traumatiser le diaphragme, tandis que ses "antonymes" ne t'arracheront pas le moindre sourire...

Tiens ! Minuit ! Il est temps de dormir ! t'exclameras-tu tristement en refermant à contrecoeur cet assemblage de 160 rectangles de papier imprimés des deux côtés et reliés ensemble (ce qui, en définitif, peut aussi bien définir ces "Exercices"). Tout en laissant les "italianismes" per oune autre giorne, ainsi que les anagrammes, alexandrins, polyptotes, apocopes, syncopes et caetera, et caeteron.....

Car "c'est en écrivant qu'on devient écriveron".



Et Raymond est un sacré écriveron ! C'est oun magiciano de tutti motti de la french language, qui vous ressort à l'infini le même lapin de son haut-de-forme, mais tantôt le lapin est noir, tantôt il est blanc, lapin de garenne ou lapin javanais, parfois il a des pattes de devant derrière et celles de derrière devant, les oreilles collés au dos ou les yeux flanqués aux fesses.

Il change sans arrêt et ça nous fait marrer, mais on ne peut pas s'empêcher d'être admiratifs.

Et quand le chapiau est vide, il ne reste qu'à enlever aussi le notre...

Chapeau, monsieur Queneau !
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Raymond Queneau, un poète

Georges Perros dit du poète : « Il y a chez Queneau une gourmandise de la langue, du mot, mieux, de la lettre, celle-ci jouant aux cartes à l’intérieur de son mot, et je ne sais quelle sensibilité dans leur dégustation, mais sensibilité qui ne saurait trouver sa fin que dans la bouffonnerie. »

Tout est dit, ou presque, dans cette phrase. On aime Queneau parce qu’il ne se prend pas au sérieux en maltraitant la langue, lui rendant son oralité et sa force d’évocation.



« Y en a qui maigricent sulla terre

Du vente, du coq six ou des jnous

Y en a qui maigricent le caractère

Y en a qui maigricent pas du tout

Oui mais

Moi jmégris du bout des douas. »



Raymond Queneau va fréquenter les surréalistes en 1924 et devient membre de l’Académie Goncourt en 1951. C’est en 1960 qu’il créera l’Oulipo (Ouvroir de littérature potentielle) avec François Le Lionnais.

Raymond Queneau a écrit des romans et des poèmes. En quelques vers, il raconte une histoire car il aime « les petits faits vrais » et ça tangue, c’est tendre et ça touche.



« Le repasseur de couteaux

Existe encore avec sa petite cloche

Le marchand de journaux

Avec sa sacoche

Un jour on ne les verra plus

Encore des métiers foutus. »



Bien sûr, on ne peut évoquer Queneau sans penser aux exercices de style. Une histoire très courte qui se déroule dans un autobus et que l’auteur décline en quatre-vingt-dix-neuf façons différentes.

Lire Raymond Queneau, c’est redécouvrir la langue et ce n’est jamais triste ou plombant. Le lire, ça ne se refuse pas, car on s’amuse sans excuse et on rabuse avec une cornemuse jusqu’à Syracuse. (Si si, je vous l’assure !) car oui, la légèreté, la fantaisie et la drôlerie de Queneau sont contagieuses en diable.



J’aime beaucoup cette collection Folio junior qui permet d’aller à la découverte d’un auteur et de son œuvre. La poésie, ça se partage à tout âge !



« On ne sait pas toujours ce qu’on dit

Lorsque naît la poésie

Faut ensuite rechercher le thème

Pour intituler le poème

Mais d’autres fois on pleure on rit

En écrivant la poésie

Ça a toujours kékchose d’extrême

Un poème »

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Zazie dans le métro

"- Il s'appelle Trouscaillon ! S'écria Zazie, enthousiasmée.

- Eh bien moi, dit la veuve en rougissant un tantinet, je m'appelle madame Mouaque.

Comme tout le monde, qu'elle ajouta."



Oui... sauf que dans la réalité quenesque, il ne s'appelle pas seulement Trouscaillon, mais aussi Pédro-surplus, ou Bertin Poirée. Et c'est un flic. Ou un satyre.

En tout cas, il cause. Comme tout le monde.

... ils causent tous énormément, d'ailleurs, dans ce livre; je dirais même que "c'est tout ce qu'ils savent faire" !



J'ai gardé "Zazie" longtemps sous la main, afin de trouver un bon moment pour en profiter. Mais en commençant, j'avais une fâcheuse impression que c'est le plus mauvais Queneau que j'ai jamais lu. C'était un peu comme quand vous attendez toute l'année l'arrivée de l'été, et après vous râlez, parce qu'il fait beaucoup trop chaud...

Ce n'est pas une histoire d'une petite fille espiègle qui visite son tonton (qui est une tante ?) à Paris, et qui veut voir le métro (qui est en grève).

Zazie est une désagréable peste.



Et j'ai dû tourner un bon nombre de pages avant de comprendre comment le lire - comment absorber ce langage ordurier de la mouflette, ce "meurtre à la hache", ces répétitions incessantes du perroquet...

A vrai dire, j'ai retrouvé toute ma - quenitude ? - à la seconde où j'ai arrêté de me casser la tête si Zazie, oui ou non, aurait mérité une bonne paire de claques !

Et j'ai enfin pu savourer ma lecture...



C'est un livre extrêmement visuel (pas étonnant que le film a été un tel succès !) - une sorte de road movie parisien déjanté qui boucle une boucle pour finir à son point de départ.

Et la force du livre, justement, est que personne ne "la boucle" jamais - c'est une suite de dialogues comiques, absurdes et surréels dans les situations qui pourraient être réelles, mais qui paraissent comiques et absurdes à cause des ces mêmes dialogues. Parfois cela fait penser aux pièces d'Harold Pinter, tellement on est loin de la réalité rassurante et prévisible.

Au moins en apparence - car combien de fois il nous est arrivé à tous de se retrouver dans une situation digne de Queneau, quand on "croit rêver" ?

Saufxe pour de vrai... comme qui dirait Zazie.

Zazie est le personnage central du livre, mais elle n'est pas toujours présente, et on s'en passe étonnement bien.

Mais c'est la seule qui se trouve changée à la fin du périple - elle a "grandi", et elle a enfin (enfin !) trouvé la vérité sur la "hormosessualité".

Grand bien te fasse, Zazie !



Alors, combien d'étoiles je te donne, petite peste à la langue bien pendue ?

Tu vas me dire : "Trois, mon cul", alors d'accord, je t'en donne quatre... mais sache que c'est grâce à Trouscaillon !



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Exercices de style

J’ai acheté ce livre suite à la chaude recommandation d’un collègue dont j’apprécie les goûts éclectiques. A-priori, ce n’est pas ma tasse de thé mais je lui ai fait confiance.

Mais comme j’ai bien fait !!



En fait il y a tout ce que j’aime là-dedans : le jeu avec les mots, avec les phrases, les fonctions mathématiques appliquées aux mots, la variation, surtout la variation. On rit souvent, on s’étonne toujours. Le résultat de l’exercice est parfois fade, mais éveille toujours la curiosité.



Pour ceux qui ne connaissent pas. Il s’agit de faire des variations sur une histoire très simple : Sur la plateforme bondée du bus S, la narrateur décrit un individu au long affublé d’un chapeau orné d’une tresse au lieu d’un ruban qui râle après un autre passager qui lui écrase les pieds chaque fois que du monde monte ou descend. Dès qu’il le peut, il s’installe à une place libre. Plus tard, le narrateur le revoit en train de discuter avec un ami qui lui conseille de faire remonter le bouton supérieur de son pardessus.

Le but de tout exercice étant d’être pratiqué, tentons ici l’expérience :



MISE A JOUR

Chui dans l’tram 2, trop plein de veaux le truc. Y’a un keum debout qui me les gonfle sévère. Il l’ouvre tout l’temps pour gueuler sur un pauv’ vieux, soi-disant que l’vieux lui écrase les pompes chaque fois qu’les mecs descendent. Pauvre abruti ! On est serré comme une carte d’identité dans un scanner quoi ! Peux pas la fermer cinq minutes ? Déjà qu’c’est limite s’il se bouge pour laisser sortir les gens. Encore un enfoiré quoi ! Tiens ! Y’a une place assise qui s’libère et le keum, il fonce dessus comme ma meuf sur une paire de shoes sur Zalando ! Cherche mêm’ pas si y’a un vieux autour, l’enfoiré. Putain, y’a des escadrilles de baffes qui s’perdent, c’est bon !

Tiens ! J’viens de revoir l’enfoiré du tram à la Défense ! Il causait avec un autre enfoiré, il peut pas avoir des potes ce keum. L’autre lui disait un truc sur son Lacoste. Putain, Lacoste, quoi ! Le ringard à deux balles !
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Le Chiendent

"Alibiforains et lantiponnages, que tout cela, ravauderies et billevesées, battologies et trivelinades, âneries et calembredaines, radotages et fariboles ! se dit madame Cloche."



Dois-je me contenter de dire la même chose que madame Cloche, et en laisser mes réflexions à propos de "Chiendent" là ? Ou je m'accroche et j'essaie d'expliquer de quoi il en retourne ?

Que peut-on avancer en toute objectivité ?

Que c'est le premier roman de Queneau (1933). Et, comme "Zazie" ou "Les fleurs bleues", c'est une histoire folle et burlesque, qui retourne à son point de départ. Une histoire circulaire, ou presque. Mais le temps de faire le tour de ce manège quenesque déjanté, on s'est bien amusé avec tous ces personnages, présentés d'une façon pour le moins inhabituelle !



Et après, que dire... ?

Je ne sais pas comment Queneau a fait pour que son histoire prenne sens. Qui sont ces nombreux gens qui émergent du néant, ces "êtres plats" qui trouvent peu à peu consistance et volume, prénoms, famille; chacun sa propre vie et ses propres aventures qui commencent à s'entremêler à celles des autres ...?

Mais Queneau nous mène par la main du maître par tous ces méandres tortueux. On lui fait confiance, et on suit son histoire parsemée d'incidents et accidents (et même des morts !) sans souci; tout s'enchaîne à la perfection ! Par contre, de quoi parle vraiment le livre ?

Pourquoi le "chiendent"- cette mauvaise herbe qui prolifére sans effort, sans qu'on lui demande ?

On la voit pousser partout - c'est un peu comme la banalité de l'existence, la vie ordinaire...? Sauf que chez Queneau, encore une fois, la banalité prend les proportions inhabituelles; l'ordinaire se transforme en extraordinaire, et en parodiant le réel, il nous glisse dans le surréel !



Le roman est-il donc une sorte de manuel de philo existentialiste ou de la méthode de Descartes ? Une histoire d'un adolescent qui s'initie au monde des adultes ? Une histoire de la guerre contre les Etrusques, d'un mariage arrangé, ou, en toute simplicité, une histoire d'une mystérieuse et très convoitée porte qui cache un fabuleux hypothétique trèsor ?

Que d'aventures, dans la trivialité de l'existence !

Mais je ne suis pas sûre qu'Etienne (Marcel), Pierre (Le Grand), Dominique Belhôtel derrière le comptoir de sa baraque à frites, ni le père Taupe ont les réponses directes à vous donner.

Tout comme Bébé Toutout le nain, Peter Tom L'Anachorète le prestidigitateur, ni la bête sage-femme Cloche, qui n'est même pas un personnage principal (quoique, à sa façon... à condition que vous arriviez jusque cette fin surprenante...), car il n'y a pas de personnage principal ! Ils sont tous empêtrés dans les racines de chiendent, qui les empêchent de réaliser leurs rêves.



Encore une fois, j'ai bien aimé le texte de Queneau, ses situations où il transforme l'ordinaire en absurde, et son langage réinventé et phonético-poétique. Ce humour dont je ne suis même pas sûre que Queneau voulait que ce soit de l'humour...



Mais, tout comme son Etienne, j'aurais "bien des choses à lui demander. Au sujet de l'existence".
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Exercices de style

En tant que lecteur pas très versé dans le domaine littéraire, j'avais toujours, jusqu'à aujourd'hui, considéré le style comme un petit plus, certes appréciable, mais pas forcément indispensable si on a une bonne idée de roman et de bons personnages en tête.



Ce petit essai de Queneau remet les choses à leur place : en décrivant une situation assez banale de cent manières différentes, on se rend tout de suite compte que les sentiments et les impressions qu'elles nous donnent varient du tout au tout. On sent que l'auteur s'est beaucoup amusé, certains styles sont absurdes, d'autres illisibles (et même parfois étonnamment lisible malgré le chaos total de l'ordre des lettres ou des mots). On ne s'ennuie pas un instant, chaque page est une nouvelle découverte.
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Exercices de style

Avec "Zazie dans le métro", voici sans doute le titre le plus célèbre de cet écrivain hors norme que fut Raymond Queneau.



L'auteur réussit, en effet, un véritable tour de force littéraire: raconter une anecdote, insignifiante en elle-même, de 99 façons différentes!

Chaque variation (presque au sens musical du terme) met en valeur soit une figure de rhétorique (litote, homéotéleute, polyptote...), soit un point de vue narratif particulier (ton désinvolte, parler paysan, langage précieux...), soit encore une forme littéraire (vers libres, ode, sonnet...)



Outre l'aspect purement ludique et amusant de ces "exercices", Queneau veut faire prendre conscience à son lecteur d'une chose essentielle que notre époque sous-estime, voire néglige totalement: en littérature (digne de ce nom), l'important n'est pas tant ce qui est dit (le sujet, le thème de l'œuvre) que la manière - la façon dont cela est dit. L'expression prime l'histoire, les idées, les sentiments...

Une manière bien à lui de remettre à l'honneur le travail de l'écrivain, l'écriture en elle-même, bref, le STYLE.
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Zazie dans le métro

Zazie, une fillette d'une dizaine d'années arrive à Paris avec sa mère. Celle-ci va voir "son Jules "ainsi nommé dans le roman. Zazie est confiée à son oncle Gabriel.

Elle rêve d'emprunter le célèbre métro parisien mais son plan est contrarié. Les travailleurs sont en grève.

Son oncle va lui faire découvrir quelques bâtiments parisiens et pendant ce temps, elle ne va pas se gêner pour poser des questions et faire des réflexions très abruptes. La pleine franchise est affichée.

Le ton de la comédie m'a fait penser aux ouvrages de Daniel Pennac avec sa tribu des "Malaucène".

Raymond Queneau prend cette situation comme prétexte pour laisser libre cours à sa fantaisie langagière. Il dépasse toutes les règles de la langue française.

Pourtant écrit en 1959, on ne peut s'empêcher de faire le rapprochement avec le langage des textos ou des messages twitter.

On lit "lagoçamilébou" pour " la gosse a mis les bouts".

Les doubles consonnes n'existent pas "barrer" devient "barer"

Il oublie les "e" en fin de mots et j'en passe.

C'est un livre que je voulais lire depuis longtemps je peux dire qu'il m'a bien fait rire.

Je le vois parfois catalogué comme roman jeunesse, je n'oserais pas encore le glisser dans les mains de mon petit-fils de 13 ans pour qui l'orthographe présente encore des failles ou alors si,... un petit extrait.

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Courir les rues - Battre la campagne - Fend..

C'est un plaisir de retrouver Raymond Queneau avec sa façon, l'air de rien, de faire de l'humour, de jouer avec les mots pour les présenter écrits phonétiquement ou pour les inventer.

Derrière cet humour qui délasse l'esprit, on retrouve les réflexions du philosophe qu'il était et on ne peut s'empêcher de se poser, de réfléchir, de revenir à la réalité.

C'était avant tout un grand rêveur très observateur, sensible qui projetait l'avenir tel qu'il le voyait, tel qu'il l'espérait .

Un vrai surréaliste, groupe dont il faisait partie.

J'emploie l'imparfait mais il reste présent par ses écrits.
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Exercices de style

-Exercices de style - fait partie de mes livres de chevet.

En ces temps où il y a en France 67 millions d'auteurs autoproclamés, comme il y a 67 millions de sélectionneurs de football ou 67 millions d'épidémiologistes, d'infectiologues, de virologues... bref 67 millions d'ultracrépidarianistes ( un mot qui, j'en suis persuadé, aurait amusé Queneau ), il est bon de connaître et d'avoir à portée de lecture cet ouvrage oulipesque, dont le mérite, outre tout ce qui a trait à l'étude de la langue ( la linguistique historique, textuelle, la sémantique, la pragmatique, la phonétique, la phonologie, la grammaire, la syntaxe, la stylistique, l'histoire etc...), est d'offrir à travers "des exercices de style", c'est-à-dire une série quasi inépuisable de prouesses littéraires, une démonstration de ce qu'est l'écriture, de ce que sont ses aspects multidimensionnels si l'on possède les outils ( voir les disciplines mentionnées plus avant ) nécessaires pour pouvoir les exprimer dans ce qu'ils ont de meilleur, j'entends par là de plus créatif, de plus subtil, de plus efficace, de plus intelligent.

Ce livre est donc, autant ce à quoi je viens de faire allusion, qu'un manuel d'hypotrophie de l'ego, de la remise en cause de toutes les prétentions narcissiques... un livre pour tout créateur en gestation qui aurait l'humilité et la sagesse de s'interroger sur ce que à quoi peuvent tendre ses velléités littéraires... s'il est, tel un Lucien de Rubempré, épris de gloire littéraire.

Queneau se propose donc dans cette oeuvre, en partant d'un texte originel, de décliner 99 fois son histoire sur des modes différents.

Cette idée, qu'on qualifie de contrainte... ludique, est née, dit-on, de...

"Il semblerait que pour l’écriture des Exercices de style Queneau se soit inspiré de l’œuvre de Bach Die Kunst der Fuge (composée entre 1740 et 1750) qui comporte quatorze fugues et quatre canons. Chacun de ces dix-huit contrepoints se base sur le Contrapunktus. Queneau dit qu’après avoir entendu l’Art de la Fugue il a pensé « qu’il serait bien intéressant de faire quelque chose de ce genre sur le plan littéraire. C’est effectivement et très consciemment en me souvenant de Bach que j’ai écrit Exercices de style ».

Voilà pour la genèse.

Venons-en au texte aux infinies variations.

"L'histoire elle-même tient en quelques mots. Le narrateur rencontre dans un bus un jeune homme au long cou, coiffé d'un chapeau mou orné d'une tresse tenant lieu de ruban. Ce quidam échange quelques mots assez vifs avec un autre voyageur, puis va s'asseoir à une autre place. Un peu plus tard, le narrateur revoit le même jeune homme cour de Rome devant la gare Saint-Lazare en train de discuter avec un ami qui lui conseille d'ajuster (ou d'ajouter) un bouton de son pardessus."

À partir de ce "support narratif", Queneau va nous montrer qu'il est possible de raconter au lecteur, sans le lasser, 99 fois la même histoire.

Et le maestro oulipesque se lance : (au hasard)... la version médicale, sous forme de lettre officielle, d'analyse logique, d'onomatopées, d'anglicismes, d'italianismes, de javanais, de conjugaison des temps, de figures de style, de nuances stylistiques ( ampoulé, vulgaire ), de mode ( comédie, interrogatoire ), en faisant appel à nos cinq sens, à quelques genres poétiques ( le sonnet, le tanka (eh oui ! ), les vers libres, les Alexandrins ), mais aussi les noms propres, les "contre-petteries", les interjections, et ce qu'il appelle le "Modern Style"... je termine cette liste non exhaustive sur "Alors"...

"Alors l’autobus est arrivé. Alors j’ai monté dedans. Alors j’ai vu un citoyen qui m’a saisi l’œil. Alors j’ai vu son long cou et j’ai vu la tresse qu’il y avait autour de son chapeau. Alors il s’est mis à pester contre son voisin qui lui marchait alors sur les pieds. Alors, il est allé s’asseoir.

Alors, plus tard, je l’ai revu Cour de Rome. Alors il était avec un copain. Alors, il lui disait, le copain: tu devrais faire mettre un autre bouton à ton pardessus. Alors."

Un exemple d'un de ces 99 tours de force qui sont autant d'invites à leur lecture qu'à vous challenger, et écrire vous-même votre propre version.

Car si Queneau s'est limité à 99 versions du même texte, c'est qu'il fallait se fixer, d'un point de vue éditorial, une limite.

Mais il est bien évident qu'il aurait pu non pas se restreindre à 99 versions mais en viser 999.

Amusez-vous à y réfléchir...

Je vous aide un peu : en verlan, sans les voyelles ( A, E ( clin d'oeil à Monsieur Perec, I, O,U,Y ), et bien sûr sans les consonnes ( je ne les liste pas ( sourire ) ), ne pas utiliser de verbes, ne pas employer le masculin ou le féminin, tout mettre au pluriel ou au singulier, écrire une version à la Coluche, à la Desproges, à la Devos..., poétiquement, le fin du fin serait d'en écrire une à la René Char... politiquement à la Trump, à la Berlusconi, à la Poutine ou à la Le Pen ( je provoque... encore que...), et puis pour finir... un texte revu et visité par Raoult, l'OMS, les pro et les anti-vax...

Mille manières donc de constater qu'on peut tout écrire et... presque n'importe comment...

Je dis presque, car derrière cet adverbe le talent se tient en embuscade, et que sans lui...
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Zazie dans le métro

Zazie est une jeune fille, rebelle qui ne rêve que d'une chose en se rendant à Paris : prendre le métro. Peu lui importent les autres grands monuments parisiens. Aussi, en se rendant quelques jours chez son oncle Gabriel et sa tante Marceline, espère-t-elle pouvoir enfin réaliser son rêve.

Cependant, elle va vite déchanter car, non seulement, les compagnies de métro sont en panne mais son oncle n'est pas celui qu'elle croyait. En effet, les apparences sont souvent trompeuses...Il n'en reste pas moins qu'en faisant la connaissance des amis de son oncle, tels que le chauffeur de taxi Charles, la tenancière de bistrot Madeleine - surnommée Mado Ptits-pieds ou encore Gridoux pour ne citer qu'eux, Zazie va cependant passer un séjour à Paris qu'elle est loin d'oublier...



Un roman plein d'humour, avec un langage assez original puisqu'il ne respecte absolument pas les règles de la grammaire française (ce qui est voulu par l'auteur bien entendu) et avec des mots inventés qui prêtent parfois à sourire, j'ai passé un bon moment en lisant cet ouvrage mais je ne peux cependant pas dire que j'en garderai un souvenir mémorable !

Autant, je me rappelle m'être régalée en lisant "Les fleurs bleues" du même auteur, autant là, j'avoue avoir été légèrement déçue mais ne regrette néanmoins pas cette découverte car cela faisait cruellement défaut à ma connaissance de la littérature française. A découvrir !
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Zazie dans le métro

Bien sûr que je connaissais Zazie dans le métro, qui ne connaît pas ?



Il me semble bien qu'une chanteuse a troqué son blaze à particule pour prendre le pseudo de Zazie....



Seulement voilà, ce roman était de ces incontournables que j'avais contourné !

Pas vu le film non plus...



Enfin bref...



Ayant décidé qu'il était temps de combler quelques lacunes dans ma culture littéraire d'autodidacte, j'ai-enfin- décidé de lire le livre de Queneau.



Bien m'en a pris, car j'ai vraiment apprécié cette lecture que je qualifierais de récréative.

La petite Zazie n'a vraiment pas sa langue dans sa poche, elle dit ce qu'elle pense avec un vocabulaire, disons plutôt fleuri !



Comme on a les références que l'on peut, la gamine délurée et mal embouchée m'a immédiatement fait penser à Marie-Marie, la nièce de Bérurier dans les romans de Frédéric Dard !



L'auteur des San-Antonio, s'est-il inspiré du personnage de Queneau ?

Cela me parait très vraisemblable...



Quoi qu'il en soit, je suis content d'avoir lu ce roman, et je vous le recommande, si d'aventure, comme moi, il manque à votre bagage !
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Zazie dans le métro

Tonton Gabriel est chargé de garder Zazie pour deux jours.

La môme n'a qu'une idée en tête : prendre le métro. Pas de bol : y'a grève.



"-Ah, les salauds, s'écrie Zazie, ah les vaches. Me faire ça à moi.

-Y'a pas qu'à toi qu'ils font ça, dit Gabriel parfaitement objectif.

-Jm'en fous. N'empêche que c'est à moi ça arrive, moi j'étais si heureuse, si contente et tout de m'aller voiturer dans lmétro. Sacrebleu, merde alors."



Du coup, c'est le copain Charles qui les balade en tac, enfin quelque temps, car il va vite en avoir marre de cette gosse délurée, qui n'a pas froid aux yeux et surtout pas sa langue dans sa poche.



"- Il est rien moche son bahut, dit Zazie."



Comme guide, Gabriel se pose un peu là qui confond le Panthéon avec la gare de Lyon, les Invalides avec la caserne de Reuilly. Ça ne l'empêchera pas d'être réquisitionné par un groupe de touristes étrangers pour leur faire visiter la Sainte Chapelle et le Paris bâille-naïte.

Et Zazie dans tout ça ? Zazie est un électron libre. Elle se sauve, se fait ramasser par un satyre (à moins qu'il ne soit flicmane) et les adultes vont bien être obligés de l'embarquer dans leurs expéditions avec la promesse de lui montrer le travail de tonton. Il faut dire qu'elle éreinte tout le monde la mouflette avec ses questions, ses remarques sans filtre, son langage de charretière.

Tous très excités, tous plus bavards les uns que les autres..



"- Tu causes, tu causes, c'est tout ce que tu sais faire, dit Laverdure."



… ce sont donc les deux jours parisiens de Zazie avec dans son sillage Gabriel, Turandot le marchand de limonade, son perroquet Laverdure et sa serveuse Mado PtitsPieds, Charles et Gridoux le cordonnier auxquels s'agrègent Trouscaillon, la veuve Mouaque et le chauffeur d'autocar Fédor Balanovitch qui, sur les dernières 24 heures, vont en faire tant et tant que c'est une Zazie épuisée qu'on va rendre à sa mère.

Voilà, une lacune réparée. J'ai enfin lu Zazie dans le métro et je n'ai pas boudé mon plaisir. Ce n'est pas sérieux mais ce que c'est drôle, inventif dans le langage comme on s'y attend avec Queneau mais aussi dans les situations. Je me suis régalée.

- Pas sérieux ? Pas sérieux, mon cul !

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On est toujours trop bon avec les femmes : ..

Sexe, mort et politique, qu'un seul vienne à manquer et le roman me rase. Dans ce pastiche de roman hard-boiled de 1947, On est toujours trop bon avec les femmes (ironique, c'est Queneau), rien ne manque. Composé selon les canons classiques de l'unité - un bureau de poste de Dublin, un jour et une nuit, une action révolutionnaire irlandaise armée, de la première rafale de mitrailleuse papiste au dernier obus anglican - tout y est: le sexe, séparé ou non du corps du révolutionnaire avant la mort; la tête du révolutionnaire séparée ou non du corps pendant le sexe ; et au milieu du champ de tir, le cadavre d'une jeune postière, les jupes relevées, qui provoque ou non l'émoi sexuel des insurgés qui attendent la mort (et la curiosité d'un chien). C'était un texte surréaliste fait pour Luis Buñuel et le théâtre du Grand Guignol de la rue Chaptal, mais c'est Marcel Jullian qui l'adapta au cinéma avec Jean-Pierre Marielle et Élisabeth Wiener, l'héroïne- La Prisonnière de Clouzot – qui se trouve à nouveau captive, des lavatories cette fois. Or son fiancé britannique qui commande le croiseur dépêché pour bombarder la révolution, hésite. Trahira-t-il le Roi et l'Empire pour épargner la pucelle, ignorant qu'elle ne l'est plus depuis peu? La pucelle parviendra-t-elle à amoindrir l'élan révolutionnaire viril? Comme dirait Beaumarchais, "tout finit par des castrations".
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Zazie dans le métro

Comme beaucoup, je présume, des plus de 1500 lecteurs de ce classique de la littérature française, c’est par ce « Zazie dans le métro » que je suis entré dans le monde de Queneau… avec ce désormais célèbre incipit : « Doukipudonctan… », bientôt suivi par Skeutadittaleur…



Même si, il faut le reconnaître, Raymond Queneau se pose là en précurseur de la langue téléphonophonétique des d’jeun’s, « Zazie dans le métro » n’est pas mon ouvrage préféré de l’auteur, je préfère tellement son « Pierrot »…

Queneau, qui avait habitué son lectorat à des histoires foisonnantes, variées, complexes, voire confuses, lui livre ici une intrigue d’une pauvreté absolue : Zazie, une jeune fille de province débarque à Paris, chez son oncle avec une seule idée en tête, le Métropolitain…

Padbol ! C’est la grève…

Au lieu de Métro, elle découvrira Paris !



Même si on est tenté de voir en Zazie quelque « nouvelle ingénue », à la façon de Pierre Gaxotte, çamarchepa ! Et puis ce langage, détonnant à l’époque, et qui fait florès de nos jours… Je ne peux pas m’empêcher d’y voir comme un des éléments fondateurs du salmigondis par trop répandu dans les conversations de nos d’jeun’s.

Mêmpasmerci, M’sieur Queneau… D’autant que voilà un ouvrage étudié, analysé, disséqué…encensé, piedestalisé dans nos collège des années post soixante-huit…

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Un rude hiver

Raymond Queneau est né au Havre qu'il quitta pour Paris à 17 ans. Ce récit, publié en 1939, se situe dans cette ville, en hiver, lors de la première guerre mondiale. C'est aussi la ville de Lehameau, personnage assez étrange, veuf depuis treize ans, en convalescence au Havre après avoir été blessé à Charleroi. Il rencontre une jeune anglaise , Héléna, dactylographe sur une base militaire britannique, deux enfants, Paulo et Annette, et leur sœur, Madeleine, une fille de mauvaise vie, qui en a la charge. Il rend souvent visite à son frère, à une libraire, est approché par un espion, etc. Queneau aime jouer avec les différents registres de la langue française, c'est souvent drôle mais aussi, dans un contexte assez tragique, beau et émouvant.
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Zazie dans le métro

Quelle petite merveille cette Zazie dans le métro ! Pour réponse à ceux que la fin de l'histoire a un peu déroutés, il me semble que l'on peut considérer le métro comme une métaphore de la vie d'adulte, dans laquelle n'est pas encore entrée Zazie (et qu'elle désire en vain). En fait à la fin elle a bien pris le métro mais n'a rien vu parce qu'elle dormait à ce moment là, tout comme l'enfant quitte le monde de l'innocence pour entrer dans le monde adulte sans s'en rendre compte... « t'as vu le métro ? Non. Alors qu'est-ce que t'as fait ? J'ai vieilli ».
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