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Critiques de Rebecca Lighieri (404)
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Husbands

Après Les garçons de l'été, voici les maris de l'été!



Mais cette fois, même si j'ai lu d'une traite, je suis loin d'être emballée..



Trois maris - un frustré, un torturé, un humilié-, un site de rencontre échangiste, quelques soirée de confidences viriles autour d'un verre ..et une erreur de casting!



Voilà que l'un des trois husbands se révèle un dangereux psychopathe, qui , comme dans l'Inconnu du Nord Express, se charge un peu vite de venger les vexations de ses petits camarades après s'être chargé assez radicalement de solder les siennes.



Je n'ai pas mordu à l'hameçon cette fois, tant les ficelles étaient grosses.



Et je dois même ajouter que derrière l'évidente caricature du mâle dominant , j'ai été plus qu'agacée par la misogynie vulgaire, les remarques sexistes, les complaisantes descriptions de leurs prouesses sexuelles dont ces trois husbands-pas seulement l'agité du bocal- agrémentaient leurs conversations.



Décidément, même "pour de faux" et dans un polar, le féminicide ne soulève vraiment pas mon enthousiasme..
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Il est des hommes qui se perdront toujours

J'ai adoré.

Lu en deux jours. Sans pouvoir m'arrêter.

Quel livre !

Où il est question de la cité, de Marseille, de gitans, de maltraitances, de handicaps, de remords, de culpabilité, de l'horreur de certaines enfances, d'amour, de toxicomanie, de vengeance, de gens cabossés à vie...

Je m'adresse à vous, lecteurs, ça vous est sûrement arrivé de lire un livre à reculons, de faire voler les pages avec un certain soulagement, ouf, c'est bientôt fini, plus que tant de pages.

Ici, c'est totalement l'inverse. Les pages ont glissé toutes seules, sans un bruit, sans un souffle, sans peine, sans un effort. Juste la tristesse à la fin, de l'avoir déjà terminé.

Je le mets sans hésiter dans mon top 10 de mes meilleurs livres lus.

Je ne pensais pas, en l'entamant, que sa drogue douce et dure, comme celles que l'on rencontre dans ce si beau livre, m'atteindrait à ce point.

Comme quoi, on peut écrire un livre sublime, tant au niveau de l'écriture que de l'histoire, sans donner trop de détails, de violences, de malsain. J'en profite d'ailleurs (lâchement) pour dénoncer une fois de plus les livres qui se complaisent dans cette violence, ce malsain, mais avec trop de détails inutiles et le coeur au bord des lèvres. Oui, je pense par exemple à Mr Bouysse, avec entre autres, Né d'aucune femme, illisible et abject. Et oui, on peut écrire l'horreur d'une enfance sans trop de détails dont on se complait, c'est bien cela le talent des grands auteurs.

Mais revenons au livre.

Il ne peut pas être raconté, il FAUT le lire.

On suit le destin de trois enfants, avec un père fou et une mère folle de ce père si abject, si tortionnaire, si toxique, si moche, oui si moche, une ordure.

Bien sûr, les trois enfants de la cité vont grandir de guingois, chacun leur dérapage, leur lâcheté, leur courage ou leur réussite.

Ce livre est violent, rude, épais, mais jamais illisible, jamais "dégoutant", jamais médiocre. Il est beau.

Alors, ceux qui font une dépression ou qui ont un petit coup de blues ( ou un grand ), attendez un peu pour le lire.

J'ai pleuré Karled, Hendricka, Mohand l'enfant martyr, mais aussi la vie, l'enfance pourrie jusqu'à la moelle, l'amour fou d'une mère pour son fils, et sur Gabrielle, cet ange sacrifié. C'est comme une farandole folle, avec son lot de bonheurs aussi, ses fulgurances, ses plaisirs, son danger.

Alors oui, lisez ce livre incroyable, magnifiquement écrit, magnifiquement imaginé (ou pas).

C'est vrai. Il y a des hommes qui se perdront toujours.

Je les ai bien connus ces hommes-là.



Sublime, tout simplement.
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Les garçons de l'été

Vendu comme une sorte de "Stephen King à la française", sur le bandeau de couverture de l'édition poche parue chez FOLIO pour cet été, par une Olivia de Lamberterie qui refera très bientôt l'évènement de la rentrée littéraire et d'une de nos chroniques, "Les garçons de l'été", roman d'une certaine Rebecca Lighieri (en fait, le pseudo utilisé par la romancière Emmanuelle Bayamack-Tam, lorsqu'elle sort de ses romans plus intimistes habituels) truste en fait différents genres.



En fait, ce n'est que dans sa toute dernière partie que l'on comprendra mieux pourquoi Olivia avait pensé à faire cette filiation avec le maitre de l'épouvante, avec l'irruption d'un clown maléfique qui fait forcément penser à l'affreux Pennywise, d'autant plus qu'un des personnages cite le livre en référence.





Avant ce volet qui sonde les angoisses de l'enfance avec une belle réussite et un vrai effroi , "les garçons de l'été" nous aura amené sur d'autres rives plus ou moins usitées dans la littérature française , comme la saga familiale dysfonctionnelle, le récit iniatique d'un milieu , le surf qu'on connait finalement assez peu ( sauf pour les fans de Point Break et de Patrick Swayze), et le récit choral à plusieurs voix .



En effet, l'auteur raconte la même histoire avec une succession de points de vue qui nous dévoile peu à peu des éléments de personnalités de tels ou tels personnages qui nous aident à mieux les cerner et à mieux comprendre les tenants et aboutissants d'une intrigue aussi surprenante que tortueuse.



Un récit qui déroute sans cesse, en empruntant pas mal de chemins différents en fonction de l'interlocuteur qui nous raconte l'histoire : la chronique d'un adultère de province, laisse place à une critique sans faille d'une bourgeoisie sur ses attributs et de sa réussite, et là, quelques chapitres après on a carrément une attaque de requins qui ferait passer les dents de la mer pour une aimable bluette..



Bref un roman aussi dense que construit avec une immense maestria qui constitue sans doute une de nos meilleurs lectures en poche de ces dernières semaines, et bref une lecture vraiment idéale pour cet été !!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Les garçons de l'été

Dès le début les Chastaing, archétype d’une famille de nantis, m’ont tapé sur les nerfs.

Les prénoms déjà ( plus des prénoms de bobos que de bourgeois pour les enfants d’ailleurs ) leur zèle à être parfaits, leurs bonnes manières cachant un cynisme et un mépris insupportables envers les socialement inférieurs, le manque de scrupules s’agissant d’eux, tout

m’ horripilait. Je me suis accroché ou plutôt l’ecriture m’a accrochée, preuve du talent de l’auteur.

Je les ai détesté et j’ai été bien récompensé parce qu’ils s’en prennent plein la gueule avec l’accident de l’un des fils, surfeur, attaqué par un requin. Bien fait. Les requins sont dans leur élément naturel et c’est sont les risques du plaisir.

A ce moment, j’ai fais une pause. Parce que même si je ressent une certaine joie en voyant une personne se vautrer dans la rue ( il n’y a pas de mot en français pour décrire ce sentiment - en allemand c’est «  schadenfrende « ) la joie malsaine que m’a procuré le drame vécu par ces sales bourgeois, hum comment dire, je me suis trouvé plutôt moyenne.

J’ai repris ma lecture. L’ecriture a raccroché les wagons et mes a priori à l’égard de certains personnages sont tombés.

Il y a des chapitres magnifiques d’emotion, d’amour, de subtilité. De rage, de cruauté et d’horreur.

Pour conclure, j’ai aimé ce roman.

Pour conclure, je n’ai pas aimé ce roman.

C’est une chose qui m’arrive rarement, le parfum de Süskind m’avait laissé la même impression.



Ceci est ma première critique, l’exercice est intimidant. Je ne serais jamais à la hauteur du talent éblouissant de quelques unes lues ici - notamment celles étourdissantes d‘Antyrya et de Paola93130 - j’espère surtout que vous aurez envie de lire ce livre pour vous faire votre propre avis.



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Les garçons de l'été

La famille Chastaing semble être une famille parfaite et heureuse. Jérôme est pharmacien, Mylène la maman gère la maison en experte, les deux fils Thadée l'aîné et Zachée sont brillants, beaux comme des dieux et sportifs accomplis et la petite dernière Ysée est discrète et un peu bizarre.

Le genre de famille que lorsqu'on la croise, on envie sa perfection. Un peu comme le sketch du blond de Gad Elmaleh.



Au fil des pages, bien sûr le vernis se fissure, se craquèle dangereusement et on assiste médusé à la mise en lumière (ou en abîme) des travers de chacun des membres de la famille.



Un accident de surf à la Réunion, une jambe croquée par un requin pour l'aîné et tout part en vrille, descente aux Enfers assurée.



Parce que l'accident est le bouton déclencheur d'événements dévastateurs et révélateur de la véritable face de cette famille.





Roman noir, sombre, captivant et en même temps monstrueux et dérangeant. Histoire assez horrible en fait mais bien racontée par le point de vue des différents personnages.



Je n'ai pas eu le coup de cœur car dans un roman j'aime m'attacher à un personnage et là aucun ne m'a vraiment touchée peut être Zachée un peu plus et encore.

Overdose de termes de surf aussi. C'est pas demain la veille que je m'y mets.









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Les garçons de l'été

J'ai lu ce roman d'une traite, une belle surprise. Surtout ne lisez pas le résumé au dessus qui en dit beaucoup trop sur l'histoire.

Il faut mieux se laisser porter par l'histoire de ces deux frères Thadée et Zachée, beaux et intelligents, sportifs, de vrais surfeurs, portés aux nues par une mère qui dit elle même qu'elle a enfanté des titans. C'est vous dire la très haute opinion qu'elle a de sa progéniture et de sa famille. Vous rajoutez une petite soeur un peu spéciale, "chelou" de l'avis de ses grands frères et un mari pharmacien. La première base du tableau est en place.

Sauf que l'accident de surf à la Réunion de Thadée change la donne, la famille si parfaite en apparence se fissure, les secrets flottent à la surface, les côtés sombres passent à l'action.

J'ai bien aimé la façon de l'auteure de créer cette famille si imparfaite sous ses airs de perfection, la chute de cette mère qui se comporte tel un empereur avec ses rêves de gloire et de conquête pour ses fils. Nous suivons aussi, pendant quelques temps, le way of life des surfeurs.

j'ai un peu moins accroché au dernier quart du roman, peut être que le trait était un peu trop forcé à mon goût. Même si je n'ai pas été surprise par la tournure des événements, la tension monte lentement mais sûrement, j'ai passé un agréable moment de lecture.
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Éden

« Existe-t-il, ce monde où je viens fuir la laideur de la réalité et la monotonie de mon existence ? Existe-t-il ou est-il une pure fantasmagorie jaillie du tréfonds de mon inconscient, comme le pense Lou ? Un rêve sans plus de substance que les rêves de la nuit ? Une vision que j'oublierai en grandissant ? »



La vie, ce n'est pas toujours drôle. Sans même penser aux drames qui peuvent fissurer toute une existence, vivre peut sembler terriblement ennuyeux, banal, futile ou vain. Sur mon île aux trésors, je suis convaincue que dans ces moments-là, la lecture offre une passerelle précieuse vers des mondes imaginaires élargissant à l'envi l'horizon des possibles. Ce n'est pourtant pas vers la lecture que se tourne Ruby, l'héroïne adolescente du premier roman jeunesse de Rebecca Lighieri, qui étouffe et se consume d'ennui dans sa petite vie morose et bien réglée…



Ruby découvre en effet qu'en entrant dans un petit cagibi, il peut lui arriver de voir sa réalité s'effacer et de basculer dans un autre monde. Un monde onirique, fait de beauté, de nature luxuriante, d'intenses expériences sensuelles et de rencontres bouleversantes. Ce lieu magique est-il le fruit de son imagination ? Quoiqu'il en soit, les escapades dont Ruby semble avoir de plus en plus besoin ont des effets bien réels sur sa vie et sur la manière dont elle perçoit notre monde qui lui semble de plus en plus laid et absurde…



Eden est un très joli roman qui se lit d'une traite, l'intrigue parvenant à nous rendre aussi « accro » que Ruby au monde d'Eden. Comme elle, on brûle d'en savoir plus et d'élucider la nature de cet univers. On s'inquiète de voir Ruby basculer dans cette autre dimension qui n'existe peut-être que dans sa tête et perdre ce qui pouvait lui rester de goût à sa propre vie. On se demande comment cette histoire va bien pouvoir finir. L'écriture de Rebecca Lighieri, pseudonyme de l'autrice Emmanuelle Bayamack-Tam qui a été récompensée l'an dernier par le Prix du Livre Inter pour Arcadie, est vive, sensuelle et incarnée.



Le thème des mondes imaginaires est classique en littérature jeunesse, mais il est traité ici avec originalité, en donnant la part belle aux valeurs de respect de la nature et aux utopies (à l'heure où la mode est plutôt aux dystopies) et en développant un propos très juste sur le passage de l'enfance à adolescence. Cet âge qui peut tourner la page de beaucoup d'illusions, ouvrir les yeux sur les dysfonctionnements de notre monde et faire envisager des choix de vie radicaux. La lecture d'Éden offre une parenthèse en suspension, dont on sort irradiée de l'envie de se recentrer sur l'essentiel et habitée d'une flamme d'espoir de sauver un monde qui court à sa perte. Les représentations de mondes passés, futurs ou alternatifs n'offrent en effet pas seulement des bulles d'évasion. Elles peuvent constituer de puissants catalyseurs pour changer ce qui doit l'être.
Lien : https://ileauxtresors.blog/2..
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Il est des hommes qui se perdront toujours

Roman social, roman noir, roman parfois cru, roman coup de poing.

L'histoire se déroule à Marseille et commence par la mort de Karl, père de famille de 3 enfants , Karel, Hendricka et Mohan le petit dernier , né avec un handicap.

Qui a tué le père ? cet homme toxicomane, violent avec tout le monde et particulièrement odieux avec Mohan qui subira de graves maltraitances.

C'est dans les quartiers nord de Marseille que les personnages évoluent et vont traîner leur fardeau. " la seule chose qui dure toujours, c'est l'enfance, quand elle s'est mal passée."

Les 3 enfants vont , chacun à leur manière, se construire, tenter d'avancer avec ce qu'ils ont, ce qu'ils sont, ce qu'ils ont vu, subis et supporté.

C'est auprès d'une communauté gitane qu'ils trouveront un peu de chaleur et d'amour.



Karel, l'aîné des enfants va porter en lui la haine de ce père et va s'interroger sur la reproduction de la violence.

Karel est particulièrement torturé par cette enfance et combat comme il peut contre la peur de l'héritage génétique, sociale et culturel de son père.



Ce roman sombre met en lumière la misère sociale et la force du determinisme social qui, s'il n'est pas inéluctable, plane et apporte questionnement, lutte et crainte.
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Il est des hommes qui se perdront toujours

J’avais apprécié la lecture d’ « Arcadie » que Rebecca Lighieri avait signé de son vrai nom : Emmanuelle Bayamack-Tam et j’ai autant apprécié ce roman noir, dur et sans pitié.



Âmes sensibles, soyez, prévenus, cette histoire vous entraîne dans les quartiers défavorisés de Marseille, au cœur d’une famille où la maltraitance est le quotidien des trois enfants : Karel le narrateur, sa sœur Hendricka et le dernier, Mohand, qui est handicapé et laid alors que ses aînés se font remarquer par leur beauté.

Karl le père dont on sait dès le premier chapitre qu’il va mourir assassiné dans quelques années, est au centre de l’histoire tant il va marquer de son empreinte néfaste le destin de ses trois enfants et de sa femme.

La mère, elle, est effacée et soumise. Elle tente d’aimer ses enfants mais peu à peu, elle devient indifférente à leur sort pour leur préférer cet homme violent et autoritaire.

Ce père, l’auteure le décrit comme un monstre de veulerie, de cruauté et de machiavélisme. Il n’a de cesse d’humilier ses enfants, surtout Mohand, handicapé sans défense sur lequel il s’acharne particulièrement. Et puis il y a la drogue, la cocaïne que Karl deale. Il y entraine sa femme, et, après le shoot, ils oublient un temps leur vie sordide et sans espoir.

Comment les trois enfants peuvent-ils échapper à toute cette violence ? Ils trouveront l’amitié et l’amour au passage 50, un camp de gens du voyage où l’on est pauvre mais libre.

Le lecteur suit l’évolution de la fratrie marquée par la violence. Quelle vie d’adulte peuvent-ils espérer ? Hendricka sera la première à s’éloigner et à couper les ponts avec ses parents mais, derrière le luxe tapageur de sa nouvelle vie, se devinent les failles. Mohand, le plus mal loti des trois sera curieusement le plus résilient. Il saura tirer parti de ses talents et se faire aimer. Quant à Karel, écorché vif et inconstant, c’est à lui que fait référence le titre : « Il est des hommes qui se perdront toujours ». L’auteure nous dépeint le déterminisme effroyable d’une existence, celle d’une enfance saccagée qui mène à une vie d’adulte malheureuse et ratée.

Les liens d’affection resteront forts entre les trois frères et sœurs que cimente leur haine pour le père.

Le roman est ponctué de chansons, c’est tout d’abord la voix de l’italien Ramazzotti qui ouvre le bal, puis celle de Julio Iglesias quand la mort est là. Il y a aussi l’amour qu’on fredonne en reprenant les chansons de Céline Dion, Khaled ou Johnny. Et puis il y a la chanson pour danser, c’est « Dance Little Sister » de Terence Trent d’Arby qui semble avoir été composée pour Hendricka.



Rebecca Lighieri a su créer des personnages forts et qui nous poursuivront longtemps après avoir refermé ce livre. On peut être accablé par cette avalanche de détresse humaine, ce pessimisme qui imprègne tout le roman, mais il y a çà et là quelques touches d’espoir afin de ne pas désespérer complètement de l’humanité.





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Les garçons de l'été

Voilà une histoire déconcertante qui débute très légèrement, agaçante même, avec des personnages exaspérants d'auto-suffisance, partagés entre leur vie de petits bourgeois et leurs travers respectifs.

Mylène, la mère, particulièrement agaçante, voue une véritable adoration à ses deux fils, surfers accomplis, beaux gosses et intelligents de surcroît, tandis que Jérôme, le père, très pénétré de son rôle éducatif, entretient une relation extra-conjugale vieille de vingt ans, sur laquelle il s'épanche crûment.

Thadée, le superbe fils aîné, déborde d'arrogance et de perversité, tandis que Zachée, son cadet, le seul à être plus ou moins équilibré, tente de trouver sa place dans le coeur des siens.

Yzé, quant à elle, est une petite soeur renfermée, passionnée de dessin et d'entomologie, collectionneuse d'insectes morts mais, l'air de rien, très observatrice.



Quand le destin frappe Thadée en le mutilant dans sa chair, lui otant du même coup la possibilté de s'adonner à son sport favori ou à faire le joli coeur, c'est tout l'édifice familial qui s'écroule et, en tant que lecteur, on est persuadé de se trouver face à un roman sur la résilience.

Et, en effet, on suit l'évolution de Thadée sur deux années.

D'abord renfermé, déprimé, il retrouve petit à petit l'envie de bouger, allant jusqu'à défier à nouveau les rouleaux de l'océan.

Mais très vite il se rend compte que jamais il ne rattrapera le niveau de son frère...

C'est alors que le poison commence à s'insinuer dans son âme déjà pervertie.

Et c'est le deuxième drame qui, cette fois, va basculer dans la folie, la vengeance et l'horreur.



Totalement inattendu pour moi car j'évite toujours de lire le quatrième de couverture quand il sagit d'un livre noté suite à des critiques enthousiastes.

Je ne sais pas si, comme le dit Olivia de Lambertie dans Télématin, c'est du Stephen King à la française, mais il est certain que pour qui ouvre ce livre sans savoir ce qui l'attend, la surprise est de taille.

Un récit dont l'intrigue est magistralement servie par le décors des plages du sud qui la baignent d'une atmosphère à la fois chaude et sensuelle.

L'escapade de Mylène à la découverte de la Réunion, est une bulle d'oxygène dans une histoire oppressante à souhait.

Les jeunes qui évoluent autour de nos deux "demi-dieux" amènent aussi, à leur façon, une certaine légèreté à une intrigue très sombre.



Le style est fluide, ça se lit très facilement, c'est efficace, mais les personnages m'ont tellement déplu au départ que je n'ai pas réussi à m'attacher à eux et à entrer pleinement dans le suspens.

Je suis passée par toute une série d'impressions différentes pendant ma lecture, indécise quant au sens à lui donner, et c'est ce que je souhaite exprimer dans ma cote ⭐⭐⭐
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Les garçons de l'été

Petit bonheur de lectrice : encore une belle découverte et ce thriller m' a offert un très bon moment de lecture .

L'auteur entraîne le lecteur sur les côtes du Pays Basque et à La Réunion, paradis des surfeurs.

Deux frères ,passionnés de surf vont peu à peu contribuer à ébranler un édifice familial fondé sur les apparences.

Ils appartiennent à une famille de la petite bourgeoisie provinciale dont la mère surtout, vise rien moins que la perfection pour sa progéniture !

On se doute dès le début que l'auteur va se délecter en nous livrant une peinture au vitriol de cette famille !

Maintes fois exploitée en littérature et au cinéma, la critique de moeurs de la bourgeoisie semble toujours un thème porteur et ce roman ,un de plus , en est la preuve.



Alors, hyperréalisme ? sans doute...

Caricature ? ...pas sûr !

Pourtant ,parfois le trait est bien grossi pour laisser place à la dérision , au sarcasme ou à une forme d'humour noir.

Un texte savamment pimenté !



C'est une tranche de vie entachée par des drames qui va permettre une belle étude de caractères : celle d'un pervers surtout .

Mais elle permet aussi de jeter un regard appuyé sur un loisir devenu un mode de vie .

En effet, le lecteur est immergé dans le monde du surf et, parfois il faut le dire, englouti sous une déferlante de termes techniques. Mais, même si on ne regarde les planches que du rivage, l'intérêt reste tenu en éveil . On peut donc parler d'une narration de qualité .



C'est aussi un sujet de réflexion sur le rapport entre la société de loisir et l'environnement et sur la responsabilité de tous.

Et, ce roman dénonce à sa façon l'utilisation à outrance des milieux naturels au mépris de son écosystème .



Un roman qui donne envie de mieux connaître l'oeuvre de Rebecca Lighieri qui publie aussi sous le nom de Emmanuelle Bayamack-Tam.







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Les garçons de l'été

Une histoire bien tordue comme je les aime. Couple, 3 enfants, bons bourgeois de Biarritz qui, bien sûr, donne une bonne éducation à leurs enfants, offre des vacances à la montagne, à l'étranger, les initient aux sports, tout est bien comme il faut. Leurs deux fils aînés sont beaux, réussissent leurs études et se sont passionnés pour le surf qui va les emmener à l'île de la Réunion. Et là, d'un seul coup d'un seul, tout s'écroule lorsque l'un des deux perd sa jambe, bouffée par un requin. Et les ‘biens propres sur eux' ne sont pas ce que les apparences montrent. Chacun a son chapitre et dévoile sa vraie personnalité. Langage et techniques de surf disséquées, façon de Kérangal. Ce huis clos, aux personnages diaboliques, m'a fait penser aux films de Chabrol, et principalement à la grande actrice qu'est Isabelle Huppert : Violette Nozière, La cérémonie, etc. J'ai retrouvé la plume de ‘Je viens' où l'auteur écrit aussi sous le nom de Bayamack-Tam.
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Les garçons de l'été

Au départ, j’ai acheté le roman grâce au bandeau “Du Stephen King à la française”. Surprenant comme bandeau, non ? Forcément, il a suscité mon intérêt.

Les cent premières pages du roman ont été compliquées. Je voyais mal où l’auteure voulait nous emmener. On suit Mylène Chastaing (mère de Thadée, Zachée et Ysé) partie rejoindre ses deux fils à La Réunion après que Thadée se soit fait manger la jambe par un requin lors d’une session de surf. Mylène est plus qu’agaçante. Elle considère ses fils comme les 8èmes merveilles du monde, elle critique constamment tout et tout le monde et ne peut s’empêcher de faire des remarques désobligeantes. Mais l’écriture de Rebecca Lighieri (aka Emmanuelle Bayamack-Tam) est addictive et on tourne les pages sans s’en rendre compte. Puis on passe au point de vue du père, Jérôme. Il nous raconte son quotidien et sa vie de famille pendant que Mylène et ses fils sont encore à La Réunion. Il est seul avec Ysé, sa fille de douze ans aux centres d’intérêt très éloignés des fillettes de son âge (les reptiles, les insectes, etc.). Ensuite, on virevolte entre les points de vue des fils, de la copine de Zachée, Cindy, et d’autres personnages. On comprend peu à peu que cette famille biarrote bourgeoise n’est pas aussi parfaite qu’elle le prétend. Chacun a ses vices et ses défauts qui salissent peu à peu l’image lisse des Chastaing. Et puis il y a le drame, finalement annoncé depuis plusieurs années, et la traque que mène Ysé seule, délaissée par le reste de sa famille.

Oui, vraiment, du Stephen King à la française et une psychologie des personnages très poussée ! Tout en subtilité, Rebecca Lighieri nous emmène dans les profondeurs les plus sombres d’une famille et nous rappelle qu’on ne connait jamais vraiment les gens. Un roman au génie glaçant où l’auteure n’hésite pas à malmener ses personnages (et son lectorat !) pour surprendre. Mais un bon roman est un roman qui suscite des émotions...



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Il est des hommes qui se perdront toujours



Coup de cœur, non, coup de foudre absolu pour ce roman qui rassemble tout ce que j’aime :

- une histoire originale, car j’aime être surprise et bousculée

- une ambiance un peu sombre, ou même carrément glauque

des personnages « qui ont la rage »

une écriture ensorcelante, féroce, acérée

du rythme et un certain suspense, engendrant un besoin frénétique de tourner les pages pour « savoir »

de la poésie aussi, qui vient trouver la beauté dans les petits coins où elle se niche



Marseille, années 80.



Le premier chapitre s’ouvre sur la question « qui a tué mon père ? », qui trouve sa réponse dans la dernière phrase du chapitre « nous étions trois à avoir été décapités dès l’enfance, trois à qui on avait refusé tout épanouissement et toute floraison, trois à n’être rien ni personne. »



Le ton est donné. D’entrée de jeu nous savons donc que le père est mort, et qu’il y avait trois enfants.



C’est l’aîné, Karel, qui raconte. Karel est beau, toutefois sa beauté n’égale pas la stupéfiante splendeur de sa cadette Hendricka. Puis vient Mohand, le petit dernier, lesté à la naissance par tellement de tares que sa survie tient du miracle. D’autant plus que davantage encore que ses aînés, Mohand subira pendant des années les pires maltraitantes physiques et psychologiques infligées par Karl, le géniteur qu’aucun des trois ne s’aviserait d’appeler papa. Loubna, la mère, console mais ne s’interpose pas.



J’ai adoré et vous recommande cette histoire qui est celle du combat de Karel contre le déterminisme social et génétique, de la lutte acharnée de ces trois enfants pour échapper aux brimades et s’extraire de leur condition, en dépit de cartes si mal distribuées à la naissance.
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Il est des hommes qui se perdront toujours

Le père, Karl, est mort, je ne révèle rien puisque l'auteure le fait dès la première page, la première ligne. Alors qui l'a tué ? Karel Claès l'avoue : personne ou tout le monde car bon nombre aurait eu des raisons de le faire et en premier lieu lui ou sa sœur Hendricka, belle comme le jour, ou bien Mohand, son petit frère martyr parce que différent, souffreteux, mal fini comme il dit, le souffre-douleur préféré de son père. Un père dit-il mais non pas un père, une bête immonde, qui ne sait que brutaliser, frapper, dealer ou boire sous les yeux de leur mère, de Loubna,  témoin silencieux voire complice du désastre familial. Alors ils ont un mantra secret, glissé derrière un poster :



"-JVTMP

-Tu te rappelles ce que ça veut dire ?

-Bien sûr : je veux tuer mon père ! (p157)"



Cité Artaud dans les quartiers nord à Marseille et la cité n'a que le nom de poétique car ici vous êtes au cœur d'une société qui vit en marge de toutes règles et dans laquelle Rebecca Lighieri nous immerge avec son écriture sans fard afin d'être au plus près du sujet, aucun aspect ne nous est épargné. C'est un roman sur la violence quotidienne, verbale et physique au sein d'une famille, sur trois enfants qui vont devoir comprendre très vite les règles et les limites, qui n'auront d'autres buts que de s'enfuir afin de ne pas monter en eux la même violence. Et pourtant....



"Tant qu'on se crackera bien la gueule avec nos petits cailloux, la société passera ça par pertes et profits. Et si les pertes sont négligeable, les profits sont loin de l'être : la sélection s'opère, naturellement, sans intervention extérieure, sans déploiement des forces de l'ordre - pas besoin de ligne budgétaire, y'a qu'à nous laisser faire, bingo. (p301)"



Entre une cité déshumanisée, un passage 50 où Karel trouve un peu de chaleur et d'amour au sein d'une communauté de gitans, chacun va devoir faire preuve de ténacité pour s'en sortir, pour se faire sa propre ligne de vie, de réussite mais à quel prix car il y a souvent un prix à payer d'une enfance faite de coups, de blessures laissent des cicatrices toute la vie.



"Mon père est mort. Tout est faux dans cette phrase. D'abord, parce que je n'ai jamais eu de père, et ensuite parce que, père ou pas, il est toujours vivant. Au lieu de le tuer, j'ai passé vingt-deux ans à le laisser vivre et prospérer en moi jusqu'à l'intoxication. (p306)"



La beauté, dans ce roman, on la trouve dans la relation entre les trois enfants : à la vie, à la mort et la violence est omniprésente, elle frôle les corps et à travers le personnage de Karel, l'auteure montre bien le combat qui se livre en lui pour ne pas lui-même tomber, reproduire (parfois sans succès) cette violence qui a imbibé sa jeunesse, qui a été son pain quotidien à défaut de nourriture, de tendresse et d'amour.



Je connais l'écriture de Rebecca Lighieri depuis Les garçons de l'été, un roman déjà axé sur la famille, ses dysfonctionnements mais elle franchit dans celui-ci un cap en mettant sous le feu de sa plume, ce qui se cache parfois dans ses barres d'immeubles, près de nous, où le chômage, la mise à l'écart, le manque de ressources sans compter sur le ghettoïsation qui envenime et accentue ce qui était déjà sous-jacent chez certains. C'est insoutenable parfois mais je pense qu'elle a voulu rendre à travers ses mots toute la violence, sans  l'atténuer, qu'il faut être face à celle-ci, la ressentir à la lecture pour essayer d'approcher, je dis bien approcher, ce que certains peuvent vivre au quotidien loin de nos vies confortables. Ici nous ne sommes pas dans un conte de fée, il n'y a pas de preux chevalier, pas de héros qui surgissent pour sauver, mais simplement des êtres qui tentent de survivre, physiquement et moralement.



C'est un récit cru, brutal, sociétal, l'auteure ne cherchant pas à édulcorer car comment pourrait-on le faire et comment cela serait-il possible d'ailleurs sans le travestir. Karel devient l'emblème d'une jeunesse qui paiera toute sa vie les traumatismes d'une enfance qui n'a de l'enfance que le nom et qui ressemble plus à un chemin de croix.



J'ai beaucoup aimé.
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Il est des hommes qui se perdront toujours

/AU MOINS 3 RAISONS DE LIRE Il est des hommes qui se perdront toujours//



Le nouveau roman de Rebecca Lighieri le pseudo d' Emmanuelle Bayamack-Tam après l'éblouissant les garçons de l'été et on tout autant apprécié ce roman noir, dur et sans concession.





✨Parce que les romans à hauteur d'enfant en général on n'adhère pas trop et là que Karel soit petit, ado ou jeune adulte ce n'est jamais naïf.





✨ Parce que ça se passe dans les annees 80 et 90 et que passé un certain âge il y a comme un réconfort à retrouver certaines références (en tous cas pour moi).





✨ Parce que cette fratrie abîmée par un père violent et cruel qui grandit à Marseille dans la cité Arthaud et rêve d'un autre destin, je ne suis pas prête de l'oublier.



Incontournable dans les poches de cet hiver 2022- Chez folio !
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Les garçons de l'été

Rebecca Lighieri a dû beaucoup s'amuser à commettre cet habile hommage à nos mythes occidentaux, faisant le grand écart entre la Bible et « Ça », entre « Point Break » et la tragédie grecque. Les dieux antiques châtient l'hubris. Oedipe la ramène un peu trop, et hop! Sa femme se pend, ses fils s'entretuent, sa fille est enterrée vive. Ici, c'est pareil: madame mère n'est pas loin de prendre ses mioches pour des dieux vivants et le démenti sera cinglant: les Chastaing vont passer sous un rouleau compresseur impitoyable. Je trouve assez malin d'avoir réincarné les héros de l'antiquité en surfers qui se la pètent et les familles royales en bourgeoisie biarrote dont les enfants préparent Polytechnique...

Mais si la perversité de Thadée apparaît comme la punition infligée aux arrogants Chastaing, la rivalité des deux frères tire plutôt du côté de la Bible: après qu'Adam a fricoté avec Ève sous le pommier, le serpent est privé de ses pattes par Jehovah (si, si) et après que Thadée a tenté de forniquer avec Anouk dans la forêt, un grand requin lui bouffe la jambe!

Requin qui prive d'ailleurs le lecteur d'un tout autre livre: combien de temps Thadée aurait-il pu continuer à tricher si le requin n'avait coupé court à sa mythomanie ? De moins en moins capable de feindre, il arborera son âme sur son visage, tel un anti-Dorian Gray.

Mais foin de métaphysique: la femme est l'avenir de l'homme et les héroïnes prennent le pouvoir. Zachée sera vengé dans une scène tout droit sortie de « Millenium ». Morale de l'histoire ? Même les démons les plus séduisants sont faciles à repérer: ils peinent à jouir. Quand un homme vous dit: « Chérie, tu me plais, mais pour mieux te faire l'amour, je vais t'enduire de déjections et t'étrangler », fuyez!

C'est un conseil de bon sens et même si madame Lighieri a une façon un peu compliquée de le délivrer, il est difficile de ne pas tomber d'accord avec elle.
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Les garçons de l'été

Je pense ne pas avoir été et ne toujours pas être dans cette équipe. Celle de ces gars qui font tourner les têtes de celles et ceux qui les frôlent. Accident dans le continuum espace-temps, anomalie qui perturbe l'écoulement du flux tellement leur présence est irréfutable. Comme l'éléphant de Vialatte. Toujours stupéfiant à observer, comme l'arrivée d'un félin dans un documentaire animalier



Thadée (qui signifie "courageux", "donné par dieu", "nourri à la mamelle" oui, oui, ça fait beaucoup pour un si petit prénom, c'est du 3 en 1) et Zachée (voulant dire "pur et innocent"), eux, sont deux jeunes hommes à qui la vie semble avoir souri démesurément. Peut-être un peu trop, glissant vers le rictus inquiétant, la balafre hideuse.



La beauté, ce luxe naturel. Cette noblesse sans titre qui surgit au milieu des êtres sans que l'on ne sache vraiment pourquoi ni comment, ils l'ont. On les observe donc, jouir de cette facilité qu'elle peut donner dans certaines circonstances comme un lubrifiant social très élaboré. Coupe-file qui fait gagner du temps et épargne les efforts inutiles.



Ces deux frères glissent donc dans la vie comme une goutte d'eau sur un tissu hydrophobe : avec aisance et sans accrocs. Dieux bouclés, ils font la fierté de leurs parents et par dessus tout de Mylène, leur mère. On peut dire qu'elle frôle le gâtisme tant elle les admire, les bade, leur pardonne tout.



Même l'inexcusable.



Un évènement violent va venir briser cet équilibre familial et labourer les chairs, taillader le quotidien, faire saigner les apparences en logeant ses morceaux acérés dans la graisse d'un bonheur bien plus fragile que l'on ne pouvait le penser.



Cette péripétie arrive très tôt dans le roman, page 14.



Tonnerre éclatant dans un ciel paisible, tout le train-train va dérailler bien gentiment. L'aquarelle va inexorablement baver dans un Rorschach perturbant où tout le monde verra ses démons se matérialiser dans une mêlée humide.



Rebecca Lighieri, l'alias d'Emmanuelle Bayamack-Tam, excelle dans la peinture de l'adolescence et de la violence : ses tensions, ses fêlures et surtout le passage à l'acte qui couve en son sein et dont elle s'est faite une spécialité. Potion bouillonnante sous le couvercle des métamorphoses physiques, marmite frémissante. C'est un moment de vérité où le précipité des passions et des émotions peut se révéler hautement instable. On comprend que cela intéresse autant un écrivain.



Après ma lecture d"Il est des hommes qui se perdront toujours", je note qu'elle persiste dans cette direction suivant la trajectoire de personnages dans leur jeune vingtaine qui viennent à peine de s'extirper de la lessiveuse automatique qu'est cette période mais qui en gardent les stigmates.



L'adolescence n'est pas cette frontière absolue que tout le monde franchit uniformément, complètement et au même moment. Il y a des adolescents attardés, des adultes trop verts et des primeurs poussés trop vite (je pense ici à Ysé la benjamine de la famille)



Thadée et Zachée se lancent donc dans la vie, boucliers, casques et lances à la main. Héros d'une Iliade sans remparts de pierre mais où les murailles sont faites d'eau. Car oui, ces deux frères vivent, mangent et dorment surf, ce qui les mènera des plages du pays Basque à celles de la Réunion puis du Portugal.



Avertissement, vous allez devoir un peu vous plonger dans le lexique de ce sport car beaucoup de termes sont utilisés dans le récit et ils ne peuvent pas tous être compris uniquement par le contexte. En ce qui me concerne, j'adore découvrir de nouveaux mots, donc ça ne m'a pas du tout gêné.



Rebecca Lighieri a, de son propre aveu, mangé des heures de vidéos de surf et lu beaucoup de magazines pour s'acclimater à ce vocabulaire et l'incorporer à sa recette. Elle s'est également inspirée de faits-divers réels et notamment de l'histoire d'Éric Dargent dit "le surfeur d'argent".



Par d'assez courts chapitres, chaque personnage majeur de l'histoire va prendre la parole, livrant sa vérité et écornant un peu plus à chaque fois la belle photo de famille. En un cercle excentrique, de la famille nucléaire aux personnes extérieures. Exception faite de la petite soeur, Ysé (déesse) la cadette, dont la prise de parole vient terminer le récit.



Cette entorse s'explique selon moi par le caractère assez atypique de cette jeune fille et sa position dans cette famille : excentrique. Très justement.



Encore une fois, j'ai vraiment détesté certains personnages/narrateurs comme cela avait déjà été le cas dans ma précédente lecture de RL. Je m'en accommode et cela devient un attendu presque. Je pressens ce moment où je vais être percuté dans mes valeurs et ça commence à me plaire. Je gaine, mains derrière la tête, dans la perspective du crochet bas. Et je dois dire que je n'ai pas été déçu, encore une fois.



RL révèle peut-être chez moi un fond masochiste que j'avais découvert lors de ma première et dernière lecture de Guillaume Musso. Mais elle appuie dessus de tout son poids et...j'aime bien ça on dirait...quand c'est bien fait. (pizza aux anchois, table 3 pour Guillaume. T'as capté...)



De l'aveu de Rebecca Lighieri, ce roman est une autopsie de la pulsion : comment des jeunes gens parviennent à gérer cette force noire qui nous travaille tous et toutes, et comment d'autres y échouent lamentablement ou ne luttent même pas, pour certains d'entre eux.



Et je pense que c'est cette ombre portée que l'on traque partout sous la surface de ce récit, que l'on sent. Cette menace qui peut à tout moment surgir et briser les os, les vies, les vernis. Elle fait voir sa masse obscure puis disparaît comme elle est venue, laissant un goût de sang dans la bouche.



Le vrai risque c'est celui-là et c'est pour cela que l'évènenement qui arrive au début du roman n'est qu'un leurre ou une mèche à étincelles qui détourne l'attention. Les explosifs sont ici d'un tout autre ordre.



C'est bien trouvé de la part de RL de brouiller ainsi les pistes et de nous faire prendre l'ombre pour la proie.



Le surf vient mettre tout cela en exergue, par contraste : activité de plein air, de soleil, de communion avec les éléments, il véhicule une image très saine, pleine d'équilibre qui tranche tout à fait avec la noirceur qui se dégage de certains personnages et qui vient ternir l'image idyllique. (C'est RL qui le dit hein...je reprends juste)



On retrouve un sous-texte biblique également avec les prénoms de ces deux garçons et la référence explicite à un épisode vétérotestamentaire très connu. L'auteur semble ainsi jouer au dieu vengeur et courroucé qui exige un sacrifice sanglant et qui sème un chaos dramatique d'une main leste.



J'ai beaucoup aimé ce livre qui a refermé ses mâchoires sur moi sans ménagement, tirant sur mon frêle temps libre et l'emportant par gros morceaux sanguinolents. le terme happé est tout à fait à propos. Je me suis vu en grappiller des phrases, grattant quelques lignes, fébrilement, avant de partir au boulot le matin. Je ne sais qui du livre ou du lecteur ne voulait plus lâcher sa prise...



Seule la fin et son changement de ton assez inattendu ne m'ont pas paru nécessaires. Une touche de fantastique qui nuit au reste. Certains critiques ont parlé de Stephen King...le clown présent dans l'histoire n'est pas suffisant pour évoquer "le roi" selon moi. Restons sérieux.



Cela reste un bon livre dont je me souviendrais mais pas pour ces raisons et cette référence indue.



Rebecca Lighieri a une plume énergique, brutale, qui va à l'essence, quitte à jouer avec elle sans concession et frôler l'incendie. Ça commence à me plaire et me taraude agréablement la boîte à certitudes. C'est déjà bien suffisant.



Je suis toujours étonné par sa rudesse envers ses personnages dans ses interviews. Ainsi de Zachée qu'elle ne trouve pas intéressant et qui de toute façon n'a aucun mérite...Ouch. Coup de tête, balayette.



A nouveau, je m'étonne devant certains mots d'argots que je n'ai jamais entendu. Mais je prends de l'âge, je ne suis pas infaillible et je sais que selon notre situation géographique, il y a des mots qui ne franchissent pas certaines régions.



Enfin bon, si quelqu'un a déjà entendu le terme "star-star" auparavant, je veux bien qu'il me le dise dans les commentaires...ça me fout un coup de vieux...un peu comme la crème anti-cernes que j'ai reçu à mon anniversaire.



Dernier verre avant la route, j'ai apprécié cette "buanderie" que l'on retrouve dans cette maison et où beaucoup de choses se passent. Lieu mal défini. En sous-sol, souvent, chtonien, mais où l'eau, la vapeur ont aussi leurs places. Espace de stockage, de repli, caverne primordiale. On peut y fumer en soumsoum alors qu'on a officiellement arrêté à la mort de tonton André. Il y a 4 ans. Surtout, on peut y écouter les bruits primordiaux de la maison. Son pouls. J'aurais adoré avoir une buanderie. Bref, je vous laisse découvrir ce que l'on y fait chez les Chastaing.



Bonne lecture.





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Les garçons de l'été

Tout semble sourire à Zachée et Thadée, 2 frères de Biarritz qui ne vivent que pour le surf qu'ils pratiquent avec passion aux quatre coins de l'Europe.

Etudiant brillant et sportif aguerri, rivalisant de talent et de beauté, Zachée vit pourtant à l'ombre de son frère qu'il idolâtre.

Alors qu'il s'adonne à sa passion sur l'île de la Réunion, la vie de Thadée bascule après son effroyable rencontre avec un requin qui emporte sa jambe.



Malgré l'amour et le dévouement de sa famille pour le réhabiliter, Thadée se replie sur sa souffrance, enfermé dans une bulle de rancoeur et de cynisme à l'intérieur de laquelle personne d'autre n'existe.

L'insolente forme physique de son frère agit comme un déclencheur à des desseins bien sombres. Et quand Thadée sort enfin de son apathie, c'est pour laisser libre cours à la jalousie et la perversité qui l'entraînent sur la pente dangereuse de la folie. Et si Thadée avait toujours été un psychopathe sous la surface, n'attendant que son heure pour se révéler au grand jour ?



Un synopsis intéressant et un suspense qui s'apparente à un thriller, le tout baignant dans atmosphère délétère d'une famille parfaite en apparence. A côté de Zachée et Thadée, d'autres personnages prêtent leur voix : une mère qui aime trop ses fils, un père adultère et une benjamine originale férue d'entomologie.

L'auteur nous plonge avec un réalisme saisissant dans le monde du surf, des wipe-out et des vagues déferlantes mais également dans les sombres méandres de l'âme humaine.

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Les garçons de l'été

Le dernier roman de Rebecca Lighieri (« Il est des hommes qui se perdront toujours ») étant l’un de mes plus gros coups de cœur de 2020, je me suis donc vite attaqué à celui-ci paru en 2018.



Tout débute en compagnie d’une famille bourgeoise, les Chastaing. Les parents et les trois enfants, Thadée, Zachée et Ysé, filent le bonheur parfait jusqu’au jour où l’aîné, sorte d’apollon au physique avantageux et aux études brillantes, se fait attaquer par un requin en faisant du surf à la Réunion. Là, c’est toute la perfection qui entoure cette petite famille qui va voler en éclats !



Passant d’un membre de la famille à l’autre au fil des chapitres, Rebecca Lighieri (pseudo utilisé par la romancière Emmanuelle Bayamack-Tam) dévoile progressivement les failles et les secrets de chacun. En scrutant les profondeurs les plus sombres de cette famille et en faisant tomber les masques tout en développant avec brio la psychologie des personnages, ce roman, qui invite à suivre la descente aux enfers d’une famille dont les deux garçons sont fans de surf, s’avère de nouveau d’une belle noirceur.



Pourtant, le titre et la couverture baignent immédiatement le lecteur dans une ambiance estivale. Et c’est vrai qu’au début l’océan est bleu et la plage paradisiaque, mais au fil des pages, l’eau devient de plus en plus trouble et la vague que l’on se prend au final est d’une violence rare…



Me voilà donc fan de cette auteure donc je conseille vivement le dernier roman : « Il est des hommes qui se perdront toujours » !
Lien : https://brusselsboy.wordpres..
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