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Critiques de Régis Boyer (131)
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Saga d'Eiríkr le Rouge suivi de Saga des Groe..

Bien sûr, comme à chaque fois avec les sagas islandaises, il faut se familiariser avec le style, il faut accepter le long (ouh… trèèèès long) rappel généalogique avant la présentation de chaque protagoniste, et encore une ou deux petites conventions propre à ce type d'écrit si particulier (forme orale transcrite par écrit plusieurs siècles après les faits).



Mais lorsqu'on fait fi de tout cela, il reste des écrits particulièrement intéressants pour quiconque s'enquiert soit de l'histoire, tout simplement, soit de l'ethnologie, soit des croyances, soit de la sociologie de l'époque. Car malgré le miroir déformant des perceptions et des générations comme n'importe quel bon téléphone arabe, il y a forcément des altérations, mais certains éléments récurrents semblent avoir des fondements historiques tout à fait avérés de nos jours.



Ces deux courtes sagas, celle d'Eiríkr Le Rouge et celle des Groenlandais (qu'on désigne parfois sous l'enveloppe générique de sagas du Vinland) nous montrent d'une part comment les Scandinaves (Norvégiens et Islandais, ce qui revient, à cette époque, au même) ont d'abord prospecté plus à l'ouest et ont débarqué au Groenland.



Le personnage d'Eiríkr le Rouge ressort car il est d'abord banni de Norvège et s'installe en Islande, puis à nouveau a quelques démêlés en Islande, si bien qu'il reprend le bateau et échoue au Groenland.



Je précise, pour ceux dont la géographie nordique n'est pas extrêmement parlante que, malgré la situation particulièrement septentrionale de cette grande île, lorsqu'on part d'Islande, la pointe sud du Groenland se situe plein ouest, voire sud-ouest et donc qu'il n'est pas nécessaire de s'élever en latitude pour l'atteindre, bien au contraire.



Je signale enfin que le climat autour de l'an mille, date à laquelle se situent les faits mentionnés, était, semble-t-il, notoirement plus clément que ce qu'on a connu au XVIIIe et XIXe siècles, juste avant la grande phase de réchauffement actuel qui doit nous faire revenir à un climat assez comparable à celui qu'a expérimenté Eiríkr Le Rouge.



Le marrant de l'histoire, c'est que les sagas nous narrent de fréquents aller-retours entre le Groenland et l'Islande ou la Norvège et que c'est lors d'un de ces voyages retour qu'un fils d'Eiríkr loupe la pointe sud du Groenland à cause du mauvais temps et se retrouve encore plus à l'ouest, très probablement sur la côte de l'actuel Labrador canadien, terre nouvelle qu'ils désigneront plus tard sous le nom de Vinland car ils prétendent y avoir découvert de la vigne.



Très intéressant car on y lit encore la toute première rencontre entre des autochtones amérindiens et des explorateurs de l'ouest européen et la vision que ces derniers en donnent. Et, une fois n'est pas coutume, les Skraelingar (nom que les Scandinaves donnèrent aux autochtones, peut-être des Inuits) mirent la pâtée aux Européens, notamment en raison du nombre de combattants.



Les sagas sont peu claires sur les motifs qui ont conduit au conflit. Elles s'accordent toutefois sur le fait que c'est à la troisième rencontre que les choses ont mal tourné. Il semble que les Scandinaves, malgré le rapport qu'ils en ont fait ensuite, n'aient peut-être pas été irréprochables vis-à-vis des Skraelingar qu'ils semblent avoir très vite méprisés, tant pour leur " laideur " que pour leur mauvais sens des affaires ou encore leur méconnaissance de l'usage d'une hache, par exemple.



Donc, pourquoi l'Amérique s'appelle-t-elle Amérique ? Parce que, plus qu'être le premier à découvrir quelque chose, il faut être le premier à le maîtriser, or, les Scandinaves n'ont pas maîtrisé cette nouvelle terre pourtant prometteuse, ce qui fut le cas des Espagnols 500 ans plus tard.



Ensuite, plus qu'être le premier (le second en fait) Christophe Colomb ne croyait pas avoir découvert quelque chose de nouveau mais simplement une nouvelle voie pour aller dans un territoire connu, l'Inde. Il faut attendre Amerigo Vespucci pour tenir à la fois le discours de la découverte et celui de la nouveauté en plus de la maîtrise, d'où le nom d'America.



En somme, il y a la découverte et il y a la publicité faite autour de la découverte et, comme dans notre XXIe siècle triomphant, ceux qui ont la fibre commerçante et qui usent des moyens de communication recueillent les fruits des découvertes des autres. Une découverte non brevetée ne vous est pas attribuée, une découverte associée à une mauvaise campagne de com fait un flop. Bref, rien n'a changé…



Mais, revenons à notre livre, il y a encore des tas de notions abordées dans ces sagas et je me limiterai à une seule d'entre elles, celle de la position de la femme en cet an mille, époque qui correspond également à l'introduction du christianisme en Islande et, par contagion, au Groenland.



On constate sans peine que malgré (ou en vertu de, peut-être) leur statut de païens, les Scandinaves donnent notablement plus d'importance aux femmes que ce qu'on connaît en Europe médiévale continentale. Et ça aussi c'est intéressant quand on retrace l'histoire de l'émancipation des femmes, ou si l'on s'intéresse aux premiers auteurs, tels Henrik Ibsen, à promouvoir l'égalité homme-femme.



En somme, une plongée en immersion dans un mode de pensée et un mode de vie très éloigné du nôtre, très dépaysant et qui, en ce qui me concerne, m'a donné beaucoup de plaisir à la lecture, mais je conçois que ce type d'écrit ne soit pas du goût de tous. À vous de voir car ce n'est là qu'un avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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L'Edda poétique

"C'était au premier âge

Où il n'y avait rien,

Ni sable, ni mer,

Ni froides vagues..."



L'Edda. Un menu paquet de parchemins de taille modeste (13x19 cm) qui contient la plus précieuse mémoire du Nord.

Un cycle de chants qui nous parlent de dieux païens et de héros mythiques, transmis oralement pendant des générations.

Si les Islandais n'avaient pas consigné ces histoires sur un morceau de veau tanné vers la fin du 13ème siècle, la mythologie scandinave aurait pu suivre le même triste destin que la mythologie slave : elle aurait disparu à jamais.



L'époque qui a vu naître ces trésors poétiques (7ème -13ème siècle) était turbulente et pleine de contradictions. Les colons islandais qui ont fui la Norvège ont vécu leur temps de gloire, suivi par une désintégration totale de leur organisation politique. Mais cette crise ultime de l'état islandais libre fut paradoxalement accompagnée d'une grande effervescence littéraire, comme c'est souvent le cas quand on prend conscience qu'une culture est sur le point de disparaître.

Le parchemin, recouvert très économiquement par des lignes serrées, n'a heureusement pas disparu lors de quelque éruption volcanique, et aucun rustre ne s'en est servi pour rembourrer ses sabots. Il est passé de main en main, en inspirant sur son chemin Snorri Sturluson, et sa propre version de l'Edda, davantage "coiffée" et didactique, conçue plutôt comme un manuel de poésie scaldique. Au 17ème siècle, le manuscrit a atterri entre les mains de Brynjólfur Sveinsson, un évêque éclairé, qui a immédiatement reconnu sa valeur.

L'ancienne Edda est de la belle matière brute. Malgré l'engouement actuel pour les mythologies nordiques et leurs nombreux reflets dans la pop-culture, ces poèmes restent une fascinante énigme, voilée par des siècles de transmission orale. Un trône noir sculpté, figé dans la glace, autour duquel hurlent les loups et croassent les corbeaux.



La question qui se pose est de savoir si un lecteur moderne peut apprécier toute la beauté atypique de ces poèmes. Par exemple, monsieur Tolkien pensait que non. du moins si vous n'êtes pas déjà un peu familier avec la mentalité de la vieille poésie anglo-saxonne. Les chants de l'ancienne Edda étaient conçus pour la récitation, et ils sont basés sur les allitérations, les refrains répétitifs (je pense à ce génial : "Ne te tais pas, Voyante, je veux apprendre de toi tout ce que je te demanderai !", dans les Rêves de Baldr) et se sert abondamment de métaphores poétiques nommées kennings. Les vers sont courts, et on ne sera pas surpris si la narration s'interrompt par un long inventaire de nains, avant de reprendre comme si de rien n'était. L'autre aspect intéressant est la grande importance donnée à la sagesse et à la connaissance. Bien plus souvent que les affrontements armés, on y trouve des combats cérébraux : des concours de devinettes (souvenez-vous de Tolkien et de ses Enigmes dans le noir !), et toutes sortes d'exhibitions du savoir. D'autres poèmes contiennent des maximes simples, et souvent intemporelles (la poésie gnomique). Non, l'Edda n'est pas que colère des dieux, fierté, jalousie, trahisons et combats, même si elle a aussi ses excès (Loki et les intestins de son fils en sont un bon exemple) ; comparée aux autres mythologies, elle est presque charmante. Et parfois comique ou parodique, quand elle raconte comment Thor, déguisé en Freya, a récupéré son marteau (Le chant de Thrym), ou comment il a obtenu un énorme chaudron pour brasser la bière du géant Hymir. Certaines pages de l'Edda sont d'ailleurs littéralement imprégnées de bière, ce qui ne déplaira pas aux amateurs.

Le plus grand handicap de l'ensemble est évidemment son côté fragmentaire, certains vers manquent, mais malgré tout, cela se lit étonnamment bien, une fois qu'on se familiarise avec sa forme.



Les poèmes sont divisés en deux parties. La partie mythologique contient les histoires des divinités depuis la création du monde jusqu'à sa fin, et on y trouve le sage Odin, le coléreux Thor, Freyr et Freya, le rusé Loki et tant d'autres. La partie héroïque met en scène les humains : Fáfnir, Gudrun... ou Sigurd et Brynhild, connus des opéras de Wagner. Un peu comme dans le "Beowulf" anglo-saxon, les motifs païens et chrétiens se mélangent, certains poèmes plus tardifs sont déjà racontés d'un point de vue chrétien, de façon assez subtile. L'Islande n'a pas été christianisée de force, et dans la transition douce, les anciens dieux ont pu longtemps cohabiter avec les nouveaux dans la mémoire collective.

La version française de Régis Boyer (qui ne suit pas toujours le classement "officiel", en présentant les chants plutôt en ordre chronologique) contient des traductions, accompagnées par un minutieux et abondant texte explicatif. Bien sûr, aucune traduction ne peut reconstituer la splendeur phonétique de cette poésie en vieux norrois ; essayer de la traduire, c'est un peu comme souffler sur de magnifiques fleurs de givre sur la vitre, puis se contenter de gouttes d'eau en lesquelles elles se transforment. Mais remercions monsieur Boyer de nous avoir rendu cette vitre un peu plus transparente. 4,5/5

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Saga d'Eiríkr le Rouge suivi de Saga des Groe..

Les viking en Amérique du nord ?

Oui bien sûr : Sur le sujet il faut lire les deux sagas qui sont presque les deux seules (presque) sources littéraires sur le sujet (dispo en poche chez folio ) :

- La saga d'Erik le rouge .

- La saga des groenlandais .

Ce sont deux textes agréables à lire , assez brefs et détaillés , qui se trouvent être croustillants de détails et assez émouvants si on compare la faiblesse des moyens à l'immensité de la tâche.

L’Islande ,le Groenland , l’Amérique du Nord : Terre-Neuve et les Territoires du Nord .Le moteur de cette démarche était: la curiosité sans doute , ponctuellement des contraintes politiques, la recherche d’ivoire (morse) et de bois qui manquaient cruellement en Islande et Groenland.

Le site de L’anse au Medow à Terre-Neuve a gagné des gallons d’ancienneté . La datation actuelle place les débuts de l’implantation scandinave au sud de Baffin et donc à Terre-Neuve , à 1021 ( certitude absolue).

Il y a un second site à Terre-neuve , cf les travaux de Bolender (minerais de fer des marais torréfié selon un procédé norois , et présence de graines de noyers cendrés). C’est un site daté entre le IXe et XIIIe siècle par le carbone 14. Mais principalement je trouve , il y a le site exploré par madame Sutherland (archéologue) dans la terre de Baffin.

Elle a solidement établi la constante présence occasionnelle et renouvelée scandinave sur la Terre De Baffin et en général sur le Nunavut ente le XIe et le XIIIe siècles.

Les découvertes de l’arctique canadien laissent entrevoir des rapports fructueux et réguliers entre les populations (scandinaves et amérindiennes) ,au contraire des sagas ,qui posent des conflits occasionnels et assez ponctuels entre vikings ,amérindiens et Inuits.

Le Groenland payait le denier de Saint Pierre en ivoire de Morse (cf. Musset).

La saga d’Éric le Rouge et celle des Groenlandais Parlent d’évènements situés entre le Xe siècle et le XIe siècle. Les deux textes sont conservés dans des manuscrits différents .Le texte Eric date du XIIIe et celle des Groenlandais aussi mais peut-être plus tardive car possiblement du XIVe siècle.

Les deux textes ne parlent pas tout à fait de la même chose et sur leur fond commun ils divergent quelquefois. Les textes divergent surtout autour des noms des découvreurs ou encore sur le nombre de navigations effectuées et par qui elles le furent

La route est dans les deux textes une route du nord (Helluland ,Markland ,Vinland ) La terre de Baffin (Helluland) le pays aux pierres plates , Le Labrador boisé , il doit son nom Mark … aux bois et forets et le Vinland avec ses vignes (si Winland ,ce serrait des pâturages qui expliquent le nom) scandinave de Terre-Neuve.

A l’époque la limite nord de la vigne semble avoir été le New Brunswick et inciterait donc à placer le Vinland plus au sud donc. Personnellement je dis que pas forcement car les noms des territoires de ce nord encore obscure dans les consciences étaient souvent des publicités incitatives à s’y établir. Comme :

Vinland pays du vin ,Groenland (pays vert), Markland (pays boisé).

Les deux textes permettent d’imaginer la route du nord. Il reposent en fait sur des documents faisant référence à un train de plusieurs expéditions. En fait ils décrivent probablement une route du nord .Islande Groenland ,Amérique du nord. Le but de navigations qui durèrent près de trois siècles ,était logé dans des besoins en bois (très importants (même en Islande)) et en ivoire également .Les tombes des dernières personnes scandinaves du Groenland au XIVe siècle sont vêtus d’étoffes en laine précieuses et de vêtements ultra contemporains et de grande qualité.

En fait le nord de l’Amérique du nord fut le lieu de fréquentations occasionnelles et régulières par les Norois (d’Islande ou du Groenland) motivées par un approvisionnement en matières naturelles d’une absolue nécessité (Le bois) et précieuses aussi (ivoire) qui permettaient de payer le denier de Saint Pierre et d’acheter des produits nécessaires (ou luxueux) pour la vie courante. On peut conclure en soulignant qu’il n’y eu pas de colonisation massive du Groenland de l’Islande et de l’Amérique du Nord à cause du faible effectif du peuplement nordique dans l’aire considérée . Aussi parce que l’Amérique du nord était partout déjà peuplée et enfin parce que l’écart civilisationnel entre les populations (natives et noroises) n’était pas très significatif en terme de rapport de force et donc, loin d’ère en faveur des faibles effectifs scandinaves qui vinrent finalement dans ces parages poussés par la nécessité finalement.

A noter je trouve que l’archéologie et les textes dessinent une route qui repose largement sur le cabotage et qui se cantonne à l’espace situé entre terre neuve et l’Amérique du nord continentale.

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Livre de la colonisation

Si vous êtes passionné par l'histoire médiévale de l'atlantique nord et de l'Islande en particulier , le livre de la colonisation , pourrait bien vous intéresser.

L'Islande est un territoire à peu près vierge seuls quelques ermites celtiques ( les Papars) occupaient le territoire au moment où des scandinaves sont venus s'installer dans ce pays . Ils furent principalement originaires de Norvège . Ils arrivèrent avec armes et bagages et en compagnie souvent de leurs esclaves d'origines celtiques (Ecosse et Irlande) la plupart du temps (début de la vague 870 environ).

Entre 870 et 930 ,qui est la date où le pays se soumet formellement au roi de Norvège , la société islandaise se met en place .le pays conservera largement ses usages ,sa langue et ses lois au long de toute son histoire de dépendance souvent très préjudiciable aux couronnes norvégienne puis danoise.

C'est un peuplement de fermes isolés avec un régime qui est celui d'une oligarchie de propriétaires fonciers qui jouissent du pouvoir. Cependant le reste des hommes du pays sont absolument libres et ils sont des personnes juridiques reconnues , qui peuvent èster (être) en justice , au contraire des esclaves qui eux ne le peuvent pas.

La société islandaise est de façon assez impressionnante et profondément une société marquée par la loi , par la forme, par la procédure et la jurisprudence .

Le corpus de textes sur cette ile au moyen-âge est assez impressionnant et ce texte est intégralement consacré à la mise en place de l'Islande (géographie humaine et politique) avec un grand sens du détail ,et c'est une source incontournable que grâce à cette traduction , le lecteur francophone peut consulter confortablement , en français.

Les autres textes qui présentent un intérêt , du point de vue de la colonisation de l'Islande sont égrenés au fils de quelques sagas islandaises , mais il y a principalement : l' Íslendingabók , le livre des islandais (pas de traduction française, mais accessible en anglais) .

Le traducteur donne ici , une passionnante introduction autour , du Landnámabók (sur le plan historique , mais aussi en développant généreusement les aspects : langue et civilisation).

Ce texte est très circonstancié et il permet de suivre un grand nombre de personnages pour la plupart fonctionnels (mais très sommairement situés) et de familles islandaises par la même occasion .Il permet aussi de pénétrer intimement ce monde scandinave païen à la mentalité très spécifique . C'est un univers profond à la culture très codées qui possède une tradition orale qui est aussi hypertrophiée que normée quant au fond et quant à la forme .

Ce texte est très pragmatique ainsi que assez peu poétique, et cela contribue incontestablement à le rendre un peu plus facile d'accès que d'autres textes du nord médiéval. Cependant c'est une lecture qui reste le plus souvent ardue qu'impose ce remarquable travail du fait sa structure .Les généalogies fréquentes par exemple , mais aussi la nécessité absolue de se référer constamment au notes qui sont passionnantes , mais qui viennent fatalement séquencer continuellement la lecture. Personnellement , je recommande de faire une lecture intégrale des notes et après seulement de faire la lecture de l'introduction qui est impérative pour saisir le texte.

Enfin les noms ,quels qu'ils soient (même si le traducteur a traduit beaucoup des sobriquets) , du fait de la phonétique et de l'orthographe de la langue islandaise ,constituent un barrage frontal qui s'oppose à toute lecture fluide du livre de la colonisation, à moins de d'avoir une acculturation à la phonétique islandaise . Savoir lire le vieil islandais ou la forme moderne de cette langue (peu de différence à l'écrit), sans même la comprendre, permet vraiment de se positionner différemment par rapport à tous les textes islandais et le Landnámabók , ne fera pas exception.

Passionnant à découvrir le livre de la colonisation réclame néanmoins une grande motivation et de l'assiduité dans l'effort sourires.

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Les Vikings : Histoire et civilisation

Les Vikings sont à la mode avec la série qui attire de nombreux jeunes et pas seulement… Mais ce n’est pas cela qui m’a fait acheter ce livre. D’abord parce je ne regarde jamais les séries, ensuite parce que je ne cède que très rarement à une mode, d’autant plus quand il s’agit d’Histoire. Alors, pourquoi ai-je décidé de m’informer sur ce peuple ? J’en entends parler depuis ma plus tendre enfance, une légende familiale voulant que nous descendions des Vikings. Je travaille depuis trois décennies sur mon arbre généalogique, je n’ai pas encore trouvé la trace du moindre Olav. Bon, mais on se fiche complètement de mon histoire, l’essentiel étant ce petit livre qui m’en a appris beaucoup.



Régis Boyer casse les mythes. Non, le Viking n’était pas le sauvage guerrier buvant le sang de ses ennemis dans une corne ou dans son casque et encore moins dans un crâne. Les différentes interprétations des textes ont fait du mal et, comme le dit Régis Boyer, ont fait se déchaîner les commentaires les plus délirants. On ne parle pas suffisamment de tout ce qu’a pu faire ce peuple, rusé, intelligent et efficient. Chasse, pêche, architecture, commerce, travail du cuir et du parchemin… Il s’agit bien là d’une véritable société organisée et non d’une horde de barbares telle qu’on peut se l’imaginer… du moins telle qu’on nous la montre dans les films.



J’ai trouvé ce livre très intéressant et je vais regarder d’un peu plus près les autres ouvrages de cet auteur.
Lien : https://promenadesculturelle..
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Sagas légendaires islandaises

Les saga légendaires , ce sont des textes qui relèvent du genre Sagas . Mais ils ont la particularité de d'aborder de front et de se complaire dans l'univers divin ,légendaire et mythique vieux norrois . Des textes donc qui pénètrent au fond de l'imaginaire du nord au même titre que l'Edda poétique .

Les sagas ( un genre islandais ) , disons le franchement , sont des textes difficiles à aborder , surtout , mais presque seulement , à cause des noms de toutes sortes (de lieux , d'objets , noms propres et lignages) qui rendent la lecture de ces textes pas mal ardue . Non pas à cause des plans ou encore à cause des idées qui sont énoncées dans ces récits . Car les concepts y sont maniées avec un sens des mots, clairement évocateur. le plus souvent ce sont des textes animés d'une volonté scénique à l'efficacité redoutable et soignée .Dans tous ces textes il y a le besoin instinctif de savoir comment les choses , les gens , les sons et les mouvements , s'entrechoquent et comment ils se répartissent dans l'espace et dans les mémoires du public.

Ce sont des textes très travaillés , imagés , qui s'inscrivent dans le prolongement d'une tradition poétique germanique ancienne , plus spécifiquement scandinave évidement , cf. L'Edda poétique pour les Sagas légendaires.

Ce sont des textes singuliers du point de vue des autres productions écrites scandinaves et ce sont des textes absolument uniques dans le moyen-âge européen. Ils sont précocement un genre accomplis qui exprime et mêle des dynamiques , qui relèverais ailleurs , d'une chronologie d'histoire littéraire , avec des strates et des paliers , pas forcément entremêlés dans les récits . le genre saga affiche d'emblé une grande homogénéité structurelle. Il poursuit cependant l'élan d'un monde de l'oralité.

Il y a dans les sagas des attributs et des dynamiques qui relèveraient pêle-mêle , de la Chanson de Rolland , des récits arthuriens , des traditions galloises ,des romans de Chrétien de Troyes ou bien encore des différentes chroniques historiques lapidaires anciennes des iles britanniques (les écossaises et les noroises d'Ecosse), comme la navigation de saint Brendan par exemple.

Dans les sagas , quelque en soit le genre , la narration permet d'accéder spontanément à du sens , voire à de l'intimité , un peu comme dans un récit romanesque contemporain .Vous y identifierez facilement des personnages assez individués malgré une expression codée, des messages , des paroles , de l'humour , des raisonnements , des sentiments bruts , ainsi que différents niveaux de manipulations psychologiques , du franc parlé .Un univers de procédures assez formelles , qu'elles soient publiques ou bien qu'elles soit privées . Ces textes contiennent des informations, et ils s'adressent souvent clairement et franchement à ceux à qui ces informations sont destinées. Les Sagas sont vraiment des ponts jetés à travers le temps et tendus vers les gens de ce passé médiéval norois ( scandinave ) , qui deviennent pour nous très proches au fil des mots. Nous les voyons arpenter leur univers . Un univers aussi riche qu'il est vaste . Il est souvent l'échos troublant d'une époque ancienne où l'Europe était déjà l'Europe , mais où elle n'était pourtant pas encore l'Europe ( sourire ) .

Ce sont des textes vivants , qui définissent des lieux , de petites sociétés isolées , des familles , des individus , qui viennent et s'expriment avec la volonté d'être clairs pour tous , avec celle aussi de respecter des règles d'expressions et de vie en commun ,.Des règles qui sont des procédures de communication , dont les effets portent encore le plus souvent aujourd'hui . le but principal d'une Saga sera systématiquement de rendre tel ou tel aspect du réel (tangible ou bien imaginaire) communicable et palpable , notoire , fondé et connu de toutes les personnes concernées , présentes ou futures.

Certaines recettes de communication sont intemporelles , le lecteur s'en rendra vite compte .

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La saga des chefs du Val au Lac

La saga de Vatnsdoela (des chefs du val au lac) est un texte vivant et facile d’accès si on passe sur les généalogies. Le texte est du XIIIe siècle et il est donc postérieur aux expéditions vikings mais il en conserve la mémoire.

Le texte livre à ce propos les bénéfices pour la société ,découlant de ces expéditions tel que la richesse, le prestige ,la fluidité accrue des successions, Le nantissement des membres familiaux défavorisés. Le texte traite également de l’exercice des valeurs morales et des modalités découlant des conséquences du fatum ,de la religiosité avec ses connotations encore occasionnellement païennes.

Le récit est très circonscrits géographiquement (dans le nord de l’Islande) , à ce titre le lecteur aura une vision très nette de la géographie locale grâce aux descriptions parlantes, grâce à celle de l’évocation du climat avec celles des herbages et ces fermes toujours éloignées et isolées les unes des autres.

Des funérailles sont attestées dans ce texte ou de nombreux usages sociaux (autour du droit et de la famille) dont la magie et ses agents ,sont contenues dans ces pages.

Cette saga est animée par des personnages solides à la psychologie consistante . Personnellement je dirais que la caractérisation et la narration sont assez proches des usages d’écriture contemporains. Ce qui rend ce texte relativement attractif pour un lecteur contemporain.

L’auteur insiste beaucoup sur les qualités variées de nombreux jarls locaux ,ce qui met en lumière les aspects variée des mentalités et des valeurs morales islandaises médiévales autour de l’époque de la composition du texte .

C’est aussi un récit qui confine à l’histoire car le récit évoque l’installation des premiers colons norois dans la région tel le livre de la colonisation (Landnamabok) , le texte fait partie d’une collection de sagas strictement islandaises Le texte fait référence à l’évolution de certaines familles locales à travers le temps.

Cette traduction donne une vision très nette de survivances du paganisme. Ce n’est pas l’Edda poétique certes , mais la religiosité païenne et l’idée que les contemporains se faisaient de l’homme (et de la femme) et le monde norois anté-christianisation est un vrai facteur actif dans ce récit.

L’humour et la vengeance sont noirs et glacées dans ces pages qui sont à ce titre, plus froide que l’Islande même dont le climat est sans nul doute plus tempéré que ces pages. L’honneur et destin sur un mode nordique très spécifique sont mobilisés dans ce récit pragmatique.

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L'Edda poétique

Ce recueil constitue le texte de l'Edda Poétique , un long ensemble de poèmes assez courts composés plusieurs siècles avant leur mise à l'écrit au treizième siècle , présentés ici selon un agencement arbitraire car les poèmes sont donnés avec d'autres textes , qui viennent tenter d'offrir une vision cohérente de la mythologie germanique . Ce n'est pas une épopée , il y a quelques sagas mais c'est vraiment un recueil poétique . Quelques verts sont superbes et occasionnellement c'est d'une grande beauté et c'est donc aussi fréquemment émouvant ( il y a des textes cosmogoniques assez grandioses ) . Que ce soit les poèmes de l'Edda poétique ou bien les Sagas ( celles qui sont jointes à cette Edition de l'Edda poétique ou d'autres Sagas ) , je ne crois pas que l'on puisse dire que c'est des textes limpides . C'est souvent difficile pour des raisons de décalage culturel et pour des raisons de phonologie comme de vocabulaire .

Le lecteur se prend à compatir ,être peiné sérieusement, ou encore à vouloir fuir.

Souvent aussi l'imaginaire germanique est situé dans un paysage qui est assez splendidement sordide d'un point de vue iconographique mais ce n'est pas le cas de l'Edda poétique .

Il ne faut pas perde de vue que les sources sont pratiquement exclusivement poétiques et littéraires .

Une grande partie de la religiosité scandinave tourne autour de la connaissance intime et notoire de la destinée individuelle , de la nécessité vitale et impérative de rechercher sa teneur et de se dédier à son accomplissement .Une attention obsessionnelle est donc accordée aux présages et donc à ce qui peut être un signe . Cette recherche concerne les individus en particulier , mais rejoint toujours le collectif par la mutualisation du récit poétique.

L'univers des anciens scandinaves n'est pas complètement diffèrent de celui des grecs . L'imbroglio qui résulte de cette vision de l'univers , ressemble un peu à l'Iliade et aux conséquences des actes de certains agents des mythes grecs comme les Parques , mais cette ressemblance s'exprime dans les mondes germaniques avec un coté forcené et une iconographie fréquemment morbide .

Il y a quelque chose qui participe d'un culte dans l'accomplissement individuel .C'est largement plus , qu'une simple question de moralité , car l'individu participe avec ce don initial au maintien du cosmos . C'est d'ailleurs un aspect très spectaculaire dans l'économie symbolique de la royauté germanique qui a pour fonction primordiale de maintenir le cosmos . Cette destinée royale individuelle affiche une connotation collective du fait de ses retombées structurelles immanentes ( cf. le Beowulf ) . Fondamentalement pourtant le destin est individuel , ceci place l'individu , l'individualisme et l'individualité au centre des sociétés et des mentalités germaniques .

PS : Il existe un Edda dit de Snorri , un texte plus cosmogonique et qui contient aussi une initiation à la métrique scandinave et qui est en prose .

Pour apprécier l'Edda poétique , je vous rassure , il n'est pas nécessaire d'être aussi marteau que Thor ( sourires) …..

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Moeurs et psychologie des anciens Islandais..

Les Sagas sont ici abordées comme documents historiques autant que comme documents littéraires . Vous verrez dans ces pages que les scandinaves de ces temps reculés, étaient vraiment des vilains et des coquins (sourires).

Sur la mentalité noroise , Il ne faut pas perdre de vue que les sources sont pratiquement exclusivement poétiques et diversement littéraires .De ces sagas disons qu'elles étaient destinées à un public assez large . De ce fait elles offrent souvent de l'extraordinaire et elles ne sauraient être en tout point , un miroir rigoureusement fidèle des auditeurs de ces textes . Régis Boyer dégage ici des principes généraux de la mentalité et des valeurs noroises. Les documents , souvent littéraires (mais pas seulement) permettent d'accéder à ces mentalités collectives et donc à restituer le sens des agissements des personnages , en cohérence avec les mentalités d'un auditoire assez exigeant ,car conscient de ses règles de vie en société , qui se reconnait dans ces textes .

Les sociétés scandinaves médiévales furent des sociétés très juridiques et très codées en dépit de la presque absence de l'écriture dans cet univers .

Une grande partie de la religiosité scandinave tourne autour de la connaissance intime et notoire de la destinée individuelle , de la nécessité vitale et impérative de rechercher sa teneur et de se dédier à son accomplissement .Une attention obsessionnelle est donc accordée aux présages et donc à ce qui peut être un signe . Cette recherche concerne les individus en particulier , mais rejoint toujours le collectif. La collectivisation ( par le récit ) des expériences individuelles d'un sacré très dilué dans la vie , est le sel et le cadre de l'accomplissement de beaucoup des projets divins Il n'y a pas de fatum , de destin scellé , la partie reste ouverte par le biais de l'effraction causée par la volonté . Les héros comme les dieux s'acharnent véhémentement à s'accomplir , à se réaliser , un peu comme des forcenés ( sourires ).

L'univers des anciens scandinaves n'est pas complètement diffèrent de celui des grecs . L'imbroglio qui résulte de cette vision de l'univers , ressemble un peu à l'Iliade et aux conséquences des actes de certains agents des mythes grecs comme les Parques , mais cette ressemblance s'exprime dans les mondes germaniques avec un coté forcené et une iconographie fréquemment morbide .

Le courage norois est par exemple légèrement décalé avec l'idée que nous nous faisons de cette notion , qui fait que pour nous , le courage est le résultat d'un processus raisonné . Chez nos chers germains , alors que certaines formes de possession , d'interventions divines et d'illusions trompeuses , peuvent surgir à tous moments , et alors que sont violement rejetés le suicide , la couardise , le doute et autres hésitations qui ne sont pas en odeur de sainteté , le courage s'il existe , n'est donc pas le courage au sens où nous l'entendons .

Dès la naissance le nouveaux né est l'objet d'un don d'aptitudes qui colorent sa destinée qui sont et qui restent de nature divine . le destin et l'accomplissement individuel relèvent du sacré . Il y a donc du sacré en l'homme . C'est une donnée qui le dépasse d'ailleurs .

Il y a quelque chose qui participe d'un culte dans l'accomplissement individuel .C'est largement plus , qu'une simple question de moralité , car l'individu participe avec ce don initial au maintien du cosmos . C'est d'ailleurs un aspect très spectaculaire dans l'économie symbolique de la royauté germanique qui a pour fonction primordiale de maintenir le cosmos . Cette destinée royale individuelle affiche une connotation collective du fait de ses retombées structurelles immanentes ( cf. le Beowulf ) . Fondamentalement pourtant le destin est individuel , ceci place l'individu , l'individualisme et l'individualité au centre des sociétés et des mentalités germaniques . L'individu est donc doté au commencement . Il peut perdre cette dotation , la retrouver ou en acquérir une ou une autre . L'accomplissement du destin est une œuvre ( opus ) qui justifie tout même au mépris de toutes les règles et souvent au mépris du bon sens .L‘individu se doit de d'accomplir le destin mais il n'en sera pas sacrosaint pour autant et on aura le droit de se venger de lui , car les contrecoups et les effets du destin relèvent de la responsabilité individuelle . L'accomplissement du destin est donc pour l'individu , pour le meilleur et pour le pire. Cet élan d'accomplissement ne saurait être caché , il est nécessairement public (même sans témoins) et la parole est ici au centre car il n'est pas de destinée qui ne soit l'objet d'un « dit » . Cet accomplissement est une nécessite sociale et sacrée . Ce qui est bien , ce qui est mal dans ce contexte se jauge à l'aune de ce dépôt sacré qui réside dans chaque individu , et la société ne saurait empêcher ses effets de se produire ( il n'est pas interdit d'essayer ) au travers de l'empêchement des agissements de l'individu , du moins , autrement que par l'accomplissement d'une autre destinée , qui répondra au même mode fonctionnel , mais avec une finalité contraires et en opposition . La vie en somme , est un peu un combat de héros/hérauts .

La honte individuelle ou collective résulte moins d'une faute morale que d'une insulte au sacré (souillure ) . Elle est le résultat d'une véritable désacralisation de l'univers , une impureté qu'il faudra effacer pour le re-sacraliser.. L'individu et son comportement sont donc au le lecteur se prend à compatir ,être peiné sérieusement, ou encore à vouloir fuir. de la sacralisation et de la désacralisation du réel , le comportement individuel est avant tout une expression du sacrée .Cet état de fait place l'individu dans l'obligation de venger l'injure publique ou non publique , car elle est faite au principe divin que l'individu porte en lui et qui s'exprime éventuellement au travers de certains de ses actes .

La honte est intolérable et la vengeance est une nécessité absolue , la mort est parfois le seul prix juste et approprié pour lever la souillure sur l'âme qui est un lieu quasiment numineux . La vengeance est alors une nécessité sacrée , cependant elle est encadrée par la loi , qui vient ici moins pour proposer un moyen moins extrême de réparer un préjudice mais qui vient d'abords tenter de restaurer le sacré en l'individu et en soi .

Ne pas fréquenter la société des hommes ne saurait être une chose admissible , de ce fait l'exclusion sociale équivaut à une mort intégrale et infamante . Elle génère une souillure individuelle et incidemment une souillure collective , car elle annihile le divin qui déserte l'individu .

Le bannit n'est pas à plaindre . Il est hautement méprisable au contraire , surtout s'il accepte cette condition qui est une abomination contagieuse .

Conclusion : le divin et sa célébration sont donc le fondement de la plupart des aspects de la vie en société .

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Saga de Hávardr de l'Ísafjördr

Il suffit de lire les premières lignes de ce récit, que dis-je les premiers mots , pour être embarqué dans un monde nouveau ressuscité par Régis Boyer et pénétrer dans l'univers particulier des sagas islandaises ou saga de familles: ici, la saga de Hàvardr de l'Isafjörd datée entre le XIII et le XIV ème siècle.

Surtout ne pas se laisser impressionner par les exquises généalogies aux noms exotiques...



Mais revenons à nos moutons (ça tombe bien les origines du contentieux ou litige y plongent leurs racines!):

sur les terres d'Isàfjôrd, à la ferme de Langabol, le maître des lieux Thornbjorn est réputé pour son injustice et sa vilainie et craint par beaucoup.



Hàvardr ne supportant plus ses faits et gestes décide de s'installer au delà de ces terres avec son épouse, Bjargey, et son fils unique, Olàfr.

Mais ce dernier péri par le bras de Thornbjorn.

Harvardr , valeureux guerrier en son temps retrouvera-t-il la vaillance après l'accablement pour sauver l'honneur de la famille et venger le meurtre de son fils?

La famille a été humiliée par une compensation (ou réparation) indigne à la réunion annuelle du Thing qui se tient chaque été.



Dans cet épisode des sagas islandaises, nous marchons sur les pas de Vikings redoutables, fiers guerriers mais aussi marins, pêcheurs, éleveurs et bergers selon les saisons, magnant la hache et l'épée, revêtus de simples tuniques et de braies...

Ici, les épouses ne font pas de la figuration, toujours présentes et actives elles participent à la vie politique et économique.

Des pratiques inattendues (que je vous laisse découvrir) et encore présentes dans nos sociétés.



Un vrai régal, une lecture dépaysante entrecoupée par les scaldes de ces hommes, grands voyageurs mais aussi poètes.



Un conseil, munissez-vous de votre broigne car vous aurez maints horions à esquiver.
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Les Vikings : Idées reçues

Les vikings sont ils ces païens barbares et sanguinaires, coiffés de casque à cornes qui ont mis à feu et à sang l'Europe ?



Dans ce livre l'auteur s'attache à dénoncer nombre d'idées reçues et stéréotypes qui perdurent encore de nos jours sur l'image des vikings. Il souhaite démythifier et démystifier, sans pour autant minimiser et dévaluer l'ampleur du phénomène viking qui a tout de même durer plus de deux siècles et demi, soit approximativement de 800 à 1050. A cette fin, il explique les raisons qui ont favorisées l'expansion des vikings, les grands itinéraires qu'ils avaient l'habitude d'emprunter, l'impact qu'il en a résulté. Il aborde ensuite la civilisation, la culture, la religion, la conversion au christianisme, l'organisation de ce peuple. Et vous aurez aussi l'opportunité d'évaluer, qui de Christophe Colomb ou du viking Leif Erikson, a la paternité de la découverte de l'Amérique !!



Les thèmes sont certes survolés (le livre ne fait que 120 pages) mais ils n'en demeurent pas moins précis et factuels, basés sur des sources principalement archéologiques et historiques, mais aussi étymologiques et littéraires. Par contre, il faut parfois s'accrocher un peu sur certains passages. Si ce livre ne m'a pourtant pas appris autant de choses que je l'aurais souhaité (mais quand même un peu!), il m'a en tout cas permis de confirmer ou d'infirmer certaines informations que j'avais glanées à travers des documentaires ou autres. Franchement, c'est à mon avis un excellent ouvrage pour découvrir cette étonnante et passionnante civilisation. Outre le plaisir de la découverte, il a aussi le mérite de remettre les pendules à l'heure! J'ai également apprécié le glossaire en fin d'ouvrage ainsi que la liste des œuvres majeures à lire pour en savoir encore plus!! A suivre donc.





[NB: Pour ceux qui ont une impression de déjà-vu, non, vous ne perdez pas la boule, non vous ne rêvez pas, ... c'est le même billet que j'ai mis sur le site quelques jours plus tôt ! Il y avait un mélange dans les ISBN de 2 livres dans la base de données babelio. Cela a été rectifié, les 2 livres ont été dissociés. Mais du coup, je dois recopier mon précèdent billet sur la bonne édition, c'est-à-dire celle-ci ! ... c'est le double effet viking : ils sont diablement envahissants quand ils veulent :-D]







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La saga des Féroïens

Faereyinga Saga est un document historique passionnant et c'est le bréviaire d'une des plus petites nations du monde. Cette Faeringa saga joue aux Féroé le même rôle que ,Le livre de la colonisation de l’Islande , le Landnamabok en Islande.

Ce texte antérieure au genre saga est une histoire de la colonisation des iles Féroé avec le plus gros tu texte cependant qui évoque les alentours de l'an 1000.

Les textes qui permettent de restituer une version complète de cette saga des forroyars sont tous islandais. Cette saga des féroïens, traite ( en principe ( sourires) ) de la fondation de la nation des iles Féroé par Grimur Kamban , deuxième moitié du IX e siecle .Il met en avant une dynastie de jarls locaux . Au fil des mots le texte aborde la conversion du pays au christianisme et il désigne les modalités de fonctionnement global des relations de la Norvège ( sur un siècle ) , avec les iles .

Les motivations et les ressources des colons ne sont pas absents même si ce texte ne tient pas sa promesse d'être un récit d'histoire , une chronique .

En fait c'est souvent un pugilat à base de testostérone , cheveux au vent où les personnages tentent de vous convaincre de ne pas leur casser les pieds , exemples et témoignages à l'appuis .

L'iode et les rochers sous le vents , souvent couverts d'algues poisseuses , ne sont jamais bien loin . Les dames y ont un caractère d'acier et un franc parler très franc et très libre .

Donc , ça swingue au beau pays de Grimur , pays aux noms imprononçables et rugueux comme le granit.

Grimur par exemple , ne rigole pas et il possède un humour qui martèle à froid et qui cogne fort aussi . Les médiévistes savent que l'Islande est née au moyen-âge , et que l'Islandais n'a pas bougé d'un iota ( très peu en fait ) depuis .

Si c'est incontestablement vrai , il faut savoir que c'est presque le cas également pour le parler des iles Féroé , qui ont de même que l'Islande , leur langue originale presque figé dans le temps . Un parler qui est inter Intelligible avec l'islandais médiéval ou contemporain , mais à l'écrit uniquement . C'est valable pour le vieux norois continental ou ses variantes insulaires. Cette compréhension se fait sans problème significatif et insurmontable (toujours à l'écrit) .

Cette saga , qui relève donc de ce genre islandais ) , disons le franchement , est assez difficile à aborder , à cause des noms de toutes sortes ( de lieux , d'objets , noms propres ) qui rendent la lecture de ces pages un peu ardue ( pas mal en fait ) . Cette saga est donc assez difficile aussi pour des raisons d’énoncé de généalogie . La généalogie de la nation naissante des forroyars , comme de celle des grandes familles de l'archipel.

Ces pages sont un véritable pont jeté sur le fleuve du temps . C’est un lien tendus par les habitants de ce passé norois insulaire .Les personnages y sont des gens qui deviennent pour nous très familier au fil des mots . Nous voyons ces Forroyars arpenter leur univers constitué d’iles hautes toute en falaises , venteuses et parsemées de grèves caillouteuses , qui font un univers aussi riche qu'il est vaste et bruyant , avec l’appel du large . Ce pays se situe sur la route du grand nord ( Groenland , Vinland ) .

Bref , voici un texte vivant et remuant ,où sont définis les lieux où , cette petite société est relativement isolées , mais non pas dénuée de grandes familles , hautes en couleurs .

Le but principal de cette histoire nationale poétique , de cette Saga , est de faire vivre les principaux acteurs de la fondation de ce terroir rude qui est dans ces vers ( en prose en Français) , un évènement noble , notoire , retentissant ,qui se doit d’être connu de toutes les âmes concernées , sur les îles et en Norvège .

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Saga d'Eiríkr le Rouge suivi de Saga des Groe..

Intéressante plongée dans deux sagas nordiques rédigées vers le 12eme ou 13eme siècle et qui conte pour l’essentiel des événements du tournant du 11eme siècle.



Eiríkr le Rouge, banni d’Islande, fit voile à la recherche d’une terre à l’ouest et s’installa au Groenland. Ses fils Leifr le Chanceux et Thorvaldr, suivis par Thorfinn Karlsefni, partirent à leur tour explorer des terres encore plus à l’ouest : le Vínland. Ils s’installèrent quelques hivers dans des régions du Labrador ou de Nouvelle Angleterre, commercèrent et combattirent les Skraelingar qui pourraient être des esquimaux, mais ils ne restèrent pas et revinrent tous au Groenland ou moururent sur place.

Si vous en doutiez encore, ces sagas prouvent que les vikings étaient de remarquables explorateurs qui ont fait la nique à Christophe Colomb (bon, c’était peut-être plus simple pour eux car l’Islande et le Groenland leur ont permis de faire le voyage en plusieurs étapes).



Ces sagas assènent l’information de manière concise et directe, en prose parfois entrecoupée de passages en vers. Elles alignent les longues généalogies dont la sonorité (traduite) à l’exotisme nordique n’est pas sans véhiculer un effet hypnotique — comment ne pas sourire à ces noms éclatants tels Thorfinnr Fendeur-de-Crâne, Eyjólfr la Fiente ou Bjõrn Beurre-en-Boîte ? Elles baignent dans la magie prophétique tout en rappelant que le christianisme s’est à l’époque largement implanté.

Elles sont aussi un peu redondantes dans la mesure où l’on retrouve peu ou prou les mêmes événements dans les sagas d’Eiríkr le Rouge et des Groenlandais. Ce n’est pas un mal car cela permet de les fixer plus robustement dans ma mémoire de poisson rouge.



Le style est-il trop sec et trop austère ? Bof ! C’est sûr que ce n’est pas de la prose contemporaine mais pour qui lit des récits antiques cela n’a rien de particulièrement indigeste.

Bref je suis plutôt conquis, paré à me confronter à d’autres sagas et surtout prêt à lire la version hommage écrite au 20eme par un descendant des grands navigateurs : Poul Anderson et sa saga de Hrolf Krakí.

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Islande, Groenland, Vínland

Un livre qui est à mon humble avis médiocre en tant qu’étude historique . C’est dommage pour les francophones car la bibliographie francophone sur l’expansion viking au Groenland et en Amérique du nord est limite inexistante . En anglais le sujet est hyper documenté par contre .



Il consacre une partie significative du texte à paraphraser les sources . Il ne s’appuie d’ailleurs que sur les deux sagas ( alors que l'auteur parle pourtant de trois textes ) et pas sur les autres textes utilisables ( même ceux qu’il mentionne donc ) . Il ne fait aucune référence sérieuse à l’archéologie , aux conditions géographiques et à l’histoire du climat . En plus c’est absolument confus comme analyse , je ne suis pas par exemple persuadé , que chaque lecteur puisse clairement savoir quel texte l’auteur mobilise à tel moment particulier de l’analyse ou à tel autre moment de ses développements .



Par ailleurs les motivations des colons , les modalités de ce processus de peuplement , sa durée et les causes de son échec en Amérique et au Groenland et de son relatif succès en Islande sont évoqués de manières assez embrouillées et de toutes les façons la portée de ces analyses est globalement excessivement limitée .

Ce qui est plus grave c’est que l’Auteur entretien un pseudo doute sur Le principe de l’implantation saisonnière en Amérique du nord alors que c’est un point solidement acquis . D’ailleurs l’auteur lui-même penche faveur de cette possibilité qui est un fait tangible et établit et qui possède du sens d’un point vue systémique pour ce qui est des dynamiques de colonisation vikings extrême-occidentales ....



L’ouvrage s’attarde aussi sur le fonctionnement politique de la société islandaise et il décrit à cette occasion une oligarchie aristocratique . L’auteur prétend réfuter le mythe de la première démocratie d’Europe depuis l’antiquité , il a raison , mais ses développement jettent aussi de la confusion par des manquements pour ce qui est de la formulation , surtout que l’auteur ne parle pas à cette occasion de l’enracinement germanique de ces modes de fonctionnement de la vie politique islandaise qui n’ont rien d’exceptionnels dans les traditions politiques germaniques .

Enfin au lieu de mettre en doute les occupations ponctuelles et saisonnières au Vinland , l’auteur aurait mieux fait d’analyser leur finalité , la recherche du bois par exemple . On peut inférer d’ailleurs que les causes de l’échec du peuplement viking du Groenland , et l’affaiblissement de la vitalité politique islandaise viennent de la cessation de la recherche de cette matière première en Amérique pour le Groenland , et de la mise en place d’un monopole norvégien pour l’Islande . Les deux dynamiques se rejoignant progressivement .



Sur le sujet il faut lire les deux sagas qui sont presque les deux sources uniques sur le sujet ( dispo en poche chez folio ) :

- La saga d’Erik le rouge .

- La saga des groenlandais .

Ce sont deux textes agréables à lire , assez brefs et détaillés , qui se trouvent être croustillant de détails et assez émouvant si on compare la faiblesse des moyens à l’immensité de la tâche .

Ils sont éloquents et haut en couleur . Ils sont disponibles en poche dans un tout petit volume chez folio.

Sur l’Islande en particulier il y a également le Landnámabók , évidement ....



Sinon pour ce qui est des autres sources il faut compter avec les listes d’acquittement du denier de saint Pierre par les colonies du Groenland qui sont éloquentes . Ces listes ne sont pas facilement accessibles au lecteur moyen ( et sont ignorées par Boyer dans cet ouvrage ).



Si l’analyse de la question vous passionne et que vous ne voulez pas lire en anglais , vous pouvez vous référer au chapitre sur l’expansion viking occidentale dans « le Musset « , Les peuples scandinaves au moyen âge ( en bibliothèque ) , et au chapitre Groenlandais dans , Effondrement , de Jared Diamond .



Avec ces quatre textes facilement accessibles vous aurez une vision très pointue du sujet , très en profondeur et de qualité .

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Les Vikings : Histoire et civilisation

Depuis que la série Viking existe, tout le monde veut en être un. C’est vrai que la vie de viking, ça a l’air cool, surtout depuis le canapé. Pourquoi les gens sont-ils aussi cons à prendre leurs rêves pour des réalités possibles ? Nous ne vivons une époque de merde que parce que nous n’y survivrons pas, mais à part ça, la vie des vikings n’a rien à nous envier. C’est un peu ce que nous rappelle Régis Boyer.





Régis est un spécialiste de l’histoire scandinave et de tous les trucs qui tournent autour. Après avoir lu son gros bouquin sur l’Edda poétique, on m’a filé ça entre les pattes, le jour où j’ai eu 26 ans (c’était il y a longtemps et je me croyais déjà vieille, si j’avais su). Il pleuvait beaucoup ce jour-là, et j’avais dû faire la vaisselle quand même. Heureusement, il restait une bouteille de blanc dans le frigo. C’est ça d’être née en hiver, ça fait pleurer tout le monde.





Avec son livre sur les Vikings, Régis vise avant tout à démythifier le viking. Il nous rappelle qu’avant d’être un viking sanguinaire habité par la furor divine, comme on se l’imagine tous, le viking n’est qu’un commerçant qui cherche à se faire du fric et à coloniser des terres. Sa réussite dépendait moins de son ingéniosité, de sa force ou de sa ruse, mais de la nullité de ses adversaires qui pensaient, parce que le Christ les avait déjà sauvés une fois, que plus personne ne viendrait jamais les tabasser à domicile. Etre plus fort qu’un Irlandais au 9e siècle, ça ne veut pas dire être fort, ça veut dire être moins nul qu’un Irlandais. Aussi, le viking est un type qui s’adapte bien aux contrées qu’il colonise. Il s’acculture très vite, finit par adopter les coutumes, les institutions et la religion. C’est ce qui permit au phénomène viking de durer près de 2 siècles, entre 850 et 1050, et c’est ce qui causa sa fin également. Avec la christianisation progressive de la Scandinavie, le mouvement viking partit en débandade. Régis explique tout ça beaucoup plus en détails mais faut se taper des centaines de pages d’histoire et encore, c’est le foutoir parce que ça ne se passe pas du tout de la même façon en Suède, en Norvège et pour les Danois. Une grosse partie qui prend la tête.





L’autre partie chiante du livre, c’est quand Régis fait l’inventaire technique de l’outillage, de l’habitat, de l’habillement et de la nautique viking.





Une partie intéressante, c’est quand il explique la mythologie viking. On évite les raccourcis sur le Ragnarök (la fin du monde semble en fait préluder à une renaissance, comme Noé et son déluge) et on voit comment les figures des dieux les plus connus, Odinn en tête, ont évolué dans le mélange interculturel. Régis démythifie aussi le phénomène runique en nous disant que ce n’est pas que de la magie et que les runes servaient aussi comme moyen de communication basique, pour compter les moutons, pour faire la liste des courses, ou pour d’autres trucs comme ça.





Enfin, Régis termine en faisant le bilan de la récupération du phénomène viking dans la culture occidentale depuis le 12e siècle. Il nous montre qu’on est passé du viking-méchant au viking-sauveur de l’occident, romantique avant l’heure, et c’est sans doute à cause de cette image romantique (encore une fois, le romantisme est une plaie) que l’occidental en vient à se haïr, alors que c’est finalement lui qui a vaincu le viking à l’usure.

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Yggdrasill, la religion des anciens Scandin..

Régis Boyer nous introduit dans le monde des anciens scandinaves, non sans difficultés parfois tant les thèmes sont nombreux et s’enchevêtrent, un monde qui s’appuie surtout sur les forces de la nature. Et c’est sous le signe de l’une de ses images les plus fortes qu’il choisit de placer cette étude : Yggdrasil, un frêne géant et toujours vert qui sert de lien et de pivot à l’ensemble du monde, celui des hommes mais aussi des dieux, des géants et des morts. Il est donc un symbole de vie autant que de savoir, puisque c’est pendu à l’une de ses branches qu’Odin acquit la science des runes, et il préside au destin en étant associé aux nornes qui vivent sous sa protection. Régis Boyer insiste beaucoup sur la mentalité des anciens scandinaves et sur le caractère souvent hétéroclite d’une culture qui fut en contact avec d’autres. Il tend surtout à relativiser leurs aspects guerriers. Ils étaient d’abord des commerçants, des hommes essentiellement pratiques, portés sur l'honneur, avec un important sens du droit et du sacré, et qui avaient une étonnante capacité à composer avec les forces du destin.
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Contes Populaires d'Islande

Malgré une traduction parfois besogneuse (mais on remercie tout de même mille fois le traducteur) ce recueil de contes ouvre des portes sur l'imaginaire islandais peuplé de trolls, de géants, d'elfes, de sorcières et de revenants...

Aperçu sur les croyances des islandais, encore vivantes aujourd'hui et influencées par les forces telluriques qui animent cette terre de feu et de glace.
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Saga d'Eiríkr le Rouge suivi de Saga des Groe..

J’adore !



« La Saga d’Eiríkr le Rouge et la Saga des Groenlandais font partie des sagas du Vínland qui racontent la découverte et la colonisation du Groenland. Elles sont plus connues sous le nom de « Sagas du Vínland ». Cette région est en fait Terre-Neuve. » (note de l’éditeur)



Nous sommes proches de l’An 1000. Suite à un meurtre, Eiríkr le Rouge est condamné à l’exil pendant 3 ans. Il profita de ce temps pour découvrir et explorer le Groenland, puis de s’y installer définitivement en invitant ses relations à l’y rejoindre. Ses fils poursuivront ces explorations encore un peu plus loin en allant jusqu’au Vinland (région de Terre-Neuve), allant même au contact de populations autochtones nord-américaines.



Je ne peux m’empêcher d’être impressionnée et admirative en lisant ces sagas. La chance que l’on a d’avoir ces récits qui racontent les périples et explorations de ces vikings !

Je ne sais pas si c’est du courage ou de la folie qu’ils avaient en eux, peut-être un peu des deux, mais ces hommes et ces femmes ont tout mon respect de s’être lancés dans ces expéditions si hostiles par les températures et si dangereuses en mer.



Régis Boyer, grand spécialiste de la littérature et de la civilisation scandinave, a traduit et annoté ces textes. J’ai grandement apprécié toutes ses annotations qui ont complété et guidé mes allers-retours sur internet pour en apprendre un peu plus.



On a davantage l’impression de lire un journal de bord qu’un roman, car la forme est plutôt neutre et résumée. Mais elle est riche de détails sur les habitudes et traditions vikings (leur hospitalité, le commerce, les croyances…).



C’est également très détaillé au niveau des généalogies des personnages cités, sans doute une mine d’or pour les historiens, mais un peu indigeste pour des profanes comme moi, je l’avoue. J’ai renoncé à mémoriser les noms imprononçables à voix haute, mais d’autres m’ont bien fait sourire :



« Il y avait un homme appelé Thórdr, qui habitait Höfdi dans les Höfdaströnd. Il avait épousé Thorgerdr, fille de Thórir le Paresseux et de Fridgerdr, fille de Kjarvalr roi des Irlandais. Thórdr était le fils de Björn Beurre-en-Boîte, fils de Hróaldr le Triste, fils d’Áslákr, fils de Björn Flanc-de-Fer, fils de Ragnarr aux braies velues. »



Mais que cet extrait ne dissuade pas de futurs lecteurs, les deux sagas ne sont vraiment pas longues à lire et se complètent.

Pour ma part, ce fut l’occasion d’en apprendre beaucoup sur ces vikings du Groenland en seulement une centaine de pages.



Lecture incontournable pour qui s’intéresse à ce sujet !
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Saga de Hávardr de l'Ísafjördr

Intelligemment posé en dessous de la caisse enregistreuse de mon libraire préféré, la petite corbeille où sont regroupés les Folio à 3 € fonctionne comme les boîtes de Tic-Tac© au supermarché : achat impulsif.

J'aurais peut-être dû réprimer mes pulsions parce que j’ai souffert. Des noms nombreux et les patronymes islandais, pour la mémorisation, c’est top, pour la fluidité narrative, en revanche, c’est plus délicat… Ajoutez à ces difficultés un vocabulaire particulier, des passages en vers qui surgissent et de nombreuses notes en fin de livre qui hachent la lecture. Et puisque l’on évoque les haches, des descriptions de mœurs qui ne correspondent pas exactement au registre de la pensée positive évoquée dans une chronique récente.

Heureusement, le livre est très court… J’ai malgré tout réalisé pourquoi les artistes islandais en général et les écrivain(e)s en particulier avaient une telle singularité. Ils ont baigné dans une ambiance littéraire bien particulière qui s’ajoute à des conditions géoclimatiques extrêmes.

Je ne regrette pas cette incursion dans le patrimoine scandinave. De là, à faire du prosélytisme, il y a un pas que je ne franchirai pas. Toutefois, à 3€ l’expérience ce qui représente moins de 4 centimes la page, ce voyage dans l’Islande du X° siècle ne représente pas un gros risque !
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L'Edda poétique

Au début, j’ai rien compris à ce bouquin. Ça part dans tous les sens. Je m’attendais à lire une traduction de l’Edda poétique, éventuellement parcourue de notes, mais pas ce truc-là. Ouais, j’ai cru qu’on avait droit seulement à quelques extraits avec beaucoup de racontage autour. Comprends que dalle. Lecture épuisante.





Après être allée me promener sur Wikipédia comme on fait sa promenade du dimanche, lorsque la foutue connexion veut bien empiéter sur la bande passante des voisins, j’ai commencé à défricher la forêt vierge. L’Edda poétique est composée de quelques poèmes effectivement pas bien longs. Modestes soient-ils, ce que je pris pour des extraits composaient en fait la totalité d’un bref recueil poétique. Mes excuses.





Les chercheurs qui vivent et meurent pour l’Edda poétique ont classé les poèmes en deux catégories : mythiques, épiques. Régis Boyer, parce qu’il est au-delà de tout ça, ne se fait pas chier à reprendre la classification et nous présente le tout un peu en bordel, en essayant de faire une reconstruction linéaire de la grande mythologie nordique. Ce qui l’oblige à aller puiser dans d’autres textes (Gylfaginning, Ynglinga, des sagas diverses et variées, etc.). Ceux-ci viennent se greffer à droite à gauche des poèmes de l’Edda pour recomposer une sorte de fresque chronologique qu’on pourrait suivre selon notre bon sens logique. Ce qui échappa complètement à la mienne, de logique.





Ajoutons de plus que la traduction n’a rien de bandant. On ne sent pas le rythme épique, les coups de burin au fond de la paroi, ni rien. A l’oreille, ça flatte pas le goût du Franc français. J’ai trouvé sur Internet des traductions plus mélodieuses. Sont-elles plus justes ? Qu’en sais-je. N’est pas savant qui veut. Entre la qualité (technique) et la qualité (mélodique) il faut choisir.





Pour les bons points, disons que ce bouquin est fort utile toutefois pour toutes les informations qui enrobent le tout. A croiser avec ce que vous pourrez glaner par ailleurs.

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