Citations de Robert E. Howard (385)
car qui s'avance sur un cheval fourbu dans le désert joue aux dés avec la mort
A vrai dire, Conan ne chercha pas à le provoquer. Il se mêla à l'équipage, partageant la vie et les plaisanteries des hommes. Il se révéla excellent marin et de loin l'homme le plus fort que les autres aient jamais vu. Il faisait le travail de trois hommes et était toujours le premier à se proposer pour une corvée pénible ou dangereuse. Ses compagnons commencèrent à compter sur lui. Il ne leur cherchait pas querelle, et ils avaient soin de ne pas se quereller avec lui. Il jouait avec eux, misant sa ceinture et son fourreau, gagnait leur argent et leurs armes, et les leur rendait avec un grand éclat de rire. L'équipage se mit inconsciemment à le considérer comme le chef du gaillard d'avant.
Thoth bondit de son siège. Son visage s'empourpra et ses yeux s'enflammèrent, pleins de cette stupéfaction qui envahit un homme prenant la pleine mesure de la stupidité crasse d'un autre.
Les assassins flanchèrent. Ils avaient beau être des criminels sans foi, ni loi, ils restaient néanmoins de purs produits du monde civilisé. En face d'eux se dressait le barbare, le tueur naturel. Ils reculèrent ; le tigre mourant pouvait encore donner la mort.
Noire dans la clarté lunaire la nuit dernière, grogna Conan, les yeux assombris par les superstitions abyssales des barbares, rouge sang comme en signe de menace sous le soleil de l'aube. Je n'aime pas cette ville.
Aussi impétueux et fougueux qu'un vent de tempête, il était violent même dans ses démonstrations amoureuses.
Kane regardait la scène de façon presque détachée. Une fois encore, quelque part dans les profondeurs primordiales de son âme, s’agitaient des pensées et des souvenirs immémoriaux, voilés par les brumes d’ères révolues et oubliées.
Salomé était vêtu avec la splendeur barbare d'une femme de Shushan. les joyaux de ses sandales dorées, de ses plaques pectorales en or et des chaînettes qui maintenaient celles ci en place, étincelaient à la lueur des torches. Des anneaux en or étaient passés autour de ses chevilles, tintant à chacun de ses pas. De lourds bracelets ornés de gemmes étincelaient sur ses bras. Ses cheveux étaient coiffés en hauteur, à la façon de ceux d'une Shémite, et les pendentifs de jade accrochés aux anneaux d'or de ses oreilles lançaient des éclats lumineux et scintillants à chaque mouvement impétueux de sa tête hautaine. Une ceinture incrustée de gemmes retenait une jupe de soir si transparente qu'il s'agissait plus de se moquer cyniquement des conventions pudiques qu'autre chose.
Beaucoup de ces statues sont reconnaissables, ce sont des divinités impies des Shémites, des Turaniens, des Vendhyans et des Khitans, mais d'autres suggèrent une antiquité hideuse et à demi oubliée, des formes viles dont seules se souviennent les légendes les plus obscures.
La moindre sensation, même de souffrance, était une négation de la mort.
Un battement d'ailes lui fit lever les yeux juste au moment où une ombre emplumée jaillit du ciel pour fondre sur lui. Un bec acéré, visant ses yeux, lacéra sa joue. Conan jeta brusquement la tête de coté, fermant les yeux par réflexe. Il hurla un cri de menace, véritable croassement de désespoir. Les vautours s'écartèrent et s'éloignèrent, effrayés par ce bruit, puis ils se remirent à tournoyer prudemment au dessus de sa tête. Du sang s'écoula de la bouche de Conan; il passa machinalement sa langue sur ses lèvres et cracha quelque chose au goût salé. Une soif intenable le tiraillait. Il avait bu de grosses quantités de vin la nuit précédente. De plus, pas une goutte d'eau n'avait franchi ses lèvres depuis la bataille sur la place, à l'aube, et tuer fait transpirer et donne soif... Il regarda la rivière au loin tel un damné qui regarde à travers les grilles de l'enfer. Il pensa aux torrents glacés qu'il avait remontés à la nage, plongé jusqu'aux épaules dans ce jade liquide. Il se rappela les grandes cornes remplies d'ale mousseuse, les outres de vin pétillant vidées à grands traits avec insouciance ou renversées sur le plancher des tavernes. Il mordit sa lèvre afin de ne pas mugir comme un animal torturé, dans sa souffrance insupportable.
Je n'ai aucune envie de diriger un empire soudé par le feu et le sang. C'est une chose que de s'emparer d'un trône avec l'aide de ses sujets et de les diriger avec leur consentement. C'en est une autre de soumettre un royaume étranger et de le diriger par la peur.
La chose était une tache floue, une flétrissure d'ombre qu'une lumière normale ne pouvait ni dissiper ni éclairer.
J'ai vingt-deux ans, je fais six pieds de haut et je pèse cent quatre-vingt-dix livres, tout en muscles durs comme l'acier. Si je ne fais pas mon chemin, c'es que je ne le mérite pas. (p.156)
Le barbare devine que son silence entretient la peur de son adversaire et que rien ne vaut l'action. Mais cette arme humaine est plus expérimentée que ses frères. même sans la hache, Trancheur serait un guerrier redoutable. Et Conan est plus en difficulté contre ce seul adversaire que contre les deux réunis.
Le nouveau roi d'Aquilonia ne reçoit aucune réponse des farouches quatre hommes postés en demi cercle. Le passage d'une jambe musclée sur l'autre, le lent revers de quatre lames qui les sépare de leur proie, et une profonde inspiration, révèlent que les agresseurs vont charger. mais Conan n'est pas homme à attendre.
Dans sa jeunesse, le cimmérien a cherché fortune dans les dangereuses jungles de Kush. L'art de survivre, appris dans le nord, lui a été utile épargnant sa vie quand d'autres étaient victimes d'ennemis invisibles. Son regard éguisé scrute les bois, cherchant un movuvement dans le noir. Ténèbres et silence... troublé par le gémissemnt du blessé.. dans une langue qui lui est étrangère. Il cherche un signe de vie dans les arbres. Mais il ne voit que des oiseaux qui regagnent les hautes branches. L'ennemi est reparti aussi silencieusement qu'il était venu.
Conan fixait le piteux seigneur d'un œil méprisant où brillait une lueur sarcastique.
Là, au-dessus du cadavre déchiqueté, homme et démon s'affrontèrent sous la pâle lueur de la lune naissante, avec tous les avantages dans le camp du démon, à l'exception d'un seul. Et ce avantage-là était suffisant pour venir à bout de tous les autres. Car si une haine abstraite peut donner substance à une créature spectrale, le courage, tout aussi abstrait, ne pouvait-il pas lui aussi forger une arme concrète pour combattre ce fantôme ?
Le soleil se couche et c'est la fin du monde !