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Citations de Robert Sabatier (310)


Le meilleur du but, c'est le temps qu'on passe à l'atteindre.
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Si un paysan avait eu l'idée de poser un fer lui-même, il s'en apercevait et, l'arrachant du sabot avec la tenaille, il le jetait très loin avec des sarcasmes impersonnels.
"J'en sais qui ne lèveraient pas une paille et qui veulent faire le métier des autres! Maman, vous serrez le fer ou vous dites des grâces?
- De ce putain, de cet écorche-cheval, jetait la mémé, je ne suis pas fillade atchi!"
"La fillade" : la bru, la rapportée, celle qu'on chargeait des durs travaux de la ferme.
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Il était une fois, dans le lit d'une province du Midi de la France, le Comtat Venaissin, quelque part entre Venasque et Pernes-les-Fontaines, à moins que ce ne soit entre L'Isle-sur-Sorgue et Saint-Didier, en tout cas, pas bien loin de Carpentras, la ville des gens de bien et de civilisation tranquille (et aussi des berlingots colorés), une demeure au toit de tuiles plates venues du temps des Romains, entourée d'un vaste jardin à la provençale qui se perdait dans une garrigue sans frontières où abondaient le thym, la marjolaine, la lavande sauvage et des chênes bien petits.
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Aimant la vie


Aimant la vie il n'aimait pas sa vie
car il rêvait d'être autre ou tous les autres.
Il renaissait toujours sous d'autres formes
en espérant connaître la ferveur.

Il fut le lilas, insecte, il fut la vague
et célébra tant la diversité
qu'il eut tourment de ne pas se rejoindre.

Il se parlait du mystère des choses,
il explorait les corps, les éléments
sans trouver l'âme, et toujours cheminant
dans l'astre noir de ses folles pensées.

dans chaque objet, chaque être en devenir
mais son squelette en fut le seul témoin.

p.91
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Robert Sabatier
Le suicide est cette lâcheté qui demande tant de courage.
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La nuit du poisson

Je peux mourir car je sais qu'il existe
Pour me survivre un grand poisson tout blanc.
Parfois la nuit du fond des mers il glisse
Dans mon silence et me parle du temps.

Poisson d'argent, ma tristesse, mon prince,
La forme ici de mon désir futur.
Si solitaire en d'austères provinces,
Il m'attendra dans l'amitié des mers.

Et je m'éloigne, heureux comme une hélice
Pour me visser à l'intérieur du temps.
Le corps luisant, je glisse d'île en île
Pour marier le soleil et les vents.

Que cent poissons me donnent l'espérance
Et je viendrai musique sous la peau
Dans le miroir où les âmes se penchent
Pour vous offrir la première splendeur.
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Dès les premières images, Olivier fut subjugué. Chaliapine, la basse russe, et Dorville, le comédien français, devenaient ces personnages de légende. Les aventures du Chevalier à la Triste Figure, coiffé de son plat à barbe, mirent l'enfant dans un état d'exaltaton inconnu de lui jusque-là. Il ne comprit pas grand-chose au déroulement de cette histoire, mais les chants, la musique le firent frissonner. Chaque image aiguisait sa sensibilité, le bouleversait. Par-delà l'intelligence du sujet, il ressentait la solitude et quand les livres de l'hidalgo furent jetés au feu, l'émotion grandit en lui jusqu'aux limites de l'insoutenable. Don Quichotte chantait sa douleur et l'enfant, habité de ses propres tristesses, la vivait avec lui. Au moment où le brasier s'écroulait, il revit les grosses cordes entourant le cercueil de sa mère, et, quand la lumière se fit, il resta longtemps face à l'écran vide comme si Don Quichotte n'avait pu le quitter.
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Le paysan ici vient au monde sans rien, nu comme un petit saint Jean,et,après un silence,il ajouta:Il n'a rien dans le bas de laine, tout est dans les bras.
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Alors, citoyen. N'oublie pas que l'homme mûrit devant l'épreuve....
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« Tu peux en manger une. Y’en a tant et plus… ». Il choisit un fruit pas trop gros, planta ses dents en pleine chair et avala tout rond un morceau qui le fit tousser. […]. Quand la partie comestible de la pomme eut disparu, il garda les déchets en main et, ne sachant qu’en faire, il finit par les manger.
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Robert Sabatier
Tantôt je suis un arbre tantôt l'autre parfois je suis tous les deux à la fois et je m'efforce à penser comme chêne ou comme érable — et je ne pensé
pas.

Pour l'imiter je me tiens immobile mais l'arbre marche et on ne le sait pas.
Il erre ainsi d'une saison à l'autre pour s'accorder à chacune des danses.

Ai-je donné feuille, ai-je donné fruit ?
Sur mon écorce a-t-on gravé des noms ?
Ai-je quitté la forêt ?
Si mon ombre est protectrice, on ne me le dit pas.

J'ai tant de nids dans le cœur de mes bran et des oiseaux qui se nomment pensées et tant de fruits que je courbe les bras en attendant que la foudre me tue.
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Je vais essayer de lire un peu, dit il, pour me laver de cette prose insipide.
Ne vous attristez pas, mon cher, tout est pour le mieux … Laissez moi.
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Dans la cour, un violon ne cessait pas de pleurer en attendant la bienfaisante manne de sous troués enveloppés dans du papier journal. Après cet hommage, ou ce tribut destiné à le faire taire, il jouerait encore un air pour remercier les bonnes âmes.
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Olivier pensait à tous ces êtres qui défilent sans cesse dans une vie, ceux de la rue Labat, ceux du faubourg, du canal, de l’école, ceux du village, ceux de demain. Il aurait voulu tous les garder, les réunir dans une même tribu amicale.
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Olivier vivait dans la chaleur du magasin de mercerie comme un mot heureux dans un poème.
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Comme nous l'aimions de Paris aux cent visages, aux cent villages! Cette ville, nul ne pouvait nous la prendre. Conquise? A condition de faire sa conquête. Occupée? Là aussi, on joue sur les mots : occupée à autre chose, à ne pas voir, à nier des présences en les ignorant.
Les sourires comme les feux se sont éteints. Ne reste-t-il pas un fond de braise qu'un souffle peut animer?
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Si je me retirais dans mes livres,je n'étais plus hors la vie,je rencontrais tant de gens ,inconnus ou célèbres,je recevais tant de messages,j'analysais tant de caractères ,je vivais dans le monde du travail et de l'action.Mon temps de méditation ne risquait-il pas de rétrécir?Or cette existence partagée entre les travaux quotidiens et le plaisir des rencontres me rendait ,je le crois,meilleur.Les personnages de Flaubert ou de Stendhal,par-delà le génie des romanciers,je les distinguais mieux,je voyais des visages.Aucune image,portrait,photographie,cinéma,illustration,ne pouvait se comparer aux fruits de la création mêlés à cet imaginaire que les auteurs faisaient naître en moi.
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page 68 Les hirondelles traçaient de grands cercles, haut dans le ciel chargés d'îles de coton rose. Quand elles amorçaient une courbe plus proches du sol, elles criaient, sifflaient, on n'entendait plus qu'elles.
Victor tâta les biceps d'Olivier. Il lui promit de lui faire tirer la chaîne du soufflet de forge" Et tu en aura comme les miens!"
Il fit saillir ses muscles énormes et la manche parut près de craquer. Olivier n'en demandait pas tant.

Le pépé venait d'ouvrir la porte et se penchait. La mémé en s'essuyant les yeux lui cria en patois que "lou gamin" voulait nourrir les vaches avec du sucre et le pépé rit à son tour.
Interdit, Olivier risqua cependant, par contagion, un léger sourire et dit
"Ah! bon ? Ca n'aime pas le sucre, les vaches ?
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page 79 Depuis déjà trois semaines qu'il se trouvait là, nul ne lui parlait de la rue Labat, de sa mère, de ses amis.On gommait sa rue comme un dessin au crayon et elle devenait floue. Bien plus tard, il penserait à un couvercle posé sur tout ce qu'il aimait et que les souvenirs seuls pourraient ressusciter. Et de nouveaux gestes marquaient le rythme d'une nouvelle vie.

- Olivier, Olivier ! Corvée de charbon !
Trois seaux noirs attendaient : un gros, cylindrique, qui contenait un chargement énorme, deux autres, coniques, avec un bec arrondi pour verser directement dans le foyer.

La cave : lieu redoutable où un ignoble fil d'araignée vous collait au visage,où l'odeur de moisi vous prenait à la gorge, où le suif de la bougie vous coulait sur les doigts.

Les visites à la bibliothèque municipale, les commissions, les courses pour les papeteries lui fournissaient des possibilités de randonnées parfois abusivement prolongées.

-Madame :! il est rentré à "pas d'heures" disait Blanche. page214

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Ils pénétrèrent dans un studio moderne qui sentait la poudre de riz et la cigarette anglaise. Elle lui fit signe de poser le paquet sur la table basse.
"Assieds-toi, où tu voudras."
Après un bref "tu permets"elle quitta sa robe fleurie et apparut dans une parrure de rayonne couleur tilleul. Avec la même simplicité, elle dégrafa ses jarretelles et fit rouler ses bas de soie jusqu'à ses orteils. Ses jolis pieds dansèrent un instant avant de glisser dans des mules en satin rose.
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