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Critiques de Roger Frison-Roche (287)
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La piste oubliée

Sahara, méharée. Solitudes et rencontres, réflexions et pensées d'oublis et d'ailleurs.



Découvertes d'un autre que l'on ignore dans un autre monde où l'horizon se noit aux néons des villes.



De routes en chaos, les pistes se font mirages aux yeux de l'étonnement et l'attente.



A découvrir sans détours.
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La piste oubliée

« La piste oubliée » Roger Frison-Roche (Arthaud, 315p)

Sahara, Tamanrasset, début des années 20, un soldat français a été tué par Akou, un petit chef de tribu locale. Camouflée en mission scientifique, une expédition militaire légère méharée est organisée pour retrouver l'assassin. Lignac, jeune et hardi géographe, doit retrouver, loin dans le Ténéré, la piste oubliée qui mène à une oasis perdue de légende. En protection, le lieutenant Beaufort, chasseur alpin mais peu au fait des pièges du désert n'oublie pas sa tache de police. Épaulé par Franchi, un sous-officier blanchi sous les dunes depuis trop longtemps, et par des équipes de Touaregs et de serveurs-guides soudanais, il dirige cette aventure compliquée dans un Sahara si magnifique et éprouvant, plein de pièges naturels et humains. Trahis par certains Touaregs, pistés par l'ancienne maîtresse Targui de Franchi qui veut le tuer avec l'aide de l'assassin fugitif, les méharistes s'enfoncent de plus en plus loin dans ce Sahara si protéiforme. Et plus l'expédition doit surmonter les obstacles, plus la mission tourne à la quête mythique des anciennes pistes du roi Salomon, quand cette partie du désert était, peut-être encore florissante, ce dont témoigne les gravures rupestres.

Ce roman tient de la course du capitaine Achab derrière sa baleine blanche Moby Dick. Mais on est aussi dans un western des années 50 (date d'écriture du roman) manichéen et stéréotypé avec ses bons (tous les Français bien sûr, militaires ou scientifiques), leurs serviteurs (dévoués, noirs, incultes et superstitieux, mais si proches de la nature, n'est-ce pas), les traîtres (Touaregs perfides et sournois qui se prennent pour des princes mais qui sont lâches, évidemment …) Bref, les poncifs colonialistes abondent, on sent un paternalisme digne de Tintin au Congo. Mais l'aventure est bien menée, pleine de rebondissements, entre les attaques de frelons géants, l'eau qui est si rare, les chameaux qui souffrent, les méchants qui se rapprochent…

Et surtout, le désert… Ah ce Sahara si envoûtant, qui met l'homme si intimement face à lui-même, qui le fait chavirer et le fascine ! L'impressionnante dureté du climat, les paysages si variés à couper le souffle, les nuits immenses, le soleil qui écrase et devant lequel on est si petit, la vie qui pointe malgré les conditions dantesques parfois là où on l'attend le moins, Frison-Roche sait nous les faire sentir, humer, palper ; il connait ces lieux, cet autre monde qui parle à une part profonde de nous-mêmes. On regrettera la surabondance de mots arabes ou berbères (même avec le lexique de fin), mais la beauté est omniprésente, exaltante, inouïe.

Alors oui pour ce désert-là, qu'on y ait mis les pieds ou pas, ça vaut vraiment le coup de lire « La piste oubliée ».

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La piste oubliée

ce livre m'a moyennement plus. c'est plutôt à la dernière partie du livre que je l'ai trouvé intéressant.je pensais me régaler, je n'ai pas trop aimé leur exploration. pourtant beaucoup d'ingrédients étaient là pour plaire. peut être si j'avais connu les lieux avant, je me serai régalé comme quand j'ai lu un livre au rayon enfance sur le désert.

ça m'a un peu refroidi sur l'auteur, je ne sais pas si je continuerai à lire ces livres.
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La vallée sans hommes

Suite de La peau de bison, ce livre est magnifique.

Il contient moins d'action que le premier tome, mais on ne s'ennuie pas une seconde.

La nature, déjà omniprésente dans La peau de bison, joue ici un rôle capital : c'est le personnage principal.

Elle domine tout.

C'est elle qui dicte ses lois, c'est elle qui régit le quotidien des hommes rudes et courageux qui habitent au nord du cercle polaire arctique.

Pour vivre, et même simplement survivre, il ne faut pas chercher à la défier, mais il faut se plier à ses règles.

Il faut les accepter et vivre en fonction d'elles.

Les deux premières parties sur les trois qui composent ce roman ne comportent presque que des descriptions. Mais grâce à la plume sublime de Roger Frison-Roche, il n'y a absolument rien d'ennuyeux, bien au contraire.

Parce que rien n'est figé, rien n'est statique, rien n'est inerte. Les arbres, les rivières et les roches vivent autant que les animaux qui peuplent ces contrées reculées et a priori inhospitalières.

Roger frison-Roche nous dépeint une nature impitoyable mais splendide.

Le rythme des saisons, si particulier au-delà du cercle polaire, l'alternance d'un si long "jour" et d'une "nuit" qui semble interminable. La succession de l'embâcle et de la débâcle qui rendent les déplacements impossibles à certaines périodes de l'année et périlleux à d'autres.

Tout est difficile : se déplacer, communiquer, résister au froid, se vêtir, et bien sûr, se nourrir.

C'est une lutte de chaque instant ou presque. La nature offre à l'homme un cadre enchanteur, mais, sévère et exigeante, elle ne lui laisse que peu de répit.

Elle tue aussi, sans état d'âme, mais le lourd tribut qu'il faut parfois payer est le prix de l'aventure et de la liberté.

Roger Frison-Roche s'est surpassé dans cet ouvrage. Avec un lyrisme merveilleux il nous immerge totalement dans une nature vivante et magnifique. Une nature dont la force saute aux yeux à chaque page.

Ce livre fait un bien fou. Il remet l'homme à sa place, cet homme-citadin qui se croit maître de la nature tandis qu'il l'abîme à sa guise, alors qu'il n'en est qu'un élément, qu'elle est indispensable à sa survie. Qu'il devrait la respecter et la protéger au lieu de la détruire et de finalement se détruire.
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La vallée sans hommes

c'est donc la suite de peau de bison, j'ai moins bien apprécié. beaucoup de description et une histoire terrible. j'ai appris la géographie et le climat dans le canada (lac des esclaves, vallées sans homme...), quelques indiens aussi dans ce livre, le froid sauvage.

un peu choqué mais que dirai je si je relisais retour à la montagne du même auteur!.

trouvé au rayon roman contemporain , je l'ai trouvé un peu vieillissant par ces phrases. je n'avais plus l'habitude de lire de telles choses.interessant mais sans plus. je voulais connaitre la suite, c'est fait.

j'ai retrouvé les indiens mais en moderne tout en essayant de garder en tête qu'il s'agit des années 60...

j'hésitais entre trois ou quatre étoiles, la moitié existant, je l'ai noté ainsi.
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La vallée sans hommes

Ce livre appartient a la trilogie des terres devm'infini ecrite par l'auteur.On y retrouve ici le souffle de l'epopee que j'avais decouvert dans ses recits d'aventures alpines transposee chez les indiens d'amerique: le travail de recherche est toujours aussi bon et l'ensemble credible et coherent: un vrai bon roman d'aventure qui vous emportera avec lui !
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La vallée sans hommes

Frison-Roche a des talents de conteur pour décrire ces paysages hostiles et fascinants du grand Nord.

Suite de "La peau de bison", où l'on retrouve Max s'enfonçant plus loin dans une solitude rompue par l'arrivée de son neveu. Une histoire qui parle de transmission et de beauté sur fond de cruauté.
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La vallée sans hommes

Dans le Grand Nord canadien, la nuit polaire dure six mois et alterne avec un jour de même durée, les températures peuvent descendre sous les 50 degrés, et aucun homme ne vit, laissant ainsi le champ libre aux ours et aux loups. Il y coule une rivière de sinistre réputation, la Nahanni, aux chutes vertigineuses -les "Virginia falls"- et aux rapides furieux. A l'époque de la ruée vers l'or, à la fin du 19ème et au début du 20ème siècle, les orpailleurs s'y sont risqués, et on raconte qu'aucun n'en est jamais revenu. C'est pourtant au coeur de ces conditions extrêmes, que Max, le héros de Les Terres de l'infini 01 La peau de bison, désormais veuf de Rosa, veut aller se retirer en pleine solitude, dans un territoire grand comme la France, pour retrouver la paix intérieure.

Il y est bientôt rejoint par Bruno, son neveu, qui est devenu pilote d'avion pour desservir ces terres isolées. Seuls dans cette nature vierge mais hostile, ils vont devoir faire face à de nombreux dangers -faim, froid, gel, faune, tempêtes- et paieront un lourd tribut à la Nahanni.



La vallée sans hommes est, certes, un roman ; mais ce dernier se déroule dans un cadre réel. La haute vallée de la Nahanni existe bien, et elle bute sur de majestueuses chutes d'eau, les "Virginia falls". La vallée sans hommes est donc une lecture que j'ai faite en consultant sur Internet le nom et la photo des lieux cités. D'ailleurs, la nature en est un personnage à part entière : Frison-Roche nous offre de nombreuses descriptions du milieu naturel, celui-ci conditionnant le comportement des protagonistes.



Suite de Les Terres de l'infini 01 La peau de bison, la vallée sans hommes peut se lire sans l'avoir lue auparavant. Elle  procure au lecteur suspense et dépaysement assuré. Moins connu que le célèbre Premier de cordée, la vallée sans hommes n'en est pas moins un grand Frison-Roche. Elle forme, avec Les Terres de l'infini 01 La peau de bison, un ensemble qui décrit l'Aventure, dans ce qu'elle a d'exaltant et aussi dans ce qu'elle peut avoir de tragique, lorsqu'elle se joue dans un milieu extrême.

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La vallée sans hommes

Un livre en trois actes:

- la remontée de la Nahanni jusqu'à ses chutes et l'installation de Max loin de tous dans la Vallée sans hommes

- la survie de Bruno, le jeune bleu en passe de devenir un homme dans le grand Nord suite à un atterrissage d'urgence quelque part dans la forêt artique

- l'hivernage forcé de Bruno avec Max dans la Vallée sans Hommes



Un "petit" Frison-Roche dans de grandioses paysages.

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Laissez-moi vous raconter le Mont-Blanc

Ce beau livre-souvenir vient de paraitre.

C'est une compilation d'articles et d'interviews qui donne un aperçu de la foisonnante activité de Roger Frison-Roche, qui contribua à populariser les sports de montagne, l'esprit d'aventure et de découverte.

Nous revivons avec lui des épisodes comme les premiers Jeux Olympiques d'Hiver de 1924, dont il fut Secrétaire; le premier reportage radio depuis le sommet du Mont-Blanc, en 1932, exploit technique et sportif; le tournage d'un film d'alpinisme en 1933, riche de péripéties; des portraits qui rendent hommage à de grands alpinistes disparus.....

Mais aussi beaucoup d'articles de fond, où l'auteur développe sa conception de la montagne, et dénonce déjà les abus de ceux qui viennent consommer du paysage ou juste se donner des sensations fortes.

Le dernier chapitre, "Récit de la première ascension du Mont-Blanc", est très émouvant. Paccard et Balmat, deux gars de Chamouny, comme on écrivait alors, vont être les premiers à bivouaquer dans la neige et à atteindre le sommet, suivis à distance par des longues-vues depuis la vallée. Une belle illustration de l'époque nous montre l'itinéraire emprunté par les deux hommes. Ce jour-là, 7 août 1786, un tabou est brisé, mais les légendes vont se poursuivre, celles de tous ceux qui se lanceront dans l'aventure verticale.
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Laissez-moi vous raconter le Mont-Blanc

Pouvoir lire des textes de Frison-Roche vingt après son départ lors d'une nuit étoilée de décembre 1999 est un vrai plaisir qui nous est offert par sa fille, Martine Charoy, en une compilation de textes qu'il a écrits pour différentes revues et journaux sur la thématique de la montagne et du massif du Mont Blanc.



Ainsi, on découvre, entre autres, le récit de la première émission de radio depuis le sommet du Mont blanc, les premiers Jeux Olympiques d'hiver en 1924 à Chamonix, et, bien sûr, le récit de la première ascension par Jacques Balmat.



Les grands noms du massifs sont également évoqués, comme Alfred Couttet, Louis Lachenal, Lionel Terray et l'ami de Frison, Maurice Baquet. Roger Frison-Roche sait parfaitement dépeindre les traits de ces héros de l'alpinisme et glorifier leur mémoire en rappelant leurs exploits et les tragédies qui les ont vus disparaître.



C'est très intéressant de découvrir d'autres aspects du style d'écriture remarquable de Frison en remontant loin dans la première moitié du vingtième siècle. C'est différent de ses romans tout en y retrouvant son amour de cette vallée, des montagnes mythiques qui l'entourent et des hommes qui l'habitent.



De nombreuses photographies en noir et blanc émaillent ces différents récits et complètent opportunément les évocations de tous ces grands événements qui ont marqué Chamonix et le Mont Blanc.



Je n'avais pas lu la belle plume de Frison depuis des années et cela m'a donné l'envie d'aller le retrouver dans ses romans nordiques, par exemple, que je ne connais pas.
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Le rapt

Excellente plongée dans la culture des Samisks, qu'on a plutôt l'habitude de connaître en France sous le nom de Lapons, Le rapt a été une très jolie découverte que j'ai dévoré avec beaucoup de plaisir.

Une lecture d'autant plus appropriée qu'aujourd'hui c'est tout blanc de l'autre côté de la fenêtre et qu'une histoire de vol de rennes dans le grand Nord fait tout à fait ton sur ton! Car oui, contrairement à ce que je croyais en ouvrant ce roman (j'ai une vieille édition achetée d'occasion et pas de quatrième de couverture sur celle ci), le rapt n'a rien d'une histoire d'enlèvement comme je m'y attendais mais est le rapt d'un troupeau, crime ultime chez les Lapons pour qui le renne est tout: avec des rennes, du lichen et des bouleaux, une famille Laponne peut survivre à tout, absolument tout, et le lecteur les découvre bien plus adapté au lieu que les Norvégiens survivant difficilement à la longue nuit hivernale.

Pour un livre publié en 1962, j'ai été heureusement surprise par l'intelligence du propos sur les peuples autochtones: deux écoles s'affrontent chez les Norvégiens, représentés par l'assistante sociale qui veut amener les Lapons à la sédentarité, cherchent à forcer les enfants scolarisés à ne parler que le Norvégiens et se montre complètement tyrannique à force de bonnes intentions et le médecin qui estime que les Lapons sont armés pour survivre à leur mode de vie et peuvent de toute façon très bien décider pour eux même !



Un excellent roman, qui mériterait d'être plus connu.
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Le rapt

Dans la péninsule scandinave les Samisks mènent la même vie nomade d'il y a 30 000 ans, ils sont appelés ''les hommes du Renne''.

Le romancier et montagnard Roger Frison Roche nous offre une peinture de ce peuple et de sa vie nomade tout en s'interrogeant sur les inter-actions de la vie moderne sur les moeurs de ce peuple ancien.

Ce livre est une évocation saisissante où le don des images et de l'action s'associent pour recréer la vie et l'aventure.
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Le rapt

J'ai adoré le lire lorsque j'étais moi-même en immersion au nord du cercle polaire en Finlande, en hiver.
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Le rapt

« Couleurs pastels arborescentes,

Piliers de lumières cristallins,

Elans sauvages, rennes, rois des forêts,

L'offrande mystique d'une parhélie, diamant brûlant

Comme un symbole saami,

Notre ange Niklas,

Pur comme la neige,

Coeur d'enfant,

Artistes itinérants,

Inspirés,

Inspirants,

Nomades dans l'âme ».



La Laponie de Zaz, les reflets de la topaze, je reste en extase.



« L’homme et son renne s’immobilisèrent sur le point culminant.

L’inconnu venait du Sud. Peut-être de Finlande, peut-être de Norvège. Il s’était arrêté au sommet de la colline dénudée où le vent avait ciselé la neige en vagues courtes et brisées. Son attelage soufflait et le grand renne gris, assoiffé, broutait la tête basse la neige poudreuse. Il avait les flancs couverts de sueur. La fatigue avait eu raison de sa combativité naturelle et il ne cherchait plus à s’échapper des traits souples qui le reliaient au long traîneau, lourdement chargé. Sa soif étanchée, l’animal releva l’encolure et ses bois magnifiques se découpèrent sur le fond lumineux de la nuit arctique ». (Incipit)



Au nord de la péninsule Scandinave, un très vieux peuple, les Samisks, mène sous un climat inchangé depuis les temps glaciaires la vie nomade, à peine humanisée, de ses ancêtres d'il y a 30 000 ans, les « hommes du renne ». Faut-il imposer à ce peuple notre mode de vie moderne ?

N'y a-t-il rien dans le sien qui soit digne de l'homme, qui ne puisse et peut-être ne doive éveiller en nous un regret, une nostalgie, voire une admiration ?

Sommes-nous si jeunes ? Et n'aurions-nous pas une jeunesse à retrouver chez ce vieux peuple, contemporain de la jeunesse du monde ?

Ainsi songe le romancier au terme d'une évocation saisissante où la sagacité de l'observation, le don de la couleur et des images, le goût exaltant de l'action s'associent pour recréer une nouvelle fois la vie et l'aventure.



Nous sommes un demi-siècle avant la brigade des rennes d’Olivier Truc. Et Roger, sur sa roche, nous donne le frisson.

Après trois romans sur la montagne alpine, aux environs de Chamonix, dont le célèbre « Premier de cordée », après une autre trilogie située dans le Sahara algérien, dont « La piste oubliée », il nous offre, en 1962, un nouveau cycle, constitué, lui, de non pas trois, mais deux romans : "Lumière de l'Arctique".

Le premier de ces deux romans est paru en 1962,le second, « La dernière migration », qui sera son dernier roman, en 1965.



Les terres sans fin et sans soleil de la Laponie, ses rudes nomades, sa toundra où semble régner une paix séculaire que seul anime le lent mouvement des troupeaux de rennes…



« Il semblait au lapon qu'il avait toujours été là, veillant dans la nuit arctique, incorporé à la taïga, protégeant des milliers de rennes à demi sauvages, dont il connaissait chaque silhouette et, et par la marque des oreilles, le nom du propriétaire .

Il était le maître suprême de ces rennes qui maintenant dormaient, rêvaient ou ruminaient sous sa seule protection. il en ressentait une fierté étrange, grisante, voluptueuse, et bénissait son destin.

En ces heures nocturnes où, seul dans les solitudes de la taïga, il lui semblait protéger le repos de la terre endormie, remontait en lui l'instinct primitif de sa race, la plus ancienne du monde ».



Kristina est une nomade lapone de 14 ans. Elle vit avec ses parents, dans une cita ou son père, Simon Sokki est chef... Mais la jeune fille est déjà indépendante : elle sait chasser, traquer, garder un troupeau de rennes... D'ailleurs, elle en possède un grand, ce qui la rend riche.

Son existence tranquille est troublée par l'arrivée de Paavi, un Finsk qui annonce que son oncle, avec qui Simon Sokki avait volé des rennes d'une famille ennemie autrefois, a été assassiné. L'heure de la vengeance a sonné, les victimes d'hier veulent reprendre leur bien : le troupeau de la famille de Kristina est en danger !

Une autre menace plane sur la jeune fille en la personne de Fru Tidemann, une religieuse qui compte bien emmener la jeune lapone à l'école, pour en faire une chrétienne et une sédentaire civilisée...

Kristina se résout finalement à partir à l'école pendant l'hiver, mais elle arrache à Paavi la promesse qu'il viendra la récupérer. La jeune fille sauvage a du mal à s’adapter à la vie d'écolière. Et tout se gâte quand elle apprend que, durant son absence, 1200 rennes du troupeau de sa cita ont été raflés !

Elle décide alors de s'échapper pour rejoindre la harde, sa harde. Tout le monde se lance à sa recherche, mais seul Paavi, tombé amoureux d'elle, saura la retrouver... A la fin, les deux jeunes gens fuient ensemble, pour retrouver leurs rennes.



Ce roman est un choc des civilisations, des cultures, au pays des « nomades land ».



« Il faut détruire le nomadisme, disait le pasteur, le nomadisme qui maintient les vieilles croyances, qui disperse les populations hors de notre contrôle pendant la majeure partie de l'année...Tout lapon que nous aurons affranchi du nomadisme deviendra forcément un bon Norvégien... Et il ajoutait : Et un bon chrétien... »



Ce roman est un retour à la nature, la vraie, sauvage, pure, intacte, bien que rude et complexe.



« - [...] J'ai pensé qu'on pourrait tuer la vieille femelle stérile qui ne nous a pas donné de petits depuis trois migrations....

- Elle sera coriace, fit Thor.

- Depuis quand as-tu vu tuer les plus belles bêtes du troupeau ? répondit Karin. C'est une fantaisie de Norvégiens que de vouloir des bêtes grasses ! Un Lapon ne mange que les rennes qui ne peuvent plus servir ».



J'ai beaucoup aimé ce roman sur les derniers Lapons, pleins de chaleur malgré le froid de l'hiver nordique. Kristina est un grand personnage, plein de courage, d'esprit, de maturité. On ne peut que l'admirer !

L'auteur a su tisser les mots pour nous amener à ses côtés, sur les étendues blanches du Nord.

Il a un truc pour nous faire passer son message, loin des oliviers séculaires.

Un autre monde, en voie de disparition.

C’était il y a cinquante ans. Que sera-t-il devenu dans un demi-siècle ?

Plus qu'un roman, c'est une poésie en prose !

Zaz, topaze, extase...



« Je repars le coeur serré,

Les bouleaux, les chiens, le traîneau,

Les matins calmes,

Opales de milles nuances,

De mille cadences,

Le soleil dans mon coeur

Témoigne de mon union

De la terre au ciel.

Je reviendrai ».
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Le rapt

Un très beau roman, qui nous permet de découvrir la culture Sami et de voyager dans des paysages magnifiques. Un roman qui évoque aussi la sédentarisation forcée de ce peuple, l'assimilation culturelle...et tous les dégâts que cela occasionne...

J'ai beaucoup aimé ce roman. C'est une lecture qui marque.
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Le rapt

Rencontre d'un univers et de ses valeurs par l'intermédiaire d'un auteur et de son goût d'aventures et d'ailleurs.



Très beau roman sur un peuple et une partie du monde encore mal connue, mettant en avant des valeurs humaines confrontées à un modernisme des plus ravageurs.



Livre méritant d'être plus souvent débattu avec un plus large public.
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Le rapt

Scandinavie du nord,pays des Lapons, les Samisk ( hommes des rennes), aux confins de la Norvège et de la Finlande. Roger Frison Roche nous fait partager la vie d'un clan lapon (une cita), celui de Simon Sokki et sa vie rude dans la nuit hivernale sans fin, sous les tempêtes glaciales de neige et sous la lumière magique des aurores boréales, riche de ses rennes, seule valeur sure aux yeux des lapons. L'arrivée de Paavi, le jeune chasseur finnois, lié à la famille Sokki, va semer le trouble dans la cita. Il annonce l'assassinat de son oncle par un clan adverse. Il vient le remplacer et chercher l'appuis du clan Sokki pour le venger; Il annonce aussi qu'une menace pèse sur la clan et son troupeau. Mais sa venu réveille de vieilles rancoeurs et jalousies entre clans rivaux, datant de la seconde guerre mondiale.

Kristina, la fille de Simon Sokki, jeune sauvageonne farouche et éprise de liberté, est charchée de surveiller le finnois que le clan met à l'épreuve. Un autre danger guette Kristina: la civilisation norvégienne représentée par Fru Tidemann, l'assistante sociale et le docteur Olafsen, qui cherche à assimiler les Samisks. Ils viennent au clan Sokki pour emmener Kristina en pension, lui apprendre à lire, à compter, à devenir une bonne norvégienne et une bonne chrétienne.

A travers ce récit d'aventure à frissonner sous la couette, c'est aussi un témoignage éthnologique sur les derniers lapons nomades et le choc entre une culture millénaire et la civilisation européenne, chrétienne et matérialiste des années 60. C'est un témoignage sans préjugés qui montre le désaccord entre l'assistante sociale qui veut le bien des Lapons malgrés eux, sure de la supériorité de sa culture et avec l'appuis du pasteur et le docteur partisan de laisser les Lapons vivrent leur vie et garder leur dignité. Les Lapons eux mêmes, sont partagés sur l'avenir de leur peuple. Ils sentent que le monde changera malgrés eux, les emportant malgés eux etque l'instruction des jeunes et donc de Kristina peut être une chance pour elle et pour le clan. Mais Kristina s'adaptera t-elle à sa nouvelle vie en pension? Paavi qui a promis de l'aider, viendra t-il à son secour? Les menaces qui pèsent sur le clan Sokki, vont elles se réaliser?

J'avais lu ce livre à 15-16 ans passionné alors par le récit d'aventure dans le grand nord et son coté exotique. Je l'ai relu récement et je l'ai trouvé toujours aussi palpitant mais plus profond, comme un témoignage sur la disparition des peuples nomades et un prélude à la mondialisation. Ce livre a été écrit en 1962 où l'on ne parlait pas encore des droits des minorités et de la diversité culturelle.

A lire par tout ceux qui sont des passionnés du grand nord et Roger Frison Roche est un grand auteur un peu oublié à redécouvrir par les jeunes générations.
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Le rendez-vous d'Essendilène

Un très beau roman saharien de Frison-Roche comme il était seul capable de les imaginer et de les écrire. L'histoire peut paraître quelque peu eau de rose aujourd'hui, cela reste une histoire d'amour dans un cadre hors du commun que l'auteur connaît et maîtrise dans les moindres détails, donc un plaisir de suivre l'héroïne à la poursuite de l'amour perdu jusque dans les profondeurs du désert saharien.
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Le rendez-vous d'Essendilène

Essendilène, quel beau nom ! c'est la magie de ces syllabes qui m'a donné envie d'ouvrir ce livre et je ne l'ai pas regretté car il m'a donné le désert ! le Sahara, pensez-donc, comment refuser un pareil voyage ?



Inutile de s'attarder sur les amours du lieutenant Brevanne, sa fiancée Nicole et Tâllit la princesse touarègue, si jalouse qu'elle est prête à tuer pour garder son bel amant .... Les amateurs d'Intimité du foyer y trouveront leur compte ! mais je ne vous en dirai rien, ce n'est pas ce qui fait le sel de ce roman.



Suivez plutôt Frison Roche qui va vous offrir le désert et vous en dévoiler les mystères, les secrets, sa rudesse impitoyable, sa sauvagerie, sa dureté, sa majestueuse splendeur où l'or et l'ocre se marient :

"une frange d'or ourlait la crête supérieure du canyon, dominant les pans de murailles inaperçus la veille ,et déjà les rayons du soleil levant se glissaient à travers les mille brèches des tours rocheuses, semblaient filtrer à travers les vitraux d'une basilique et baigner de lumière ses lourdes colonnes romanes."



Vous serez envoûté par ces paysages érodés, durs et cruels, mais fascinants tout à la fois, pierres levées, tours de grès et forêt de pierres,

émerveillé par la Ramba Kebira, la grande dune d'Essendilène, sa majesté, sa douceur trompeuse,

grisé par la nuit saharienne, uniquement troublée par le ricanement des hyènes et le hurlement des chacals.

Vous connaîtrez l'ivresse de l'infini, discernerez la spiritualité du désert, et subirez le poids oppressant de votre solitude.



L'art de Frison-Roche est de vous faire éprouver tout cela, car il sait de quoi il parle, ayant parcouru le Hoggar de long en large.

Grâce à lui vous découvrirez le Sahara, et ça, c'est inoubliable !

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