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Citations de Roland Barthes (720)


Comme jaloux, je souffre quatre fois : parce que je suis jaloux, parce que je me reproche de l'être, parce que je crains que ma jalousie ne blesse l'autre, parce que je me laisse assujettir à une banalité : je souffre d'être exclu, d'être agressif, d'être fou et d'être commun.
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Me voici donc moi-même mesure du « savoir » photographique. Qu’est-ce que mon corps sait de la Photographie? J’observai qu’une photo peut être l’objet de trois pratiques (ou de trois émotions, ou de trois intentions)
: faire, subir, regarder. L’Operator, c’est le Photographe. Le Spectator, c’est nous tous qui compulsons, dans les journaux, les livres, les albums, les archives, des collections de photos. Et celui ou cela qui est photographié,
c’est la cible, le référent, sorte de petit simulacre, d’eidôlon émis par l’objet, que j’appellerais volontiers le Spectrum de la Photographie, parce que ce mot garde à travers sa racine un rapport au « spectacle » et y ajoute cette chose un peu terrible qu’il y a dans toute photographie : le retour du mort.
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...eh bien je regrette toujours que dans ces cas, on ne pense pas "livre" justement. Il faut penser "livre". Ce n'est pas la peine d'écrire, si on ne pense pas livre. Ecrire, c'est voir le livre, c'est avoir une vision du livre, une vision typographique même presque du livre, et la devise, c'est toujours : A l'horizon, le livre. Kafka avait au livre une sorte de rapport physique ; il explique qu'il y a une chose sûre en lui qui est précisément son "avidité pour les livres" ; il ne veut pas tant les posséder ou les lire que les voir (même dans la vitrine d'un libraire), c'est-à-dire se convaincre de leur existence ; une sorte d'appétit dévoyé.
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Ainsi, parfois, le malheur ou la joie tombent sur moi, sans qu’il s’ensuive aucun tumulte : plus aucun pathos : je suis dissous, non dépiécé ; je tombe, je coule, je fonds. Cette pensée frôlée, tentée, tâtée (comme on tâte l’eau du pied) peut revenir. Elle n’a rien de solennel.
Ceci est très exactement la douceur.
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Les désirs que j'ai eus avant sa mort (pendant sa maladie) ne peuvent plus maintenant s'accomplir, car cela signifierait que c'est sa mort qui me permet de les accomplir - que sa mort pourrait être en un sens libératrice à l'égard de mes désirs. Mais sa mort m'a changé, je ne désire plus ce que je désirais. Il faut attendre - à supposer que cela se produise - qu'un désir nouveau se forme, un désir d'après sa mort.
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Cet anonymat de la bourgeoisie s'épaissit encore lorsqu'on passe de la culture bourgeoise proprement dite à ses formes étendues, vulgarisées, utilisées, à ce que l'on pourrait appeler la philosophie publique, celle qui alimente la morale quotidienne, les cérémoniaux civils, les rites profanes, bref les normes non écrites de la vie relationnelle en société bourgeoise. C'est une illusion de réduire la culture dominante à son noyau inventif : il y a aussi une culture bourgeoise de pure consommation. La France tout entière baigne dans cette idéologie anonyme : notre presse, notre cinéma, notre théâtre, notre littérature de grand usage, nos cérémoniaux, notre Justice, notre diplomatie, nos conversations, le temps qu'il fait, le crime que l'on juge, le mariage auquel on s'émeut, la cuisine que l'on rêve, le vêtement que l'on porte, tout, dans notre vie quotidienne, est tributaire de la représentation que la bourgeoisie se fait et nous fait des rapports de l'homme et du monde.

Ces formes « normalisées » appellent peu l'attention, à proportion même de leur étendue ; leur origine peut s'y perdre à l'aise : elles jouissent d'une position intermédiaire : n'étant ni directement politiques, ni directement idéologiques, elles vivent paisiblement entre l'action des militants et le contentieux des intellectuels ; plus ou moins abandonnées des uns et des autres, elles rejoignent la masse énorme de l'indifférencié, de l'insignifiant, bref de la nature. C'est pourtant par son éthique que la bourgeoisie pénètre la France : pratiquées nationalement, les normes bourgeoises sont vécues comme les lois évidentes d'un ordre naturel : plus la classe bourgeoise propage ses représentations, plus elles se naturalisent. Le fait bourgeois s'absorbe dans un univers indistinct, dont l'habitant unique est l'Homme Éternel, ni prolétaire, ni bourgeois.

C'est donc en pénétrant dans les classes intermédiaires que l'idéologie bourgeoise peut perdre le plus sûrement son nom. Les normes petites-bourgeoises sont des résidus de la culture bourgeoise, ce sont des vérités bourgeoises dégradées, appauvries, commercialisées, légèrement archaïsantes, ou si l'on préfère : démodées. (p. 214)
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Dire l’absence, c’est d’emblée poser que la place du sujet et la place de l’autre ne peuvent permuter ; c’est dire : « je suis moins aimé que je n’aime ».
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12 février 1978

Neige, beaucoup de neige sur Paris; c'est étrange.

Je me dis et j'en souffre : elle ne sera jamais plus là pour le voir, pour que je le lui raconte.
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J'étais saisi à l'égard de la photographie d'un désir "ontologique" : je voulais à tout prix savoir ce qu'elle était "en soi", par quel trait essentiel elle se distinguait de la communauté des images.
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Le livre fait le sens, le sens fait la vie.
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Le plaisir du texte est semblable à cet instant intenable, impossible, purement romanesque, que le libertin goûte au terme d'une machination hardie, faisant couper la corde qui le pend, au moment où il jouit.
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Un peu plus tard, un écrivain viendra, qui fera de la phrase le lieu d'une démonstration à la fois poétique et linguistique : Un coup de dés est explicitement fondé sur l'infini possibilité de l'expansion phrastique, dont la liberté, si lourde à Flaubert, devient pour Mallarmé le sens même - vide - du livre à venir.
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Le mythe ne cache rien, sa fonction est de déformer, non de faire disparaître. (p.207).
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Marcher est peut-être - mythologiquement - le geste le plus trivial, donc le plus humain. Tout rêve, toute image idéale, toute promotion sociale suppriment d'abord les jambes, que ce soit par le portrait ou par l'auto. (p.25)
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L'univers est un coffre-fort dont l'humanité cherche le chiffre.
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Roland Barthes
La langue est fasciste. La possibilité de tricher avec elle se nomme littérature.
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Roland Barthes
Ce que cache mon langage, mon corps le dit. Mon corps est un enfant entêté, mon langage est un adulte très civilisé.

Repris par Gwénaëlle Persiaux dans son livre "Coupé des autres, coupé de soi".
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...dans ce pays (le Japon) l'empire des signifiants est si vaste, il excède à tel point la parole, que l'échange des signes reste d'une richesses, d'une mobilité, d'une subtilité fascinantes en dépit de l'opacité de la langue, parfois même grâce à cette opacité.
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Ne vous est-il jamais arrivé , lisant un livre, de vous arrêter sans cesse dans votre lecture, non par désintérêt, mais au contraire par afflux d'idées, d'excitations, d'associations ?En un mot, ne vous est-il pas arrivé de lire en levant la tête ?
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Je t'aime est dans mon coeur, mais je l'emprisonne derrière mes lèvres.
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