Citations de Romain Gary (5294)
Avec l’amour maternel, la vie vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu’à la fin de ses jours. Après cela, chaque fois qu’une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances. On revient toujours gueuler sur la tombe de sa mère comme un chien abandonné.
Il y avait une chèvre attachée à un arbre, un mimosa. Le mimosa était en fleurs, le ciel était très bleu, et le soleil faisait de son mieux. Je pensai soudain que le monde donnait bien le change. C'est ma première pensée d'adulte dont je me souvienne.
Rien ne vaut la peine d'être vécu qui n'est pas d'abord une oeuvre d'imagination, ou alors la mer ne serait plus que de l'eau salée... Tiens, moi, par exemple, depuis cinquante ans, je n'ai jamais cessé d'inventer ma femme. Je ne l'ai même pas laissée vieillir. Elle doit être bourrée de défauts que j'ai transformés en qualités. Et moi, je suis à ses yeux un homme extraordinaire. elle n'a jamais cessé de m'inventer, elle aussi. En cinquante ans de vie commune, on apprend vraiment à ne pas se voir, à s'inventer et à se réinventer à chaque jour qui passe. Bien sûr, il faut toujours prendre les choses telles qu'elles sont. Mais c'est pour mieux leur tordre le cou. La civilisation n'est d'ailleurs qu'une façon continue de tordre le cou aux choses telles qu'elles sont...
Vous avez vu dans la rue de très vieux couples inséparables qui se soutiennent en marchant ? C'est ça, la part du feu. Moins il reste de chacun, et plus il reste des deux…
Tu savais bien que je ne pourrais vivre sans toi, et c'est ainsi que tu lui as fait beaucoup de place. Je ne lui parlerai plus jamais de toi, comme je te l'ai promis, parce que tu ne voulais pas l'encombrer d'une autre, tu ne voulais pas lui imposer tes goûts, tes habitudes, tu voulais qu'elle soit libre de toute référence. Je cacherai toutes les photos et tous les objets que tu as aimés, je ne vivrai pas de mémoire. Il me suffira toujours de voir les forêts, les champs, les mers, les continents, le monde, pour aimer le peu qui me reste de toi.
Vous avez sans doutes pu constater que plus les gens sont grands, et plus ils sont bêtes, car le corps tire à lui la substance nourricière qui devait aller au cerveau.
L'Afrique ne s'éveillera à son destin que lorsqu'elle aura cessé d'être le jardin zoologique du monde...
-Je me demande si ce n'est pas ça, le vrai, le très grand amour : deux êtres qui ne se rencontrent pas.
- Oui, ça peut être très beau.
Je suis moi-même assez ému. Je ne m'étais pas rendu compte que j'ai vécu un très grand amour, de mon vivant : je n'ai jamais rencontré la femme de ma vie.
Avec l’amour maternel, la vie vous fait à l’aube une promesse qu’elle ne tient jamais. On est obligé ensuite de manger froid jusqu’à la fin de ses jours. Après cela, chaque fois qu’une femme vous prend dans ses bras et vous serre sur son cœur, ce ne sont plus que des condoléances
La plus cruelle façon de m'oublier, ce serait de ne plus aimer.
L'humour est une dynamite silencieuse et polie qui vous permet de faire sauter votre condition présente chaque fois que vous en avez assez, mais avec le maximum de discrétion et sans éclaboussures.
“Ils me regardèrent avec des yeux ronds. Exactement comme le ferait le fossé entre les générations, s’il avait des yeux.”
Moi il y a une chose que je vais vous dire : ça devrait pas exister. Je le dis comme je le pense. Je comprendrai jamais pourquoi l'avortement, c'est seulement autorisé pour les jeunes et pas pour les vieux. Moi je trouve que le type en Amérique qui a battu le record du monde comme légume, c'est encore pire que Jésus parce qu'il est resté sur sa croix dix-sept ans et des poussières. Moi je trouve qu'il n'y a pas plus dégueulasse que d'enfoncer la vie de force dans la gorge des gens qui ne peuvent pas se défendre et qui
ne veulent plus servir.
(p242)
Je ne sais pas parler de la mer.
Tout ce que je sais, c'est qu'elle me débarrasse soudain de toutes mes obligations.
Chaque fois que je la regarde, je deviens un noyé heureux.
Cependant, j'étais loin d'être désespéré. Je ne le suis même pas devenu aujourd'hui. Je me donne seulement des airs.
Le plus grand effort de ma vie a toujours été de parvenir à désespérer complètement. Il y a toujours quelque chose en moi qui continue à sourire.
Je ne dis pas qu’il faille empêcher les mères d’aimer leurs petits. Je dis simplement que les mères aient encore quelqu’un d’autre à aimer. Si ma mère avait eu un amant, je n’aurais pas passé ma vie à mourir de soif auprès de chaque fontaine.
J'ai le goût du merveilleux. Ce sont des restes d'enfance. Il n'y a pas de création sans ça. J'ai un goût très vif pour tous les papillons du merveilleux et j'essaie de les saisir, et qu'ils soient observés, vécus ou créés, c'est la même chose, c'est toujours une quête du merveilleux. Le cinéma, c'est un filet à papillons, comme le roman, comme la vie vécue.
On s'est marrés tous les deux. Moi je pense que la meilleure chose que les exterminations ont laissé au Juifs, c'est l'humour. Comme cinéphile, je suis sûr que le cinéma aurait beaucoup perdu si les, Juifs n'avaient pas été obligés de rire.
Elle avait des yeux où il faisait si bon vivre que je n'ai jamais su où aller depuis.
Je suis convaincu que les frustrations éprouvées dans l'enfance laissent une marque profonde et indélébile et ne peuvent plus jamais être compensées.