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Critiques de Rosa Montero (441)
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Le temps de la haine

Qu'est-ce qui rend si familier le futur décrit par Rosa Montero dans Le temps de la haine ? Le fait qu'il soit une extension crédible de notre monde actuel avec ses préoccupations et/ou ses dérives (écologie, technologie, nationalisme ...), oui bien sûr. Le parallèle évident avec Blade Runner et ses réplicants, aussi. Et puis, il y a eu les deux premières aventures de la techno-humaine Bruna Husky, contées par la romancière espagnole dans Des larmes sous la pluie et Le poids du coeur. Deux récits très brillants mais dépassés dans l'ampleur, l'émotion et l'intensité par Le temps de la haine. L'action y est permanente, au gré de rebondissements incessants et du compte à rebours enclenché pour l'héroïne, androïde dont la mort est programmée. Le livre est politique (le délitement d'une démocratie rongée par les inégalités sociales, un désastre environnemental, les dangers du spécisme et menacée par la guerre civile) mais aussi un véritable objet de SF. Mais il est surtout terriblement humain, dans ce monde acculturé où la connectivité régit le quotidien, il ne reste que quelques bribes d'espoir avec des sentiments aussi purs et désuets que l'amour et l'amitié. Dans cette fresque noire et agitée qu'est Le temps de la haine, Rosa Montero s'offre le luxe de parler d'aujourd'hui en décrivant demain (2120, précisément) avec un brin d'humour (elle est elle-même présente dans le livre d'une manière très ironique) et sans oublier le riche passé d'innovations de notre histoire (les sublimes automates de Juanelo qui jouent un rôle important dans l'intrigue). Un roman riche et bigarré, nourri de la passion de l'auteure pour la science, l'anticipation et le romanesque. Le cocktail n'est pas seulement explosif, il est proprement jubilatoire (et fort inquiétant pour l'avenir de notre planète, ce qui n'étonnera personne, hélas ).



Merci à la Masse Critique de Babelio et aux éditions Métailié.
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Des larmes sous la pluie

Le roman policier, dans un décor de science fiction tient en une phrase: tolérons les différences et laissons chacun vivre comme il l'entend sans l'obliger à quoi que soit, et dans le strict respect de la loi commune. C'est toujours agréable de lire un hymne à la tolérance, même si l'on en est convaincu. Surtout lorsque l'intrigue et son décor tiennent en haleine le lecteur et ne l'embrouille pas trop avec des détails extravagants ou incompréhensibles. Rosa Montero sait se renouveler, question genre. C'est sans doute la preuve qu'elle est un rand écrivain.
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La Chair

Soledad est une belle femme, vive, active, une profession enviable dans le milieu littéraire madrilène. Mais Soledad vient de fêter ses soixante ans et son amant la quitte pour faire un enfant à sa jeune épouse. Soledad devient une femme seule et effrayée par ce vide qui l’attend.



Alors pour une soirée à l’Opéra, pour être vu de tout Madrid, Soledad loue les services d’un Escort-boy, vous savez ces jeunes hommes que l’on appelait gigolo au siiècle dernier. Cupidon et son aiguillon peut-il transpercer le cœur d’une sexagénaire et d’un trentenaire, ou les dés sont-ils déjà pipés et le jeu forcément dangereux ?



Comme disait Mallarmé : « La chair et triste hélas et j’ai lu tous les livres ».L’histoire de Soledad sera donc une triste histoire, en bonne romancière Rosa Montero s’attache à ses personnages, cette femme seule qui a passé sa vie à compenser un manque d’amour et une absence va rencontrer son alter égo masculin, mais est-il encore temps ?



Roman sur le temps qui passe, sur le bilan d’une vie, mais aussi drame romantique et littéraire à suspens, nous rencontrerons brièvement Philippe K Dick, Williams Burroughs, Guy de Maupassant, Anne Perry, Thomas Mann, une mystérieuse Josefina Aznarez et une journaliste branchée devenue romancière nommée Rosa Montero qui énerve beaucoup cette pauvre Soledad. Jubilatoire mise en abime « La chair » est aussi un roman lucide, cruel et ironique.
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Des larmes sous la pluie

Premier tome des aventures de Bruna Husky, cette répliquante créée par Rosa Montero. Bizarrement, j'ai préféré le second tome 'Le poids du coeur', par lequel j'avais découvert le personnage. J'ai trouvé ce premier tome moins abouti, mais l'ambiance est bien là.



Sous le couvert d'un roman de science-fiction, l'auteure nous fait passer bien des messages, sur l'écologie, l'égalité des citoyens, les dangers des religions intolérantes, etc. Cela reste un roman d'aventure, le ton est léger et le tout fort agréable à lire.



Lisez les deux et faites-vous votre idée. Ils en valent la peine.
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L'idée ridicule de ne plus jamais te revoir

Alors qu’elle a perdu son compagnon avec qui elle a vécu une vingtaine d’années, Rosa Montero se voit confier par son éditrice le journal que Marie Curie a tenu pendant un an après la mort de son mari Pierre. « Tu en feras ce que tu veux, peut-être peux-tu au moins le préfacer ? » demande l’éditrice, qui a sans doute compris intuitivement que cette lecture ferai du bien à la romancière endeuillée. Et c’est ainsi que Rosa Montero découvre le deuil de Marie Curie, s’intéresse à sa vie et met en miroir sa propre histoire d’amour et celle de Pierre et Marie.



Mais ce n’est pas un texte nombriliste qu’elle nous livre. C’est l’occasion de (re)découvrir Marie Curie, première femme à avoir reçu le prix Nobel de chimie (avec son mari, ce qui n’est pas négligeable pour l’époque) et seule femme à l’avoir obtenu deux fois. Marie, devenue une icône dans le combat des femmes pour accéder à la connaissance, à la reconnaissance, mais Rosa Montero nous la montre aussi dans sa vie de tous les jours, dans ses difficultés à concilier vie de femme, de mère et vie professionnelle, vie scientifique. Dans ce récit, Marie Curie est vraiment humaine, c’est une femme, tout simplement.



Et puis c’est une magnifique réflexion sur la vie et la mort, l’intimité du couple, le chagrin, le deuil, la résilience (si je puis me permettre ce mot un peu galvaudé par les temps qui courent). Sur les femmes et leur place dans la société par rapport aux hommes. Et bien sûr sur la littérature, sorte d’alchimie qui transforme les événements vécus, les joies, les peines au creuset de la parole écrite.
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L'idée ridicule de ne plus jamais te revoir

J'avais envie de découvrir ce livre car pour l'écrire Rosa Montero s'est inspirée du journal intime de Marie Curie et depuis que j'ai lu le magnifique roman d'Irène Frain "Marie Curie prend un amant" la vie de cette femme hors norme m'attire beaucoup.



Ici, il ne s'agit pas d'un roman mais plutôt d'un essai autobiographique écrit après le décès de Pablo, le compagnon de l'écrivaine, qui d'ailleurs y est peu présent. On apprend par contre beaucoup de choses sur Marie Curie, cette femme extraordinaire qui y apparaît sous un autre jour. Une scientifique de génie mais aussi une femme amoureuse et anéantie après la mort tragique de Pierre Curie. Pour Rosa Montero l'écriture de ce livre l'a aidée à surmonter son chagrin tout comme Marie avec la rédaction de son journal.



J'ai beaucoup aimé ce récit plein de sagesse et de sincérité sur le deuil, la reconstruction de soi après la perte d'un être cher, la force salvatrice de l'art et de l'écriture et la mémoire. J'ai aimé ces allers et retours dans l'intimité de Marie Curie. J'ai enfin été séduite par la belle plume de l'écrivaine espagnole que je découvre avec ce texte et qui me donne envie de lire aussi ses romans.


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L'idée ridicule de ne plus jamais te revoir

Pour servir de trame à L’Idée ridicule de ne plus jamais te revoir, Rosa Montero suit les traces de Marie Curie. Celle-ci a laissé un journal tenu pendant un an suite au décès brutal de son époux, Pierre Curie. La douleur de cette femme rude et passionnée entre en résonnance avec celle de l’auteure. Point de comparaison directe, mais le fil rouge du deuil, ponctué de considérations sur la vie et l’amour, le féminisme, l’écriture, les sciences…



Sur le papier, ça attise la curiosité, d’autant plus que de Marie Curie je ne connaissais pas grand-chose. Mais malheureusement la lecture est on ne peut plus décevante. La plume est maladroite et n’émeut pas : de l’écriture ou de la traduction, je ne sais ce qui pêche, mais c’est lourd et ne se laisse pas dépasser. Surtout si on y ajoute ce parti pris de l’emploi du hashtag sur papier #inintéressant #envahissant #cestquoilintérêt #nonmaissérieuxpourquoi #enfinbrefpassons #ahnonyenaencoreun. Quant aux réflexions plus ou moins métaphysiques ou au contraire très terre-à-terre de l’auteure, on s’en lasse dès les premières pages. Pas de profondeur ni de hauteur, on reste au niveau de la mer. Heureusement, le personnage de Marie Curie se suffit à lui-même pour pousser à avancer, à vite terminer.
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Le territoire des barbares

Zarza vit dans la peur. Son frère jumeau est sorti de prison et la menace. Elle l'avait dénoncé après qu'il l'eût entraînée dans l'attaque d'une banque.



La traque qui s'instaure alors fait de chaque porte qui s'ouvre une angoisse, de chaque ombre un spectre, rend chaque bruit suspect. Elle construit sous la plume de Rosa Montero un thriller psychologique que Le nouvel observateur, en quatrième de couverture, promet à vous couper le souffle.



Cette organisation de la terreur vous fait certes tourner les pages avec une certaine fébrilité, mais il y a un autre niveau de lecture. L'univers de l'enfance pervertie dans lequel Rosa Montero nous incorpore, nous fait réfléchir sur l'hérédité des tares parentales, qu'elles se manifestent dans l'usage des substances illicites, de la violence et autre perversion, y compris sexuelle.



Dommage que cet ouvrage soit servi par un style et une langue qui en amoindrissent la portée. Les références historiques, suscitées par l'ouvrage que l'héroïne est en train d'écrire, sont par ailleurs artificiellement incorporées à l'intrigue et font trop penser à du remplissage destiné à rehausser le niveau culturel. C'est un peu incongru et en rupture avec cette catégorie de littérature. Mais peut-être est-ce pour recoller l'intrigue dans un quotidien professionnel, dans une réalité.

Il n'en reste pas moins un bon roman.

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L'idée ridicule de ne plus jamais te revoir

Ce livre est un mélange de genres littéraires. De prime abord, on pense avoir affaire à une biographie sur Marie Curie, mais Rosa Montero y évoque délibéremment des faits et des ressentis issus de son existence à elle, usant régulièrement de digressions basculant de l'intime à l'universel.

Quand on lui propose de faire une préface au journal que Marie Curie a écrit suite au décès de son époux Pierre Curie en 1906, l'auteure, qui vient de perdre son compagnon de vie sort de cette lecture bouleversée. Cette mort l'avait clouée au sol, lui enlevant toute inspiration, toute envie d'écrire. Lire le journal de cette femme si admirable et si admirée - elle demeure la seule femme à avoir reçue deux prix Nobel concernant ses travaux sur le polonium et le radium - un personnage tellement impressionnant, un visage impassible, une grande intelligence, une force de caractère, une voix féminine qui a réussi non sans mal à se faire entendre, et qui pourtant souffre intérieurement de cet amour perdu, la confronte avec ses propres tourments. Marie semble tellement sûre d'elle et volontaire qu'on la suppose imperméable à tous les sentiments. Et c'est en parcourant son journal que Rosa Montero voit se consumer un feu ardent sous la carapace dure et inflexible de la scientifique polonaise.

Ce journal va faire écho, va résonner en elle et la mettre sur le chemin de la raison. La mort qui plane sur les mots de l'une et de l'autre se déploie en un enchevêtrement de sentiments : l'horreur, la peur, le vide, le manque, la douleur, le gouffre... et puis, le voile se lève enfin, la vie reprend son cours. Marie, malgré sa blessure profonde continue sa quête scientifique avec une de ses filles, se bat contre les préjugés, gagne sa place dans un monde jusqu'ici réservé aux hommes. Et un nouvel amour surgit éclairant des horizons plus radieux.

La vie de cette femme inspire Rosa Montaro ; elle parle du deuil et de l'absence de l'être aimé, de la nécessité d'avancer, des inégalités entre les hommes et les femmes, de l'amour, du désir.

On découvre le milieu dans lequel a évolué Marie Curie à travers des extraits de son propre journal et des informations glanées par l'auteure sur sa jeunesse, son ambition, sa passion amoureuse pour Pierre, leurs conditions de travail, leurs doutes, leur vie de famille, leurs loisirs aussi, puis la cassure avec la mort de Pierre et la reconstruction.

Un livre qui commence dans l'obscurité et la souffrance et se termine dans la lumière et l'apaisement.
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Le roi transparent

"Je suis femme et j'écris. Je suis plébéienne et je sais lire. J'ai vu dans ma vie des choses merveilleuses. J'ai fait dans ma vie des choses merveilleuses. Pendant un temps, le monde fut un miracle. Puis l'obscurité est revenue."





L'histoire :



Leola a quinze ans, et mène sereinement sa vie de jeune paysanne serve en compagnie de son père et de son frère Antoine, sur les terres du seigneur d'Aubenac. Pour échapper à la violence d'une armée d'hommes de fer en déroute, elle revêt l'armure d'un chevalier décédé. Commence alors une vie d'errance, aux côtés de l'énigmatique Nynève, rencontrée au hasard d'une halte en forêt. Léola apprend à manier les armes, et participe avec succès à son premier tournoi. La voici désormais pourvue d'un fier destrier ! Déguisées en hommes, les deux femmes parviennent au château de Dhuoda, étrange duchesse lunatique, qui deviendra très proche de Léola, et lui apprendra à se comporter comme une dame. En sa compagnie, elle découvriront la vie à la Cour d'Alienor d'Aquitaine, avant qu'un événement regrettable ne les pousse à reprendre la route. Elle connaîtront alors une vie d'aventures et de souffrance, qui les mènera aux quatre coins du Royaume de France, perturbé par d'incessantes guerres de pouvoir et de religion.





L'opinion de Miss Léo :



Le Roi Transparent est un très beau roman, d'une intelligence et d'une vivacité réjouissantes, comme on aimerait en lire plus souvent ! Porté par une superbe héroïne atypique, le récit nous plonge au coeur d'un XIIème siècle contrasté, tour à tour violent et somptueusement raffiné. Il ne s'agit cependant pas d'un ouvrage documentaire, l'auteur prenant quelques libertés avec la chronologie pour nous livrer un concentré de presque deux siècles d'histoire médiévale. Elle s'en explique d'ailleurs dans une courte postface, et je trouve ses arguments tout à fait respectables. Cela ne m'a pas gênée outre mesure, mais il faut dire que mes connaissances sont assez limitées...



Le texte de Rosa Montero est avant tout extraordinairement romanesque. Le périple de Léola prend la forme d'une fresque épique et intimiste, rédigée à la première personne, qui passionne le lecteur dès les toutes premières pages. Les nombreuses péripéties permettent une immersion rapide dans un monde poussiéreux et tourmenté, dont les contours et les enjeux se dessinent progressivement. Obligée de lutter pour sa survie, la jeune femme apprend à se battre auprès d'un vieux guerrier solitaire. En bonne escrimeuse, j'ai beaucoup aimé ces quelques scènes d'initiation au combat, qui contribuent par ailleurs à établir le caractère du personnage principal. La route de Léola sera par la suite semée d'embûches et d'ennemis divers, qui justifient à eux seuls la lecture du roman.



Mais ce n'est pas tout. A ces aventures palpitantes vient en effet se greffer une réflexion philosophique sur l'amour, la tolérance et le progrès. Le lecteur découvre avec Léola le déroulement des tournois de chevalerie (qui me fascinaient lorsque j'étais enfant), la servitude paysanne, la vie de la noblesse, mais aussi la naissance de nouveaux conflits religieux, les catholiques voyant d'un (très)mauvais oeil l'émergence du mouvement cathare. Le Roi Transparent évoque les progrès réalisés dans le domaine de la philosophie et des arts, qu'accompagnent un semblant de démocratisation de la culture et une valorisation de la place de la femme dans la société. Le roman se déroule pour l'essentiel en pays occitan, terre des Cathares et de la reine Alienor, dont la Cour faisait figure d'exception en matière de raffinement et d'ouverture culturelle. C'est là que naissent la fin'amor et les débats d'idées, là aussi qu'émerge l'espoir, notamment en matière de tolérance. Hélas, ce fameux XIIème siècle sera aussi celui de la violence et de la régression : c'est le temps des Croisades, mais aussi de l'Inquisition, et nul n'est en sécurité. Difficile dans ces conditions de mener une vie sereine et épanouie. Le progrès attendra !



Au centre du roman se trouvent deux femmes modernes et attachantes, qui illuminent le chaos dont elles sont témoin. On fond pour cette formidable Léo, paysanne devenue guerrière, plus courageuse que bien des hommes de son temps, mais qui n'en demeure pas moins femme, en dépit des blessures physiques et morales endurées au fil des ans. Son évolution est en tout point remarquable, et l'on se prend vite d'affection pour cette adolescente naïve et un peu fruste qui se métamorphose avec l'expérience en femme forte et réfléchie. Sa compagne de voyage n'est pas en reste : Nynève est une femme cultivée, lettrée, qui prétend avoir connu Arthur et Merlin, et dont l'intelligence et les connaissances médicales forcent l'admiration.



Autour de ces deux femmes de caractère gravite une belle galerie de personnages : alchimiste, forgeron, religieuses, maître d'armes, chevaliers, mais aussi quelques figures connues, comme Aliénor d'Aquitaine, Chrétien de Troyes, Richard Coeur de Lion, ou encore Héloïse et Abélard... Tout ce petit monde contribue à donner du corps et de la substance à un roman par ailleurs et très riche et extrêmement bien construit, qui tient jusqu'au bout ses promesses. La fin (captivante) est d'ailleurs parfaitement réussie.



J'ai hâte de découvrir les autres textes de l'auteur, qui semblent tout aussi prometteurs !
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Belle et sombre

Livre à l’atmosphère mystérieuse et magique où tout est vu par les yeux d’une enfant seule, recueillie suite à la mort de sa mère par sa grand-mère Dona Barbara, femme originale au caractère bien trempé. Baba découvre le monde qui l’entoure un monde interlope de petits malfrats et de saltimbanques, dont son oncle Segundo violent, veule et lâche.

Au centre du roman Baba mais aussi Airelai une parfaite lilliputienne conteuse hors pair qui croit en son Etoile et sait tenir la petite en haleine. Elle l’éduque en lui montrant la magie, le merveilleux que peut revêtir même le plus sordide à condition de préserver au fond de soi une part cachée. Elle enchante Baba. C’est une adulte «à sa hauteur» qui sait la comprendre, à laquelle elle peut s’identifier et qui la fascine. Baba et Airelai attendent toutes les deux le retour de Maximo le père de Baba et l’on sent une histoire sombre, louche non élucidée qui en s’insinuant dans le quotidien de Baba et son entourage renforce l’atmosphère de mystère tout en entretenant crainte et inquiétude.



Rosa Montero nous dit dans un autre de ses livres, centré sur l’écriture, «La folle du logis»page 56 :

«J’ai toujours eu un faible pour les nains. Pour les êtres difformes à tête aplatie ; et pour les vrais, les parfaits lilliputiens. Je m’identifie à eux de manière étrange ; ils m’émeuvent et me plaisent, je les apprécie. Je collectionne les phrases sur les nains comme celle de Monterroso : «Les nains possèdent une sorte de sixième sens qui leur permet de se reconnaître au premier coup d’oeil» ; des photos, comme l’émouvant portrait de Lucia Zarate, une lilliputienne du XIXe siècle exhibée dans les cirques ( que l’on retrouve p 171 de belle et obscure). Son petit visage marqué par le chagrin est lui-aussi à l’origine de Bella y Oscura»

et page 75 du même livre : «Pour écrire, il faut garder quelque part un peu de son âme d’enfant. Il ne faut pas trop grandir. Qui sait, c’est peut-être la raison de mon attirance pour les nains.

Et que nous dit Baba page 139 de Belle et sombre ? : «J’avais peur de trop grandir, de tellement changer que, lorsque mon père reviendrait, il ne pourrait pas me reconnaître.

Ce livre très attachant est celui d’une petite fille qui aimerait ne pas grandir mais qui va être rejointe par la réalité tout en ayant appris qu’il faut croire malgré tout en son Etoile.
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La bonne chance

Pablo est dans le train pour son boulot mais décide de descendre avant l’arrêt prévu. Il arrive dans un ancien village minier, Pozonegro, qui se meurt lentement et décide d’acheter un appartement qui a vue sur les voies. Pourquoi ? Pour fuir certes mais quoi ? On pense en premier lieu à son travail qui est passionnant mais dont Pablo se lasse car il voudrait revenir à une vie plus simple. Le lecteur comprendra que Pablo a d’autres secrets et d’autres raisons de fuir.



Les autres personnages aussi ont des secrets dans ce roman choral. La voisine du dessous, Raluca, est plus jeune, plus extravagante, vient d’une classe sociale moins aisée mais elle « accroche » tout de suite avec lui bien qu’il fasse tout pour éviter les contacts avec les habitants du village. Il décide de vivre dans un appartement quasi-vide. Certains détails du passé de Raluca sont troubles, son enfance a été chaotique.



De façon générale, certains autres personnages ont des secrets ou des desseins peu honnêtes. L’ancien propriétaire de Pablo n’est pas un mec recommandable. Et Marcos non plus d’ailleurs.

L’étiquette « thriller » apparaît concernant ce roman ; pour moi, l’enquête policière occupe peu l’espace même si au final, elle a son importance.

En revanche, on pourrait peut-être accoler l’insigne « psychologie » car Rosa Montero explore les mystères et pulsions des Hommes : l’amour, la peur, la haine, la jalousie, la vengeance, l’espoir...



L’intrigue est sympa mais quelques passages sont un peu longs ; on attend que ça arrive en fait. Comme toujours, j’aime le roman choral surtout qu’ici, l’auteure adopte un vocable tout à fait différent d’un personnage à l’autre. Ma note : 3/5.

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L'idée ridicule de ne plus jamais te revoir

Excellent livre sur la vie de Marie Curie, mais aussi de l'auteur Rosa Montero. Ce livre parle surtout du deuil et des sentiments éprouvés à la perte d'un être aimé. C'est aussi un regard sur la capacité à saisir le bonheur à chaque instant, cette "légèreté" qui donne un sens et nous soulage.

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L'idée ridicule de ne plus jamais te revoir

L'auteure, Rosa Montero, vague pendant quatre ans après le décès de son compagnon sans parvenir à écrire un nouveau livre. La directrice de sa maison d'édition lui propose alors d'écrire la préface du journal de Marie Curie, que la scientifique tiendra pendant un an, jour pour jour, après la mort de Pierre, son mari.



Et voilà, l'exorcisme oeuvre : Rosa Montero sans refaire une biographie de Marie Curie, nous relate les noeuds et les possibles de cette femme éminente, mais quand même femme, et Rosa Montero arrive à extraire la substantifique moelle de ce journal pour retenir ce qui fait, à un siècle de distance, que la souffrance de Marie Curie est si proche de la sienne, tout en en tirant une merveilleuse leçon de vie et d'absolue nécessité de vivre le bonheur au présent de l'indicatif.
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L'idée ridicule de ne plus jamais te revoir

J’ai aimé La folle du logis et Rosa Montero nous emportant dans son antre d’écrivain.

Ici il s'agit de la mort de son compagnon sa douleur est là tapie et elle ne sait plus très bien comment attraper les choses, elle se bat avec un roman qui n’avance pas.

Bienheureuse éditrice qui lui demande une préface à un tout petit livre « déchirant comme un hurlement de douleur et de désespoir » c’est le journal tenu par Marie Curie à la mort de Pierre Curie survenue accidentellement. Journal très intime qui va trouver chez Rosa Montero un écho immédiat, comme l’écrit d’une soeur en désespoir.

Le livre oscille donc entre écrits personnels de l’auteur et accompagnement des mots de Marie Curie « Mais ce livre n’est pas un livre sur la mort ».

D’empathie immédiate à admiration, Rosa Montero va petit à petit remonter dans la vie de Marie Curie, la surprendre jeune et étudiante tombant quasiment d’inanition faute d’argent, institutrice en Pologne alors qu’elle ne rêve que de Paris et d’études.

Elle s’insinue doucement dans cette vie, tentant de découvrir derrière les photos où une Marie Curie rigide et sérieuse apparaît, la femme aimante, la chercheuse volontaire et indomptable, se pliant à un travail harassant dans des conditions qui aujourd’hui seraient refusées par n’importe quel ouvrier et pourtant dont elle dit « Dans ce hangar misérable, nous passâmes les années les plus heureuses de notre vie, complètement consacrées au travail »

Rosa Montero revient sur ce parcours hors normes sans pathos mais sans angélisme non plus, s’étonnant du peu de précautions prises par le couple avec le Polonium et le Radium ce qui devait à l’un comme à l’autre coûter la vie. Elle nous permet de découvrir la femme derrière le savant, l’amoureuse sensuelle derrière le Nobel.

J’ai vraiment énormément aimé ce livre, j’ai aimé les relations qui se sont nouées par delà le temps entre ces deux femmes, j’ai aimé ce récit plein d’admiration et de tendresse. J’ai eu envie de réconforter l’une et de lire une biographie complète de l’autre.




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Des larmes sous la pluie

Je viens de découvrir Rosa Montero avec ce livre et j'ai maintenant très envie de lire ses autres textes car cet auteur a un Énooorme tallent de conteuse !



Des larmes sous la pluie est un hommage appuyé à Blade Runner de Philip K Dick. L’histoire se déroule à Madrid en 2109. Des sociétés de bio-technologie ont mis au point des réplicants pour travailler sur les colonies minières de Mars et de Saturne. Ces réplicants ne se distinguent des humains que par leurs yeux de chat (ils peuvent voir dans la nuit), une plus grande résistance et une durée de vie de dix ans seulement. Ils naissent à 25 ans et meurent à 35 ans. Au fil des années ils ont conquis une égalité de droits avec les humains mais restent discriminés. Ils représentent environ 15% de la population mondiale. Ces réplicants sont dotés de mémoires artificielles pour leur enfance afin de les rendre plus stables. Ces mémoires écrites par des « mémoristes » ont obligation de leur révéler leur condition d’androïde. Après avoir effectué leur service civil, ces androïdes sont libres de mener la vie qu’ils veulent parmi les humains pour les quelques années qu’il leur reste à vivre. Néanmoins beaucoup d’entre eux ont des comportements destructeurs (alcoolisme, drogue) et n’arrivent pas à s’intégrer dans la société. Pourquoi se marier quand on va bientôt mourir ? Certains androïdes achètent des mémoires trafiquées sur le marché noir pour avoir l’impression de vivre plus longtemps. Mais voilà que certains réplicants, à la mémoire altérée, deviennent fou et se mettent à assassiner des humains. Cela donne des arguments au parti « suprématiste » qui prône l’élimination systématique de tous les réplicants. Bruna Husky, réplicante et détective, va essayer de déjouer un vaste complot qui compromet la sécurité de la planète entière…



L’histoire développée par Rosa Montero est en réalité bien plus complexe que le modeste résumé que j’ai pu en faire. Elle nous plonge dans un XXIIème siècle très crédible et réaliste. Elle a réussi à approfondir l’œuvre de Philip K Dick en y rajoutant de l’émotion et de la sensibilité. C’est un tour de force que bien peu d’auteurs ont réussi à faire.

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La bonne chance

Quelque peu déçue par cet opus de Rosa Montero. Non parce que c'est mauvais ou parce que je me serais ennuyée, mais j'ai trouvé la délimitation de ses personnages peu crédibles pour une fois. Pourtant, Rosa Montero nous a habitués à des personnages foutradingues, mais ici, c'est comme si elle en avait trop fait. A vouloir faire mieux, on fait parfois moins bien. Cela reste un bon moment de détente, mais, dans la même veine, je conseillerais bien davantage "Instructions pour sauver le monde". Ceci dit, je continuerai à lire cet auteur, qui est une femme attachante, pleine de bienveillance et d'amour de la vie.
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La bonne chance

Voilà un curieux roman qui vous happe dès les premières pages ! Un bel homme d’affaires d’une cinquantaine d’années descend soudainement d’un train parti de Madrid, en direction de Malaga. Un 13 juin – à 16h26 très exactement – après avoir fixé un moment la petite gare de Pozonegro où pratiquement personne ne semble s’arrêter … Aurait-il raté sa station ou s’agit-il d’un coup de folie ? À la nuit tombée, notre quidam erre encore devant un vieil immeuble, face à la fameuse gare de cette triste et grise ville de Pozonegro. Décide finalement de téléphoner à l’agence immobilière indiquée sur la façade, afin d’acheter sur l’instant – et en cash – l’appartement mis en vente …



Comment ne pas avoir envie d’en savoir plus ? La voisine (Raluca) du deuxième étage, qui a une (improbable) double « casquette » de caissière-peintre, a immédiatement (et tout aussi fermement) décidé de prendre en main le bel inconnu … Cet homme, nous l’apprenons rapidement, se nomme Pablo Hernando Berrocal. Il a cinquante-quatre ans et s’avère être un illustre architecte espagnol. Pourquoi a-t-il tout quitté pour un appartement miteux dans un trou perdu ?… Pourquoi va-t-il prendre un emploi de magasinier dans l’unique commerce du coin ?…



Benito, Moka, Carmencita, Angel, Jimenez, Felipe … autant de (plus ou moins sympathiques) protagonistes que nous découvrons, au fur et à mesure que nous pénétrons plus avant dans l’intrigue de l’auteure. Et parmi ce petit monde, Rosa Montero nous révèle lentement le passé de Pablo. Un style affirmé, une construction qui tient la route et une écriture épurée. Un récit à la fois sobre et magnifique, un destin partagé entre drames et amour. Pour ma part : ce fut un gros coup de coeur !
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La Chair

« Cher lecteur, j’aimerais te demander un service. Et il s’agit de garder le silence. La tension narrative de ce roman repose sur l'erreur de croire que, dans la relation entre Soledad et Adam, le personnage potentiellement dangereux est…(…) si, on le raconte, la structure, le rythme et le mystère du texte tombe à l’eau. Un grand merci. » Il est bien rare qu’un auteur s’adresse en postface à son lecteur et plus rare encore qu’il l’enjoigne de ne quasiment rien révéler de son roman. La tâche du chroniqueur devient alors difficile. Je vais toutefois essayer de relever le défi, essayer tout à la fois de vous faire aimer La Chair tout en respectant le vœu émis par Rosa Montero de ne pas trop en dire.

Soledad a soixante ans. Un âge ingrat, surtout lorsque l’on vient d’être quittée et que l’on se retrouve seule au moment d’aller à l’opéra où le traître sera présent avec sa nouvelle conquête. Surtout lorsque l’on prend soin de s’étudier face au miroir: « Le corps était une chose terrible, en effet. La vieillesse et la détérioration s’y tapissaient insidieusement et l’intéressé était souvent le dernier à l’apprendre, comme les cocus du théâtre classique. »

Mais Soledad a des ressources. Elle gagne bien sa vie, prépare une nouvelle exposition sur le thème des artistes maudits, et décide d’avoir recours aux services d’un gigolo qu’elle trouve sur le site AuPlaisirDesFemmes.com et qui lui servira de chevalier servant pour ses sorties. Le jeune Russe est non seulement beau, mais charmant et attentionné et Soledad va finir va se laisser prendre au jeu. Tout en sachant que sa relation n’est pas amoureuse, qu’elle paie pour un service, elle va avoir envie d’y croire. Elle va passer beaucoup de temps à se faire belle, va avoir envie de faire des cadeaux à son jeune amant, un téléphone portable, une garde-robe, des repas dans les grands restaurants. « Elle commençait à se sentir désespérée qu’ils ne se retrouvent que pour faire l’amour, que leur relation reste enfermée dans la cage étroite de la clandestinité et de la routine. » Du coup, cette relation tarifée va virer à l’obsession. Elle va chercher à en savoir plus sur le beau gigolo, suit son emploi du temps à la minute, fait le guet devant son immeuble de la banlieue de Madrid, le piste durant ses déplacements. Un jour, elle le voit avec une métisse et un enfant, alors qu’il affirmait vivre seul. Pour en avoir le cœur net, elle va même endosser le rôle d’un agent de recensement pour faire du porte à porte dans l’immeuble.

Du coup, on se demande si le piège n’est pas en train de se refermer sur elle. Ne devient-elle pas dépendante, «folle» de son amant. Un peu à l’image de ces écrivains maudits qu’elle étudie et dont elle nous raconte les errements. Dans cette galerie, outre Philip K. Dick et Anne Parry, on trouve William Burroughs, Maria Luisa Bombal et Maria Carolina Geel, deux femmes écrivaines chiliennes du XXe siècle qui ont tué leur amant, Maria Lejáragga qui a laissé son mari endosser la paternité de son œuvre, sans oublier Josefina Aznárez, dont on aurait bien aimé qu’elle existât. Cette femme qui se fait passer pour un homme et dont la supercherie, au moment d’être découverte, va l’entraîner vers une fin tragique mériterait un roman à elle toute seule ! Mais comme promis, je n’en dirai pas davantage. Ayant commencé cette chronique par la postface, je la conclurai par le début, par une définition de la vie à la Soledad : « "La vie est un petit espace de lumière entre deux nostalgies : celle de ce que vous n'avez pas encore vécu et celle de ce que vous n'allez plus pouvoir vivre. »


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La Chair

C'est un fait : le dernier livre de Rosa Montero n'est ni son meilleur, ni son plus ambitieux, surtout si on compare La chair à Instructions pour sauver le monde ou Des larmes sous la pluie. Mais on devine sans peine qu'il lui est très personnel et qu'il développe des thématiques proches de la romancière espagnole, née en 1951. Parce qu'il s'agit avant tout d'une femme qui vient de "fêter" ses 60 ans juste après avoir été quittée par son amant, nettement plus jeune. Sans dévoiler l'intrigue, plutôt linéaire, précisons que la lecture en est presque continuellement agréable avec ce style vif et précis qu'ont tous les livres de Rosa Montero. Fondamentalement, l'addiction d'une femme vieillissante à un homme de plus de 25 ans son cadet, escort qui plus est, représente un sujet idéal pour permettre à l'auteure de tracer un portrait sans aménité de la première citée, aussi attendrissante que souvent irritante, avec son caractère hypocondriaque, son obsession de la mort, son égoïsme forcené. Rosa Montero s'en amuse bien évidemment et elle maltraite beaucoup son héroïne, parfois pathétique, avec un humour féroce qui a cependant tendance à se dissoudre dans la deuxième partie du livre quand celui-ci revêt ses habits de thriller. Un aspect bien moins convaincant du roman qui est plus percutant et pertinent quand il se maintient dans le genre de la comédie dramatique et psychologique.
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