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Critiques de Sarah Jollien-Fardel (244)
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Sa préférée

Un premier roman qui m’a bouleversée. Jeanne vit dans un petit village du Valais des années 1970 sous la coupe d’un père alcoolique, mais surtout tyrannique. Il est très violent et tout est prétexte à battre, insulter et humilier sa femme et ses deux filles Jeanne et Emma. Tout le monde sait, y compris le médecin de famille dont la fillette espère en vain qu’il la secourra. Il n’agira pas plus que les voisins ou les autorités scolaires, tout le monde préférant détourner le regard et laisser la famille se débrouiller. Jeanne, au contraire d’Emma, est intelligente et apprend à prévoir les crises du père pour essayer de les éviter. Dès qu’elle le peut, elle fuit le village, d’abord à l’école normale de Sion, puis en continuant ses études à Lausanne.



Elle tombe amoureuse du Léman et aime y nager, le seul plaisir qu’elle s’accorde. Elle a peur des hommes et de leur brutalité, aussi préfère-t’elle les femmes. Mais elle ne peut sortir de sa culpabilité et des blessures de son enfance massacrée. Elle cherche en vain le chemin de la guérison.



Certaines scènes sont vraiment terribles, on ne peut qu’éprouver de l’empathie pour Jeanne et sa famille. La jeune fille ne comprend pas tout de suite jusqu’où va l’abjection du père, et lorsqu’elle le fait, le poids de cette violence qu’elle n’a pas vue pèse sur sa vie jusqu’à la détruire à son tour. Elle fait de belles rencontres mais ne peut s’y livrer complètement. Un jour elle frappe à son tour une de ses compagnes, ce qui n’arrange pas le peu d’estime qu’elle a d’elle-même.



Je comprends Jeanne et son dernier adieu à son père ne m’a pas choquée, il ne méritait pas le pardon. Jeanne porte des blessures impossible à guérir malgré l’amour qu’elle reçoit de Marine et de Paul. Sa vie est une descente aux enfers que rien ne semble en mesure d’arrêter et finalement même la douce Marine sera complètement dépassée.



La voix de Lola Naymark m’a accompagnée durant cette lecture, elle excelle à nous transmettre les émotions et la colère de Jeanne, sa révolte contre la lâcheté des voisins qui savaient et se taisaient.



Ce premier roman est une grande réussite et mérite les prix qu’il a reçu, je suivrai avec plaisir cette auteure valaisanne qui nous parle d’un temps pas si lointain mais qu’on espère définitivement révolu. Un grand merci à Audiolib et Netgalley pour leur confiance.



#Sapréférée #NetGalleyFrance !


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Sa préférée

Sur un sujet déjà largement abordé, la violence d'un père, ce livre apporte, par un style direct, sans artifice, par une intrigue sans concession, quelque chose de plus.

L'environnement rude du Valais, l'impression continue de froid, le côté irrémédiable du mal instillé en Jeanne, s'ajoutent a la violence des faits. Peu de moments pour respirer, sauf de rares instants de tendresse avec les personnes qui ont partagé sa vie.

Le livre nous laisse sonné.

Je me suis demandé comment l'auteure avait pu se mettre autant dans la peau de Jeanne son personnage sans avoir vécu elle-même cette vie.
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Sa préférée

Charlotte, Marine, Paul… Aucune de ces personnes ne peut sauver Jeanne de ses démons. Elle a cru mettre de la distance entre elle et la maison familiale, faire taire ses souvenirs, anesthésier ses sentiments. Mais son enfance bancale, sans cesse menacée, rend sa vie fragile. Son coeur est rempli de haine, de froideur, de dureté… Ses efforts pour oublier, pour se relever, pour avancer, sont lents et difficiles. Saura-t-elle dépasser la colère et le dégoût ?



Le premier roman de Sarah Jollien-Fardel est une gifle. A l'image de la violence de ce père, elle nous met à terre en nous racontant l'enfance de Jeanne, dévorée par les coups, les insultes, rongée par la peur et la honte.



Si certaines scènes sont dures, c'est avant tout la vie brisée de Jeanne qui émeut. Hantée par les ombres de son passé, malgré la thérapie, les belles âmes qui l'entourent, un travail qu'elle a choisi, les lâchers prises à nager dans l'eau du lac, Jeanne est poursuivie par les images pesantes de son père. Elle craint de lui ressembler dans ses colères, dans cette envie destructrice de faire taire cet autre qui s'impose à elle.



Et puis Jeanne, au-delà de ses propres blessures, culpabilise d'avoir abandonné sa mère et sa soeur aux mains de cet homme qui la dégoûte. Finalement, elle n'est pas moins lâche que tous ces adultes qui n'ont jamais cherché à les protéger…



Sa préférée est un roman puissant. Il donne la parole à celle qui souffre, qui endure, qui ploie et qui malgré tout le courage et la force qu'elle met à tenir debout, se brise. Il éclaire d'une lumière fragile et vacillante, la vie qu'on a voulu broyer…
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Sa préférée

"Je suis la fille de ce monstre, je suis la femme qui trompe, je suis la femme qui a frappé, je suis la femme sèche de l'intérieur, je suis la femme aux entrailles pourries, je suis la fille qui n'a sauvé ni sa mère ni sa sœur."

Comment survivre à une enfance fracassée par la violence d'un père ?



Un homme abject, un alcoolique d'une incommensurable violence, fait régner la terreur dans sa famille. Sa femme et ses deux filles sont quotidiennement insultées, humiliées et battues. Cette violence imprègne le roman dès les premiers mots : «Tout à coup, il a un fusil dans les mains. La minute d’avant, je le jure, on mangeait des pommes de terre. Presque en silence.»

L'onde de choc se répète à de nombreuses reprises, avec des mots puissants et une rage à peine contenue.

Pas d'auto-apitoiement, pas de complaisance ni de misérabilisme mais une colère profonde et une absolue lucidité !

L'auteure décrit les mécanismes de la violence avec crudité, tout comme elle décrit l'indifférence de ceux qui savaient et qui n'ont rien fait.

La violence est aussi de ce côté, surtout lorsque le médecin, cet homme qui aurait pu être son père, un substitut paternel auquel elle rêvait et qui s'avèrera crédible dans la fonction, rejette son appel à l'aide.

Certes Jeanne a des ressources que n'ont ni sa mère, ni sa sœur. Elle sera capable de fuir cette emprise, de sortir de ces montagnes claustrophobes pour se purifier dans l'eau du lac Leman. Elle pourra utiliser son intelligence pour avoir une carrière qui l'éloignera de la misère familiale. Mais elle sera cette transfuge de classe qui garde toujours au fond d'elle un sentiment d'imposture et de culpabilité qui l'empêche de s'épanouir.

Même sa sexualité se construit en opposition aux hommes qui l'ont humiliée. Elle n'en prendra conscience que lorsqu'elle tombera amoureuse de Paul. Si ses relations avec Charlotte et surtout avec Marine lui ont permis de goûter au bonheur et d'apaiser ses angoisses, sa liaison avec Paul déclenche à nouveau une crise d'identité et le sentiment d'une mystification. Elle retrouve alors les

« frusques puantes » de cette enfance douloureuse à laquelle elle ne peut échapper.

La résilience est impossible, l'enfer est un abîme et ce constat fait aussi la force du roman.

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Sa préférée

Avec Sa préférée, Sarah Jollien-Fardel propose le récit d’une victime qui dès son plus jeune âge à refusé de l’être par orgueil, peut-être, par dépit, sûrement, et avec une extrême vigilance, sans aucun doute.



Un roman comme un hurlement, où Jeanne, la narratrice, n’en finit pas de traîner la maltraitance de l’enfance oscillant entre colères tonitruantes et culpabilités invalidantes, et pourtant, elle était sa préférée !



Ce court roman se lit presque d’une traite, tant Sarah Jollien-Fardel maitrise son style tiré au cordeau sur le fil de nos émotions. De sa mère et de sa sœur, elle sera celle qui fut la plus préservée des coups répétés, des insultes salissantes, des violences extrêmes déchainées pour rien. Tout le monde savait, mais personne n’en a rien dit. Le silence comme barrière infranchissable sur l’horreur !



Quand tout tourne autour du bourreau ! Quand l’air que le reste de la famille inspire est celui qu’il expire ! Quand tout s’arrête avec le bruit d’un moteur ! Quand … Que leur reste-t-il, sinon le dédoublement par le rêve. Du moins, c’est la voie choisi par l’une d’entre elles. L’autre se noiera dans le regard des autres. Et elle, Jeanne, n’en finira pas de se défier pour ne pas sombrer.



Ainsi, Jeanne se veut ailleurs, profitant des rêves que lui inspirent les livres. Les études, puis la transmission de son savoir seront sa fuite. Seulement, celles qui restent payeront trop chers le prix de sa liberté. Et cette connaissance-là sera autant de gouffres qu’il lui faudra franchir pour continuer à cheminer, propre à l’extérieur et ravagée de l’intérieur.



Sur le souhait d’oublier le passé au prix d’étouffer tous désirs, Jeanne sait faire ! A vouloir le renier, elle ne cesse de se mentir. Sarah Jollien-Fardel sait nous rendre voyeur de cette destruction qui, des années après les sévices, impacte tous les interstices d’un chemin de vie à jamais douloureux.



Pardonne-t-on à son bourreau ? Et, pourtant, Sarah Jollien-Fardel met son héroïne dans cette question entrainant vers d’autres abandons, jusqu’à la fin du roman.



Et quelle fin !



Les paysages tiennent une place importante. Les montagnes du Vallais en Suisse deviennent au fil du roman après avoir été le lieu de l’emprise, une ancre, un territoire apaisé. Lausanne, où Jeanne s’enfuira, s’ouvre sur le monde avec la présence du lac où la narratrice aime s’y plonger, comme le liquide amniotique de sa renaissance.



Sarah Jollien-Fardel, journaliste suisse, a longtemps muri ce roman. Et, puis, un jour, les premières lignes devinrent une évidence. Rien n’a été révélé sur la ressemblance de l’écrivaine avec Jeanne, mais son engagement dans des associations de femmes battues dit plus que toutes les confidences non dites.



C’est par cette fiction terriblement maîtrisée que Sarah Jollien-Fardel, mieux qu’un documentaire, montre les difficultés à se construire lorsque les racines se développent sur le terreau de la violence, des cris et des coups.



Sa préférée a déjà reçu le Prix Fnac 2022 et est encore en lice pour le Goncourt. Qu’importe car sa lecture ne peut laisser personne indifférent ! A découvrir sans tarder…
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Sa préférée



Comme un uppercut, le roman s'ouvre sur une scène terrible, ce moment où la terreur envahit la table du souper. C'est le père qui incarne cette violence, cette peur sourde qui tord le ventre et étreint le cœur.

Elles sont trois à subir, depuis toujours et pour toujours. Sous le regard aveugle des villageois, refoulées dans le silence de voisins, oubliées par la famille.

La narratrice, Jeanne, a le cœur sec et l'âme dure. Elle cherchera un semblant de sécurité et de paix mais ne pourra jamais couper le cordon qui la relie à son enfance massacrée.



Ce roman se lit d'une traite, en retenant sa respiration, en se posant mille questions. Le style de l'autrice est sec, percutant, tranchant... Le lecteur est très vite KO et mettra du temps à se relever, même une fois la dernière page tournée.

Et au-delà du récit de Jeanne, on ne peut s'empêcher de s'interroger... Sur nos propres lâchetés, sur le poids de l'hérédité sociale, sur ces petits moments qu'on a peut-être ratés ou qu'on n'a pas voulu voir, sur ces drames qu'on avait parfois soupçonnés, ces intuitions qu'on a laissé s'envoler...
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Sa préférée

Un peu frustré car on me l’avait extrêmement bien vendu et, finalement, je suis loin d’avoir adhéré.



Malgré quelques envolées lyriques et passages poignants, je suis resté ultra loin de l’héroïne, comme si un mur m’empêchait d’atteindre ses émotions.



Je ne doute pas que l’auteure trouvera son public, je suis clairement une exception !
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Sa préférée

Histoire de violence, d'une enfance gâchée, d'un pardon impossible et du cercle infernale dans lesquelle s'enferment les victimes.

La violence d'un homme sur sa femme,

La violence d'un père sur ses filles.



Sarah Jollien-Fardel nous raconte Jeanne.

Jeanne nous raconte son histoire et celle de sa sœur.

Roman qui me laisse avec beaucoup d'interrogations comme :

Pourquoi rester alors qu'on a deux enfants protèger ?

Quelle est l'origine d'une telle haine ?



L'histoire n'apporte rien , pas de réponse , juste des coups sur le moral et une histoire qui se répète.

Malgré tout, l'auteure a un style intéressant.
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Sa préférée

ENORME COUP DE COEUR !



Alors oui,chapeau bas ! !

L'histoire d'une enfance broyée,meurtrie dans un petit village ,haut perchée dans les montagnes Valaisannes.

Jeanne,la narratrice, sa mère et sa soeur attendent jour après jour,le retour du père ,la peur au ventre: suivant son attitude dès son entrée dans la cuisine,elles sauront à quoi s'attendre.Un monstre de violence, un être imbibé d'alcool qui se défoule sur elles. Tout le village sait mais se mure dans le silence,jusqu'au médecin de famille qui ne dira rien lorsqu'un soir ,il viendra soigner Jeanne assommée,par des coups trop violents.Son attitude plus qu 'équivoque ,il s'en expliquera plus tard ,lorsqu'il sera en retraite et demandera pardon à Jeanne.

Magnifique,joli mot oui,mais qui ne colle pas lorsqu'on lit cette histoire ,tant la noirceur qui s'en dégage vous prend aux tripes .

Magnifique, oui,au niveau du style, de l'écriture : écriture au cordeau ,rectiligne,droite,sans fioritures, abrupte ,sans concessions mais pensée ,réfléchie une absolue maîtrise !

Nous pouvons ,je pense,après la lecture de ce roman ,écrire que la littérature a encore ,grâce à des auteures de " cette trempe" de très beaux jours devant elle .

ENCORE UNE FOIS ,CHAPEAU BAS ,Mme SARAH JOLIEN- FARDEL.Et bien sûr je vous invite à lire ce 1er roman.⭐⭐⭐⭐⭐.

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Sa préférée

Bonjour les babeliophiles petit retour sur la lecture de ma nuit "SA PRÉFÉRÉE". Bien sur que l'histoire est horrible dure et difficile. Mais franchement lors de la sortie se ce livre je m'attendais à beaucoup mieux. Certains passages sont difficiles mais voilà....il me manque quelque chose et à chaque fois c'est pareil lorsque je lis ce genre de livre.Desole pour l'auteure mais comme je dis toujours ceci n'est que mon avis
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Sa préférée

Un mot n'est jamais dit dans Sa préférée, le premier roman de Saraj Jollien-Fardel, celui de résilience, et pour cause, elle ne peut exister pour Jeanne, l'héroïne et la narratrice d'une histoire terrible et par moments presque insupportable. Tout vient de l'enfance, dans un petit village du Valais et d'un père alcoolique d'une violence inouïe envers sa femme et ses deux filles. Sans entrer dans le détail, il est nécessaire de préciser que certains passages du livre sont très difficiles à lire. Mais à mesure que Jeanne s'éloigne de cette atmosphère délétère et essaie de se reconstruire, sa guérison éventuelle ne résiste pas à des deuils directement liés à son monstre de père. Le lecteur ne souhaite qu'une chose : qu'elle remonte la pente, mais ... Malgré quelques amitiés, malgré une histoire d'amour incandescente, malgré les heures apaisantes à nager dans le Léman, ce lac clément, Jeanne va t-elle couler à pic, elle qui est la fille du monstre et que la culpabilité ronge, incapable de se donner une chance d'oublier ? Jusqu'au dénouement, que l'on voudrait tout autre, l'on s'agrippe au récit comme à un morceau de bois au milieu de l'océan, avec l'espoir chevillé au corps. Dire que ce roman est dur relève de l'euphémisme, porté par un style à la fois direct et délié. Aucun mot ne semble de trop, l'auteure avouant d'ailleurs avoir retravaillé son texte encore et encore. Pour un résultat étouffant mais haletant qui, au-delà de l'intrigue, est aussi un hymne à la belle rudesse des paysages de la Suisse romande.
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Sa préférée

Un coup de cœur pour ce roman.

Bien que traitant du thème des violences intrafamiliales et de l'enfance brisée, malgré la noirceur du roman, ce récit est intense, percutant, avec une sensibilité à fleur de peau.

« Je n'avais pas trente ans, j'étais en guerre. Depuis toujours. Pour toujours ». Voici Jeanne. Son enfance a été détruite par la violence de son père, un tyran alcoolique, violent envers sa femme et ses deux filles, qui attendaient avec frayeur le retour du père chauffeur routier.

Leur maison, dans un village montagneux du Valais, en Suisse, est devenue une prison : aucun chant, aucune joie, aucun répit ne leur est laissé.

Jeanne est continuellement sur ses gardes et sait quand la situation va déraper : le mot de trop, le plat qui ne convient pas, le geste prétexte ...

Jeanne n'attend que la possibilité de fuir, surtout quand elle se rend compte que personne ne lui viendra en aide, pas même le docteur du village qui comprend bien d'où viennent ces blessures. Elle part enfin s'installer à Lausanne en espérant pouvoir passer outre cette enfance.

C'est un roman émouvant soulignant bien la difficulté de la résilience et les séquelles des traumatismes de l'enfance.

Une lecture magnifique!
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Sa préférée

Sarah Jollien-Fardel utilise la première personne pour s’intéresser aux traces laissées par l’enfance sur une vie. Elle nous montre que les traumatismes de cette période sont des boulets que les victimes trainent toute leur existence.



De bons parents et un bel environnement donnent la voie à suivre et peuvent devenir un tremplin vers une vie réussie. A l’inverse, les enfants sous le joug de mauvais parents partent avec un handicap qu’ils vont devoir surmonter. Une seule pièce est défaillante ou manquante à la base et c’est tout le développement des futurs adultes qui s’effondre. Dès lors, ils sont donc en reconstruction perpétuelle et en combat avec leur passé.



Dans « Sa préférée », on vit tous les évènements de la narratrice, avec empathie. On subit ses souffrances, on recueille ses joies et on éprouve ses ressentiments et la violence ancrée en elle. Comme elle est émotionnellement esquintée, elle nous partage toute la difficulté qu’elle rencontre à recoller les morceaux et à se recréer une nouvelle vie, libérée de ses démons. Une question se pose alors : Est-ce réellement possible de renaître ?



Alors oui, le sujet est éculé. Il est vrai que beaucoup d’autrices et d’auteurs l’ont déjà développé et j’en ai lu un certain nombre. Mais je pense que si la littérature peut ouvrir les portes des foyers pour en dénoncer les drames familiaux et qu’en plus c’est fait avec talent, tous ces textes sont nécessaires. Grâce aux émotions qu’ils véhiculent, ils permettent à la parole de se libérer et empêcheront, je l’espère, ces actes de se reproduire !



J’ai plongé sans retenue dans l’esprit fragile de Jeanne, porté par la lecture très juste de Lola Naymark. La sensibilité de l’autrice m’a transporté et j’ai ressenti par sa plume toute la colère qui coule dans les veines de l’héroïne. Un grand choc d’émotions que je vous recommande !
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Sa préférée

Roman dur et percutant dont je me souviendrai longtemps…



Jeanne, malgré l’amour de sa mère et de sœur, vit une enfance abominable à cause de la violence de son père. Est-ce seulement possible de s’en sortir un moment? Comment comprendre la femme qui ne s’échappe pas de cet enfer alors qu’elle en a la possibilité? Est-ce que les témoins de telles violences sont également coupables?



Autant de questions que ce livre à l’écriture simple et addictive pose sans pour autant donner de véritable réponse.



La fin du livre laisse libre court à l’imagination ce qui peut être déstabilisant.
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Sa préférée

Bravo. Une écriture percutante, le poids des mots, les ressentis sont profonds et bien traduits, dur et sans appel. Un sujet délicat traité avec a la fois force et sensibilité. L'auteur vous emmène dans son histoire, vous êtes son double, vous êtes a sa place. N'hésitez pas allez y vous ne le lacherez pas. Personnes trop sensibles evite
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Sa préférée

La violence est-elle contagieuse ? Se retrouve-t-on forcément un jour à rendre les coups reçus, peut-on pardonner, comment se reconstruire ?



Un livre puissant, rude. Une famille avec un père violent, abuseur, inscestueux, imprévisible et pervers. Une grosse saloperie ! Une femme et deux filles prises dans ses griffes dans un petit village du Valais (mais il y en a partout) où chacun regarde ailleurs, refuse de voir, d’aider, d’intervenir.



L’histoire d’une fuite, d’une reconstruction, des cicatrices qui ne se referment pas. L’histoire des victimes et du bourreau.



Un roman qui ne se referme pas sans malaise et questionnements. Une fiction qui dépeint une affreuse réalité, celle de la maison d’à côté, de l’étage en dessus, la porte du voisin
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Sa préférée

Nous sommes dans le Valais, en Suisse, dans les années 70; nous assistons horrifiés, impuissants, muets, à la violence qu'abat Louis, le père, sur sa femme Claire, sa fille aînée, Emma et sa cadette, Jeanne, la narratrice. Tout le village ferme les yeux, en particulier le médecin auquel se confie Jeanne.

Chacune des trois femme essaie d'échapper à sa façon à l'enfer : Claire, par les fleurs qu'elle plante et les romans d'amour, Emma dans les bras d'hommes qui la payent et par le suicide, fuite ultime; seule Jeanne partira physiquement en suivant la scolarité de l’École Normale à 15ans, puis en allant à l'université à Lausanne. Mais partir ne guérit pas; la douleur, la haine, le dégoût, la rage empoisonnent la jeune fille, puis la femme que deviendra Jeanne. Seul, l'amour bienveillant de sa compagne, l'amour doux et respectueux de Paul et son retour dans le Valais lui apportent un certain apaisement.

Il y a quelques semaines, j'avais lu "Vers la violence" qui traite du même sujet, quoiqu'avec une bestialité moindre et avec une différence de taille : l'héroïne aimait son père.

Ici, le roman dégage une haine palpable de la part de Jeanne qui ne pardonnera pas à son père même sur son lit de mort et ira jusqu'à lui cracher son mépris au visage. C'est le roman du combat d'une femme pour devenir elle-même, pour se défaire du poison que la violence paternelle a instillée dans son cœur, pour essayer de ne pas voir une menace dans les hommes qui l'entourent, pour s'éveiller à la douceur. Elle ne sera jamais totalement en paix avec son enfance, avec son passé et en cela, ce texte est plus sombre que "Vers la violence".

Cependant, il y a des moments de bonheur : l'amour profond que Jeanne porte à sa mère tout en lui reprochant de ne pas être partie avec ses filles loin de leur bourreau, les instants de grâce et de sérénité à nager dans le lac Léman comme si elle se purifiait, se lavait de la souillure de son père, comme si elle retournait dans la chaleur et la sécurité de la matrice.

L'auteure nous offre de très beaux passages sur le Valais que Jeanne a fui mais vers lequel elle est revenue : amour de la terre, racines, authenticité des montagnes et des montagnards; Sarah Jollien-Fardel a elle-même vécu ce mouvement de rejet-amour pour son Valais natal.

Ce roman n'est pas un réquisitoire contre les hommes malgré les figures très négatives du père bestial, du médecin lâche, du gosse volontairement méchant et prétentieux; le personnage de Paul, tout en douceur, en patience, en empathie fait que le roman ne plonge ni dans le manichéisme, ni dans le simplisme.

Une lecture qui laissera une trace encore longtemps.

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Sa préférée

Jeanne et sa sœur Emma grandissent dans un village valaisan entre un père violent et une mère effacée. Un court roman écrit d’une plume dure, âpre, presque sans respiration, pour exprimer la douleur, la colère, le désespoir inextinguibles et l’impossible pardon. Si l’on peut ressentir une certaine complaisance dans la noirceur, l’on ne peut qu’admirer la force d’un premier roman.
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Sa préférée

J'ai lu ce livre dans sa version audio. Cela a son importance dans ma chronique, dans mon ressenti personnel et la façon dont j'ai perçu ce texte.



Dans ce roman, Jeanne, la narratrice, nous raconte son enfance marquée par la violence paternelle, puis sa construction en tant qu'adulte, avec ce lourd bagage dans son sillage. Dès la première phrase, l'autrice donne le ton et ne laisse aucune place au doute quant à ce qu'elle s'apprête à nous raconter. Autant vous dire que si vous pensez pouvoir lire ce roman sans vous investir émotionnellement, cela risque d'être compliqué. Ces premiers mots sont restés gravés dans mon esprit, et j'aimerais que vous puissiez entendre, au moment où vous lisez ces lignes, la façon dont Lola Naymark les énonce, avec une justesse bouleversante : « TOUT À COUP, il a un fusil dans les mains. La minute d'avant, je le jure, on mangeait des pommes de terre. Presque en silence. Ma soeur jacassait. Comme souvent. Mon père disait « Elle peut pas la boucler, cette gamine ». Mais elle continuait ses babillages. » Alors dès le départ, vous sentez monter l'angoisse et vous priez silencieusement pour que “cette gamine” se taise, parce que vous n'avez pas envie que la situation dégénère.



Jeanne savait reconnaître les signes. C'est qu'elle apprend vite Jeanne. Contrairement à Emma, sa soeur aînée, plus naïve et spontanée. Intelligente, elle a su très tôt repérer les changements dans l'air, l'atmosphère qui se fait plus lourde, l'odeur de l'alcool qui imbibe le père. Très tôt, elle a su qu'il valait mieux se trouver sous le radar paternel, ne pas faire de mouvement brusque, ne pas attirer l'attention. Jusqu'au jour où, avec l'assurance de ses huit ans et probablement aussi de sa joie du moment, la pauvre enfant a lâché un “cher ami” prononcé un peu trop “crânement”, ce qui a fortement déplu au père.



Dans ce petit village, au coeur des montagnes valaisannes suisses, tout le monde se connaît, tout le monde sait, et tout le monde se tait. Jusqu'au gentil et respectable médecin, qui, envoyé à son chevet ce fameux jour, n'a pas voulu entendre son appel à l'aide, laissant choir, par sa lâcheté, ses espoirs et ses illusions d'enfant. Un petit village qui pourrait être n'importe quel autre.



Dès que possible, Jeanne part faire ses études loin de cet enfer, avec la culpabilité de celle qui laisse soeur et mère derrière elle. Tant bien que mal, elle tente d'apaiser sa colère en nageant dans le lac Léman, mais la réalité se rappelle souvent à elle. Car, même loin de “lui”, la peur reste présente, profondément ancrée. Une "terreur increvable" qui s'insinue dans tout son être comme un poison dans les veines. Et elle n'était pas sa préférée…



Comment trouver la sérénité quand on a grandi la peur au ventre ? Comment trouver l'équilibre qui nous a fait défaut pendant tant d'années ? Comment se construire une identité et devenir une adulte épanouie ? Est-il possible de pardonner, de surmonter la rancoeur ?



Sa préférée est un roman particulièrement éprouvant à lire. Il a ces mots forts et cette plume acérée, cette violence et cette haine qui transparaissent à chaque page. Des sentiments décuplés dans la version audio, où Lola Naymark laisse libre cours à son interprétation, avec une acuité saisissante. Mais ce qui m'a attristée, ce n'est pas seulement cette enfance faite de violence, mais aussi cet implacable désespoir. Cette sensation que la vie tente de se frayer un chemin, avec tout l'amour et la beauté qu'elle aurait à offrir, mais que la noirceur a tout envahi, empêchant toute forme de renaissance. C'est triste, c'est dur, c'est terriblement tragique.



Dans la version audio, Lola Naymark, la narratrice, m'a subjuguée. Chaque mot qu'elle prononce, chaque scène qu'elle raconte nous percute de plein fouet, jusqu'à nous meurtrir. Une lecture audio comme une seconde peau, pour un roman âpre et poignant qui m'a bouleversée.



Roman lu dans le cadre de ma participation au Prix Audiolib 2023.



Ma chronique complète est sur le blog.

Caroline - le murmure des âmes livres

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Sa préférée

"sa préférée" est un roman qui a résonné en moi dès les premières lignes.



SARAH JOLLIEN-FARDEL est parvenue à trouver les mots justes pour raconter cette enfance ravagée par la violence d'un père.

A de nombreuses reprises, j'ai dû reprendre mon souffle et j'ai été bouleversée par ma lecture.



Ce premier roman percutant auréolé du prix du roman FNAC est une véritable claque...comme celles que le père de la narratrice faisait pleuvoir sur elle, sa mère et sa soeur "sa préférée" à qui elles n'ont rien à envier.



SARAH JOLLIEN-FARDEL aborde également la difficulté étant adulte de tenter de se reconstruire mais le chemin est difficile.



"sa préférée" est un roman terrible mais superbe.
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