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Critiques de Sarah Jollien-Fardel (244)
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Sa préférée



Jeanne a grandit dans un village Suisse au paysage bucolique et apaisant, un décor paisible. Sa maison d’enfance aurait dû accueillir des souvenirs, des rires, des moments de complicité avec sa mère, sa sœur ou encore avec son père. Rien de tout ça ne constitue leur maison, les pleurs, les coups, le sang qui coule, c’est ça qui constitue les souvenirs d’enfance de Jeanne. Elle vit aux aguets, en hyper vigilance du père violent qui a tout moment déraille, tape, hurle, exprime une violence physique et verbale atroce.



Cette violence a totalement noyée les désirs et mis un voile sur la notion de plaisir dans la vie de Jeanne. Alors quand elle est en âge de quitter la maison, elle fuit, elle s’en va, pas bien loin, juste à une dizaine de kilomètres en internat. Mais la fuite physique n’induit pas la fuite mentale. Le cerveau se souvient, se rappelle de la vigilance permanente, de la violence assourdissante. Les fondations sont bancales, un tremblement de terre et tout peut s’écrouler.



C’est la vie de Jeanne qui nous ai raconté par Sarah Jollien-Fardel. Une vie inaudible où la violence est telle que devenir une adulte apaisée et harmonieuse paraît indomptable. Les mots sont posés, ils sont nets, m’ont transpercé. La douleur se ressent.

Quand la brutalité est assimilée à l’éducation, comment faire pour grandir sainement ? Comment se sortir de ce schéma irrépressible ? La notion de pardon est exploitée, jusqu’où pardonner ? La colère bouillonne, se mue en rage, ça explose. La paix semble inatteignable pourtant elle est vitale. Un premier roman intense ! 🧡

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Sa préférée

Dans un village haut perché des montagnes valaisannes, tout se sait et personne ne dit rien. La narratrice Jeanne doit faire face à la brutalité perverse de son père, sa mère et Emma, sa sœur aînée, se résignent à la violence verbale et physique que leur inflige le père qui fait régner un climat de terreur dans la famille. Jeanne lui tient tête mais un jour, pour un mot de trop, son père la tabasse pour la première fois. Elle a huit ans et pense que le médecin du village, appelé à son chevet, va intervenir et mettre fin à leur calvaire. Mais il se tait comme se taisent les enseignants, les voisins qui font tous preuve d'une lâcheté qui foudroie la petite fille



Dès lors, la haine de son père ne quittera plus Jeanne "Je suis en guerre. Depuis toujours. Pour toujours". Cinq années à l'Ecole normale d'instituteurs, à distance de chez elle, lui offrent un peu de répit mais le suicide de sa sœur aînée la replonge dans l'horreur.



La narration à la première personne sous la forme d'un monologue de Jeanne contribue à la force de ce roman. La dureté du texte tient à la violence que le père fait subir à sa famille mais aussi à l'enfermement de Jeanne dans une colère, une haine et une volonté de ne rien oublier qui la détruisent. Cet enfermement, cet empêchement sont le sujet central du roman.

Comment peut-elle s'en sortir quand les années, la distance, des séances de thérapie, l'aide de ses amis, ne parviennent pas à la libérer de ses tourments de façon durable ? "Emmurée dans ma haine, sans concession, à ressasser toujours les mêmes souvenirs. Incapable de pardon... Je me gargarise de la violence de mon père alors que je devrais grandir."

L'auteure restitue parfaitement la violence, l'inculture, l'obscénité verbale, la bestialité paternelles qui engendrent une misère familiale dont Jeanne réussit à s'extraire en s'isolant dans les livres et les devoirs. L'ambivalence des sentiments de Jeanne envers sa mère est bien analysée, entre amour et colère contre sa soumission à son mari. Jeanne éprouve de la honte, des remords et de la culpabilité de devoir rejeter sa mère " Je lui en ai voulu si souvent, presque autant qu'à mon père, de ne pas partir, de ne pas fuir."

Une héroïne forte et orgueilleuse qui a réussi à tenir debout face à son père, une femme pourvue d'un instinct de survie qui lui a permis de fuir, une femme qui tentera de trouver l'apaisement auprès de personnes bienveillantes et d'un lieu qui sait la calmer : le lac de Lausanne.

Une écriture âpre, une histoire forte bien menée, des personnages marquants, une analyse fine des sentiments, des lieux, montagnes valaisannes et Lausanne, particulièrement prégnants, des scènes très fortes qui seront difficiles à oublier et un dénouement qui serre le cœur. Un premier roman coup de poing qui soulève quantité de questions essentielles. Une vraie réussite.
Lien : https://leslivresdejoelle.bl..
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Sa préférée

Sa préférée / Sarah Jollien-Fardel



Sarah Jollien-Fardel, voici un nom d'auteur que vous allez pouvoir retenir, chers lecteurs. Son premier roman, "Sa Préférée" annonce un début prometteur. Sarah commence fort en proposant un récit poignant saisissant sur les violences familiales, sans toutefois glisser vers le pathos. Ce roman nous questionne sur le poids du passé, les traumatismes de l'enfance.

Dès sa naissance, Jeanne, la narratrice a vécu les agissements violents et l'inculture paternel. Tout se savait dans le village, mais personne ne parlait. Cependant, déjà enfant, Jeanne a un fort caractère et très tôt a su esquiver la brutalité de son père contrairement à sa mère et sa soeur, totalement soumises à cet homme.

Dès son plus jeune âge, Jeanne a toujours refusé d'être une victime.

Fuir à Lausanne a permis à la jeune fille d'échapper à son bourreau et de découvrir la vie, la vraie. Pourtant, ce passé douloureux ressurgit toujours, malgré un cercle d'amis bienveillant qui tente, désespérément de le lui faire oublier.

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Sa préférée

Difficile de mesurer l’impact de la maltraitance sur un adulte en devenir.



Jeanne vit dans une de ces familles où les coups sont quotidiens et où le père alcoolique fait figure de bourreau.



Dans son petit village du Valais Suisse, tout le monde sait mais personne ne dit rien, « on ne se mêle pas des affaires des autres ». Même le médecin semble ignorer le calvaire de ces deux fillettes et de leur mère.



Une souffrance au quotidien pour cette enfant qui regarde sa mère subir les pires sévices et qui ignore encore que sa sœur aînée sera abusée sexuellement à l’adolescence.



L’attachement de Jeanne à son Valais de naissance l’aide à trouver un peu de beauté dans sa vie détruite, mais on ne voit pas de résilience se profiler dans l’avenir de cette femme devenue adulte.



Comment se relever d’avoir vécu avec un père tyrannique et comment construire une vie normale sur ce tas de ruines qu’a été l’enfance ? Lorsque l’autrice fait dire à son personnage « Moi, je suis née morte », on sent que l’on est très loin d’une quelconque reconstruction.



Et là est toute la question de ce roman qui ne répond pas vraiment aux interrogations soulevées que sont les conséquences. La violence, certes ; l’homosexualité, peut-être ; le non-avenir, envisageable.



Un sujet difficile écrit dans un style incisif et poignant mais une surenchère de violence qui élude le pourquoi de ce livre. S’il y avait un message à saisir, je suis visiblement passée à côté.



Mon avis reste mitigé sur ce premier roman de Sarah Jollien-Fardel, certainement réaliste dans les faits mais que j’ai trouvé un peu opportuniste dans la forme et assez superficiel sur le fond.

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Sa préférée

Chronique sur la version Audio

« Sa préférée » ? Viens, Jeanne, viens… Tu ne me connais pas, mais moi je te connais. La plupart de tes paroles, je les sens résonner en moi, j’aurais pu les prononcer. « Moi, je vivais sur mes gardes, je n’étais jamais tranquille, j’avais la trouille collée au corps en permanence. Je voyais la faiblesse de ma mère, la stupidité et la cruauté de mon père. » La violence physique, la violence verbale, la peur omniprésente, la difficulté à respirer… et la dissimulation, se faire passer pour une autre, cacher ce qui nous oppresse, je connais aussi. Cette colère qui t’anime, qui te permet de ne pas couler, qui te tient debout, je vis avec depuis 48 ans. « Je n’avais pas trente ans, j’étais en guerre. Depuis toujours. Pour toujours. » Comment exprimer plus profondément les émotions que tu as décrites si parfaitement ? « Moi, je suis née morte. » Il n’y a pas grand-chose à ajouter à cela. C’est dit en peu de mots, mais tout est dit. « Les mots étaient importants. Je devais les écouter tous. Et leur intonation aussi. » Je t’écoute Jeanne, et j’ai tout compris, même les choses que tu ne dis pas, persuadée que tu es d’être pourrie de l’intérieur. « Je ne suis pas bonne. Ça prend pas. Mauvaise terre, mauvaise graine. »



Nos racines sont identiques, nos évolutions différentes, même si la vie s’arrêtait au retour du père. Si « Derrière les mots, la haine, la misère, la honte. Et la peur. », il y aurait pu y avoir aussi une forme de guérison dans les bras de quelqu’un qui pouvait t’accepter avec tes forces et tes faiblesses. Je comprends que tu n’aies pas pu pardonner, ni à ton bourreau, ni à celle qui a gardé le silence et laissé faire, même si au fond tu l’aimais elle, maladroitement peut-être, mais tu l’aimais. « – je reniais ma famille et par ricochet ma mère. Je haïssais viscéralement son rôle de victime, je lui en voulais de ne pas avoir fui pour nous protéger. À huit ans, je l’avais questionné en criant après ma fameuse dérouillée “Pourquoi on part pas de cette maison ?” » Moi aussi j’ai posé cette question… tant de fois. Je me suis heurtée à un mur. Pourquoi rester dans cet enfer ? « L’amour pour ma mère patauge, atone, quelque part au fond de moi. » Tu as fui… moi aussi…



Tu as prêté ta voix à Lola Naymark. Elle aussi a tout saisi. Elle est entrée sous ta peau comme on enfile un costume, a pénétré ton cœur, est allée creuser au fond de ton âme pour déterrer les blessures exprimées, et celles tues. N’aie crainte, elle a été une formidable porte-parole. Sa voix a su exprimer toutes tes émotions, tes pleurs, tes terreurs, ton audace lorsque tu as appelle ton père « Cher ami » et que ça te vaut une dérouillée mémorable, tes coups de gueule, les moments où tu te laisses aller, ceux où tu te dégoûtes de toi-même, tes doutes et cette rage qui ne te quitte pas un seul instant. Son rôle était difficile : elle devait être toi dans tes peines, toi dans tes rages, et toi aussi quand tu rapportais les injures ou les actes de ton père. Dire ses insultes. Trouver le bon ton, celui qui tétanise, et crois-moi, elle y est parfaitement parvenue. Sa voix est à la fois celle du soulagement lorsque tu es partie et celle de la femme en guerre. Elle est mélodieuse, si expressive qu’elle te laisse sonnée, une inflexion qui traduit tes émotions sans tomber dans le misérabilisme. Elle est toi aussi quand tu vas bien, quand tu te laisses aller, quand tu sonnes un armistice temporaire avec toi-même, quand la tendresse arrive dans ta vie par une porte que tu n’espérais pas. Un cadeau. Une forme de réconciliation avec la vie. Elle devait incarner un peu Charlotte, qui entre nous soi dit m’a bien énervée avec ses petits problèmes de fille à papa, et Marine avec sa patience et son empathie légendaires, puis Paul celui qui essaie d’entrer dans ta vie sur la pointe des pieds.Il faut dire que les hommes, tu as eu ta dose ! Entre le père complètement frappé et le médecin qui ne veut pas voir ni entendre, comment penser que « ce sexe » puisse un jour être fiable ? Lola Naymark a dit ton mépris, toi qui voulais simplement être aimée. Comme toi, elle a détricoté « ton passé jusqu’à le rendre supportable. » Elle est devenue toi. C’est tellement troublant d’entendre sa souffrance à travers la bouche d’une autre…



« Faut l’imaginer, ça, tous les jours, la trouille, tous les jours. (…) Mon corps est un rempart. (…) Mon corps est un radar. (…) Mon cœur fait mal et je renie ses douleurs, brûlures d’estomac, ulcère à vingt ans, dos en pagaille. Mon corps n’existe pas, mon corps ne connaît ni la consolation ni la jouissance. Mon corps ne m’appartient pas. Mon cœur a été évidé. » Lola Naymark dit ton corps programmé, ton esprit cannibalisé par cette enfance omniprésente dont tu ne parviens pas à te débarrasser, ce père toujours là même lorsque tu es partie. Elle dit aussi la fatigue de la lutte perpétuelle, la colère qui ronge, la rancune qui enfle, l’espoir de paix intérieure qui s’enfuit. Les intermèdes musicaux permettent de reprendre un peu son souffle, mais contribuent à accentuer cette idée qu’il n’y a pas d’échappatoire possible… que quand les racines sont pourries, elles sont pourries ! Tout ce qui pousse là-dessus est altéré. « La haine et la colère restaient comme figées. Je suis devenue rance. Je détestais celle que je devenais. Incapable de pardon, incapable d’avancer ou de me défaire des frusques puantes de mon enfance. Plus je me détestais, plus je me cloîtrais. »



Jeanne, on ne se défait jamais de son enfance, on apprend à vivre avec.


Lien : https://aude-bouquine.com/20..
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Sa préférée

Ce livre m’a été recommandé par ma professeur de français. La manière dont elle m’en a parlé m’a subjuguée : ne m’attendais à être bouleversée, mais pas à ce point. Habitant en Suisse, c’est très agréable de reconnaître des lieux, des expressions, des mœurs que je ne retrouve pas dans les romans que je lis habituellement. L’auteure décrit selon moi justement tous les défis, les questionnements, l’impact que peut avoir sur soi une enfance telle que l’a vécu Jeanne. Elle ne romantise, montre avec brutalité et parfois même vulgarité la vérité sans faux semblants. Tout n’est pas rose, tout le monde ne se remet pas de ces traumatismes, on peut nous aussi reproduire ce qu’on a vu même si on se bat pour pas le faire. Elle brise certains tabous et ne rentre pas dans les clichés.

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Sa préférée

Je ne sais pas si j'ai aimé ou non.



C'est certainement un roman à lire. On ne parle

jamais assez de cette violence intra-familiale, des conséquences de ce quotidien si atroce qui change la personnalité des habitants d'une maison. Comment se construire enfant, puis jeune adulte lorsque l'on a connu que la peur, la colère, l'ignorance ?



Là où j'ai moins accroché c'est au style d'écriture. Je n'ai pas réussi à entrer dans l'histoire, ni de m'attendrir ou ressentir de l'empathie pour Jeanne le personnage principal. L'écriture froide m'a laissé distante et de marbre.
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Sa préférée

Un roman dur, violent d'un père sur sa femme et ses deux filles. Tout le monde sait , en particulier le médecin mais personne ne dit rien, ne fait rien. Jeanne, la cadette, la narratrice fera tout son possible pour sortir de ce village, cette brutalité, cet enfer.

Mais la vie ne sera pas tendre avec elle, comment faire pour se construire, panser les plaies. Il y a quand même des moments de bonheur mais elle aura beaucoup de regret. Est ce qu'il est possible de tout pardonner quand on a tout perdu,

Un roman très fort, très bien écrit.
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Sa préférée

Une méga claque ce roman, j'ai dû patienter avant de rédiger une critique, le temps de digérer ce que je venais de lire.



Au début, j'ai tout de suite pensé à un récit autobiographique mais après quelques recherches, il s'est avéré que non.



C'est l'histoire de Jeanne, valaisanne, qui comme sa sœur et sa maman, vivent sous le joug de leur père. Un père aimant selon lui, mais un père violent, brutal, pervers et alcoolique. Ce sont surtout sa sœur Emma et sa maman qui souffrent, Jeanne se protègera grâce à son effronterie jusqu'à défier son père du regard. Elle fera tout pour échapper à cet enfer afin de prendre sa vie entre les mains malgré les séquelles psychologiques qui la tourmenteront toute sa vie.



C'est un roman bouleversant, qui m'a profondément ému et questionné sur la nature humaine.

Comment se reconstruire et aimer après ça? Ce sont des questions qui taraudent le lecteur tout au long de la lecture. Eh bien on se rend compte que quelle que soit la démarche de reconstruction, les stigmates sont toujours là et génèrent de l'instabilité dans les relations amicales et amoureuses.



La repentance, est également présente à l'ordre du jour, mais peut-on pardonner après tout ce que l'on a subi? Sara JF explore également ce thème avec brio. Chaque individu perçoit les choses différemment, le curseur du pardon n'est donc pas au même niveau pour tous.



La psyché de Jeanne est excellement restituée, elle est fouillée dans ses moindres recoins, on ressent tout, ses questionnements, ses volte-face, ce qui en fait un personnage complexe.



Si bémol il y a, c'est peut être la psychologie du père qui à mon sens manque un peu de substance pour totalement cerner le personnage. J'aurais aimé en apprendre davantage sur sa personnalité. Mais bon, je n'enlèverai pas d'étoile pour ce point, Le 5/5 l'emporte haut la main.



Gros coup coeur pour moi malgré le sujet difficile.

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Sa préférée



Elle a tranché une veine, Sarah Jollien-Fardel. Une veine ou deux, et cela s'écoule. D'un jet, fuse. Nu et brut. 

Sans filtre. 

A l'image de son héroïne, Jeanne. 



Les coups du père. 

Pour rien. 

Parce qu'il n'avait pas les mots peut-être. 

Son souffle tournait. Comme le vent. Comme le vin. Mauvais. Alors il cognait.  Elle savait, Jeanne. Même toute petite, elle savait avant que ça pleuve. La tempête de coups, de cris. 



La mère qui encaisse.

La sœur qui s'allège. La tête et le corps. Et si l'amour c'était ça ? C'était là ? Au creux du sexe, au creux du ventre. Si c'était comme ça, être la préférée ? 



La mère se tait. 

La sœur se tue.

Et Jeanne s'enfuit. 

Ou croit s'enfuir. 

Ceux qu'elle aime, celui qu'elle hait, la retiennent dans la prison. Même à des centaines de kilomètres. Même contre le corps des femmes. Même contre le cœur d'un homme. 



Chaque phrase affûtée, aiguisée, coupe le souffle. Les tendresses blessent aussi, les caresses égratignent,  pas un mot qui ne ramène à la violence du traumatisme. 

Tenir debout maladroitement, tituber avec Jeanne. Accepter qu'il n'y ait peut-être pas de rédemption. Pas même pour les victimes. 



Un premier roman bouleversant. 

Un long, très long cri, hurlé d'un trait, sans retenu. 

On ne lit pas, on le boit, à même sa bouche, pour ça que les mots font si mal sûrement. 



Elle a tranché une veine, Sarah Jollien-Fardel. 

Et c'est moi qui ai pleuré. 



Lu dans le cadre du coup de cœur des lectrices #versionfemina

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Sa préférée

Peut-on se reconstruire quand on a eu une enfance malheureuse, subi des violences physiques et assisté à des violences conjugales.

Jeanne est cette enfant qui a vécu ces sévices. Son fort caractère la pousse à faire des études mais ses relations avec autrui sont faussées, méfiance, retrait, fuite sont son quotidien et sa haine contre son père reste inébranlable.

Un livre fort qui parlera à tout ceux qui un jour dans leur vie ont subi la violence familiale.
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Sa préférée

Pas d’entrée en matière pour ce roman qui nous plonge dès les premières lignes dans ce foyer oppressant où domine le père. Du haut de ses huit ans, Jeanne analyse son environnement et la nature humaine. Elle prend vite conscience de sa différence et s’éloigne au plus vite sans pour autant réussir à s’extraire.

Sans excès, j’oserais dire en douceur, l’auteur nous immerge dans ce corps de petite fille désillusionnée puis de femme, que tout ramène à cette violence. Au delà de celle de son père, elle découvre d’autres formes de brutalité, qui l’ont nourrie et participent à ses souffrances. Elle est inapte au bonheur.

Très belle écriture. Je me suis beaucoup attachée à cette fille indépendante, solitaire rancunière et malheureuse. A lire absolument !
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Sa préférée

« Sa préférée », est un premier roman puissant ! Que j’ai lu en une soirée sans pouvoir le lâcher ! On est saisi dès la première page par la violence de ce père rustre, tyrannique, cruel, maltraitant qui terrorise sa femme Claire et ses deux filles, Emma et Jeanne, la narratrice.



La famille vit dans un village Suisse des montagnes Valaisannes où dans les années 70 on est taiseux, on ne s’occupe pas de ce qui se passe chez les autres.

On suit Jeanne depuis son enfance jusqu’à l’âge adulte, sur son parcours de vie jonché par les obstacles inscrits par la violence jusque dans son corps.



Comment se construire sans amour paternel, aux côtés d’une mère aimante mais incapable de se sortir des griffes de son mari, cette mère reléguée au second plan, ne parvient pas à trouver l’énergie de sauver ses filles de la violence. Et pourtant…



Jeanne qui tient tête a son père, est la seule à parvenir à s’extirper de ce quotidien toxique et délétère par les études qui l’éloignent de sa famille. Mais Jeanne devient une femme au cœur en colère et révolté qui a des difficultés à aimer, à trouver l’apaisement. Comment se construire dans un tel contexte.



Ce roman fort en émotions où l’indicible est parfaitement décrit, remarquable. Une autrice Suisse à découvrir qui vient de recevoir le prix du roman Fnac 2022.
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Sa préférée



Un roman très émouvant écrit à la première personne par une femme qui essaye de se reconstruire après une enfance avec un père violent sadique avec sa mère sa sœur et elle

La famille le docteur qui voient et ne font rien

C'est tellement réaliste que j'ai cru que c'était une autobiographie mais non c'est inspiré de faits réels mais c'est une fiction

Roman très dure mais à lire car l'écriture est tellement vraie

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Sa préférée

#sapreferée

@sarahjolienfardel

@netgalleyfrance

#audiolib



La narratrice Jeanne grandit dans une vallée Valaisanne, où tout le monde se connaît, ou chacun sait que son père bat sa femme, ses enfants. Mais tout le monde se tait. Une vallée de taiseux, qui ne remue pas la fange, ferme les yeux malgré les rumeurs. Ferme les portes derrière les secrets



Ce roman est d'une violence crue, un cri de désespoir, l'obscénite, l'abject

Comment se construire quand régulièrement on reçoit les coups, on subit le venin des paroles?



"Ce monstre a le pouvoir terroriste de moduler l'air et l'ambiance "



Toujours sur le qui-vive, en vigilance, Jeanne n'a comme solution que fuir ailleurs, continuer des études, loin de cette famille dysonctionnelle, loin des coups, des mots.



"Derrière les mots la haine, la misère, la honte et la peur"



Comment se reconstruire sur un terreau meuble, un marécage sans racine, sans amour, sans savoir en donner, n'être que colère et blessée, meurtrie, traumatisée.



A Lausanne, le lac Leman est son île, sa rédemption, son exil, sa paix, hypnotique et fascinant.

Mais la vie s'acharne et son équilibre précaire s'écroule lorsque la mort mène la danse



Jeanne est marquée à vie, insoumise au père, et tellement fracassée, que son cri n'est que douleur, sa vie n'est qu'horreur et la culpabilité la foudroie pour avoir tourné le dos à sa sœur, sa mère. Pour les avoir laissées au monstre



Un livre d'une détresse immense dont on ne se relève pas, un livre percutant de douleur, un livre qui fait mal, les cicatrices à vif pour la vie. Jeanne ne connaît pas les codes, elle aime mal, elle quitte mal.



"Mon passé que je m'acharne à répudier me saute à la gorge"



Ce livre n'est qu'un tunnel sombre, ou Jeanne s'enfonce chaque jour un peu plus, elle, la fille de son père. Sa détresse nous broie, sa colère bouillonne en nous. Petite fille mal-aimée que l'on aimerait aider, soutenir, qui se bat avec hargne mais les degats sont irréversibles, se relever impossible.



L'auteure nous assène d'une écriture juste, acérée chirurgicale, percutante.

Un roman poignant, une claque, un hurlement.

Un roman bouleversant, terrifiant, le coeur brisé, la larme à l'œil.

Un livre qui secoue nos émotions laissant les meurtrissures se gangrener.



"La mort fige tout, la mort c'est l'effroi ".



La lectrice Lola Neymark est Jeanne, on ressent ses émotions, sa douleur et c'est d'autant plus troublant et fort, le coeur cabossé on suit la tragédie d'une vie lorsque l'on est mal né, que l'on vit sans rémission.

Terrifiant.
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Sa préférée

Le texte décrit l'enfance difficile de Jeanne, qui a grandi dans un petit village du Valais avec un père cruel et violent. Malgré les abus et l'indifférence des villageois, Jeanne parvient à s'échapper et à construire une nouvelle vie, mais les traumatismes de son enfance la hantent toujours. le texte montre également le portrait d'une région où le silence prédomine, à une époque où les abus ne sont pas encore "discutés" ouvertement.



Le texte est bouleversant, fort et dense. Même si le style n'est pas le même que celui de Sandrine Collette, j'ai régulièrement fait le parallèle avec l'autrice française, qui est une de mes auteures préférées. Il n'est pas possible de rester indifférent à cette histoire terrible



C'est dans sa version audio que j'ai découvert ce roman, elle est parfaitement interprétée par Nola Naymark, qui fait passer les émotions denses à la perfection. Pour être honnête j'avais hésité à prendre ce titre, je suis ravi d'avoir pris la bonne décision.



#Sapréférée #NetGalleyFrance
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Sa préférée

Outre le prix du roman Fnac, ce premier roman de Sarah Jollien-Fardel a reçu le premier Goncourt des détenus. Lancé par les ministres de la culture et de la justice en mars 2022, le projet est porté par le CNL et l’administration pénitentiaire, sous la direction de l’Académie Goncourt. Je trouve intéressant qu’il ait récompensé un roman sur la reconstruction d’une femme après avoir été persécutée pendant toute son enfance par son père. J’ai en effet que cela produise les mêmes effets bénéfiques que la justice restaurative.

Jeanne a grandi dans un village haut perché des montagnes valaisannes et dans la peur. Son père, alcoolique et violent, battait sa mère et sa sœur. Si toutes deux se résignent, Jeanne lui tient tête. A son tour victime de coups, elle se croit sauvée quand le médecin du village vient la soigner. Il n’en est rien. Elle restera marquée par cette lâcheté et cette désillusion. « D'une manière primaire et simpliste, j'avais décidé que les hommes n'étaient que des amène-douleur. » Avec le soutien de son institutrice, elle fuit, abandonnant sa mère et sa sœur. Même loin de chez elle, elle sursaute au moindre bruit. « Il suffit d'un éclat de voix, d'une bousculade dans la rue, d'une assiette qui se brise, pour que la peur et la haine remontent. »

Grâce au style incisif de Sarah Jollien-Fardel, on sent bien la tension dans la famille ainsi que toutes les émotions qui traversent Jeanne. « Je suis libre et indépendante, maligne, gay, sportive, forte, cultivée. Je suis brillante, paraît-il, mais pulvérisée en dedans, incapable de me relever de cette scène. » En le lisant, j’ai pensé à La vraie vie d’Aline Dieudonné et au film Jusqu’à la garde https://www.youtube.com/watch?v=3y1xokc7FeE

Coup de cœur pour ce roman.

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Sa préférée

« Je suis la fille de ce monstre, je suis la femme qui trompe, je suis la femme qui a frappé, je suis la femme sèche de l’intérieur, je suis la femme aux entrailles pourries, je suis la fille qui n’a sauvé ni sa mère ni sa sœur, je suis la fille d’un meurtrier, je suis la fille vide qui regarde son père mourir, je suis la femme qui n’écoute pas sa compagne lui dire : « Fais la paix ».

Je suis la femme sans rémission. »



Ce roman est un cri. Celui de Jeanne, la narratrice, broyée, enfermée qui va hurler l’abject, la violence physique et psychologique d’un père, ce monstre cruel.

Elle hurle ses tourments, sa culpabilité, sa terreur frénétique.

Elle s’époumone face à cette indifférence, ce silence d’un village qui ne veut pas voir, le mutisme de sa mère, la protection de sa sœur à tout prix.

Jeanne va tenter de s’échapper et part en exil à Lausanne : dans le lac Léman, elle tentera de se laver de son passé, se libérer de sa haine, ressurgir, si ce n’est oublier, avancer.

Et nous lecteur nous sommes percutés par sa violence, son cynisme. Nous sommes révoltés par la lâcheté de ces montagnards taiseux, indignés par l’impuissance, et horrifiés de lire cette enfance confisquée.

Cette femme nous touche en plein cœur, nous la suivons page après page, l’accompagnons à s’extirper de cette terre, s’extraire de cette soumission et Sarah Jollien-Fardel parvient à s’emparer de notre attention jusqu’au bout. Car si rabotés sont les mots, si violents sont ces sentiments, si intense est cette atmosphère, il n’en reste pas moins que subsiste un amour infini de Jeanne pour sa mère, pour sa sœur, pour Marine, pour Paul.

Jeanne se dirige vers le chemin de l’apaisement et jusqu’à la dernière page nous espérons !

Alors à votre tour faites connaissance avec l’écriture de Sarah Jollien-Fardel incisive, acerbe et efficace.



« A la place, infuser dans les limbes de mon chaos. Demeurer dans cette destructrice intranquillité. Je ne m’en arracherai pas. »


Lien : https://blogdelecturelepetit..
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Sa préférée

Impossible de lâcher ce livre une fois commencé. C'est court et l'écriture est fluide. On est emporté dans cette famille et dans ses drames. C'est poignant, bouleversant. Les personnages et les émotions sont justes et profond. Il se dégage une telle rage, une telle souffrance de ces lignes, on voudrait aider mais on ne fait rien. Un énorme coup de coeur pour moi. Cette lecture m'a percuté !
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Sa préférée

Encore un énième roman plus ou moins autobiographique sur les violences domestiques pourrait-on se dire à la lecture de la 4ème de couverture ! Oui, il s’agit bien de l’histoire d’un père qui violente sa femme et ses filles, au point de pousser l’aînée au suicide, de causer l’éloignement de la narratrice et le silence mutique de la mère. Mais il s’agit plus que cela.

A la manière d’un peintre, Sarah Jollien-Fardel brosse le portrait d’une terre âpre, reculée au fond du Valais, où le consentement par omission aux pires des violences ne se fait pas sans culpabilité, ni traumas dissimulés sous le boisseau. Si elles provoquent des haines irrévocables, elles ne font pas sans attachements du cœur et du sang. Puissant par une prose d’une rare qualité, ce roman frappe autant par l’horreur de l’histoire que par sa manière de la transcender pour en faire un objet littéraire et de réflexion.

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