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Critiques de Savinien de Cyrano de Bergerac (39)
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Du fabuleux voyage sur la lune que fit Cyra..

L’auteure a adapté le texte de L’Histoire comique des états et empires de la lune et elle a dessiné à la gouache les illustrations. Les jeunes à partir de dix ans peuvent découvrir ici seulement l’esprit du premier tiers de L’Histoire comique des états et empires de la lune de Cyrano de Bergerac écrit en 1649. Elle a bien rendu le dynamisme des actions à tonalité burlesque et fantastique, n’oubliant pas également la dimension culturelle autour de la vie à l’époque de Louis XIII tant sur le Vieux continent qu’au Canada. Au début et à la fin du récit, Adélaïde Lebrun fait intervenir Henry le Bret, préfacier et intime de l’auteur.



L’ouvrage de Cyrano de Bergerac appartient à l’ensemble des ouvrages précurseurs de la science-fiction et annonce le grand classique des Voyages de Gulliver (publié en 1729) que le jeune lectorat s’est annexé.



Cet ouvrage où l’illustration occupe une page pleine sur deux a un contenu et une présentation originale (faussement ancienne et luxueuse) qui fait que des petits lecteurs adhèreront facilement à la perspective de le lire en entier.




Lien : http://crdp.ac-amiens.fr/cdd..
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Du fabuleux voyage sur la lune que fit Cyra..

TRES BELLES ILLUSTRATIONS, TRES BELLE MISE EN PAGE.

Et cette version abrégée du voyage de Cyrano sur la Lune est très belle et idéale pour lire avec un enfant.
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Du fabuleux voyage sur la lune que fit Cyra..

Une très belle adaptation du texte de la première partie des Etats et empires sur la lune que fit Cyrano de Bergerac avec de plus une utilisation talentueuse de la gouache qui donne à l'ensemble une grande force émotionnelle. Ici c'est Henru le Bret un ami du célèbre auteur qui dit avoir trouvé son manuscrit. Cyrano de Bergerac est le narrateur. Après un début d'histoire à Clamart (non loin de Pais) et en Amérique du nord, le héros arrive sur la lune (par une fusée) et y découvre un univers merveilleux. Un des premiers livres de science-fiction dans l'histoire de la littérature.
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Du fabuleux voyage sur la lune que fit Cyra..

Par delà de personnage de Rostand, Cyrano de Bergerac était un auteur bien réel qui publiait de la science-fiction... au 17e siècle.



Bon, je vous entends : "ce n'est pas VRAIMENT de la science-fiction parce que c'est plutôt des contes philosophiques".



Alors, oui et non. Il tente bien d'utiliser la rencontre avec les habitants de la lune et du soleil (aouch) pour promouvoir une pensée plutôt libertaire/libertine. Mais il tente aussi de donner de la crédibilité à son texte en utilisant réellement certaines connaissances scientifiques de son époque.



Et puis, parenthèse chauvine : Le protagoniste réussit son décollage vers la lune après avoir fêté la St-Jean-Baptiste au Québec! (C'est notre fête nationale.)
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Histoire comique des états et empires de la L..

Écrit vers 1650, ce livre est considéré comme le premier de science-fiction française, voire mondiale. De proto-science-fiction, devrais-je dire, puisque le genre science-fiction n’existait évidemment pas à l’époque.

J’ai trouvé le récit assez confus, et le vieux français n’aide pas vraiment à la fluidité de lecture.

L’auteur raconte un voyage extraordinaire qu’il a fait par la voie des airs jusqu’à la Lune, où il rencontre des habitants qui ont des coutumes assez proches de celle de la Terre, mais en plus « moderne ». Par l’entremise de son conte imaginaire, il en profite pour faire une satire de son époque, notamment avec des propos subversifs, contraires aux pensées établies et religieuses de son temps.

Ses moyens d’envol sont des plus farfelus : des fioles remplies de rosée, puisque la rosée est attirée par le soleil, ou encore une machine à fusées et de la moelle de bœuf…

En conclusion, la lecture est ardue, mais n’est pas dénuée d’intérêt par l’aperçu qu’elle donne sur les débats et les connaissances scientifiques, certes très approximatives, de l’époque.

À lire plutôt pour sa culture générale, comme le précurseur ultime, mais en ce qui concerne l’intérêt littéraire ou romanesque, bof, passer votre chemin.
Lien : https://www.pascific.fr/1657..
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L'autre monde

Non, ce livre n'est pas accessible. Le Français est une langue vivante et a beaucoup évolué depuis les années 1600. Soit, que ce soit en terme de vocabulaire ou de formulations, de nombreuses divergences existent avec le Français que l'on pratique aujourd'hui. Certains mots présents dans le roman sont maintenant oubliés, d'autres orthographiés différemment. Quant aux phrases, elles sont souvent longues alors que l'on privilégierait actuellement les tournures courtes et directes. Un temps d'adaptation et une concentration maximales sont par conséquent nécessaires pour appréhender le bouquin.



Une fois l'obstacle de langue franchi, on découvre un univers fascinant. D'autant plus fascinant que cette œuvre est considérée comme l'un des tout premiers romans de science-fiction publiés. A travers ces deux voyages, Cyrano de Bergerac décrit deux mondes avec leurs propres modes de vie et de pensée (parfois différents du nôtre, parfois identiques). Avec humour, il interroge ainsi sur sa propre époque, tout en posant les bases d'un genre littéraire dont le succès ne cesse de se démontrer. En cela, je recommande cette lecture, à minima en tant que pièce historique.
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La mort d'Agrippine

Pour découvrir Cyrano de Bergerac l'auteur, j'ai suivi les conseils de 5Arabella qui me recommandait la Mort d'Agripinne. J'ai y trouvé une tragédie pleine de bruits et de fureur, de mensonges, de trahisons, de haines et de vengeance. Quasiment tous les personnages conspirent contre l'Empereur Tibère et veulent le tuer pour se venger et s'emparer eux-mêmes du pouvoir, et, pour cela, sont prêts à se servir les uns des autres par la dissimulation et la manipulation. Les personnages principaux feintent, s'échangent des vœux d'amour et des promesses de mariage, se complimentent en face à face, et, dans leurs monologues ou dans leurs échanges avec leurs proches, ils avouent avoir menti et se servir de l'autre. J'ai ainsi douté : Agripinne aime-t'elle Séjanus ? Elle le lui dit, mais affirme ensuite à son amie ne vouloir que se servir de lui pour assassiner Tibère, responsable selon elle de la mort de son mari, un des héros de Rome, Germanicus. Elle promet la fidélité à son époux mort, tout en désirant - avec la connotation physique du mot - semble-t-il accueillir Séjanus dans sa couche. Mais, surtout, elle veut qu'il l'aide à devenir impératrice. Elle souhaite le pouvoir pour elle-même, elle le revendique, en mettant en avant ses qualités : elle commande aux armées par le pouvoir du nom de son mari, elle a donné un héritier mâle à Germanicus - son fils, elle est d'aussi bonne lignée que Tibère puisqu'elle descend elle-aussi d'Auguste. C'est donc un personnage fascinant, prêt à tout. J'ai beaucoup aimé son dialogue central avec Tibère, d'un rythme très rapide grâce à la succession de répliques d'un seul vers qui montrent toute la tension et la violence des sentiments entre eux : ils se détestent, ils veulent la mort l'un de l'autre, mais en apparence ils se complimentent et se font des cadeaux.

La grandeur d'Agripinne vient aussi de ses faiblesses, de ses failles : ce n'est pas un personnage uniquement de monstre féminin comme Médée ou Rodogune par exemple chez Corneille. Ainsi, elle fait des cauchemars, rêvant du retour accusateur de Germanicus qui lui demande de hâter sa vengeance.

Tibère, lui, est moins marquant - moins présent, moins intelligent aussi semble-t-il puisqu'il ne déjoue pas seul les complots, il a besoin d'une dénonciation. Non, c'est Séjanus l'autre figure marquante de la pièce. D'abord, selon moi, parce qu'il représente une volonté d'ascension sociale : lui n'est pas fils, neveu, gendre, époux... d'Empereur, il ne descend pas d'Auguste. Mais il veut conquérir le pouvoir suprême ; après tout, il est homme lui aussi, Tibère n'a rien de plus que lui. Et c'est sa deuxième caractéristique : il ne croit pas au surnaturel et aux interventions divines. Il ne veut donc pas respecter l'Empereur parce qu'il serait le représentant des dieux. Il n'interprète pas les oracles et les présages - la scène est d'ailleurs presque drôle avec notre regard contemporain beaucoup moins religieux : pour Séjanus, ce n'est pas dans la météo ou dans les entrailles des animaux sacrifiés qu'on peut connaître ou non la réussite d'un projet... Séjanus rejette donc l'influence des dieux sur la vie des hommes, et par là-même, il rejette l'influence de l'Empereur sur ses sujets. Il rejette donc toute forme d'autorité supérieure, et meurt en homme libre, fidèle à ses convictions.
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La mort d'Agrippine

La mort d'Agrippine est une tragédie en alexandrins racontant la tentative de vengeance d'Agrippine l'Aînée à l'encontre des responsables de la mort de son mari Germanicus (c'est la version de Tacite de l'empoisonnement du général romain qui est exploitée par Cyrano de Bergerac) parmi lesquels l'Empereur Tibère et Séjan (Séjanus dans la pièce), le préfet du prétoire, à qui elle promet sa main et le trône en échange de son aide.

L'intérêt de la pièce est multiple. Tout d'abord, la versification est de grande qualité, sauf étonnamment quelques vers ici ou là qui m'ont paru vraiment très pauvres et très plats. Dans la mise en scène en revanche, j'ai trouvé que l'auteur abusait des conciliabules entre ses personnages centraux et leurs confidents, ce qui nuit au rythme et au développement du drame.

Un autre intérêt néanmoins est la complexité des relations entre les personnages : Séjanus est à la fois l'objet et une des cibles de la vengeance d'Agrippine ; Livilla, a promis les mêmes choses d'Agrippine à Séjanus mais supporte mal sa rivale ; enfin Agrippine, prête à tout, pour honorer sa parole de venger Germanicus, tente de manipuler les une et les autres. Là, il y une petite faiblesse car, à aucun moment, Tibère (qui n'est pas un tendre) ne songe à s'en prendre à Caligula, le fils d'Agrippine, qui deviendra empereur (et réhabilitera sa mère).

Troisième point intéressant : la liberté des sujets abordés par Cyrano de Bergerac. Séjanus est ouvertement athée (c'est un peu lui le vrai anti-héros de la pièce) et nie toute vie après la mort. Tibère, malgré sa grandeur, est un puissant vraiment détestable et l'auteur n'est donc pas en train de flagorner auprès du monarque en place sur le thème "dur mais juste". Le libertinage, parfois évoqué pour cette pièce, passe au second plan. Livilla est peut-être concernée mais Agrippine est fidèle à son défunt époux et ne propose une union à Séjanus que pour arriver à ses fins.

Dans sa détermination, dans sa noblesse qui s'abaisse pour vaincre, dans son sacrifice, j'ai trouvé qu'Agrippine avait beaucoup de points communs avec l'Andromaque de Racine. Cette pièce étant une de mes préférées, la ressemblance entre les deux veuves est donc mon quatrième motif d'intérêt pour la pièce.

Pour les amateurs de théâtre classique sur les sujets antiques, cette pièce est à lire absolument.
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La mort d'Agrippine

Il s'agit de la seule tragédie écrite par Cyrano de Bergerac, elle a été jouée au théâtre, en 1653 ou 1654, la création semble avoir eu lieu au prestigieux Hôtel de Bourgogne. Très vite enlevée de l'affiche, elle sera publiée dans la foulée, cette édition sera vite épuisée, grâce à la réputation sulfureuse de la pièce.



En apparence, Cyrano de Bergerac respecte le cadre d'une tragédie classique, à sujet romain. Nous sommes sous le règne de Tibère. Agrippine, la petite fille d'Auguste, et veuve de Germanicus, pense que son mari a été empoisonné sur l'ordre de Tibère, et entend tirer vengeance. Elle complote avec Sejanus, le favori de Tibère, à qui elle promet de l'épouser après la mort de l'empereur. Mais Sejanus est aimé par Livilla, soeur de Germanicus et bru de Tibère. Cette dernière finira pas dénoncer le complot qui se trame contre la vie de Tibère, pour punir la trahison de Sejanus qui lui préfère Agrippine. Elle se tuera, et l'empereur fera tuer Séjanus et Agrippine.



La pièce, avec ses personnages de furieux, prêts à tout pour se venger, à anéantir leurs ennemis, et surtout y laisser leur propre vie, se rapproche d'une esthétique baroque de l'excès. Comme la langue de Cyrano, avec ses tournures complexes. Cela semble par certains aspects un retour en arrière nous sommes dans un théâtre moins policé, moins normé, celui de Tristan l'Hermite, de Rotrou, de Théophile de Viau. Les personnages sont dans le mensonge, dans la manipulation permanente, ils jouent sans arrêt, font semblant, ils s'égarent dans un labyrinthe de faux semblants et duperies, qui en deviennent une fin en soi.



Mais ce qui différencie cette pièce des autres, c'est la philosophie libertine et épicurienne qu'elle exprime d'une façon très directe, ce qui a provoqué son retrait rapide de la scène. C'est le personnage de Sejanus qui exprime cette philosophie de la façon la plus marquée.



Libertine s'entend au sens de libre pensée, dégagée des dogmes en particulier religieux. Certaines répliques de Sejanus laissent penser qu'il est athée. En accord avec la pensée épicurienne, Sejanus exprime l'absence de la crainte de la mort et des dieux. Il dit très clairement l'usage politique de l'invention des dieux, qui permet de faire peur et de manipuler la foule. Aucun regret, aucune mort édifiante. Les personnages se consument par leurs excès, sans remords, sans mauvaise conscience et sans aucune envie de vouloir faire autrement.



De même, Sejanus ne considère pas que Tibère, de par sa naissance, de par son origine royale, et donc quelque part divine, lui est supérieur. Il veut devenir empereur, et considère qu'il en a aussi le droit que celui qui occupe le trône. Comme Tibère est le personnage le plus faible, le plus minable de la pièce, Cyrano semble quelque part lui donner raison ; cela semble une contestation de la légitimité du pouvoir royal. Nous sommes loin des hommages et flatteries outrés d'un Racine dans Alexandre le Grand.



Pièces atypique, très singulière, Agrippine mériterait d'être plus connue. La mise en scène proposée par Daniel Mesguich au festival d'Avignon cette année, pourra peut-être enfin lui permettre d'être plus lue et jouée.
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Le Pédant Joué

Ou quand le personnage de fiction – le Cyrano de Rostand – est un plus grand poète que son modèle historique du XVII ème siècle, l'auteur de cette pièce... Cyrano est tellement une pièce que j'admire, qui me fait rire et pleurer à chaque fois, qu'il fallait que je découvre l'écrivain dans l'ombre du personange.

Et je suis plutôt déçue de cette pièce, que je n'ai pas trouvé facile à lire... Comme un mauvais croisement entre Molière, la commedia dell'arte et Corneille : un vieux père qui veut épouser la maîtresse de son fils, et donc deux couples de jeunes aux amours contrariées, du théâtre dans le théâtre, des bastonnades, un valet rusé, des paysans qui parlent le patois – je n'ai compris aucune tirade de ce personnage, des citations latines déformées pour faire rire, des Turcs, une galère, un personnage bouffon de Capitan, ce soldat vantard en paroles mais poltron et mauvais combattant ; on est loin une nouvelle fois de Cyrano et des cadets de Gascogne ! Oui, j'ai eu l'impression d'avoir déjà lu tout ça, mais en moins bien.

Et les personnages ne m'ont pas intéressée : les jeunes amantes sont quasiment inexistantes – je n'ai d'ailleurs pas compris l'intérêt d'une double intrigue avec un deuxième couple, je me suis perdue dans les personnages qui entourent le Pédant, valets, courtisans... Les longues tirades du paysan et du Capitan me semblaient peu accessibles, le Capitan ne parlant qu'en périphrases, qu'en références mythologiques. On est loin de la poésie de Cyrano. Quant au pédant, c'est, si j'ai bien compris, un professeur - il y a plusieurs mentions d'une université, en tout cas quelqu'un qui enseigne, dont le savoir est reconnu. Mais le sens évolue justement au XVII ème siècle pour renvoyer à quelqu'un qui étale ses connaissances, sans comprendre tout ce qu'il raconte. On peut penser au Maître de philosophie ou aux docteurs de Molière. Là, ce personnage ridicule ne m'a pas fait rire, parce que je ne comprenais pas du tout toutes les allusions dans ses phrases puisqu'il mélange références mythologiques, scientifiques, scolastiques, rhétoriques... Ce n'est pas clair, trop compliqué pour faire rire aujourd'hui.

Un auteur qui n'est pas ici à la hauteur du personnage de légende qu'il est devenu au XIX ème siècle.
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Le Pédant Joué

J'ai un avis très partagé sur cette pièce tant l'écrivain Cyrano est "pollué" par le personnage Cyrano. La lecture de cette pièce donne d'ailleurs des pistes pour suivre l'inspiration d'Edmond Rostand. Difficile de ne pas être déçue que l'auteur ne soit pas à la hauteur du personnage, que les dialogues en prose du Pédant joué ne rivalisent pas avec les alexandrins soufflés à Christian de Neuvillette ou avoué à Roxane. Il me faut lire La mort d'Agrippine pour donner une seconde chance à M. de Cyrano.

Le sujet du Pédant joué est celui que Molière rendra célèbre, des jeunes gens amoureux, des parents rétifs (quoique là le père et le fils soient concurrents en matière d'amour ce qui est original) et un malicieux valet qui arrange tout au service de sa majesté l'amour. C'est de la gentille comédie, sans plus.

Certains passages en revanche sortent de l'ordinaire et rappelle le caractère fantasque de Cyrano, en particulier le monologue absurde de Châteaufort et les explications du provincial qui parle dravie (comme on dit en Picardie).

L'auteur de comédie ne m'a pas convaincue, on verra comment le dramaturge s'y prendra pour me séduire !
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Le Pédant Joué

À quoi s'attendre avec un titre pareil ? J'imaginais avant cette lecture une forme de mise en abîme, du théâtre dans le théâtre, sous couleur d'une grosse farce pas forcément hyper drôle. Je n'avais jamais rien lu auparavant de Cyrano de Bergerac et, la curiosité aidant, j'ai voulu savoir.

Je me suis alors rendue compte en cheminant dans cette pièce que le terme " joué " signifiait plutôt " trompé " que " mis en scène ". Puis, à l'extrême fin du cinquième acte, alors que je ne l'attendais plus, la mise en abîme pressentie a finalement montré le bout de son nez, timidement, par la fente du rideau.

Bon, je vais être franche, cette pièce m'a un peu barbée, voire beaucoup barbée et pourtant — pourtant ! — ne m'en déplaise, je lui trouve aussi de très grandes qualités. C'est confus ce que je vous dis, n'est-ce pas ? Oui, je trouve aussi. Il me faut clarifier tout ça.

Acte 1 : une pièce ennuyeuse.

Oui, cette comédie est barbante car Cyrano de Bergerac écrit le pire baroque qui soit avec une pléthore de déclinaisons sur un même thème, avec un mélange de termes ronflants et de latin entremêlés qui lasse énormément à la longue. Des tournures ampoulées à gogo, des références antiques et absconses à foison, bref, du lourd, du bien indigeste et au final, une impression d'ennui, due non pas à l'intrigue ni au manque de rythme mais à l'épaisseur visqueuse du langage employé.

Acte 2 : une pièce lumineuse prélude à des chefs-d'œuvres majeurs.

Alors quoi ? Qu'y a-t-il au fond de cette mélasse qui puisse impressionner les siècles et produire une descendance florissante ?

Eh bien, mes chers, cette pièce n'est ni plus ni moins que le modèle de l'une des plus fameuses comédies de Molière, j'ai nommé Les Fourberies De Scapin. C'est presque indécent de voir à quel point Molière a pompé cette pièce pour façonner la sienne. Le " que diable allait-il faire dans cette galère ? ", le personnage même de Scapin, copie exacte du Corbineli de ce Pédant Joué ainsi qu'une foule d'autres points.

Mais ce n'est pas tout. Il y a dans Le Pédant Joué certaines saillies, certaines joutes verbales absolument savoureuses et qui ont immanquablement inspiré Edmond Rostand pour l'écriture, voire le scénario, de son célébrissime Cyrano De Bergerac. Tout y est en germe, on y trouve déjà la réplique du nez qui le précède d'un quart d'heure et la grandiloquence du personnage de Cyrano se retrouve chez beaucoup des personnages de la pièce, notamment Granger et Châteaufort, mais pas seulement. On devine Roxane en Genevote, Christian en Granger Le Jeune, le comte de Guiche en La Tremblaye, etc.

Donc, voyez, ce n'est pas tous les jours qu'on a le sentiment de lire un mélange de Fourberies de Scapin et de Cyrano De Bregerac.

Qu'en est-il de l'histoire ? Granger est universitaire, un pédant, qui en oublie parfois de parler français tant les termes latins lui dégoulinent de la bouche. Il est père d'un charmant jeune homme, Granger le jeune, et d'une charmante jeune fille, Manon. Un certain nombre de prétendants désirent s'accoupler à ladite Manon.

De son côté, Granger s'est amouraché de Genevote, laquelle Genevote a donné son suffrage au fils, qui lui aussi voterait bien pour elle, s'il avait quelques écus en poche et le consentement paternel.

Ainsi, père et fils convoitent le même cœur et s'en trouvent bel et bien rivaux sur ce plan. Voilà pourquoi le père charge le fils d'une mission bidon en la lointaine Venise ayant pour seul but de l'éloigner de sa tendre aimée.

Les plans du père eussent été parfait sans le recours aux talents de roublardise de Corbineli, valet de Granger le jeune qui imagine une efficace machination pour rouler le vieux... et que diable allait-il faire dans cette galère !

Je ne vous en dis pas plus sur un scénario que je risquerais de trop fortement déflorer si j'en évoquais davantage.

En somme, une comédie intéressante d'un point de vue ontogénique sur deux pièces maîtresse du répertoire français, mais pas franchement captivante à lire de par l'exagération des fioritures verbales.

Mais bien entendu, ceci n'est qu'un avis et le mieux sera toujours que vous vous fassiez le vôtre par vous-même.
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Le Pédant Joué

Le nom de Cyrano de Bergerac évoque surtout actuellement la pièce d’Edmond Rostand, qui s’est inspiré librement de la vie du personnage réel pour écrire son œuvre, devenu une des pièces françaises parmi les plus jouées. Le vrai Cyrano et Bergerac et ses écrits sont un peu dans l’ombre de la création théâtrale de Rostand, dont la pièce transforme énormément la vie de son modèle, même si certains éléments sont vrais (par exemple sa haine du comédien Montfleury). On cite néanmoins assez souvent L’autre monde ou États et empires de la Lune, surtout dans les écrits pré-curseurs de la science fiction. Ce livre est un fait une sorte de conte philosophique, qui exprime des conceptions libertines (au sens de libre pensée, qui remet en cause les dogmes établis, en particulier religieux) du monde, un manifeste matérialiste. Mais Cyrano n’a pas écrit que cela, il est entre autres, aussi l’auteur de deux pièces de théâtre, dont ce Pédant joué.



Cette pièce ne semble pas avoir été jouée du vivant de l’auteur, en tous les cas pas dans un théâtre public, l’allusion au mariage de Marie de Gonzague avec le roi de Pologne semblent situer sa rédaction en 1645 ou 1646. Elle a été publiée en 1654, mais des versions manuscrites circulaient précédemment, comme c’était souvent le cas pour les textes libertins, et elle semble avoir été très lues dans ces milieux. La première version imprimée a été quelque peu expurgée de certains éléments sulfureux, en particulier sur le plan religieux. Ces éléments sont une des raisons pour lesquelles elle était injouable à l’époque, le théâtre contre lequel une partie du clergé se déchaînait, et condamnait le caractère immoral, était particulièrement surveillé. La plupart de ces éléments nous sont difficilement compréhensibles aujourd’hui, comme le fait de faire des rapprochements entre des éléments bibliques et mythologiques (par exemple Thyeste et Josué); j’ai plus été frappée par l’affirmation « Copernic a dit vrai, ce n’est pas le ciel, en effet, c’est la terre qui tourne » (acte IV, scène VIII)  alors que la condamnation de Galilée est toute récente (1633). Donc malgré l’aspect comédie, voire farce de l’oeuvre, une dimension philosophique n’en est pas absente, même si elle peut nous échapper en partie.



La pièce reprend une intrigue des plus classique à l’époque, venue de la comédie italienne, qui elle-même s’est inspirée de la comédie antique : il s’agit d’amours contrariés de jeunes gens, qui grâce à un valet ingénieux vont surmonter les obstacles et épouser celles qu’ils aiment et qui les aiment, tout en tournant en ridicule un vieillard, il ne manque même pas un Capitan, un fanfaron ridicule. Mais le vieillard (le pédant du titre) a eu dans ce cas un modèle, Jean Grangier, principal du collège de Beauvais ou Cyrano a fait ses études. Il s’agit donc de la satire de ce personnage réel (mort lorsque Cyrano écrit son texte), avec qui Cyrano devait avoir des comptes à régler.



Ce qui fait l’originalité de la pièce, mais aussi sa plus grande difficulté de lecture, tout au moins pour le lecteur moderne, c’est la langage. Les propos de Grangier, mais aussi d’autres personnages plus ou moins instruits, sont truffés de citations latines, de « latinismes » d’allusions mythologiques ou bibliques, les tournures de phrases sont pour le moins complexes. Il y a aussi un personnage de paysan qui utilise à outrance du patois. Le langage de Cyrano semble faire depuis le milieu du XXe siècle l’objet d’attentions particulières de la part de chercheurs en littérature, certains n’ont pas hésité à y voir un précurseur de jeux sur le langage du XXe siècle, et prêter à Cyrano l’intention de démontrer la puissance d’aliénation du langage, la maîtrise que l’on s’assure sur les autres par le langage, donc une dimension politique. J’avoue que j’ai trouvé cela surtout très difficile à lire, beaucoup de choses m’ont sans doute échappé, mais ce ne fut vraiment pas une partie de plaisir. J’avais eu beaucoup moins de difficultés à entrer dans les États et empires de la Lune. Ce texte est donc avant tout une curiosité, plus réservé aux spécialistes qu’au lecteur lambda.



Néanmoins, il a visiblement été lu à son époque par un certain nombre de gens, et pas des moindres : Molière a repris un certain nombre d’éléments, en particulier dans Les fourberies de Scapin. Le plus visible est « Mais qu’allait-il faire dans cette galère » que tout le monde ou presque connaît. Au XVIIe siècle reprendre des choses chez d’autres écrivains était tout simplement une pratique courante, et il pouvait s’agir d’hommage, d’une forme de reconnaissance, cela montrait le rayonnement d’un auteur et de ses écrits.



On peut aussi évoquer Edmond Rostand : la fameuse tirade du nez trouve un précédent dans la pièce de Cyrano (ce qui montre que Rostand connaissait bien son œuvre).



Je suis contente d’être venue à bout de ce texte, mais il n’y aucune chance que je le reprenne, cela m’a demandé trop d’efforts.
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Le roman de la lune

Avec :

1. Les Etats et empires de la lune (Cyrano de Bergerac - 1657)

2. Le voyage dans la lune (Louis Desnoyers - 1889)

3. Aventure sans pareille d'un certain Hans Pfaall (Edgar Allan Poe - 1835)

4. Un voyage à la Lune (Alexandre Dumas - 1857)

5. De la Terre à la Lune (Jules Verne - 1865)

6. Les premiers hommes dans la Lune (H.G. Wells - 1901)

7. Les Luniens (Pierre Boulle - 1957)



Le Roman de La Lune, sorti aux éditions Omnibus est un recueil comprenant sept textes, trois romans et quatre nouvelles, consacrés, on s'en doute, à l'astre lunaire.

S’étalant entre le XVIIeme et le milieu du XXeme siècle, les différents récits naviguent entre voyages, imaginaires ou non, faisant avant tout office de critiques sociales et/ou récits philosophiques (les textes de Cyrano de Bergerac, Louis Desnoyers, Alexandre Dumas et Pierre Boule) et « Proto » Science Fiction, non dénués d'humour pour certains (les classiques de Poe, Verne et Wells).



Malgré la grande qualité de ces textes, presque tous des classiques, cet Omnibus s'avère finalement plutôt décevant. Les textes étant pour la plupart facilement trouvables, tout l’intérêt du recueil réside dans sa valeur ajoutée : les dossiers. Et c'est loin d'être fameux.

Seul le texte faisant office d'introduction présente quelque intérêt, revenant sur la lune de façon historique et symbolique, puis dressant son histoire littéraire de l'antiquité à nos jours, pour terminer par son arrivée dans le septième art. Le dossier clôturant le recueil, quant à lui, est inintéressant au possible et ne fait que balancer pèle-mêle des extraits d’œuvres plus ou moins liées à notre satellite, sans aucune explication. On ne reviendra pas sur la bibliographie rachitique, tellement bâclée qu'elle en devient ridicule.



Bref, un recueil à ne conseiller qu'à ceux qui, comme moi, étaient jusque là passés à côté de ces classiques, pour peu qu'on le trouve à un prix raisonnable.
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Les États et Empires de la lune

J'ai lu ce livre ni contrainte ni forcée, par pure curiosités suite à ma lecture de la série de bande dessinée de cape et de croc.



Et on toute honnêteté, je me suis plutôt ennuyée. J'ai trouvé le style assez lourd, et les longueurs nombreuses. Le livre à un côté vieilli qui à mon gout rend la lecture pénible.



Bref j'ai été assez déçue.
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Les Etats et Empires de la Lune ; Les Etats..

En voilà un livre qui défie les catégories littéraires ! Les voyages intersidéraux de Cyrano de Bergerac sont parfois considérés comme précurseurs de la science-fiction. Mais s'il y a là effectivement de la fiction fondée sur la science, on trouve au moins autant de merveilleux, de vulgarisation scientifique, de parodie, de débats philosophiques, etc. Tout d'abord, c'est avec la plus grande rigueur démonstrative que le narrateur nous explique les moyens farfelus qu'il met en oeuvre pour tenter de marcher sur la Lune dès le XVIIème siècle (flacons de rosée censés l'entraîner dans leur évaporation, machine volante… Rostand s'en souviendra et en ajoutera d'autres dans la scène 13 de l'acte III de sa fameuse pièce inspirée de la vie de l’auteur). Et comme de bien entendu, ces techniques impossibles sont couronnées de succès … quoique pas toujours exactement comme prévu ! Ces envolées merveilleuses amènent le narrateur dans des univers bien loin des cratères blanchâtres et désolés de la Lune ou de la fournaise du Soleil tels que nous les connaissons. Il visite des mondes régis par l'imagination, théâtres de dialogues insolites et souvent iconoclastes avec des extraterrestres très divers, parfois directement issus de la planète bleue (donc pas si extraterrestres). Dans ces longues traversées théoriques globalement compréhensibles mais pas toujours très digestes (à ne pas lire en janvier en période de galette… oups, ce fut mon cas…), on passe en revue les connaissances scientifiques les plus avancées de 1650 (de Galilée à Descartes), mais on les mêle à des paradigmes dépassés de la Grèce antique. Un fourre-tout contradictoire qui rend le narrateur d'abord confus et passif (sur la Lune), puis sceptique et soupçonneux (sur le Soleil), si bien que le lecteur est naturellement invité à prendre du recul vis à vis des dogmes.



L'une des principales idéologies victime de cette distance ironique s'avère être l'anthropocentrisme. Cyrano intente littéralement un procès à cette vision du monde, puisque chez certains habitants de l'Autre monde, le simple fait d'être un homme constitue un crime capital. Pour l'utopie, on repassera ! Les préjugés et l'aversion pour la différence demeurent, même au-delà de la Terre. L'alter ego de Cyrano est indifféremment condamné d'un monde à l'autre, tant sa posture de libre-penseur dérange ici et là-haut.



La première rencontre avec l'un des habitants de la Lune est une déclaration d'intention éloquente, puisqu'il « a l'impudence de railler sur les choses saintes » en discutant avec le prophète biblique Hélie au sein d'un paradis terrestre reconstitué. Sans surprise, ce passage fut censuré dans la publication originelle. Ainsi la fiction reflète-t-elle la posture de Cyrano dans un monde où la monarchie (bientôt absolue) tolère mal des hurluberlus tels que lui. Étranger dans son pays comme dans les autres mondes, l'avatar littéraire de Cyrano est livré à l'entropie. Le savoir est incertain. Il suppose une adaptation permanente, une remise en cause des raisonnements faussés par l'étroitesse de l'entendement humain.



J'ai préféré dans l'ensemble le voyage vers le Soleil, qui délaisse quelque peu la vulgarisation scientifique pour renforcer les références aux mythes antiques et les images poétiques, composant une véritable géographie allégorique où le mouvement est primordial : mouvement des âmes attirées par le soleil, métamorphoses et envol de ses habitants, et épanchement des fleuves primordiaux de la Mémoire, de l'Imagination et du Jugement autour du lac du sommeil et des fontaines des cinq sens. On est loin de la construction un peu guindée de beaucoup d’utopies fondées sur la vertu, la régulation des passions, etc. Cyrano crée un monde bien à lui, où l'instabilité, la sérendipité restituent les aléas du réel et permettent de moquer les auteurs et les idéologies ayant prétendu tout expliquer et tout englober en leur pensée, tels Descartes, dont l'apparition attendue sera finalement snobée par l'auteur, qui achève donc son texte en queue de poisson. Cela mériterait-il un procès ?



PS : cette idée de lecture m'est venue d'une (L)utopie contemporaine, que je remercie)
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Les Etats et Empires de la Lune ; Les Etats..

Si vous voulez apprendre comment on enterre son meilleur ami dans les pays de Lune. Ine imagination bizarre et assez fascinante. Un XVIIème siècle inattendu, bien éloigné de l'idéologie classique !
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Les Etats et Empires de la Lune ; Les Etats..

Un livre qui mériterai à son auteur d'être plus connu que la pièce qu'Edmond Rostand fit sur lui et l'idée qu'il s'en faisait.

Nous sommes ici en présence du premier roman reconnu "officiellement" comme roman de science-fiction. Le narrateur nous explique ses tentatvies pour aller sur la Lune, sa réussite et ses rencontres sur l'astre des nuits.

Très sympathique à lire, bien qu'un peu confus par moments.

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Les Etats et Empires de la Lune ; Les Etats..

Parfois la fiction nous fait prendre des vessies pour des lanternes. Parfois, c’est le contraire. Ainsi, je m’étais toujours imaginé que le Cyrano de Rostand n’était sorti que de l’imagination du romancier, à l’image de Jean Valjean, David Copperfield ou Julien Sorel.

Pourtant Savinien de Cyrano de Bergerac a réellement existé, mort en 1655 à l’âge de 36 ans.

Ecrivain, poète mais aussi féru de sciences dans un siècle où l’on cherchait à découvrir le sens des choses, d’y voir plus clair dans l’ombre de la matière ou encore comment tout cela était organisé. A une époque où la science balbutiante était encore impuissante à expliquer, à démontrer par l’expérience, il ne fallait compter que sur la seule raison pour expliquer quelques phénomènes majeurs. L’ombre de Descartes plane sur le roman.

Les empires du soleil et de la lune, c’est Jules Verne trois siècles plus tôt, mais c’est surtout le prétexte d’une critique sans concession de la société d’alors, encore engluée dans les superstitions religieuses ou païennes.

Visionnaire à plus d’un titre, ce voyage interstellaire s’appuie sur de vraies constantes physiques, à partir desquelles la poésie et l’imagination peut alors prendre le relais. On découvre un monde où l’on parle en musique en ce qui concerne la haute société ou, plus simplement, par gestes et mimiques. Un monde où on se contente de se nourrir de fumets et vapeurs en guise d’aliments : c’est plus sain et aussi nourrissant. On flirte avec le burlesque lorsque, à la chasse aux pigeons, ceux-ci tombent à la fois rôtis et assaisonnés grâce à l’emploi de fusils révolutionnaires.

Cyrano, par le biais de ses personnages lunaires ou solaires, permet le changement de point de vue qui met en perspective nos us et coutumes, jusqu’à parler de végétarisme et remettre en question la déférence que l’on doit aux ainés lors d’une thèse bien sentie sur ce que l’on doit plutôt à nos enfants.

Récréatif et jubilatoire lorsqu’il décrit ces empires où la seule monnaie se réduit à payer en vers (Rostand s’en serait-il inspiré pour son personnage de Ragueneau?).

Cyrano serait-il le tout premier écologiste?

En revanche, on rencontre quelques lourdeurs quand les théories s’embourbent dans de trop longues explications.



Enfin, bien que la langue du XVIIème ait été modernisée pour faciliter la compréhension (ce n’est pas le cas de l’appendice sur les lois de la physique et quiconque y jettera un œil comprendra de quoi je parle), les mots ont été conservés et c’est un bonheur et un ravissement pour tous les amateurs d’étymologie et amoureux des mots.

On se rend alors compte qu’ils évoluent au fil des siècles comme un visage change en prenant de l’âge. Ainsi les émotions étaient plus géographiques à l’époque et indiquaient un déplacement bien réel… on peut faire le rapprochement avec le mot Transport qui désigne sensiblement la même chose actuellement mais qui, à l’époque et jusqu’au XIXème, indiquait des changements d’humeur (l’émotion). Joli exemple de chassé croisé.

Juste retour des choses et prix à payer : le texte est ainsi truffé de notes, ralentissant d’autant la lecture.

Bien entendu le roman est inachevé : on ne croisera donc pas Descartes, une rencontre ratée qui laissait pourtant présager de grands moments philosophiques.

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Les Etats et Empires de la Lune ; Les Etats..

C'est en digne philosophe du mouvement des libertins érudits que Cyrano de Bergerac nous offre cette œuvre majeure, autrement appelée l'Autre Monde (L’Autre monde ou Les États et Empires de la lune et du soleil ou encore Histoire comique des États et Empires de la Lune et du Soleil), œuvre que les philosophes renvoient volontiers à la littérature, d'où l'habitude prise d'y déceler un soi-disant proto-roman d'anticipation. Alors que dire de Tchouang Tseu ne sachant plus s'il rêvait qu'il était un papillon ou un papillon rêvant qu'il était lui-même, y verrait-on de la science fiction ? Il n'y a pas plus d'anticipation ici que dans les utopies de Thomas More et de Campanella.



Foisonnant panthéisme enchanté et singulier, à la fois roman d'aventure et conte philosophique, métamorphose permanente nous semant pantelants dans les marges, Cyrano de Bergerac dans ce livre nous mène par le bout de notre petit nez en nous dépouillant de nos habitudes chrétiennes et nous offre tout l'éventail de sa philosophie de libertin : monde immanent que dieu contient et qui contient Dieu, âme matérielle et mortelle, statut de l'homme soudain descendu de son piédestal chrétien pour apprendre l'enseignement de la Nature (le Deus seu Natura de Spinoza s'annonce à grands pas), altérité prise dans la diversité, questionnement du réel et de la vérité hors du religieux…



La course folle de son style, de ses inversions de valeurs et de ses prises de distance (planétaires donc intellectuelles) sont à l'image de son personnage et de sa vie : clair obscur, bouillonnant soleil et face cachée.

Jouant des distorsions, souvent initiatique, Cyrano de Bergerac se pose en observateur de son temps, de ses moeurs et de sa morale en travestissant le vrai dans la fiction et l'irréel dans la vérité, obsession que l'on retrouve chez tous les penseurs libertins érudits. Avec mille personnages, mille situations, mille métamorphoses, révisant la mythologie grecque et judéo chrétienne, le tout sur un ton poétique malicieux et renversant, ce cabinet de curiosités joue avec notre optique et nos points de vue pour penser autrement et proposer une alternative aux perspectives chrétiennes, ses illusions, ses vérités fictives, sa morale et ses artifices.



Présenter, à la suite de cette œuvre philosophique, une étude ardue de physique pure littéraire (inachevée) de Cyrano est plus que pertinent pour dire combien ce penseur est un enfant de son siècle, siècle pétri d'une passion pour penser le monde d'une façon matérielle et raisonnée, à cent lieues de l'étouffante scolastique des intellectuels religieux et des commentateurs platoniciens et aristotéliciens chrétiens. Il s'y interroge d'ailleurs sur les conditions de la connaissance et montre qu'il est un grand connaisseur des sciences de son époque. Cyrano de Bergerac annonce avec ses collègues libertins érudits tous déistes, ou fidéistes voire panthéistes comme lui, tous autant philosophes que scientifiques, l'avènement du grandiose péril spinoziste puis celui des Lumières.
Lien : https://tandisquemoiquatrenu..
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