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Critiques de Sébastien Spitzer (554)
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La fièvre

Première rencontre avec la plume de Sébastien Spitzer. Il place son histoire lors de la fièvre jaune qui vida quasiment Memphis de ses habitants en 1878, à tel point qu’elle ne retrouva le statut de ville qu’en 1893 !



Il fait se croiser et s’entraider des personnages que tout sépare ! Le rédacteur du journal est un pur sudiste jamais remis de la défaite lors de la Guerre de Sécession et membre du Klu Klux Kan ; la tenancière du bordel en vogue, française d’origine et femme de caractère mais au grand cœur ; une adolescente métisse qui attend le retour de son père pour son anniversaire et le barbier des faubourgs noirs ancien zouave yankee au temps de l’occupation de la ville !



Les gens meurent, fuient en grand nombre et certains pillent, tuent et se laissent aller aux sombres penchants qui ressortent en temps de catastrophes tandis que d’autres font montre de courage et d’abnégation !



Avec un art qu’il semble maitriser Spitzer fait ressortir ce qu’il y a de mieux au sein des personnages principaux alors que la violence extrême se déchaîne autour d’eux. Ses portraits sont fins, précis mais sans compromis !



Un roman difficile à poser et très addictif tant les sentiments contradictoires s’enchaînent et donnent envie de connaître la suite ! Je l'aurais apprécié bien plus long.



CHALLENGE ABC 2020/2021
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Ces rêves qu'on piétine

Tread softly because you tread on my dreams...

Marche doucement car tu marches sur mes rêves. Mais ce vers de Yeats perd de sa saveur quand il est traduit.

Le titre de ce livre me faisait penser à Yeats. Et il va admirablement à ce roman.

Il en faut du talent, de la délicatesse et de la foi en l'humanité pour parvenir à décrire l'horreur, toucher du doigt le quotidien des bourreaux les plus médiatisés de l'Histoire.

Sébastien Spitzer vous entraine dans la marche horrible de ces rescapés des camps qui loin de se retrouver dans des draps de soie et accueillis à bras ouverts, doivent encore hors des barbelés, lutter pour leur survie, qui après des mois de privation de nourriture, identité, humanité, ne tient qu'à un fil. Seule la volonté, l'instinct animal et parfois la chance, permet à une poignée de réussir. Réussir pour transmettre le message. Pour raconter, au nom de tous les autres. Car l'absence d'identité fait que chacun devient la multitude.

De l'autre côté, vous suivez les dernières heures de Magda Goebbels. Entourée de ses souvenirs, de ses enfants, de son ambition aussi démesurée que mortifère. Vous vivez à ses côtés les derniers instants du Reich moribond, secoué par les bombes, assombri par la suie, dont les drapeaux partent en lambeaux.

Difficile de se confronter, même avec un livre en guise de bouclier, à autant d'horreur. Encaisser qu'un jour des milliers de survivants ont survécu au milieu de tant de haine. Encaisser qu'une femme a tué froidement ses enfants...Tout est raconté avec beaucoup de réalisme, une pointe de pudeur mais jamais de grandiloquence ni de sensationnalisme de mauvais goût.



Alors, faut-il le lire ? Oui. A ceux qui ont déjà lu moultes livres sur cette période maudite, vous pouvez sans souci ouvrir celui-ci. Il est unique. Il est dense. Il est de ceux qui restent, qui marquent, qui pèsent. A ceux qui ne sont pas familiers de cette époque de l'histoire lisez-le aussi.

En ce mois de juillet 2020, c'est pour le moment ma plus belle découverte littéraire de l'année. J'attends avec impatience la nouveau roman de l'auteur à paraitre en août.



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Ces rêves qu'on piétine

Je sors glacée de cette lecture.

Pour son premier roman, Sébastien Spitzer frappe incroyablement fort. Dans un style épuré et élégant, il raconte l'irracontable.

C'est d'abord la vie de Magda Goebbels, terrée dans son bunker et sur le point d'assassiner ses 6 enfants, alors que le IIIème Reich s'effondre et que les déportés avancent comme des fantômes dans les Marches la Mort.

C'est aussi la (sur)vie de quelques uns de ces déportés, hagards et ivres d'air pur sur ces routes écrasées de soleil, et parmi eux, une femme et une fillette qui se murmurent des poèmes de Yeats.

Mais à travers elles, Spitzer relate surtout la lutte entre ceux qui veulent effacer l'Histoire (les nazis qui s'efforcent de faire disparaître toute trace de ce qui fut), et ceux qui veulent la préserver (les détenus des camps qui s'efforcent de la fixer sur des papiers de misère) -sans compter les reporters de guerre qui cherchent à l'exploiter.

J'ai été happée par ce récit, incapable de m'en détacher. Tout contribue à en faire une oeuvre hallucinante : le style, la recherche historique, le talent romanesque de l'auteur. Et je regrette que ma chronique ne soit pas à la hauteur de ce livre -mais je ne peux pas faire mieux ! Alors n'hésitez pas à vous y engloutir vous-mêmes, ça se lit très facilement. Toutefois, vous n'en sortirez pas indemnes ; ce n'est pas un roman que l'on oublie.



Et je remercie chaleureusement Afleurdelivres de m'avoir tant donné envie de le lire.
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La fièvre

Ce roman raconte l'épidémie de fièvre jaune qui dévasta la ville de Memphis au Tennessee à la fin du 19e siècle. L'exode et les décès furent si importants que Memphis perdit son statut de ville et mit de nombreuses années à s'en relever. L'auteur allie une solide documentation, des événements réels sombres et peu connus, des personnages attachants, dotés de défauts voire de vices!, mais aussi de beaux côtés, et enfin une très jolie plume, légère, précise, agréable : tous les ingrédients d'un succès ! Dans cette société gangrenée par un racisme omniprésent et violent, l'épidémie de fièvre jaune provoque un effritement des frontières entre les classes sociales, et d'anciens ennemis se retrouvent (temporairement sans doute) du même côté… Ce troisième roman de l'auteur me semble très réussi, quoique j'ai préféré le premier, Ces rêves qu'on piétine.

P.S. Même si j'en ai plus que ras-le-pompon de la pandémie, le sujet ne m'a pas gênée, au contraire. L'année qui vient de s'écouler permet d'appréhender cette épidémie passée avec un oeil informé et un intérêt accru, à l'affût des similitudes et différences.

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Le coeur battant du monde

Quand on refermé le roman de Sébastien Spitzer , le coeur battant du monde, reviens vers nous le visage et le regard de l'enfant en couverture du livre. Et nous sommes happés par ce regard.

Qu'interroge-t'il ? Qui est le coeur battant du monde ?

Et nous reviens la dernière phrase du roman : Chaque jour, quand retentit la cloche pour annoncer la fin de la journée de travail, une larme coule sur sa joue, minuscule. Une larme chargée de tout ce que cette petite vie lui a pris et ne lui rendra jamais.



Comme dans son premier livre Ces rêves qu'on piétine , Sébastien Spitzer à le don, le talent de marier fiction et réalité et de donner corps à des émotions intenses.

Dans Ces rêves qu'on piétine, il nous installait au sein du bunker d'Hitler avec Martha Goebbels et en même temps sur le chemin de liberté d'une femme et de son enfant rentrant des camps de concentration. Déjà le regard de l'enfant.



Il récidive avec le coeur battant du monde. Nous sommes dans les années 1860 à Londres et de nouveau le regard d'un enfant nous interpelle.

Cet enfant c'est Freddy. Il est né illégitime, fruits des amours de Karl Marx et d'une employée de maison.

Karl Marx , marié avec l'aristocrate Johanna de Westphalen. Ils ont trois filles.

Freddy sera donc un enfant abandonné, caché et accueilli par Charlotte, une Irlandaise qui a fui la famine et vit à Londres dans le East End , le quartier de la misère.

Par amour pour Freddy, elle volera, mentira et se prostituera sans révéler à Freddy le mystère de sa naissance.

Tout est vrai, hormis Charlotte, personnage de fiction.

Sur cette trame Sébastien Spitzer va nous emmener, le coeur battant, dans le Londres et le Manchester de la révolution industrielle.

C'est foisonnant, lyrique, enlevé.

A travers Freddy nous allons rencontrer le beau personnage de Charlotte, mère courage , totalement donnée à Freddy, ce fils qu'elle n'a pu avoir. Personnage au combien romanesque.

Ne sont pas romanesques Marx et Engels ! Ils sont ancrés dans leur réalité. D'abord ils se sont installés à Londres car ils ont du fuir l'Allemagne suite aux manifestations où ils défendaient les thèses socialistes et communistes.

Marx s'est installé à Londres afin de pouvoir écrire son manifeste le Capital.

Engels est envoyé par son père à Manchester pour diriger l'une de ses entreprises textiles. Les bénéfices du marché du coton lui permettent d'être le mécène de Marx et de faire vivre sa famille.

On n'avait pas obligatoirement cette vision de Marx et du Marxisme. Avant le marxisme, Marx était un petit bourgeois, vivant grâce à un mécène , aimant le confort victorien de Londres et le boursicotage au Stock Exchange.

Quand à Engels, il appréciait grandement de pouvoir asseoir sa fortune sur des ouvriers qui travaillaient 15h par jour dans des conditions effroyables.



Nous sommes dans le coeur battant du Monde, car Londres en 1860 est le coeur du monde.

Un coeur fragile qui vit la fin de l'ère industrielle et qui doit faire face à la crise du coton suite à la Guerre de Sécession aux Etats-unis avec comme conséquence les révoltes ouvrières et la révolte irlandaise.

Le coeur battant du monde n'est pas seulement celui de Londres. C'est aussi celui des laissé pour compte, des petites gens.

Aucun manichéisme chez Sébastien Spitzer pour décrire ces antagonismes, mais on voit où va son émotion et la nôtre.

Freddy est le porte drapeau de ses laissés pour compte.

A travers son histoire il nous dit combien l'engagement est plus fort que la théorisation d'une doctrine, combien la fidélité à des valeurs peut élever.

En exergue du livre , Sébastien Spitzer à mis une citation de Charles Dickens :

On sait à une livre près, ce qu'une machine peut produire, mais je ne connais aucun expert......capable d'estimer la quantité de bien ou de mal, d'amour ou de haine. ....dans la larme d'un seul de ces braves ouvriers au visage impassible et aux gestes bien réglés.

Et bien pour Freddy , bien que minuscule, cette larme est chargée de tout ce que la vie lui a pris.

On revient à ce regard d'enfant. ..........le coeur battant.





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Ces rêves qu'on piétine

Sur les routes des territoires de l’Est, une colonne de prisonniers des camps de la mort entame une marche funèbre orchestrée de silences funestes, victimes d’atroces souffrances, et la mort en chemin rôde ; seuls quelques rescapés survivent de l’enfer, le moral en lambeaux ; des ombres fantomatiques à peine debout.



Un rouleau de cuir contenant plusieurs lettres - parmi elles celles d’un père à sa fille - passe de mains en mains parmi ces survivants, lettres d’un homme mort dans un camp, Richard Friedländer, renié par sa fille, Magda. Une enfant frêle et mutique, Ava, sera la dépositaire de ces révélations tragiques – mémoires écrites d’hommes. Ava, symbole de lutte pour la survie, un avenir.

« Le Juste tombe sept fois, et il se relève, disait le grand roi Salomon (…) il n’y aura pas d’oubli ».



Berlin assiégé – Le Konzerthaus « l’un des joyaux de la ville, splendeur néo-classique, foyer de l’âme de Strauss et du divin Schubert », le philarmonique donne son ultime « Crépuscule des Dieux » de Wagner achevé sous les bombardements et les dernières mesures mourantes, celles d’un prélude de la défaite ; Magda Goebbels accompagnée d’officiers, et de nombreux dignitaires nazis y assistent, vaincus, capsule de cyanure en poche.

Le "Crépuscule des Dieux" clôt en effet la longue histoire d’apocalypse où s’enchaînent évènements tragiques et machinations diaboliques, vers l’implacable fin d’un monde, annoncée dès le début de la Tétralogie.



« L’officier la salue et se dépêche de finir de perdre la guerre ». C’est le Crépuscule des Dieux avant que naisse l’aurore d’un nouveau cycle de vie.



Et Magda se souvient de sa jeunesse, elle s’enfonce dans des abîmes de souvenirs pleins d’antagonisme, hantée par les secrets. C’était il y a une dizaine d’années.

Magda est happée par les discours endiablés d’un certain Goebbels, enragé, qui visent les juifs et les communistes, qu’il accuse d’être responsables des malheurs de l’Allemagne et pourquoi pas de tous les maux de la terre également.

Son ambition sans borne la guidera. Sa soif de pouvoir dominera.

Pour accéder à la gloire, elle gravira des marches jonchées de cadavres sacrifiés qu’elle aura écrasés.



Dans le bunker, ni crépuscule ni aube, « les zombies du bunker vivent en marge du monde ».

Cette « Médée moderne » fidèle au Führer jusque dans la mort, fera le sacrifice ultime après avoir empoisonné ses six enfants.

Sa fille lui demandant « mais toi, alors, c’est qui ton Christ ?

C’est le Reich ma chérie. Le Reich a fait de nous des reines, des princes et des princesses ».



Chronique de la débâcle. IIIème Reich agonisant et démembré.

Les dernières heures de la chute du régime nazi.



Pan d’Histoire, tranches d’histoires, celles d’une femme forte et sans scrupule, « première dame du Reich » épouse du « maître à penser du Maître » ; du fanatisme d’une idéologie opium du peuple ; des souffrances à l’origine du mal et de ses terribles conséquences.

« L’esprit du Mal existe, ma fille. Il est entré dans ce camp (…) Des loups pour l’homme, comme dans le Leviathan ».



Scènes difficiles relatant l’horreur, la déshumanisation qui fit rage.

La mort qui plane, partout.

Âmes errantes et âmes damnées.



J’ai apprécié ce roman richement documenté d’un auteur que je découvre dans son premier roman fruit de recherches remarquables.

Des phrases puissantes, choquantes, et très réalistes.



"Elle vivait dans l’orage et les querelles,

Son âme avait un tel désir

De ce que la fière mort peut apporter

Qu’elle ne pouvait supporter

Le bien commun de la vie,

Mais elle vivait telle un roi

Emplissant le jour de ses noces

D’étendards et de flammes,

De trompettes et de timbales,

Et du canon impétueux

Pour congédier le temps

Et que vienne la nuit."

« QUE VIENNE LA NUIT » – W.B YEATS

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Ces rêves qu'on piétine

J'avais découvert il y a quelques mois la plume de Sébastien Spitzer avec le coeur battant du monde qui parlait, en substance, du fils caché de Karl Marx. J'avais beaucoup aimé et ce livre avait surtout été pour moi la découverte d'un auteur doté d'une très belle plume. J'étais donc curieuse de découvrir un autre livre de Sébastien Spitzer.



C'est très naturellement que je me suis tourné vers son premier roman, Ces rêves qu'on piétine. Comme dans le coeur battant du monde, Sébastien Spitzer part d'une réalité historique, ou du moins un fait avéré, pour ensuite dérouler son récit et en faire un roman. Et ici il s'attaque à un gros morceau puisqu'il nous narre les derniers instants du IIIème Reich par l'intermédiaire de Magda Goebbels, cependant qu'il focalise également son action sur les "marches de la mort" ou les dernières monstruosités des derniers SS. le choix de Magda Goebbels est particulièrement judicieux puisque le père adoptif de "la première dame du Reich", comme elle aime se nommer dans le roman, était juif et fut l'un des premiers déportés. Aurait-elle pu le sauver ? Là est l'une des questions en filigrane de ce roman.



J'avais déjà beaucoup aimé le coeur battant du monde, je peux dire que j'ai encore préféré celui-ci.

Peut-être parce que la période historique m'intéresse davantage.

Peut-être parce que je suis désormais familiarisée avec la plume de l'auteur.

Je ne sais pas vraiment, mais ce fut vraiment une très bonne lecture.



J'ai mis quand même environ 50 pages à rentrer dans le roman, la faute à la narration un peu déconcertante au démarrage ainsi qu'au nombre important de personnages dont certains n'auront finalement aucune destinée dans la suite du livre.

Mais une fois bien dedans, j'aurais pu le lire d'une traite. Mais... Il faut bien travailler. Il faut bien dormir. Il faut aussi sortir à la bonne station de métro (et oui j'ai bien failli la louper).



Enfin, un dernier mot sur l'écriture: quand on a affaire à un auteur qui n'écrit pas avec ses pieds, on fonce !



Lu en janvier 2021
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Le coeur battant du monde

Faubourgs londonniens, 1851, une construction littéraire intéressante. On suit Freddy, fils naturel dont on veut se débarrasser, Charlotte, sa nourrice irlandaise, l'ambivalent Engels, propriétaire de sa filature mais défendant les ouvriers...



Malheureusement j'ai peu apprécié les détails plats, bavards, ennuyeux, le style sec et froid.



On apprend que Marx ne savait pas danser le quadrille et qu'il avait deux chats, Whisky et Grog.

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Ces rêves qu'on piétine

Une écriture un peu précieuse, trop littéraire et désincarnée m'a tenue à distance de toute émotion et même de tout intérêt pour cette histoire.



Magda Goebbels est une bourgeoise ambitieuse et fanatique. On le savait déjà puisqu'elle a assassiné ses six enfants au nom du nazisme.

Le seul intérêt réside dans l'information qu'elle eut un beau-père juif (qu'elle a renié, sans surprise), mais laquelle est accessible sur une page wikipédia.



Avec ce livre, je n'ai pas davantage compris comment elle a pu épouser l'antithèse de la race aryenne ni pu jurer fidélité au gourou Hitler jusqu'à la mort.



Et du côté juif, je regrette de dire que ce n'est rien de plus, rien de moins que du roman cherchant désespérément sa force dans les témoignages que nous avons tous déjà lus mais dont l'émotion est étouffée par les effets stylistiques, là où de vrais survivants nous percutent par leur récit cru, brut, factuel et sobre mais néanmoins imprégné d'une réalité à ce point chargée d'horreur qu'elle se suffit à elle-même.



J'ai trainé ce livre comme j'ai trainé mon ennui.

Je reconnais toutefois l'intention louable de l'auteur et tiens à préciser que ce grand succès littéraire a trouvé son public. Il faut croire simplement que je n'en fais pas partie.
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Ces rêves qu'on piétine

Les orgues de Staline bombardent Berlin, dans le bunker sont terrés les derniers représentants du Reich, les membres du dernier cercle, des tableaux de maîtres sont accrochés au mur de béton. Magda assiste à la dernière représentation du philharmonique, Speer distribue des capsules de poison pour eux et pour leurs proches, au cas où…



Magda est une fille naturelle élevée par des sœurs dans un pensionnat en Belgique, une petite fille qui chaque soir jure qu’elle portera des belles robes, que son mari fera la pluie et le beau temps. Trentenaire divorcée, pleine d’allant et sans contrainte, dans un meeting elle assiste à un discours enflammé de Goebbels, elle est tombe amoureuse, non pas de l’homme mais de ce qu’il incarne, devenir la première dame du Reich. Goebbels un nain à la gueule de rat qui traîne sa patte folle dans les coulisses des théâtres, dans les studios de cinéma en quête de proies pour assouvir ses vices sexuels.



Ils sont des dizaines de milliers lancés sur les routes de l’Europe, cohortes de guenilles maculées, comme eux, Aimé avance un rouleau de cuir caché dans la doublure de sa veste, il contient des lettres enroulées mémoire des camps, témoin de leurs vies effacées, des mots écrits par des dizaines de mains.



Sébastien Spitzer nous fait vivre l’intimité des dernières heures d’Hitler enfermé dans son bunker à travers le portrait d’une femme ambitieuse, mariée à Goebbels, l’âme damnée d’Hitler. Toute la famille Goebbels sert la propagande nazie et donne l’image parfaite d’un ménage modèle, avec Hitler comme bon oncle. Elle n’hésitera pas à accomplir l’impensable, empoisonner ses six enfants.



Avec une écriture réaliste et épurée il alterne la fin du Reich avec la lutte pour la survie des passeurs d’Histoire, dépositaire de la mémoire de l’horreur des camps de concentration. L’auteur dans une Postface éclaire parfaitement son récit entre fiction et réalité. Un premier roman tout à fait remarquable.



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Ces rêves qu'on piétine

"Ces rêves qu'on piétine" est basé sur des faits réels à la fin de la Seconde Guerre Mondiale et décrit deux parcours : celui d'Ava avec sa mère réchappée des camps de concentration et celui de Magda Goebbels dans son bunker avec Hitler. Bien sûr, ces itinérances tressées auront un point de rencontre.



On ressent le travail d’historien dans cette œuvre mais aussi la fiction comme une valse à deux temps. D’ailleurs, dans une postface, Sébastien Spitzer explique :"J'ai valsé avec les faits, dans une danse à deux, collés, main dans la main. Flirter du mieux possible avec le vraisemblable pour imaginer le reste, tout ce que l'Histoire néglige..." Dans ce premier roman, on découvre donc une autre Histoire, celle qu'un livre décide de rendre vivante, en incarnant des femmes et des hommes qui l'ont faite.



Le style est un peu déconcertant au début, avec ses mystères et ses secrets et c'est pour moi un bon signe de ne pas savoir où l'auteur veut nous emmener (je n'avais pas lu de critiques au préalable!). J'ai été ensuite pris dans les phares d'une écriture riche, au rythme saccadé, qui fonctionne de manière hypnotique.
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La fièvre

Memphis, 4 juillet 1878. Emmy attend son père. Le flamboyant escroc Billy Evans a promis. C’est son anniversaire. Il viendra.

Anne Cook, patronne de Mansion House prépare ses filles. C’est la fête nationale. Elle attend du monde et la tenancière veut que sa maison soit prête à accueillir ces messieurs et l’argent qu’ils ne manqueront pas de lâcher pour les beautés qu’elle tient à leur disposition.

Keathing surveille la parution du journal local. Aujourd’hui il a prévu plus de tirages car du monde va venir pour la fête. Car même s’il la maudit car elle rappelle l’échec du Sud contre les Yankees, il a besoin d’argent.

Billy Evans a tenu sa promesse. Il a débarqué la veille. Sauf qu’avec lui, a débarqué la fièvre jaune.

Des soupçons à la confirmation que la fièvre est bien revenue, des atermoiements des politiques qui ne veulent pas que soit compromise l’exceptionnelle récolte de coton de l’année, jusqu’au sauve-qui-peut qui saisit les habitants, la lectrice que je suis, a suivi avec beaucoup de plaisir le parcours de certains protagonistes, ceux qui fuient mais surtout ceux qui restent. Ceux qui cèdent à la panique, abandonnent tout y compris femme et enfants et ceux qui vont donner leur temps, leur argent, leur courage pour sauver ce qui peut l’être.

Deux personnages ont surtout retenu mon attention. La fillette bien sûr, métis qui symbolise probablement ce déchirement entre les Blancs et les Noirs du Sud, elle qui n’est ni blanche, ni noire.

Mais surtout Keathing qui, suite aux évènements va devoir revoir ses croyances en la pureté, la supériorité blanche, ses convictions puritaines à l’endroit de ses belles qui offrent leurs charmes…

Oui, il avait tout faux.

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Le coeur battant du monde

Après deux échecs de lecture: Laurent Gaudé : Écoutez nos défaites où trop de pages d'histoires s'entremêlent, ' c'est épuisant, nous passons du général Grand à Hannibal et à Haïlė Sėlassiė,j'ai abandonné certainement par manque de motivation et de concentration.Quant au deuxième ouvert dernièrement : Les bienveillantes( prix Goncourt 2006,Grand prix du roman 2006 et palmarès du meilleur livre 2006 par le magazine Lire,là aussi pour moi ,ce fut un échec, dû aux descriptions beaucoup trop longues ,nombreux termes allemands,je n'étais pas en phase pour lire un tel pavé ,malgré tout ,je le mets de côté,je le reprendrai plus tard.

Et enfin le 3eme livre: Sébastien Spitzer qui m'a tenu en haleine lu en à peine deux jours.

Nous voici en Angleterre en 1860 ,le pays est ravagé par une grave crise économique.

Charlotte est enceinte,son ami est parti aux États Unis, lui promettant de revenir.Elle a trouvé du travail et lorsqu'elle se présente à 'l'agence Thomas Cook,un jeune homme attaque pour quelques billets l'agence, blèssant très grièvement Charlotte.Le docteur Malte ,le médecin des pauvres va la recueillir chez lui,et avec une infinie patience la " remettra sur pieds" hélas, elle a perdu son bébé : c'était un petit garçon.

Un jour ,le docteur Malte va lui proposer un drôle de marché : un bébé illégitime vient de naître,elle sera sa nourrice mais devra se cacher et en aucun cas ne révéler son origine : il est le fils de Karl Marx.Il s'appelle Freddy,,elle s'attache rapidement à cet enfant et pour lui elle se prostituera,.Sébastien Spitzer ,avec de nombreux rebondissements nous entraine dans ces conflits ,ces crises économiques, nous assistons a la naissance aussi : du manifeste du parti communiste conçu par K.Marx ,aide par son grand ami Engels, les deux inséparables.

Une page d'histoire décrite et racontée à la façon Spitzer on accroche rapidement, pour moi ce fut un tres bon moment de détente et de lecture.A recommander⭐⭐⭐⭐
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Le coeur battant du monde

Ce deuxième roman de Sébastien Spitzer est ma neuvième incursion dans cette sélection « rentrée littéraire 2019 » des 68 premières Fois…

Il y a deux ans, Ces rêves qu’on piétine, figurait en bonne place parmi mes préférés de la sélection. J’avoue une prédilection pour les romans historiques, quand la grande Histoire nous est donnée à lire par le prisme de l’individuel et de l’intime.

Ici, encore une fois, le titre attire et interpelle : Le Cœur battant du monde… Me voilà partie à la rencontre du fils caché de Karl Marx, dans l’Angleterre ouvrière de la deuxième moitié du XIXème siècle, dans un univers à la manière de Charles Dickens.



L’intérêt premier de ce livre réside dans le paradoxe de l’aura de Karl Marx, rêvant à « une internationale qu’il a décidé de loger au cœur même du cœur battant du monde capitaliste » et l’image peu reluisante que nous en donne Sébastien Spitzer, celle d’un parasite vivant aux crochets de son ami Engels, d’un mari sous la coupe de son épouse et surtout d’un homme incapable d’assumer « son affreuse erreur », sa « sinistre maladresse » ; c’est ainsi qu’il qualifie lui-même la grossesse de sa domestique et la naissance du bâtard dont il est le géniteur.

Ensuite viennent les descriptions détaillées de la vie ouvrière dans les usines textiles d’une Angleterre qui assoit sa puissance économique sur l’exploitation des travailleurs et plus précisément des ouvrières. La très belle écriture de Sébastien Spitzer, détaillée, travaillée, imagée donne réellement à lire, à voir et à s’imprégner d’une ambiance ; ainsi que je le disais, Dickens n’est jamais loin et cette intertextualité en filigrane auréole l’ensemble du récit.

Le roman nous entraine aussi en pleine guerre de sécession américaine et ses conséquences sur les marchés européens, touchés par la « cotton panic ».

Enfin, il y a l’oppression des irlandais, poussés à l’émigration par la famine et la misère, revenus des champs de bataille américains plus pauvres qu’avant. Là, le livre prend des allures de roman d’aventures, avec poursuites, prises d’assaut et combats aux côtés des « fenians », ces nationalistes belliqueux, prêts à tout pour lutter contre la suprématie anglaise.



Certes, avec ce deuxième livre, Sébastien Spitzer ne nous surprend plus vraiment ; il persiste dans ce qu’il sait faire et qu’il fait bien, avec talent. J’ai pris plaisir à cette lecture, à la fois didactique et captivante.

Un roman bien documenté, porté par un réel travail de recherche, mais qui a su garder une part d’originalité dans le traitement de l’intrigue.

Sébastien Spitzer devient une valeur sûre.

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Ces rêves qu'on piétine

Débutant avec Aimé, puis Judah, Fela, Ava ensuite, dans une de ces marches de la mort qui ont suivi l'évacuation des camps de concentration par les nazis puis s'attachant à la vie de Magda, Mme Goebbels, qui vit les dernières heures du Reich dans Berlin assiégée, Ces rêves qu'on piétine m'a captivé, de la première à la dernière ligne. de plus, une postface très instructive répond à toutes les questions que je me suis posées sur la véracité des faits racontés dans ce livre.



Sébastien Spitzer, avec des phrases courtes, précises, percutantes, souvent sans verbe, colle au rythme de ses histoires parallèles, dès le début du livre. Il rappelle certes des épisodes déjà explorés dans d'autres livres ou films mais cela est rendu avec tellement de précision, de réalisme et une grande intimité avec ses personnages, que ce livre s'annonce comme une véritable sensation de la rentrée littéraire.

Tenter de comprendre cette folie meurtrière qui a embrasé le XXe siècle n'est pas chose aisée mais l'auteur a eu le courage immense, pour son premier roman, de se plonger dans les archives, dans les livres déjà publiés pour nous faire vivre les derniers moments des pires criminels que le monde ait connu. Leur passé, leur ascension, leurs bassesses, leur volonté d'extermination, rien n'est négligé.

En parallèle, Sébastien Spitzer montre toute l'horreur des camps que les nazis tentent d'effacer : « Après ces mois de détention, réduit à la plus simple expression de lui-même, il (Aimé) trouve la force de marcher encore, malgré ses semelle en loques… » Aimé ajoute : « Je souffre donc je suis. » Dans cette grange de Gardelegen où ces survivants sont enfermés, l'atrocité atteint son comble si cela était encore possible.

Avec l'histoire de Fela, l'auteur rappelle toutes ces grossesses imposées dans les camps, tous ces enfants sacrifiés et ces mères brisées. Il rend hommage à Stanislava Leszczynska, cette sage-femme incarcérée à Auschwitz qui a tout fait pour tenter de sauver quelques nouveau-nés de l'euthanasie. de plus, il n'évacue pas le comportement de certains prisonniers qui n'hésitaient pas à se mettre au service des nazis, faisant même du zèle.

Pendant ce temps, Magda vit les dernières heures du bunker alors que les troupes russes envahissent Berlin. Les principaux épisodes de sa vie défilent sans occulter ses moments de faiblesse bien cachés au peuple aveuglé par la folie du parti national-socialiste.

Richard Friedländer, son père « adoptif », est prisonnier mais elle l'a évacué de ses pensées comme Haïm Viktor Arlozoroff, son grand amour, héros du sionisme, assassiné en 1933 à Tel-Aviv. Les lettres de Friedländer, créées par l'auteur, décrivent la vie d'un Juif à Berlin dans les années 1930 et la réalité des camps, cette souffrance immense, dépassant bien le pouvoir de chaque mot et l'incompréhension de chacun.



Il faut lire Ces rêves qu'on piétine pour ne pas oublier, pour tenter de comprendre l'inimaginable et vivre ces heures de libération tant espérées et tellement incroyables alors que tant d'enfants, de femmes et d'hommes sont morts. Lee Meyer, la photographe de guerre, inspirée de Lee Miller, Gary, au volant de sa jeep, et Ava sont là pour témoigner, lutter contre l'oubli de tant de vies détruites.








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Ces rêves qu'on piétine

Je n'avais pas du tout prévu de lire ce roman mais de passage à ma médiathèque il était exposé avec d'autres nouveautés de la rentrée littéraire. Il a eu d'excellentes critiques et après avoir lu la quatrième de couverture, je n'ai pas résisté à la tentation.



L'auteur se glisse dans la peau de Magda Goebels et imagine ses derniers jours dans le bunker avant l'issue que tout le monde connaît. Il revient sur son enfance, sa jeunesse et sa gloire en tant que première dame du Reich comme s'il cherchait dans son passé l'origine de ses actes. Le passé d'une mère qui empoisonne ses six enfants avant de se donner la mort et d'une fille qui laisse mourir son beau-père dans un camp de concentration.



Ce roman n'est pas que l'histoire de Magda Goebels, c'est aussi celle des marches de la mort, de tous ces prisonniers des camps évacués de force devant l'avancée de l'armée russe. On fait connaissance avec Judah, un jeune hongrois, Fela, une jeune polonaise et sa petite fille Ava. Tous les trois échappent au massacre de Gardelegen où plus de 1000 rescapés des camps sont brûlés vifs dans une grange. J'ignorais cette terrible histoire à laquelle le roman fait écho, tout comme l’existence du block A 24 à Auschwitz, la baraque des prostituées de force et le courage d'une sage-femme, Stanisława Leszczyńska, qui a pu éviter la mort à de nombreux bébés, nés dans le camp.



Ces deux récits sont entrecoupés de lettres d'un père à sa fille qui lui raconte son terrible quotidien en captivité et qui ne comprend pas son silence.



Un peu sceptique au début, surtout à cause de l'écriture un peu hachée et de ses phrases courtes, mon intérêt grandissait au fil des pages. L'histoire des rescapés des camps est bouleversante, la petite Ava qui découvre la vie en liberté est très attachante. Le roman est une fiction vraisemblable à partir de faits historiques avérés et l'angle choisi par l'auteur pour raconter ces événements est très original. Au final, une belle découverte.
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Léonie B.

Même si elle est peu évoquée dans les ouvrages consacrés à Victor Hugo, Léonie a, énormément, compté dans sa vie. Elle n’avait que dix-neuf ans quand elle a participé à une expédition scientifique au Pôle Nord. Elle est parvenue à convaincre Paul Gaimard, un célèbre explorateur, de la laisser monter à bord de la corvette La Recherche. Comme les femmes n’étaient pas autorisées à embarquer sur un navire de la Marine (elles étaient même soupçonnées de porter malheur), elle s’est coupé les cheveux et travestie en homme. Pendant la traversée, elle a vécu une expérience qui l’a transformée. A son retour, elle rencontre Victor Hugo. Il est fasciné par son audace ; elle a lu son livre Han d’Islande pendant son voyage.



Tous les deux sont mariés. Pourtant, malgré leur grande différence d’âge, ils tombent amoureux. Après quelques années de passion, leur relation secrète est découverte. Le mari trompé fait constater le crime d’adultère. Léonie est emprisonnée ; Victor Hugo est protégé par son statut d’homme. Il est révolté par la différence de traitement entre la jeune femme et lui et cherche à adoucir sa peine. Léonie semble lui avoir inspiré le personnage de Fantine, dans Les Misérables.



Même si, comme beaucoup de Français, j’ai peu lu Victor Hugo, je suis fascinée par cet écrivain et par ses combats. Aussi, j’ai été passionnée par ce roman qui retrace une partie de sa vie et évoque la genèse de son chef-d’œuvre : Les Misérables. Dans Léonie B., nous croisons un gamin, nommé Gavroche, le Baron Thénard ; nous devinons la naissance de Jean Valjean et découvrons une femme éprise de liberté et de justice : Léonie. Le récit est romancé, cependant, pour retranscrire les pensées de Victor Hugo, Sébastien Spitzer a « plongé au plus profond de ses textes » (p. 329). J’ai ressenti l’essence du poète, j’ai été sensible à ses peines et j’ai été emportée par ses révoltes et sa soif de justice et d’égalité. J’ai, également, découvert des facettes de l’homme que je n’imaginais pas.



J’ai aimé que l’auteur choisisse l’angle du roman, pour approcher celui de qui nous connaissons tous l’œuvre, sans forcément l’avoir étudiée en profondeur. Quand j’étais petite, j’ai lu une version abrégée des Misérables. Luca Di Fulvio m’avait donné envie de le relire, avec un regard adulte. Il m’avait convaincue que c’était une nécessité ; ce roman me souffle que le moment est venu de me lancer. J’ai été captivée par Léonie B.


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Le coeur battant du monde

En juin 1849, Karl Marx est chassé de Paris.

Il se réfugie à Londres, accompagné de son épouse - Jenny von Westphalen, issue de la noblesse rhénane, sœur de Ferdinand, Ministre de l'intérieur du Royaume de Prusse - et de leurs trois filles.

Marx vivra à Londres jusqu'à sa mort, en 1883.

En 1851, il engendre un fils avec une servante de la famille.

Elle était censée avorter. Il n'a jamais voulu reconnaître cet enfant, Frederick Demuth (1851-1929) dont l'existence a ensuite été cachée par les autorités soviétiques pour ne pas ternir l'image du « grand » théoricien.



Spitzer imagine une partie de la vie de ce fils illégitime, tout en évoquant (à partir de documents, cette fois) les vies de Marx et d'Engels, et leurs liens.

L'auteur restitue l'ambiance de l'époque à Londres et met parfaitement en évidence les liens entre l'économie anglaise et les Etats d'Amérique du Nord en pleine guerre civile.

Cette guerre faisait suite à la décision, en 1861, de onze Etats de faire sécession après l'élection d'Abraham Lincoln de novembre 1860 ; elle s'acheva en 1865 avec la défaite de ces Etats confédérés.



Malgré le talent de Spitzer pour dresser les portraits de ses personnages et les faire vivre, ce qu'il imagine de la vie de Freddy - en particulier sa rencontre avec la jeune Tussy - m'a semblé souvent trop romancé pour être crédible.



Je recommande cependant la lecture de ce second roman de Spitzer, notamment en raison de l'image du XIXe siècle qu'il restitue ; une image éloignée des clichés que l'on peut avoir, avec la vision simpliste de la guerre de Sécession.
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Ces rêves qu'on piétine

Un livre sur la barbarie nazie de plus. Le texte est consciencieusement écrit, l’auteur nous précisant en postface ses recherches et ce qu’il a du inventer. Malheureusement, rien de bien nouveau. Les exactions des nazis sont traitées très classiquement, comme une litanie d’horreurs, et la vie de Magda Goebbels ne présente pas un grand intérêt. Même sa distribution de cyanure à ses enfants dans le bunker ne parvient pas à lui donner de véritable consistance. L’écriture est correcte mais les personnages et l’analyse sont trop peu travaillés à mon goût. En conclusion, je suis plutôt déçu de ce livre pourtant si bien noté.
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Ces rêves qu'on piétine

"Reste la nuit. Epaisse. Lourde. Vide à tous ceux qui ont peur, à ceux qui se désespèrent, se trompent. Cette nuit est aussi pleine que les autres. Féconde. Mystérieuse. Imprévisible. Elle s'est insinuée de l'autre côté des murs. L'heure des souffles de vie. L'heure des silences".



Voilà. C'est de cette plume envoûtante que bruisse le petit monde de la blogosphère depuis cet été. Depuis que certains privilégiés (dont je fais partie) ont eu l'immense plaisir de découvrir en avant-première le roman de Sébastien Spitzer. Un premier roman faisant partie de la première Rentrée Littéraire des nouvelles Editions de L'Observatoire. Joli coup !



Cette plume, l'auteur la met au service d'une histoire terrible, dans un contexte que nous n'avons malheureusement pas fini d'explorer ou de revisiter. Stop ! Surtout ne vous dites pas "encore un livre sur la Seconde Guerre mondiale"... Il ne s'agit pas de guerre ici. Non. Ce sont des hommes dont on parle. Ceux qui malgré le fait de partager la même condition humaine se sont comportés en bourreaux monstrueux et ceux qui se sont vu dénuer le droit de rester des hommes. Voilà toute l'histoire de l'humanité, mille fois reproduite. Et les écrivains auront toujours raison de n'avoir de cesse de tenter de comprendre, de dénoncer, de témoigner.



Comment devient-on Martha Goebbels, la "première dame" du Reich, mariée à l'un des plus hauts dignitaires du régime nazi, adulée par Hitler et admirée par tout un peuple ? Comment peut-on pousser la folie jusqu'à renier son propre père, faire exécuter son ancien amant juif et finalement tuer ses enfants de sa propre main ? Au printemps 1945, alors que la défaite se précise, Hitler et ses sbires prennent leurs quartiers dans le bunker dont ils ne ressortiront pas vivants. Au même moment, quelques rescapés des camps tentent d'échapper aux dernières exactions de leurs bourreaux. Parmi eux circule de mains en mains un mystérieux rouleau de cuir abritant des centaines de feuillets de toute matière. Ce sont les témoignages des déportés dont beaucoup sont morts. Dernière détentrice du rouleau, la petite Ava parvient à rejoindre les troupes américaines... L'espoir qu'enfin, la voix des victimes parvienne aux oreilles du monde.



En suivant alternativement les progressions de Magda et d'Ava, en remontant parfois le temps pour faire apparaître les terribles contradictions et les tragiques compromissions de Magda ainsi que l'influence qu'elles ont eu sur le destin d'Ava, Sébastien Spitzer touche juste. Parmi les témoignages du rouleau de cuir se trouvent les lettres d'un certain Richard Friedländer à sa fille... Magda. Des lettres poignantes d'un homme doublement victime, renié par sa fille parce que juif et enfermé dans un camp par le régime que cette même fille a choisi d'embrasser.



On avance dans ce livre totalement happé par ce déploiement de folie humaine, à la fois révulsé, révolté et surtout impressionné par le courage, la résistance de ceux qui ont tout fait pour que cette folie soit connue, pour que la mémoire de ceux qui ont été massacrés ne soit pas oubliée. Car la lumière parvient à chasser les ténèbres. L'espoir, la rage de vivre, l'idéal de justice sont les piliers qui permettent à l'humanité de survivre. Malgré tout.



Premier roman convaincant et marquant, Ces rêves qu'on piétine va avoir un beau parcours, déjà récompensé par le Prix Stanislas et finaliste pour le Prix du Roman Fnac. Tant mieux parce qu'il y a des livres que l'ont voudrait voir entre toutes les mains. Et il en fait partie.



"La dernière chose que nous possédons, c'est notre histoire. Il y a deux mille ans, nous avons dû quitter notre terre, notre Jérusalem, nos temples, nos rois et nos armées. Nous avons été riches, pauvres, puissants, chassés et pourchassés. Nous avons construit des temples en bois, en pierre. Ils ont été brûlés. Nous en avons construit d'autres. Vous les avez fait fermer. Mais notre histoire, personne ne nous la volera. Elle est inaliénable. On essaiera de nous tuer, jusqu'au dernier. On essaiera de trahir, de falsifier, d'effacer... Mais il y aura toujours un scribe pour recopier, un homme pour lire, un écrit quelque part."
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