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Critiques de Serge Rezvani (47)
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Histoire masquée

Livre reçu par masse critique. Le résumé officiel est très alléchant pour un amateur d'histoire et de philosophie. Mais en réalité le nom de Gilles de Rais n'est utilisé que comme appât (je ne suis pas au fait des dernières découvertes, mais il me semble qu'il aurait été au moins partiellement réhabilité, ce qui n'est pas du tout pris en compte ici). Oublions le côté "un des plus grands noms de l'Histoire de France" puisque de toute façon il reste anonyme (au début on est frustré de ne pas savoir ce nom, mais après on se rappelle que c'est un roman et que donc ce nom n'a aucune importance).

Le récit est donc uniquement celui d'un narrateur qui raconte la vie de son oncle Marc, prêtre ayant perdu la foi, et pour le contexte un peu du reste de sa famille également. Cependant on n'entre pas dans des considérations trop théologiques, c'est plus du Da Vinci Code.

Néanmoins le style est agréable et j'ai bien aimé les personnages malgré ce procédé un peu malhonnête que j'ai vu dans plusieurs romans dernièrement qui est de prétendre à l'authenticité pour semer la confusion chez le lecteur.
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L'éclipse

On m'a offert l'Eclipse. Je ne connaissait pas Rezvani. Je n'avais jamais rien lu sur les maladies dégénératives, jamais lu de récit aussi poignant et dur, réaliste sur ce mal "moderne".

Paradoxalement cette éclipse est aussi un roman d'amour. Une déclaration à celle qui dorénavant est absente, mais si encore là.

Je ne sais pas vraiment quoi dire de ce livre, dont on ne peut pas dire qu'il est un roman, ni une biographie, ni un journal, ni un essai ; plutôt un mélange des trois sous une forme un peu déroutante, mais peut être est-ce un fait exprès, appuyant sur la déroute qui s'installe dans les esprits.

On souffre vraiment avec lui, pour lui, mais on ne sait que faire, que dire, on veut que ça se termine, ne plus lire la chute, inéluctable, ne pas savoir, ne pas voir, ne pas lire tout cela.

En même temps l'empathie est très forte malgré l'écriture simple, on espère qu'il aille mieux puisque pour son aimée, c'est foutu...

Dans mes lectures j'aime voyager, m'évader, sentir le vent frais sur mon visage. Ici c'est un huis clôt terrible et suffocant comme doit l'être cette maladie horrible.

Revzani nous fait très bien ressentir cela tout au long de son récit terrifiant... à réserver aux cœurs bien accrochés !
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Ce qu'ils font est juste

En 2015, suite à l'émoi international suscité par l'affaire Aylan Kurdi, l'enfant syrien noyé et échoué sur un rivage en Turquie, l'éditeur Points avait publié Bienvenue !, un recueil de nouvelles rédigées par « 34 auteurs pour les réfugiés », tous bénévoles, dont les droits seraient reversés au Haut Commissariat des Nations Unies pour les Réfugiés (UNHCR). Des noms célèbres avaient participé à cette publication, par des nouvelles très courtes.

En 2017, l'éditeur Don Quichotte (groupe Seuil) repropose une initiative semblable, au bénéfice des associations La Roya citoyenne et Terre d'errance, par un recueil de nouvelles sur le thème de l'accueil et de la solidarité aux migrants. Le titre : « Ce qu'ils font est juste » se réfère à la désobéissance civile à l'ignoble article L 622-1 qui, depuis un décret-loi de 1938 (antérieur donc à Vichy et jamais révoqué), instaure un « délit d'hospitalité ou de solidarité », indépendamment de la nature onéreuse ou gratuite des actes d'accueil – instrument juridique, donc, qui n'est pas utilisé uniquement pour la lutte contre les réseaux de passeurs clandestins, comme le prouve encore récemment l'affaire Cédric Herrou (étudiant aujourd'hui agriculteur à Breil-sur-Roya) et qui pourrait à tout moment rendre hors la loi et justiciables (sans modification législative) les centaines d'associations, organisations caritatives et de collectifs français qui portent assistance et secours aux migrants.

Cet ouvrage collectif, sous la dir. de Béatrice Vallaeys, comporte, après une section les planches du dessinateur Enki Bilal, les nouvelles de 27 auteurs. Par rapport à l'ouvrage de 2015 (en format poche), et malgré un nombre inférieur de participants, le nombre de pages de ce livre est pratiquement doublé : les nouvelles sont généralement beaucoup plus longues, et la « liberté fictionnelle » par rapport à la thématique impartie est également plus grande. Sans doute, la thème de l'hospitalité envers l'étranger se prête-t-il à une élaboration plus métaphorique que celui de la migration, peut-être le lectorat, en quelques années, s'est-il préparé à entendre des voix encore plus disparates et hétérogènes sur ces sujets. Toujours est-il que, grâce aussi à deux nouvelles traduites de l'italien et une de l'anglais, l'éventail des genres littéraires (y compris l'humour, la science-fiction, la mythologie antique, la poésie etc.), les cadres historiques et géographiques des récits, outre les styles s'avèrent très variés.

Ma préférence personnelle, pourquoi le dissimuler ?, va quand même aux nouvelles qui ont un ancrage dans le réel – contemporain ou historique.

Pour nommer quelques textes qui m'ont marqué, je mentionnerai : « Les étoiles de Platon » de Fabienne Kanor, « Laissez passer les loups » de Serge Quadruppani et « Est-ce ainsi que les hommes vivent ? » de Pascal Manoukian, qui met en scène un certain Pal, refoulé de France en 1948, et son fils Nicolas, qui naîtra (en 1955) et grandira en Hongrie, et sera donc décoré parmi les cadets du Parti, plutôt que d'accéder au Palais de l'Élysée...

La postface de Béatrice Vallaeys, « L'immigration, ça fait toujours des histoires », qui retrace l'histoire du fameux article L 622 en citant abondamment Patrick Weil – dont les essais sur les politiques françaises de l'immigration sont absolument essentiels – est également très appréciable.
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Les americanoïaques

Loupiote et Cypriuche, deux clochards cannois, « zigouillent artisanalement des amerlos », marins en escale, à « coup de bouteille sur la tronche ». Ils envoient l’argent trouvé dans les poches à un Fonds International. « Nous ne tuons pas pour vivre, on n’est pas américains, nous ! Nous tuons par conviction. Na ! » Tous deux sont complètement américanoïaques. « Il y a des peuples qui vivent du sang des autres peuples. » Par conviction et en toute discrétion. C’est Loupiote qui tient les comptes : 2 622 en 50 ans !

(...)

Cette rage sourde, contenue par l’humour constant, parvient à se faire entendre en évitant de sombrer dans l’amertume d’une colère haineuse. Le dispositif narratif, notamment par ses rebondissements finaux dont nous ne révélerons bien évidemment rien, sans grande originalité peut-être mais avec beaucoup de maitrise, développe une force de dénonciation ravageuse et joyeuse.



Article complet en suivant le lien.
Lien : https://bibliothequefahrenhe..
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L'éclipse

Comme l'art est la seule façon de résister, Rezvani écrit le gouffre de cette maladie qu'il a tant de mal à nommer, Alzheimer, qui transforme Danielle, dite Lulla, son immense amour, en une morte sans cadavre. Il s'interroge sur le sens de l'amour : qu'aimait-il en elle puisqu'il ne l'aime plus, même s'il la chérit et l'entoure de toute sa tendresse épuisée. Qu'est ce qui faisait qu'elle était elle, et ne l'est plus? Et que pourtant, il veut à tout prix la garder, alors que justement elle n'est plus elle?



Il dit l'insoluble dilemme de ne savoir s'il la veut vaillante et en lutte, donc sachant, ou protégée par l'innocence..

C'est tragique, très réfléchi dans son épuisement mortifère, décapant par son intelligence d'analyse, dévastant.
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Au bonheur des sphères

Je n'ai pas apprécié ce petit texte, cette nouvelle qui se lit vite. Je n'ai pas compris l'intérêt si ce n'est illustré le mal et la bêtise issus de l'ennui (le viol, et le jet de boulons). J'aurais aimé que les 2 filles aient plus de consistance : comment peuvent elles si peu réagir ? comment peuvent elles retourner dans le manège ? ...
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La Traversée des monts Noirs

Quel mystère ... Pourquoi un livre aride parvient à vous captiver au point de vouloir le relire encore et encore ? C'est la vision de son auteur, et sa capacité à transmettre son propre désarroi devant la difficulté d'exister.

Le procédé d'écriture est d'une rigueur insensée et complètement anti-naturel : le personnage principal ne s'exprime jamais, il est pris comme témoin par les autres protagonistes, qui lui racontent (souvent dans une langue qu'ils lui pensent étrangère) les histoires qui les déchirent et les rapprochent.

Tout cela se passe pendant un colloque scientifique sur les oiseaux migrateurs dans des montagnes caucasiennes battues par la tempête, et les réflexions sur les volatiles sont autant d'occasions d'évoquer les populations déplacées, l'inné et l'acquis, l'attirance de l'homme pour la destruction et celle de la femme pour cet homme.

Traversant ces réflexions philosophiques, c'est l'écriture même et le verbe qui sont au cœur de ce livre, où chacun ne cesse de se raconter, et où le témoin est indispensable pour rendre réelles ces passions contradictoires.

Un très grand livre pour celui ou celle qui peut s'y perdre.
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La Femme dérobée : De l'inutilité du vêtement

Deux prémisses : le centre de contrôle thermique corporel situé dans l'hypothalamus possède une précision de régulation telle que "nous aurions pu nous passer de vêtements même par les froids les plus rigoureux" (p. 10) ; pour autant, l'usage des habits est attesté depuis une période antérieure au glaciaire.

D'où la problématique de la raison de l'habillement, conçu comme "costume", comme deuxième peau, comme travestissement lié à l'embellissement et à la séduction dans le cadre de la complexe dialectique de l'enrobement et du dérobement, de la différence et de la conformité, du caché et de l'exhibé, de l'excitation et de la possession différée, de l'humanité et de l'animalité... La perspective est focalisée sur le côté féminin, l'invention vestimentaire et en général la compétence de la femme sur son corps s'avérant être un aspect de sa conscience aussi précoce que très remarquablement développé.

D'un bref traité (au style plutôt XIXe s. malgré un ton parfois très contemporain) de paléoanthropologie de l'habillement - les chapitres concernant l'époque qui s'étend entre le paléolithique et l'antiquité comportant presque deux tiers de l'ouvrage - le texte devient ensuite une simple histoire de la mode féminine, et hélas, bien que les sources historiques progressivement de plus en plus abondantes eussent permis de se pencher davantage sur la problématique, et notamment sur l'évolution des "stratégies de séduction" à travers la grande variété des modes vestimentaires qui se sont succédées parfois de façon cyclique - ce qui était sans doute ce que je recherchais dans ma lecture -, cette analyse tarit. Le choix du costume féminin se fait aussi plus arbitraire. Les quelques remarques théoriques ultérieures sont également et paradoxalement plutôt dés-historicisées, même si parfois elles sont pénétrantes et donnent matière à réflexion :

"Le vêtement n'est que fétiche. [...] la raison d'être de l'habillement est vite oubliée au profit de sa représentation. Là est sa réalité qui, grâce à notre intelligence, nous a permis de devenir, à travers le costume, à la fois acteurs et spectateurs de nous-mêmes. [...] Nous nous sommes vus, nous nous sommes plu et depuis nous ne nous sommes plus perdus de vue. Depuis, nous avons toujours cherché à nous étonner de nous-mêmes. Étonne-moi ! Toute l'histoire de l'habillement tient dans cette petite phrase." (pp. 64-65).



La chute est plutôt intéressante : dans le contexte du vêtement comme "armure sociale", la démocratisation de la voiture déplace cette fonction vers la "carrosserie-vêtement", d'où la pénibilité, maladresse et mauvaise volonté à se mouvoir en s'extrayant de "l'habit-tacle" (p. 180)... (mais là, il me semble que nous sommes totalement sortis de la spécificité féminine !)



PS: les croquis d'habits par l'auteur (dont celui de la Korê archaïque du VIe s. av. J.-C. figure sur la couverture rose fuchsia qui pourrait en décourager une phalange...) sont très beaux.
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L'éclipse

Merveilleux Serge Rezvani qui « chante » si bien l’amour. L’Eclipse est le dernier hommage qu’il rend à celle avec qui il a partagé quarante années de vie lumineuse, d’amour incandescent. Il va rester jusqu’au bout, durant les dix années de lent effacement de « l’âme neuronale » de Lula Danièle, dévorée de l’intérieur par le monstre Alzheimer. Un témoignage de toute beauté, pétri de sincérité.

Au-delà de la description des ravages de la maladie sur Lula et sur lui même, Serge Rezvani, reste fidèle à ces thèmes de prédilection : la beauté, l’amour, la création, la Vie.

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Les americanoïaques

Aussi court et rapide à lire que gorgé de fun à l'état pur ! Une magnifique virée vous attend : non pas quelque duo atypique ou bande de jeunes gens réfractaires à l'autorité, non non... on parle ici d'un couple de vieux clochards dont le plaisir favori - en dehors de la bibine - est de trucider des marins américains à coups de bouteilles derrière la tête...





Presque une fable, tant on est gorgé de satire joyeuse et cruelle, ce petit livre nous entraine dans des réflexions politiques et culturelles loin d'être inintéressantes. Bien sûr, il faut gratter un petit le vernis littéraire pour cela, mais rien de bien méchant pour quiconque, capable de lire, possède des connexions neuronales en bon état.





Un excellent moment donc. Drôle, bien écrit, parfois scabreux mais toujours intelligent. Je le recommande chaudement, bien qu'il ne soit certainement pas facile à trouver aujourd'hui.
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L'éclipse

Le 11 août 1999, le jour de l'éclipse, le diagnostic tombe : maladie d'Alzheimer. Ce livre est le journal d'une année avec Lula alors que la maladie l'empêche déjà de lire, d'écrire, de communiquer, rend son comportement incohérent et sa compagnie épuisante.



Rezvani a toujours dit qu'il s'en occuperait jusqu'au bout et qu'elle resterait toujours dans leur maison, "La Béate", dans le Midi. C'est ce qu'il réussit à faire mais à quel prix !



Le désespoir est omniprésent dans ce récit où il essaie de reconnaître la femme qui'il a tant aimée dans cette malade hors du monde. Parfois quelques brefs accès de lucidité font prendre conscience à Lula de sa maladie, mais la plupart du temps elle ne reconnait pas son mari, tient des propos insensés et accomplit des actes irrationnels ou dangereux. On sent bien que Rezvani essaie d'exorciser son désespoir en décrivant jour après jour cette cohabitation et en répétant combien il a aimé Lula et combien il l'aime encore.



Il s'en occupera en effet jusqu'au bout puisqu'il fera construire une maison de gardien à "La Béate" pour héberger une aide médicale qui l'aidera dans les derniers mois. Lula décèdera en décembre 2004.



Fait assez étonnant, alors qu'il avait formé avec Lula un couple mythique (cinquante ans de vie commune sans se séparer une seule journée), il se remariera dès la fin 2005 avec Marie-José Nat ! Il faut croire qu'il ne pouvait pas vivre seul !!!



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Le roman d'une maison

Voilà un livre inclassable ! Il fait partie de cette collection d'Actes Sud qui s'appelle "Archives privées" et donne carte blanche à un auteur pour parler de sujets intimes. Et Rezvani nous parle de ce qui est très intime pour lui, sa maison. Ou plutôt leur maison, à lui et à Lula.





Tout au long de son œuvre, il évoque cette demeure, "La Béate", dans le massif des Maures. C'est là qu'il s'est installé il y a quarante ans avec la femme de sa vie, Lula, après avoir abandonné la vie parisienne. Ils resteront tout le temps là-bas et l’œuvre de Rezvani sera intimement liée à cette demeure. L'isolement, la nature sauvage, le paysage, tout sera pour lui des éléments de son inspiration. Ce récit est aussi pour lui l'occasion de revenir sur sa vie en suivant le fil de cette maison. Quelques photos l'accompagnent.



A lire si on est amateur de la très belle œuvre littéraire de Rezvani.



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La Cité Potemkine ou les Géométries de Dieu

Livre philosophique. Suite à l'explosion d'une centrale nucléaire, des savants sont réunis pour propager des mensonges quant à la situations réelle des populations. Mais la réalité prend le dessus, les amours se cherchent, les secrets intimes s'avouent.
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Les Voluptés de la déveine

Le narrateur se retrouve en possession des écrits d'un commissaire récemment décédé. Celui-ci y raconte ses mésaventures. Il s'avère que c'est de famille, et quand il remonte au plus loin dans l'histoire de ses ancêtres, on se rend compte qu'eux aussi ont connu des histoires semblables, la poisse les poursuivant ... On est évidemment dans le burlesque le plus total.

J'ai beaucoup ri au début, c'est bien écrit mais je me suis lassée.
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L'éclipse

Ce texte, je l’ai débuté … je n’ose le dire…à sa parution, en 2003 !!

je l’ai abandonné, repris, ré-abandonné, et enfin achevé…ces derniers jours.



Non pas que le texte ne le mérite pas… bien au contraire, les mots bouleversants, d’amour, de révolte, de chagrin insensé de Serge Rezvani… nous prennent de plein fouet, dans une tourmente fulgurante….Depuis, j’ai lu un récit qui prolongeait ce témoignage inégalable, le temps qui a suivi la mort de son épouse adorée, vénérée (cf. « L’Ultime Amour »)



Un récit chavirant de l'artiste, écrivain-peintre-compositeur, Serge Rezvani, qui tente d'écrire l'indicible : l’accompagnement de sa femme adorée « Lula » plusieurs années durant, atteinte d’Alzheimer.

Il écrit pour se battre contre la mort, l’anéantissement, le découragement, les difficultés extrêmes au quotidien, pour soigner, aider sa femme à ne pas sombrer tout à fait.



Un texte unique en son genre qui va très loin, pour dire les désarrois de la malade et les détresses qui connaissent des paroxysmes pour le compagnon…qui « fait », se bat…pour l’être aimé…dans une solitude sans nom...



« Toujours peur pour l’autre…peur du n’importe quoi, justement, peur sans raison, peur pour rien et peur pour tout. Par moments j’ai l’impression que tout se rétrécit à ces-détails-, que la vie n’est plus que cela, qu’aucun projet, qu’aucun espoir n’est permis, qu’aucune distraction ni aucune désinvolture n’est à « notre » portée, que le cercle des -détails- s’est définitivement refermé sur « nous » (…)



Mais la vie sans sa présence, sans sa présence pourtant déjà si remplie d’absence, la vie sans les petits bruits d’elle dans la maison pendant que j’écris-comme en ce moment-, la vie sans tout ce qu’elle représente ne serait—ce que physiologique si vivante encore en elle, et aussi la vie sans cette continuelle peur pour elle, pour nous, cette peur d’un avenir…qui est encore quand même de l’avenir et non du rien, non de l’absence totale, non du manque terrible d’elle, d’un vide d’elle, d’un vide de ce qu’il me reste d’elle malgré –ça- !...Comment pourrais-je être vivant encore si elle n’est plus là ? (…)

Que même le peu qui lui reste encore de la sensation d’être elle, de me savoir moi près d’elle, tant qu’elle reconnaît ce qui l’entoure, tant que se prolonge la sensation d’être en vie, tout plutôt que de disparaître tout à fait !... Qu’il y ait vie ! Vie ! …(p.58-59)



Rezvani… décide fermement de cesser d’écrire ce journal…au moment critique où l’état de la « femme aimée » va se détériorer neurologiquement, plus brutalement encore… et sans espoir aucun …



Je salue le courage infini de cet homme qui puise de l’énergie dans l’écriture, pour avoir la force d’accompagner le plus longtemps possible « Lula-Danièle », l’Amour de toute une vie, en ayant toujours refusé vigoureusement de mettre sa femme dans une institution spécialisée …



« De l’écrire me fait mal… et à la fois du bien. Devrais-je me taire, ne plus revenir sur la femme tant mythifiée par mes poèmes, mes livres, mes chansons, mes tableaux ? Faire un définitif silence sur elle ? Non ! Qu’elle vive encore en moi, en mes écrits, qu’elle m’occupe même par la douleur. Tout plutôt que le silence d’une tombe où je l’aurais abandonné vive ! (p.102-103)



Un récit déchirant, qui continuera de me poursuivre longtemps après avoir l’avoir refermé . Sur cette maladie terrible…deux grands chocs de lectures, pétries d’une compassion et sensibilité extraordinaires ; Ces lignes de Rezvani et celles de l’écrivain, Arno Geiger, « Le vieux roi en son exil »



[L'Eclipse, Actes sud, 2003]









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Les Années Lula

Tout simplement le plus bel hymne à l'Amour et à La Femme que j'aie eu l'occasion de lire !

Avec son écriture saccadée et envoûtante, Rezvani nous fait partager son amour fou pour Lula.

Un superbe portrait de femme libre et moderne, dans le Paris des années 50.
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Variations sur les jours et les nuits

Débuté en octobre 1982, le journal d'une année, au fil des saisons, entre Venise et la Béate, la maison du bonheur dans le massif des Maures.

Une année d'écriture d'un intellectuel, artiste, peintre, poète, sur le bonheur de vivre auprès de Danièle, l'amour de sa vie , les lectures, la solitude nécessaire, les moments d'angoisse aussi, «  pour dire l'indolence d'une vie sans programme, pour mettre en mots les improvisations dans la répétition, pour capturer en quelque sorte le tremblant destin d'une année d'existence ».

Une écriture chargée de sensorialité qui nous incite à encore plus d'acuité.

«  Que reste-t-il de la vie qui passe au jour le jour ( )....?

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L'éclipse

Les livres servent à nous faire, mieux, apprécier ce qu'on a et "L'eclipse" est un de ces récits qui vous laissent un goût amer dans la bouche mais dont la profondeur nous fait chavirer au gré des mots. L'auteur nous fait partager son infinie douleur face à un mal plus terrible que la mort : perdre un être cher alors qu'il est toujours vivant.



Alzheimer, la chute dans le néant. Cette maladie, pas comme les autres, prend tout son temps à détruire un être humain et le réduire à un rien.



Peu à peu, la personne atteinte perd ses mots, ses gestes et ses souvenirs pour devenir une étrangère et ses proches des étrangers. Le vide s'installe dans leurs vies.



Seuls les gens qui ont côtoyé des malades connaissent cet état de souffrance dans l'inconscient, le détachement que les patientes affichent et cette impuissance paralysante. Je pleure pour ceux et celles qui vivent dans le noir et qui partent le vide dans la tête et le silence dans le cœur. Aussi, je rends hommage à Monsieur Revzani pour le courage d'écrire et de raconter ce mal qui ronge la vie des uns et des autres.



J'ai différé la lecture de ce roman par peur de replonger dans l'abîme des souvenirs qui font mal. Elle était si belle, si forte et elle est partie, perdue, sans savoir, sans comprendre et sans reconnaître les siens. Mais sans souffrir aussi !



A chaque mot que je lis, j'ai mal et je m'arrête pour retrouver le calme dans ma tête et mon cœur. La lecture a été douloureuse !



Je ressens la détresse de l'auteur atteindre son paroxysme quand il écrit "... Elle souffre, elle souffre comme chaque matin sans pouvoir s'en expliquer ni à elle ni à moi. Elle ne sait ce qu'elle fait là, ni où elle se trouve, ni quel est le moment de la journée, ni qui je suis et pourquoi elle est avec celui là en bas qui écrit...qui l'écrit "



Face à Alzheimer, il faut de l'amour, beaucoup d'amour, de la patience et du courage.



Un beau témoignage de ce que la vie peut nous réserver.



En refermant ce petit livre, je repensé au très beau film "N'oublie jamais" !!!!!!



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Ultime amour

Un texte tour à tour sombre et lumineux... d'un artiste octogénaire, anéanti par la disparition de l'Amour de sa vie, Lulla... qui va faire, à son grand étonnement une très belle rencontre amoureuse . cela sera une véritable Renaissance et reconstruction, inespérées...
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Le Portrait ovale

Très beau livre. Beau style et belle ambiance.
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