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Critiques de Tanguy Viel (896)
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La fille qu'on appelle

J'avais beaucoup aimé de Tanguy Viel Article 353 du Code Pénal avec sa confrontation entre un homme de pouvoir, déjà, mais un autre pouvoir, celui de la justice, et un homme pris dans les filets d'un escroc. Il semblerait que ce soit pour l'auteur sa zone de prédilection : révéler les "bassesses" humaines, les rapports de force, les luttes entre catégories sociales mais également les manières soit de rendre justice, soit de mettre sur le chemin de ses personnages des êtres faisant preuve d'humanité.



Ici il est question d'emprise, celle d'un homme qui n'exige rien vraiment en échange d'un service mais que tout, dans son attitude, dans sa façon d'agir le laisse penser, le suggère. Il s'agit d'une jeune femme qui a accepté, sans toujours le vouloir mais sans jamais le dénoncer, les propositions qui lui sont faites, prise entre sa condition, le fait que l'offre est faite par l'employeur de son père mais également son passé qui pour elle lui colle une étiquette...  L'auteur s'immisce dans le mental de Laura, pourquoi elle accepte, ses sentiments, ses réactions, ce que son attitude du passé peut laisser penser d'elles, ce que les autres peuvent en déduire. Il restitue parfaitement les liens que certains entretiennent ou possèdent grâce à leur position, leur carnet d'adresses, leurs intérêts avec d'autres, ceux-ci devenant leurs sous-fifres désignés.



Je n'ai pas eu le même plaisir de lecture que dans Article 353 car à plusieurs reprises il m'a fallu m'y reprendre à plusieurs fois pour suivre l'écriture et par la même occasion l'idée et/ou le fil du récit tant les phrases n'en finissaient pas. Cela ne peut ne pas me gêner quand il y a une certaine fluidité, une idée conductrice mais là, les changements d'orientation, les détails fournis etc... m'ont perdue à plusieurs reprises. Je l'ai trouvé assez prévisible sur le déroulé une fois les personnages installés et il n'y a pas eu la même humanité finale qui m'avait tant plu dans Article 353.



Que ce soit les personnages, le contexte, les réactions et attitudes de chacun, le rapport dominant/dominé tout y est finalement assez caricatural (malheureusement réel de notre société) et même si j'ai été jusqu'au bout, espérant qu'à un moment ou à un autre il y allait avoir la petite étincelle qui l'illuminerait, je garde le sentiment qu'il a utilisé beaucoup de clichés (beauté de la jeune fille, photos dénudés, casino louche, homme aux ambitions politiques etc....) pour faire cohérence au sujet. 



J'ai aimé.
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La fille qu'on appelle

Tanguy Viel est un très bon auteur selon moi.

On reconnaît très vite son style, très particulier.

L'histoire est banale, il s'agit d'une histoire d'emprise d'un homme politique influent sur une jeune fille. L'intrigue se passe dans une ville de bord de mer qui fait penser à Saint-Malo. Laure a 20 ans et revient auprès de son père Max Le Corre. Comme elle cherche un logement, elle fait naturellement appel au maire de la ville qui est l'employeur de son père. Malgré elle, elle se retrouve sous l'emprise de celui-ci et aura du mal à ne pas accepter ses conditions. Lorsqu'elle décide de porter plainte pour agression, c'est trop tard et sa plainte ne sera pas reçue.

Une histoire sidérante, un style très fort.
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La fille qu'on appelle

Max La Corre, ancien champion de boxe est chauffeur du maire d'une ville de Bretagne.

Quand sa fille Laura revient vivre près de lui, il demande au maire de l'aider à trouver un logement.

C'est le début d'un engrenage.

L'auteur nous rend spectateurs d'une histoire d'emprise et nous assistons, hypnotisés, à la déclaration que fait Laura à la police, aux arrangements de gens influents, à la manipulation.

Le procédé est un peu le même que dans « Article 353 du code pénal »

Laura, comme Martial, font une déposition.

Le sujet est d'actualité bien que datant de la nuit des temps : un personnage abusé, domination/soumission.

C'est un livre noir à l'ambiance pesante.

J'ai eu un peu de mal à entrer dedans.

Longueurs des phrases pas toujours claires et nécessitant une relecture.

Tout en admirant cette belle écriture et ces tournures de phrases, elles m'ont étouffée, presque asphyxiée (bon, d'accord, j'exagère un peu).
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La fille qu'on appelle

C'est entendu, dans La fille qu'on appelle, le style de Tanguy Viel est toujours aussi délectable, l'un des plus brillants de la littérature française contemporaine, au côté d'Echenoz, par exemple. Cette fois, l'auteur colle à l'air du temps avec un argument post #MeToo qui étonne un peu de sa part, homme des intrigues construites comme des mécaniques de précision à partir de situations d'une absurde logique. Ici, il est un peu prisonnier de son sujet qui l'oblige à un certain réalisme qui ne lui est pas si naturel. En conséquence, ses personnages déçoivent par leur limpidité : le maire d'une petite ville bretonne (Saint-Malo ? Concarneau ?), imbu de son pouvoir, une jeune ingénue piégée, le père de cette dernière, boxeur sur le retour, etc. Autant de protagonistes presque caricaturaux, bien que le caractère de l'héroïne soit finalement un peu flou. L'emprise et l'abus de pouvoir sont les sujets du livre qui explore plutôt bien les zones grises de la relation entre la jeune femme et l'homme de pouvoir mais il y a un côté presque forcé (et daté ?) dans la description du système mis en place par l'édile local et proche de ceux évoqués dans certains films de Boisset ou de Chabrol. La fantaisie et l'humour ne sont pas complètement absents de La fille qu'on appelle mais plus en retrait que d'habitude chez un romancier qui est bien meilleur quand il traite de sujets sociaux avec plus de légèreté et d'originalité, ce qui était impossible ici, au regard du dramatique thème principal.
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Article 353 du code pénal

Voilà un roman que je voulais lire depuis très longtemps ayant beaucoup apprécié l'auteur, lors de ma lecture de "La disparition de Jim Sullivan".

Mais le titre ne me disait rien, vous êtes d'accord n'est-ce pas qu'il n'a rien de bien attirant ! Et pourtant...



Martial Kermeur est un ancien ouvrier de l'arsenal de Brest. Il vient d'être arrêté car il a poussé un homme à la mer et l'homme s'est noyé.

Immédiatement, le lecteur veut savoir pourquoi cet homme sans histoire, ayant élevé seul son fils depuis son divorce, a pu commettre ainsi l'irréparable. Alors il s'installe et écoute les confessions de Martial Kermeur, à peine entrecoupées par quelques rares questions du juge qui, en face de lui, cherche à comprendre son geste.

Le passé ressurgit.

Antoine Lazenec, la victime était un promoteur immobilier. Il est arrivé des années auparavant sur la petite presqu'île bretonne et a convaincu tout le village du bien fondé de son gigantesque projet de station balnéaire. Derrière le maire, ils ont été nombreux à être conquis et à investir, d'autant plus que le personnage, en plus d'être charismatique, sait particulièrement soigner ses relations et même devenir proche au point d'être considéré comme un ami par la plupart d'entre eux.

Martial Kermeur n'a pas échappé à la tentation. Au lieu d'acheter le bateau de ses rêves avec les 400 000 francs de sa prime de licenciement, il investit dans un magnifique appartement avec vue sur la mer.

Mais voilà, malgré les belles paroles du promoteur et un début de travaux qui défigure l'environnement, mais qui est prometteur, le projet n'avance pas et les habitants mettront des années à réaliser qu'ils se sont fait avoir, que leur argent n'a servi qu'à assouvir les caprices et le désir de luxe de Lazenec...et donc qu'ils ne le récupèreront jamais.



Ce roman est un roman social et engagé, autant le savoir avant d'en commencer sa lecture. Au delà de ce huis-clos qui réunit un juge et le prévenu, l'auteur s'attache à nous décrire une région dévastée par la fermeture de ses entreprises et la perte d'emploi qui en découle. Voilà pourquoi le maire est prêt à tout pour maintenir économiquement sa survie et donc il ne peut qu'accepter les projets de développement qu'on lui présente.

Ceci dit, ce roman est une confession, un monologue. Le juge d'ailleurs est à peine présent et ne pose que quelques rares questions. Les phrases sont longues comme le sont les pensées et les raisonnements que l'on se fait à soi-même.

L'histoire nous plonge dans un lieu, la Bretagne, convoitée pour sa manne touristique par un promoteur malhonnête. L'auteur sait nous décrire le bord de mer avec beaucoup de poésie et le lecteur imagine sans peine, le port, les bateaux, les vagues, les odeurs et surtout, l'ambiance...

Il faut reconnaître que dès le départ, on entre dans l'intimité de Martial, dans son ressenti, dans ses pensées et que la plongée dans la psychologie du prévenu est tout à fait intéressante.

J'ai éprouvé personnellement beaucoup d'empathie pour lui ce qui ne veut pas dire que j'approuve son geste car la violence qu'il ressent par rapport à sa vie, et aux difficultés qui ont été les siennes et sont celles de trop nombreuses personnes, n'excuse en rien la violence de son acte. Il a été manipulé par ce beau parleur de promoteur, il a été floué et éprouve de la honte d'avoir cru devenir son ami. Nous trouvons normal qu'à un moment donné, il ressente beaucoup de colère, d'autant plus qu'il a montré à son fils sa faiblesse, et que celui-ci a du mal à se construire un avenir meilleur.

Bien entendu, les personnages sont un peu caricaturaux, tous les ouvriers ne sont pas aussi naïfs, ni victimes de malchance, ni les promoteurs véreux et inhumains, et d'ailleurs on voit mal un promoteur devenir aussi proche des gens dans la vie normale. Mais qu'importe, le lecteur est emporté par l'écriture et la sincérité de la confession. Le ton est juste sans pathos et la tension augmente au fil des pages et du déroulé de l'histoire comme dans un polar.

Au passage, le lecteur se prend à rêver d'un autre monde où l'humain serait plus important que l'argent.

Martial ne renie pas son geste, il sait qu'il a commis un crime. Il expose les faits sans chercher à se justifier. Son avenir est donc entièrement dans les mains du juge et du fameux article 353 du code pénal, que personnellement je ne connaissais pas et que je vous invite à ignorer avant la lecture de ce livre, pour ne pas gâcher la fin...immorale certes mais, arrivé à ce stade, ce n'est pas ce que je retiendrai du livre.

Ce roman a obtenu en 2017 le Grand Prix RTL-Lire. Il était temps que je le lise !


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Article 353 du code pénal



Lors du dernier festival quais du polar, la présence de Tanguy Viel , venu présenter son nouveau roman paru en janvier aux éditions de Minuit , coulait de source, tant l'auteur bouscule les genres avec ce roman apre qui commence lorsqu'un homme est arrété par la police pour avoir balancé à la mer un promoteur immobilier.



Une histoire d'escroquerie et de meurtre le long des cotes bretonnes, narrée dans une langue parfois austère et en même temps parfois imagée qui nous plonge dans le paysage venté et océanique du Finistère : cette longue confession intropective d'un type au bout du rouleau amené à faire un geste tres fort.



Résultat de recherche d'images pour "tanguy viel code penal"



L'auteur nous propose une exploration psychologique d'un personnage qui rumine le fait d'avoir été floué, c'est le comment qui interesse l'auteur pas le quoi puisque lacte criminel est narré des le début...



" Maintenant le juge agitait les mains sur ses dossiers et déjà il sortait d'une des chemises qui peuplaient son bureau toute une série de photographies qu'il a déposées là devant moi, et qui témoignaient de l'état d'avancement des travaux dans le parc, si on peut encore appeler ça un parc.."



Le récit déroule tout au long de cette confession l'absence de probité dont peuvent parfois faire preuve les gens qui aiment particulièrement l'argent, et leur infini pouvoir de destruction.



Article 353 du code pénal - on comprend à la fin l'importance de cet article du code- développe une sorte d'empathie pour ce cruel qui étonne et met mal à l'aise avec belle réalité sociale ...



Une lecture dérangeante, certes pas aussi forcément bouleversante que la grande majorité de la presse l'a dit, mais assurément interessante...




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Article 353 du code pénal

En démarrant la lecture de ce roman, je ne savais pas du tout à quoi m'attendre.

Le titre et la couverture ne m'attiraient pas mais il était très bien noté sur Babelio, donc j'ai tenté.

Et j'ai bien fait.

Belle découverte que ce roman assez atypique !

Il s'agit en fait du récit que Kermeur fait au juge d'instruction après avoir été arrêté.

Mais je n'en dis pas plus pour ménager le suspense.

J'ai beaucoup aimé l'écriture, faite de digressions mais permettant de rentrer profondément dans les méandres de la pensée de Kermeur et dans le détail des faits.

Sa confession est empreinte de poésie, d'ironie, de justesse, qui appelle à la compassion. Toute l'humanité de Kermeur ressort face à l'injustice dont il a été victime.

Un roman d'une rare puissance !

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Article 353 du code pénal

Article 353 du code pénal est une sorte de thriller. Non que l'on y cherche le criminel : il est connu depuis les premières pages. C'est tout le talent de Tanguy Viel que de nous livrer page après page les tenants et aboutissants d'une affaire qui se dévoile peu à peu sous nos yeux de lecteur accroché au récit comme une moule au rocher, veuillez excuser la trivialité de l'expression. On connait la manière de l'auteur de Paris-Brest, capable de tricoter une histoire pleine d'humanité et toute empreinte d'humour souvent noir. Ici, ce dernier aspect est moins présent, et l'on comprend bien pourquoi car il s'agit d'un livre de crise, d'un air du temps vicié par les remugles d'un capitalisme cruel qui s'attaque aux plus modestes jusqu'à déchiqueter ses proies sans l'ombre d'un remords. Une fois la liquidation du "méchant" perpétrée en pleine mer, Viel s'attache au monologue de la victime (oui, c'est le meurtrier mais bon) devant un juge tout ouïe. L'explication de tout cela réside dans une escroquerie banale somme toute, mais d'un cynisme effrayant, aux conséquences même pas collatérales : un suicide et combien de vies dégommées ! Il y a tellement de choses dans ce roman : le regard d'un père vers son fils, et réciproquement, quand le plus âgé montre toutes ses faiblesses ; le climat de la rade de Brest, c'est comme si on y était : on sent le vent sur nos épaules, on renifle l'odeur des marées. La possibilité d'une presqu'île et bien plus encore. D'humanité bafouée il en est question et de cette question fondamentale qui est l'épicentre du livre : qu'est-ce que la justice dans la société d'aujourd'hui ? D'où le twist final, moral ou pas, chacun se fera sa religion. Une chose est certaine : Tanguy Viel n'a jamais été aussi maître de son art de romancier.
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Cinéma

Ceci est un scoop : j'aime les livres. Je les aime tellement que j'évite le plus souvent leur adaptation cinématographique (d'autant plus que le bouquin n'aurait eu l'heur de me séduire). Et, ce, pour certaines raisons (hors absence de masochisme):



- l'amputation filmique m'est douloureuse. On regarde des personnages-moignons (sans carbone) dont les ramifications complexes ont subi une taille éhontée, quand l'action, elle-même, n'a pas été lavée à 90° pour des raisons de toile de temps (j'admets, le jeu de mots est totalement foireux).

- Je tiens à ma liberté inaliénable de lectrice qui projette ses images personnelles sur les mots qu'un écrivain lui a offerts. Laquelle lectrice préfère lesdits cadeaux à lady ou mister Machin, fussent-ils pourvus de talent et de charme.

- Je me refuse à donner quelques euros à un professionnel du cinéma incapable de promouvoir une idée originale (a fortiori lorsque le livre n'est pas remarquable. Il est bon de le répéter)



J'aime les films aussi. Enfin, pas tous. Loin de là. Pas les adaptations littéraires par exemple. Ceci est une règle qui comporte donc quelques rares exceptions (comme les mots en "ou" qui prennent un "s" au pluriel sauf…)



Et je souffre d'un TOC qui me pousse à acquérir systématiquement tout ouvrage des Editions de Minuit qui traîne chez mon bouquiniste. Il ne s'agit pas d'un TOC dangereux. Il y a moins d'auteurs Minuit que de Musso-Lévy dans les fonds de caisse. Excepté l'Amant de Duras qui a décroché la palme du cadeau de fin d'année le plus offert après avoir décroché le prix Goncourt. Les stocks circulent encore.



Bref, j'ai ramené Cinéma.

Mal m'en a pris!

J'ai avalé cent vingt quatre pages serrées d'un livre qui n'a fait que causer d'un film! En plus, pas n'importe quel film. Non, un vrai chef d'oeuvre du cinéma vu à une époque que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître. Un film que je n'ai jamais oublié. Une oeuvre maîtresse.

Si les écrivains commencent à écrire pour parler d'un seul film, il est temps de lancer un boycott afin de sauvegarder le roman.



On peut m'objecter que certains auteurs écrivent pour ne rien dire, même très délicatement, et que cette délicatesse inspire l'industrie cinématographique. Soit. Mais on peut alors tout admettre. Rejeter l'exigence, porter la médiocrité au pinacle, virer Voltaire et encenser Coelho (clin d'oeil à une Laurence de Babelio).



Bien sûr, Tanguy Viel ne se borne pas à raconter le film.

On peut faire valoir qu'il glisse de la trame (grandiose) du film de Mankiewicz pour faire place à son narrateur mono-maniaque qui entretient une relation particulière au film. Ce qui constitue le coeur du livre dans les digressions en marge de la narration de Sleuth (Le limier en français).

Mais tout ceci est bien court, hors l'hommage que l'écrivain rend au réalisateur.



Le narrateur n'en finit plus de visionner le film sur son magnétoscope au point de définir sa vie, ses pensées, ses amis en fonction de ce qu'il imagine comprendre ou ne pas comprendre de ce jeu de pouvoir physique, psychique et social. Tout individu ne trouvant pas le film formidable est exclu. Toute personne qui oserait rire à tel moment ne sera pas rachetée. Etc.

Notre narrateur est un fondu, cinéphile d'un unique film, pas même esthète.

Habituellement, je prends grand plaisir à tout délire de doux dingue, mais ici la monomanie manque de saveur.

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Article 353 du code pénal

Le narrateur a une vie bien tranquille dans un petit hameau de la côte bretonne, il est attaché à sa région encore préservée du modernisme et des modes, quand débarque en Porsche un promoteur au style de cow-boy. Son objectif : tout bouleverser, tout retourner avec le projet de faire un ensemble immobilier voué au tourisme, une station balnéaire.

Le narrateur, autant contraint que volontaire, ira jusqu'à investir ses économies dans ce projet, avant de s'apercevoir bien tard qu'il a été victime d'un escroc. Il se vengera en passant le promoteur par dessus bord au cours d'une partie de pêche.

Un roman social sur les rapports dominants/dominés, et la quête de la vengeance et de la dignité, un livre qui aurait pu inspirer Claude Chabrol.
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Article 353 du code pénal

Martial l’a mis par-dessus bord, ce démon qu’on ne devinait pas, cet oiseau de malheur qui a tout apporté, ce faux promoteur, le menteur, il l’a balancé et laissé se noyer. Il faut dire qu’il méritait d’en finir, coulé, oublié celui qui a pourri la vie de beaucoup jusqu’à Le Goff qui s’est même suicidé. Martial a pas réfléchi, ou si peu, hop ! on en parle plus : Antoine Lazenec est éliminé. C’est ce qu’il raconte, Martial, dans le bureau du Juge. Il raconte tout, depuis l’arrivée de ce Lazenec avec ses projets auxquels ils ont tous crus, lui et les autres gogos de la commune. Il raconte la vie qui déraille, les économies qui s’envolent, le rêve qui s’écroule et puis le fils, Erwan, qui fait les mauvais choix. C’était plus supportable, il dit au juge.

La vie s’écrit à la plume de Tanguy Viel saisissante d’une vérité forte. La vie simple d’un homme ordinaire qui bascule à force de trop souffrir jusqu’à l’inacceptable. Nous sommes témoins, on écoute au même titre que le juge et l’existence défile parsemée de ces petits riens qui font réfléchir et ouvrir les yeux. Martial décortique l’aventure.

Roman remarquable sur la nature humaine et la route que chacune trace, « Article 353 du Code Pénal » est une lecture poignante dont on ne sort pas indemne. L’écriture est un plaisir des yeux et des oreilles, chaque mot à sa place, un plaisir de la langue travaillée sans qu’elle ne devienne pompeuse ou indigeste. Tout n’est que bonheur de lecture : le style (comme je viens de le souligner), la finesse, la profondeur des personnages, la richesse du récit.

Une lecture fascinante.


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Article 353 du code pénal

Je crois bien que c'est la toute première fois que j'accroche comme ça à un livre audio.

Quand une amie a dit "écouter un livre lu par Feodor Atkine", qui a une voix que les amateurs de films et séries ne peuvent que resituer (Doubleur du Dr House, si je dois n'en citer qu'un...), j'ai sauté sur la liste de ses "audiobooks".

Et il y avait celui-ci. Pas trop long, c'était juste parfait pour cet item du challenge HP qui me pose toujours problème (je m'en étais sortie l'an dernier avec "Le donjon de Naheulbeuk, lol !).



Mais je ne savais pas encore à quel point ça allait être plus que parfait. Parce que ce livre, qui est en fait un huis-clos entre un meurtrier et un juge, quasiment un monologue, est écrit d'une façon qui colle mieux, à mon sens, à être "écoutée", qu'à être lue.

Et je pense que si je l'avais "lu" vraiment, je l'aurais beaucoup moins apprécié, ce bouquin !



Mais là, avec la voix et l'élocution absolument fabuleuses, les intonations, les respirations magnifiquement bien placées de F. Atkine, mon attention n'a à aucun moment été attirée ailleurs, ce qui est mon gros problème d'habitude... ALors bien sûr je n'ai écouté que trois ou quatre chapitres d'affilée (mais il est court) en général. Samedi je sais que j'ai écouté plus que ça, pendant à peu près 40 minutes d'affilée, sans décrocher !



Parce qu'on s'attache à ce Martial Kermeur, à son histoire, qui est si actuelle, si tellement ancrée dans notre époque de margoulins et de beaux-parleurs qui ne sont que des escrocs, et qui abusent les gens simples et honnêtes. Parce qu'on s'attache à cette petite communauté qui se fait avoir dans les grandes largeurs, et que, perso, j'aurais pas fait mieux que Kermeur je crois bien enfin si, je lui aurais bien avant pété la gueule à ce fumier de Lazeneur. Si on peut appeler ça faire "mieux"...



Bref, je me suis régalé. S'il n'y a qu'un seul livre à découvrir en "audio" dans toute votre vie, bah je dirais que c'est celui-là !!! Enfin moi je ne regrette absolument pas mon achat (j'ai profité d'une offre découverte d'ailleurs...), j'ai droit à deux autres, je pense que ce sera du Féodor Atkine et personne d'autre ! :)
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Article 353 du code pénal

. Un passionnant huis clos entre un jeune juge et l’assassin d’un promoteur immobilier véreux.

Ou plutôt, le long monologue d’un homme pris au piège par un autre, face à un juge bienveillant.

C’est fort bien mené. Martial, abusé comme bien d’autres par un homme sans scrupule, lance ses phrases comme un naufragé. Certes, il a bien poussé à l’eau celui qui est la cause de tous ses maux, mais quel chemin pour en arriver là ! Et il sait bien expliquer le lent processus qui l’a mené à cette extrémité.

C’est une excellente analyse psychologique d’un homme poussé à bout et d’un autre sans aucun scrupule.

Et fort heureusement, le juge qui a bien compris l’affaire, use de l’article 353 du code pénal.

Une lecture sans temps mort, avec une tension qui monte au fil des pages.

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Article 353 du code pénal

C'est comme un thriller à l'envers. On connait le coupable et la victime et on va découvrir le pourquoi au fil de la lecture pendant la confession du « coupable ». Martial est seul avec son jeune fils. C'est un ancien ouvrier licencié de l'Arsenal, il croit en l'homme, à l'honnêteté, à la loi et aux hommes de loi. Il travaille pour la mairie comme régisseur dans une propriété qui sera bientôt acheté par Antoine Lazenec. Commence alors la descente aux enfers.

Martial fait partie de ces gens qui n'existent presque plus et dont je viens. Je retrouve dans ce formidable roman les codes d'honneur, l'idéalisme et l'honnêteté morale du monde ouvrier quand il existait encore. Je me souviens de mon père vers la fin de sa carrière, écoeuré, qui me disait avec de la colère dans la voix : « ah ! Si tous les ouvriers du monde se donnait la main ». J'ai été nourrie au biberon de cette classe sociale là et j'ai été frappée de l'exactitude des mots et de la description des émotions. Un roman bouleversant.

Hélas dans la vraie vie je ne suis pas certaine que Martial se serait expliqué avec autant de justesse et que le juge fut aussi magnanime.

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Article 353 du code pénal

Je n'ai pas aimé ce bouquin de bout en bout il ne s'y passe quasiment rien ou si peu de chose. Et pourtant l'auteur arrive à en faire 176 pages.



Il y est question de crédulité car un promoteur arrive à soutirer de l'argent à toute une partie de la ville avec son nouveau projet immobilier et du procès dû à un meurtre pour lequel Kermeur est arrêté. Ce long monologue est ennuyeux à mourir.



Encore une des dernières parutions d'auteurs français plus que décevantes et dont il y a beaucoup de critiques élogieuses, heureusement que le récit est court cela ne m'aura fait perdre que quelques heures.
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Article 353 du code pénal

Sonnée , comme après l'annonce d'un verdict qu'on n'attend pas , en refermant ce roman ...



L'histoire commence par les dernières minutes de Lanzenec dans les vagues de l'océan , poussé hors du bateau par Martial Kermeur ...Voilà pour les faits !



Comment un homme peut être amené à un tel geste , c'est ce que le juge va demander à Kermeur .



Fin des années 1980 ,  sur une presqu'ile bretonne, sinistrée depuis la fermeture de l'Arsenal de Brest ; les ouvriers licenciés ont touché leur prime qui servira pour la plupart à s'acheter un bateau de pêche , c'était en tout cas l'intention de Martial Kermeur jusqu'à ce que le fameux Lanzenec achète la propriété de la commune baptisée le Château , et dont le pavillon du gardien est occupé par Kermeur et son fils Erwan de 11 ans avec l'intention de construire un ensemble immobilier et de transformer cette modeste presqu'ile en station balnéaire .



Martial Kermeur ,  raconte avec ses phrases à lui, d'homme simple, peu instruit, mais fier , de cette fierté des gens de terroir ou de mer, appartenance à une communauté universelle de ceux dont on ne parle jamais parce qu'on a rien à en dire mais qui sont l'essence même de l'humain , et ces paroles ne sont pas seulement un monologue,  car il se parle et se répond, comme s'il faisait lui-même son procès à la fois juge et partie avec simplicité mais aussi beaucoup d'intelligence , de talent et parfois d'humour , les mots sortent seuls , en entrainent d'autres , c'est tout sauf une plainte , c'est une victoire sur l'adversité , un combat ancestral ...



et le juge écoute - presque un prêtre dans le confessionnal ou un psychiatre ...



En spectateur muet de cette de cette arnaque Erwan le fils grandit : comme une éponge , il absorbe l'absurdité et la cruauté de cette situation dont le père cache à tous , à commencer par son fils , le dénouement prévisible.



Terrible enchainement dont on sent tout le caractère dramatique .



Autant je n'avais pas aimé Paris Brest de Tanguy Viel, autant ce roman m'a emporté dans les summums du plaisir de lecteur .

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Cinéma

Retour sur un livre qui a beaucoup marqué ma vie de lecteur et de … cinéphile. « Cinéma », le second livre de Tanguy Viel, à été pour moi un double coup de cœur. Non seulement il écrit pendant 130 pages sur un seul film, mais comme par hasard (ou non), il s’agit pour moi aussi de l’un de mes films préférés, parmi les centaines que j’ai visionnés, en particulier lors de mes jeunes années, en l’occurrence « Le limier » (titre original Sleuth), le dernier long-métrage de Joseph L. Mankiewicz, tourné en 1972, un huis clos avec Laurence Olivier et Michael Caine, à ne pas confondre avec le remake de 2007, dans lequel Michael Caine campe le personnage joué par Laurence Olivier dans la version originale, et Jude Law reprend le rôle initialement joué par Caine. A noter que ce film, le chant du cygne de Mankiewicz, est basé sur une pièce de théâtre d’Anthony Shaffer (également auteur du scénario), un des très grands dramaturges britanniques du XXe siècle.

Tout cela pour situer ce film sur le plan purement cinématographique.

Je ne vais pas vous divulguer l’histoire, je ne saurais d’ailleurs pas le faire comme Tanguy Viel, qui réussit là un coup de génie absolument époustouflant, en racontant non seulement l’intrigue du film dans un style très particulier, je dirais cinématographique, un style très personnel aussi, avec en sus moult digressions pour inoculer au lecteur son amour (le mot n’est pas trop faible) pour ce monument du cinéma, qu’il a visionné des dizaines et dizaines de fois, toujours à la recherche de nouveaux détails qu’il n’aurait pas encore observés, pour admirer encore et encore ses scènes préférées, nombreuses dans ce film dense et touffu, pour admirer le jeu de ces immenses acteurs, pour la beauté et l’originalité des décors aussi, absolument magnifiques.

Tanguy Viel parvient à envoûter le lecteur de telle manière que ce dernier peut littéralement visualiser le film par la lecture. Il va de soi que le lecteur est d’autant plus happé s’il connaît lui-même ce film et son intrigue machiavélique, a fortiori s’il apprécie le film et parvient ainsi à saisir mieux les digressions de l’auteur. Tanguy Viel veut aussi partager son engouement avec ses amis et connaissances. Ses visiteurs sont immanquablement conviés à visionner « Le limier » en sa compagnie. Et gare à celui qui ose émettre une critique: il ne sera plus invité.

Un livre très particulier écrit par un auteur particulier et parlant d’un film particulier. A vous de voir si vous voulez découvrir d’abord le film ou le livre. Personnellement, je vous conseillerais de découvrir le film en premier. Vous apprécierez alors d’autant mieux la version littéraire concoctée par l’auteur.

Bonne lecture et bon film !
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Article 353 du code pénal

Ne faites pas comme moi.

Évitez de vous ruer sur votre code pénal pour savoir ce que dit cet article 353, je spoile à peine en vous disant que tout se met en place dans les dernières pages du livre.

Car ce roman est carré dans sa structure comme est carré Kermeur, le principal personnage.

Il y a la mer et ses bruits.

il y a un rythme des phrases (quand Kermeur parle au juge) qui retransmet presque l'accent des habitants de cette partie du nord Finistère.

C'est une histoire d'abus,de manipulation par un margoulin XXL de l'immobilier.Un voleur. Un vrai truand.

Qui se croit à l'abri.

qui pavane au milieu de ses victimes.

différence de milieux,différence de mentalité. Pas la même conception de la parole donnée. Trahison. Vengeances.

celle du fils.

celle du père.

des vies ruinées.

Pas pour tous.

Au final un juge qui appliquera ce fameux article 353 du code pénal afin qu'il n'y ait pas double peine pour Kermeur.

Et la magnifique langue de Viel.

les merveilleuses analyses psychologiques de Viel,ses personnages décrits avec une acuité remarquable,et Kermeur,personnage central,dont la pensée se clarifie, s'étoffe,prend de l'assurance évolue au fur et à mesure qu'il cherche et trouve les mots justes pour expliquer au juge ce qu'il a traversé. Comme une naissance.

Où il trouve sa force et sa vérité.

Poignant.Mais pas gnangnan.

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La fille qu'on appelle

La Fille qu'on appelle

Editions de Minuit

Tanguy Viel

Sptembre 2021



Une fois n'est pas coutume, j'ai lu les pages gratuites que nous fournit l'éditeur, car j'étais impatient de voir si Tanguy Viel tenait toutes ses promesses. Tanguy Viel, c'est Tanguy Viel maintenant, ses longs monologues intérieurs, sa petite musique, sa poésie, ses métaphores, l'auteur sur qui on compte pour nous raconter des histoires scabreuses de sa voix un peu trainante, ténébreuse, s'arrêtant sur foule de choses, souvent riches, néanmoins fort active à nous décrire des ambiances locales, régionales qu'il connaît bien et à nous graver dans le marbre des portraits de gens de la vie plutôt ordinaire. Il restait à mon sens à nous convaincre sur la justesse de son propos, sur la hauteur et la clarté de son dessein pour pas moins atteindre une dimension supérieure dans le champ des grands littérateurs contemporains.



Après sa pause avec son essai Iceberg que j'ai aimé, je me suis dit qu'il n'était pas complètement satisfait de ses fictions, peut-être il manquait un peu de vraisemblance à ses récits, travaillant sur le mot, les effets de style plus que sur la petite musique qui lui plaît tant. Arriverait-il à dompter ses quelques absences, cette affectation plutôt qu'une patiente observation vérifiée, qui pêchent un peu dans ses écrits. Il me semble qu'il s'en donne les moyens ici et que ce livre va rencontrer un public large ; c'est tout le bien que je forme pour lui.



"..Cette veste de cuir noir qui laissait voir ses hanches, dessous la robe de laine un peu ajustée, le vent à peine qui en effleurait la maille quand elle tirait dessus."



Tout cela n'est évidemment que mon modeste avis.



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Travelling

J'apprécie en général les livres dits de voyage, et j'apprécie doublement quand ces derniers sont écrits par des vrais écrivains, car tout est rassemblé pour passer un bon moment d'évasion par le récit et par la plume.

Un voyage en cargo c'est étrange et original, je ne savais pas que cela était possible. De New-york en passant par le Japon, une escale en Chine puis la grande Russie, retour au point de départ la France.

C'est un tour complet du globe que nos deux compères ont parcouru. Le récit à quatre mains ne dérange pas on a même du mal à savoir qui écrit !

J'ai trouvé amusant les listes des animaux croisés au court de leur voyage, et également les tables de proverbes. Puis le récit du mondial de foot apportant une pointe finale en apothéose, pour les inconditionnels de ce sport ce qui est loin d'être à mon goût. Mais puisque la Russie était la route du retour autant en profiter pour honorer cet événement.

Un voyage qui s'est effectué sans avion, donnant une autre dimension temporelle et géographique de nos deux voyageurs.

J'ai beaucoup aimé la partie Japon et le lac Baïkal.

De part leur récit l'envie de connaitre mieux ces parties du monde nous titille, visionner au moins des images.

Un très beau récit ponctué de littérature, histoire, géographie et de plaisir des yeux. Se laisser bercer par le roulis du train.

"Quand soudain la vie apparaît dans son essentielle nudité et qu'on se répète à longueur de journée qu'il n'y a vraiment que ça à faire dans la vie _ lire, écrire et rêvasser." page 51

Voilà un programme qui me va tout à fait.

Bon voyage
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