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Critiques de Timothée Demeillers (84)
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Jusqu'à la bête

Je fini ma lecture de la sélection Cezam avec ce roman. Qui m'a beaucoup fait penser à un autre opus de cette même sélection : "le dernier arrivé" de Marco Balzano. Le procédé est le même : un narrateur qui raconte sa vie, jusqu'à l’événement qui l'a placé dans la situation actuelle. Dans les deux cas ce sont des témoignages sociaux assez rudes, et très clairement je ne suis pas fan de ce type de récit. Je lis pour me divertir, et me faire "pleurer" sur le sort des plus malheureux que moi, n'est pas un divertissement.

Oui je sais que la vie de certains est rude, mais y a t'il besoin de 150 pages de détails pour me le rappeler jusqu'à l’écœurement ? Pour arriver presque à une justification de l'injustifiable...

Alors je reconnais une certaine qualité à ce roman, les effets narratifs sont très efficace. Le style est fluide, facile à lire. Mais je n'adhère pas du tout au fond.
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Prague, faubourgs est

Ce livre est un récit du désespoir. Pas le désespoir pur et dur à la suite d’une tragédie, non, le désespoir chronique, à la suite de la perte de tout ce qui avait permis d’espérer.

Nous sommes en république Tchèque, l’une des deux nations qui formaient autrefois la Tchécoslovaquie. Il est loin, le printemps de Prague – et personne ne semble s’en souvenir. Surtout pas les touristes, pour qui Prague n’est qu’une étape. Il ne s’agit pas de visiter les monuments, les musées, de déguster des spécialités locales. Disons que cela dépend ce que l’on appelle "des spécialités". A l’Est, on peut découvrir des filles qui ne savent pas encore ce qu’est le féminisme, des filles "faciles", dirait-on, et des touristes tout aussi faciles à embobiner.

Et les Tchèques, dans tout cela ? Tous n’ont pas la chance d’avoir profité de l’ouverture des frontières, comme Marek. Est-ce vraiment une chance que d’être Marek, ce personnage désabusé, désincarné, qui n’est plus d’ici, mais d’ailleurs ? Qui ne retrouve ni la ville telle qu’il l’a connue, ni ses amis ? De Katarina, son grand amour, il est à peine question. Nous la croisons, silhouette désincarnée, au détour d’une rencontre avec un touriste, moins vivante que dans les souvenirs de Marek ou dans les désirs de Jakub. Lui aussi a beaucoup changé – dégringolé devrai-je dire, tant il est ravagé par l’alcool, la drogue, la perte de ses rêves et de son amour. Dans sa déchéance même, il est pourtant le personnage dont je me souviendrai le plus, fantôme errant dans une ville uniformisée.

Prague Faubourg est un premier roman désenchantée.
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Jusqu'à la bête

Ça va mal finir…On le sait dès le début.



Depuis la prison de Rennes-Vezin où il est incarcéré depuis deux ans, Erwan raconte ce qui était son quotidien avant d’arriver là.



A 17 ans, il décroche un boulot dans un abattoir d'Angers. Le sang, les viscères, les carcasses, le froid, les cadences infernales, l’odeur, les blagues graveleuses des collègues, l’ennui, le mépris des petits chefs,  la résignation, et toujours le bruit, et toujours le clac des chaines qui rend fou.



Dans dans ce milieu qui n’a de considération ni pour l’Homme ni pour la bête, on attend la retraite dès la trentaine.

Heureusement pour Erwan, il y a Laëtitia, étudiante intérimaire, il y a son frère, sa belle sœur et leurs enfants. Des moments de douceur dans l’enfer. Mais cela n’évitera pas « l’événement ». Et des clacs de la chaîne jusqu’aux clacs des portes de la prison, Erwan déroule sa vie.



L’écriture alterne entre phrases courtes et envolées, entre la rtymique de l’usine et les pensées diffuses du narrateur.

Extrêmement noir, poisseux, tendu, anxiogène et particulièrement réussi, ce roman inaugure merveilleusement la collection poche des éditions Asphalte
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Voyage au Liberland

Voici une enquête qui se lit au bout du compte comme un roman, très fouillée et complète, assez objective, pour comprendre ce qu'est le Liberland, projet surréaliste de fondation d'une micro-nation libertarienne sur un no man's land, une terra nullius située sur les rives du Danube, entre Croatie et Serbie, et comprendre aussi son fondateur, Vít Jedlička, tchèque ne pouvant pas, au sein de son pays, vivre comme il l'entend.



Entretiens avec des personnalités importantes du Liberland, dont son fondateur, ou des habitants à proximité, historique de la fondation et du développement pas toujours rose de la micro-nation retracé précisément, nous faisons un véritable voyage en cette terre de 7km2, dont l'on peut devenir citoyen contre 5000 dollars payables en bitcoins, et dans laquelle c'est, finalement sans surprise, l'argent qui prime sur les soi-disant libertés individuelles, elles-mêmes très relatives, promises. A ce jour, le Liberland n'est toujours pas reconnu comme un état à part entière, et c'est tant mieux !



Je remercie les éditions Marchialy et Babelio de m'avoir permis cette lecture, ma foi fort instructive, qui confirme bien toutes les dérives possibles du mouvement libertarien.
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Jusqu'à la bête

Davantage orientée vers les auteurs hispanophones nous proposant des récits urbains, plutôt nerveux, les éditions Asphalte ont accueilli dans leur catalogue un écrivain français plutôt surprenant, Timothée Demeillers, dont le premier roman, Prague, Faubourg Est, publié en 2014, était passé plutôt inaperçu. Il en va tout autrement avec Jusqu’à La Bête qui s’intègre dans l’actualité liée au spécisme en dépeignant l’univers âpre et aseptisé des frigos de ressuage d’un abattoir se situant à la périphérie de la ville d’Angers. Le récit entraîne le lecteur dans la lente et impitoyable déshumanisation de l’ouvrier abruti par le rythme infernal des cadences, ceci bien au-delà de l’atmosphère pesante de mise à mort de l’animal régnant sur les lieux, tandis que les carcasses sanguinolentes se succèdent afin d’être dépecées dans une succession de terribles gestes quotidiens.



La prison. Le claquement des portes d’acier qui se referment résonne dans la tête d’Erwan comme un souvenir accablant dont il ne peut se défaire. Un claquement qui lui en rappelle un autre. Un claquement signalant l’apparition de la prochaine carcasse que l’on achemine sur le rail. Un claquement infernal rythmant toute son existence d’ouvrier au sein de l’abattoir qui l’employait autrefois. Un claquement terrible qui s’est imprimé au plus profond de son âme tout en l’entraînant vers cette folie insidieuse qu’il n’a pas vu venir. Un claquement qui l’a poussé à commettre cet acte terrible et irréparable. Il n’y avait rien à faire pour l’en empêcher. Erwan en est désormais certain car il se souvient de tout. Il faut dire que ce maudit claquement résonne toujours dans sa tête.



Près d’un siècle sépare Les Temps Modernes de Chaplin et Jusqu’à la Bête de Timothée Demeillers et pourtant, ce sont toujours les mêmes rouages qui broient l’humain que ce soit au sein de l’usine qui engage Charlot ou de l’abattoir qui emploie Erwan. L’abrutissement à la tâche reste identique et Timothée Demeillers dépeint cette logique infernale avec une écriture obsédante permettant d’appréhender la lente déshumanisation de son personnage dont on perçoit le parcours au gré des souvenirs qu’il ressasse dans la cage dans laquelle on l’a désormais enfermé comme un animal que l’on conduirait à l’abattoir. Loin d’être un plaidoyer pour la cause végane, il faut admettre qu’au-delà de la pénibilité des taches répétitives, c’est bien évidemment le reflet avec la terrible destinée de l’animal que l’on dépèce, jusqu’à devenir la pièce de viande qui va atterrir sur les étals des supermarchés ou sur les grills des fast-foods, qu’il faut distinguer cette dimension imagée, presque organique, de la transformation d’Erwan pour incarner cette bête désemparée, acculée à commettre l’irréparable pour survivre. Outre le contexte terrifiant de l’abattoir, la lente aliénation d’Erwan se construit également sur une logique de déscolarisation pour s’instiller tous les soirs, après le travail, dans les formats télévisuels ineptes dont l’auteur nous livre quelques extraits pertinents, nous permettant d’en saisir toute la portée à la fois ironique et dramatique. Loin des discours pontifiants et moralistes, Jusqu’à La Bête est un roman noir emprunt de quelques espoirs qui s’écroulent pourtant les uns après les autres, à l’exemple de cette brève histoires d’amour avec Laëtitia, une intérimaire estivale et dont la rupture par SMS nous renvoie à nouveau vers cette déshumanisation que l’on distingue dans toutes les strates de l’environnement social d’Erwan.



Avec Jusqu’à La Bête, Timothée Demeillers s’emploie également à dresser un tableau sans fard de l‘entourage des ouvriers. Cela va des instances politiques qui ont démissionnées et dont ils n’attendent plus rien, au clivage entre salariés et cadres qui s’isolent dans un système de caste d’un autre âge, en passant par les rêves perdus des collègues qui n’attendent plus grand-chose de l’avenir. Car perçu comme un privilège, l’obtention d’un emploi, aussi pénible soit-il, dans un environnement miné par le chômage, devient un piège pour l’ouvrier qui se trouve contraint d’accepter toutes formes d’avilissement et d’humiliation qui le conduiront à la perte de tous repères. Ultime soubresaut de celui qui ne peut accepter l’inéluctable, la tragédie se met en place avec une sobriété à la fois cohérente et implacable, car le crime ne devient plus qu’une conséquence au sein d’un univers brutal, complètement désincarné. Terriblement noir et cruel.



Timothée Demeillers : Jusqu’à La Bête. Editions Asphalte 2017.



A lire en écoutant : Out Getting Ribs de King Krule. Album : 6 Feat Benath The Moon. 2013 XL Recording.
Lien : http://monromannoiretbienser..
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Prague, faubourgs est

Ah! Prague ! La ville aux cent clochers !

Arpenter ses rues est comme un enchantement : La place Venceslas, l'Hôtel de Ville, le château, le pont Charles, les façades colorées, rien que çà pour vous en mettre plein la vue. Comme beaucoup le disent, Prague est un Musée à ciel ouvert.

Pour les touristes, oui... pour d'autres moins. En effet, si on gratte un peu le crépis de la ville idyllique, on se rend compte qu'il y règne (notamment dans les marges du centre-ville) un système de débrouille, une économie souterraine faite de drogue, de filles faciles et une petite délinquance notoire.

Aux éditions Asphalte (et comme son nom l'indique), on aime à dénicher des auteurs qui vous donnent à voir la vie citadine en dehors des clichés habituels. Chez eux, on est plus proche du trottoir et du pavé que des beaux immeubles chics et des lieux branchés.

Dans le présent ouvrage, l'auteur Timothée Demeillers, nous guide vers une sorte de mélasse Pragoise avec Marek, revenu en Tchéquie après un long séjour Etasunien. Il vient retrouver son ami Jakub, et revoir ces lieux qui au début des années 90 avaient un avenir radieux. La situation n'est donc plus la même aujourd'hui. Les codes occidentaux sont devenus la norme, et les espoirs hérités du renouveau post-soviétique sont tombés bien bas.

Peu de perspective, donc, dans cet ouvrage qui rebuterait le moindre touriste souhaitant s'y rendre.
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Demain la brume

La guerre en Yougoslavie au début des années 90 est au cœur de ce roman très noir de l’angevin Timothée Demeillers dans lequel il croise les destins de cinq personnages. En France d’abord, à Nevers, où Katia, petite lycéenne punkette black tombe sous le charme de Pierre-Yves, un vrai baroudeur qui rêve d’aventures à la Che Guevara. En Yougoslavie, on découvre un trio des plus attachants avec Damir et Jimmy, jeunes rockers aux textes engagés et au succès croissant. Leur plus fidèle groupie est Nada, la cousine de Damir. Puis insensiblement, l’ambiance change car les Serbes et les Croates qui vivaient pourtant ensemble et en bonne harmonie, ont des velléités d’indépendance qui se traduisent d’abord par des invectives, des menaces, puis des faits de violence avant de dégénérer en guerre civile ou chacun doit choisir son camp. L’éclatement de la Yougoslavie signe la fin du groupe d’amis tandis qu’à Nevers, Pierre-Yves décide de rallier la cause des croates et part à la guerre. Thimothée Demeillers a particulièrement bien campé ses personnages et les a dotés d’une réelle épaisseur. Tous aspirent à une vie plus belle. Tous rêvent de s’accomplir vraiment. Tous (ou presque) finiront par renier leur idéal. Inspiré de la triste réalité d’une guerre fratricide, ce roman est d’une densité exceptionnelle qui force l’admiration et l’écriture soignée et compacte de Thimothée Demeillers en rehausse encore l’intérêt
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Jusqu'à la bête

C'est en lisant un article dans Libération que j'ai eu envie de découvrir ce livre. Et encore plus en lisant l'entretien de Timothée Demeillers sur Babelio. Et je ne suis pas déçue.

C'est un texte percutant, rythmé, poignant, sur un sujet pas si simple, et un peu oublié : le monde ouvrier.

Erwan travaille dans un abattoir, tous les jours il envoie les carcasses vers une chaîne ou une autre. Un travail monotone et une vie qui l'est tout autant. Laetitia sera une éclaircie de courte durée. Une saisonnière qui le regardera vraiment et lui donnera un but, un désir.

Mais dès le début on découvre qu'Erwan purge une peine de prison. Pourquoi ? Ça on le saura à la toute fin.

Ce que l'auteur nous montre, c'est l'âpreté de l'usine aujourd'hui. Ces ouvriers interchangeables, qui attendent le week-end, les vacances, la retraite. Une vie de travail avec pour seul espoir de pouvoir profiter d'un ou deux ans de retraite.

Un livre qui se passe dans un abattoir, qui parle des bêtes, mais pas seulement. Il donne la part belle aux hommes, qui souffrent eux aussi, de l'abattage, mais surtout du mépris de classe, de la non-reconnaissance du travail, des cadences imposées.

En parallèle, on trouve aussi un portrait du milieu carcéral : le vide, l'attente, les humiliations, les parloirs pour s'évader un peu.

Jusqu'à la bête est un livre social qui dépeint la réalité des abattoirs, un peu différente de l'image renvoyée par des associations L214, et qui témoigne surtout du monde ouvrier aujourd'hui. Un livre salutaire.



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Jusqu'à la bête

JUSQU’AU POÈTE



Quel est le lieu banni pour faire la fête ? Non, ne répondez pas un abattoir par pitié. Un lieu longtemps tenu secret dont on a découvert l’envers du décor il y a quelques années avec les vidéos de L-214, montrant l’ampleur des dégâts. Clac. C’est avec cette toile de fond que Timothée Demeillers nous embarque dans la tête d’Erwan, ouvrier près d’Angers. Le planton des frigos, celui qui entend le bruit des carcasses qui se percutent. Clac. Au rythme d’une cacophonie brutale et aliénante, Erwan résiste puis survit jusqu’à l’inéluctable. Au bord de l’ennui, à combler le vide comme il peut, à penser qu’à force de tuer des vaches il n’en resterai bientôt plus. Quinze ans d’usine à attendre une fin.







L’auteur avec un talent musical et poétique vous fera sourire, parfois même rire au rythme d’une acuité lumineuse sur ce que sont nos vies gouvernées par les émissions de télévision. Un roman sur la vie ouvrière que l’on a façonnée sans leur en

donner les moyens. Merveilleux hommage sur ce rythme incessant de travail où chacun d’eux tente de sortir la tête de l’eau, harassé par la fatigue et le quotidien répétitif. Clac. Survient alors « l’évènement », celui dont on ne sait encore rien mais dont on connait l’issue : l’enfermement. Timothée Demeillers sème des indices et brouille les pistes tout au long du roman pour garder une tension permanente au coeur de l’esprit de ce personnage attachant. Tel un Hérault des classes populaires. Il ne finit parfois pas ses phrases pour que vous continuiez la lecture. Inutile de vous dire que celà marche au-delà du réel. Clac.



Et puis il y a les ouvriers autour, les fameux collègues de travail, parfois racistes ou machistes, votant rassemblement national comme dans tout milieu professionnel. Avec humour et étant parfois à la limite du slam, dans une scansion lumineuse, on aperçoit la poésie derrière le mal. On s’émerveille de la faculté à retranscrire les corps usés, déchirés pendant quarante ans pour aboutir à une retraite méritée mais inutilisable tant les articulations ne fonctionnent plus comme avant. Ces corps qui sont façonnés au travail perpétuel ne supportant pas le repos. Clac. Comme une ritournelle, on observe les bruits de la chaine et de la viande sanguinolente qui défile. Ces animaux qui finissent en brochettes dans votre supermarché préféré, si propre de l’extérieur, si sombre de l’intérieur. Clac.



Car oui, nous apprenons aussi beaucoup de choses dans ce roman sur la traçabilité des bêtes, sur la productivité effrénée à l’aune d’une soi-disante ère nouvelle écologique. On parcourt le métier exclusivement masculin excepté pour les saisonniers. On apprend que les mauvais morceaux de viande sont envoyés à nos amis italiens et grecs. Clac. On s’interroge forcément sur notre consommation de viande après avoir lu ce roman, on questionne notre société sur ce qu’elle est en train de créer depuis des années dans l’instrument de torture qu’est le travail. On parcourt les vies de Mirko le codétenu, d’Audrey la confidente et de Laetitia la copine déchue. Nourrir le vide. Rares sont les personnages de la trempe d’Erwan, rares sont ceux qui viennent nous accompagner autant de temps après la lecture. Lisez-le. Absolument. Clac.



Rencontre @vleel_ merveilleuse avec l’auteur bientôt en replay sur YouTube et podcast.

A l’occasion de la sortie en poche de l’ouvrage qui inaugure la collection poche d’asphalte.
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Demain la brume

1990, la Yougoslavie est de brume et de détresse. Les enfants perdus dans le dédale des incompréhensions et de l'impondérable. Hier, et si près encore. « Demain la brume » est plus qu'un récit mais une mise en abîme époustouflante. Aucun parti pris, aucun jugement, plus que les faits, les actes accompagnés des mouvances d'une déchirure irréversible. L'écho d'une guerre fratricide. Les pages sanglotent et murmurent cette vérité, ce qui s'est réellement passé. Thimothée Demeillers est un passeur. Il délivre la mémoire d'un pays qui ne sera plus jamais comme avant. Les hôtes des pages sont authentiques, vivants. Nos contemporains, frères et soeurs, voisins de palier, musiciens « Les Bâtards Célestes » et leur duo « Fuck you Yu » qui sera la banderole d'une jeunesse fracassée. le symbole de l'arrachement, le point d'appui des frontières en advenir. Ce livre tremble sous la pluie, les bombes, les douleurs intestines. Dans les torpeurs agonisantes, l'ami d'hier est le serbe à tuer, le frère et la soeur croate sont l'identité révélée qu'il faut immanquablement détruire et vice versa. « Demain la brume » est dans une polyphonie des intériorités à l'instar d'une frontière qui était prédestinée. « Demain la brume » est un cri dans la nuit. Les cruautés assoiffées, les horreurs commises au nom d'une idéologie, d'une culture, d'une religion, d'une appartenance muselière.

« Dans ma Yougoslavie

Demain la brume

Demain la brume

Dans ma Yougoslavie. »

« Demain la brume » est une référence historique. La contemporanéité fait froid dans le dos, tant elle sonne juste. On ressent plus qu'une écriture urgente des dires mais un chuchotement, un calme maîtrisé à l'extrême. Comme si Timothée Demeillers écrivait la nuit dans un couvre-feu. Il est au coeur du livre l'essence même des respirations d'un pays à feu et à sang. Les résistants affrontant la paix en comptant les leurs tombés à terre. Ce livre est d'utilité publique. Il entonne l'avertissement de la méfiance. Faut-il craindre la paix comme si elle était éphémère ? Faut-il prendre peur d'un regard trop vif ? Comment oeuvrer au vivre-ensemble lorsque l'on pense l'autre en étrange (er). Timothée Demeillers délivre l'idiosyncrasie d'un bouleversement irrévocable. le summum est de loin l'alliage des pensées contraires qui en deviennent un symbole. Chacun, ici présent est un morceau du pays arraché à coup de dents. le livre n'est pas. Il s'échappe et cède sa place à Timothée Demeillers. Fracture abyssale, gouffre sans fond, larmes des mères et la tasse de café qui tombe sur le sol, brisée en mille morceaux. Parabole d'un homme abattu par une balle en plein front. On ressent l'amplitude d'un déchirement. Vol d'un oiseau de nuit, « Demain la brume » est un témoignage crucial.

A noter que pour la préparation de cet ouvrage Timothée Demeillers a bénéficié d'une mission Hors les Murs Stendhal en Croatie et Serbie grâce à l'Institut français. « Demain la brume » est indispensable à la belle humanité. En lice pour le prix Hors Concours des Éditions indépendantes 2021. Publié par la majeures Éditions Asphalte.

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Jusqu'à la bête

J’ai gagné « Jusqu’à la bête » lors de la dernière masse critique littérature. Je l’ai lu d’une traite… je n’aurais peut-être pas dû car je suis ressortie de ma lecture accablée, vidée. L’histoire d’Erwan est dure et sombre. Pas une once d’espoir à l’horizon. Dans ce livre, il est question d’enfermement entre prison, usine, abattoir, esprit, cœur… tout est verrouillé à double tour.

Erwan est incarcéré dans la banlieue de Rennes pour meurtre. Il parle à la 1ère personne et nous raconte sa vie. Sa vie d’avant, sa vie pendant et sa vie d’après comme il se plaît à l’imaginer. Entouré de son frère de sa belle-sœur et de ses 2 petites nièces.

Après une enfance et une adolescence chaotiques, dénuées d’affection car sous l’emprise d’un père autoritaire et alcoolique et d’une mère complètement démissionnaire, Erwan grandit tant bien que mal comme pousse une mauvaise herbe. Son seul repère : son frère. Son frère à qui il ne parle pas vraiment mais qui a le mérite d’être là. Et puis il trouve un CDD qui se transforme en CDI à l’usine du coin. Sa chance et sa malédiction. L’usine est un abattoir où le sang, les carcasses et l’agonie des bêtes sont le quotidien d’Erwan. La vitesse de la chaîne augmente sans cesse pour améliorer le rendement. Erwan fume et boit pour tenir le coup. Les collègues finissent par tous se confondre. Chacun forme un tout qui est un élément à part entière de la chaîne. Erwan se lève usine, mange usine, se couche usine, pense usine… Erwan meurt à petits feu. Jusqu’à l’été 2006 et l’arrivée une jeune et jolie saisonnière au service « brochettes ». Laëtitia. Un rayon de soleil qui devient son grand amour et sa raison d’exister. Mais la belle est étudiante et retourne à ses études à la fin de l’été. Erwan se retrouve à nouveau seul, plus que jamais. Une descente aux enfers commence. L’alcool devient une habitude, les absences au travail de plus en plus fréquentes. La sanction tombe : Erwan est licencié pour faute grave. Son sang ne fait qu’un tour, sa rage se déverse, il perd le contrôle et devient à son tour une bête.

Timothée DEMEILLERS, à l’aide de phrases courtes, sans fioritures, nous livre un roman choc. Le texte est engagé, le ton désespéré. Le témoignage d’Erwan est poignant. Travailler à tout prix mais à quel prix ? Le prix de la vie ? « La fatigue du rassasié » est-elle une fin acceptable ?

Les Clacs de la chaîne de production marqueront longtemps mon esprit.

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Prague, faubourgs est

Avant tout, merci aux Editions de l'Asphalte et à Masse Critique pour cette lecture.



Je suis déjà allée plusieurs fois à Prague, et c'est une ville que j'apprécie énormément, alors quand j'ai vu un livre avec cette ville comme lieu d'action, j'ai été vraiment tentée.



Je dois dire que j'ai beaucoup apprécié le style de l'auteur, Timothée Demeillers, qui était facile et agréable à suivre.

Aussi, le choix de suivre plusieurs personnages permet de voir les choses sous des angles différents, comme ils se croisent tous à un moment où à un autre, même brièvement, ce qui rend l'histoire plus dynamique.



En revanche, j'ai beaucoup moins apprécié l'histoire. Je l'ai trouvé un peu trop prévisible et entendue.

Marek revient au pays dans l'espoir que tout le monde le fête et que Katarina le suive : le doux rêveur déçu.

Pour Jakub, la fin était vraiment trop prévisible.

Scott : un personnage un peu anecdotique, qui nous permet de savoir ce que ses copains ont fait. Comme je n'aime pas trop le principe du tourisme qu'il fait avec ses copains, j'ai eu du mal à le trouver attachant.



En fait, je n'ai trouvé aucun des personnages vraiment attachant. Marek est mélancolique, Jakub crache sa colère et sa haine à la face du lecteur, et vit dans un passé qui ne reviendra plus, Scott... vient pour faire la fête et dépenser son argent dans cette '"zone pauvre de l'Est".



Il est vrai que quand je vais à Prague, je me comporte comme ces touristes décris dans le livre, à admirer les beautés de la ville et à ne pas trop réfléchir à ce qu'il y a derrière. Mais je trouve que Jakub, qui représente le tchèque déçu par la Révolution, est tout de même dans la caricature du type qui n'a pas su évoluer. Soit on est en marge de l'évolution du pays, soit on est bouffé par l'américanisation ? Ce livre ne donne pas vraiment d'aperçu d'un entre-deux modéré.



J'ai fait plusieurs pause dans ma lecture, car du début à la fin, je n'ai pas réussi à me laisser emporter par le flot de l'histoire, et à me balader le long des belles rues de Prague...

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Prague, faubourgs est

Lecture commune pour ce livre, mon ami Éric, par ailleurs co-blogueur sur les huit plumes et moi-même avons donc lu ce roman paru chez Asphalte.

Roman à trois voix. Chaque narrateur intervient trois fois, soit neuf chapitres. D’abord Marek, nostalgique absolument plus en phase avec son pays, mais plein des souvenirs et très envieux de retrouver ces moments perdus ; une belle langue, pleine de phrases longues, qui raconte la vie de rapines et de deals que menèrent Jakub et Marek. C’est un véritable plan à arnaques dans lesquelles ne pas tomber lorsqu’on est touriste ! A emporter lorsqu’on voyage ! Marek parle du Prague des années 90 au sortir du joug russe, l’ouverture au monde occidental, le rêve de l’abondance, de la consommation qui tourne vite au cauchemar de l’inflation, du capitalisme et des salaires qui ne suivent pas et donc de la frustration, puis des économies parallèles pour s’en sortir : prostitution, drogue, alcool, …

Ensuite, Scott, un touriste états-unien qui fait une virée entre potes pour se payer des filles de l’est soi-disant faciles, qui ne devraient faire aucune difficulté pour tomber sous les charmes des Américains, surtout ceux des billets verts. Scott décrit la Prague actuelle, celles des bouges, des rades miteux, des lupanars, décevante forcément, sauf peut-être pour ceux venant chercher du sexe.

Enfin, Jakub, l’ami délaissé, désabusé qui use d’une langue totalement pessimiste voire mortifère, violente et crue, revendicatrice, bourré de points d’exclamation. Jakub le trahi qui se défonce encore plus qu’avant, qui ne voit même plus sa ville, qui ne la reconnaît plus, mais qui reconnaîtrait-il, lui devenu un quasi clochard alcoolique et toxico au dernier degré ?

Le livre de Timothée Demeillers est sombre, carrément noir, pas une once d’espoir, il me couperait même mes envies de visiter Prague, moi qui en parlais encore récemment avant d’avoir lu ce roman. Maintenant, je me questionne, la place Venceslas est pleine de drogués et de dealers, le pont Charles n’est pas mieux… C’est le point noir de ce bouquin, je le trouve vraiment démoralisant, mais je dois dire que je ne connais pas la ville et que T. Demeillers, lui, la connaît, et que je suis sans doute très naïf !

Par contre, il y a en son sein de très bons points, le fait que pour chaque narrateur, l’auteur prenne un ton et un style particuliers qui font que si l’on pose le livre et qu’on le reprend en ayant oublié avec lequel on était, on le sait dès les premières lignes. Une belle maîtrise de la langue et du déroulement narratif qui laisse si ce n’est du suspense un intérêt jusqu’à la toute fin.



Asphalte publie là son premier roman français, et coup double, Timothée Demeillers signe là son premier roman, pour lequel j’émets quelques réserves quant à la noirceur mais qui fait preuve de promesse plus qu’engageantes. Assurément, Asphalte doit garder cet auteur que je suivrai avec plaisir et curiosité.


Lien : http://lyvres.over-blog.com
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Jusqu'à la bête

Une fois commencé, impossible de lâcher ce roman. Erwan nous raconte sa vie, son travail à l’abattoir d’Angers et surtout nous tient en haleine jusqu’au bout pour savoir pourquoi il se trouve en prison. Ce qu’il appelle « l’événement » ne sera révélé qu’à la toute fin du livre.

L’écriture de Timothée Demeillers est puissante et rythmée. Il arrive à faire ressentir les odeurs, les bruits de l’usine et le sang. La cadence également, avec les « clacs » de la chaîne qui reviennent régulièrement dans le texte. Erwan est affecté au poste des frigos. Il tri les demi-carcasses de viandes qui arrivent par la chaîne. Et on lui demande d’en trier de plus en plus. La cadence augmente encore et toujours. Le maître mot est la rentabilité.

C’est un roman notamment sur la condition sociale, le mépris d’une classe pour une autre, les cols blancs vis-à-vis des ouvriers. La déshumanisation et les nouvelles techniques managériales sont pointées. La pénibilité du travail et les corps usés sont aussi au cœur de ce roman. Et cela résonne tout particulièrement en cette période où l’augmentation de l’âge du départ à la retraite est au cœur des débats.

On ressent un milieu assez dur, très masculin et macho, avec des blagues poussives. Erwan est lassé de tout cela. Il est en souffrance. Sa famille est une bouffée d’air, tout comme sa rencontre avec Laetitia, une saisonnière.

Timothée Demeillers s’est inspiré de son expérience personnelle. Il a travaillé pendant 4 mois dans un abattoir, en été, lorsqu’il était étudiant. Il a rencontré les personnages que l’on croise dans le livre.

On pense forcément à Joseph Ponthus et son roman « A la ligne » où le narrateur est aussi un ouvrier mais dans une usine de poissons, un abattoir de Bretagne.

Vous aurez peut-être envie d’arrêter ou de réduire votre consommation de viande après cette lecture. Mais Timothée Demeillers ne porte aucun jugement. Ce n’est pas un livre militant. En tout cas on en apprend beaucoup sur le métier et le milieu des abattoirs, tout en réfléchissant à notre rapport à l’animal.

A la fin du livre, vous trouverez une playlist pour rester dans l’ambiance du roman.

Il a été multi-sélectionné pour des prix. L’auteur a d’ailleurs eu le prix Hors Concours en 2021 pour son roman « Demain la brume ».

« Jusqu’à la bête » vient de sortir dans la toute nouvelle collection poche d’Asphalte, l’occasion de se faire plaisir à petit prix et de plonger dans une atmosphère particulière ! Foncez chez votre libraire et ne manquez surtout pas cette pépite !

Quant à moi, j’ai hâte de lire son prochain roman qui aura pour thème les Sudètes.
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Jusqu'à la bête

Les murs, l’usine, le bruit. Le travail à la chaîne dans l’abattoir. L’odeur du sang, son épaisseur collante sous les semelles, les éclaboussures sur la blouse et les bottes. La chaleur des viscères débordant des carcasses éventrées. Le froid des frigos où on entasse les kilos de barbaque. Le goût de la mort, partout. Que l’on ramène à la maison, qui s’incruste dans les vêtements. Sur la peau. Pour Erwan, l’usine, c’était son quotiduen. Jour après jour, année après année. Toujours la même rengaine triste, grise, monotone. Jusqu’à « l’événement », il y a deux ans. Depuis, Erwan dort en prison. De sa cellule, il raconte. Sa jeunesse pas folichonne, son histoire d’amour avec Laetitia, saisonnière à l’abattoir le temps d’un été. Sa vie d’ouvrier sans avenir ni horizon. Et cet enchaînement de coups durs qui l’on conduit à commettre l’irréparable.



Un roman résonne la voix des pas grand-chose. Ceux qui se tuent à la tâche, subissent les cadences infernales imposées par la hiérarchie, n’ont pas d’autre vie que celle les rattachant à l’usine. Ceux que l’on méprise dans les hautes sphères, ceux à qui on reproche de ne pas se bouger le cul pour retrouver un boulot quand la grande lessiveuse libérale les laisse sur le bord de la route après un plan social dont ils sortent forcément perdants.



Timothée Demeillers maîtrise son sujet. Il signe ici un second roman éminemment social, évidemment très engagé. Sa prose est mouvementée comme les pensées d’Erwan, alternant les phrases courtes et les envolées au lyrisme contenu. C'est tendu, prenant, touchant, simple et direct. Un texte qui vient du cœur et des tripes.




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Jusqu'à la bête

Qui sommes nous dans une société de plus en plus standardisée et où il faut chaque jour rentrer un peu plus dans le moule ?

La rentabilité et la productivité auront elles raison de nous dans ce monde de moins en moins humain qui ne reconnaît plus la valeur du travail bien fait ?



Erwan est ouvrier dans un abattoir. Un abattoir industriel qui doit veiller à satisfaire les demandes des clients et qui prend peu soin de ses employés. Eux sont là pour tenir la cadence infernale de la chaîne qui rythme leur journée inlassablement et même parfois leurs nuits.



Le sang, les carcasses, les claquements de la chaîne...



Toujours le même trio infernal dans une usine de la mort déshumanisée.

Les ouvriers ou plutôt les ombres sont au travail à chaque minute et ils devraient déjà être contents d'en avoir un. Même si celui-ci les fout en l'air, même si celui-ci les use physiquement et psychologiquement...



Le sang, les carcasses, les claquements de la chaîne...



Que faire quand la vie tourne mal, qu'il ne reste que le travail qui nous enfonce un peu plus chaque jour. Erwan tente de tenir entre les petits bonheurs et les grosses douleurs mais la vie ne tient qu'à un fil.



Jusqu'à la bête est un roman poignant dont la lecture ne laisse pas indemne.

Erwan nous livre ses pensées et les raisons de sa souffrance. On ne peut pas ignorer la souffrance quotidienne de certains métiers qui usent jusqu'à l'os les hommes de l'ombre qui permettent au monde de tourner sans que l'on y pense.



Puissant et incisif, ce livre sonne tellement vrai qu'il nous fait mal, mal de savoir que tout ceci est pourtant vrai mais que personne ne fait rien pour que cela change. Est ce que finalement l'homme ne serait pas pire que la bête ?
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Jusqu'à la bête

Erwan est en prison, pour un acte que l’on n’apprendra qu’à la fin de ce roman social, qui s’attache avant tout à décrire les conditions de vie et de travail de ce jeune homme qui a été ouvrier en abattoir. Une expérience qu’a connue l’auteur, Timothée Demeillers, pendant quelques mois, mais qui va façonner Erwan année après année, à travers le froid, la répétition des gestes, les blagues le plus souvent misogynes et racistes de ses collègues, le mépris des cols blancs, l’espoir d’un amour avec Laetitia, jeune intérimaire à la confection des brochettes.

Et le bruit, les clac clac clac de la chaîne, l’abrutissement de la cadence sonore et gestuelle, l’accumulation des corps saignés, du sang qui coule à gros bouillons, l’oubli dans l’alcool.

C’est un roman d’ambiance où l’on sent monter l’irréparable sans pouvoir l’identifier. C’est un roman où l’on se prend à espérer que la famille, les nièces d’Erwan et leurs jeux enfantins, la solidarité entre collègues, l’amour de Laetitia, soient autant de perches qui le feront résister, surnager.

C’est un récit haché et ininterrompu à la première personne, bercé d’une playlist sans complaisance, qui résonne particulièrement fort alors que l’âge de la retraite est au cœur des débats.

Un livre qu’il ne faut pas laisser passer alors que sa version poche vient de sortir !
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Voyage au Liberland

Petit quizz : connaissez-vous le Liberland ?



Si vous êtes comme moi, vous répondrez non et irez consulter une page Google pour apprendre qu’il s’agit d’un micro état.



Vous voilà bien avancés. Mais si vous souhaitez en apprendre davantage, ce livre est fait pour vous.



Il retrace la courte histoire de cet état, proclamé en 2015, et de son président Vit Jedlička.



Émule des théories libertariennes pour qui, l’état est une nuisance dans ses interventions. Les tenants de cette idéologie prône une liberté individuelle maximum, offrant ainsi la prospérité au plus grand nombre.



Décidant de mettre en pratique cette théorie, le choix de Vit et d’une poignée d’acolytes consistera à revendiquer une terra nullius, territoire non attribué à un État, entre la Croatie et la Serbie : le Liberland.



Créer un état, prônant une intervention la plus minime, au croisement des affrontements nationalistes des Balkans se révèlera être un projet vain.



Car l’opposition des voisins du Liberland, qui considèrent chacun cette étendue de terre comme la leur, rend toute occupation effective du nouvel état purement fictive.



Les tentatives diplomatiques pour faire reconnaître l’état du Liberland se solderont également par un échec.



Cela donne un livre assez étrange qui montre un projet non abouti, mis en échec dès le départ. Un livre qui, du coup, n’a pas grand chose à raconter, enchaînant la présentation d’une succession de personnes ayant gravité autour du Liberland à un moment ou un autre.



Au final, j’ai beaucoup plus apprécié les passages relatifs au nationalisme et au conflit entre la Croatie et la Serbie.



Les libertariens m’ont fait l’effet d’une bande d’enfants s’amusant avec du sable, sable qui sera lavé par la première marée.



Un livre de non fiction qui m’a laissé de marbre, plus à cause du sujet en tant que tel qu’à cause du travail des auteurs.
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Voyage au Liberland

En avril 2015, une bande de jeunes cols blancs tchèques décide de fonder une micronation sur une île de 7km² au milieu du Danube. N'appartenant ni à la Serbie ni à la Croatie en raison d'un désaccord frontalier, cette bande de terre deviendra le premier pays libertarien, paradis fiscal ultralibéral ayant une devise, “Vivre et laisser vivre”, et un président autoproclamé, Vit Jedlicka. Très vite, le projet attire des flots de bitcoin et surtout des aventuriers de tout poil : hippies, hackers, mafieux et demandeurs d’asile. Mais c’est sans compter sur les garde-côtes croates qui empêchent sans relâche l’accès à l’île et sur le fait que ce nouvel Etat ne sera jamais reconnu par la communauté internationale.

Comme souvent, la réalité dépasse la fiction dans ce récit captivant de Timothée Demeillers et Grégoire Osoha, pour qui cette histoire hors norme est l’occasion de dresser des portraits savoureux de loosers mégalomanes et autres escrocs flamboyants. Mais sous ses aspects rocambolesques, l’aventure interroge une société contemporaine dépeinte sous un jour sombre, où internet et les réseaux sociaux donnent parfois l’impression qu’il est possible de s’affranchir du réel et des règles élémentaires de la collectivité. Et c’est une triste ironie du sort que ce nouvel Etat trouve justement sa place dans une des régions du monde qui s’est le plus déchirée ces dernières décennies, et même ces derniers siècles, sur les idées de frontière, de peuple et de nation.
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Prague, faubourgs est

Ce livre montre Prague sous un nouveau jour. En le lisant, nous perdons l'envie de visiter Prague et la Tchéquie en général.



Le communisme a fait place au tourisme sexuel. Un fléau en à remplacer un autre. Depuis toujours, on nous vend les bienfaits du tourisme, mais ce livre nous livre la réalité des choses, nous montre les ravages que peut faire le tourisme.



Nous découvrons, au fur et à mesure de notre lecture que l'espoir qu'avait les Praguois en faisant tomber le régime communiste, l'espoir de jours meilleurs , a finit par disparaître avec l'ouverture de la Tchéquie aux touristes.



Trois personnages principaux:

- Marek: a quitté la Tchéquie pour un meilleur avenir au Etats-unis, son retour pour les obsèques de son père, lui prouve qu'il ne fait plus partie de cette vie Praguoise.

Scott: un touriste américain, qui visite l'Europe avec des amis. Dès le départ de son récit le ton est lancé, le but de leurs voyages est sexuel, ils veulent coucher avec le plus de belles jeunes filles possibles. On leurs avaient dit qu'ils rencontreraient des filles faciles et sexy à Pragues.

-Jakub: l'ancien meilleur ami de Marek, qui lui est resté à Pragues, où il a perdu tout espoir d'une vie meilleure. Depuis la chute du communisme, il vit une descente en enfer.



Ce livre est sombre, mais montre la réalité, derrière les artères colorées de cette vieille ville se cache des fléaux (drogue, alcool, tourisme sexuel,...). Ce livre nous ouvre les yeux, sur notre monde.
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