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EAN : 9782381340210
400 pages
Marchialy (12/01/2022)
3.74/5   17 notes
Résumé :
Entre la Serbie et la Croatie, sur une rive du Danube, il y a une terra nullius, une terre non revendiquée. Une aubaine pour Vít Jedlicka, homme politique tchèque, qui en profite pour y créer un état de toute pièce. En 2015 naît le Liberland.
Projet farfelu ou dernière occasion de voir surgir une utopie en Europe ? Le Liberland interpelle G. Osoha et T. Demeillers alors qu’ils sont en train de tourner un documentaire dans cette région meurtrie par le nationa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Complètement fou ! Ça ressemble à une blague pour ceux qui, comme moi, vivent dans une grotte, mais figurez-vous qu'aujourd'hui 13 avril c'est l'anniversaire deuuu…? Non, personne ? de cette micro nation autoproclamée : le Liberland ! Si-si, je vous assure.


La littérature a cela de merveilleux qu'elle ne cesse de nous surprendre : On a beau avoir l'impression de savoir des choses, on en apprend tous les jours de nouvelles. Ici, Messieurs DEMEILLERS et OSOHA, journalistes et co-auteurs de ce livre de non-fiction, m'ont appris qu'il existe encore dans notre monde des parcelles de terre qui ne sont revendiquées par aucun pays. En l'occurrence, en raison de différents frontaliers entre la Serbie et la Croatie, des territoires frontaliers sont revendiqués par les deux pays… Et d'autres par aucun ! N'étant pas d'accord sur le tracé des frontières, chaque pays attribue ces bouts de territoire à l'autre.


En apprenant cette nouvelle, le 13 avril 2015, Vit Jedlicka a fait de l'une de ces terra nullius (« terre sans maître »), une micro-nation : la république libre du Liberland. La devise du Liberland est « Vivre et laisser vivre ». Son objectif est de fonder une société où l'on peut prospérer sans lois et impôts contraignants. Il prend exemple de pays comme Monaco ou le Liechtenstein. Vit appartient à la mouvance libertarienne : Il s'agit d'un mouvement philosophico-économico-politique qui prône un libéralisme radical. Autrement dit un paradis fiscal reposant sur la privatisation à outrance, afin que l'Etat ait le moins d'ingérence possible avec, par conséquent, des impôts uniquement volontaires, une solidarité à la carte, une réussite au mérite, etc…


Un tel pays peut-il seulement exister, ou ce concept n'est-il pas viable ? S'il l'est, est-il une utopie ou clairement dystopique par nature ? Ceux qui, en l'occurrence, y croient et veulent (s')investir dans ce projet - que ce soit en tant que bénévoles ou en tant que généreux donateurs - seront-ils comblés ou déçus ? Se feront-ils arnaquer ou seront-ils au contraire récompensés pour leur contribution ? Comme dans un roman, le lecteur lit pour avoir le fin mot : Ce projet a-t-il fonctionné, existe-t-il aujourd'hui ? a-t-il capoté, basculé dans le scandale ? Pour nous exposer cette véritable histoire, racontée d'une façon plaisante à mi-chemin entre le roman et l'enquête journalistique, les auteurs sont allés mener leur enquête sur place, ont réalisé des interviews de tous les acteurs, fouillé les réseaux sociaux…


Comme dans un roman, nous suivons différents personnages qui seront les acteurs de ce que les pays alentours nomment une mascarade. Vit, élu Président par les trois seuls premiers citoyens du Liberland, devra se battre sur tous les fronts : imposer leur présence physique sur place, contestée par les autorités locales, via diverses actions locales plus ou moins inspirées ; parvenir à convaincre la scène internationale de le reconnaître comme Etat en démarchant des hommes politiques reconnus ; collecter les fonds nécessaires à ce train de vie consistant à la fois à occuper la scène politique internationale et à financer des tas de projets pour faire connaître cette nouvelle entité ; établir un mode de tri des candidatures de citoyens à accepter, car le pays est trop petit pour tout le monde ; occuper le terrain des réseaux sociaux car c'est aujourd'hui sur l'espace virtuel que se joue presque tout, etc… Mais au fur et à mesure, les belles idées du début laissent place à des questions pratiques : quid de l'opacité des financements ? des petites magouilles pour devenir Président à la place du Président ? du fait que sans posséder physiquement de terre d'accueil pour ses citoyens, le Président soit discrédité, accusé d'arnaque, et même de devenir à son tour un dictateur ?


Tant de questions intéressantes, autant de droit international que d'idéologie pure, soulevées par une idée de départ certes un peu folle, mais qui a le mérite de bousculer les certitudes et acquis politiques et de les questionner. Une lecture surprenante et rafraîchissante, même s'il ne faut pas chercher dans cette non-fiction la plume et les rebondissements d'un véritable roman. En tous cas, un bel objet livre, agréable à toucher et à lire.
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Une nouvelle fois les éditions Marchialy nous proposent une étonnante histoire vraie avec ce « Voyage au Liberland ».

A la frontière entre la Croatie et la Serbie existe un petit bout de terre qu'aucun pays ne revendique : une terra nullius. Une aubaine, un rêve même, pour Vít Jedlička qui décide d'y créer en 2015 une micronation basée sur une doctrine libertarienne, le Liberland.

Son projet va attirer de nombreuses personnes de tous horizons, mais qui tous prônent un libéralisme radical. Loin d'être une utopie bienveillante et fantaisiste, l'idée même du Liberland s'avère rapidement cynique et plutôt immorale. Les futurs citoyens ne sont pas sans rappeler les colons de la conquête de l'ouest américaine, assoiffés de gloire et d'argent. Cette vision profondément égoïste et individualiste est d'ailleurs une des plus grandes faiblesses du Liberland, incapable de rassembler toutes ces personnes aux idées radicales et souvent opposées. le chapitre consacré à l'éphémère forum du Liberland est en ce sens très révélateur et consternant.

Les profils de nombreux potentiels citoyens sont très bien brossés et permettent de comprendre leurs motivations, souvent issues d'un rejet de l'Etat, soupçonné d'être responsable de tous leurs problèmes. Tout ce beau monde a une tendance à adhérer aux idées complotistes habituelles, justifiant d'autant plus pour eux la nécessité de créer le Liberland. La personnalité du président Vít Jedlička est étonnante mais reste assez difficile à cerner.

L'enquête de Timothée Demeillers et Grégoire Osoha est minutieuse et bien construite. de l'idée de départ aux tentatives avortées d'investir les lieux, des démarches pour faire reconnaître le Liberland par d'autres pays aux conflits internes constants, chaque sujet est abordé avec clarté et précision.
Les journalistes arrivent à insuffler du romanesque dans leur récit grâce à des descriptions des lieux et des paysages, mais aussi grâce à des personnages bien croqués. Cela rend la lecture plus fluide et savoureuse.

Un bon cru des éditions Marchialy dont j'apprécie toujours autant la ligne éditoriale et la facture soignée (couverture et illustrations de Guillaume Guilpart, typographie originale, mise en page, qualité du papier).
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Voici une enquête qui se lit au bout du compte comme un roman, très fouillée et complète, assez objective, pour comprendre ce qu'est le Liberland, projet surréaliste de fondation d'une micro-nation libertarienne sur un no man's land, une terra nullius située sur les rives du Danube, entre Croatie et Serbie, et comprendre aussi son fondateur, Vít Jedlička, tchèque ne pouvant pas, au sein de son pays, vivre comme il l'entend.

Entretiens avec des personnalités importantes du Liberland, dont son fondateur, ou des habitants à proximité, historique de la fondation et du développement pas toujours rose de la micro-nation retracé précisément, nous faisons un véritable voyage en cette terre de 7km2, dont l'on peut devenir citoyen contre 5000 dollars payables en bitcoins, et dans laquelle c'est, finalement sans surprise, l'argent qui prime sur les soi-disant libertés individuelles, elles-mêmes très relatives, promises. A ce jour, le Liberland n'est toujours pas reconnu comme un état à part entière, et c'est tant mieux !

Je remercie les éditions Marchialy et Babelio de m'avoir permis cette lecture, ma foi fort instructive, qui confirme bien toutes les dérives possibles du mouvement libertarien.
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Petit quizz : connaissez-vous le Liberland ?

Si vous êtes comme moi, vous répondrez non et irez consulter une page Google pour apprendre qu'il s'agit d'un micro état.

Vous voilà bien avancés. Mais si vous souhaitez en apprendre davantage, ce livre est fait pour vous.

Il retrace la courte histoire de cet état, proclamé en 2015, et de son président Vit Jedlička.

Émule des théories libertariennes pour qui, l'état est une nuisance dans ses interventions. Les tenants de cette idéologie prône une liberté individuelle maximum, offrant ainsi la prospérité au plus grand nombre.

Décidant de mettre en pratique cette théorie, le choix de Vit et d'une poignée d'acolytes consistera à revendiquer une terra nullius, territoire non attribué à un État, entre la Croatie et la Serbie : le Liberland.

Créer un état, prônant une intervention la plus minime, au croisement des affrontements nationalistes des Balkans se révèlera être un projet vain.

Car l'opposition des voisins du Liberland, qui considèrent chacun cette étendue de terre comme la leur, rend toute occupation effective du nouvel état purement fictive.

Les tentatives diplomatiques pour faire reconnaître l'état du Liberland se solderont également par un échec.

Cela donne un livre assez étrange qui montre un projet non abouti, mis en échec dès le départ. Un livre qui, du coup, n'a pas grand chose à raconter, enchaînant la présentation d'une succession de personnes ayant gravité autour du Liberland à un moment ou un autre.

Au final, j'ai beaucoup plus apprécié les passages relatifs au nationalisme et au conflit entre la Croatie et la Serbie.

Les libertariens m'ont fait l'effet d'une bande d'enfants s'amusant avec du sable, sable qui sera lavé par la première marée.

Un livre de non fiction qui m'a laissé de marbre, plus à cause du sujet en tant que tel qu'à cause du travail des auteurs.
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En avril 2015, une bande de jeunes cols blancs tchèques décide de fonder une micronation sur une île de 7km² au milieu du Danube. N'appartenant ni à la Serbie ni à la Croatie en raison d'un désaccord frontalier, cette bande de terre deviendra le premier pays libertarien, paradis fiscal ultralibéral ayant une devise, “Vivre et laisser vivre”, et un président autoproclamé, Vit Jedlicka. Très vite, le projet attire des flots de bitcoin et surtout des aventuriers de tout poil : hippies, hackers, mafieux et demandeurs d'asile. Mais c'est sans compter sur les garde-côtes croates qui empêchent sans relâche l'accès à l'île et sur le fait que ce nouvel Etat ne sera jamais reconnu par la communauté internationale.
Comme souvent, la réalité dépasse la fiction dans ce récit captivant de Timothée Demeillers et Grégoire Osoha, pour qui cette histoire hors norme est l'occasion de dresser des portraits savoureux de loosers mégalomanes et autres escrocs flamboyants. Mais sous ses aspects rocambolesques, l'aventure interroge une société contemporaine dépeinte sous un jour sombre, où internet et les réseaux sociaux donnent parfois l'impression qu'il est possible de s'affranchir du réel et des règles élémentaires de la collectivité. Et c'est une triste ironie du sort que ce nouvel Etat trouve justement sa place dans une des régions du monde qui s'est le plus déchirée ces dernières décennies, et même ces derniers siècles, sur les idées de frontière, de peuple et de nation.
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critiques presse (1)
LeFigaro
04 février 2022
Pari de potache? Pas tout à fait. Le Liberland, dont la devise est «Vivre et laisser vivre», se veut porteur d’un grand projet libertarien, version radicale et libertaire du libéralisme.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Vous devriez aller voir le Liberland, ça vous changerait de vos recherches déprimantes.
- Le Liber quoi ?
- Le Liber-land, a-t-elle répété en articulant bien lentement pour se moquer gentiment de nous. C’est un nouveau pays qui a été créé l’année dernière à quelques kilomètres d’ici. Un peu plus en amont sur le Danube. Il y a vraiment que chez nous que ce genre de choses peut arriver.
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