Si vous vous posiez la question de savoir comment bien commencer votre année littéraire avec un bon livre à dévorer au coin du feu avec le chat sur les genoux, et bien je vous apporte la réponse avec cette chronique de L’Origine Des Victoires d’Ugo Bellagamba.
Déjà papa de quelques romans, c’est avec un livre en forme d’hommage aux femmes que l’auteur décide de nous présenter sa nouvelle œuvre et j’avoue que je suis assez fan de cette démarche.
Un de mes livres de chevet n’est autre que L’Enchanteur de Barjavel, un brillant roman arthurien qui place, avec délicatesse et poésie, les femmes au centre de son histoire. Alors certes, c’est dans un autre style qu’Ugo Bellagamba décide de faire de même, puisqu’il s’agit en vérité d’une sorte de recueil de nouvelles qui n’en est pas vraiment un, étrange non ? Disons que le livre se compose de six portraits que l’on peut lire dans n’importe quel ordre mais qui suivent tout de même un fil rouge. Ces portraits retracent le destin de ces Femmes, ces Victoires, qui combattent l’Orvet, un Être qui n’est ni un démon, ni un fantôme, simplement une entité venue du fond de l’univers et qui s’est retrouvée confrontée à son meilleur ennemi.
Les Victoires sont formées dans une école pour se battre contre cette entité qui s’insinue dans l’esprit des hommes et les corrompt depuis les origines de l’humanité. Elles n’ont pas d’autre but que d’accomplir leurs destins pour continuer la lutte, peu importe l’issue du combat. La Victoire n’a pas peur, elle se sacrifie sans tressaillir peu importe l’adversaire que l’Orvet contrôle, qu’il se présente sous les traits d’un prêtre ou comme un homme banal que nous pourrions croiser dans n’importe quelle situation.
Ces courtes histoires nous font traverser différentes époques (les plus importantes de la civilisation) et démontrent tout le talent de l’auteur à s’adapter au monde et à l’époque évoquée dans son texte. En plus de placer ses Victoires dans des contextes différents, Ugo Bellagamba n’hésite pas non plus à revisiter l’Histoire en nous présentant des personnages célèbres comme Eiffel, Thomas d’Acquin et Octavien qui seront accompagnés ou épaulés par ces combattantes et qui marqueront, grâce à elles, le monde de leur empreinte.
Par opposition, le mâle, lui, n’a pas franchement un rôle plaisant. L’Orvet fait ressortir tout ce qu’il y a de plus mauvais en lui, même si dans certaines histoires, la Femme est indispensable à l’Homme pour qu’il se surpasse et donne le meilleur de lui même. Elle le sublime parfois et l’aide à accomplir de grandes choses. D’autre fois, en revanche, elles n’auront pas d’autre but que de contrer des esprits faibles possédés par l’Orvet qui fera appel à leurs instincts les plus bas et les plus vils.
Pour en revenir à la structure du récit, il se présente d’une façon assez étrange.
Tout commence dans les années 70, où la Femme commence à véritablement prendre sa place dans la société, libre et sans complexe. Puis l’auteur remontera jusqu’à l’époque Romaine où une Victoire aura un rôle décisif dans le façonnement de Rome.
Puis il y a la partie science-fiction, qui nous transporte directement en 2031 où une jeune Victoire affrontera à elle seule une multinationale. Nous serons aussi plongés au cœur d’une planète où est orchestrée la destruction du Mal, avec la dernière Victoire encore vivante et presque humaine…
Ces portraits, intimes, se terminent sur la première Femme à affronter l’Orvet, point de départ d’un combat ancestral et qui sera aussi l’explication de ses agissements.
Chaque texte peut être lu dans des ordres différents même si j’ai personnellement préféré suivre la chronologie imposée par le livre.
Bien que tous ces textes se passent dans des lieux et des époques différentes, un point commun les unit : le courage et le sacrifice dont font preuve ces héroïnes. Trouverions nous aussi ces valeurs au fond de nous, si les rôles étaient inversés ? Je me pose encore la question.
Le style de L’Origine Des Victoires est quant à lui assez cru, car l’auteur n’hésite pas à employer des mots, des images ou des situations vraiment durs. Nous aimerions que tout se passe sans accrocs pour ces guerrières et il est difficile de les voir souffrir d’un Mal qui, finalement a toujours fait partie de nous et qui le restera pendant longtemps.
Au final, c’est avec un livre court mais non dénué de subtilité et d’habileté qu’Ugo Bellagamba rend un hommage que je n’avais pas trouvé aussi beau depuis L’Enchanteur de Barjavel, qui reste ma référence dans ce domaine.
Un roman beau, sans conteste, que tous les amoureux de la gente féminine trouverons sublime à coup sûr.
Zoskia
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