Citations de Ursula K. Le Guin (1110)
L'AUTEUR AU MATIN DANS LA MAISON D'EN GAUT DE LA COLLINE A SINSHAN de Femme Ourson
Ceux qui veulent se battre, qu'ils fument du tabac,
Ceux qui veulent s'exalter, qu'ils boivent de l'eau-de-vie,
Ceux qui veulent s'isoler, qu'ils fument du cannabis,
Ceux qu'ils veulent deviser, qu'ils boivent du vin,
Je ne veux rien de tout ça en ce moment.
Tôt le matin je respire l'air et bois de l'eau,
car je veux la clarté et le silence
et une mince ligne de mots sur la page blanche
tracée autour de ma pensée dans la clarté et le silence.
Il ne perçoit pas le temps comme une direction, encore moins un progrès, mais un paysage dans lequel on peut aller dans n'importe quel sens, ou nulle part. Il spatialise le temps. Ce n'est pas une flèche, ni une rivière, mais une maison, la maison dans laquelle il vit. On peut y passer de pièce en pièce, et revenir. Pour en sortir, il suffit d'ouvrir la porte.
Le cœur des êtres humains a battu longtemps avant qu'ils ne comprennent pourquoi.
(L'histoire des Sobies)
Les habitants de la vallée ne concevaient pas que ces actes dont ils voyaient et ressentaient tant de preuves dans leur monde - la désolation permanente de vastes régions à cause de largage de substances radioactives ou toxiques, la détérioration génétique permanente dont ils souffraient le plus directement sous forme de stérilité, mortinatalité et maladies congénitales - n'eussent pas été voulus. A leurs yeux, la gent humaine n'agissait pas au hasard. Les accidents arrivaient aux gens, mais ce que les gens faisaient, ils en étaient responsables. Donc ces choses que la gent humaine avait fait au monde n'avaient pu être que des actes malfaisants voulus et conscients, servant les desseins de l'incompréhension, de la peur et de la cupidité. Les gens qui avait agi ainsi avaient mal agi en connaissance de cause. Ils avaient eu la tête de travers.
Nous devons apprendre ce que nous pouvons, mais veiller à ce que notre connaissance ne ferme pas le cercle, éliminant le vide, au point de nous faire oublier que ce que nous ne savons pas reste sans fin, sans limite ni fond, et que cette connaissance ne doit pas méconnaître l'ignorance qui va de pair avec elle. Ce que l'on voit d'un seul œil manque de perspective.
Elle commençait à apprendre le poids de la liberté. C'est un lourd fardeau, et c'est pour l'esprit une charge immense et étrange à assumer. Ce n'est pas simple. Ce n'est pas un cadeau que l'on reçoit, mais un choix que l'on fait, et ce choix peut être difficile.
C’est un talent rare que de savoir où l’on doit être alors qu’on est pas encore allé partout où l’on a rien à faire.
Après tout, le passé n’existe que dans la mémoire, qui est une sorte d’imagination. L’événement est réel maintenant, or, une fois qu’il devient jadis, la continuité de son existence dépend de notre énergie et de notre honnêteté.
Ce n’est pas une arme ni une femme qui font l’homme, pas plus que la magie ni un pouvoir quelqu’il soit, c’est ce qu’il a en lui.
Il ne pouvait la haïr davantage. Son seul crime était d’être une femme.
- La nature n’est pas dénaturée. Non, ceci n’est pas un redressement de la balance, mais un dérèglement. Et il n’existe qu’une seule créature capable de faire cela.
- Un homme ? Suggéra Arren.
- Nous, les hommes.
- Comment cela ?
- Par un désir démesuré de vie.
- De vie ? Mais ce n’est pas un mal que de vouloir vivre ?
- Non. Mais lorsque nous désirons acquérir du pouvoir sur la vie - une fortune inépuisable, l’invincibilité, l’immortalité -, alors ce désir devient de la cupidité. Et si la connaissance s’allie à cette cupidité, alors survient le mal. Et c’est à ce moment-là que la balance du monde penche et que le malheur pèse lourd dans le plateau.
Renier le passé, c’est nier le futur. Un homme ne peut forger sa destinée : il l’accepte ou il la nie.
Elle pleurait de douleur, parce qu’elle était libre.
Elle commençait à apprendre le poids de la liberté. C’est un lourd fardeau, et c’est pour l’esprit une charge immense et étrange à assumer. Ce n’est pas simple. Ce n’est pas un cadeau que l’on reçoit, Mais un choix que l’on fait, et ce choix peut-être difficile.
Pourquoi laisses-tu ton cœur s’attacher à cette enfant ? Ils vont venir la prendre le mois prochain. Pour de bon. Autant l’enterrer, et qu’on en finisse. À quoi bon t’attacher à quelqu’un que tu dois fatalement perdre ? Elle ne nous est d’aucune utilité. Si encore ils payaient pour l’emmener, ce serait déjà quelque chose ; mais ils ne paieront pas. Ils la prendront, et voilà tout !
Ils découvraient que la liberté ne sert à rien si l'on n'a pas de fusils pour la défendre.
On ne peut pas briser les idées en les réprimant. On ne peut les briser qu'en les ignorant.
Il n'est de mot que dans le silence, de lumière que dans l'obscurité, et de vie que dans la mort : radieux est le vol du faucon dans l'immensité du ciel.
L'accomplissement, pensa Shevek, est une fonction du temps. La quête du plaisir est circulaire, répétitive, atemporelle.
Le jour est la main gauche de la nuit,
et la nuit la main droite du jour.
Deux font un, la vie et la mort
enlacés comme des amants en kemma
comme deux mains jointes,
comme la fin et le moyen.
Lai de Tormor
La déraison assombrit cette brèche creusée dans le temps et annihilées par nos vaisseaux ,et dans les ténèbres l'incertitude et la démesure poussent comme des herbes folles.