Jamais un livre ne m'avait autant ému que « par amour », dans lequel Valérie TONG CUONG raconte la vie au HAVRE de l'été 1940 à l'été 1945, car j'ai eu l'impression de lire les mémoires de mes parents et des familles havraises qui ont vécu cette période, affronté les bombardements, notamment ceux de septembre 1944, et qui pleurent depuis lors leurs morts reposant pour l'éternité au Cimetière Sainte Marie, à la sortie nord du Tunnel Jenner.
Dès la première page, le titre « Lucie, 10 juin 1944 », m'a projeté le visage de ma tante Lucie, tuée le 5 septembre 1944 et à chacune des 400 pages suivantes, chaque personne incarne un parent normand, un ami évacué vers le Maroc ou l'Algérie, un résistant, un équipier national, un occupant. Joffre et Emilie, Jean, Joseph, Marline et Muguette, mais aussi Thuriau et Anton et tant d'autres recréent les épisodes de cette tragédie dont l'auteur nous montre aussi les maires , déserteurs comme Mayer, ou héros et futur ministre de la reconstruction comme Pierre Courant.
Parcours dans les rues du Havre, exode en basse normandie, pérégrinations dans les villages environnants, chaque chapitre dépeint les paysages de mon enfance et fait naitre une émotion grâce à une écriture très humaine et très psychologique.
Superbe roman choral, admirablement écrit par un auteur qui connait parfaitement son sujet et nombre de témoins et dont le talent magnifie la passion, les passions, le martyre des havrais victimes en septembre 1944 d'un véritable crime de guerre de la part des bombardiers anglais qui ont anéanti les quartiers civils du centre qui n'avaient aucun rôle militaire. le HAVRE seule ville qui « accueillit » les alliés avec ses drapeaux en berne …
L'ouvrage se termine par une riche bibliographie mais quel dommage que ni le titre, ni la quatrième de couverture, ni le bandeau ne précisent le thème de ce roman !
En cette année où le HAVRE commémore sa création par François I, en 1517, le chef d'oeuvre de Valérie TONG CUONG dépeint l'une des pages les plus dramatiques de son histoire et rend hommage à ses héros et aux familles dont les derniers témoins vivants de l'occupation nous quittent au fil des mois.
PS : ma critique de Ferdinand et les iconoclastes
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