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Citations de Victor Pouchet (89)


On considéra que c'était un prodige car le petit Ivan était né tout juste exactement pile-poil parfaitement au beau milieu de l'année : à la douzième heure du 1er juillet, au mitan du 182e jour d'une année qui en compta 365, au fin fond de la Russie comme partout ailleurs. Et puis la merveille était double : tout le monde pensait en effet qu'Ivana jamais ne pourrait avoir d'enfant et le tsar lui-même pleurait en voyant année après année les cheveux d'Ivana blanchir et son ventre ne grossir pas. Bien qu'elle fût âgée d'exactement 59 ans et 4 mois, l'heureux événement s'était pourtant confirmé : la tsarine était enceinte d'un prince. Lorsque naquit Ivan, les astrologues impériaux et les mathématiciens officiels firent le calcul : Ivana avait mis au monde le petit Vania à l'âge de 22 222 jours (c'est-à-dire exactement 60 ans). "C'est si tardif !" dirent les uns. "C'est un miracle miraculeux !" s'enthousiasmèrent les autres. "Comme les choses sont bien faites et arrivent à temps pour les tsars, les tsarines et les tsarévitchs !" se réjouissait-on.
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A force de travaux gigantesques, ils réussirent à formuler une équation parfaite, qu'ils appelèrent "l'Equation de l'Ordre et du Désordre du Temps et du Monde." Ils ne furent pas trop de deux pour aboutir à ce calcul, car cette équation parfaite donnait la réponse à toutes les questions du temps, permettait de résoudre tous les sentiments de décalage, les impressions d'être en retard, la peur d'être en avance, la sensation que le monde avance trop vite, les autres qui piétinent autour de soi, soi qui piétine à l'intérieur de soi, la certitude que l'histoire se répète et que ses épisodes n'ne sont que des bégaiements tragiques et grotesques, la bizarrerie des nuits si courtes qu'elles semblent ne jamais avoir eu lieu, l'épuisement des journées qui durent des années, la tristesse des rendez-vous manqués, les courses désynchronisées, les semaines à attendre, les aujourd'hui déjà périmées, la précipitation décevante, les secondes que l'on ne voit pas passer, les semaines à venir qu'on regrette comme si elles avaient eu lieu, les coïncidences stupéfiantes, le passé qui ressemble au futur, le futur qui n'arrive jamais, les tout de suite qui sont trop tard, les demains qui sont des surlendemains, les nanosecondes qui bouleversent des siècles….
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Il fallait me guérir de la dispersion pour disperser la dépression pensait-elle (sans me le dire), ou l'inverse peut-être, remélanger les lettres plongées dans le sac de sable existentiel
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« Je lui avais dit : »Rien ne tombe sur rien par hasard. J’ai l’impression que les oiseaux se sont écrasés sur moi, sur mon village, sur mon enfance, ou peut-être sur tout autre chose. Sur nous. Sur notre obsession pour les chutes. Les journaux nous épuisent avec la crise, avec leur « sentiment collectif d’écroulement ». C’est devenu une deuxième peau, la crise. »
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La chanson
que tu m'as envoyée hier
je l'ai eue en tête
tout l'après midi
J'ai couru avec
jusqu'à la grande ferme
et puis au retour
j'avais oublié
les derniers couplets
ça fait parfois ça :
à force de répéter les choses
elles finissent par disparaitre.

Quand dans une chanson
j'oublie les paroles
à la place
je mets souvent
le mot dauphin
ça marche toujours
mais pas
forcément
Il faut essayer
si ça se presente
Ne me quitte pas
des chants de joie
bondissent hors de l'eau
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Tout semble possible :
se faire un café
marcher sous la pluie
seront conquêtes
à ma mesure
Tremblez, empereurs,
je vais peut-être
me lever.
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ça manque de
péripéties
Il suffit pourtant
de s'imaginer
chevaliers errants
après quelque chose
Et si nous sommes
dans un bois sombre
c'est juste qu'ici
la nuit tombe très vite
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Plus rien de Rome en Rome dit-il,
plus grand-chose non plus de Paris,
chacun semble errer loin des autres
Ce sont amis que vent me porte
comme vers tournent dans ma tête
et me rassurent dans le ville morte
Marcadet ainsi est peuplé
tant de complaintes me précèdent
Que sont mes amis devenus
ceux du treizième siècle et les autres
porteront-ils toujours un masque?
Et il ventait devant ma porte
Les emporta.
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Même la pluie
fait un bruit bizarre :
on dirait qu'elle tombe
pour la première fois.
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2 janvier
Pas vraiment d'avis sur les chiffres et les nouvelles années. mais j'aime bien ces moments et l'impression de page blanche, les voeux et les résolutions, quand elles sont à la bonne échelle. (...) J'adorais l'idée de remplir les pages petit à petit, de rendre le monde cohérent en y ajoutant des choses. (p. 141)
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Je le regarde d'abord en souriant mais tout d'un coup, je me dis que quelque chose ne va pas, je vois un être complètement bancal, j'ai l'impression de ne plus voir que ça. La maladresse qui me touche habituellement se met à me gêner pour lui et pour moi, comme si elle contaminait l'espace. Je ressens une forme de pitié étrange, désagréable. Puis ça passe. (p. 145)
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A certains moments je voudrais que toute cette enfance se détache, ces morceaux de moi qui ne sont plus moi (...)
Pendant toute une partie de mon enfance, j'ai voulu m'échapper, je guettais l'évasion, je sentais que tout ça n'était pas normal et qu'il fallait trouver le cheval le plus rapide pour fuir. (p. 113)
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Il (père du narrateur) parlait pendant des heures des animaux, qui avaient tant à nous apprendre. Un jour, il me dit qu'il fallait que je trouve quel était mon animal totem. (...)
Mon père me faisait vivre une sorte d'hypnose chamanique dont il venait d'apprendre le fonctionnement. Une fois entré en transe, il fallait faire venir les animaux à soi, les laisser délivrer leurs messages. (p. 103)
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J'ai l'impression qu'elle m'en veut de ne pas prendre la parole, de ne pas faire de grands récits habiles. Elle devient alors volubile, séduit tout le monde autour d'elle et je n'existe plus, je n'ose même plus la regarder. J'ai l'impression qu'elle veut m'effacer, comme si j'étais un animal bizarre qui traînait avec elle. Dans ces moments-là, je voudrais être véritablement chevreuil pour partir vite et loin.

il paraît que lorsqu'il y a des séismes, les chevreuils sentent longtemps avant les hommes que la terre tremble et qu'il faut fuir. S'ils sont près des côtes, ils vont se terrer dans l'intérieur des terres. (p. 105)
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Certains disaient que mon père était un mage, qui avait accès à des choses que personne ne percevait. D'autres pensaient qu'il était fou. Moi, je ne m'étais pas encore fait une idée très nette. (p. 17)
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J'admirais mon père, car il savait tout, il était encyclopédique. La bibliothèque de son bureau me fascinait. Il avait lu tous les livres, et aussi, disait-il, des livres interdits dans le commerce. (p. 19)
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"Il faut tellement d'acceptation de soi, des autres et de l'espace pour que ça marche un corps, que ça ne subisse pas le réel mais que les gestes l'habitent paisiblement, avec la bonne tension."
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Hier soir, on a fait l'amour sous la douche, c'était intense. On s'est arrêtés quand il n'y avait plus d'eau chaude dans le ballon. Vivre est assez bouleversant.
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Quand Elias parle de son père, il tourne lentement son bras vers l'extérieur et se frotte le poignet de l'autre main. On dirait qu'il veut se libérer de liens imaginaires, comme les héros des films qui viennent enfin de dénouer la corde qui les retenait.
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J'ai la sensation que la vie progresse comme une série de parenthèses, des parenthèses pas refermées, encastrées les unes dans les autres, parenthèses de parenthèses, décevant toute syntaxe acceptable. À l'échelle d'un homme, l'histoire ne bégaye pas, elle déraille, intervertit les syllabes, elle fourche à chaque mot et on n'apprend presque jamais de ses erreurs de prononciation.
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