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Critiques de Warren Ellis (487)
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Ignition city, tome 1

Ce tome contient une histoire complète et indépendante de tout autre. Il rassemble les 5 épisodes, initialement parus en 2009, écrits par Warren Ellis, dessinés par Gianluca Pagliarani, encrés par Chris Drier, avec une mise en couleurs réalisée par le studio Digikore.



À Berlin en 1956 (dans une Histoire alternative), Mary Raven est en train de s'entretenir avec Lionel Crabbe (surnommé Buster) sur l'état du monde, le choix des nations de renoncer l'une après l'autre à l'exploration spatiale. Arthur Raven (surnommé Rock, le propre père de Mary) a été un de ces explorateurs spatiaux qui a établi un contact avec des races extraterrestres, qui ont abouti à des échanges commerciaux. Il est mort récemment, assassiné dans son lit. Mary Raven a décidé d'aller récupérer les affaires de son père à Ignition City, car elle sait que sa mère ne s'en occupera pas, divorcée depuis plusieurs années. Elle n'a pas beaucoup d'autres perspectives car le gouvernement a confisqué son vaisseau spatial, et c'était sa vocation depuis sa plus tendre enfance. Ignition City est construite sur une île artificielle qui comprend également plusieurs spatioports. Elle s'y rend avec son propre aéronef. À la douane, l'employé inspecte ses affaires et lui confisque son arme à feu.



Sur place, Lightning Bowman est en train de passer aux toilettes, mais il n'arrive à faire que des petites crottes de lapin, à cause d'une alimentation exclusivement à base de pilules alimentaires. Il jette le produit de son excrétion par la fenêtre, et les crottes tombent sur la combinaison de Yuri Gagarine qui piquait un roupillon dans la rue. Lightning Bowman se rend au bar de Gayle Ranson pour descendre sa bouteille de whisky quotidienne. Gayle demande à Piet Vanderkirk de sortir pour réceptionner l'arrivage de marchandise, en particulier le chargement d'eau potable, en lui demandant de vérifier que le responsable du convoi n'a pas trafiqué les niveaux comme la fois précédente. La prise en charge se passe mal, et Vanderkirk abat 2 individus dont le responsable du convoi. Mary Raven arrive sur ces entrefaites pour prendre un verre au bar et commencer à poser des questions sur les circonstances de la mort de son père. Peu de temps après le Marshall Pomeroy arrive pour tirer au clair la mort de 2 des convoyeurs, et récupérer un pot-de-vin supplémentaire pour fermer les yeux.



Lorsqu'il découvre cette histoire complète publiée par Avatar, le lecteur ne sait pas trop à quoi s'attendre. Il bénéficie d'une belle couverture évoquant la manière de peindre d'Alex Ross, ainsi qu'une forme de science-fiction des années 1940, avec un bel héros et son jet-pack. Mais c'est la belle dame qui occupe le premier plan et qui tient une arme dans la main. Il se rend vite compte que l'artiste qui a été affecté sur la série est de nationalité italienne, ce qui laisse supposer un montage de la part de l'éditeur pour faire baisser les coûts de mise en images du scénario. En feuilletant rapidement le tome pour se faire une idée, il constate qu'il y a bien un personnage qui porte un maillot avec un éclair évoquant Flash Gordon par Alex Raymond (1909-1956), et que le cadrage des prises de vue met régulièrement en avant la poitrine de l'héroïne ou son postérieur, sans compter sa tenue qui laisse son nombril à l'air et qui met en valeur son ventre plat. Mais d'un autre côté, ça reste du Warren Ellis, ce qui assure un minimum de qualité. Il se plonge dans sa lecture et commence par une bonne tranche d'exposition sous la forme du dialogue entre Mary Raven et Lionel Crabbe, ce qui permet au scénariste d'expliquer qu'il s'agit d'un passé alternatif et si la conquête de l'espace a bien eu lieu, elle n'a pas apporté les l'aventure escomptée. Dès cette scène, il est rassuré sur le fait que le scénariste n'écrit pas un pastiche, mais une histoire originale, porteuse de désenchantement quant aux lendemains qui chantent promis par l'âge d'or de la science-fiction.



Le lecteur se rend compte qu'effectivement Gianluca Pagliarani affectionne les cadrages suggestifs sur l'héroïne, mais dans le même temps il ne la transforme pas en une poupée siliconée avec une poitrine défiant la gravité, ou avec un postérieur trop pneumatique. Malgré ces cadrages pas toujours judicieux, l'artiste montre une jeune femme qui ne joue pas dans le registre de la séduction. Conformément au scénario, elle consomme de l'alcool pour ses effets anesthésiants. Son langage corporel montre un individu avec une forte détermination, concentré sur son objectif qui est d'éclaircir les circonstances de l'assassinat de son père. De la même manière, les cadrages sur Gayle Ranson dénotent une forme d'attirance régulière du regard vers ses rondeurs, sans non plus qu'elles soient mises au premier plan. Mais les angles de vue inclinés font bien ressortir les reliefs féminins, ce qui n'est pas le cas pour les personnages masculins. Sous réserve que le lecteur ne fasse pas un blocage sur cette forme discrète de fixette, il peut prêter plus d'attention au reste des dessins.



En ce qui concerne les personnages, la qualité de la représentation des visages fluctue d'une case à l'autre, sans que le lecteur ne sache pourquoi Pagliarani et son encreur Chris Dreier ne sont pas constants. Parfois les expressions sont justes et éloquentes ; d'autres fois les visages sont rapidement détourés, avec un manque de finition très surprenant. Pour le reste, ils réalisent un casting d'acteurs dont le lecteur retient aisément les caractéristiques et qu'il reconnaît au premier coup d'œil. Les postures des personnages apparaissent généralement naturelles, et très adaptés à la nature de la séquence. Le lecteur s'en rend d'autant mieux compte que Warren Ellis a intégré de nombreuses scènes de discussion, pas toujours simples à rendre visuellement intéressante, et reposant donc pour une partie significative sur la direction d'acteurs. L'artiste sait faire varier les angles de vue, montrer les arrière-plans, donner des gestes naturels aux personnages pour éviter des plans trop statiques constitués uniquement de têtes en train de parler.



Pagliarani et Dreier ont également fort à faire dans la mesure où il leur appartient de donner à voir cet environnement de science-fiction. Ils conçoivent une forme de rétrofuturisme amalgamant la véritable technologie de l'époque (les années 1950) avec des éléments de science-fiction fortement inspirés et rendant hommage à a science-fiction des années 1940, la composante baroque en moins. En outre, le dessinateur ne s'économise pas sur les décors qui sont représentés dans plus de 95% des cases, ce qui est énorme pour un comics, et ils ne sont pas constitués d'uniquement 2 ou 3 traits qui se croisent. Le lecteur peut ainsi s'installer confortablement dans un fauteuil dans le bureau de Lionel Crabbe et admirer la décoration. Il sent également la boue lui coller aux chaussures alors qu'il arpente les rues d'Ignition City avec Mary Raven. En outre, les décors sont rendus plus consistants par une mise en couleurs un peu sombre, sans exagération systématique des dégradés pour augmenter les reliefs. Le lecteur oublie facilement les cadrages et angles de vue pas indispensables pour apprécier la consistance des environnements qui lui sont montrés et qui font exister ces endroits.



Grâce aux dessins qui lui permettent de se projeter dans chaque lieu, le lecteur n'a pas besoin de déployer des trésors de suspension consentie pour rentrer dans l'histoire. Ill s'implique donc plus facilement dans ces dialogues qui servent à détailler la situation globale, ainsi que les relations préexistantes entre les personnages. Warren Ellis utilise à la fois les conventions de la science-fiction et celles du polar. Cet amalgame s'avère très réussi, dégageant ses saveurs particulières, au fur et à mesure que l'enquête de Mary Raven progresse. Le lecteur fait la connaissance d'individus prisonniers de leur histoire personnelle, en grande partie façonnée par des forces politiques qui les dépassent. Il comprend petit à petit quelles sont les forces en place et les petits trafics juteux. Il voit des représentants de l'humanité continuant à survivre tant bien que mal, malgré les conditions de vie à Ignition City, la corruption, les affaires et une forme de déchéance. De manière littérale, ces personnages ont tutoyé les étoiles, et ils se retrouvent sans moyen de retourner voyager dans l'espace, les yeux encore pleins d'étoile, souffrant d'une forme de sevrage non voulu, sans espoir de retrouver les mêmes sensations, sans produit de substitution. Dans le même temps, l'enquête et la détermination de Mary Raven met à jour ces activités illégales, ces compromissions, cette absence d'espoir, en bousculant des individus qui oscillent entre la passivité et es soubresauts frénétiques du désespoir.



En découvrant l'existence de ce tome, le lecteur part avec des préjugés du fait de l'éditeur qui dispose de moyens limités, et d'un appariement avec un artiste pas forcément en phase avec les intentions du scénariste. Il se rend progressivement compte qu'il ne s'agit pas d'une histoire de fond de tiroir de Warren Ellis, mais d'un polar bien noir sous les apparats d'un récit de science-fiction, et que Gianluca Pagliarani s'est fortement investi pour donner à voir cette ville uchronique, bien complété par une mise en couleurs oins mécanique que d'habitude pour les productions Avatar.
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Transmetropolitan, tome 5 : Année cinq

Ce tome contient les 2 derniers tomes de la version originale en anglais.



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- The cure (épisodes 49 à 54)



Le temps est compté pour Spider Jerusalem. Il commence par jouer un tour à Shannon Yarrow, avant de se rendre sur le site dédié à la mémoire de Vita Severn. Il se retrouve à patauger dans la boue, dans un quartier investi par les laissés pour compte, les miséreux de la cité. Cela se poursuit par une course sur le toit des voitures d'une artère bouchée, pour s'achever dans le bar de Fred (le transient) pour un interrogatoire sans les gants. Spider, Yelena et Shannon mettent en œuvre le plan d'actions ourdi dans le tome précédent. Ils tiennent enfin un témoin capable d'incriminer Gary Callahan, le président des États-Unis en place. De son coté, Mitchell Royce prouve qu'il est un vrai professionnel. Le temps passe, et la santé de Jerusalem continue de se détériorer.



Comme pour le tome précédent, les illustrations sont réalisées par Darick Robertson et Rodney Ramos. Le lecteur retrouve donc la baisse de détails dans les dessins, mais cette baisse est moins marquée. Il se trouve encore quelques passages qui manquent de tout décor, et quelques autres passages où les décors sont réduits au strict minimum (par exemple, il est difficile de croire à la zone sinistrée du mémorial). Néanmoins, le niveau global est satisfaisant même s'il n'est pas revenu à celui des premiers tomes. Le scénario de Warren Ellis ménage plusieurs scènes sans dialogue qui coulent toutes seules grâce à une mise en page exemplaire. Les 7 pages d'intervention d'un mystérieux commando en plein milieu urbain sont magistrales. Robertson et Ramos retrouvent le coup de crayon incisif qui permet de faire de Spider Jerusalem un personnage irrésistible et détestable quand il mange un hippocampe, quand il vitupère contre un automobiliste, quand il tabasse le pauvre Fred, quand il interroge une prostituée dépendante ou quand il cherche ses mots devant son clavier. Ils font également de Royce Mitchell un individu remarquable. Le scénario s'attarde moins sur les aspects d'anticipation de cette société, et du coup le lecteur retrouve juste les éléments qui ont été développés dans les épisodes précédents. Les plus attentifs retrouveront le graffiti demandant la libération de Steve Chung, ainsi qu'une enseigne au nom de Darren Aronovski.



Les images mettent en scène les actions de Spider, Yelena et Shannon, avec quelques moments remarquables, mais avec une densité inventive plus faible. Elles ne font que refléter l'orientation prise par le scénario. Warren Ellis se concentre sur la résolution de son intrigue principale, et il laisse de côté les épisodes entièrement dédiés aux réflexions sociétales de Jerusalem. Toutefois, ce dernier continue à pointer du doigt quelques travers de notre société. Il met en avant les mécanismes de récupération des tragédies (l'assassinat de Vita Severn) par le gouvernement à des fins de communication positive. Il suggère le prix à payer pour l'usage de produits stupéfiants (de manière assez modérée). Ellis enfonce le clou sur la nature violente des rapports existants entre les individus et comment l'usage de la violence physique donne du pouvoir à ses utilisateurs, avec toujours en filigrane les formes et les conséquences des abus de pouvoir.



Pour l'intrigue principale de la série, Ellis fait avancer le combat qui oppose Jerusalem à Callahan. Il insiste à de nombreuses reprises sur le fait que cette fois-ci tous les coups sont permis et que le temps de prendre des gants est révolu. Pour les lecteurs qui ont suivi les aventures de Jerusalem depuis le début, il est patent qu'il a franchi une nouvelle étape dans la radicalisation de ses méthodes d'investigation. Un autre thème sous-jacent est l'impact de Jerusalem sur les gens qui l'entourent. Yelena continue à adopter son langage corporel, et même Shannon recommence à fumer et à mordre le filtre de ses clopes. Enfin, les plans de Callahan commencent à prendre forme et à faire sens pour le lecteur.



Pour ce tome, comme pour les précédents, le lecteur découvre les couvertures réalisées par des pointures des comics, sauf celles des épisodes 49 à 51 qui ont été dessinées par une pointure française : Moebius (aussi connu sous le nom de Jean Giraud). Le budget affecté aux couvertures a dû exploser.



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- One more time (épisodes 55 à 60, ainsi que les 2 numéros spéciaux "I hate it here" & "Filth of the city")



Le président des États-Unis a instauré la loi martiale dans la Cité. La prostituée qui a fourni la preuve décisive refuse de suivre Spider Jerusalem pour essayer de gagner un abri. Yelena Rossini et Shannon Yarrow prennent Spider en charge pour l'acheminer jusqu'à un havre sûr. Le dernier bras de fer entre Jerusalem et Gary Callahan (le président) a commencé.



Depuis le tome précédent, Warren Ellis a entamé le dernier mouvement de cette série qui s'achève avec ce tome. Le scénario continue à être décompressé, et la lecture de ces 6 derniers épisodes s'effectue très rapidement. Il aligne une décision morale difficile, avec une course poursuite, encore un ou deux as dans la manche de Spider Jerusalem, deux abus de pouvoir bien sanglants et un ultime face à face entre Callahan et Jerusalem. Le tout se lit plus comme un thriller, que comme une réflexion sur les responsabilités du pouvoir et la tentation d'en abuser. L'épisode 60 clôt la série sous forme d'épilogue qui permet d'apporter un sentiment de clôture satisfaisant.



Darick Robertson et Rodney Ramos réalisent ensemble les illustrations des épisodes 55 à 58. Ils reprennent leur partage du travail de début de série pour les épisodes 59 et 60, avec Robertson qui assure les dessins et Ramos qui réalise les encrages. Globalement la densité des décors est en augmentation, pour revenir au niveau initiale pour les 3 derniers épisodes. La mise en page de la course poursuite assure une grande fluidité et dégage une tension palpable. Robertson et Ramos illustrent également une scène de massacre de foule qui bénéficie également d'une mise en page qui met en valeur l'horreur de cette boucherie qui n'avait rien d'inéluctable. Robertson et Ramos continuent à jouer avec la forme des visages de certains protagonistes pour mettre en évidence qu'ils adoptent des attitudes similaires à celles de Spider Jerusalem. Le duo réussit plusieurs scènes mémorables (outre celles déjà citées), telles que la révolte des transients, ou Spider dans son jardin.



Cette série se conclut rapidement par les scènes attendues, avec une amélioration des illustrations, mais un scénario qui reprend des chemins plus classiques.



Ce tome comprend également les 2 numéros spéciaux qui correspondent chacun à 45 pages. Il s'agit en fait de facsimilés des articles de Jerusalem pour "The Word", le quotidien dirigé par Mitchell Royce. Chaque article correspond à un court paragraphe de texte (parfois 2) illustré par une pleine page ou par une double page, à chaque fois réalisée par un artiste différent. Warren Ellis y aborde tout ce qui lui tient à cœur dans un certain désordre pour "I hate it herre", avec une forme de suite logique assez lâche pour "Filth of the city". Parmi les sujets rapidement évoqués par Ellis se trouvent sa haine pour le genre humain en général, la prédominance des mauvaises nouvelles dans les journaux, l'abus de substances psychotropes, l'autorisation légale pour les journalistes de tabasser qui bon leur semble, l'homogénéisation de la culture, la promenade dans les quartiers chauds, la célébrité, l'origine de ses tatouages tribaux, le quartier de son enfance, le futur qui ne ressemble pas au futur des romans de science-fiction, se soulager depuis son balcon, les spécificités des films anglais, etc. Suivant les articles, les considérations d'Ellis oscillent du lieu commun à la pensée pénétrante et pertinente où le lecteur se demande pourquoi il n'a jamais eu l'idée de voir les choses sous cet angle. Il s'agit d'une expérience de lecture assez facile d'accès qui donne l'impression de pouvoir se brancher à la périphérie du cerveau d'Ellis.



Les illustrateurs ont la rude tâche de trouver une vision qui coïncide avec le thème du billet d'humeur. Malgré la pléthore de grands noms, finalement assez peu arrive à se lâcher pour être à la hauteur de l'inventivité de cette série. Juste pour vous faire saliver, parmi ces illustrateurs se trouvent John Cassaday, Bryan Talbot, Tim Bradstreet, Danijel Zezelj, JH Williams, Marcello Frusin, Amanda Conner, Tony Harris, Steve Pugh, Phil Winslade, Jill Thompson, Kevin Maguire, Carla Speed Mcneil, David Lloyd, Liam Sharp, Bill Sienkiewicz (magnifique), Guy Davis, etc.



Finalement, ces 2 épisodes spéciaux mettent surtout en valeur l'inventivité débridée et subversive de Warren Ellis que ces illustrateurs de talent ont du mal à égaler.



Malgré quelques tomes inégaux, cette série fait partie des indispensables à lire car quand elle prend son envol, elle emmène le lecteur là où nul autre n'est jamais allé, avec un point de vue pénétrant et divertissant. Pourvu que le futur ne ressemble pas trop à celui de Transmetropolitan.
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Captain Swing et les pirates électriques de C..

Ce tome contient une histoire complète et indépendante de toute autre, soit les 4 épisodes parus en 2010/2011.



À Londres, en 1830, un policier municipal est retrouvé empalé sur les grilles d'une demeure, ses intestins se dévidant à l'extérieur, par une ronde de 3 de ses collègues. Charlie Gravel et ses collègues sont tirés de la contemplation du cadavre les tripes à l'air, par le bruit d'une crécelle signifiant qu'un autre policier appelle à l'aide. Ils tombent face à face avec un individu tout de noir vêtu ayant chaussé d'étranges bésicles qui crépitent dans la nuit. Constatant son infériorité numérique, Captain Swing s'enfuit et échappe à ses poursuivants grâce à ses bottes étranges et crépitantes qui lui permettent de sauter par-dessus les murs de clôtures. Charlie Gravel va recroiser la route du Capitaine Swing dans un complot qui implique également les gendarmes nationaux.



Ce n'est pas la première fois que Warren Ellis s'adonne au rétro-futurisme, avec une touche de steampunk : Aetheric Mechanics (en anglais) qui se déroule en 1907 avait déjà prouvé sa capacité à s'inspirer d'un genre littéraire pour une histoire pleine de saveur. Ici, Ellis remonte un peu plus loin dans le temps pour un récit steampunk dans l'esprit, même si le magnétisme prend la place de la vapeur.



L'histoire est illustrée par Raulo Caceres qui avait déjà mis en images Crecy (en anglais) de Warren Ellis, et une partie des premières aventures de William Gravel également d'Ellis. Il a également fait dans le zombie et l'abject avec le troisième tome de "Crossed" : Psychopath (en anglais). Caceres est un dessinateur appliqué, qui soigne chaque trait de chaque case et qui ne rechigne pas au détail. Il a un style légèrement suranné qui évoque parfois celui d'Eduardo Baretto, en moins naïf. Ce qui est vraiment agréable, c'est que Caceres fait tout ce qu'il faut pour que le lecteur puisse se sentir dans le même environnement que les personnages. Il ne manque pas un seul pavé mouillé dans les rues de Londres. Les façades de Bow Street présentent toutes leurs briques, ainsi qu'une architecture authentique. Les intérieurs disposent d'une décoration d'époque. Les uns et les autres s'habillent avec des vêtements crédibles. Et les visions des toits de Londres avec leurs cheminées sont dépaysantes et évocatrices. Le mélange d'artisanat (métallurgie et ébénisterie) avec la technologie d'anticipation atteint un équilibre en état de grâce (en particulier une magnifique balle de révolver finement ouvragée). Il n'y a peut être que les visages qui manquent de mesure et de nuances dans leurs expressions. Le décolleté du seul personnage féminin dénote également une facilité aguicheuse, dans ces illustrations plutôt réalistes. Par contre, les responsables des couleurs ont opté pour des teintes très sombres qui s'ajoutent à un encrage déjà bien appuyé, et il faut prévoir un environnement avec une forte luminosité pour distinguer tous les détails.



De son coté, Ellis a également vu les choses en grand, malgré le nombre de pages relativement faible. Il a inséré quelques pages de textes (entre 4 et 6 par épisode, en très gros caractères) pour approfondir le contexte de l'histoire, avec pour commencer un rappel historique sur la différence entre les "Copper" (policier municipal londonien) et les "Bow street runners" (policiers sous les ordres des magistrats). Ellis a donc l'ambition de raconter une aventure haute en couleurs, distrayante, fantastique, mais aussi d'intégrer une dimension sociale. Effectivement l'aventure est au rendez-vous avec un goût de merveilleux technologique qui fleure bon les romans pour jeunes adolescents du dix-neuvième siècle. Effectivement, les personnages se divisent entre les bons et les méchants. Mais très vite, le camp des bons se révèle plus complexe que prévu. Warren Ellis réussit à développer les caractéristiques psychologiques du Capitaine Swing et de Charlie Gravel, et à leur donner des motivations complexes. Ces dernières reflètent aussi bien les idées sociétales de l'époque que leurs personnalités. Si le récit semble se terminer sur une fin trop classique, la dernière page de texte ouvre la narration sur une problématique éloignée des clichés manichéens. Ellis a su transcrire sous forme de récit d'aventures, une problématique philosophique complexe et d'une actualité toujours plus délicate et paradoxale dans notre société.



Derrière son apparence de récit d'anticipation du dix-neuvième siècle, avec une légère composante steampunk, Warren Ellis et Raulo Caceres projettent le lecteur dans un Londres aussi réel que fantasmé en 1830, pour de grandes aventures mettant en évidence une question de fond sur la nature du progrès scientifique et sa classe sociale.
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Artères souterraines

Si je devais définir Michael McGill en quelques mots, je dirais que c'est un aimant à merde ! Ce détective privé de Manhattan est un looser, qui se complait dans sa médiocrité. Cela fait des semaines que McGill traîne en sous-vêtements dans son bureau, où il vit d'ailleurs, et qu'il n'a pas résolu d'enquête. Sa femme l'a quitté pour une autre femme qui s'appelle Bob et qui fabrique des godemichés en forme de pénis de dauphin. Autant vous dire que notre héros a le moral dans les chaussettes.



Mais l'arrivée du chef de cabinet du président américain dans son petit bureau minable va changer sa vie. Il lui demande contre 500 000 dollars de remettre la main sur une version secrète de la Constitution des Etats-Unis, qui aurait disparu depuis les années 1950 et aurait d'étranges pouvoirs. Pour cela, il devra remonter la trace des différents propriétaires du livre et explorer ces artères souterraines, contenants ce que le continent américain a de plus sombre et de plus grotesque.



Michael McGill s'embarque alors dans un road trip à travers l'Amérique (New York, Colombus, San Antonio, Las Vegas et Los Angeles) accompagné de Trix, une jeune "étudiante en perversité" rencontré au cours d'une soirée des plus bizarre (je ne vous en dis pas plus pour ne pas gâcher le suspense). Ils vont rencontrer des gens tous plus étranges les uns que les autres: du serial-killer septuagénaire aux dégénérés à la sexualité morbides , Warren Ellis nous réserve une collection de déjantés à faire pâlir Miss Ratched et toute sa bande !



Un bon livre rafraichissant et assez trash, sur les déviances de notre société !!! On en redemande...

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Black Summer

A lire avant 25 ans, après on n'a vraiment plus les yeux qu'il faut pour apprécier les dessins dignes du fouillis foisonnant des graveurs des années 70. Si malgré tout on insiste, vaut mieux ne pas être daltonien car seule la couleur permet de s'y retrouver un peu. Sinon coté histoire, c'est du comics américain quoi!.. ça vole pas haut en se tortillant entre des allusions à la loi, la politique réactionnaire made in USA et quelques vagues idées sur le "vigilantisme". De jolis dessins en pleine page de nanas à moto cependant...
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Artères souterraines

« Quelle petite artère tortueuse vous parcourez-là. »

Les fans du scénariste de comic book Warren Ellis attendaient l’adaptation française de Crooked Little Vein avec impatience. Ce sont les éditions Au Diable Vauvert qui ont publié l’histoire le 26 août dernier, sous le titre Artères Souterraines. Un roman traduit de l’anglais par Laura Derajinski. Chacun y trouvera son compte, que ce soit les fans de l’auteur ou les amateurs de hardboiled. Les premiers seront ravis de suivre les pérégrinations de Michael McGill. Le personnage évolue de nos jours, dans un univers parfois loufoque, qui pourrait être les prémices de celui de Spider Jerusalem, le héros du comic book Transmetropolitan.

Les autres apprécieront le côté rafraîchissant de ce détective privé un peu à côté de ses pompes, à la manière des héros qui ont fait le succès de Donald Westlake. Un héros un peu équilibriste, qui se retrouve bonds après bonds dans des situations de plus en plus incongrues et qui ne devra compter que sur lui-même pour aller de l’avant.

McGill est un poissard qui accepte la mission du chef de cabinet du président américain : remettre la main sur une version secrète de la Constitution des États-Unis, aux vertus magiques. Pour cela, il devra remonter la trace des différents propriétaires de l’œuvre et explorer ces artères souterraines, contenants ce que le continent américain a de plus sombre, de plus fou et de plus grotesque.

Warren Ellis a toujours était fasciné par la transhumanisme. C’est un thème récurrent dans ses comic books, où il aime confronter ses personnages à la possibilité d’améliorer leurs performances pour se transformer en surhomme, par tous les moyens mis à leur disposition.

Ici, c’est l’inverse qui se produit. Ellis confronte un personnage lambda à ce que le genre humain a de plus déviant et toxique pour finalement le sublimer et faire de lui un chevalier sans armure avec une quête. Derniers zestes d’humanité de ce héros mélancolique et pessimiste qui sauvera ses pairs. C’est dingue, jouissif, hilarant. C’est inconvenant, pervers, et terriblement rafraîchissant. Et ce petit doigt d’honneur qu’est la fin du livre est finalement la signature qui nous confirme que l’on a bien navigué pendant 57 chapitres dans l’univers de Warren Ellis.



(Chronique publiée à l'origine dans le mag Scarce).
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Supergod

Supergod , livre super attendu , trop peut-etre...



Ayant été nourri à l'univers de Strange , Titan , Spidey , inutile de vous décrire la joie ressentie à l'annonce des résultats Masse Critique que je super remercie au passage en y associant les éditions Milady !



Le graphisme , rien à y redire . Plutot léché ! Mention spéciale aux pleines pages de toute beauté ! A l'époque , il y avait les Jim Lee , John Buscema , Neal Adams , Frank Miller...Garrie Gastonny en est un digne héritier ! Des planches convaincantes soutenues par un encrage à la hauteur !



L'histoire peche beaucoup plus..Je pense que cette BD fait partie de ces livres qui nécessitent plusieurs lectures , les niveaux pouvant etre divers également . L'on peut prendre ce récit au premier degré et assister stoiquement à ce choc des Titans pour la suprematie , non pas de l'Olympe , les temps ayant quelque peu changé , mais planétaire ou y voire une métaphore car en effet , ces superdieux ne sont pas moins que les représentants de nations étant toutes en possession de l'arme nucleaire .(Craven : USA ; Krishna : Inde ; Maitreya : Chine ; Malak : Iran ; Perun : Russie ) .Ils seraient l'incarnation du pouvoir supreme , de cette perpetuelle et vaine course à l'armement dont la fin du monde en constituerait l'inevitable épilogue...

Un récit plutot confus narré par le docteur Reddin , rare rescapé d'un monde plongé en plein chaos . Krishna étant l'élément déclencheur de cette boucherie mondiale , chaque pays précité enverra son herault le combattre dans l'espoir de le terrasser . Les combats s'enchaineront dans une violence et un verbiage que n'auraient pas renié les freres Bogdanov .

Allez , quelques exemples pour le plaisir :

-un gigantesque reseau mycelien . un ordinateur mycologique poussant sur un continent de cadavres .

-Lugus sporulait , communiquant via un flot chimique qui se répandait dans l'air tout en en modulant les courants..

Si certains d'entre vous en avaient une vision globale et voulaient bien m'en faire part , merci de me joindre au 0800800800 , appel gratuit à partir d'un téléphone fixe .



Un livre qui pose beaucoup de questions sans donner beaucoup de réponses...à approfondir en seconde lecture...

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Trees, tome 1

Quand on referme l'ouvrage, on en sort un peu perplexe. Warren Ellis a choisi de faire un récit avec de multiples histoires et des personnages un peu partout dans le monde. Contrairement à ce que l'on peut trouver dans structures standards avec un chapitre par groupe, là il choisit de faire juste 3/4 pages. Au début, ça déroute car on a des difficultés à raccrocher les wagons. Il n'y a aucun lien entre un peuple en Afrique et une île isolée dans un pôle. Plus on tourne les pages, plus on arrive à faire les rapprochements. Mais ce n'est pas très agréable tout de même. Cela demande plus de concentration car à peine une action débute que l'on en change aussitôt. Le rythme progressivement s'intensifie. Ces choses étranges nommées arbres sont d'origine extraterrestre et commence à changer insidieusement. D'ailleurs, les populations qui vivent à proximité deviennent des cibles soit à abattre ou soit à gérer. La mort devient une chose inévitable.



On y voit une magnifique case de Jason Howard avec des bombes tombant sur un village. Le plan est en contre-plongée avec un enfant regardant le ciel avec ces armes de destruction venant sur lui. C'est très impactant. Pas besoin d'en montrer plus pour souligner l'horreur qui va en découler. Tout comme ce jeune étudiant en Art de Chine qui vient dessiner et découvre l'amour avec un trans qui périra sous des balles. Il est victime d'une purge dont on ne connaît pas la raison. Le scénariste a profité d'évoquer un lieu ouvert à tous qu'importe ce qu'ils sont. Il consacre un peu de temps à parler de transidentité et d'homosexualité. Un choix que j'ai trouvé audacieux pour un comics basé plus sur des extraterrestres. Ces derniers sont restés discrets et en ont profité pour analyser le fonctionnement des choses. L'invasion des fleurs noires montre une présence discrète avec un impact fort. Le dessinateur joue beaucoup avec les cadrages et la mise en page pour inciter à modifier nos points de vue et donner du dynamisme. Un tout assez complet qui mérite que l'on s'attarde sur le deuxième tome pour savoir où cela va nous mener. Avec un peu de chance, le montage des aventures sera éventuellement différent.
Lien : https://22h05ruedesdames.com..
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Gravel, tome 1

D'une certaine manière, ce tome fait suite à Warren Ellis' Strange Killings: Necromancer (VO, 2004) qu'il n'est pas indispensable d'avoir lu avant. Il comprend les épisodes 0 à 3, initialement parus en 2007/2008, coscénarisés par Warren Ellis & Mike Wolfer, dialogués par Ellis, dessinés et encrés par Raul Caceres (épisodes 0 à 2) et par Oscar Jimenez (épisode 3, puis 4 à 7), et mis en couleurs par Greg Waller (épisodes 0 à 2) et Juanmar (épisodes 3 à 7). Mike Wolfer a également réalisé les couvertures alternatives. Ce commentaire porte sur les épisodes 0 à 7.



Quelque part en Afghanistan, un groupe de terroristes détient un soldat britannique. Il est à genoux devant eux et leur porte-parole s'adresse à la caméra pour indiquer qu'ils vont entamer un Jihad contre le monde occidental et que ce soldat sera leur premier coup porté. Soudain, alors que le porte-parole s'apprête à trancher la gorge de l'otage, celui qui le tient s'écroule mort à côté, Puis c'est au tour d'un autre terroriste de s'écouler comme si une balle lui avait traversé le crâne. Un troisième meurt ensanglanté. Le porte-parole lâche l'otage et se retrouve plaqué contre le mur par une force invisible. Une voix désincarnée intime à l'otage de se lever et de courir vers l'ouest où il rejoindra un camp ami. Après son départ, le sergent major William Gravel devient visible aux yeux du dernier terroriste encore en vie. Il s'occupe de son cas et lui précise qu'il n'y a pas de vierge dans l'au-delà. De retour à Londres, William Gravel rend visite à Simon Shiranian, un détective de l'occulte.



Gravel contraint Shiranian à le faire entrer chez lui. Il le jette sur un canapé et entame la discussion. Il veut savoir comment Shiranian a réussi à prendre sa place au sein du cercle de magiciens appelés les Sept Mineurs (Minor Seven). Après s'être fait secouer, Simon Shiranian lâche le morceau : tout le monde a cru que William Gravel est mort en Afghanistan. Shiranian avait réussi à mettre la main sur un manuscrit pensé détruit et ayant appartenu à Thomas Carnacki : le Sigsand. Il l'a offert aux Sept en échange de la place laissée vacante par Gravel. Ce dernier s'occupe de lui. Puis il se rend dans le village de Langton Green au Sud de Londres. Sur place, il constate des corbeaux morts dans la rue, et le journal local évoque la disparition de trois jeunes filles. Il va descendre une pinte au pub local pour écouter les ragots. Puis il se met à marcher pour sortir de la ville et accéder à une demeure à l'écart où la densité de cadavres de corbeaux se fait plus élevée. Il pénètre de force dans la demeure de Jérôme de Montfault, et la discussion s'engage. Jérôme de Montfault commence à expliquer qu'il pensait que William Gravel était mort en Afghanistan. À sa demande, il continue à expliquer qu'il a commencé à étudier les pages du Sigsand que Simon Shiranian lui a confiées.



Après 6 aventures indépendantes, Mike Wolfer & Warren Ellis décident de lancer une série continue pour William Gravel. La répartition des tâches montre que Wolfer reste très impliqué dans le personnage, voire est peut-être celui qui a convaincu Ellis de continuer à écrire pour le personnage. L'épisode zéro introduit donc le concept de ce cercle de magiciens se faisant appeler les Sept Mineurs, étant entendu qu'il existe un autre cercle des Sept Majeurs, les premiers accomplissant les tâches manuelles des seconds. Pour autant, les coauteurs ne souhaitent pas changer le mode narratif des aventures de leur magicien de combat. Le principe de ces Sept Mineurs est posé en 2 phrases, ainsi que la dynamique de ce premier tome. William Gravel s'est fait éjecter du groupe du fait de sa mort présumée, et il compte bien faire comprendre que l'annonce de sa mort était prématurée. Le schéma apparaît rapidement : William Gravel va rendre visite à chacun des magiciens des Sept Mineurs et ça va faire mal. Au fur et à mesure, il récupère les morceaux du Sigsand que Simon Shiranian a distribué aux six qui l'ont accueilli. Le lecteur est ainsi assuré d'avoir un combat spectaculaire à chaque épisode, de faire connaissance avec les différents magiciens, et que William Gravel va mériter son titre de magicien de combat.



Pour démarrer la série, les coscénaristes ont fait appel à Raulo Caceres, avec lequel Warren Ellis collaborera à nouveau par la suite, par exemple pour Captain Swing (2010/2011). Le lecteur retrouve William Gravel conforme à l'apparence que Mike Wolfer lui avait donné à sa création et dans ses aventures précédentes : musculature massive, une coupe de cheveux militaire (normal, il fait partie du Special Air Service), un éternel imperméable en cuir sur le dos, un jean, mais il a troqué ses bottes de combat pour des chaussures. Cet artiste s'investit fortement dans les détails et dans la représentation des textures. Le lecteur éprouve la sensation qu'il peut tout toucher : les cheveux, le cuir d'un canapé, la cire de bougies, les nervures de planches de bois, les écailles d'un serpent, les fibres du tissu d'un drap ou une chemise. Par ailleurs Caceres a la hantise de la case pas assez remplie. Du coup, il en donne pour son argent au lecteur en termes descriptifs (il ne manque pas un livre dans les étagères de la bibliothèque de Simon Shiranian, ou une brindille dans les abords de la demeure de Jérôme Montfault), ou alors en termes de mouvement et d'énergie ectoplasmique (le brouillard qui accompagne les mouvements des chevaux de Joana Garden). Comme à son habitude, Ellis a conçu les scènes d'affrontement de manière qu'elles puissent être racontées uniquement par les images, et Raulo Caceres en met plein la vue du lecteur, avec une lisibilité parfaite.



À partir de l'épisode 3, Oscar Jimenez prend la place de Raulo Caceres. Le lecteur commence par être un peu surpris car ce nouvel artiste donne une carrure plus normale à William Gravel, au point qu'il donne l'impression de flotter dans son imperméable en cuir, d'une ou deux tailles trop grand pour lui. De temps à autre, une main semble un peu trop grande, ou un bras un peu trop long. Mais rapidement ce nouvel artiste prouve ses compétences narratives. Dès l'épisode 3, il doit mettre en scène une aventure de Thomas Carnacki pendant 6 pages, et l'atmosphère inquiétante et surnaturelle est parfaitement rendue. Puis il doit mettre en scène un dialogue durant 7 pages : la prise de vue est intelligente et permet de maintenir un intérêt visuel dans une conversation pourtant assez statique. L'épisode suivant est tout aussi exigeant puisque cette fois-ci il met en scène un combat entre William Gravel et ses opposants pendant 11 pages. La logique des déplacements est cohérente et prend en compte les spécificités de l'endroit où l'affrontement se déroule. Le lecteur peut suivre les mouvements de chacun, les coups portés, les blessures, l'utilisation de la magie. Jimenez n'est pas au bout de ses peines, car Wolfer & Ellis ont encore concocté des moments spectaculaires qui, en bande dessinée, ne coûtent rien, si ce n'est le temps passé par le dessinateur, et sa capacité à les agencer de manière lisible. En particulier, le lecteur reste comme William Gravel, bouche bée devant une Chasse fantastique.



Les coscénaristes envoient donc leur héros dans un jeu de massacre, où tous les Sept Mineurs vont se retrouver face à William Gravel et pouvoir tester leurs compétences. L'histoire ne se résume pas à une succession de combats spectaculaires et terribles. Dans l'épisode 3, le lecteur bénéficie d'un hommage bien tourné à Carnacki : Le chasseur de fantômes de William Hope Hodgson (1877-1918). Au fur et à mesure de sa progression, William Gravel est confronté à la question de savoir ce que le pouvoir fait à celui qui en possède. Il ne s'agit pas juste de constater que le pouvoir magique corrompt, comme les autres formes de pouvoir. Dès le départ, il ne fait aucun doute que Gravel est le héros de l'histoire et que par voie de conséquence ses ennemis sont dans l'erreur. Mais Wolfer & Ellis montrent bien que les décisions morales de Gravel sont aussi guidées par le fait que lui-même possède un pouvoir magique, et qu'il est un combattant aguerri. Il n'hésite pas à tuer, et généralement avec une touche de sadisme. Ce fait est établi (ou rappelé) dès la séquence introductive avec les terroristes. Au fur et à mesure qu'il récupère des morceaux du Sigsand, Gravel a bien conscience qu'il sera ainsi plus facile pour d'autres de le récupérer entier, plutôt que d'aller chercher les morceaux par eux-mêmes. Il devient ainsi dépositaire de ce pouvoir fantastique.



La question du pouvoir se pose également d'une autre manière. Après avoir triomphé d'un de ses ennemis, il prend possession de son manoir de Shockham et de ses 34 acolytes qui deviennent les serviteurs dévoués de Gravel. Il se rend compte qu'il est passé du camp des prolétaires qui luttent contre l'autorité en place, dans le camp des propriétaires et qu'il a des responsabilités vis-à-vis des acolytes qui attendent de lui qu'il leur enseigne la magie et le combat. Il sait qu'il a dépassé l'âge de la retraite des membres du SAS, et qu'il est arrivé à un âge où il devrait songer à s'installer. Enfin se pose la question de savoir de ce qu'il fera du Sigsand une fois qu'il en aura assemblé les 6 parties. William Gravel se retrouve dans une position intenable. Il a constaté par lui-même ce que sont devenus les 6 autres anciens Sept Mineurs, la manière dont ils ont perdu le contact avec le monde normal. Il sait ce qu'il ne veut pas devenir, mais ses actions l'ont placé dans une position similaire à la leur. Au beau milieu d'un récit de genre, ou plutôt de sous-sous-genre, les auteurs amènent le lecteur à s'interroger sur l'inéluctabilité de s'installer dans la vie quand l'âge le rattrape.



A priori le lecteur est toujours preneur de combats bien menés par un magicien de combat pas commode et bien malin, contre des monstres humains ou non, même si le format d'une série de miniséries semblait convenir à William Gravel, et assurait qu'il n'y aurait pas de risque de dilution pour respecter un rythme de parution mensuelle. Il est satisfait de voir que Warren Ellis et Mike Wolfer continuent de travailler ensemble, car ce sont eux qui ont défini le personnage. Les pages de Raulo Caceres sont suintantes comme à son habitude, avec des matériaux très tactiles, et des affrontements brutaux à souhait. Oscar Jimenez prend une liberté avec la carrure de Gravel, mais sait donner à voir ses aventures, avec une inventivité, une rigueur et une lisibilité remarquables. Les coscénaristes donnent au lecteur ce qu'il attend, et commencent à développer un thème inattendu montrant que le personnage principal évolue.
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Normal

Attention! Petite pépite! C’est mon avis. Normal est un petit roman, tout juste 161 pages au compteur. Mais il cache bien son jeu. De plus, je découvre son auteur, Warren Ellis, dont le coeur de métier est le scénario de comics, plus que le roman. Mais la base, c’est raconter une histoire et avec ce roman, je n’ai pas été déçu.



L’action se situe dans un hôpital psychiatrique et nul doute que vous vous sentirez fou ou folle parmi les fous. Warren Ellis nous plonge habilement parmi une galerie de personnages ahurissants. Des génies futuristes ayant entrevu l’abime de l’avenir à travers leurs travaux et recherches. Ils ne l’ont pas supporté.



J’ai adoré les décalages et les ambiguïtés de cette situation. J’ai adoré les dialogues ciselés à merveille, drolatiques et pertinents. Normal, c’est une histoire à n’y rien comprendre. Entre paranoïa, folie et clairvoyance, Warren Ellis nous balade à sa guise, habilement, avec un ton légèrement décalé. On sent la concision que la BD impose. Pas de déchet dans ses lignes. De l’efficacité.

La suite sur le blog…
Lien : http://livrepoche.fr/normal-..
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Transmetropolitan, tome 1 : Année un

"Transmetropolitan T.1" de Warren Ellis et Darick Robertson chez @UrbanComics



Synopsis : 



"Exilé depuis près de cinq ans loin du fracas de la civilisation, le journaliste Spider Jerusalem est contraint de reprendre le chemin de la Ville. Secondé par ses deux assistantes, Channon Yarrow et Yelena Rossini, l'acide et misanthrope pamphlétaire reprend alors son combat contre les abus de pouvoir, la corruption et les injustices de cette société du 21e siècle qu'il chérit autant qu'il l'exècre. Dans les rues étouffées par le silence médiatique, raisonne bientôt les mots amers et enivrés du plus fervent défenseur de la Vérité."



Scénario :   Warren Ellis ;

Dessin : Darick Robertson ;

Couleur : Nathan Eyring ;

Traduction : @JérémyManesse ;

Editeur : Urban Comics ;

Prix : 22.50 €.



Quelle dure tâche incombe à votre serviteur en ce jour, de parler de l'oeuvre, si ce n'est du chef-d'oeuvre de Warren Ellis et de Darick Robertson. Oh que oui! Trouver les bons mots afin de définir leur intellect, de présenter leur travail et de donner envie aux non-initiés de franchir le pas de cette lecture, n'est pas chose aisée, loin de là. C'est ce que je vais essayer de faire dans cette chronique sur "Transmetropolitan T.1" chez @UrbanComics. En effet, décomposons un peu le titre : "Trans", je vous confirme qu'il faut être limite en transe pour apprivoiser cet opus; "Métropol", pour la Ville, gigantesque, imparfaite, vivante, puante, mais tellement chérie et enfin, "tain ou tan" (selon l'envie) pour "putain vous allez en prendre plein les mirettes".



Chères Lectrices, chers lecteurs soyez prévenus, la verve de Monsieur Ellis est quelque chose qui ne s'apprivoise qu'au fur et à mesure des pages tournées et encore...Son phrasé est cru, grossier, sans tacts, sans fioriture, mais va droit au but et permet de rendre plus vivant, plus concret, plus palpable le personnage principal qu'est Spider Jérusalem, mais également tout ce qui compose le monde magnifique de la Ville et du XXIème siècle où se déroule l'intrigue. Nous sommes donc plongés dans un siècle où l'être humain et la société humaine ne ressemble plus à ce que l'on peut connaître de nos jours. En effet, cette société ressemble plus à tout ce que personne ne souhaite voir arriver de nos jours : la surconsommation, la surinformation, la trans-humanité (changer d'espèce), l'optimisation corporelle, la drogue à tout-va, la culture de la prostitution, la corruption comme sport national, le tout saupoudré d'avancées technologiques dans à peu près tous les domaines, dont la cryogénisation. En gros, un mixe entre le Cinquième élément et Star Wars, mais à la sauce Tarantino. Vous voyez donc le merdier que c'est.



Toute cette belle histoire est mise en exergue par le talent, que dis-je le génialissime talent de Sieur Darick Robertson. Les planches sont belles, nettes, claires et précises. L'enchaînement des différentes cases est dynamique et impose le rythme de la lecture : endiablé, mais facile à suivre pour notre plus grand plaisir.



La traduction de Monsieur Jérémy Manesse, un petit frenchy (fierté nationale, j'en fais trop là ? Vous trouvez ?) est, selon notre ami le @CommisDesComics, tout simplement de toute beauté. Mais je ne suis peut-être pas encore trop dans le coup pour ce genre de chose. Donc, je m'arrête ici sur ce sujet.



Qu'est-ce que j'en pense de ce tome 1 ? : 



Je finirais cette chronique par vous dire que ce tome 1, des aventures de Spider Jérusalem, m'a énormément plu. C'est un véritable coup de coeur. C'est bon, comme une bonne partie de jambes en l'air, suivi d'un p**tain de gueuleton. C'est bon comme, dévaliser un magasin de bonbons, en sachant qu'il n'y aura aucune conséquence (on vous emmerde les caries!). Vous voyez où je veux en venir. L'association du phrasé d'Ellis avec le dessin de Robertson est l'addition gagnante de ce comics. Je vous recommande donc chaudement de le mettre sur votre prochaine wish-list, sur votre prochaine lettre au père Noël et, pour ceux qui ne peuvent pas attendre aussi longtemps, sur votre prochaine liste de courses.



Note tome 1 : 20/20.



(J'essaye de me calmer sur les notes au-dessus de 20, mais j'ai failli craquer pour cet opus encore, vous voyez il y de l'espoir).



Comme toujours, suivez-moi sur les réseaux sociaux ou directement sur ce blog, pour échanger avec votre serviteur et/ou être les premiers avertis lorsque paraît une nouvelle #chronique. Je viens également d'ouvrir un #insta et un compte @Babelio pour ce blog à retrouver sous le #nametag : yradon4774 (insta) et Paul4774 (Babelio).



See you soon sur les ondes...
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Astonishing X-Men : Boîte à fantômes

Les X-men... cela fait plusieurs années que je n'avais pas lu un aventure de cette équipe de super-héros qui avait bercé une partie de mon adolescence, aux côtés d'Excalibur, des Gardiens du Pouvoir ou des Vengeurs de la côte ouest. Ma dernière bonne découverte remontait à House of M. Depuis, je regardais, assez effaré, la production pléthorique en librairie, boostée sans aucun doute par les nombreux films sortis depuis 10 ans, mais sans vraiment avoir envie d'en lire. Pourtant, en découvrant ce titre dans ma bibliothèque, je me suis dit "Pourquoi pas ? Cela fait longtemps". Bien m'en a pris. Si j'ai bien compris, cela se passe après House of M, mais cela ne nécessite pas vraiment d'en savoir plus, l'histoire peut se suffire à elle-même pour peu que l'on connaisse un tantinet l'univers des mutants Marvel. Il y a bien de-ci de-là quelques autres références à des évènements antérieurs, mais cela ne gêne pas la lecture. L'histoire ne révolutionne pas le genre mais est bien menée autour d'une enquête sur de mystérieux mutants qui ne devraient pas exister. J'ai retrouvé avec plaisir une équipe de X-men mêlant anciens de différentes époques - Cyclope, Wolverine (ou Serval pour les plus vieux lecteurs), Tornade, Le Fauve, Emma Frost - et une petite nouvelle - Armure (c'est nul comme nom d'après elle). Pas de professeur X, un Cyclope chef de groupe qui ne s'en laisse pas compter, des intéractions entre les personnages bien sentis, l'ambiance de la communauté X-men est bien là. Le dessin très bien fichu, adapté à au ton un peu sombre, et sait déconstruire la page de temps à autre pour de beaux effets graphiques. Bref, un bon moment de lecture pas si régressif que cela, bien au contraire.
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The Authority, tome 1

The authority ne fait pas partie des héros traditionnels tel que l'on connait, ce nouveaux groupe de super-Héros voyage à travers les dimensions parallèles pour protéger la terre contre toutes entités humains ou extra-terrestres. Chaque héros possèdent une faculté propre et qu'ils ne font pas quartier pour éradiquer le mal en utilisant des méthodes musclés. Graphiquement le dessin est très beau avec des lignes claires et des couleurs vives.
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Ultimate Galactus, tome 3 : Extinction

Cette histoire constitue la dernière partie de la trilogie appelée Ultimate Galactus. Il vaut mieux avoir lu les 2 autres parties avant pour comprendre d'où sort Philip Lawson, ou qu'elle est cette vision à laquelle il est fait référence. L'intégralité de la trilogie a été rééditée dans Ultimate Galactus trilogy. Le présent tome regroupe les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2006, écrits par Warren Ellis, dessinés et encrés par Brandon Peterson, avec une mise en couleurs réalisée par Justin Ponsor, avec l'aide de Paul Mounts pour l'épisode 1, et de Jason Keith pour l'épisode 5.



Le récit commence dans le Triskelion, le quartier général des équipes de surhumain au service de la défense nationale, sous l'égide du S.H.I.E.L.D., agence d'espionnage dirigée par Nick Fury. Sam Wilson est rejoint par carol Danvers et Philip Lawson. Ensemble, ils accueillent Red Richards et Susan Storm, et sont rejoints par Nick Fury. Richards est venu pour rendre compte des informations qu'il a pu extraire de Vision. Pour cela, il projette une simulation 3D des événements qui vont probablement survenir avec l'arrivée de Gah Lak Tus. Il commence par préciser que le premier effet sera dû à sa taille. Il estime la taille de Gah Lak Tus à environ 150 000 kilomètres de diamètre, ce qui fait que son champ de gravité entrerait en compétition avec celui de la Terre.



Mais d'après ses projections, Reed Richards estime que Gah Lak Tus commencera par attaquer en émettant des ondes psychiques pour affoler les populations, pour provoquer des émeutes, des meurtres, des suicides collectifs, etc. Puis, il est vraisemblable que Gah Lak Tus déploierait des armes à différents endroits de la planète pour répandre un virus aérien, virus qui s'attaque aux chairs et qui les rongent. Après s'être ainsi débarrassé de toute vie humaine, il pourrait alors percer la croûte terrestre afin d'accéder aux énergies thermiques du noyau et les aspirer comme un vampire, pour faire le plein et pouvoir réaliser son voyage suivant. De son côté, Misty Knight (une détective privée) est embauchée par Edward Shaeffer pour retrouver sa femme, enrôlée dans une secte. Cela la conduit sur la piste d'une certaine Heather Douglas, une jeune femme chauve et très dangereuse.



Il était temps ! De toutes les manières, Warren Ellis ne pouvait plus faire autrement sans faire mentir le titre : le lecteur découvre enfin la version Ultimate de Galactus, et assiste à sa première tentative de descente sur Terre. Il était temps ! Cette minisérie a enfin droit à un seul et unique artiste pour tous les 5 épisodes, contrairement aux 2 premières. Dès les premières pages, le lecteur apprécie la pertinence du choix de Brandon Peterson pour mettre en images cette histoire. Il se conforme à la charte graphique de la ligne Ultimate, qui veut des dessins plus réalistes que ceux des comics Marvel traditionnels, et une esthétique différente. Pour remplir cette deuxième exigence, Brandon Peterson utilise un truc tout simple : il applique par endroit l'équivalent de trames mécanographiées, (mais réalisées à l'infographie) pour rendre compte des ombres portées plus ou moins denses en fonction de l'intensité de l'éclairage. Ajoutées à des dessins descriptifs et propres sur eux, ces trames confèrent une identité visuelle particulière aux dessins, effectivement différente des comics de superhéros habituels.



Arrivé à cette dernière partie, le lecteur sait bien que les scénarios de Warren Ellis sont assez exigeants vis-à-vis des artistes. Il leur réserve souvent des pages dépourvues de texte, que ce soient des dialogues ou des cellules narratives, charge au dessinateur de raconter tout seul la scène. Cette dernière partie n'échappe pas la règle et Brandon Peterson se retrouve à raconter une course-poursuite mouvementée entre Misty Knight et Heather Douglas pendant 6 pages, un affrontement de 7 pages entre Misty Knight et un envoyé de Gah Lak Tus, puis un autre affrontement entre Ultimates et un autre envoyé, et encore l'affrontement final entre les défenseurs de la Terre et Gah Lak Tus. Les dessins nets et précis impressionnent le lecteur par leur qualité de reportage pris sur le vif, mais aussi par le sens de la mise en scène permettant de rendre compte de la vivacité des mouvements, et de la force des coups. Brandon Peterson sait aussi construire un plan de prise de vues de manière à raconter en montrant, à enchaîner les différents moments sur la base d'une cohérence spatiale logique (la course-poursuite entre Misty Knight et Heather Douglas, dans une cage d'escalier), combiné avec un réel sens du spectacle (par exemple quand le premier envoyé de Gah Lak Tus encaisse coup après coup).



Les compétences narratives de Brandon Peterson sont évidemment plus apparentes quand il doit se charger de raconter tout seul une séquence, mais elles sont tout autant présentes dans les autres scènes. Le lecteur apprécie qu'il ne donne pas une morphologie de culturiste à tous les personnages sans distinction, et qu'il adapte les tenues vestimentaires en fonction des protagonistes et de leurs occupations. Charles Xavier a un corps d'individu en bonne santé, mais sans musculature surdéveloppée. Heather Douglas est élancée et svelte, à nouveau sans donner l'impression de passer 4 heures par jour dans une salle de gym. Jeanne De Wolfe porte les marques de son âge sur son visage et sa silhouette. Bien qu'ils soient humanoïdes, les envoyés de Gah Lak Tus dégagent une étrangeté attestant qu'ils ne sont pas apparentés à l'humanité, toujours sans tomber dans les stéréotypes visuels propres aux superhéros. L'artiste reproduit avec exactitude l'apparence déjà établie des personnages récurrents de l'univers Ultimate, qu'il s'agisse de Susan Storm, de Nick Fury ou de l'armure d'Iron Man.



Au fil des épisodes, le lecteur apprécie la qualité du jeu d'acteurs des protagonistes civils, leurs expressions de visage et leurs postures naturelles. Il remarque que Brandon Peterson sait aussi bien rendre compte des destructions occasionnées par les affrontements physiques, que mettre en scène un mouvement de foule complexe, ou décrire les ravages du virus sur la chair humaine, sans tomber dans le gore bon marché. Cerise sur le gâteau : l'artiste ne sacrifie jamais les décors. Il ajuste le niveau de détails de leur représentation en fonction de la nature de la séquence, mais il n'y a pas de page avec uniquement des arrière-plans vides qui provoqueraient une diminution gênante du degré d'immersion du lecteur. Que ce soit pendant les scènes de dialogue ou de combat, Peterson fait en sorte de rappeler les caractéristiques de chaque endroit, bien aidé par Justin Ponsor quand il s'agit d'un combat aérien, sur fond de ciel avec des nuages.



Alors que son niveau d'attente est assez élevé, le lecteur se retrouve rasséréné par la qualité des dessins, et donc dans une bonne disposition d'esprit pour découvrir ce troisième acte. Comme dans les 2 premières parties, Warren Ellis profite de la liberté donnée par le cadre de l'univers Ultimate pour réinventer des personnages, et s'approprier des noms déjà connus. Le lecteur retrouve sa nouvelle version de Mahr Vell. Il découvre Jeanne De Wolfe, toujours capitaine de police, mais plus réaliste que dans la série Peter Parker the spectacular Spider-Man. Il attend le scénariste au tournant pour sa version de Galactus et de son héraut. Le scénariste se montre joueur en commençant par faire monter le suspense. Il ne montre pas d'emblée Gah Lak Tus, mais met en scène Reed Richards en train d'exposer ses déductions. Cela donne lieu à une scène de fin du monde, assez convaincante du fait des dessins de Brandon Anderson, et de l'efficacité du scénario de Richards.



Dans le même temps, Warren Ellis donne au lecteur ce qu'il attend : Nick Fury en train d'organiser les défenses et la contre-attaque, anticipant l'arrivée effective de Gah Lak Tus. Dans le même temps, Warren Ellis prend le lecteur par surprise avec ce qui semble être une digression pour gagner du temps : l'enquête de Misty Knight. Effectivement, il aurait pu présenter ce fil narratif d'une autre manière, mais cela lui permet aussi de montrer l'un des aspects de l'arrivée de Gah Lak Tus, au niveau d'un individu (presque) normal. Ce fil narratif montre la situation à partir d'un autre point de vue, complémentaire par rapport à celui de la force de frappe en train de se préparer sous les ordres de Fury. En outre, cela confirme au lecteur que Warren Ellis ne va pas laisser passer l'occasion de mettre à jour le concept de Galactus. Après avoir modifié en profondeur la nature de Vision, il fait de même pour Heather Douglas. Il reprend le concept de héraut, mais en en modifiant sa fonction et sa mission. Enfin, le lecteur découvre Gah Lak Tus. Il apprécie le potentiel de cette nouvelle version, du concept, même si la brièveté du récit ne permet pas d'en explorer toutes les facettes. Effectivement, Warren Ellis s'est approprié le concept et l'a revu à sa sauce de manière intelligente et convaincante.



Enfin le troisième acte de cette trilogie, et le dévoilement de Gah Lak Tus. Warrren Ellis mène à son terme l'histoire de la première venue de Galactus, version Ultimate, sans rien perdre de la force du concept imaginé par Jack Kirby et Stan Lee, dans une version adaptée à l'univers Ultimate. Il bénéficie d'un artiste de bon niveau pour cette dernière, qui en plus assure la totalité de la narration, pour tous les épisodes. Après 2 parties un peu en deçà de ses attentes, le lecteur savoure ce dernier acte solide, divertissant et inventif.
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Transmetropolitan, tome 1 : Le come-back du..

Transmetropolitan... hum..

Alors un must, pour moi si quand même... et pourtant si trash.. pasque oui.. là c'est du franco de port. Paf !

ça fait pas dans la dentelle, ni en rond de jambe. Mais bon le rond de jambe et la dentelle c'est pas le truc de Ellis, ça on le sait bien.

C'est jubilatoire, plein de références, plein de questions, de trucs sous entendu... C'est drôle, même si parfois le rire est un peu jaune. C'est dingue.. et même si c'est brut de décoffrage, et ouais trash c'est plein de réflexion. Ce futur fait froid dans le dos... et finalement... cette décadence.. Bin... Ce côté trashouille... bin... cette bêtise bin...

Et c'est loin d'être con, le scénard, y a des enjeux, un vrai message... ou alors une constatation ? Déjà cette constatation, alors que ça date déjà un peu Transmet et si d'actualité pourtant.

Mais Transmet ça passe ou ça casse aussi.

Faut arriver à passer au dessus de la vulgarité des mots, des situations, (et là j'ai certaine cases qui popent dans ma tête , et je fais ouais quand même en plissant le regard. tousse tousse)... pas de la dentelle vous vous rappelez... Un côté Bulldozer... aussi.
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James Bond, tome 1 : Vargr

Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il n'est pas nécessaire de disposer de connaissances préalables sur le personnage de James Bond, pour pouvoir l'apprécier. Il contient les épisodes 1 à 6, initialement parus en 2015/2016, écrits par Warren Ellis, dessinés et encrés par Jason Masters, avec une mise en couleurs de Guy Majors. La couverture du recueil a été réalisée par Masters, les couvertures des épisodes par Dom Reardon.



Comme dans tout bon James Bond qui se respecte, l'histoire commence par une scène muette de course-poursuite de 10 pages au terme de laquelle James Bond est révélé et l'ennemi est neutralisé. À Brixton, un trio de squatteurs teste une nouvelle drogue récréative qui semble avoir des effets secondaires sur la peau. De retour d'Helsinki, James Bond se rend dans les bureaux du MI6 à Vauxhall Cross, pour débriefer. Comme à son habitude, il flirte avec Moneypenny (la secrétaire) qui a du répondant. Puis il expose le résultat de sa mission à M. Ce dernier lui indique qu'il va devoir se charger d'une enquête jusqu'alors menée par 008, sur un trafic de drogue de synthèse en provenance de Berlin. Bond fait un petit tour à l'armurerie pour voir le quartier-maître (Quartermaster, surnommé Q) qui lui confie des balles de type G2R (projectile invasif).



Dès son arrivée à Berlin, Bond est pris en charge par Dharma Reach, une agente de la branche locale du MI6 qui commence à le chauffer dans le taxi qui les emmène. Dans l'agence, il fait connaissance du responsable Carney, et des agents Samira Dar & Godwin Soames. Ils le dirigent vers les laboratoires médicaux d'un certain Slaven Kurjak, un survivant d'un camp de concentration serbe.



Dans les années 2010, Warren Ellis initie plusieurs projets, certains sur des personnages existants, d'autres dont il est le détenteur des droits de propriété intellectuelle. Le lecteur a ainsi le plaisir de découvrir une nouvelle incarnation de Moon Knight et de Karnak pour Marvel, de Supreme (Supreme: Blue Rose en VO) pour Image Comics, de Blackcross (en VO) pour le Projet SuperPouvoirs. Il plonge dans 2 séries indépendantes : Trees avec Jason Howard, et Injection avec Declan Shalvey. A priori, le lecteur ne sait pas trop ce qui a pu attirer ce scénariste dans ce personnage, d'autant qu'il doit composer avec la société qui gère cette propriété intellectuelle, c’est-à-dire un niveau de contrôle et d'ingérence supplémentaire.



Le connaisseur de James Bond est rassuré : les éléments principaux du mythe sont bien présents. Moneypenny est à son bureau, dans une version un peu différente de d'habitude, tout en préservant les courts échanges de flirt. M. est bien à son bureau, sarcastique comme il se doit sur les exploits et les méthodes très personnelles de l'agent 007. Le lecteur voit passer l'indispensable Q, et même Bill Tanner. Bond tient mordicus à conserver son Walther P99. Il n'y a pas beaucoup de gadgets technologiques, juste les projectiles invasifs, et les prothèses cybernétiques développées par les laboratoires Kurjak. Il y a bien une femme fatale, mais il n'y a pas de partie de jambes en l'air. James Bond est dépeint comme un vrai professionnel, un peu sarcastique, sérieux et efficace. Warren Ellis le présente comme un homme dur pour qui la fin justifie les moyens, avec une conviction morale de devoir mettre un terme aux individus qui imposent leur volonté par la force et pour qui la vie humaine des autres n'a pas de valeur. Il n'oublie le goût du personnage pour le bourbon et lui offre la possibilité de déguster un verre de Pappy van Winkle de 20 ans d'âge.



Les lecteurs habitués de Warren Ellis savent que ses scripts sont très exigeants pour les dessinateurs. Il leur réserve plusieurs séquences muettes ou quasi muettes dans lesquelles les images portent toute la narration. Jason Masters est mis à l'épreuve dès la séquence d'ouverture. Les films de James Bond ont habitué les spectateurs à des séquences pré générique toutes en action spectaculaire, dans des endroits originaux. Pour le coup, la bande dessinée ne peut pas rivaliser sur le même plan, et Ellis préfère une simple course poursuite. Ce premier contact avec les dessins de Jason Masters montre un artiste soucieux de donner corps aux environnements. Il dessine de manière réaliste, avec une approche photographique, sans pour autant noyer l'œil du lecteur dans un niveau de détail trop grand. Le lecteur peut voir l'aménagement urbain, les façades des bâtiments, les matériaux et les outils de chantier. Le dessinateur utilise des traits fins pour détourer les formes.



Le lecteur découvre donc un environnement réaliste et propre sur lui, avec des aplats de noir qui deviennent plus important lors de l'affrontement physique pour rendre compte de la brutalité des coups portés. La séquence d'ouverture commence par des plans éloignés, pour devenir de plus de plus serrés alors que Bond rattrape son ennemi. Effectivement, le scénariste a opté pour une ouverture très terre à terre et à échelle humaine. Masters raconte la séquence de manière claire et efficace, avec une bonne tension narrative, sans l'aide de mots pour attirer l'attention sur un détail, ou pour suppléer une faiblesse graphique.



Jason Masters représente des individus à la morphologie normale, sans musculature exagérée., avec des tenues vestimentaires ordinaires. Ses dessins participent à conserver une dimension réaliste au récit, sans verser dans l'aventure grand spectacle et les prouesses physiques impossibles. Il s'acquitte avec rigueur de ses recherches de référence pour montrer des quartiers ou des façades reconnaissables des différents endroits où se rend James Bond : Londres, Berlin, la Norvège. Tout du long, les décors sont détaillés, avec une forme de lissage. Par exemple dans un entrepôt, tous les cartons d'emballages ont exactement la même taille la même forme, et la même surface lisse et sans aspérité, sans même un marquage ou une étiquette. Le recours à des aplats de noir plus importants lors des combats physiques se répètent pour donner de la consistance à la violence.



De temps à autre, Jason Masters utilise l'infographie pour ajouter un effet différent. Il peut s'agir de la reprise d'une image sur un écran de tablette, inséré par infographie, ou des dégâts causés par un projectile intrusif dans le corps d'un ennemi (sous la forme d'une radiographie). Le lecteur peut regretter l'apparence un peu aseptisée des dessins (sauf pour les blessures par balle ou par un objet contondant). En revanche il admire la rigueur et la lisibilité de la narration graphique. Non seulement chaque séquence se lit toute seule, sans difficulté de compréhension, mais en plus chaque séquence muette (il y en a au moins une par épisode) se montre à la hauteur du scénariste, sans tomber dans le cliché visuel, sans jouer sur l'image qui épate (mais en restant dans l'objectif de raconter en montrant).



Warren Ellis propose donc une aventure sur fond d'espionnage. Le lecteur retrouve bien cette forme d'espionnage propre à James Bond : un soupçon de géopolitique, un criminel avec des visées qui provoquent de nombreuses pertes en vie humaine, des séquences d'action bien conçue (par opposition à un simple enchaînement de postures sans logique de déplacement). James Bond est amené à se déplacer à plusieurs endroits du globe. Il fait travailler ses méninges autant que ses poings. À l'évidence, le scénariste a pris le parti de jouer sur un autre terrain que la version cinématographique. Il se tient à l'écart des femmes fatales, des gadgets technologiques qui en mettent plein la vue et des scènes d'action à grand spectacle. Il s'attache à imaginer une motivation solide pour le criminel et à créer des opposants originaux pour Bond.



Avec cette histoire, Warren Ellis et Jason Masters racontent un bon thriller, rapide et efficace, en conservant une dimension humaine et réalise aux séquences d'action. James Bond apparaît comme un professionnel un peu froid, à la détermination sans faille, un outil efficace pour le MI6. Les auteurs ne se livrent pas une relecture du personnage, encore moins à une déconstruction du genre. 4 étoiles pour un récit plaisant auquel il manque peut-être un peu d'ambition.
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Trees, tome 1

Une invasion extra-terrestre qui ne dit pas son nom, des arbres à l'utilité discutable, le lecteur en est réduit, comme l'humain lambda du récit, à se demander "pourquoi ?"
Lien : http://bulles-et-onomatopees..
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Artères souterraines

Mon premier policier… ça tombe bien, Artères souterraines est aussi le premier roman de Warren Ellis, plus connu pour son boulot de scénariste de comics. Et pour le coup, on sent une inspiration venant d’ailleurs lorsqu’on lit Artères souterraines.



Dès qu’on lit le résumé ; le détective privé chargé par la Maison Blanche de retrouver la seconde Constitution des Etats-Unis, deux options sont imaginées : soit on aura affaire à un livre premier degré mi-Benjamin Gates mi-thriller politique soit on lira un petit bijou de second degré, d’humour cynico-trash complètement déluré et délirant. Dieu merci, Warren Ellis a choisi la seconde option.



Avec une légère inspiration Malaussiène, le personnage principal « aimant à merde » se lance donc dans une enquête dont le déroulement s’avère très banal ; je vais voir Machin qui m’envoie vers Truc qui me dirige vers Bidule qui etc. En soi, l’enquête n’a pas vraiment d’intérêt, et sans trop spoiler, la nature même du livre recherché est assez décevante (quoique la première chose m’étant venue à l’esprit est plutôt : WTF ?!).



Voilà, après avoir dit pourquoi l’aspect purement policier du livre policier ne cassait pas trois pattes à un canard, abordons maintenant les vrais points forts du livre : son univers décalé et son style enlevé.



Warren Ellis nous fait côtoyer, via son « aimant à merde » toute une galerie de personnages pour le moins colorés. Le serial killer bavard, le privé et ses anecdotes dégueulasses (ou comment goûter un cadavre en 1 leçon), les policiers gays s’injectant de la solution saline dans les testicules, les pratiquants de la macroherpétophilie (« les gens qui veulent niquer avec Godzilla »), aux violeurs d’autruche, aux restaurants texans très spéciaux, etc. Bref que du beau monde. Il y a une certaine cohérence ceci dit vu que notre bon héros est accompagné d’une étudiante spécialisée en « expériences humaines extrêmes auto-infligées ». Et parce qu’on est dans Artères souterraines, le duo ne fonctionne évidemment pas comme un duo ordinaire et nous livre des discussions comme celle-ci :



" – Trix, je suis pas bigot, mais plutôt crever que d’éjaculer dans la tête de Jésus.

– On verra ça.

– Et je ne me collerai pas non plus le petit Jésus dans le cul.

– Rabat-joie."



Cette acolyte est d’ailleurs assez savoureuse, ne s’imposant aucun tabou, elle est le pendant libertin et libéré du duo quand lui se spécialise plutôt dans le cynisme désabusé.



"Acheter des vêtements, c’est un Truc de Petit Copain. Tu poireautes et tu regardes d’un oeil vide les morceaux de tissu pendus aux cintres, tu mates les étiquettes et tu te demandes comment un machin qui te couvrirait tout juste la couille droite peut coûter le prix d’un rein."



Si le livre est un road trip constitué de rencontres toutes aussi bizarres les unes que les autres, Warren Ellis arrive quand même à aborder la définition du mainstream ou de la circulation de l’information. Je ne dis pas ça pour essayer de trouver une justification pseudo-intellectuelle au bouquin mais il y a un fond et c’est important de le noter !



Pour finir, au lieu d’un policier classique, je me suis retrouvé à lire un bouquin-patchwork trash, glauque, très porté sur le sexe, cynique, hilarant et outrancier avec des dialogues percutants et des descriptions pas piquées des hannetons. Bref, ce livre est cool, j’ai adoré.

Et un peu comme Malavita, je classerai Artères souterraines au rang des livres truffés de passages dont on a envie d’en faire des citations.



« Pas de cul tant qu’on crèche ici », elle a décrété. Je suis resté seul dans la rue étrangement silencieuse pour Las Vegas, et j’ai écouté mon pénis pleurer.







" Le super-rat qui vit dans mon bureau. Un jour, j’ai mis de l’alu sur le sol devant son trou et je l’ai relié à une batterie de voiture. Quand il a posé la patte dessus, il aurait dû se dandiner comme un meurtrier sur la chaise électrique. Mais il est resté là, dressé sur ses pattes arrière comme Tony Montana dans Scarface, tu vois le genre, « je peux les encaisser, vos balles de merde. » Il a absorbé tous les volts de la batterie, a sauté sur mon bureau et il a baisé mon sandwich jusqu’à l’émiettement total. Je hais ce rat."







"« Voilà vos frites », a annoncé la serveuse. Une bassine métallique de frites immergés dans huit litres de fromage fondu.

« J’ai demandé une petite portion, a fait Trix.

– C’est la petite portion », a répliqué la serveuse.

Trix a affiché un petit sourire. « Je comprends maintenant comment ils justifient les frites au menu, dans un endroit réservé aux aliments issus de la vache.

– Il faut que vous finissiez vos assiettes, a marmonné Bob. Sinon, je vais être mal vu. »

Trix lui a adressé son plus gentil sourire. « Bob, je t’aime bien. Je fais de mon mieux pour te mettre à l’aise. Mais franchement, si tu crois que je vais avaler toute cette merde, tu peux venir aspirer mes pets, pigé ? »"
Lien : https://blogameni.wordpress...
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Artères souterraines

Le cynisme du héros ne s'émeut (presque) jamais des lieux et situations plus glauques et grotesques que son enquête lui fait découvrir. Nous, on jubile devant la décadence américaine à faire pâlir celle de l'Empire Romain. Et surtout, on ne voit plus, mais alors plus du tout Godzilla du même oeil !
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Fell

L'un des meilleurs albums que j'ai lus depuis des mois. Un personnage principal fort et attachant, un monde sombre et intense avec une ambiance vraiment prenante. Des histoires bien écrites et un graphisme que j'adore. Un coup de cœur !
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