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Critiques de Warren Ellis (487)
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Normal

Un court roman, assez marquant, dont le décor est une maison de repos. Pour les gens chargés de prévoir l'avenir. Des gens qui ont étudié les systèmes d'adduction d'eau, les armes modernes, les catastrophes climatiques qui se profilent. Des gens qui ont craqué, ne pouvant supporter ce que le futur nous réservait, et les responsabilités qu'ils devaient endosser.

Des cinglés comme Adam, qu'on suit lors de son arrivée à Normal Head . Adam, traumatisé par une mission en Afrique dont il se souvient à peine. Adam, à qui l'on recommande de se méfier de tout le monde, puisqu'il n'y a que des fous à Normal. Adam, qui accourt lorsqu'une équipe d'infirmiers force la porte d'un autre patient, pour découvrir qu'il n'est plus dans sa chambre.

Sur son lit, un grouillement d'insectes.

La guérison peut débuter .
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Moon Knight : Au bout du rouleau

Moon Knight est un super-héros atypique et mystique puisqu'il est atteint de troubles de la personnalité et tient ses pouvoirs d'un dieu égyptien qui lui a donné pour mission de protéger les « voyageurs de la nuit ». Ainsi, le justicier erre dans les rues de New York à la nuit tombée et intervient pour protéger les innocents des menaces en tout genre. Mais sera-t-il capable de garder le contrôle de son propre esprit ?



Ce recueil d'histoires courtes datant de 2014-2015 permet de bien cerner le personnage et de découvrir son univers violent où la justice est expéditive et sanglante dans un New York où rôdent criminels et créatures fantastiques.



Dynamique, violent, hallucinant... et surtout divertissant.
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Warren Ellis' Strange Kiss

Ce tome est le premier d'une série de miniséries mettant en scène le personnage de William Gravel, un magicien de combat. Il comprend les 3 numéros de la première minisérie, initialement parus en 1999, écrits par Warren Ellis, dessinés et encrés par Mike Wolfer, avec des nuances de gris appliquées par Dan Parsons. Il commence par une courte introduction d'Ellis évoquant la notion de peur, et indiquant qu'il a réussi à créer un passage dans cette histoire, qui lui donne encore envie de vomir à la relecture. Le total des miniséries et de la série mensuelle cumule à 45 épisodes.



Dans une rue passante de New York, un lézard progresse pour rejoindre un tas de détritus. Un coupé blanc arrive à toute berzingue lui roulant dessus. La voiture est conduite par un homme blanc au regard affolé, regardant dans son rétroviseur et prononçant la phrase : je t'aime. Il y a un grand trou dans le parebrise devant le siège passager, et le phare avant-gauche est défoncé. Il est poursuivi par une conduite intérieure noire qui le pousse dans le parechoc. Le véhicule blanc fait une embardée et percute la desserte de la terrasse d'un restaurant. La berline noire roule sur le trottoir où se trouve la terrasse et écrase le serveur, passe sur les chaises et les tables. Le véhicule noir tape dans le côté de la voiture blanche qui va percuter un lampadaire, et fait un tonneau en restant sur le toit. Elle glisse sur la chaussée jusqu'à s'arrêter en percutant la devanture d'un pub, écrabouillant au passage trois autres civils. La berline noire percute l'arrière de la voiture blanche à l'arrêt. Il en descend une jeune femme brune vêtue de cuir noir. Elle sort un revolver de la poche de son manteau et elle abat froidement le conducteur de l'autre voiture.



La jeune femme brune se retourne vers la foule en leur demandant ce qu'ils regardent. Elle sort un cran d'arrêt effilé comme un rasoir de sa poche et elle se taillade le visage, se coupant le nez, le menton, la peau du visage. Elle finit par s'en servir pour se trancher la gorge, et elle s'écroule morte sur le trottoir. William Gravel pénètre dans un hôpital par l'accès des urgences. Il se dirige directement vers la porte d'une chambre où se trouve un malade. Il salue Bull, un ancien compagnon d'arme alité. À la demande de Bull, Gravel lui file une clope. Ils évoquent les frasques sexuelles de Bull, son homosexualité et sa violence dans les situations d'affrontement militaire. Bull finit par expliquer pour quelle raison il souhaitait voir William Gravel. Il y a quelques jours il a été dragué par un jeune éphèbe dans une galerie d'art. Il l'a suivi dans une pièce à l'écart et a profité de ses faveurs sexuelles. Gull soulève son drap et montre à Gravel que son sexe a pourri sur place et qu'en plus il est enceint.



En 1999, Warren Ellis vient de quitter DC Comics (label Vertigo) suit à un différend sur un épisode de la série Hellblazer, voir le recueil John Constantine, Hellblazer Vol. 13: Haunted qui met en scène un magicien anglais créé par Alan Moore. Le lecteur peut penser que la série Gravel vient se substituer à ce que le scénariste aurait pu écrire pour John Constantine. Mais en fait, William Gravel n'apparaît pas comme un clone de Constantine, mais plutôt comme un grand frère ou un cousin. William Gravel est un magicien de combat, avec une solide expérience dans les commandos militaires, et une utilisation quasi systématique d'armes à feu. Il semble aussi blasé que John Constantine, d'avoir vu un nombre d'horreurs incalculable, et rien ne semble pouvoir le surprendre ou l'horrifier, même pas l'état physique de Bull. il est toujours vêtu de son imperméable comme Constantine, mais par contre il est plus musclé et il n'hésite pas à passer en force, ou à flanquer un bon coup de latte pour attaquer. Le lecteur peut donc percevoir les similitudes entre les 2 personnages, mais il ne s'agit pas d'une pâle copie, ou d'une imitation. Au cours de cette première histoire, il en apprend un peu sur le passé de William Gravel, sur sa formation militaire, sur le fait qu'il est employé par une branche officieuse du gouvernement qui n'hésitera pas à nier tout lien avec cet opérateur, et à le sacrifier si nécessaire. Le lecteur constate également que Gravel dispose de solides connaissances en occultisme, même s'il n'est pas indiqué comment il les acquises.



S'il a déjà lu d'autres histoires illustrées par Mike Wolfer, le lecteur peut hésiter à se lancer dans cette série, craignant des dessins un peu frustes. Il peut également avoir déjà lu d'autres publications éditées par Avatar Press, et craindre des dessins très gore et très explicites. Il est tout de suite rassuré par la séquence d'ouverture, dépourvue de texte pendant 6 pages, à l'exception d'un ou deux phylactères. Mike Wolfer dessine dans un registre descriptif et réaliste, avec un bon niveau de détail. Comme à son habitude, Warren Ellis a conçu une séquence muette dans laquelle les dessins portent toute la narration, assez exigeante. De fait, Wolfer a conçu un plan de prises de vue qui assure une narration très claire et très vivante. Le lecteur se rend compte du savoir-faire de l'artiste car il n'est pas facile de rendre la vitesse d'une course-poursuite en voiture quand la vitesse de lecture est maîtrisée par le lecteur. Pour autant, ce dernier peut percevoir toute la force des impacts, l'horreur des civils dans le trajet des véhicules, qui se retrouvent massacrés par ces masses métalliques. Il regarde le détail de l'occupation des trottoirs et voit que Wolfer a assuré une continuité d'une case à l'autre, avec une logique et cohérence impeccables dans l'enchaînement des événements.



Warren Ellis ne précise pas quelle scène lui provoque des haut-le-cœur, mais la page où la jeune femme brune s'automutile est assez difficile à soutenir. Les dessins de Mike Wolfer transcrivent à merveille (ou pour le pire) son mouvement vif et les chairs tranchées net. Le lecteur effectue un mouvement de recul incontrôlé en voyant le bout de nez se séparer du visage, et la peau lacérée qui commence à saigner abondamment. L'état physiologique de Bull est plus grotesque avec sa grossesse impossible et l'absence d'appareil sexuel. Le lecteur sourit devant ce spectacle macabre, tout en notant que la texture de la chair est un peu trop réaliste pour qu'il soit totalement à l'aise. Il en va de même quand un individu parcourt les couloirs d'une exposition, et qu'il détaille un tronc humain, avec les moignons de jambe bien visibles, les trous comme si une créature était sortie du torse, et les rats qui se baladent dessus. Cette vision est encore plus macabre et malsaine, du fait de son degré réalisme.



Le récit met en scène 2 personnages principaux : William Gravel, et le médecin légiste Leigh Hunt. Le premier présente une forte carrure, une coupe de cheveux militaire, et un visage souvent fermé et dur. Le dessinateur lui donne une forte présence sur la page, convainquant le lecteur de sa force, de son assurance, et de son expérience. Leigh Hunt est une très jolie femme, sans que Wolfer n'en fasse une femme objet. Son visage est plus ouvert, avec plus d'émotions qui y passe, et le lecteur peut voir qu'elle éprouve des difficultés à accepter l'énormité des situations dans lesquelles elle se retrouve à côtoyer William Gravel. Ce dernier enquête donc sur une mystérieuse épidémie de grossesses contre nature. Wolfer révèle rapidement le genre de créature en gestation dans les ventres humains, et Ellis indique rapidement qu'il s'agit d'embryons de créatures qui ne sont pas de cette Terre. Le lecteur anticipe donc qu'il s'agit d'une invasion en bonne et due forme de créatures venues du dehors, ou d'extraterrestres intrusifs. En 3 épisodes, le scénariste doit raconter son histoire rapidement, mais il apparaît qu'il est bien décidé à en donner pour son argent au lecteur, avec son quota d'action, et des séquences horrifiques.



De fait, ces 3 épisodes son bien remplis, avec des séquences décalées dont Warren Ellis à le secret, que ce soit l'humour noir dont fait preuve le médecin légiste quand elle enregistre ses observations, ou que ce soit cette exposition d'œuvres d'un genre assez particulier. La résolution de l'histoire arrive donc rapidement, et le lecteur découvre que le dernier épisode ne se limite pas à un affrontement brutal et expéditif. Ellis en a encore sous le capot : Gravel effectue quelques observations bien répugnantes sur la nature de la jeune femme brune, et le gros monstre du dehors présentent des particularités qui élèvent la résolution au-dessus des clichés éculés.



A priori, le lecteur n'est pas trop sûr de vouloir découvrir cette série de Warren Ellis, dont le contexte semble être un personnage dérivatif de John Constantine en version mal dégrossie, avec du gore pour pallier la subtilité. Dans les faits, il découvre que Mike Wolfer est très investi dans ses planches, avec un niveau de détails impressionnant et un goût pour le gore qui sort des clichés visuels insipides. De même, Warren Ellis ne se contente pas de cachetonner, mais a construit une intrigue solide, avec des éléments originaux, et un monstre bien conçu. 4 étoiles pour une bonne histoire, un peu courte.
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James Bond, tome 1 : Vargr

Brutal, déglingué, original : les éditions Delcourt nous promettent avec Vargr un 007 ressemblant davantage au James Bond des romans de Ian Fleming ; cette intention louable n’est pas respectée.



Le scénario concocté par Warren Ellis est simpliste. Après une introduction qui rappelle les séquences de pré-générique des films, nous découvrons une histoire plate, qui si elle ne souffre d’aucun temps mort se révèle être un prétexte pour enchaîner des scènes d’action spectaculaires. Exit le respect de l’esprit des romans donc. Si le scénario est original il ne brille ni par sa complexité ni par son intérêt et encore moins par son exotisme.



Les dessins de Jason Masters sont certes plutôt réussis, mais sans être transcendants pour autant. Les scènes d’action, nombreuses, ne sont pas fluides. Il faudra faire un effort d’attention pour comprendre plusieurs séquences. A certains moments il est même nécessaire d’insister pour saisir l’enchaînement. La mise en page est adaptée à un album consacré à la violence.



Le James Bond que l’on nous propose ressemble physiquement (à condition ne pas regarder de très près) au personnage de Fleming et il s’agit du seul point de comparaison notable. Les méchants ont manifestement bénéficié d’un travail plus poussé que les alliés de Bond. Ceux-ci ressemblent à des caricatures. Le M qui nous est présenté semble être un manager administratif libéral, secondé d’un Tanner et d’une Monneypenny inspirés des films. Malgré une couverture suggestive, n’y a pas de James Bond’s girl ! Restent les dialogues percutants et savoureux qui permettent de limiter la casse.



Vargr semble se complaire dans la violence, la brutalité et le sadisme. A deux reprises, 007 torture des méchants… sympa dans le genre ! Les séquences d’action à force d’être multipliées deviennent lassantes. L’usage de fonds rouge, les traînées de sang, les cadavres laissés dans un piteux état et les membres explosés au passage n’apportent pas grand-chose.



Comme tout cela ne semble pas suffisant, l’on nous propose une approche radiographique des coups portés… si l’approche est intéressante pour des apprentis soignants, l’on se demande toutefois ce qu’elle fait ici.



Il est appréciable que les éditions Delcourt aient pris le temps de traduire et de regrouper dans un seul album ces différents chapitres que l’on doit à Dynamite Entertainment. Le positionnement des auteurs est en revanche décevant. Ils veulent faire croire à une adaptation de Ian Fleming alors qu’ils semblent rassembler délibérément ce que les films ont produit de pire. Vargr ressemble davantage à du Jason Bourne (version cinéma) ou à un film d’action quelconque. A lire dans cette optique donc ou à oublier.
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Black Summer

Avec Warren Ellis c'est limpide de chez limpide, si vous ne savez pas que vous vivez dans un monde désabusé, un monde rendu pourri en partie par la mainmise de nos élites qui tiennent tous les pouvoirs, qui portent tout au fond d'eux et jusque dans leurs parties les plus intimes, les gènes de l'obsession.

Dans une société, le pouvoir est confié à une entité qui sera pour ainsi dire notamment garante de la protection des personnes et des libertés individuelles.

Mais parce que détenir le pouvoir est aussi traumatisant qu'être exposé à des rayons gamma, pour éviter des dérives et parcequ’en définitive toute conception du pouvoir est une affaire d'équilibre, indéniablement il doit lui être opposé un contre-pouvoir tout aussi dissuasif.

En tout cas c'est comme cela que devrait fonctionner une société réellement démocratique, mais quand les choses ne semblent pas être ce dont elles paraissent, quand ce contre-pouvoir n'en ait pas vraiment un et que depuis une tour d'ivoire le pouvoir s'exerce sans frein, la nature et plus particulièrement la nature humaine se charge d'investir une nouvelle force pour le contrer.

Dans Black Summer c'est complètement de cela dont il s'agit, les héros de Warren Ellis ou plutôt ses antihéros, incarnent cette idée de contre pouvoir, de force de contestation brute, sauvage et jusqu'au-boutiste.

S'opposer frontalement à un pouvoir corrompu, c'est prendre le risque de le combattre avec les mêmes armes et fatalement de finir par ressembler à ce contre quoi on lutte, les personnages de Black Summer bien qu'artificiellement augmentés, restent des humains avec tout cela comporte en termes prédispositions à faire les mauvais choix malgré les meilleures intentions du monde.

Il en ressort un récit fort et sans concessions avec des personnages fascinant mais un brin psychotique.

Black Summer fait partie de ces récits dont on imagine instantanément le potentiel cinématographique avec en particulier cette scène d'ouverture complètement hallucinante. Après avoir tué le président des États-Unis, John Horus (l'une des" sept armes" crée par le gouvernement) couvert de sang, s'adresse depuis la maison blanche au monde entier par l'intermédiaire des caméras, afin de justifier de son action et mettre en garde tous les criminels mais aussi imposer pour le bien de tous, l'établissement d'un ordre nouveau sans corruption, où la protection et la liberté des personnes seraient LA priorité.

Comme Tom Noir, les autres survivants du feu groupe gouvernementale des "sept armes" assistent impuissants à la TV à ce qui est véritablement une déclaration de guerre aux puissants de ce monde initié par leur ancien ami, avec qui ils devront indubitablement partager les conséquences de ses actes alors qu'ils les désapprouvent.

À travers ce récit ultra-violent mais diaboliquement intelligent, Warren Ellis redéfinit une nouvelle fois la notion de super héroïsme avec cette question en fil conducteur "devons-nous être les super-héros dont ils ont envie ou bien ceux dont ils ont besoin" .

Ce que nous rappelle l'auteur c'est aussi qu'au travers du prisme du pouvoir, l'interprétation que l'on se fait de la justice n'est plus tout à fait la même et on risque finalement de devenir semblable à ce contre quoi on lutte.

Parfois faire le bien c'est peut aussi accepter de faire du mal...

Dans cette idée et parce que son ancien ami John Horus a franchi le point de non-retour, l'estropié Tom Noir sort contre son gré de sa retraite forcée, bien décidé d'en finir avec toutes ses conneries...
Lien : http://david-gemmell.frbb.ne..
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Anna Mercury, tome 1 : Sur le fil du rasoir

Il s'agit d'une histoire complète en 1 tome, indépendante de toute autre. Il contient les 5 épisodes de la minisérie, initialement parus en 2009. Le scénario est de Warren Ellis, les dessins et l'encrage de Facundio Percio.



Quelque part dans une grande métropole (New Ataraxia), Anna Mercury (tenue de cuir moulante et crinière rousse flottant au vent) se livre à de l'espionnage industriel et militaire dans un immeuble. Elle est en liaison (micro et oreillette) avec une personne au nom de code de Launchpad. Elle vient de découvrir les détails d'un projet pour construire un canon magnétique sur la Lune par les habitants de New Ataraxia, afin de rayer la ville de Sheol de la carte. Elle sort de ce bureau en sautant par la fenêtre d'un monde qui ressemble à uchronie à partir du notre, où la technologie se serait développée sur l'axe du magnétisme, plutôt que du moteur à combustion. Elle commence par faire irruption dans un appartement abritant une cellule d'espions de Sheol. Puis elle réquisitionne l'un d'eux pour l'aider à pénétrer dans une base militaire et s'introduire dans une fusée en partance pour la Lune.



Le lecteur pourra se montrer hésitant devant cette histoire en 1 tome (annoncé comme le premier de la série, mais il n'y a pas eu de deuxième), mettant en scène les aventures d'une femme à la tenue sexy, à la chevelure exagérée, avec un pistolet, et effectuant des cabrioles impossibles dans une ville d'anticipation superficielle. Il faut un peu de temps pour que la touche "Warren Ellis" se manifeste. Les premières séquences correspondent à des scènes d'action menées tambour battant, sympathiques sans être renversantes, avec une tonalité de série B, voire Z.



Warren Ellis est un scénariste exigeant vis-à-vis des dessinateurs chargés de mettre en image ses scénarios. Il alterne des scènes d'explications, avec des dialogues qui peuvent durer sur plusieurs pages, obligeant le dessinateur à faire preuve d'inventivité dans sa mise en scène, avec des scènes d'action rapides et enlevées, exigeant à nouveau un grand talent de metteur en scène et de chef décorateur, le dessinateur se retrouvant à effectuer tout seul la narration. À ce titre, les premières pages mettent en évidence les qualités et les limites de Facundo Percio. Sa mise en scène est claire et lisible, avec un œil sûr pour communiquer l'impression de mouvement, le caractère intrépide des acrobaties d'Anna Mercury s'élançant dans le vide, la force de ses coups. D'un autre côté, il peine à rendre crédibles ses perspectives urbaines. Les façades des immeubles manquent de texture, restant coincées entre une approche descriptive simpliste et un une épure pas assez conceptuelle.



De la même manière, Percio dessine des personnages à l'apparence à mi chemin entre l'amateurisme (des visages peu crédibles, des expressions manquant de nuances, sauf pour Anna Mercury qui semble par contre avoir moins de 20 ans), et une approche plus construite (leurs tenus vestimentaires, leurs postures adultes). Concernant Anna Mercury, Percio oscille entre une acrobate aguerrie, et un objet sexuel mettant ses formes en valeur. La tenue en cuir (rehaussée de gants rouges et cloutés) évoque celle d'Emma Peel en moins sophistiquée, et moins élégante. Sa chevelure flamboyante trouve une explication dans le cours du récit quant à son exubérance, mais par contre il n'y a pas de justification à ce choix. En tant qu'agent spécial de terrain, il est logique qu'Anna Mercury porte une tenue faite sur mesure, mais rien ne permet de comprendre pourquoi elle a choisi des bottes à semelle compensée.



D'un point de vue visuel, le récit oscille entre des scènes savamment construites pour immerger le lecteur dans l'action, et des éléments factices qui ne semblent pas assez professionnels, ou trop forcés (Anna Mercury a-t-elle vraiment besoin de prendre des poses mettant ses courbes en valeur ?). D'un point de vue du scénario, Ellis commence par une intrigue basique d'une mission menée à un train d'enfer pour saboter une arme de destruction massive. Il faut attendre le deuxième épisode pour découvrir la relation qu'entretient ce monde avec notre Terre, et saisir les implications morales qui en découlent. Une fois cette composante du scénario exposée, le lecteur saisit l'ampleur des enjeux de la situation, et les actes d'Anna Mercury prennent toute leur importance. L'histoire sort de la catégorie "action bourrine et efficace", pour passer dans la catégorie "thriller plein d'action et de suspense". Toutefois, Ellis n'a pas le temps de donner de la substance à son personnage principal qui reste de ce fait générique, malgré son apparence sortant de l'ordinaire (plus les pages se tournent, plus le lecteur pourra avoir l'impression que Percio s'est inspiré de Mylène Farmer pour les traits d'Anna Mercury). La situation politique sur notre Terre reste exclusivement cantonnée à la mission de Mercury, et l'anticipation reste limitée à 2 concepts (celui relatif à New Ataraxia et celui relatif aux modalités de déplacement de Mercury). Ellis donne l'impression qu'il avait d'autres idées pour cette série (à commencer par New Ataraxia dont le nom fait référence au concept d'ataraxie, et par Sheol, un terme hébraïque intraduisible, désignant le séjour des morts, ou la tombe commune de l'humanité, ou encore le puits), mais il ne les développe jamais.



Le tome se termine avec la reproduction de toutes les couvertures variantes : 7 dessinées par Juan Jose Ryp magnifiques de détails maniaques, 5 peintes par Felipe Massafera dans un style pulp entièrement maîtrisé avec une grande puissance de séduction dangereuse pour Anna Mercury, 5 dessinées par Facundo Percio avec des moues mutines pour Anna Mercury évoquant Amanda Conner.



"Anna Mercury" ne constitue pas un trésor caché dans la bibliographie de Warren Ellis, mais une histoire divertissante, grâce à 2 concepts de science-fiction dont il a le secret, avec une mise en images intelligente dans la conception des pages et des prises de vue, mais aux dessins laissant un goût de manque de finition et de finesse.
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Warren Ellis Atmospherics

Il s'agit d'une histoire courte, en 1 tome, et indépendante de toute autre, initialement parue en noir & blanc, en 1996 dans les numéros 1 à 5 de l'anthologie Calibrations. Cette édition est en couleurs ; l'histoire comprend 30 pages de bandes dessinées.



L'histoire commence dans une salle d'interrogation, certainement dans un commissariat. Un individu non identifié interroge Bridget Rinehart, une femme. La scène se passe le 16 juillet 1996, dans une ville non identifiée, au Nevada ou dans l'Utah (cette précision n'est pas apportée non plus). Toute la scène est dessinée en vue subjective ; c'est à dire que le lecteur perçoit l'interrogatoire par les yeux de celui qui le mène. L'interrogateur précise que cette discussion a pour objet de déterminer ce qui s'est réellement passé. Les premiers échanges permettent d'établir que Rinehart et son interrogateur sont d'accord sur le fait qu'elle est la seule survivante d'un massacre qui a exterminé la population d'une petite ville dans le désert dénommée Helen. L'interrogateur indique que Rinegart a été témoin de mutilations effectuées par des extraterrestres sur la population et il souhaite savoir comment elle s'est enfuie de cette ville et pourquoi elle est la seule survivante.



Warren Ellis a commencé sa carrière d'écrivain en 1990, en travaillant pour les magazines anglais Deadline et Judge Dredd. En 1994, il a commencé à travailler pour Marvel sur les séries "Hellstrom, prince of lies", "Doctor Doom 2099", Thor (Worldengine) et Wolverine (Wolverine: Not Dead Yet). Parallèlement à ces travaux pour l'un des 2 grands éditeurs de comics américains, il a continué à écrire des récits pour des éditeurs indépendants, dont il a conservé les droits de propriété intellectuelle. Et parmi ces récits, il a écrit aussi bien des séries longues que des histoires courtes dans des formats diverses et variés. "Atmospherics" a été réédité par Avatar Press en 2011 et en couleurs du fait de la popularité d'Ellis. Cela permet de découvrir un de ses travaux de jeunesse. L'histoire proprement dite est courte (30 pages), peinte par Ken Meyer junior.



Pour la précédente édition de 2002, Ellis avait rédigé une postface succincte qui est intégrée dans la présente édition. Il explique que l'idée lui est venu en écoutant les théories de Whitley Strieber (écrivain d'horreur, par exemple Wolfen, dieu ou diable) sur les expérimentations que feraient les "visiteurs" sur les vaches. Il s'agit pour Ellis de se moquer des élucubrations de Strieber, tout en s'accaparant cette légende pour en faire quelque chose de plus sinistre. En 30 pages d'histoire, Ellis installe un face à face comme il sait bien le faire, sous la forme d'un interrogatoire. Bridget Rinehart et son interrogateur jouent au chat et à la souris sous les yeux du lecteur qui essaye de se faire son avis. Évidemment Ellis dispose de quelques munitions supplémentaires et le récit réserve plusieurs surprises.



À la lecture des planches, il ne m'est pas possible de savoir si Meyer a ajouté la couleur a posteriori, ou si la première édition était en noir & blanc uniquement pour une question de coût d'impression. Il a réalisé ses illustrations principalement à l'aquarelle, en délimitant parfois les contours des silhouettes par le biais d'un trait violet. Il adopte un style réaliste avec quelques détails significatifs. Il est par exemple possible de compter les morceaux de carrelages derrière Rinehart dans la salle d'interrogatoire. Il a une tâche assez complexe pour rendre les illustrations vivantes dans la mesure où le dispositif narratif est très contraignant : quasiment un plan fixe pour les 2 tiers du récit, correspondant au regard de l'interrogateur qui fixe Rinehart assise sur sa chaise, de l'autre coté de la table. Il fait preuve d'assez d'inventivité dans les expressions de Rinehart et ses mouvements limités pour traduire sa tension et ses sautes d'humeur, et autres revirements. De temps à autre, une image ou une courte séquence vient montrer au lecteur la vision intérieure de Rinehart alors qu'elle se remémore une scène, ou la vision que donne l'interrogateur des événements. Meyer illustre les "petits gris" avec retenue, et les expérimentations ne sont pas montrées. Il n'y a qu'une image qui semble un peu trop enfantine : une pluie de scalpels dessinée de manière trop littérale.



Au fil de cet interrogatoire, Ellis bâtit un suspense psychologique qui n'a rien de binaire pour raconter une histoire d'horreur, avec une chute inattendue. Les qualités de l'illustrateur évitent au récit de ressembler à une succession de cases avec uniquement des têtes en train de parler, défi pourtant audacieux au vu du dispositif narratif très contraignant. Ellis a réalisé d'autres histoires courtes qu'Avatar continue de rééditer telles que Dark Blue et City Of Silence.
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Wolverine

Et voilà que je retombe en "enfance", enfin au moins en adolescence, avec cette intégrale d'aventures de Wolverine, que j'ai bien aimée.

Les dessins sont plutôt réalistes, l'esquisse entraperçue des X-men relativement étrange par rapport à mon souvenir (J'avais souvenir d'une Tornade noire aux cheveux blancs, longs et gainée d'une combinaison noire dont j'étais fan absolue, et là je me retrouve avec une africaine pur jus avec un pagne ridicule, hem...), mais l'histoire est prenante et puis, il n'y a pas, j'adore Wolverine, que ce soit dans les films ou en BD...

:)
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Transmetropolitan, tome 1 : Le come-back du..

« Ca pleure pas, un journaliste.

Et j'en suis un de nouveau.

J'en suis un. »



Dès les premières pages, Spider Jerusalem, star de la presse écrite, annonce la couleur : il sort de sa retraite. Cinq longues années passées dans les montagnes, « à tirer sur les fans, les voisins, à manger ce que je tue et à bombarder l'imprudent. »

Cinq années de drogue, d'armes en tous genres, de fuite.

Pas de gêneurs dans les montagnes, mais pas non plus de société. De politiciens véreux. De médias corrompus. De mal-être social. De magouilles. De violence. De haine. De bruits. De couleurs. De cris. D'odeurs.

La vie, quoi.

Bien obligé d'y replonger pour honorer un contrat passé quelques années plus tôt : soit il pond deux livres – deux nouveaux best-sellers, bien sûr – soit il va en taule...

Ni une ni deux, il désamorce les apocalyptiques systèmes de défense de son nid d'ermite et quitte sa retraite... ainsi que sa foisonnante pilosité – crânienne et faciale – qui lui tenait lieu de garde-robe préhistorique, qu'il troque contre de grosses chaussures noires, une tenue moulante noire, des lunettes rouges et vertes (caprice de son faiseur domestique un brin halluciné) et une boule à zéro.

Voilà donc Spider Jerusalem de retour dans en ville, La Ville, et dans les pages du Word, journal qui n'a pas froid aux yeux, où travaille son ami et futur patron Mitchell Royce.

Il est de retour pour le meilleur – faire éclater la vérité, à laquelle il est viscéralement attaché – et pour le pire – se frotter aux innommables magouilles politiques, économiques, médiatiques et religieuses qui mettent au plus mal les plus démunis.
Lien : http://k.bd.over-blog.com/ar..
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La renaissance des héros Marvel, tome 6 : Iro..

Comme j’apprécie aussi Iron Man et que je voudrais lire plus de comics, les anthologies sont un bon point de départ lorsqu’on n’a jamais rien lu sur le super-héros.



Iron Man, je ne le connais qu’en film… Dans la bédé, il a un visage qui ressemble à Clark Gable.



Bien que les dessins de la première histoire ("Extremis") soient réalistes et très bien esquissés, je ne les ai pas aimés. Il leur manquait des couleurs chaudes, c’était trop dans des tons neutres, gris et j’ai trouvé que les visages manquaient d’expressions, sans compter qu’il n’y avait pas ou peu de décors (mais des fonds colorés avec des dégradés dans des tons neutres).



Par contre, le scénario n’était pas mal du tout, avec un Tony Stark qui doute, qui boit, qui a des problèmes de conscience, qui n’a pas encore avoué que Iron Man, c’est lui, qui va lutter contre un homme qui a été augmenté par un terrible virus, sorte de sérum qui transforme ce mec en super guerrier.



Iron Man par terre, blessé, ce n’est pas courant pour cet homme arrogant. C’est dans cet épisode qu’il va augmenter considérablement la puissance de son armure et la faire comme il le désire, l’intégrer à son corps, la faire réagir à tous ses mouvements.



Lorsqu’il sera inconscient, les lecteurs auront droit à un flash-back, celui de l’emprisonnement de Tony Stark et de la conception de sa première armure, assez grossière, mais qui lui avait permis de s’enfuir et de liquider des terroristes.



Si j’ai détesté les dessins (sauf pour l’armure, qui fait réaliste), j’ai aimé le scénario de cette première histoire, car Tony Stark en sortira un peu changé, aura plus d’épaisseur et sera un peu moins ce capitaliste que dans le début de l’aventure. Notamment lorsqu’il arrêtera le responsable du vol de ce sérum…



Cette aventure est importante, puisqu’elle va changer l’armure d’Iron Man et tout son personnage.



La seconde se déroule quand Iron Man est directeur du S.H.I.E.L.D. et qu’il est appelé à intervenir dans un pays de l’Est (le Kirikhstan) où un terroriste a caché des minibombes atomiques. Mini par la taille, mais grandes par l’efficacité ! Et il y en a une soixantaine à retrouver et à neutraliser. Mieux qu’une chasse aux œufs !



Ah, j’ai adoré les dessins et le scénario aussi, qui ne manquait pas d’action et de profondeur. Deux arcs narratifs dans cette seconde aventure, puisque Iron Man, déjà sur le front de l’Est, devra aussi résoudre un autre problème avec un ancien agent du S.H.I.E.L.D. qui a dérobé une arme puissante. Deux cas de conscience pour Stark !



Une fois de plus, Iron Man va s’en prendre plein la gueule et se retrouver au sol. Il lui faudra se relever, sauver le bordel, gérer le tout, être sur tous les fronts.



Quel homme ♥.



Une anthologie intéressante et peu chère (2,99€ dans les commerces), le genre d’anthologie qui convient à celles et ceux qui démarrent dans l’univers des comics et qui voudraient se familiariser avec les super-héros les plus emblématiques (ou leurs chouchous).


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Anna Mercury, tome 1 : Sur le fil du rasoir

C'est en rangeant et dépoussiérant ma bibliothèque que je suis tombé sur ce comics, laissé là en vue d'une lecture ultérieure, oublié au milieu d'autres livres et bd qui passèrent avant lui.

J'avoue avoir passé un bon moment de lecture en compagnie d'Anna Mercury, cette agent spatio temporelle, chargée semble t'il , de ce que j'en ai compris, de veiller à l'équilibre des neuf mondes dont fait partie la Terre.

Premier constat, il m'est difficile de cerner le contexte tant il est masqué par la plastique de l'héroïne. De plus le scénario ne dévoile pas grand chose de cet univers dans lequel elle évolue. Je ne sais si c'est volontairement mis de côté de la part de l'auteur ou bien peu développé, l'intérêt du comics résidant apparemment plus dans l'évolution de l’héroïne que l'univers lui même. Car il faut bien reconnaître qu'elle prend la place, toute la place... À tel point qu'on a l'impression que l'auteur élève Anna Mercury au rang de déesse... C'est très étrange, je ne comprends pas tout...

Toujours est il que le rythme soutenu du récit ne nous permet jamais de nous ennuyer, on se laisse aisément prendre par la vague déferlante de ce voyage dans l'espace temps ( bien que je ne sois pas certain que ce soit la bonne définition), l'action ne nous laisse jamais le temps de respirer hors mis une scène où l'on retrouve Anna Mercury sous sa véritable identité affairé à son quotidien hyper banal, qui tranche radicalement avec sa vie d'aventureuse espionne. L'on notera tout de même que la belle n'hésite pas un instant à mettre sa vie en danger pour sauver toute une ville, ce qui semble être un trait principal et déterminant de sa personnalité.

En fait c'est là le problème: j'ai eu l'impression de prendre le train en marche, il me manque ce qui se passe avant... et lorsque arrive la dernière page de ce comics, qui en compte près d'une centaine, je ne suis pas plus avancé qu'au début. J'ai même le sentiment d'avoir régressé tant il manque des éléments qui permettrait de se constituer quelques repères... Du coup c'est très frustrant et je ressors de ma lecture avec un sentiment de détachement. Je n'ai pas réussi à m'attacher ni au personnage, ni à l'univers, ni à l'intrigue laquelle pourtant me paraît intéressante...
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Transmetropolitan, tome 1 : Année un

Transmetropolitan Année 1 est en fait le premier intégrale d'une série de cinq regroupant les fascicules du comics mettant en lumière le journaliste "Spider Jerusalem", un gars complètement dingue, un poil antipathique, voir répugnant et qui à le don d'exacerber notre envie de lui rentrer dedans. C'est un gros atout pour ce premier intégrale d'avoir un anti-héro si charismatique et original. J'adore le détester, car en dépit de ses manières expéditives et directes, c'est un homme bien, il à juste une carapace grosse comme Jupiter.



Le lieux sont vraiment bon et détaillé, 100% cyberpunk avec sont ambiance limite "Blade Runner" ou encore "Alita Battle Angel (Gunmm)".



Niveau scénario c'est du Warren Ellis en grande forme, torturé, violent, abordant des thèmes tels que la place des minorité dans la société, le droit à la différence, la corruption, la politique, la prostitution et encore d'autres sujets tout aussi intéressants.



L'humour est omniprésent en parallèle de la gravité, surtout l'humour noir et cela permet de pouvoir encaisser toutes les horreurs que l'on rencontre dans l'histoire.



Visuellement parlant c'est très chargé, les dessins sont détaillés et Darick Robertson ne fait pas dans "l'épuré". J'ai bien aimé le style des dessins et de la colorisation mais surtout le "design" proposé pour les personnages qui sont vraiment dans l'originalité, ce qui permet au lecteur de reconnaître qu'il s'agit "Transmetropolitan" au premier coup d’œil.



Si vous êtes branché SF et Cyberpunk, vous êtes en présence d'une oeuvre majeure, je me suis d'ailleurs procurer les quatre autres volumes pour les vacances.
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Warren Ellis' Stranger Kisses

Ce tome fait suite à Warren Ellis' Strange Kiss, première minisérie mettant en scène William Gravel, qu'il n'est pas indispensable d'avoir lue avant. Il comprend les 3 épisodes de la seconde minisérie, initialement parus en 2000, écrit par Warren Ellis, dessinés et encrés par Mike Wolfer (la même équipe que le premier tome), avec des nuances de gris appliquées par Dan Parsons.



En ce jour du 05 juillet 2000, William Gravel, magicien de combat, prend des vacances à Los Angeles, et est présentement assis sur un banc dans un parc, en train de fumer une clope, sous un soleil radieux. Un homme avec des lunettes de soleil s'approche du banc, prononce le nom de William Gravel et lui souhaite une bonne fête de l'Indépendance. L'homme demande s'il a passé le test, puis il demande la permission de s'assoir sur le banc. Gravel accepte et répond à une question en indiquant qu'il a reconnu son interlocuteur : John Weston, célèbre acteur se lançant dans une carrière politique. John Weston commence à expliquer qu'il a entendu parler de Gravel, qu'il sait qu'il fait partie du SAS (Special Air Service), et qu'il dispose d'un peu de temps libre. Il lui propose de le payer 200.000 dollars pour 2 heures de travail. Il se demande également ce que le major Gravel peut bien faire sur le sol américain, de quelle opération officieuse et clandestine il peut s'agir. William Gravel répond qu'il pourrait imaginer que l'Empire britannique régente le monde en secret, et que dans cette hypothèse les États-Unis ne seraient rien d'autre qu'une gigantesque expérience sociale pilotée par les Britanniques depuis le jour de leur indépendance en 1776. De temps à autre, le SAS pourrait intervenir sur le sol américain pour éliminer les animaux de laboratoire trop dangereux. Le journal du jour mentionne l'assassinat d'un général chez lui dans la région de Los Angeles.



Les 2 hommes se lèvent et marchent. John Weston indique que la mission consiste à lui servir de garde du corps pendant 2 heures. Le politicien lui explique que son équipe a réussi à faire croire à des trafiquants qu'il apprécie des vidéos d'un genre spécial, de type assassinat en direct ou torture. Le projet est simple : Weston se présente comme acheteur, accompagné de son garde du corps, déclare que les produits sont bidonnés, ressort de l'entrepôt, et demande à la police d'intervenir. Cette opération lui permet d'obtenir une crédibilité immédiate auprès de la police et des citoyens respectueux des lois. Il remet la moitié de la somme en avance à Gravel qui de toute façon n'avait aucune intention de refuser.



Avant même de se lancer dans cette histoire, le lecteur a une bonne idée de ce qu'il va y trouver. En 3 épisodes, le scénariste n'a pas le temps de développer une histoire très dense. En plus Warren Ellis aime bien consacrer quelques pages par épisode à une scène d'action sans dialogue ni commentaire. Ensuite, le premier tome montrait qu'il ne s'agit pas d'une série psychologique : nul portrait en profondeur du personnage principal. Enfin, le titre de magicien de combat établit qu'il s'agit d'un sous-sous-sous genre, et que l'auteur se réserve le droit d'utiliser la magie comme bon lui semble, sans règle établie. Effectivement, le scénario fleure bon la série Z : des vidéos à caractère sexuel avec une particularité bien exagérée, une surprise inattendue qui ne relève pas de meurtre en direct ou de pratiques sadomasochistes extrêmes. John Weston et William Gravel pénètrent dans l'entrepôt comme convenu dans le rendez-vous, et bien sûr il y a un grain de sable dans la mécanique qui fait que la situation dégénère et que les compétences du magicien de combat sont fortement mises à l'épreuve. Dans chaque épisode, 4 à 6 pages ne comportent que 3 cases de la largeur de la page, pour un effet panoramique, et aussi une lecture très rapide. Mike Wolfer reste dans un registre descriptif un peu simplifié, avec des personnages dont la virilité est mise en avant, à la fois leur carrure musclée, à la fois des postures les mettant en valeur. En 66 pages, l'histoire est pliée avec une conclusion en apothéose. Les méchants sont châtiés et ne sont plus en mesure de recommencer, et Gravel s'en tire sans coup férir. Cela peut se lire comme un série Z sans prétention, reposant sur des conventions de récit de genre, et même de sous-genre.



D'un autre côté, le lecteur sait que ces conventions de genre sont à l'honneur, et il attend des auteurs d'introduire des variations tout en les respectant. William Gravel apparaît comme une forme de caricature, mêlant entraînement militaire et capacités magiques. Il est blasé du début à la fin, imperturbable quelle que soient les horreurs qu'il découvre, en particulier la nature des perversions filmées. Il utilise ses 2 pistolets automatiques avec une efficacité redoutable, sans aucun remord, n'hésitant pas à tuer ses ennemis d'une balle bien placée. Il porte un pardessus en cuir, un teeshirt et un pantalon uni tout du long du récit, indépendamment de la température extérieure à Los Angeles, ou des prouesses physiques qu'il accomplit. Effectivement, le lecteur découvre 2 de ses capacités magiques qui arrivent juste au bon moment pour le tirer d'affaire. Wolfer le représente comme un homme à a carrure imposante, visiblement bien musclé, sans pour autant être un culturiste. Ses expressions de visage restent dans un registre limité, ce qui est cohérent avec son assurance née d'une longue expérience. Son langage corporel est plutôt en retenu, sans geste inutile. En situation de danger, il avance prudemment avec ses 2 pistolets braqués devant lui, sans qu'il ne donne l'impression de prendre la pose pour faire un dessin plus joli.



Durant cette mission peu ragoûtante, William Gravel rencontre finalement peu de personnes Le dialogue fait comprendre que John Weston est un hommage à Clint Eastwood qui fut effectivement maire de Carmel en Californie de 1986 à 1988, mais Wolfer ne lui donne pas son apparence. John Weston a une stature un peu plus grande que celle de Gravel, et tout aussi bien découplée, mais en plus souriant et un peu plus âgé. Les autres personnages sont essentiellement ceux du gang dealant des vidéos. Wolfer montre des individus musclés sans être bodybuildés, avec des coupes de cheveux moins strictes que celles de Gravel et Weston, et des tenues vestimentaires plus décontractées, plus urbaines. Dans le troisième épisode, Gravel croise une femme pendant quelques pages. L'artiste la montre comme une jeune femme blonde à forte poitrine, bien faite de sa personne, assez passe-partout, avec des expressions de visage ne respirant pas l'intelligence.



Le lecteur suivant la carrière de Warren Ellis sait qu'il s'agit d'un scénariste exigeant vis-à-vis du dessinateur, concevant des pages sans dialogue ou commentaire, où les dessins portent toute la narration. Le lecteur observe que Mike Wolfer soigne chacune de ses cases, sans recourir aux raccourcis qui consistent à s'affranchir de représenter les décors à la moindre occasion. Même si certaines pages ne comportent effectivement que 3 cases de la largeur de la page, elles contiennent une bonne densité d'informations visuelles. Les décors donnent parfois l'impression d'être un peu trop géométriques, mais les trames de gris appliquées par Dan Parsons viennent les nourrir et leur donner de la consistance. Le lecteur n'éprouve pas la sensation que les personnages évoluent dans des décors de carton-pâte. En tant que metteur en scène, Mike Wolfer sait montrer que les personnages se déplacent en fonction des caractéristiques de chaque environnement, des obstacles, des éléments pouvant les mettre à l'abri des balles. Les pages muettes correspondent souvent à des scènes de combat, et les prises de vue montrent bien les différentes étapes de l'affrontement, le déplacement des personnages et la brièveté des coups échangés, sans leur donner un aspect romantique ou esthétisant. Si l'on considère qu'il s'agit d'une série Z, le dessinateur la met en images comme s'il s'agissait d'une série de premier plan, sans s'économiser, ce que ressent le lecteur en pouvant s'immerger aux côtés des personnages, dans chaque lieu.



De la même manière, Warren Ellis ne s'économise pas non plus. Sous les dehors des conventions de genre, il a bâti une trame plausible : un coup de pub politique, sur fond de trafic reposant sur la maltraitance d'individus n'ayant pas les moyens de se défendre. Dans une démarche cathartique, le lecteur cautionne totalement le fait que Gravel mette fin à ces fumiers et à leur exploitation abjecte d'êtres humains plus faibles qu'eux. Effectivement, la nature des perversions filmées fait son effet sur le lecteur, à la fois par sa logique quant à la nouveauté pour assouvir des pulsions sexuelles hors de contrôle, à la fois par l'horreur corporelle imaginée. De manière inattendue, Warren Ellis réussit à intégrer une composante humoristique parfaitement à sa place, et irrésistible. William Gravel constate rapidement que le gang réalisant ce trafic n'est pas aussi professionnel que la gravité des perversions le laisse supposer. Gravel fait remarquer que ce trafic n'a certainement pas été imaginé et mis sur pied par eux, qu'ils se contentent de le faire fructifier. Cela donne lieu à quelques observations de Gravel sous forme de sarcasmes bien sentis.



Sous réserve qu'il n'y ait pas d'incompréhension sur la nature du récit (un récit de genre à base de conventions assumées), le lecteur plonge dans un polar rapide et bien noir, reflétant une forme de trafic bien réel et d'exploitation de l'homme par l'homme bien abject. Le lecteur ressort avec sa dose d'action bien mise en scène, de héros viril qui en a vu d'autres, maîtrisant bien la situation et châtiant les criminels, et une inventivité noire et sarcastique très adulte. Vivement la prochaine dose.
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No Hero

Quelque part si l'épilogue de "Black Summer" avait été tout autre, les événements de "No Hero" auraient très bien pu y prendre place. Ici on suit apparemment ce qui va s’avérer être le parcourt initiatique d'un jeune homme Joshua, petit vengeur de quartier, dans sa quête pour devenir un véritable surhomme. Pour cela il doit se faire remarquer pour espérer faire la connaissance d'un certain Carrick Masterton l'homme le plus influent du monde, à la tête de l'organisation super-héroïque "Front Line", la seule personne détenant par ailleurs le pouvoir de lui donner des capacités hors normes afin de devenir un véritable super héros. Très rapidement des événements vont précipiter la rencontre de ces deux hommes aux intérêts croisés, et s'ils ont chacun en définitive une ambition personnelle, dans un sens ils seront chacun l'artisan de la chute de l'autre.

No Hero est un habile thriller horrifique où l'on retrouve en toile de fond certaines thématiques philosophiques abordées dans black Summer mais ce qui est développé plus particulièrement ici, c'est deux questions auxquelles les deux personnages clefs devront trouver une réponse.

Pour Joshua se pourrait être "Jusqu'à quel sacrifice serions-nous prêt à consentir pour devenir un surhomme ?" et pour Carrick "Jusqu'à quelles extrémités serions-nous prêt pour nous accrocher au pouvoir ?

No Héro est une grande réussite, c'est un récit extrêmement bien ficelé qui gagne à être relu une seconde fois afin de percevoir toutes les subtilités que le dénouement ne manquera pas de faire jour. C'est un récit violent, très gore, parfois même dérangeant, le style de Juan Jose Ryp le dessinateur peut ne pas plaire à tout le monde, à mon sens il retranscrit avec justesse cette ambiance très organique et la brutalité des combats très barrés du récit.

Un comics qui se termine par un final complètement cynique et parfait, un must
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Supergod

Supergod est une bonne production du très prolifique Warren Ellis, qui narre ici sous une forme peut être  un peu "trop" documentaire, les évènements qui ont précipité la destruction et amené le chaos sur Terre.

En fait tout commence en pleine guerre froide dans le contexte historique que l'on connaît mais ici la folle course à l'armement pousse les grandes nations de ce monde à développer de véritables super hommes. le récit s'ouvre sur une ville de Londres en proie aux flammes, ce qui pour le coup  ne laisse aucune illusion sur les conséquences de cette surenchère et cette recherche d'optimisation du potentiel de frappe de destruction.

En revanche ce qui est particulièrement intéressant, et qui n'est sans doute pas assez développé, c'est l'idée selon laquelle les peuples développent ses technologies autant pour la défense de leur souveraineté que par idéologie résultant d'une perte de repères spirituelles et l'absence d'un objet de foi à adorer. De ce fait ce qui sont à la base de simples super-soldats se révèlent être autant des idoles spirituelles pour ceux qui les conçoivent, que des armes de destruction massive.

Et si quelque part le progrès technologique est une réponse à notre perte de foi il est aussi le trait d'union entre un monde définitivement condamné et un nouveau à bâtir sur ce qui restera des cendres du précedent.


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Gun Machine

Vous aimez suivre un lieutenant de police un peu barje sur les bords qui enquête dans une histoire pas du tout comme les autres, aidé d’un duo de bras cassés frappadingues, oscillant entre le génie et l’autisme pour le public relation ?



Vous aimez les coups retors dans le dos et les magouilles en haut de l’échelle ?



Vous avez un faible pour les dialogues pas piqué des vers et le langage argotique vous met en joie ?



Alors voilà un roman noir fait pour vous, messieurs dames !



John Tallow est un flic new-yorkais, à Manhattan. Le genre de flic qui se la coule douce. Mais voilà qu’après la mort de son collègue, abattu par un gros forcené tout nu, notre John Tallow se met à jouer les John Wayne, refroidit le gars et sans le faire exprès, met la main sur un appart entièrement tapissé de flingues.



C’est à kiki tout ça ?? On ne le sait pas…



Au bas mot (et Obama), il y a au moins 200 armes correspondant à quelques 200 homicides non résolus… Le tout rendrait la Lilly Rush de Cold Case folle de joie et en transe orgasmique.



Tallow, lui, il s’est mis tout le monde à dos et va se retrouver obligé de bosser avec deux techniciens de scène de crime (TSC) totalement hors-normes !



Quand tout le monde vous lâche ou tente que vous couliez tout seul dans la maison poulaga, parce qu’ici, ben, on est pas dans la série Blue Bloods (ou une autre) où tout le monde y s’aime et qu’il est solidaire, loin de là ! La grande famille, c’est pas chez les flics, ici, c’est chacun pour soi et tous contre John, presque.



Quand on vous colle dans les pattes Bat, un technicien bricoleur de génie mais un peu zot (fou, en bruxellois) et une autre – Scarly – tout aussi disjonctée, lesbienne et pas faite pour les relations humaines… Oh my god !



Oui, ça fait des étincelles ce super trio qui s’étoffera au fil des pages et vous fera vivre un récit des plus atypiques, à l’exact opposé des sentiers battus de ce que l’on pourrait s’attendre avec un roman composé d’enquêteurs ou de policiers new-yorkais (genre scénario de NYPD Blue).



Un petit roman noir aux dialogues jouissifs, plaisant, amusant, avec du suspense, du mystère, un méchant des plus étrange, un roman qui m’a entrainé dans les bas-fonds de Manhattan, m’apprenant des tas de petites choses sur la ville, son Histoire et me faisant lever les yeux au ciel de bonheur devant les dialogues argotiques et d’une composition littéraire loin d’une symphonie de Mozart. Ici, ça cause mal.



Mais putain, qu’est-ce que c’était bon !


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Transmetropolitan, tome 1 : Le come-back du..

Que dire sur cette bd... excepté que j'ai adoré!!!!!



Spider Jérusalem est le nouveau Spiderman. Il n'a de pouvoir que le 4eme ; celui de la presse.



Le héros Spider Jérusalem est un journaliste de l'extrême dégoût de tout. Le nouveau chevalier, justicier du futur et de la vérité et si elle fait mal, lui .. il l'aime mieux comme cela.

Spider Jérusalem est l'anti-héros en puissance, désabusé, avec un humour douteux, grave, gras, cra, sans concession aucune.

L'histoire en gros: Après 5 ans de villégiature dans la campagne, il doit revenir dans la ville qui l'a vu fuir. et dès son retour, doit fournir des articles pour le journal dans lequel il travaillait avant...

Cela ne passera pas sans mal pour lui et pour ceux desquels il fait un papier. Beaucoup d'action, de non-sens, d'humour noir. De vulgarité pure et simple. On tentera de l'assassiner, de l'étriper, on lui volera la tête de sa femme, etc etc etc



Le dessin est rapide mais malgré tout fouillé, il faut parfois regarder à 2x pour y découvrir un truc d'amusant ... ou pas.

Ce 1er tome qui est en fait une intégrale comprend les 12 1ers tomes .. Demain, je cours acheter le second volume



Et si vous voulez passer un moment de rigolade avec quelqu'un qui n'a rien à fout... faire de vous.... lisez-le
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Gun Machine

D’aucuns pourraient être dubitatifs en voyant un scénariste de Marvel comics se mettre au polar. Moins peut-être s’ils savent que Warren Ellis est aussi le scénariste de la bande dessinée RED adaptée il y a quelques années au cinéma avec Bruce Willis, John Malkovich ou encore Helen Mirren et Morgan Freeman dans laquelle des agents de la CIA à la retraite et pas tous très équilibrés tentent d’échapper à des tueurs de l’agence. Car c’est bien cette ambiance, très comics, très série B, que l’on va retrouver dans Gun Machine.



On est ici à New York avec John Tallow, archétype du flic de roman, solitaire, désabusé, un léger penchant pour l’alcool et la provocation, qui voit lors d’une intervention banale son coéquipier se faire descendre par un forcené sous anabolisants. En vidant son chargeur sur celui qui a abattu son collègue, Tallow troue le mur d’un appartement voisin dans lequel il découvre des centaines d’armes, dont beaucoup sont anciennes. Les premières analyses de cet arsenal révèlent que toutes ces armes ont été utilisées dans des meurtres non élucidés. De quoi faire chuter les statistiques de la police de New York et valoir à Tallow, malchanceux découvreur, une haine tenace de la part de ses collègues. C’est seul, puis avec l’aide de deux membres de la police scientifique aussi déséquilibrés que lui que Tallow se lance donc à la recherche de celui qui collectionne ces armes et, semble-t-il, aime à s’en servir.



Se plaisant à utiliser les archétypes du polar urbain – le flic solitaire en rupture, les scientifiques complètement tarés et obsédés, le tueur aussi fou qu’impitoyable, les chefs de la police essayant de préserver leurs postes, d’enterrer une affaire embarrassante et de préserver leurs amis chefs d’entreprises – Warren Ellis réussit à écrire un polar bien balisé par l’utilisation de ces codes tout en les distordant juste assez pour en faire quelque chose de nouveau.

Cela tient essentiellement à l’utilisation parallèle de procédés qui relèvent de l’autre carrière d’Ellis, celle de scénariste de comics. Ainsi instille-t-il dans son roman une atmosphère particulière due à une légère déformation de la réalité. Les flingues font plus de bruit, la violence – rappelée par la longue litanie des interventions de la police sur des faits divers atroces que crache sans cesse la radio de la voiture de Tallow – est omniprésente et sans conteste bien supérieure à la réalité quotidienne, le tueur, schizophrène, évolue entre deux New York, tout comme Tallow lorsqu’il découvre deux réalités cartographiques de New York se superposant grâce au réseau mis en place par une entreprise qui n’est pas sans rappeler dans une certaine mesure l’OCP de Robocop.



Tout cela donne à Gun Machine une réelle originalité et en fait un excellent divertissement porté par une histoire débridée au service de laquelle se met une écriture pas foncièrement extraordinaire mais efficace et bourrée d’humour. Bref, de quoi passer un très bon moment de lecture sans prise de tête. Un roman popcorn qui fait plaisir à lire.


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Artères souterraines

J'ai choisi ce roman car il me fallait, pour un challenge, un roman dont le nom de l'auteur commence par la lettre E.

Rien dans ma PAL, donc petit tour à la médiathèque où je trouve celui-ci dont le résumé m'inique que c'est le scénariste des films "Red" et "Red2", avec Bruce Willis, Morgan Freeman et l'excellent John Malkovich.

On retrouve, parfois, l'humour de ces films. Mais surtout le côté anti-gouvernemental américain.



Le héros, Michael McGill, un détective foireux qui picole dans son bureau (en compagnie d'un rat tout aussi déjanté) se voit confier, pour un demi-million de dollars, la mission de retrouver un livre qui serait "l'original de la Constitution des États-Unis : une version jusqu’alors tenue secrète et comportant des amendements écrits à l’encre alien invisible, qui ont le pouvoir d’insuffler au lecteur des idées proches de celles des puritains Pères fondateurs."

Lors de la première étape, il rencontre Trix, une nana à la sexualité très ouverte, dans un cinéma pour les fans de Godzilla qui aime se taper des lézards !

Ils vont plonger dans une Amérique des plus trashs pour retrouver ce livre qui circule des uns aux autres contre les plans culs des plus tordus.



Entre seins poilus, eau saline dans les testicules ou chirurgie esthétique au mastic, l'auteur m'a fait découvrir une version des plus glauque de l'Amérique.

L'humour est balayé par le reste.



Les chapitres sont très courts, là où les phrases sont parfois interminables. Moins de 300 pages mais c'est largement suffisant pour savoir que cette dope n'est pas du tout mon trip.



Sera-t-elle la vôtre ?

Si vous aimez les romans noirs, il est peut-être pour vous.

Bonne lecture.
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Normal

Les spécialistes dont le travail consiste à prévoir le futur voient venir les catastrophes bien avant tout le monde. Excédés par l'insouciance des populations et l'inaction des dirigeants tels des Cassandre des temps modernes, ils finissent tous en burn-out dans une maison de repos!



On a donc droit à une brochette de personnages caricaturaux, névrosés, paranos, déprimés ou illuminés, qui critiquent allégrement les grandes tendances de nos sociétés actuelles. On le devine : le ton est assez cynique!



Je crois que l'intrigue ou l'aspect humoristique auraient pu être un peu plus développés, selon moi, mais j'ai tout de même trouvé l'ensemble plutôt divertissant. Ça se lit rapidement et nourrit bien le conspirationniste intérieur!
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