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Citations de William Somerset Maugham (442)


Il y avait donc encore des gens pour aimer ce genre de bijoux ? Souvent je m'étais arrêté aux devantures des revendeurs et des prêteurs sur gages pour regarder ces parures démodées, coûteuses et horribles, et j'avais songé avec mélancolie aux femmes qui s'en étaient affublées. La tournure et les volants venaient remplacer la crinoline, et les chapeaux à calottes hautes, les cabriolets. Les Anglais d'alors tenaient à la bonne qualité. Le dimanche matin, ils allaient à l'église et se promenaient au parc après l'office. Ils donnaient des dîners de douze services où le maître de maison découpait le rôti de bœuf et les poulets ; ensuite des dames jouaient les romances sans paroles de Mendelssohn et le Monsieur doué d'une belle voix de baryton chantait une vieille ballade écossaise.

LA BONNE DOUZAINE.
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Depuis vingt-cinq ans, ce type de perfection froide était passé de mode. À présent, il est aussi oublié que l'épigramme. Comme l'archéologue qui déterre une statue, je retrouvais par hasard un vestige d'une ère disparue, car rien n'est si loin de nous que l'avant hier.

LA BONNE DOUZAINE.
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"Sans un geste, le visage toujours impénétrable, il écoutait avec attention. Rien dans sa physionomie ne révélait qu'il fut touché par les paroles de sa femme.
- Savez-vous pourquoi je vous ai épousé?
- Pour être mariée avant votre soeur Doris.
C'était exact. Mais Kitty reçut un choc en découvrant qu'il ne l'ignorait pas. A sa peur et à sa fureur se mêla une pitié inattendue. Walter souriait faiblement.
- Je n'avais pas d'illusion, reprit-il. Je vous savais frivole, sotte et superficielle. mais je vous aimais. Je savais la mesquinerie de vos visées et la médiocrité de votre idéal. Mais je vous aimais. Je faisais un effort grotesque pour prendre plaisir aux choses qui vous amusaient et pour vous dissimuler que je n'étais ni ignorant, ni vulgaire, ni médisant , ni bête. Je connaissais votre répulsion pour l'intelligence et je tâchais d'égaler à vos yeux la nullité de vos amis. je savais que vous m'aviez épousé par raison. Cela m'était égal, je vous aimais tant ! La plupart des êtres se sentent lésés quand ils aiment sans réciprocité. Ils en nourrissent de l'amertume et de l'aigreur. Ce n'était pas mon cas. Je n'ai jamais espéré être aimé de vous. Comment m'y serais-je attendu? Je ne me suis jamais trouvé séduisant. J'étais reconnaissant d'être autorisé à vous aimer."
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" Si jamais j'acquiers la Sagesse, je serai assez sage, j'imagine, pour en tirer parti. "
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— Quel odieux cynique vous faites !
— Si c'est du cynisme de regarder la vérité en face et de faire preuve de bon sens, alors, je suis certainement cynique et odieux, tant qu'il vous plaira. Mais les faits sont là. Margery n'est plus jeune. Charlie avait cinquante-cinq ans et ils étaient mariés depuis seize ans. Elle a perdu la tête pour un godelureau qui lui faisait la cour. C'est assez naturel. Mais n'appelez pas ça de l'amour. C'était physique. Elle a été stupide de prendre ses boniments au sérieux. Ce n'était pas lui qui parlait, c'étaient ses sens affamés. Il souffrait de sa trop longue continence. Songez donc, depuis quatre ans, pas une femme blanche dans son lit ! Et Margery avait la prétention de briser la carrière de ce garçon en l'obligeant à tenir des promesses folles ! Un hasard les avait rapprochés. Il l'avait dans la peau et comme il ne pouvait pas se l'offrir, il ne la désirait que plus éperdument. Il croyait sans doute l'aimer. Mais, je vous le répète, c'était purement physique.

VERTU.
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— Je ne prête jamais la moindre attention à ce que disent les journaux, répondit-il, en haussant ses maigres épaules. J'ai connu trop de journalistes.

LA BONNE DOUZAINE.
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Gerry, un romantique ? Sans doute, mais dans notre monde terre à terre, le sens de la réalité tire d'affaire les romantiques empêtrés dans leurs sottises. Les vrais naïfs, ce sont ceux qui prennent leurs discours au sérieux. Les Anglais sont romantiques et c'est ce qui leur vaut à tort de passer pour hypocrites. Ils font voile en toute sincérité pour le royaume de Dieu. Seulement, au cours de ce pénible voyage, ils ont le bon sens de profiter des avantages qui s'offrent en chemin.

VERTU.
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— J'ai jeté mon masque et mon déguisement et enfin, moi aussi, je suis moi-même. Quel soulagement ! Vous savez, je n'aime pas les Anglais. Avec vous autres, je ne sais jamais au juste sur quel pied danser. Vous êtes si conventionnels, si ternes. Vous ignorez l'abandon et ce que vous êtes froussards ! Cette phobie perpétuelle de la gaffe !
— N'oubliez pas que vous êtes anglais vous-même, George, murmurai-je.
Il se mit à rire.
— Anglais ? Moi ? Jamais de la vie. Je n'ai pas une goutte de sang anglais dans les veines. Je suis juif, vous le savez bien, et juif allemand par-dessus le marché. Et puis, je ne veux pas être anglais. Je veux être juif. Mes amis sont juifs. Vous ne vous doutez pas à quel point je me sens dans mon élément avec eux. Je peux suivre ma nature. À la maison, nous faisions tout pour fuir les juifs. Parce qu'elle est blonde, maman s'imagine qu'elle peut se faire passer pour chrétienne. Quelle illusion ! Je m'amuse beaucoup, figurez-vous, dans le ghetto à observer les gens. Une fois, je suis allé à Francfort — là, il y a des masses de juifs — et je me suis promené au milieu des vieux pouilleux aux nez crochus et des matrones avec leurs faux chignons. Que je me sentais de sympathie pour eux ! Je leur appartenais, j'aurais pu les embrasser. Quand ils me regardaient, je me demandais s'ils me reconnaissaient pour un des leurs. Comme je voudrais savoir le yiddish ! Je voudrais me lier avec eux, entrer dans leurs maisons, manger casher, vivre leur vie. J'avais envie d'aller à la synagogue, mais j'ai eu peur de ne pas savoir m'y comporter et de me faire expulser. J'aime l'odeur du ghetto et son grouillement, son mystère et son romanesque sous la poussière et la crasse. À présent, j'en ai pour toujours la nostalgie. C'est la seule chose vraie. Tout le reste n'est que comédie.

LA VOIX D'ISRAËL.
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C'est toujours la même histoire. Pendant trois ou quatre ans, ces malheureux rêvent à leur congé. Quand ils débarquent, ils ont peine à contenir leur joie. Londres, avec ses boutiques, ses clubs, ses théâtres, ses restaurants. Londres ! Quelle fête ils vont faire ! Mais Londres les submerge. Dans le grouillement et le vacarme de la ville indifférente, ils se sentent perdus. Pas d'amis. Aucun point de contact avec les gens qu'ils rencontrent. En pleine brousse, ils étaient moins isolés. C'est pour eux un soulagement quand, au théâtre, ils tombent sur quelqu'un qu'ils ont connu en Orient — là-bas, ils le jugeaient peut-être ennuyeux ou déplaisant — et qu'ils peuvent passer une soirée avec lui. Chacun se hâte de raconter à l'autre combien il s'amuse. Leurs amis communs font les frais de la conversation. Pourtant, à l'expiration de leur congé, ils ne seront pas fâchés, avouent-ils, de reprendre le harnais. Ils revoient aussi leur famille. Certes, c'est une joie de retrouver tout son monde, mais ce n'est plus comme autrefois : ils sont un peu, au milieu des leurs, comme des étrangers.

VERTU.
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William Somerset Maugham
Pour bien manger en Angleterre, il faudrait prendre un petit déjeuner trois fois par jour.

To eat well in England, you should have breakfast three times a day.
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— Que dites-vous de mes lampes d'albâtre ? demanda-t-elle. Elles donnent une lumière si douce !
— Moi, j'ai un faible, je l'avoue, pour la lumière qui éclaire.
— Il est bien difficile d'obtenir alors qu'elle ne soit pas trop indiscrète.

JANE.
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En Angleterre, nous avons si souvent le mauvais temps qu'une belle journée y semble plus belle qu'ailleurs.

LA VOIX D'ISRAËL.
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Le philosophe est tel un alpiniste qui, à grand peine, a gravi une montagne afin d'admirer le soleil levant et qui, arrivé au sommet, ne trouve que le brouillard; sur quoi il redescend. Il faut qu'il soit bien honnête pour ne pas prétendre que le spectacle était prodigieux.
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J'aime qu'une histoire ait un commencement, un milieu et une fin. Et j'ai encore une faiblesse : je trouve que dans un roman " l'atmosphère " comme on dit, c'est très bien, mais quand il n'y a que " l'atmosphère ", elle me fait l'effet d'un cadre où manque le tableau.

LA BÊTE HUMAINE.
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J'aimais beaucoup Janet, mais, je ne l'ignorais pas, rien ne l'émoustillait comme les malheurs de ses amis. À condition d'être mêlée à toutes leurs difficultés, elle s'empressait d'offrir ses services. Cette amie des mauvais jours se repaissait des tracas d'autrui. Quelqu'un s'engageait-il dans une intrigue amoureuse, elle en devenait aussitôt la confidente. Pas de divorce auquel elle ne s'intéressât. Cela ne l'empêchait pas d'être charmante. À midi, son excitation mal contenue me donna envie de rire. L'infortune des Bishop la navrait, mais quel aubaine de pouvoir la raconter à un nouveau venu !

VERTU.
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À mon départ, j'invitai Morton à venir sans faute me voir en Angleterre. Il promit de m'écrire dès son arrivée. Sur le moment, ces invitations sont parfaitement sincères, mais si l'on vous prend au mot, quel ennui !

VERTU.
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Ne comptez jamais sur la gratitude d'autrui.
Après tout, si vous faites le bien, c'est que cela vous fait plaisir.
C'est la forme de satisfaction la plus absolue qui puisse être.
Alors, n'attendez pas des remerciements par-dessus le marché !
Si vous en recevez, considérez-les comme une prime, en plus des
dividendes que vous avez déjà touchés.
Tant mieux pour vous mais ne les réclamez pas comme un dû.
(j'apprécie de plus en plus cet auteur ; charlottelit)
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Pourquoi les femmes charmantes épousent-elles toujours des hommes insignifiants? Parce que les hommes intelligents n'épousent pas les femmes charmantes.

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Il est des hommes à l'humour si peu développé qu'ils en veulent encore à Copernic de les avoir détrônés de la position centrale qu'ils occupaient dans l'univers.
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Quand je lui fus présenté, elle me consacra quelques instants. Elle vous témoignait un intérêt des plus flatteurs. Certes, il n'était pas possible qu'elle fût à ce point ravie de vous rencontrer, ni aussi transportée par vos propos qu'elle le paraissait, mais l'illusion faisait toujours plaisir. Elle avait l'art de vous mettre tout de suite à l'aise et de vous donner, au bout de cinq minutes, l'impression de l'avoir connue toute sa vie.

LA BÊTE HUMAINE.
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