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Citations de William Somerset Maugham (442)


Ah ! Le contact de ses lèvres douces quand il les prendrait, de ses seins quand il les caresserait, de son corps souple dans ses bras, de ses longues jambes à lui mêlées aux siennes ! Dans l'espoir de l'éveiller, il alluma et se leva. Elle reposait sur le dos, les mains jointes comme une statue couchée sur une tombe. Des larmes coulaient de ses yeux clos et la douleur tordait sa bouche. On eût dit d'une enfant désespérée qui ne sait pas que, comme tout le reste, le chagrin passe. Charley tressaillit. La peine de cette femme endormie éteignit son désir. Toute la journée, elle s'était montrée gaie, gentille, et il l'avait cru délivrée, au moins pour un certain temps, de son cauchemar. Il soupira. Moins que jamais, il avait envie de dormir. Pour ne pas déranger Lydia, il baissa l'abat-jour, alla à la table et alluma sa pipe. Puis il tira le rideau et s'assit pour regarder dans la cour. Seule, une fenêtre restait éclairée. Un malade peut-être, ou quelqu'un comme lui, en proie à l'insomnie. Un homme pouvait aussi avoir ramené une femme ; leur frénésie apaisée, ils reposaient dans les bras l'un de l'autre. Charley fumait. Il se sentait lourd et las. Il ne pensait à rien. Enfin il se recoucha et s'endormit.
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« Se voir » est un acte tantôt actif et tantôt passif. Nous rencontrons quantité de gens auxquels nous attachons si peu d’importance que nous ne nous donnons pas la peine de les regarder vraiment. Nous nous contentons simplement de recueillir une impression.

***Le sac de livres***
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Elle jeta un cri d'effroi.
- Qu'as-tu? demanda-t-il.
A travers la pénombre de la chambre aux volets clos, le bouleversement de ses traits le frappa.
- Quelqu'un vient d'essayer d'ouvrir.
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Un bon havane est une des meilleures choses que je connaisse. À l'époque où, jeune, et très pauvre, je ne fumais de cigare que si l'on m'en offrait, je m'étais promis, si jamais j'avais de l'argent, d'en savourer tous les jours un après le déjeuner et un autre après le dîner. C'est la seule résolution de jeunesse que j'aie tenue, la seule ambition qui se soit réalisée sans me causer de désillusion.
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La marque du grand écrivain est que chacun y trouve ce qu'il cherche.
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Je ne désire pas consacrer trop de temps à des gens ennuyeux, mais je ne désire pas plus consacrer trop de temps à des gens amusants. Les rapports sociaux me fatiguent. Les conversations excitent et reposent à la fois la plupart des gens, je crois ; elles me demandent toujours un effort. Quand j'étais jeune et que je bégayais, parler longtemps m'épuisait, et même aujourd'hui que je suis en partie guéri, parler m'est pénible. Quel soulagement quand je puis m'éclipser pour me plonger dans un livre.
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L'hystérie du monde me rebute, et je ne suis jamais davantage sur la réserve qu'au milieu d'une foule s'abandonnant à un sentiment violent de joie ou de tristesse.
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William Somerset Maugham
Il y a trois règles à respecter pour écrire un roman... mais personne ne les connaît.
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— Qui, au nom du ciel, est Ferdy Rabenstein ? demanda George.
Vanité de la gloire ! Le génération précédente eût trouvé cette question saugrenue.
— Il y a au moins vingt ans qu'il est votre grand-oncle, répliquai-je.
Les parents avaient échangé un coup d'œil.
— Un horrible vieux, dit Muriel.
— Je trouve tout à fait inutile pour George de renouer des relations qui ont été rompues avant sa naissance, dit Freddy d'un ton sans réplique.
— Enfin, la commission est faite, dis-je de mon air le plus détaché.
— Je ne veux pas voir ce vieil imbécile, déclara George.
L'arrivée des autres invités interrompit fort à propos cette conversation et bientôt le jeune homme partit pour le golf avec un de ses camarades d'Oxford. […]
— J'espère que nous ne vous avons pas choqué en refusant de laisser George déjeuner avec Ferdy, dit-elle soudain. C'est un snob insupportable.
— Croyez-vous ? En tout cas, il a été toujours très aimable pour moi.
— Nous sommes brouillés depuis vingt ans. Freddy ne lui a jamais pardonné son attitude si peu patriotique pendant la guerre. Il y a des limites à tout. Vous savez, il s'est absolument entêté à conserver son horrible nom allemand. Avec Freddy au Parlement, notre fabrique de munitions et tout le reste, c'était inadmissible. Qu'est-ce qui lui prend de vouloir voir George ? En quoi peut-il l'intéresser ?
— C'est un vieillard. George et Harry sont ses petits-neveux. Il faut bien qu'il laisse son argent à quelqu'un.
— Nous ne tenons pas à son argent, coupa sèchement Muriel.
Peu importait, après tout, que George déjeunât ou non avec Ferdy Rabenstein et je ne demandais qu'à changer de conversation, mais les Bland avaient dû en parler et Muriel éprouvait le besoin de me donner une explication.
— Vous savez sans doute que Freddy a du sang israélite dans les veines, dit-elle.
Son œil se durcit. La blonde Muriel avait été très jolie. Aujourd'hui, l'obésité la guettait, mais elle se défendait avec énergie et pouvait encore passer pour désirable. Ses yeux bleus à fleur de peau, son nez large, la forme de son visage et l'attache de son cou, son exubérance trahissaient sa race. Aucune Anglaise, même blonde, n'a jamais cet air-là. Et cependant sa remarque n'avait d'autre objet que de me convaincre qu'elle était chrétienne. Je répondis avec prudence.
— Tant de gens en ont aujourd'hui.
— Je sais. Mais il n'y a pas de raison pour s'en vanter, n'est-ce pas ? Après tout, nous sommes foncièrement anglais ; qui pourrait être plus anglais que George, comme apparence, comme manières, en tout ? Et il est un sportsman accompli. Je ne vois pas pourquoi il perdrait son temps avec des juifs, sous le prétexte d'une vague parenté.
— C'est très difficile à présent, en Angleterre, de ne pas connaître de juifs.
— Vous pouvez le dire. À Londres, on en est infesté, mais j'avoue qu'il y en a de très agréables. Ils sont si artistes. Je ne vais pas jusqu'à dire que Freddy et moi nous les évitons par principe — c'est une chose que je ne ferai jamais — mais il se trouve que nous ne sommes vraiment liés avec aucun. Et ici, il n'y en a pas un seul à voir.
Je ne pus m'empêcher d'admirer ce ton convaincu. Peut-être, en somme, croyait-elle tout ce qu'elle racontait.

LA VOIX D'ISRAËL.
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Chaque adolescent est pareil à l'enfant né dans la nuit qui, voyant le soleil se lever, pense qu'hier n'a jamais existé.
(1902)
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Les hommes ont toujours du mal à se faire au manque de discrétion des femmes dans leurs affaires de cœur. Elles n'ont aucune réserve et discutent entre elles des sujets les plus intimes. La pudeur est une qualité masculine. Mais ils ont beau savoir à quoi s'en tenir, chaque nouvelle preuve de ce cynisme leur donne un coup.
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Rien dans le monde n'est permanent et nous sommes fous de souhaiter que les choses puissent durer; mais nous le sommes certainement bien plus encore de ne pas en jouir tant que nous les avons. Si le changement est l'essence même de l'existence, il semble simplement raisonnable d'en faire la prémisse de notre philosophie. Personne ne peut se baigner deux fois dans la même rivière, mais le flot poursuit sa course et si nous nous y trempons à nouveau, l'eau nous paraît aussi froide et rafraîchissante.
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Les hommes, fort heureusement, n'ont aucune conscience de leur stupidité, sans quoi la moitié de l'humanité se suiciderait.
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Peu à peu, il prenait l'habitude la plus exquise du monde, celle de la lecture. Sans le savoir, il se ménageait un refuge contre les tristesses de l'existence; mais il se créait aussi un monde irréel qui ferait pour lui de la réalité quotidienne une source d'amères désillusions.
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Dans la vie réelle, tout s’achève le plus souvent par des gémissements plutôt que sur un coup de théâtre.

***Une femme de cinquante ans***
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Quand on tombe amoureux à vingt ans, on croit que l’amour durera toujours, mais à cinquante, on en sait tant sur la vie et l’amour, et puis on sait que ça durera si peu.(...) Et à cet âge-là, on sent qu’on ne peut se permettre de repousser la chance de bonheur que vous offre le destin capricieux. Dans cinq ans, ce sera certainement fini, peut-être même dans six mois. La vie est plutôt morne et grise, et le bonheur est si rare. Quand on est mort, c’est pour si longtemps.

****Messageries d’Orient****
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Un écrivain n'a nul besoin de dévorer tout un mouton pour pouvoir en décrire le goût. Il lui suffit de manger une côtelette. Mais cela, il doit le faire.

(1941)
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Le roman noir.
Ses auteurs jouissent de peu de renommée parmi leurs congénères, et pourtant ce sont les bienfaiteurs de leur espèce. Ils ont conscience du peu d'estime où le monde les tient et évoquent leur œuvre d'un air réprobateur, avec un haussement d'épaules et un sourire. Ils s'empressent de désarmer votre mépris en affirmant qu'ils ne sont pas dupes. Ils se montrent timides sous la louange. Ils n'osent croire que l'on puisse être sérieux. Et pourtant ils sont dignes d'éloges.
Il y a des moments où l'esprit n'est pas réceptif à la bonne littérature; il y a des moments où le cerveau s'épuise à chercher le repos; des moments où les auteurs classiques sont assommants, où l'on est harassé ou malheureux; il y a les voyages en chemin de fer; il y a la maladie : quoi de plus réconfortant alors qu'un bon roman noir à un shilling ? On plonge dans un univers de meurtres, de vols, de trahisons et de chantage, de prison et d'évasions miraculeuses, de fumeries d'opium, de repaires de brigands, de studios d'artistes et d'hôtels somptueux; on fréquente des faux monnayeurs, des escrocs, des terroristes, des détectives, des aventurières, des mouchards, des bagnards, des héroïnes persécutées et des héros injustement accusés. Les critères de qualité ne sont pas les mêmes ici que dans les autres formes d'art. L'invraisemblance ne diminue pas le plaisir du lecteur, la sobriété d'invention est un défaut, les grâces de style sont déplacées, l'humour ne pardonne pas. Il est fâcheux qu'un sourire vienne déformer vos lèvres réticentes; il faut lire avec un sérieux extrême, intense et implacable. On tourne les pages d'une main nerveuse. Les heures filent. On a vaincu le temps. Et puis on a l'ingratitude de rejeter le livre en ricanant et d'en mépriser l'auteur.
C'est un manque de goût.

(1933)
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Deux ou trois pièces et une douzaine de nouvelles, c'est un bien maigre bagage pour entreprendre son voyage vers l'avenir, n'importe, c'est mieux que rien. Et si je m'abuse et que l'on m'oublie un mois après ma mort, je n'en saurai rien.

(1944).
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J'ai l'idée que certains hommes ne naissent pas au bon endroit. Dans le coin du monde où le hasard les a jetés, ils gardent la nostalgie d'un chez-soi inconnu.
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