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Critiques de Yukio Mishima (640)
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Confessions d'un masque

L’homme (comme la femme) ne choisit pas l’objet de ses désirs, il ne choisit pas sa sexualité. Yukio Mishima ne confesse pas une faute, il avoue que malgré tous ses efforts, sa vraie nature est la plus forte. Que porter un masque d’apparence n’apporte que souffrance et déception. Avec Mishima on est derrière le masque et derrière ce masque il y a l’Humain. Il fallait son génie pour analyser et mettre en mots, aussi justement, le tourment de ce jeune homme. Un livre intériorisé qui m’a vraiment touché, et par son contenu, et par la superbe prose poétique de son auteur. Une œuvre magistrale.
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Confessions d'un masque

Carl Gustav Jung nommait « persona » ce masque que l’on porte en société pour se définir aux yeux des autres, répondre aux normes sociales, s’adapter au monde dans lequel on vit. Dans ce premier roman magistral, certainement l’un des plus connus de Yukio Mishima, l’auteur explore les tréfonds de ses propres fantasmes sexuels et de sa douloureuse « inversion » derrière le masque qu’il s’est contraint à porter. Au sujet de ce récit autobiographique, Mishima confessa l’idée suivante : « écrire cette œuvre, c’est évidemment mourir à l’être que je suis, mais j’ai aussi l’impression, au fil de l’écriture, de recouvrer peu à peu ma vie. »



Enfant malingre à la santé fragile, Kôchan découvre au seuil de l’adolescence ses premiers émois sensuels en contemplant les éphèbes des livres d’art, et notamment la figure du saint martyr Sébastien peint par Guido Reni. Ce torse d’une blancheur incomparable percé de flèches, ces bras robustes de centurion ligotés haut à un arbre, et ces yeux grands ouverts emplis d’une paix profonde ancrent dans l’imagination du garçon des images d’une implacable voracité. Nous plongeons alors dans les vertiges intérieurs de Kôchan qui cède avec délice à « ses mauvaises habitudes » tout en invoquant en esprit des scènes d’un sadisme sensuel et troublant. Il est d’ailleurs bouleversant de constater combien les descriptions de ces fantasmes font écho à la mort que Mishima s’infligera le 25 novembre 1970 à l’âge de 45 ans, en se faisant seppuku, suicide rituel par éventration. Une prophétie autoréalisatrice sans aucun doute, l’aboutissement de son fantasme de mort.



Luttant contre lui-même, Kôchan grandit ainsi en portant un masque. Il se met à fréquenter la charmante et naïve Sonoko, pour laquelle il éprouve une étrange attirance cependant dépouillée de l’envie sexuelle, car ses pulsions intimes s’ancrent ailleurs. Jusqu’à quelle mascarade Kôchan est-il prêt dans son illusion de normalité ? Quelles douleurs consentira-t-il à infliger, à soi-même et à l’autre ? Pourra-t-il vivre toujours caché derrière son masque ?
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Dojoji et autres nouvelles

Recueil de quatre nouvelles très différentes par le thème et la force. La troisième, "Le Patriotisme", est celle qui m'aura le plus marquée et intéressée. Il s'agit de ce type d'histoires, si tragiques et si violentes, qu'il est impossible de les oublier.

Un bon ouvrage. Une plume puissante et intéressante.
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Une soif d'amour

Ayant beaucoup aimé "le marin rejeté par la mer", j'ai voulu poursuivre avec Mishima en me plongeant dans "les amours interdites"...Aie, je n'ai pas accroché, et malgré une belle écriture, je me suis arrêtée à la moitié du livre. Etant un peu obstinée quand même, j'ai poursuivi avec "une soif d'amour".

Et là, très belle surprise !

Ce roman psychologique raconte l'histoire d'Etsuko, une jeune veuve qui vit à la campagne, chez son beau-père, Yakichi dont elle est la maîtresse. Mais Etsuko est amoureuse, sans retour, de Saburo, un domestique.

L'auteur brosse des portraits très réalistes des personnages.

Au fil du récit, on assiste à la montée en puissance de la jalousie de la jeune femme, tantôt passionnée, tantôt froide, un brin manipulatrice. Une description précise de sa folle passion, de ses contradictions et de son désarroi.

Le jeu pervers de Yakichi est dérangeant et la simplicité de Saburo qui lui évite bien des souffrances, va, cette fois, le conduire à sa perte.

Bien qu' Etsuko soit glaçante et artificielle, j'ai ressenti de la compassion pour cette femme tourmentée, qui confond amour et possession et qui est en grande souffrance mentale.

"A n'en juger que par le résultat, sa passion était un terrible et authentique témoignage de la passion humaine illimitée de se torturer soi-même."(p 124).



Mishima décortique l'âme humaine et ses travers et peint une société japonaise très bridée au lendemain de la seconde guerre mondiale.

C'est un roman fort et troublant.

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Martyre - Ken

Je replonge avec plaisir dans le style raffiné et lumineux de Yukio Mishima avec ces deux nouvelles intitulées « Martyre » et « Ken », elles-mêmes extraites du recueil « Pèlerinage aux Trois Montagnes ». Elles explorent les complexités de l’âge adolescent dans une prose poétique et troublante.



« Ken » (剣) en japonais signifie sabre ou épée. Le kendō (剣道), se traduisant littéralement par « Voie du sabre », n’est pas qu’un art martial dérivé des techniques guerrières ancestrales, mais aussi un sport de compétition très prisé au Japon. À travers cette nouvelle d’un grand esthétisme, nous pénétrons dans le quotidien d’entraînement d’une équipe universitaire de kendō, dont le jeune capitaine Jirô Kokubu, est un parangon de charisme, de beauté et de droiture. Le respect qu’il inspire et la fascination trouble qu’il instille dans le cœur de certains de ses camarades sont le thème principal de cette nouvelle. Mishima explore ici la complexité des relations entre jeunes gens dans un univers exclusivement masculin, où la recherche détachée de la Voie se heurte aux ambitions d’attachement et de reconnaissance, où la désobéissance affronte la loyauté. Le texte est parsemé de jaillissements poétiques et de symboles, tout entier dédié à la beauté parfaite des mouvements et à la cruauté des sentiments.



« Martyre » explore dans un tout autre ton la brutalité et l’ambiguïté des élans qui agitent de jeunes adolescents dans un internat. Tout part d’un livre dérobé au fier et athlétique Hatakeyama, qualifié de petit démon. Un livre qui dissimule sa véritable nature et qui attise la curiosité comme la convoitise. Lorsque le coupable du vol est retrouvé, c’est un déferlement de violence qui advient, révélant davantage que la simple colère ou l’esprit de vengeance. Ce texte troublant explore la complexité du poison adolescent, la manière dont les pulsions sexuelles et brutales se mêlent jusqu’au drame final.
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Papillon : Suivi de La lionne

Le livre contient deux nouvelles extraites du recueil "Une matinée d'amour pur" qui en compte sept. Toutes les deux revisitent des tragédies occidentales, Madame Butterfly et Médée. Elles ont été publiées en 1948. Mishima avait 25 ans.



1) Papillon

Le 21 mars 1946, Kiyohara, ancien officier de l'armée impériale, va assister au premier récital d'après guerre de la cantatrice Tamaki Miura, célébrissime interprète de Madame Butterfly de Puccini. Elle arrive dans un état pitoyable, très malade, émaciée, fânée, Et puis elle entonne" La Berceuse du ruisseau" de Schubert et enchante la salle. Kiyohara croit entendre alors" Un bel di Vedremo" de Puccini qu'il avait tant aimé vingt ans auparavant en compagnie de Hanako à la Scala de Milan...



J'ai beaucoup aimé les variations mélancoliques sur l'air de Puccini. A trois reprises, dans différents lieux, on voit apparaître dans les yeux des personnages la mer bleue, magnifique, éclatante, aveuglante puis soudain au faîte de l'extase, le pressentiment de la mort imminente. le récit du dernier récital de Tamaki Miura (1884-1946) est particulièrement bouleversant. Cependant, ce texte n'est pas toujours facile à suivre. On peut se perdre dans la narration. En effet, les personnages réels de la cantatrice et de Mishima lui-même se mêlent aux personnages fictifs. Idem pour les décors, la maison de Hanako ressemble à celle de la cantatrice. La voix narrative passe aussi intempestivement de la troisième à la première personne . Ce n'est qu'a posteriori qu'on comprend qu'il s'agissait d'une lettre. Mais, j'ai passé outre et j'ai relu ces magnifiques passages descriptifs. Et puis j'ai écouté la voix magique de Madame Miura sur You Tube. Je l'ai imaginée entrouvrant la fenêtre coulissante qui dévoile la mer et rêvant éveillée d'un avenir possible...

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Le Pavillon d'or

La préméditation semble être une démarche assumée chez Yukio Mishima.



Dans Mishima, ou la vision du vide, Marguerite Yourcenar étudiait au travers de ses oeuvres la longue maturation qui avait conduit Mishima au geste fatal, se donnant la mort par seppuku, plus connu par notre approximation occidentale sous le terme hara-kiri. Elle y faisait la démonstration que cette mise en scène macabre et spectaculaire de son suicide représentait, au terme d'une préparation intellectuelle très processionnelle, le point culminant de son oeuvre : son "chef-d'oeuvre".



Avec le Pavillon d'or on assiste typiquement à cette montée en puissance de l'intensité dramatique qui conduit son narrateur, Mizoguchi, au geste fatal, non contre lui-même cette fois-ci, mais contre la figuration symbolique de la Beauté sur terre que représente à ses yeux le Pavillon d'or. Le lecteur extrapolera sans peine à la perte de l'auteur lui-même de ce crime contre la culture religieuse japonaise.



Il y a un fait déclencheur à la folle résolution de Mizoguchi à commettre son acte irréparable. Tsurukawa, son seul ami, disparaît dans un accident. Une "merveilleuse convenance" pour qui veut masquer un suicide. L'ami perdu était la liaison avec le monde, la lumière sur le monde. Toute beauté lui devient obstacle à la vie, vénéneuse. Le Pavillon d'or dans lequel il est moine novice perd sa symbolique de pureté éternelle. Il doit devenir ce qu'est la musique : une beauté éphémère. Une beauté qui n'a de persistance que dans la mémoire.



Le Pavillon d'or s'est accaparé l'exclusivité des attentions. Il est devenu un personnage aux yeux de Mizoguchi. Un personnage auquel il attribue la même force de séduction qu'une femme hautement désirable mais dédaigneuse des appétits qu'elle provoque. Le Pavillon d'or devient le responsable de ce que Mizoguchi reproche à la vie, à sa vie : sa disgrâce physique, son bégaiement, sa solitude.



Sous les traits de Mizoguchi, Mishima s'expose contre les codes de la société humaine. Le normal n'est que convention, que décret humain. Mizoguchi bégaie, il n'est pas normal. Il ne peut s'allier qu'avec des êtres qui souffrent eux aussi d'anormalité. Kashiwagi, le garçon aux pieds-bots. L'anormalité est exclusion. Elle est meurtrière. "Les infirmes, comme les jolies femmes sont las d'être regardés." Mishima qui révèle son homosexualité dans Confession d'un masque connaît bien la torture de celui qui n'appartient pas à ce que la convention générale a institué en normalité. Mizoguchi en arrive à la conclusion qu'il n'existera aux yeux des autres que lorsqu'il aura commis un acte tel qu'il ne pourra plus être ignoré. Fût-ce au prix de sa propre perte. Il préfère l'insulte et la condamnation à la solitude dans laquelle l'a enfermé son handicap. En brulant le Pavillon d'or, il devient le Pavillon d'or. Celui que l'on regardera quand la Beauté ne sera plus que souvenir dans l'esprit de ceux qui l'auront trop admirée.



Il n'est point de sensualité ni de secours dans la fréquentation des autres. Il n'est de sensualité que dans la nature, les matières, les sons, la lumière qui seuls portent les humeurs, la volupté, l'envie, le désir, la Beauté. Le Pavillon d'or, insolent de beauté. Une beauté profane à laquelle ne se rattache aucune inspiration divine. Cette beauté est un aveuglement qui forme écran à la vie. Il n'est rien entre la Pavillon d'or et néant.



Incroyable roman dont le style poétique, tout en délicatesse, sert la structuration d'une conviction, d'une intention folle : le crime contre la paix des sages, le crime contre la Beauté. "Vivre et détruire sont synonymes."



A l'instar de Marguerite Yourcenar dans l'ouvrage qu'elle a consacré à cet auteur énigmatique, je n'ai pu m'empêcher de détecter tout au long de ma lecture les indices qui témoigneraient de l'intention néfaste de Mishima contre sa propre personne. Le thème de la mort par suicide est certes omniprésent et l'acte fatal contre le Pavillon d'or est une forme de suicide social. Mais que dire de ce passage qui n'a pas pu ne pas attirer l'attention de la célèbre académicienne : "Qui y a-t-il de si affreux dans des entrailles exposées à l'air ? Pourquoi le spectacle du dedans d'un être humain fait-il reculer d'horreur et boucher les yeux ? Pourquoi la vue du sang qui coule donne-t-elle un choc ? Pourquoi les viscères seraient-ils laids ?" Troublant quand on connaît la façon dont Mishima s'est donné la mort.



Bel ouvrage qui bat en brèche toutes les philosophies, tous les dogmes, quand ceux-ci ne parviennent pas à contrer la démarche intellectuelle d'un être froid et calculateur qui s'est assigné un but. Il est plus facile d'aimer les morts que les vivants. Celui qui déplorait ne compter pour rien dans la multitude sans nom n'aura pas accumulé la somme de connaissance qui selon lui peut seule rendre la vie supportable, dans un univers où il n'y a d'intérêt que pour la Beauté. Après c'est et le Néant.



Le Pavillon d'or doit disparaître.

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Le Pavillon d'or

Je suis belle, ô mortels ! comme un rêve de pierre,

Et mon sein, où chacun s'est meurtri tour à tour,

Est fait pour inspirer au poète un amour

Éternel et muet ainsi que la matière.



Je trône dans l'azur comme un sphinx incompris ;

J'unis un cœur de neige à la blancheur des cygnes ;

Je hais le mouvement qui déplace les lignes,

Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.



Les poètes, devant mes grandes attitudes,

Que j'ai l'air d'emprunter aux plus fiers monuments,

Consumeront leurs jours en d'austères études ;



Car j'ai, pour fasciner ces dociles amants,

De purs miroirs qui font toutes choses plus belles :

Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles !

Charles Baudelaire – la beauté.



Qui mieux que Baudelaire pour faire raisonner la souffrance que symbolise le pavillon d'or aux yeux de Mizoguchi, le jeune prêtre bouddhiste ?

Parloir ostentatoire du miroir. L'image le dévore et le repousse. Comment en serait-il autrement pour ce mal en être, ce bègue, cet infirme du langage qui n'est pourtant pas informe de tout langage. Cette beauté, cette architecture merveilleuse, est un rappel à l'ordre constant à son propre désordre.

Lui qui s'obstine à se voir en égale distance n'entend qu'une réponse d'injures et de reproches.

Sa laideur n'existe que dans l'éblouissement retentissant de la Beauté. Comme la nuit face au jour. Comme la cendre face au feu. Voilà peut-être la plus frappante illustration de l'intelligence du mal. Détruire, anéantir, pour espérer renaître. Et sous la plume flamboyante de Mishima cela devient terrifiant. Sublimement simple et véritablement terrifiant. Voilà la folie destructrice d'un fanatisme narcissique. Tant que la beauté se dressera, la laideur rampera. Tant que la beauté éclatera, la laideur bafouillera. La laideur reste impuissante, quoiqu'elle tente elle restera insuffisante. Et c'est avec une incroyable délicatesse que Mishima tresse et détresse cette ode poétique qui s'enroule et se resserre autour de l'âme du jeune prête. Volupté, perversité, lèchent les portes du pavillon d'or jusqu'à son embrasement. Entre les mains de Mishima douleur, plaisir et destruction s'entremêlent et brûlent comme du souffre.

Une écriture étincelante comme la lame d'un sabre.



Astrid Shriqui Garain
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Le Pavillon d'or

S'appuyant sur un fait réel qui fut un véritable drame, Yukio Mishima construit un roman d'une extraordinaire beauté pour nous décrire le processus psychologique qui conduit un jeune moine obsédé par l'esthétique à commettre l'irréparable.

C'est superbement écrit et on suit chaque seconde des pensées de ce jeune homme jusqu'à l'incendie.

On évolue dans un décor exceptionnel et on touche un peu de l'immense univers de cet auteur remarquable qu'on a envie de revoir.
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Confessions d'un masque

Roman autobiographique, "Confession d'un masque" nous fait découvrir la vie de Mishima depuis sa naissance jusqu'à son entrée dans la vie active. Plus qu'un récit événementiel, Mishima livre ici une vaste introspection. Il concentre plus particulièrement son attention sur ses tendances homosexuelles et sa lutte incessante pour revenir à une "normalité", plutôt que de persévérer dans sa "nature honteuse".

Dans ce roman apparaissent toutes les obsessions qu'on retrouve dans le reste de son oeuvre: sa fascination morbide pour la Mort grandiose, son penchant pour le corps masculin viril, ses pulsions perverses.



Le masque qu'il s'astreint à porter pour conserver un aspect "normal" lui sert également à s'illusionner. Tout au long des pages, il est tourmenté par la recherche du moyen qui lui permettra de revenir à la normalité. Ce, sur le plan sexuel mais également moral et mental. Introverti, il sait jouer un rôle dans cette vie plutôt que la vivre réellement.



Grande absente de cette autobiographie, l'écriture. A aucun moment Mishima n'évoque ses aspirations littéraires, alors qu'à 24 ans, il écrivait déjà depuis de nombreuses années et avait déjà publié des nouvelles.



Bien que de lecture assez ardue, ce roman force l'admiration quand on sait que Mishima n'avait que 24 ans à sa publication en 1949. Son écriture et la finesse psychologique de cette introspection démontre une profonde maturité. Le récit prend également des allures prophétiques quand il annonce que pour lui, le but de sa vie est sa mort.
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Dojoji et autres nouvelles

Quatre nouvelles de Yukio Mishima écrites en 1966.

1. Dojoji: la vente aux enchères d'une armoire.

2. Les sept ponts: Pour que leur voeu se réalise, quatre jeunes femmes doivent franchir sept ponts au clair de lune.

3.Patriotisme: Un lieutenant , jeune marié, ne peut se résoudre à tuer ses camarades qui seront déclarés rebelles, et décide de s'ouvrir le ventre.

4. La perle: Pour fêter son anniversaire, madame Sasaki invite quatre amies à partager son gâteau garni de perles argentées. Sa bague vient de laisser tomber sa perle de culture...

Ces nouvelles très différentes sont étonnantes et originales.
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Après le banquet

Dans un Japon de l’entre deux guerres, une femme indépendante, propriétaire d’un restaurant chic de Tokyo, en relation avec des gens puissants du pays, belle et distinguée, la veuve Kazu tient à sa liberté. Elle croit sa vie amoureuse terminée mais, à plus de cinquante ans, se voir vieillir seule est difficile à accepter, qui priera pour elle lorsqu’elle ne sera plus? …. Sa rencontre avec le diplomate Nogushi changera sa vie.



Ce roman est d’une sensibilité … l’écriture est simple et décrit bien les sentiments et les réflexions de Kazu. Une femme si libre, si énergique, qui se demande jusqu’où aller pour l’amour d’un homme, jusqu'où aller pour ne pas mourir seule. Nogushi est un homme qui parle peu, qui semble assez antipathique et indifférent …



Après le Banquet, c’est lorsque le couple se retrouve confronté à lui-même. C’est lorsque l’un fait face à la vérité de l’autre, fait face à ses failles, fait face à la viabilité du couple … Un très beau texte .

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La Musique

Le narrateur, psychanalyste, reçoit dans son cabinet une patiente qui "n'entend plus la musique". Par cette métaphore, elle lui signale qu'elle n'éprouve plus de plaisir sexuel, malgré la séduction qu'elle exerce sur son nouvel amant. L'analyste, pétri de culture freudienne, pense pouvoir la guérir aisément. Mais la jeune fille connaît aussi ses classiques et, à ce jeu, se montre plus rusée que lui. Elle parvient ainsi aisément à le manipuler et il se laisse prendre au piège. Heureusement, c'est un homme, et un homme de science, il est donc logique qu'il puisse finalement assembler les pièces du puzzle et parvenir à un diagnostic.

Ce livre m'attendait depuis longtemps, et nous nous sommes peut-être manqués. J'ai beaucoup aimé, autrefois, d'autres livres du même auteur, mais mes goûts ont dû changer, ou bien celui-ci est moins abouti, mais j'y ai surtout vu un couple improbable et une femme qui peine à échapper au pouvoir masculin. Signe des temps, peut-être.
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Le Pavillon d'or

Comment écririez-vous une estampe japonaise ? J’ai bien dit, écrire. Ce roman extraordinaire dessine, chapitre après chapitre, de véritables images chargées d’émotions et de couleurs raffinées. C’est une œuvre délicate qui parle de l’âme tourmentée d’un jeune homme abandonné et marginalisé à cause de son bégaiement. Devant le temple d’or, il se consume jusqu’à perdre la raison.

Basée sur une histoire vraie, l’incarnation romanesque de l’acte effroyable de l’incendie de ce temple emblématique de Kyoto donne la chair de poule. Un petit bijou de la littérature japonaise.
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La Musique

Voici un Mishima hautement psychologique, mais cette fois plus ludique que tragique...



La narrateur est psychanalyste et va suivre Reiko, belle et fascinante patiente qui, bien qu'amoureuse d'un jeune homme, Ryûichi, dit "ne plus entendre la musique", en un mot, être frigide. Dès lors, leurs échanges au fil des séances vont tourner au jeu du chat et de la souris : le psy est très perspicace, mais attiré et troublé par cette jeune femme, qui elle-même n'a pas son pareil pour brouiller les pistes et mentir...Alors finalement, qu'est-il arrivé à Reiko ? Faut-il remonter à son enfance ou à son passé plus récent ? Après avoir exploré une série d'hypothèses avec sa patiente énigmatique et perverse, le psy parviendra-t-il à la vérité et à redonner le goût du plaisir partagé aux deux tourtereaux ?



Ce roman est assez alambiqué, et mon sentiment est un peu mitigé. Pendant un temps, on se prend au jeu de la belle Reiko, et on entame une enquête qu'on attend passionnante...Mais dans le ventre mou du livre, on se surprend à s'ennuyer un peu, le propos du psy étant me semble-t-il prétexte pour Mishima à mettre en avant ses propres thèses psychanalytiques et des opinions un rien mysogynes. Les hypothèses avancées sont à la fois assez bateau et, pour celle que l'auteur a décidé de retenir, pas très crédible, je trouve...



Bref, pas le meilleur Mishima sans doute, mais à lire quand même pour le sujet qui sans être très original est assez peu traité dans la littérature romanesque, et pour le style d'écriture toujours très fin et élégant du maître.

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Le Marin rejeté par la mer

« A treize ans, Noboru se figurait avoir du génie (tous les membres de sa bande pensaient de même), il croyait que la vie se résumait à des symboles et des décisions simples, que la mort prenait racine au moment de la naissance… » Et voilà le genre d’idée que le chef de bande plante dans sa tête et celle de ses camarades : « Nous permettons l’existence des maîtres, des professeurs, des écoles, des pères, de la société, de tout ce tas d’ordures : ce n’est pas parce que nous manquons de puissance, mais permettre est notre privilège à nous, et si nous éprouvions la moindre pitié nous ne serions pas capables de consentir notre permission à tout cela d’un cœur insensible. »



Les garçons n’éprouvent en effet aucune pitié lorsqu’ils massacrent un jeune chat pour le disséquer consciencieusement. Depuis que Noboru s’est éclipsé une nuit pour rejoindre ses amis, sa mère l’enferme dans sa chambre chaque soir. Fusako est veuve bien qu’encore jeune. C’est une belle femme, propriétaire de surcroît d’un magasin de vêtements de mode. Elle débute une relation avec un officier de marine marchande, Ryüji, qui s’imagine un avenir glorieux par-delà les mers. C’est en découvrant derrière un tiroir de sa commode un trou donnant sur la chambre maternelle que Noboru va surprendre une nuit les deux amants, et qu’une image fantasmée du marin naîtra dans son esprit. Mais bientôt, le garçon se rend compte avec une cruelle déception que Ryüji n’a rien du héros qu’il s’imagine, qu’il n’est qu’un homme simple, honnête et droit sincèrement amoureux de sa mère…



Dans ce roman, je retrouve l’esprit et la plume savamment ciselée de Mishima, que je n’avais pas reconnus dans « Le tumulte des flots ». L’histoire d’un amour et d’une relation à la mer encore, mais sous un angle radicalement différent. Des sentiments purs habitaient « Le tumulte des flots », des visions corrompues colonisent « Le marin rejeté par la mer ». Un récit à la fois triste et cruel, effrayant et oppressant aussi lorsque se révèlent les intentions de ces jeunes garçons pervertis par une doctrine malfaisante.

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Le tumulte des flots

L'immense écrivain tourmenté livre un récit apaisant, se déroulant sur l'ile d'Uta Jima aux pays des plongeuses Ama.

On y pénètre l'âme du Japon, ses traditions et conventions dans la plénitude de l'harmonie de l'homme et de la nature. L'écriture ciselée est d'une splendeur qui occulte la simplicité de l'intrigue, une banale histoire d'amour d'adolescence.

Un roman qui fait du bien, pour un moment de sérénité dans le tumulte.
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Le Pavillon d'or

Mishima se projette complètement dans le jeune bonze incendiaire. le récit à la première personne permet de développer méticuleusement les étapes, les rencontres cruciales, les frustrations et les questionnements. On retrouve l'obsession de la beauté, de sa définition changeante et de son caractère éphémère, intimement lié à la destruction. Mishima ne juge pas. À partir des faits qu'il a réunis à la façon d'un enquêteur, il devient lui-même l'admirateur du pavillon d'or, le garçon laid, bègue, qui se hait. Cette capacité d'empathie et de projection est assurément un des traits communs aux grands auteurs.
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Le Pavillon d'or

Quand on commence le roman on sait bien qu'on en connaît déjà la fin: l'incendie du Pavillon d'Or en 1950 par un jeune bonze. Et pourtant, je n'ai pas pu m'empêcher d'espérer qu'il ne le fasse pas.



j'ai détesté le héros: lâche, il se ment à lui-même, se manipule, se dédouane de ses responsabilités et pourtant quelques passages me donnaient l'impression de presque comprendre sa manière de penser, comme un éclair qui éclaire brièvement une scène dont on sait qu'on l'a vue, mais de manière si fugitive qu'elle a semblé disparaître aussi vite qu'elle était apparue.



En lisant, l'image du pavillon d'or venait se placer entre ma lecture et moi. L'image de mon souvenir de cet endroit venait mettre une barrière, comme si le saisissement devant sa beauté que j'avais ressenti alors revenait me hanter et me dire "non, ce n'est pas possible, personne ne peut vouloir annihiler cette beauté, personne ne peut songer à la destruction face à cette source d'apaisement". Le Pavillon d'Or n'est pas juste un bâtiment, une construction, c'est aussi tout le cadre de la nature autour, les arbres, les mousses, l'eau et le miroir qu'elle offre parce que sa surface est lisse et calme...

Pour moi, le héros, brimé, moqué, humilié, n'avait plus la place dans son cœur pour accueillir la beauté et la paix, il ne restait que haine et destruction. Alors pour ne pas le voir, il a élaboré une philosophie, un prétexte... pour tout renverser, inverser, et déverser sa haine de l'humanité vers l'extérieur sur le Pavillon d'Or et susciter choc et dégoût en l'humanité par son acte.
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Martyre - Ken

Deux nouvelles dans ce petit volume, « Ken » et « Martyre ».

Deux nouvelles d'inégales longueurs, 80 pages pour la première et 25 pour la seconde.

Deux nouvelles dramatiques qui mettent en scène des adolescents ou de très jeunes adultes. L'éditeur a choisi de mettre en avant « Martyre », mais je ne partage pas cette option. Je trouve que le texte de « Martyre », relève davantage de l'exposé de fait divers que de la nouvelle, il m'a laissé relativement froid.

J'ai pris beaucoup de plaisir et d'intérêt à la lecture de « Ken », sans doute parce que le texte est plus long. Mishima prend davantage le temps de présenter et d'exposer ses personnages. Avec « Ken », comme dans la plupart de ses textes, Mishima nous initie à une partie de la culture japonaise.

Contrairement à ce que pourrait penser un anglophone américanophile, le « Ken » de Mishima n'a rien avoir avec Barbie. Ken est le mot japonais qui désigne le sabre et qu'on retrouve dans le nom de l'art martial, le Kendô.

Jirô, le jeune capitaine de l'équipe de Kendô est fort, beau et talentueux. Il a définitivement choisi sa voie, sa conduite de vie. Devenir fort et droit est sa principale raison d'être : « J'irais jusqu'au bout de mes possibilités physiques et mentales. » Mais au cours du stage d'été de l'équipe de Kendô, une simple baignade aura des conséquences dramatiques.

« Que s'était-il donc passé exactement ? Ils étaient tous allés nager. Rien d'autre. Et pourtant, il avait suffi de ce rien pour qu'à jamais quelque chose ait été détruit. »
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