Citations de Éric Giacometti (793)
- Dans mon rêve, je voulais me suicider. Existe-t-il des capsules de cyanure au whisky?
- Pas que je sache, je vais me renseigner. Dans l'affirmative, vous les voulez pur malt ou avec un soupçon de tourbe?
Marcas était sous le choc. L'ordre secret avait donc essaimé aux États-Unis et abritait son dogme, à l'abri du regard des hommes, dans cette forêt sombre de Californie. Comme les anciens druides qui menaient leur culte immémoriaux dans les bois sauvages de Bretagne. Bois sacrés, temples païens aux innombrables piliers végétaux, nourris de la sève des anciens dieux et sculptés dans l'écorce des rêves des hommes. (...)
Deux mille hommes, riches, puissants, soudés, assemblés pour communier dans un rituel secret. Devant une chouette gigantesque.
Jamais il n'aurait cru cela possible.
Pas des paumés, ni des allumés, pas des marginaux sous la coupe du gourou d'une secte. Non, des personnalités de premier rang, responsables de la destinée de millions de personnes. Des hommes politiques, des banquiers, des militaires haut gradés, des grands patrons... L'élite de la plus grande puissance mondiale en adoration devant un oiseau de pierre. Le fantasme ultime des conspirationnistes était une réalité.
Chacun est parti affronter la Quête, son arme favorite à la main. Qui, son courage légendaire, qui, sa volonté de fer, qui, son intelligence hors pair. Et pourtant, tous ont échoué. Parce que tous ont cru que le Graal était une conquête, alors qu'il est un destin. Et un destin ne se conquiert pas, il se mérite.
Arrivé place de la Révolution, le couperet fraîchement aiguisé attendait Saint-Just et c’est à 15 heures que sa tête honnie est tombée.
Son corps et celui de ses complices ont été immédiatement enterrés dans le cimetière des Errancis.
Le lendemain, tout un chacun put lire une épitaphe, disposée sur sa fosse par une main anonyme, et ainsi libellée :
"Passant, ne t’apitoie pas sur mon sort,
Si j’étais vivant, tu serais mort".
- Le hasard, c'est Dieu qui voyage incognito.
Ne vous moquez pas, Seigneur ! Ici les pierres ont des oreilles et les arbres des yeux. Ils rapportent tout au Malin.
— Depuis la nuit des temps, cette vallée perdue est notre refuge, notre royaume. Depuis toujours, c’est ici que nous avons réussi à échapper aux persécutions pour affirmer toujours plus haut notre mission. Regarde entre les pierres.
Bashir se pencha et sursauta comme s’il avait été mordu par un serpent. Tout le long du mur, de profondes niches étaient creusées et chacune contenait un crâne dont les orbites creuses contemplaient fixement l’éternité.
— Ici reposent dans la paix du Savoir tous nos prédécesseurs. Et c’est là que toi aussi tu finiras. D’ailleurs ta place est déjà prête.
Dans l'obscurité, un olivier ressemble à un être humain. Il en a la taille, souvent la silhouette, et, même si le vent l'a courbé, terrassé, il peut toujours dissimuler un homme.
Le jour de l'attaque de Pearl Harbor, le Premier ministre britannique Winston Churchill embrassa ses collaborateurs et déboucha sa meilleure bouteille de whisky. Dans ses Mémoires il écrira la phrase suivante : "Aucun Américain ne m'en voudra de proclamer que j'éprouvais la plus grande joie à voir les Etats-Unis à nos côtés".
Sam est un bâtard. Mélange entre un labrador et je ne sais trop quoi. Il a de grands yeux noisette où se lit le pardon, l'amour, la vérité. Dans son regard, il y a parfois bien plus que dans celui des gens que je croise chaque jour.
Nouvelle de K.Giebel; p115-116
Plus elle était concentrée, moins la dangerosité du monde la touchait. La dangerosité, c'était : moquerie, persiflage, boule de papier lancée sur sa tête, gloussement permanent quand elle passait dans les couloirs, commérages divers [...] et autres réjouissances de cet âge délicieux pas encore tout à fait sorti des légendes cruelles de l'enfance, mais à deux pas de sauter, terrifié et exalté, dans les mystères sexuels de l'âge adulte.
- Véronique Ovaldé
Luce a des yeux comme des planètes couvertes d'océans. Ils brillent d'une atmosphère pleine de vie, promesse d'un monde sans fin qu'on souhaiterait explorer à l'infini, tout en sachant qu'on n'en fera jamais le tour. C'est ce qui m'a séduit chez elle.
Le Point d'émergence, Maxime Chattam
Pour lui, la France se devait d'être joyeuse, ensoleillée et verte. Désormais, elle se peignait en gris et kaki, les couleurs du désespoir, et se déchirait en deux, du lac Léman jusqu'aux contreforts des Pyrénées.
Le soir commençait à tomber et le ciel prenait une délicate teinte orange,. Une douceur improbable qui contrastait avec l'essaim d'abeilles qui bruissait derrière lui. Il repensa au tableau que son souvenir avait ressuscité – La bataille de San Romano" –, au premier plan on y voyait, dans une mêlée indescriptible, des chevaliers se battre à mort ; mais derrière, au milieu des champs bucoliques, on apercevait courir lapins et lévriers. Tristan n'avait jamais compris comment le peintre avait pu mettre côte à côte l'image de la guerre et celle de l'harmonie. Maintenant, il savait. Le mal pouvait très bien coexister avec la beauté.
- Vous cherchez quelqu'un en particulier ?
- Mme Peel. Emma Peel, c'est ma grand-tante.
- Celle qui vivait avec feu M. Steed... Une vieille dame bien sympathique. Rez-de-chaussée à gauche.
Ils passèrent la porte rouillée. le couloir était aussi délabré que le laissait présager la façade. Antoine la titilla.
- Un peu vieillot, vos mots de passe. Le mois prochain, demande à voir Jack Bauer ou le Docteur House.
- C'est la centrale de Paris qui nous les attribue. Le chef de service est accro aux vieilles séries.
- (...) Mais revenons à l'essentiel. Pour toi, quelles sont les vertus du Graal ?
- La régénération du royaume d'Arthur, l'immortalité, le pouvoir absolu, le contact avec le Christ. Dans l'absolu, il réalise tes vœux les plus fous. C'est la corne d'abondance, la lampe du génie d'Aladin ou un portable pour parler directement à Dieu. De nos jours, on le met à toutes les sauces pour qualifier tout et n'importe quoi...
- Normal, à la différence de la plupart des autres pays, le thriller ésotérique a mauvaise presse en France, du moins chez les journalistes spécialisés dans le roman policier. Ils croient - sans rire - que mes lecteurs prennent mes œuvres au pied de la lettre, comme si les admirateurs d'Indiana Jones pensaient réellement que l'Arche perdue a été retrouvée par les nazis. Ou que le dernier "James Bond" est une vision réaliste du monde du renseignement. Ces gens ne sont pas très ouverts d'esprit. Bon, j'exagère un peu, ça m'arrive parfois de passer dans des médias grand public.
- Pourtant avec le nombre de ventes, ça devrait les intriguer, non ?
- Pour cette église du polar, le genre repose sur deux piliers d'airain. Le style, l'écriture si tu préfères, et la dénonciation de l'injustice sociale. Or, je n'ai ni la prétention d'avoir une plume dorée à l'or fin, ni le désir, et encore moins le talent, d'imiter les grands du genre, un Manchette, un Ellroy, un Burke ou un Pouy. Le polar marque le quotidien au fer rouillé du réel, alors que le triller ésotérique le sublime.
Aucun des papillons ne battait des ailes. Ils paraissaient endormis sous la protection de l'arbre. Les deux chevaliers les contemplèrent avec tendresse. Comment tant de beauté pouvait être concentrée dans des êtres si minuscules, si faibles ?
A moins que la beauté ne soit partout, mais que notre regard, lui, ne sache pas la voir ?
- Les Daft Punk ont inventé un concept merveilleux. La people bipolarité.
Marcas grimaça, décidément ça le poursuivait jusqu'à Sans Francisco.
- Ce qui veut dire ?
- La people bipolarité, c'est profiter de la gloire et jouir de la liberté. Être célèbre et anonyme en même temps. Une moitié resplendit à la lumière, l'autre s'épanouit à l'ombre. Je chante devant des millions de fans et je peux prendre un verre à la terrasse d'un café parisien sans provoquer l'hystérie collective. La formule magique.
- Je prends le volant.
- Mais, je...
- Ne discutez pas. Vous connaissez le film "Bullitt", avec Steve McQueen ?
- Oui, celui avec la course-poursuite dans les rues de San Fransisco, dit-elle, passant sur le siège passager en relevant légèrement sa robe.
- Tout juste.
Il eut le temps de voir le haut de ses cuisses et en éprouva une petite satisfaction érotique. Il s'installa, démarra et chercha machinalement le levier de vitesse.
- On est aux States, Steve, voiture automatique pour tout le monde, précisa Bela. Appuyez sur le bouton D, pour drive.
Marcas grommela une injure sur l'Amérique en général et ses voitures en particulier. Il sortit lentement de la station-service, Bela avait bouclé sa ceinture.
- Les flics sont très chatouilleux sur la vitesse, vous n'êtes pas le premier à vouloir imiter McQueen.