Vaste édifice, la Basilique abrite un oeuf géant pondu, il y a un millénaire, par une créature venue d'ailleurs. Celui-ci est veillé par une communauté de zélotes qui attendent avec impatience son éclosion pour enfin connaître l'Age d'Or promis. Seulement, il semblerait que les lieux aient été infiltrés par des croyants d'un autre type qui souhaitent voir naître leur propre divinité en fécondant cet oeuf. En tout cas, c'est ce que deux Disquisiteurs sont venus dire à un sous-brigadier de la police ecclésiastique afin que tous les trois les prennent en chasse et ainsi empêcher un drame d'advenir.
A l'ombre des nervures est une fantasy baroque qui emprunte aussi bien des éléments au conte qu'au fantastique horrifique, en passant par le genre policier.
Les lieux sont déjà très étranges. Nous voici propulsés au sein d'une construction immense qui ne fait pas qu'accueillir un oeuf gigantesque puisque toute une cité semble se presser autour. L'espace a l'air sans fin abritant un vaste réseau d'escaliers et de canaux et permettant même la circulation de trains. Or, dans cet étrange dédale, on va rencontrer des sirènes d'un nouveau genre ayant fusionnées avec des anémones, des champignons mélodieux ou encore des anges-lopiots, une sorte de chauve-souris à tête de poupon surmontée d'une paire d'antenne. Les mélanges vont bon train dans ce livre pour donner naissance à toute une cosmogonie singulière et troublante.
L'imaginaire de
Timothée Rey est très fertile pour nous entraîner dans un voyage particulièrement burlesque.
En outre, les clins d'oeil ne manquent pas. Quand ceux-ci ne portent pas sur ses propres oeuvres, à l'image de son Tilbar occidental, ils font référence à d'autres classiques comme à travers cette très reconnaissable créature qui se dissimule sous la coquille du précieux oeuf et que le crayon de
Patrick Larme nous laisse entrapercevoir. Elle semble tout droit sortie d'un décor lovecraftien. Cela tient sans doute aux nombreuses tentacules qui terminent son corps. Allez savoir ! Et puis que dire du personnage principal gonflé comme une baudruche et emporté dans les airs à la fin du récit. Ne vous rappelle-t-il pas l'acariâtre tante Marge dans Harry Potter ?
Le ton est clairement pratchettien, il est là pour nous faire rire ou tout du moins nous tirer un sourire.
Timothée Rey joue beaucoup sur des inventions saugrenues pour nourrir son imaginaire complètement décalé. L'absurde est là pour témoigner du ridicule des croyances lorsqu'elles sont poussées à l'extrême poussant à des actes aux conséquences irréversibles.
Encore un nouveau titre qui a rejoint La Bibliothèque Dessinée, une collection ambitieuse qui allie la plume et le pinceau pour nous embarquer dans des mondes imaginaires extrêmement fertiles. A bon entendeur !
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